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Chronologie syndicale de la trahison des luttes ouvrières en France et dans le monde

22 février 2010, 19:28, par Robert Paris

Tirant les leçons de l’échec de la révolution espagnole Trotsky dénonce ceux qui font porter la responsabilité à « l’insuffisante maturité des masses » :

Mais pourquoi des ouvriers, qui montrent un instinct révolutionnaire si sûr, et des aptitudes à ce point supérieures au combat, iraient-ils se soumettre à une direction traître ? objectent nos sages. Nous répondrons qu’il n’y eut pas la moindre trace d’une telle soumission. La ligne de combat suivie par les ouvriers coupait à tout moment sous un certain angle celle de la direction, et, dans les moments les plus critiques, cet angle était de 180 degrés. La direction, alors, directement ou indirectement, aidait à soumettre les ouvriers par la force des armes. […] Comme les libéraux, nos sages admettent tacitement l’axiome selon lequel chaque classe a la direction qu’elle mérite. En réalité, la direction n’est pas du tout le « simple reflet » d’une classe ou le produit de sa propre puissance créatrice. Une direction se constitue au travers des heurts entre les différentes classes ou des frictions entre les différentes couches au sein d’une classe don née. Mais, aussitôt apparue, la direction s’élève inévitablement au des sus de sa classe et risque de ce fait de subir la pression et l’influence d’autres classes. Le prolétariat peut « tolérer » pendant longtemps une direction qui a déjà subi une totale dégénérescence intérieure, mais qui n’a pas eu l’occasion de la manifester au cours de grands événements. Il faut un grand choc historique pour révéler de façon aiguë la contradiction qui existe entre la direction et la classe. Les chocs historiques les plus puissants sont les guerres et les révolutions. C’est précisément pour cette raison que la classe ouvrière se trouve souvent prise au dépourvu par la guerre et la révolution. Mais, même quand l’ancienne direction a révélé sa propre corruption interne, la classe ne peut pas improviser immédiatement une direction nouvelle, surtout si elle n’a pas hérité de la période précédente des cadres révolutionnaires solides capables de mettre à profit l’écroulement du vieux parti dirigeant. L’interprétation marxiste, entre une classe et sa direction, ne laisse pas pierre sur pierre des sophismes légalistes de notre auteur.

Léon Trotsky, « Classe, parti et direction, Pourquoi le prolétariat espagnol a-t-il été battu ? »

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