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Quelle "solution" en Palestine ?

5 décembre 2010, 20:54, par toto

Face au problème palestinien et au conflit judéo-arabe, les révolutionnaires ont toujours milité pour une union des travailleurs juifs et arabes contre l’impérialisme, mais comment cette position de principe s’est-elle traduite concrètement sur le terrain ?

Dés avant la création de l’État d’Israël, les internationalistes dénonçaient le sionisme qui mettait les masses juives au service de l’impérialisme, et contre la création d’un État juif qui ne servirait qu’à polariser le mécontentement des masses arabes contre lui plutôt que contre l’impérialisme.

Le groupe trotskyste de Palestine milita toujours pour une Palestine unifiée, qui ne serait obtenue que par une lutte unie des ouvriers juifs et arabes.

Malheureusement, les sionistes d’une part, les nationalistes arabes de l’autre, furent les plus forts. En fait la guerre judéo-arabe de 1947-48, et la création de l’État d’Israël, furent une défaite pour l’ensemble de la classe ouvrière du Moyen-Orient. Le prolétariat arabe, essentiellement le prolétariat égyptien, qui avait derrière lui de grandes traditions de lutte, se retrouva désorienté, et la bourgeoisie égyptienne, à l’époque de Farouk simple instrument des Anglais, put sans mal identifier aux yeux des masses populaires Israël et l’impérialisme.

En Israël, de ce point de vue, la situation pour le prolétariat fut encore plus catastrophique. L’immense majorité de la classe ouvrière se retrouva fermement derrière « son » gouvernement pour faire face au « péril arabe ». Et cette attitude chauvine, raciste, ravivée une première fois par l’expédition de Suez, et une seconde par les événements récents, est le plus lourd fardeau que porteront encore longtemps les travailleurs juifs.

Devant une telle situation, c’est presque un lieu commun que d’affirmer que les révolutionnaires ont eu raison de lutter contre la création d’un État juif en Palestine.

Mais après la création de l’État d’Israël, les militants internationalistes ont continué à mener une politique marxiste révolutionnaire. Ne se sentant nullement liés par le « statu quo » de 1948, ils ont réclamé le droit des réfugiés palestiniens à regagner leur foyer, l’égalité complète des droits pour les arabes israéliens, et surtout pour les uns et les autres, le droit de disposer d’eux-mêmes, jusqu’à y compris la libre séparation des régions de l’État d’Israël à majorité arabe. C’est-à-dire le droit, pour les Arabes israéliens de se détacher de l’État d’Israël et de forcer s’ils le désirent un État indépendant. Cette revendication s’applique aussi aux parties de la Palestine qui ont été intégrées à la Jordanie et à l’Egypte.

C’est pourquoi les révolutionnaires ne doivent pas demander seulement l’évacuation des territoires occupés par Israël depuis le 5 juin, mais aussi la libre disposition des Arabes israéliens.

En Israël même, les Arabes forment les couches les plus prolétarisées de la population. 89,4 % d’entre eux sont des ouvriers, manoeuvres, domestiques et, sur ce nombre, 36,7 % sont des ouvriers agricoles et 11 % des manouvres (contre respectivement 14,4 % et 3 % chez les Juifs). De plus, avec la crise économique que connaît Israël, un grand nombre des 150 000 chômeurs sont des travailleurs arabes.

Même situation dramatique chez les petits paysans puisque depuis 1948, 34 000 ont été expropriés, ce qui représente environ 40 % des terres travaillées par les arabes.

Alors qu’ils représentent 11 % de la population, ils ne forment que 1 % des étudiants, 2 % des employés de l’État et ne reçoivent que 2,5 % des crédits destinés à l’habitation.

Sur le plan politique, bien qu’en théorie ils aient les même droits que les Juifs, la discrimination existe partout. Le « régime militaire » sous lequel vivait la population arabe jusqu’à ces dernières années (passeports intérieurs, permis de circuler, couvre-feu, etc.) a été aboli officiellement il y a un peu plus d’un an, mais en fait subsiste. La seule organisation politique arabe « El Ard » (La Terre) qui voulait se présenter aux élections, a été interdite sous prétexte d’atteinte à l’intégrité du territoire. Le seul quotidien de langue arabe a disparu.

Tous ces faits montrent ce que signifie en fait l’État sioniste : l’oppression de la minorité arabe par la majorité juive.

C’est pourquoi la lutte pour le socialisme dans cette partie du monde passe pour les révolutionnaires israéliens, par la lutte pour la désionisation de l’État israélien. L’abolition de la religion juive comme religion d’État, l’instauration d’un état civil laïque, l’abolition de la loi du retour qui fait de chaque Juif un citoyen de plein droit de l’État d’Israël (alors que le million de réfugiés palestiniens est considéré comme étranger) sont les principaux points de ce programme.

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