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Editorial 17-01-2010 - Les grandes puissances s’inquiètent pour Haïti !!!

14 janvier 2010, 21:36, par Robert Paris

N’oublions pas qu’en Haïti, il y aune classe ouvrière. Voici une de ses luttes en 2009 :

Les travailleurs de la zone industrielle ont fait entendre leurs voix

Les 4, 5, 11, 12 et 13 août dernier, les ouvriers de la zone industrielle ont gagné les rues de la capitale pour crier leur ras-le- bol des sempiternelles négociations autour de l’ajustement du salaire minimum. Et le dernier jour, ils étaient entre 12000 et 15000 à demander 200 Gourdes (soit 3,57 euros) au lieu des 70 Gourdes (1,25 euros) en vigueur depuis 2003.
Avec des branches d’arbre en main, des milliers de travailleurs ont traversé la zone industrielle, avec leur slogan « 200 Gourdes tout de suite », tout en faisant débrayer les ouvriers des autres usines disséminées sur leur parcours pour arriver devant le Parlement où les députés devaient tenir leur séance. Arrivés sur les lieux, les unités de la police et les corps spéciaux les ont attaqués à coup de matraque, et gaz lacrymogènes, etc. pour les disperser.
Mais les travailleurs n’ont pas baissé les bras ; ils sont revenus 5 jours de suite, ils ont encerclé le commissariat lorsque des manifestants ont été arrêtés le 10 août et sur leur lancée, le lendemain, des milliers de manifestants ont à nouveau gagné les rues. Ces ouvriers, ces étudiants, ces habitants de quartier faisaient pression sur les députés qui avaient émis un premier vote favorable au 200 Gourdes et qui revenaient sur leur décision face à la pression de la bourgeoisie haïtienne.
Depuis la revendication de 200 Gourdes avancée par les ouvriers, les patrons des entreprises et leurs représentants expliquaient sur tous les médias « comment ce salaire allait entrainer le pays à la ruine et obliger les patrons à transférer leurs entreprises ailleurs où le salaire serait plus compétitif qu’en Haïti. ». Et la bourgeoisie haïtienne a repris le même refrain à propos des banques et du commerce : un tel salaire allait faire grimper les prix et mettre les banques en faillite. Il a fallu que quelques ouvriers prennent d’assaut les médias pour expliquer qu’avec 200 Gourdes ils pourraient survivre, mais ne pas vivre décemment.
Le président Préval, en bon défenseur de la bourgeoisie a opposé son veto lorsque les parlementaires ont donné leur accord pour le passage au salaire à 200 Gourdes. Il a proposé que le salaire de base des ouvriers de la sous-traitance soit de 125 Gourdes par jour, et a ajouté que si ces ouvriers travaillent plus ils pourront toucher plus puisqu’ils sont payés à la pièce. Ils pourraient même toucher 200 Gourdes par jour, voire plus ajoutait-t-il cyniquement.
Le mardi 18 août les députés sont revenus sur leur vote et ont choisi les amendements de Préval et le salaire journalier à 125 Gourdes. Ils ont montré comment ils sont corruptibles et sont en réalité les larbins de la bourgeoisie haïtienne. Ils ont eut peur des ouvriers, mais pas jusqu’à reculer et outrepasser les directives des patrons. Ce n’est que parti remise ! Cette mobilisation, ces manifestations ont permis aux travailleurs qui y ont participé et à ceux qui les ont soutenus de faire l’expérience de l’énorme potentialité qu’il y a dans leurs actions communes. Pendant quelques jours ils se sont libérés les uns les autres de la peur qui les enchainait à leur table de travail, aux ordres du chef, ont pris confiance en eux en allant faire débrayer d’autres usines et surtout en voyant comment les vigiles comme les patrons déguerpissaient à leur arrivée. Ils ont pu dresser la tête et faire valoir leurs revendications.
De telles manifestations des ouvriers de la zone industrielle ne s’étaient pas vues depuis juillet 1991 au début du mandat d’Aristide. Elles sont pleines d’enseignements pour les travailleurs compte tenu de l’ampleur des luttes à venir pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Elles ne dépendront pas des palabres des parlementaires, des politiciens, et des soi-disant économistes tous acquis aux intérêts de la bourgeoisie, mais de leur capacité à s’organiser pour pouvoir s’imposer aux patrons et à leurs valets, et exiger la satisfaction de leurs revendications.

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