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Lutte des classes au Cameroun

13 juin 2018, 08:38

La brutale répression, par les autorités, des militants des régions anglophones a poussé la frange la plus radicale du mouvement à s’armer et à lancer des actions de représailles. La déclaration unilatérale d’indépendance de la « République fédérale d’Amabazonie », coup d’éclat symbolique des séparatistes, le 1er octobre, a en particulier déchaîné la fureur de l’Etat central. Amnesty International publie ce mardi un rapport détaillé sur la « tournure tragique » (c’est le titre de la publication) des événements, qui ont provoqué le déplacement de plus de 160 000 personnes, dont au moins 34 000 au Nigeria voisin.

En 2016, une série de grèves relance le mouvement de protestation qui couve depuis plusieurs décennies dans les régions anglophones. Les avocats, notamment, dénoncent l’abandon progressif du système juridique de la Common Law dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, ainsi que l’affectation de magistrats francophones ne maîtrisant ni l’anglais ni ce droit d’inspiration britannique. Les professeurs, bientôt rejoints par les étudiants, critiquent de leur côté le manque d’enseignants anglophones et la perte d’autonomie (propre au système anglo-saxon) des universités vis-à-vis du pouvoir central. Comme à son habitude, le gouvernement réagit par la manière forte en envoyant la police disperser les manifestants et en ordonnant une vague d’arrestations. Entre octobre 2016 et février 2017, une centaine de militants se retrouvent derrière les barreaux.

La bascule survient le 1er octobre, jour de la déclaration d’indépendance virtuelle de l’Ambazonie. Ce jour-là, le drapeau ambazonien est hissé à des carrefours, sur les bâtiments des chefferies traditionnelles, un commissariat et un poste de police. Des dizaines de milliers d’anglophones défilent pacifiquement. « Les policiers ont réagi par un usage disproportionné de la force qui, du 28 septembre au 2 octobre, a fait au moins 40 morts et plus de 100 blessés, décrit un rapport de l’International Crisis Group publié deux semaines plus tard. Les forces de sécurité et de défense et de sécurité ont arrêté des centaines de personnes sans mandat, y compris à leur domicile, et infligé des tortures et des traitements inhumains et dégradants. Des abus sexuels, des destructions de propriété et des pillages dans les maisons, des tirs sur les manifestants à Kumba, Baema et près de Buea par des hélicoptères ont été signalés par une dizaine d’habitants, des élus locaux, des hauts fonctionnaires, la presse, les évêques catholiques des deux régions. »

Depuis, les « opérations de sécurité » succèdent aux attaques des séparatistes contre les gendarmes ou les policiers. Entre septembre et mai, 44 d’entre eux ont été tués, a comptabilisé Amnesty International. Les groupes armés indépendantistes s’en prennent aussi à des symboles de l’Etat central, à des établissements scolaires ne respectant pas la consigne de boycott, et à des personnes soupçonnées de collaborer avec les forces de sécurité.

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