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Prise de parole du comité pour l’auto-organisation

mardi 19 septembre 2017

Pressurés au travail, pressurés dans les transports, pressurés par les banques, pressurés par les gouvernants, les « fainéants » en ont ras-le-bol, les fainéants ne courbent plus l’échine, les fainéants ne se taisent plus !

Notre parole ne s’exprime ni dans les média, ni dans les élections, ni dans les syndicats, ni dans les institutions, ni par les politiciens de tous bords, ni par les gouvernants. Alors prenons la nous-mêmes, la parole, réunissons-nous pour exprimer notre colère et pour discuter de notre riposte.

On nous vole nos emplois, on nous vole nos services publics, on nous vole l’argent de nos impôts, on nous vole nos droits sociaux, on nous vole nos hôpitaux, on nous vole nos droits syndicaux et démocratiques, on se prépare à nous voler l’argent de nos comptes en banque et de nos épargnes au prochain krach, et il faudrait qu’on se taise !

Je ne parle ni au nom d’un syndicat, ni au nom de Mélenchon, ni au nom d’un quelconque parti de gouvernement, ni pour la pub d’un parti politicien. Je parle en mon propre nom, en tant que travailleur. Je parle au nom de la révolte sociale contre les attaques de plus en plus violentes que nous subissons. Je parle au nom de la révolte politique contre le silence politique que l’on veut nous imposer, à nous travailleurs, en faisant comme si on devait s’exprimer exclusivement au travers des politiciens, des média, des syndicats ou des gouvernants !

Il y en a marre de se taire, marre de subir l’exploitation accrue, les pressions de le travail, l’aggravation des conditions d’existence, la baisse du niveau de vie, le chômage permanent de masse, la destruction des services publics de santé, de transports, d’enseignement, d’énergie, d’aides publiques, des caisses sociales, assez de payer des impôts pour que l’argent public soit distribué aux patrons sans aucun engagement d’embauche en échange, assez de voir les retraites cassées et retardées, alors que les jeunes ne trouvent aucun travail, assez de voir les aides sociales cassées, de voir les allocations chômage réduites ou supprimées, assez de la précarisation forcée du travail, assez des licenciements abusifs sans sanction de la justice, assez des suppressions d’emplois publics et privés, assez des aides et cadeaux d’Etat au patronat sans aucun engagement d’embauche en contrepartie, assez de la répression policière contre les salariés, les jeunes, les manifestants.

Il y en assez du mépris et des insultes publiques des possédants et de leur clique au pouvoir.

Si vous refusez la casse du code du travail, vous êtes un fainéant ; si vous refusez les contre-réformes antisociales vous êtes un ringard ; si vous refusez des licenciements et des fermetures d’entreprises vous êtes un voyou ; si vous refusez la casse des conditions de travail vous êtes radicalisé, presque un terroriste ; si vous manifestez vous êtes matraqué et gazé et traité de casseur ; si vous êtes contraints de quitter votre pays, bombardé par toutes les puissances mondiales, de vous réfugier dans ce que l’on appelle encore les nations démocratiques, vous êtes traité comme un chien, matraqué et pourchassé, renvoyé de partout, livré à des bandes armées payées par les pays occidentaux ; si vous êtes un jeune de banlieue vous êtes traités comme un bandit en puissance ; si vous êtes victimes d’un ouragan à Saint-Martin et que vous n’avez plus rien à boire et à manger vous êtes traités de pillard ; si vous dénoncez la droite de Sarkozy vous êtes traité de rétif à la valeur-travail ; si vous dénoncez la gauche bourgeoise de Hollande-Valls vous êtes traité de sans-dents ; si vous dénoncez le faux centre de Macron, au centre du patronat, vous êtes traité de conservateur accroché à des privilèges et inréformable ; si vous dénoncez le flicage des chômeurs vous êtes un paresseux ; si vous protestez contre les fausses négociations avec les syndicats on vous accuse de refuser la concertation et le dialogue social ; si vous suivez les syndicats qui discutent avec vos ennemis mais pas avec les salariés ils vous traitent en mouton, refusent de vous consulter par des assemblées générales et des comités de grève élus.

Eh bien ! Il est temps que cela cesse ! Il faut nous réunir sur les lieux de travail et d’habitation et parler nous-mêmes en notre propre nom, décider nous-mêmes, nous organiser nous-mêmes. Personne, ni Mélenchon ni la CGT ni d’autres ne pourront nous sauver si nous ne le faisons pas nous-mêmes en unissant travailleurs et chômeurs, salariés en fixe et précaires, CDI et CDD, jeunes et vieux, français et étrangers, secteur public et privé.

Nous ne sommes représentés ni par les bureaucrates syndicaux ni par les politiciens menteurs ni par les gouvernants à la botte du patronat. Représentons-nous nous-mêmes en mettant en place nos comités de salariés, dans les entreprises et les quartiers.

Ne laissons pas les voleurs du patronat et du gouvernement à sa solde nous pressurer et nous insulter ! Faisons-nous respecter, défendons nos intérêts de classe. Si nous nous réunissons pour décider nous-mêmes, les possédants oublieront de nous traiter de sans-dents et de fainéants !

Comité pour l’auto-organisation

comautorg@gmail.com

Messages

  • Bonjour camarade Robert,

    Le combat que tu décris et dont tu dis qu’il faut le mener, dans l’appel du comité pour l’auto-organisation, il se déroule dans les syndicats. Qui représentent une belle avancée historique rapport à la lutte pour l’émancipation intégrale.

    L’affrontement avec la bourgeoisie et son Etat est inévitable. Il n’y aura pas beaucoup d’échéances avant. Chaque militant syndicaliste, et au-delà, doit construire la perspective de la grève générale expropriatrice et gestionnaire autour de lui. Une journée d’action contre les décrets Macron et pour leur retrait, c’est déjà avancer d’un pas pour que les travailleurs s’en saisissent partout. Tous les secteurs vont se mettre en route. Et pour la première fois depuis longtemps, l’ issue politique apparaît comme un subterfuge pour un très grand nombre.

    Sois attentif un peu à ce qui se passe dans les sections syndicales combatives, les inter-syndicales, les UD (je viens d’entendre que la CGT du Nord appelle à la grève générale jusqu’au retrait des décrets) et tu verras que les ouvriers sont encore largement disponibles autour et dans les syndicats. Et ça représente une base militante énorme, des millions de gens agissant consciemment.

    Plutôt content que le comité quitte le ton apocalyptique des deux précédents appels, quand le comité inter-pro devint le comité pour l’auto organisation. " Déclenchez partout la grève générale, travailleurs du monde, ou vous serez complices de la troisième et "dernière" guerre mondiale, la toute dernière car thermonucléaire ! ", moi perso, ça me fiche la trouille. C’est un truc que psychiquement je peux pas supporter et qui me paralyse pour l’action. J’crois qu’on est des millions comme ça.

    Surtout, je ne peux que soutenir et accompagner la grève vu que j’suis en r’traite depuis 19 jours. Ce qui ne m’empêche pas de militer activement dans mon syndicat de base et tout ce qui s’y rapporte : UD, fédés, intersyndicales... Tout en orchestrant un pas de côté politique, anarchiste, car le mouvement syndical ne peut encore hélas se (re)saisir de tous les aspects de la vie. " Aucune question n’est étrangère au syndicat ". Même l’exigence de paix entre les travailleurs et les peuples. Pas de guerre entre les peuples, pas de paix entre les classes !

    Anarsalutations mon camarade,

    F.

  • cher F.,

    nous serions tellement dans une autre situation si tu avais raison. Malheureusement, telle n’est pas le problème. Le problème n’est pas que les travailleurs aient enfin compris qu’il n’y a pas de perspective du côté politique mais du fait, au contraire, que les travailleurs, eux, ne font pas de politique par eux-mêmes, alors que les classes possédantes en font ! Les syndicats sont d’ailleurs l’un des éléments qui a dissuadé les travailleurs de mener eux-mêmes leur propre politique, en suivant celle des politiciens. Tu remarquera qu’il n’y a pas si longtemps tous les syndicats appelaient à voter Hollande contre Sarkozy sous prétexte qu’Hollande allait nous sauver des attaques sur les retraites. Cela ne les empêche pas de combattre dans l’entreprise tout travail politique. Etant donné que nous sommes dans une société de classe, que l’Etat appartient à la classe possédante, tout autant que les capitaux et les entreprises, la question de la prise du pouvoir par les travailleurs organisés de manière indépendante et de classe est centrale. Pas de changement sans cela, sans la destruction de l’Etat bourgeois et son remplacement par l’Etat ouvrier (désolé pour l’anar-syndicaliste !). Bien sûr, cette lutte n’est pas en train d’être menée mais ce qui n’y prépare pas ne prépare pas l’avenir. Quant aux syndicats, en diffusant le nationalisme économique, en diffusant le réformisme capitaliste, en diffusant la passivité politique et sociale, en combattant contre l’auto-organisation des comités de travailleurs coordonnés et fédérés, ils ne préparent qu’un avenir bien noir...

  • OK,

    Tu me donneras les coordonnées du comité inter-pro le plus proche de chez moi, camarade, que j’aille tout de suite m’y organiser. Là, j’ai juste un tract syndical de base à diffuser dans les écoles. Pour la grève, pour l’abrogation des décrets Macron et contre, demain, la casse du statut de la fonction publique, de nos statuts, et tous les reculs qu’ils veulent imposer partout, à tous.

    Mon syndicat n’avait pas appelé à voter Hollande.

    F.

  • Les carottes ne tombent pas toutes cuites dans la bouche, camarade. Le monde ne s’est pas fait en un jour. Ce n’est pas une raison pour cautionner des appareils syndicaux qui, eux, cautionnent Macron en masquant sa comédie des négociations par exemple... Les comités ne sont pas tout faits pour y adhérer, belle découverte ! Tu aurais pu être celui qui fondera le premier comité d’auto-organisation de ton coin. Il a bien fallu que des gens fassent cela sans quoi il n’y aurait même pas eu la révolution française, sans parler des révolution russe ou espagnole.

  • Au fait, camarade syndicaliste, où est-il ce syndicat dont le dirigeant national n’aurait pas appelé à voter Hollande, qui n’aurait pas cautionné les fausses négociations, qu’elles soient organisées par Sarkozy, Hollande ou Macron, qui n’aurait accepté que son syndicat soit essentiellement financé par l’Etat bourgeois et le patronat, qui n’aurait pas refusé la grève se généralisant et préféré les journées d’inaction avec des promenades dans les rues qui ne font reculer personne, qui aurait cherché à organiser les travailleurs avec des liaisons inter-entreprises, avec des assemblées générales interprofessionnelles prenant de vraies décisions sur leur propre lutte, avec des comités de salariés fédérés localement, régionalement, nationalement, qui n’aurait pas cherché à faire croire à la « bonne réforme » du capitalisme, qui n’aurait pas laissé entendre que le capitalisme peut s’en tirer de sa crise historique de 2007, qui n’aurait pas laissé les luttes contre les licenciements et les fermetures d’usines s’isoler, qui n’aurait pas laissé sans réponse les crimes de l’impérialisme dans le monde, qui n’aurait pas diffusé le discours du nationalisme économique, qui aurait combattu le racisme contre les Roms, contre les migrants, contre les travailleurs étrangers, qui n’aurait pas fait croire que l’Etat serait un intermédiaire entre patrons et salariés, qui aurait développé un programme de classe préparant un autre avenir que l’exploitation, visant à transformer les luttes défensives en luttes offensives, où est-il ce dirigeant syndical, quel est son syndicat, dans quel pays, dans quel monde, à quelle époque ? A ce rythme là, le syndicalisme réformiste ne va pas changer le monde et va même le laisser se changer en mille fois pire sans du tout préparer les travailleurs ni à résister ni à révolutionner le monde…

  • Quant à la journée d’inaction d’aujourd’hui, elle est d’avance torpillée puisque les syndicats n’appellent quasiment pas les transports à faire grève !!!

  • Suite à la manifestation de ce jour, on peut dire que tout est prêt pour encadrer un éventuel mouvement.

    Toutes les organisations syndicales sont prêtes pour empêcher toute autre forme d’organisation qui serait susceptible de leur échapper.

    En même temps, les nombreux individus de tête de cortège cherchaient à échapper à ce piège de l’encadrement syndical classique...

    Mais alors, justement, le double piège, c’est que les troupes de l’état se préparaient à l’encerclement, comme au printemps 2016, pour créer le guet-apens autour de la place d’Italie, cette fois, à l’arrivée de la manif...

    Les rôles d’une pièce de théâtre sont déjà distribués avant même qu’un éventuel mouvement ne démarre.

    Si un tel mouvement devait naître, il ne pourrait se développer qu’en se posant un sérieux problème : comment déjouer les tactiques où syndicats et police (ou gendarmerie) encerclent toute expression de volonté de direction alternative ?

    • oui et ces questions commencent par se poser dans tous les lieux d’exploitation, bien avant que tout mouvement commence ! Le milieu syndical des délégués ne veut pas discuter, tant pis, discutons avec les syndiqués et les non syndiqués. Nombre de travailleurs sont d’anciens syndiqués parfois et d’anciens grèvistes qui ont des expériences dont on peut se servir pour nourrir des discussions sur l’avenir des luttes et la perspective de l’auto-organisation.

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