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Grèves en Chine

28 juin 2010, 09:28, par Jérémy

Chine : on a raison de se rebeller, dit la nouvelle génération d’ouvriers

De Robert SAIGET (AFP) – Il y a 2 jours

FOSHAN — Chen, 25 ans, appartient à la nouvelle génération d’ouvriers chinois : plus à la mode, mais surtout plus revendicative que les aînés des campagnes et n’hésitant pas à se mettre en grève.

"La génération précédente se contentait de survivre, d’avoir un toit et d’être nourrie", dit Chen, qui travaille dans une usine produisant des silencieux et des pots d’échappement pour Honda à Foshan, dans le sud de la Chine.

"Nos exigences sont plus élevées, car nous avons des besoins matériels et spirituels supérieurs aussi. Nos revendications de grévistes sont basées sur la nécessité de maintenir notre niveau de vie", ajoute-t-il, demandant que son nom entier ne soit pas cité, de peur d’être licencié.

Avec sa coiffure à la mode — cheveux teints en châtain clair —, Chen est l’un des nombreux jeunes ouvriers qui ont cessé le travail ces dernières semaines dans la province du Guangdong, ce sud manufacturier qui a été le moteur du modèle économique chinois basé sur les exportations et une main d’oeuvre bon marché.

Il ne veut plus seulement survivre, mais gagner suffisamment sa vie pour mettre un peu d’argent de côté. Un rêve qu’il n’a jamais pu atteindre depuis qu’il a commencé à travailler il y a cinq ans.

C’est ici et sur les côtes est que le "miracle" économique chinois a débuté il y a plus de 30 ans, lorsque le pays est sorti de l’économie dirigée en ouvrant ses portes aux capitaux étrangers.

Des centaines de millions de paysans à la recherche de travail — la première génération des migrants — ont travaillé de longues heures, souvent dans des conditions effroyables, envoyant de l’argent à leurs familles restées dans leurs campagnes.

Mais la nouvelle génération d’ouvriers n’est plus aussi docile et ne se contente plus d’un salaire de misère pour un travail difficile.

La grève à l’usine de Chen, Foshan Fengfu Auto Parts, a perturbé les chaînes d’assemblage du géant japonais Honda au début du mois. Et la lutte a abouti à une augmentation de 300 yuans du salaire mensuel de base, désormais à 1.500 yuans (179 euros).

Cependant, les ouvriers sont mécontents, affirmant que cette augmentation n’est pas suffisante en ces temps d’inflation.

Dans l’usine d’à côté, contrôlée par des étrangers et qui produit également des pièces automobiles, une grève le mois dernier a aussi abouti à une hausse de salaire, mais la direction a coupé dans les heures supplémentaires, précieuses pour arrondir les fins de mois.

"J’aimerais envoyer de l’argent à mes parents, mais je ne peux pas économiser un sou", explique Song Mafei, ouvrier de 22 ans.

"Mes parents sont contents que j’aie trouvé un travail, mais ils n’attendent rien de moi car ils savent que je peux à peine vivre de mon salaire", dit-il.

Ironie du sort, il gagne moins qu’avant la grève...

Beaucoup parmi les ouvriers chinois d’aujourd’hui connaissent la loi du travail adoptée en 2008 pour mieux garantir les droits des salariés.

"Protéger nos droits est légitime... si les gens sont opprimés, ils doivent se rebeller, c’est naturel", dit un ouvrier de Foshan Fengfu, qui ne donne qu’une partie de son nom, Li.

Dans ces conditions, les entreprises ont du mal à trouver des ouvriers qualifiés, alors que la reprise est là. En février, les usines du Guangdong manquaient de 900.000 ouvriers.

Conséquence, elles doivent faire appel à "des jeunes non qualifiés sans expérience", souligne Mao Pingwu, 30 ans, qui a travaillé dix ans dans des usines de céramique ou d’électronique.

"Même s’il est difficile d’économiser, ces ouvriers n’ont pas le choix, ce qui les conduit à accepter les bas salaires", dit-il.

Mao, originaire de la province pauvre du Hunan (centre), ne veut plus, lui, de cette vie. Il est désormais chauffeur de taxi et gagne 5.000 yuans par mois, beaucoup plus que les ouvriers des usines

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