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L’origine de la famille et de l’oppression des femmes

29 janvier 2013, 16:12, par abraham

« Selon le droit maternel, c’est-à-dire tant que la filiation ne fut comptée qu’en ligne féminine, et selon la coutume héréditaire primitive de la gens, les parents gentilices héritaient au début de leurs proches gentilices décédés. La fortune devait rester dans la gens. Étant donné l’infime valeur des objets à léguer, il se peut que, dans la pratique, cet héritage soit passé depuis toujours aux plus proches parents gentilices, c’est-à-dire aux [consanguins] [9] du côté maternel. Or les enfants du défunt n’appartenaient pas à sa gens, mais à celle de leur mère ; ils héritaient de leur mère [au début] [10] avec les autres [consanguins] (1) de celle-ci, et plus tard peut-être en première ligne ; mais ils ne pouvaient pas hériter de leur père, parce qu’ils n’appartenaient pas à la gens de celui-ci, dans laquelle devait rester sa fortune. A la mort du propriétaire des troupeaux, ceux-ci seraient donc passés d’abord à ses frères et sœurs et aux enfants de ses sœurs, ou aux descendants des sœurs de sa mère. Mais ses propres enfants étaient déshérités.

Donc, au fur et à mesure que les richesses s’accroissaient, d’une part elles donnaient dans la famille une situation plus importante à l’homme qu’à la femme, et, d’autre part, elles engendraient la tendance à utiliser cette situation affermie pour renverser au profit des enfants l’ordre de succession traditionnel. Mais cela n’était pas possible, tant que restait en vigueur la filiation selon le droit maternel. C’est donc celle-ci qu’il fallait renverser tout d’abord, et elle fut renversée. Ce ne fut pas aussi difficile qu’il nous semblerait aujourd’hui. Car cette révolution - une des plus radicales qu’ait jamais connues l’humanité - n’eut pas besoin de toucher à un seul des membres vivants d’une gens. Tous les membres de la gens purent rester ce qu’ils étaient auparavant. Il suffisait de décider qu’à l’avenir les descendants des membres masculins resteraient dans la gens, et que les descendants des membres féminins en seraient exclus et passeraient dans la gens de leur père. Ainsi, la filiation en ligne féminine et le droit d’héritage maternel étaient abolis, la ligne de filiation masculine et le droit d’héritage paternel étaient instaurés. »

Cheick Anta Diop, dans son célèbre ouvrage nation nègre et culture, distingue les sociétés matrimoniales (filiation par mère) des société patrimoniales (filiation par père). Il explique que le nomadiste engendre la société patrimoniale dans lesquels la place de la femme est dégradée, alors le sédentarisme engendre la société matrimoniale dans lesquelles la place de la femme est très valorisée. Il explique par là le processus de la dote qui est dû à l’homme dans la société patrimoniale et nomade dans laquelle la femme est une charge, et qui est dû à la femme dans les société patrimoniale et sédentaire dans laquelle la femme est une source de revenu importante.

Bien sur, cet auteur tente de démontrer la supériorité des sociétés noires (d’origine matrimoniale et sédentaire) sur les sociétés "ayren" (d’origine patrimoniale et nomade). Hormis ce préjugé racial, sa démonstration me parait, comme beaucoup de panafricains, tout à fait plausible. D’un point de vue matérialiste, ce sont les conditions économiques qui ont défini la place et l’oppression de la femme dans la société

Selon vous, en quoi les deux visions matérialistes (Cheik anta Diop et texte ci-dessus) s’opposent ?

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