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Où va la Belgique, celle des classes dirigeantes, et où les travailleurs et les milieux populaires veulent-ils aller ?

26 janvier 2011, 23:11

Le sixième homme chargé de trouver une conciliation entre Flamands et Francophones pour sortir de l’impasse politique dans lequel son pays est plongé depuis six mois, jette l’éponge.

La Belgique n’est pas au bout du rouleau, mais une règle d’or semble sur le point de se briser : devant l’impossibilité d’asseoir à une même table le premier parti des Flamands et le premier parti des francophones, le roi Albert II a accepté mercredi soir la démission du sixième homme chargé de renouer les fils en sept mois.

L’éponge jetée par le patient Johan Vande Lanotte, « conciliateur » et socialiste flamand, montre que le génie belge du compromis est à bout de souffle. Depuis une génération, les chrétiens-démocrates flamands et les socialistes francophones avaient, hors intermèdes, toujours réussi à surmonter le fossé idéologique et donné au royaume un premier ministre venu du Nord et un gouvernement de grande coalition.

Le 16 juin, le triomphe flamand de l’indépendantiste anversois Bart de Wever a consacré la brisure linguistique et changé la donne. Depuis mercredi, il apparaît aussi qu’il va falloir changer la règle du jeu. La Belgique, dans son chemin de croix, voit les options se resserrer. Les points de blocage sont connus. Les 4 millions de francophones de Wallonie et de Bruxelles veulent brider l’autonomie que réclament les 6 millions de Flamands. Le Sud, moins riche, redoute de voir s’assécher les transferts financiers venus du Nord. Il craint que la dynamique centrifuge, privée de frein, ne conduise à l’éclatement.

Pour trouver un compromis et former un gouvernement répondant au mandat contradictoire des électeurs, le roi a successivement nommé un informateur, un préformateur, deux médiateurs, un clarificateur et un conciliateur. Peut-il, sans désespérer, enrichir encore d’une épithète le lexique de la crise ? Albert II reprendra aujourd’hui ses consultations.

Trois options possibles

En théorie, trois autres options s’offrent aux deux grands partis incapables de s’entendre. La première serait de soutenir un gouvernement « d’urgence », reproduisant sous une forme plus musclée l’équipe chargée depuis le printemps d’expédier les affaires courantes sous la conduite d’Yves Leterme. La Belgique pourrait ainsi s’attaquer enfin à une dette qui inquiète les marchés et menace, suivant le Portugal, de plonger à nouveau les pays de l’euro dans la tourmente. Mais les partis flamands - à commencer bien sûr par la NVA de Bart de Wever - ne veulent pas d’un artifice qui reviendrait à stériliser la sanction des urnes.

Convoquer de nouvelles élections est la voie démocratique des sorties de crise. Mais le risque est qu’au lieu d’éclaircir le tableau parlementaire, elles ne viennent le noircir sur fond de tensions Nord-Sud et droite-gauche. Les Flamands, puisant dans les palabres bruxelloises un motif de plus de prendre le large, pourraient consolider la position de leur champion indépendantiste. Les Wallons, plus soucieux du coût social, n’ont quant à eux pas de raison de se détourner du solide mandat accordé aux socialistes d’Elio di Rupo.

Le troisième scénario serait que l’un des deux grands partis accepte de se mettre hors jeu, afin de laisser l’autre nouer les alliances nécessaires à une majorité. Arithmétiquement, toutes les recompositions sont possibles. La NVA occupe seulement 30 % des bancs flamands à la Chambre et le PS 40 % des bancs francophones. Rapport de forces oblige, la question s’adresse d’abord aux partis flamands, de la droite au centre. Mais aucun ne semble encore prêt à prendre le risque politique de sacrifier Bart de Wever.

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