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Une nouvelle crise américaine (puis mondiale) en vue ?

jeudi 21 janvier 2016

Sur RTL, dans l’émission de François Lenglet :

« La Chine est malade, c’est sûr. Mais cela n’est que le déclencheur, pas davantage. La vraie inquiétude concerne les États-Unis, où il est en train de se produire une récession industrielle, c’est-à-dire une chute de la production de l’industrie. Celle des services tient encore bien. Mais souvent les crises commencent justement par l’industrie. Or, les États-Unis sont évidemment de cœur de l’économie mondiale et de la finance. Nous sommes donc au bout du cycle de croissance américaine. Ce ne serait pas étonnant, car l’expansion américaine dure depuis cinq ans. Ce que redoutent les marchés, c’est plus grave que cela. Ce serait une fin de cycle américain au moment où la zone euro est encore dans la panade, tout comme le Japon, et alors que la Chine est au plus bas depuis un quart de siècle. Ce serait une panne mondiale de l’activité, toutes les zones du monde seraient synchrones, à la baisse. »

Une nouvelle crise américaine (puis mondiale) en vue ?

La semaine dernière, Albert Edwards, stratège à la Société Générale, a dit lors d’une conférence d’investissement à Londres que les développements économiques mondiaux « pousseraient les États-Unis dans une nouvelle récession. » Prédisant qu’il y aurait une nouvelle crise financière « tout aussi mauvaise que celle de 2008-2009, » il a dit, « Nous avons vu l’expansion massive du crédit aux États-Unis. Cela ne vient pas de l’activité économique réelle ; c’est de l’emprunt pour financer les rachats d’actions. »

Le fait que depuis 2009 le marché des obligations de pacotille aux États-Unis a augmenté de quelque 80 pour cent, atteignant 1,3 billion de dollars donne la mesure de la croissance de la spéculation. Le marché des obligations à haut risque de l’énergie a augmenté encore plus rapidement, de 180 pour cent, atteignant plus de 200 milliards de dollars. Au cours des dernières semaines, alors que le pétrole et d’autres matières primaires continuaient à baisser et que la Chine continuait à ralentir, le marché des obligations de pacotille a montré des signes d’implosion ; ses prix ont chuté brutalement et un certain nombre de fonds communs de placement d’obligations de pacotille de l’énergie sont en train de s’effondrer.

De nombreuses données économiques publiées le 15 janvier indiquent que l’économie américaine est en forte décélération. La Réserve fédérale a indiqué que la production industrielle avait diminué de 0,4 pour cent en décembre, principalement en raison des compressions dans les services publics et la production minière, après une baisse de 0,9 pour cent en novembre. La production industrielle a diminué à un taux annuel de 3,4 pour cent au quatrième trimestre de 2015.

La semaine dernière, l’Institute for Supply Management a publié son indice manufacturier, montrant une descente à 48,2 en décembre, niveau le plus bas depuis décembre 2009. Une valeur inférieure à 50 signale une contraction.

La Federal Reserve de New York a publié cette semaine son indice Empire State Manufacturing Survey qui dévoile une baisse atteignant -19,37 en janvier (- 6,21 en décembre). « L’activité commerciale a diminué pour les entreprises manufacturières de New York plus fortement qu’à tout moment depuis la récession de 2007-2009, selon l’enquête de janvier 2016, » a déclaré cette institution.

Ces informations confirment l’existence d’une récession industrielle aux États-Unis. Et la semaine dernière, Michael Ward, directeur de la société de chemins de fer CSX, a déclaré dans une interview télévisée que le pays était en proie à une « récession du fret, » le charbon et d’autres transports de marchandises baissant brusquement.

Le Département du Commerce a rapporté vendredi que les ventes américaines de détail ont reculé de 0,1 pour cent en décembre par rapport au mois précédent. Pour l’ensemble de 2015, les ventes de détail ont augmenté de seulement 2,1 pour cent, leur niveau le plus faible depuis 2009, après avoir progressé de 3,9 pour cent en 2014. La National Retail Federation a estimé elle, que les ventes de maisons ont augmenté de seulement 3 pour cent par rapport à l’année précédente, bien moins que sa projection de croissance de 3,7 pour cent.

Le Département du Commerce a également indiqué que les stocks des entreprises ont diminué de 0,2 pour cent en novembre, la plus forte baisse depuis septembre 2011.

Le Département américain du Travail a publié son indice des prix des producteurs, montrant un déclin de 0,2 pour cent le mois dernier. Montrant les forces déflationnistes dans l’économie américaine, les prix à la production ont baissé de 1,0 pour cent en 2015, le chiffre le plus faible depuis que la série a commencé en 2010.

En raison de la faiblesse des données pour l’économie américaine, JPMorgan Chase a abaissé son estimation de la croissance du produit intérieur brut au quatrième trimestre 2015 d’un taux annuel de 1,0 pour cent à seulement 0,1 pour cent. Barclays a réduit ses prévisions de quatre dixièmes de point de pourcentage à 0,3 pour cent.

L’annonce la semaine dernière par Walmart de la fermeture de centaines de magasins et de la destruction de 16.000 emplois et la fermeture de magasins par Macy et Sears-Kmart, souligne la détérioration croissante de l’économie réelle, aux États-Unis et dans le monde, qui sous-tend les turbulences sur les marchés boursiers et obligataires. Elle reflète également la réalité de la baisse des salaires et la montée de l’insécurité du revenu touchant de larges couches de la population américaine.

BP a lui aussi annoncé 4.000 licenciements la semaine dernière, montrant l’état de plus en plus déprimé du secteur énergétique.

La vente massive du 15 janvier (l’indice EURO STOXX /50 a baissé de 2,37 pour cent et tous les principaux indices américains de plus de 2 pour cent), couronne la pire ouverture annuelle jamais connue par Wall Street. Le Dow Jones Industrial Average (moins 391 points) est tombé sous le niveau de 16.000 points. Depuis le début de l’année, l’indice Dow a chuté de 8,24 pour cent, l’indice 500 de Standard & Poor’s de plus de 8 pour cent ; le Nasdaq a perdu plus de 10 pour cent.

Les trois indices américains sont tous officiellement en situation de « correction » et les indices boursiers chinois ont le statut officiel de « marché en baisse ». Sur les deux premières semaines de l’année, les marchés boursiers mondiaux ont perdu 5,7 billions de dollars en valeur.

Larry Fink, le PDG de BlackRock, le plus grand fonds d’investissement privé du monde, a déclaré à la chaîne câblée américaine CNBC le 15 janvier que la crise du marché était susceptible d’empirer. « Je crois effectivement qu’il n’y a pas assez de sang dans les rues », a-t-il dit, ajoutant « vous allez commencer à voir plus de licenciements dans la partie médiane du premier trimestre, et certainement au deuxième trimestre... »

Messages

  • Arrivant mardi soir à Davos, pour participer au Forum économique mondial annuel qui s’ouvre mercredi 20 janvier, l’économiste Nouriel Roubini nous a fait cette comparaison inquiétante :

    « On vient ici pour discuter des solutions à long terme, a-t-il observé. Mais comme en 2008, on va être rattrapés par les problèmes de court terme. Les gens se posent la même question : sommes-nous au bord d’une récession mondiale ? »

  • Le pétrole entraîne les Bourses mondiales dans sa chute ? La Chine les inquiète ? Le terrorisme les inquiète ? Non, c’est le capitalisme tout entier qui les inquiète !

  • On n’a pas arrêté de nous dire que tous les voyants économiques étaient au vert aux USA mais c’est le contraire.

    La croissance réelle, pour être calculée, nécessite de défalquer les aides étatiques !!!

    La croissance économique bouillonnante dont s’enorgueillit Donald Trump provient des emprunts de l’Etat fédéral pour financer artificiellement une fausse croissance économique et qui n’ont jamais été aussi massifs depuis la récession.

    Le Trésor américain a divulgué cette semaine un volume d’émission de dette record pour le dernier trimestre de 2018 : 425 milliards de dollars.

    Ce sont au total 1.338 milliards de dollars de fonds qui vont être levés sur un an, un sommet depuis 2010.

    Trump emprunte autant que celle de Barack Obama quand il s’agissait d’arracher le pays à la pire récession depuis les années 30.

    Le président a drastiquement réduit les impôts en particulier pour les entreprises et augmenté les dépenses (surtout de défense) ce qui creuse le déficit budgétaire.

    Celui-ci a enflé de 17% pour l’exercice fiscal clos en septembre à 779 milliards de dollars. Il va avoisiner les 1.000 milliards l’année prochaine.

    Le montant total de la dette de l’Etat égale désormais celui du Produit national brut de la première économie mondiale, à plus de 20.000 milliards de dollars.

    Les Etats-Unis représentent 21.000 milliards de dollars de dette sur les 63.000 milliards de l’ensemble des dettes souveraines dans le monde, l’Europe et le Japon atteignent ce montant ensemble).

    La plus grande croissance américaine est celle du budget militaire !!! La propension à faire la guerre sous toutes ses formes explique au moins 5.000 de ces 21.000 milliards des dettes américaines. Peut-on compter une opération de destruction planétaire comme un investissement productif ?!!!

  • Les bénéfices des entreprises US, après deux trimestres de hausse, commencent à se replier. Si vous soustrayez les bénéfices du secteur financier, les bénéfices des entreprises restent inférieurs aux niveaux de 2014, même après l’augmentation des impôts de Trump. Et dans les secteurs productifs de l’économie, tels que le secteur manufacturier, ils sont en train de chuter assez fortement - mesurés par employé.

    Ce qui fait croire à une hausse des bénéfices en forte croissance est la baisse massive des impôts mais on ne peut pas baisser les impôts tous les ans et cet effet est factice.

    Les résultats en termes de profits de 3M et Caterpilar, considérés comme un indice, indiquent justement une perte de profits industriels !!!

  • Selon le FMI, les effets bénéfiques de ces baisses d’impôt sur l’activité américaine sont illusoires et devraient s’effondrer avant 2020. Celles-ci risquent aussi de priver les Etats-Unis de « munitions budgétaires » lors du nouvel effondrement.

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