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Haïti : après le séisme, la révolte

8 décembre 2014, 19:33

Une manifestation anti-gouvernementale de l’opposition politique a pu terminer sa course, ce vendredi 5 décembre 2014, devant les ruines du palais présidentiel au niveau du Champ de Mars, principale place publique de la capitale Port-au-Prince, a observé l’agence en ligne AlterPresse.

Depuis quelques temps, divers mouvements de rue, dont celui du mardi 25 novembre 2014, ont été généralement disperses avant d’atteindre l’espace situé aux abords des ruines du palais national.

« Qui est Martelly pour ne pas le renverser ? », ont scandé les manifestants.

« Aujourd’hui, nous sommes arrivés devant le palais national. Le combat doit continuer. Martelly est tombé. Nous allons préparer le gouvernement de transition », exprime, en joie, André Fadot, membre de l’organisation de base, baptisée mouvement national de l’opposition populaire (Monop).

Des agents de la Police nationale d’Haïti (Pnh) n’ont fait aucun usage de gaz lacrymogènes, ni de canons à eau pour disperser la foule, qui a franchi, de force, les barricades dressées par la police.

Plusieurs barricades de pneus usagés enflammés ont été, par la suite, installées, aux abords de la rue des Miracles et Montalais par des individus non identifiés.

Quelque temps après la fin de la manifestation, des protestataires, qui voulaient encore occuper l’espace du Champ de Mars, ont été dispersés à coups de gaz lacrymogènes.

Les manifestants ont répliqué par des jets de pierres, lancées en direction des agents de police.

« Martelly doit partir. Nous sommes dans la rue pour dire non aux dérives de l’administration Martelly/ Lamothe, à la misère, au chômage et à l’exclusion sociale », expriment des manifestants, qui entendent occuper le béton jusqu’au départ de l’actuelle administration politique.

Démarrée devant les ruines de l’église (catholique romaine) de Saint-Jean Bosco, la manifestation, encadrée par des agents du Corps d’intervention et de maintien d’ordre (Cimo), a parcouru les quartiers populaires La Saline, la rue St Martin, le Bel-Air et Solino.

Pendant le défilé, les manifestants ont réclamé la libération, sans condition, de tous les manifestants et « prisonniers politiques », dont le porte parole de la Force patriotique pour le respect de la Constitution (Foparc), Rony Timothée, incarcérés depuis le dimanche 26 octobre 2014.

Arrêtés lors d’une autre manifestation anti-gouvernementale le dimanche 26 octobre, les militants politiques, Rony Timothée et Biron Odigé, écroués le lundi 27 octobre 2014 à la prison civile de Carrefour (banlieue sud), ont été transférés, par la suite, respectivement à la prison civile de la commune de Cabaret (municipalité à 35 km au nord de Port-au-Prince) et à la Croix-des-Bouquets (au nord-est de la capitale).

La mobilisation du vendredi 5 décembre 2014 vise aussi à libérer Haïti de l’ingérence de la communauté internationale dans ses affaires internes, affirme un manifestant, qui appelle la population haïtienne à prendre, à présent, son destin en main.

Alors que le peuple est confronté à des conditions déplorables d’existence, notamment dans les quartiers populaires, le pouvoir actuel dilapide les richesses du pays, fustige un autre protestaire.

L’heure du départ de Martelly a sonné, lance un membre de l’organisation « Fanmi lavalas », l’ancien sénateur Louis Gérald Gilles, qui participait au défilé.

Plusieurs autres responsables de partis politiques, dont Turneb Delpé, Serge Jean-Louis, ont été remarqués dans la manifestation du 5 décembre 2014.

« Le peuple est dans la rue. Nous sommes dans la rue. Nous avançons vers la démocratie », souligne René Civil, un proche partisan du mouvement lavalas.

Martelly n’a pas la qualité, ni la moralité ni la compétence pour diriger le pays, critique un autre manifestant.

Après avoir parcouru les rues de la réunion, Oswald Durand et Capois, les manifestants ont abouti devant l’ambassade de France (au Champ de Mars), où ils ont appelé, dans un message final, la communauté internationale à cesser de supporter le pouvoir en place.

L’avocat André Michel, farouche opposant au pouvoir actuel, dit espérer qu’avant longtemps Martelly sera renversé, pour faire place à une autre équipe devant organiser des élections générales dans le pays, en retard depuis plus de trois ans (depuis 2011).

Plusieurs personnes portant des dreads et des élèves d’écoles publiques ont été aussi remarqués dans la manifestation, qui s’est dirigée vers les ruines du palais national, où aucune résistance violente n’a été imposée par la police, contrairement à l’accoutumée.

Plusieurs de ces personnes portant des dreads disent être venus exprimer leur colère contre des agents de l’Unité départementale de maintien d’ordre (Udmo), qui se sont arrogé le droit de couper les tresses d’individus dreads (coiffures ostensibles se référant, parfois, au mouvement rasta).

Une autre mobilisation, devant aboutir devant l’ambassade de France, est annoncée pour le samedi 6 décembre 2014, dans la perspective de continuer d’exiger le départ de l’équipe gouvernementale. [emb kft rc apr 05/12/2014 15:20]

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