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La religion est-elle une "affaire privée" ?

23 février 2010, 19:49, par Robert Paris

Trotsky Université des peuples d’Orient (extraits) :

Dans les documents que vous m’avez fournis, j’ai lu quelque chose à propos de l’impression énorme qu’a faite à Kazan une étudiante de votre université, une jeune fille turque : les femmes, certaines âgées et illettrées, formaient des rassemblements autour d’elle. Ce n’est qu’un petit épisode, mais il constitue un indice de profonde signification historique. Le sens, la force et l’essence du bolchevisme résident en ce qu’il s’adresse non pas aux chefs travaillistes mais à la foule, aux laissés-pour-compte, aux masses innombrables et aux plus opprimés parmi les opprimés.

C’est pourquoi ce n’est pas à cause de son contenu théorique, qui est encore loin d’être assimilé, ou pleinement pensé, mais à cause de son souffle vital libérateur qu’il est devenu la doctrine favorite dans les pays d’Orient. Dans votre journal, on lit des confirmations renouvelées du fait que Lénine est bien connu non seulement dans les saklias du Caucase, mais aussi dans les profondeurs de l’Inde. Nous savons qu’en Chine, des travailleurs, qui n’ont probablement jamais lu de leur vie un seul des articles de Lénine, sont fortement attirés par le bolchevisme, car telle est la puissance du souffle de l’histoire ! Ils ont bien senti qu’il s’agit d’une doctrine qui s’adresse aux parias, aux opprimés, aux écrasés, aux millions et aux dizaines et aux centaines de millions de gens pour qui il n’existe pas d’autre solution historique, pour qui il n’y a pas d’autre voie de salut. C’est la raison pour laquelle le léninisme suscite une aussi fervente réponse dans le cœur des femmes travailleuses - c’est qu’il n’y a pas de catégorie plus opprimée sur terre que la femme travailleuse ! En lisant comment l’étudiante de votre université parlait à Kazan et comment les femmes tatares illettrées se rassemblaient autour d’elle, je me suis rappelé mon récent et bref séjour à Bakou, où pour la première fois j’ai vu et entendu une jeune communiste du Turkestan, où j’ai pu observer dans la salle de réunion plusieurs dizaines, peut-être plusieurs centaines de jeunes filles communistes du Turkestan, voir et entendre leur enthousiasme, la passion de celle, hier encore esclave d’esclaves, qui a entendu les nouveaux mots de libération et s’est éveillée à une vie nouvelle, où pour la première fois, j’en suis venu à une conclusion tout à fait claire en me disant que dans le mouvement des peuples d’Orient la femme jouera un plus grand rôle qu’en Europe et ici [Applaudissements]. Pourquoi ? Très précisément parce que la femme d’Orient est incommensurablement plus entravée, écrasée et embrouillée par les préjugés que ne l’est l’homme d’Orient, parce que de nouvelles relations économiques et de nouveaux courants historiques l’arracheront aux anciennes relations immuables avec une force et une brutalité encore plus grande que pour l’homme. Même aujourd’hui, nous pouvons constater que l’Orient est encore dominé par l’Islam, par les anciens préjugés, croyances et coutumes, mais tout cela se transformera de plus en plus en poussière et en cendre. Tout comme une pièce de tissu moisissante, si vous la regardez d’une certaine distance ; elle semble complète : le motif entier y est, et tous les plis subsistent, mais il suffit d’un mouvement de la main ou d’un courant d’air pour que le tout tombe en poussière. Et de même , en Orient, les vieilles croyances, qui semblent être si profondément enracinées, ne sont en vérité rien d’autre qu’une ombre du passé : en Turquie, le califat a été aboli, et ceux qui ont porté la main dessus n’ont pas perdu un seul de leurs cheveux ; ce qui signifie que les anciennes croyances ont moisi et qu’elles ne représenteront pas un obstacle sérieux pour le mouvement historique des masses travailleuses. Cela signifie, de plus, que la femme d’Orient, qui est la plus bridée dans sa vie, dans ses habitudes et dans sa créativité, esclave d’esclaves, ayant comme l’exigent les nouvelles relations économiques retiré son voile se sentira immédiatement dépourvue de tout appui religieux ; elle aura une soif passionnée de nouvelles idées, une nouvelle conscience qui lui permettra d’apprécier sa nouvelle position sociale. Et il n’y aura pas de meilleur communiste en Orient, pas de meilleur combattant pour les idées de la révolution et pour les idées du communisme que la femme travailleuse émancipée [Applaudissements].

Camarades, c’est pour cela que votre Université est d’une importance historique universelle. En utilisant l’expérience idéologique et politique de l’Occident, elle prépare un grand levain révolutionnaire pour l’Orient.

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