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Quoi de neuf dans la lutte des cheminots ?

2 juillet 2010, 19:47, par marek abdel

A qui profite la dette de la Grèce ?
Privatisation des transports en Grèce : les entreprises françaises entre petits pas et grandes manoeuvres
Financièrement exsangue, la Grèce est loin de constituer une cause perdue pour les entreprises françaises de transport public. Dans ce secteur où se concentre l’essentiel des privatisations (1 milliard d’euros par an entre 2011 et 2013) programmées à la demande de l’Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI) dans le cadre d’une aide de 110 milliards d’euros, les grandes manoeuvres ont commencé.
En témoigne la visite, jeudi 1er juillet, à Athènes de Dominique Bussereau, accompagné d’une forte délégation. Le secrétaire d’Etat aux transports a signé avec Dimitrios Reppas, le ministre grec des infrastructures, des transports et des réseaux, un "partenariat stratégique dans le domaine des transports ferroviaires", qui, assure-t-on côté français, pourrait ne pas être anodin compte tenu de la cession programmée de 49 % du capital de Trainose, la compagnie ferroviaire publique lestée par un endettement cumulé de 10 milliards d’euros. "Je regarde froidement la réalité : si la France ne se mobilise pas, d’autres et pas seulement des Européens, le feront à sa place", argumente M. Bussereau, qui considère que, désormais, "c’est aux entreprises de répondre".
Pour l’instant, celles-ci n’ont d’autre choix que de pratiquer la politique des petits pas. Jeudi, M. Reppas a vanté la "collaboration d’exception" avec la France, mais il n’a pas précisé les modalités et le calendrier de l’ouverture du capital de Trainose. Hervé Le Caignec, directeur adjoint du département international de la SNCF, se dit "prêt à reconstruire rapidement un système ferroviaire performant et, surtout, rentable" mais ignore si l’on attend de son entreprise "de simples contrats d’assistance technique ou une entrée dans le capital".
Convaincu que "les Grecs ont une vraie soif de changement", Gikas Hardouvelis, économiste en chef à l’Eurobank, observe que les privatisations dont le gouvernement socialiste élu en octobre 2009 a dû accepter le principe "ne figurent pas encore dans l’agenda des pouvoirs publics". Selon lui, "il faudra pourtant inventer des moyens intelligents pour que l’investissement privé prenne la relève d’une dépense publique défaillante". Jeudi, à Athènes, les conducteurs de bus étaient en grève : leur salaire de juin n’avait pas été versé.
A l’heure actuelle, les projets qui mobilisent les entreprises françaises s’inscrivent en pointillé. Aucune échéance précise n’a été avancée pour l’avenir de la ligne à grande vitesse entre Athènes et Thessalonique basée sur la technologie des trains pendulaires d’Alstom, ce qui permettrait de conserver la voie actuelle.
Idem pour le prolongement de deux lignes de métro à Athènes ou la réalisation d’un nouvel aéroport près d’Héraklion, en Crète. "Les responsables politiques sont dans le brouillard et j’avoue ne pas être très proactif sur ces grands projets qui, en outre, ne permettront pas de dégager beaucoup de marge", reconnaît le représentant d’un bureau d’études. Au contraire, Pascale Grasset, vice-présidente marketing et ventes d’Alstom venue pour préparer une commande de dix-huit tramways dont l’appel d’offres n’a pas encore été lancé, veut y croire. "Nos métiers s’inscrivent sur des rythmes lents ; il faut penser à après-demain, c’est-à-dire dans trois ou cinq ans", dit-elle.
La prudence d’Athènes, cependant, n’est peut-être pas exempte de considérations tactiques. Alors que la libéralisation des paris en ligne a été retardée par le gouvernement, persuadé que les enchères vont encore monter, les autorités ne perdent aucune occasion de mettre en exergue l’intérêt dont témoignent les investisseurs étrangers.
Ces dernières semaines, des délégations officielles venant de Libye, du Qatar ou de Turquie se sont succédé dans la capitale grecque. Il en est même venu deux de Chine, pour promouvoir la société Cosco. Ce géant des transports qui a pris pied sur le port du Pirée a fait savoir tout l’intérêt qu’il portait, lui aussi, à la privatisation des chemins de fer.

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