jeudi 20 octobre 2016
La France est quadrillée par armée et police, sous prétexte d’antiterrorisme, et l’armée « se projette » partout dans le monde et les chefs militaires et policiers ne se sentent plus pisser, se voyant un avenir politique, puisque la société bourgeoise s’écarte de plus en plus de la traditionnelle démocratie des pays riches…
En dehors des partis politiques, des primaires, les généraux français hostiles à la démocratie sont en campagne. Ils se voient présidents, élus éventuellement, ou même pas élus mais nommés pour sauver la France… Ils fondent pour cela des associations, ils organisent des réunions, ils dirigent des clubs, ils lancent des déclarations incendiaires…. Ils ont des solutions pour l’unité du pays, contre les divisions sociales, contre les divisions politiques. Puisque le pays est en guerre, ils estiment qu’il doit être dirigé par des généraux… Ils estiment que les ennemis de la France sont les musulmans, les jeunes de banlieues, les travailleurs cégétistes et autres terroristes… Selon eux, la république est la cause de la dérive, de la chute de la France…
Ils ont pour noms Desportes, Soubelet, Tauzin et Piquemal… Ils jouent tous sur le thème de l’insécurité en France, de la guerre, du terrorisme, de l’immigration clandestine et autres thèmes pour développer une démagogie sécuritaire proposant avant tout d’en finir avec la démocratie soi-disant pour assurer la sécurité…
Général Vincent Desportes : « Non, les militaires n’ont pas « à la fermer » comme un ministre. La première loyauté d’un ministre au service d’une politique fluctuante, souvent politicienne, est envers son président. La première loyauté d’un militaire au service permanent de la nation, de ses intérêts et de ses valeurs, est envers la France. Structuré par l’éthique de conviction, il doit prendre la parole pour lui rester fidèle, plutôt que de la renier... Car qui, dans la société civile, détient les connaissances, expériences et compétences, acquises par l’étude et le terrain, des officiers supérieurs et généraux ? Pourquoi nos concitoyens ne seraient-ils pas informés par « ceux qui savent », comme dans les autres domaines de l’action publique ? »
Général Bertrand Soubelet : « Les gendarmes sont inquiets car on prend plus soin des auteurs que des victimes », prévient le militaire, précisant qu’en 2013 il y a eu une hausse de 4% de personnes mises en cause par ses services tandis que le nombre de placements sous écrou « a diminué de 33%... Évidemment, l’insécurité et le sentiment d’insécurité ne cesseront d’augmenter tant que la réponse collective à la délinquance ne sera pas adaptée… Les auteurs d’atteintes aux biens (cambriolages, vols...), les plus importantes numériquement, bénéficient d’un traitement pénal qui leur permet de continuer à exercer leurs activités… La notion de sanctuaire rural et périurbain n’existe plus (…) la délinquance et l’insécurité frappent au cœur de nos territoires, dans la ruralité profonde. »
Général Didier Tauzin :« En France, on laisse en repos ceux qui mettent le feu, et on persécute ceux qui tentent de l’éteindre. »
Général Christian Piquemal : « La France debout va se lever. », manifestant avec l’extrême droite contre les migrants de Calais.
Général Vincent Desportes
Général Bertrand Soubelet
Général Didier Tauzin
Général Christian Piquemal
Le plus « modéré », si l’on peut dire, le général Vincent Desportes déclare :
« - Hélas, oui. Soyons clairs : nous sommes en guerre. Quand on abat un avion dans le Sinaï avec 200 passagers à bord, quand on tue plus de 100 citoyens à Paris, il s’agit bien d’une guerre. Elle a changé de visage et de nature ; ce n’est pas une guerre mondiale, mais c’est une guerre mondialisée. Une guerre qui vise la France, nos valeurs, notre mode de vie, nos libertés. Malheureusement, la France n’a pas voulu reconnaître cet état de guerre, et ne s’est pas donné les moyens d’assurer la protection du territoire national. Or, il était évident qu’il y aurait des attentats de masse. Il s’agit là d’une attaque coordonnée, préparée avec un nouveau mode opératoire, et il est malheureusement probable qu’il y en ait d’autres… Face à ce danger, le déploiement de 1.500 militaires dans la cadre de l’opération Sentinelle n’est pas efficace. C’est absurde d’utiliser les militaires comme un stock de vigiles postés devant des lieux de culte…. Les moyens alloués, en baisse constante, ne sont pas suffisants, l’enveloppe est trop petite. Résultat : la défense de notre pays s’est délitée. On ne peut pas jouer avec la sécurité des Français. Il faut supporter l’effort de guerre, avec tous les sacrifices que cela comporte. Les Français doivent s’y préparer et accepter de renoncer à une partie de l’Etat Providence au bénéfice de la sécurité. »
En somme ce général appelle la population à sacrifier sa liberté pour soi-disant assurer sa sécurité, en réalité celle des capitalistes… Et il est loin d’être le seul : la bourgeoisie a commandité un sondage destiné à affirmer que le peuple français souhaiterait la mise en place d’un pouvoir fort moins politique et plus dur, soi-disant pour faire face à la crise, à la guerre, à toutes les catastrophes… Ben mon colon !
Des hauts gradés de l’armée ont décidé de rompre le silence. Chacun à leur manière, les généraux Soubelet, Tauzin et Piquemal font part de leur inquiétude quant à l’avenir du pays. Focus sur les nouveaux forts en gueule de la Grande Muette.
Le général Soubelet, encore en activité, publie un livre pour expliquer que « la sécurité dans notre pays [la France] n’est pas assurée comme elle le devrait ». Le général Tauzin a quitté l’armée mais il envisage de se présenter à la prochaine élection présidentielle avec l’ambition de « refonder la politique comme service de l’homme et du citoyen ». Christian Piquemal, ancien commandant de la Légion étrangère, déchaîne les passions lorsque les caméras filment son arrestation pendant une manifestation de Pegida à Calais.
Les uns et les autres affirment que le pays est devenu une poudrière, avec le djihadisme, le terrorisme, les banlieues, la délinquance, la violence, l’insécurité, les immigrés clandestins, les migrants, tout cela mis dans le même sac…
Tous agissent en dehors des partis classiques et du système électoral et affirment plus ou moins clairement la nécessité selon eux d’un pouvoir fort qui ne respecte plus les anciennes règles de la démocratie parlementaire.
Ils dénoncent les politiciens avec des accents démagogiques qui ne trompent pas…
Crise systémique et fin de la démocratie bourgeoise
La bourgeoisie française, le couteau entre les dents…
Pourquoi la bourgeoisie mondiale a pour projet de se débarrasser de toute démocratie ?