dimanche 6 septembre 2015
En haut la population active et en dessous les chômeurs...
Officiellement, le taux de chômage aux Etats-Unis est au plus bas depuis sept ans à 5,3%.
Mais en réalité…
Le Figaro note :
« Le marché de l’emploi a vu sa croissance ralentir en août aux Etats-Unis… Le nombre de créations d’emploi dans le secteur non agricole s’est établi à 173.000 le mois dernier, après avoir atteint 245.000 (révisé en hausse) en juillet, selon les chiffres publiés vendredi par le département du Travail. Cette progression est la plus faible en cinq mois. »
"Le point principal, c’est que ces mauvaises performances, avant même les chiffres sur l’emploi, montrent que les investisseurs n’ont pas une confiance démesurée dans les perspectives de l’économie mondiale et dans la capacité des banquiers centraux à les améliorer", a rapporté Patrick O’Hare, de Briefing.
Le secteur privé aux Etats-Unis a créé 190.000 emplois en août, selon l’enquête mensuelle du cabinet spécialisé, soit un peu moins que prévu.
Mais tous ces chiffres sont mensongers et d’abord ceux du chômage national… Les gros titres, une fois encore, ne reflètent pas la réalité vécue par les Américains. Le nombre d’Américains sans emploi mais en âge de travailler — c’est-à-dire d’hommes âgés de 24 à 54 ans — est historiquement haut, à 13,1%. La plupart de ces gens ne sont pas qualifiés de chômeurs ; pourtant, ils sont sans emploi.
Les statistiques ne prennent pas vraiment en compte les 92,6 millions d’Américains qui ne cherchent pas de travail. Si l’on rajoute les 11 millions de chômeurs « reconnus » aux 91,5 millions de déclassés, on obtient la bagatelle de plus de 102 millions d’Américains en âge de travailler sans emploi, près d’un tiers de la population totale des Etats-Unis.
Les postes créés ne peuvent pas être déduits des postes abandonnés. La plupart de ces postes créés sont des emplois non qualifiés mal payés, occupés par des retraités qui n’ont pas d’autre solution pour nouer les 2 bouts. En termes réels, le revenu moyen des ménages est désormais retourné 20 ans en arrière.
Il faut rappeler d’autre part qu’aux Etats-Unis, avec une petite heure de travail par semaine, vous n’êtes plus considéré comme chômeur…
Le chiffre du chômage officiel aux USA correspond à l’indice U3 utilisé par le Département du Travail américain pour calculer ce taux, or cette méthode de calcul révèle nettement d’énormes carences pour l’établissement de données fiables. En effet, il se base uniquement sur les demandeurs enregistrés mensuellement. Pour vous donner un ordre d’idée, les chômeurs n’ayant plus droit à une indemnisation disparaissent des statistiques par cette méthode, comme s’ils avaient disparus. Ceux inscris depuis plus d’une année ne se manifestant plus auprès des agences d’emploi sont eux aussi sorti de ce calcul avec cette méthode. Enfin, même les employés à temps partiel souhaitant trouver un emploi à temps complet ne sont pas comptabilisés, à savoir qu’une personne ayant travaillé ne serait-ce qu’une seule heure dans le mois est considérée comme bénéficiant d’un emploi. Ainsi on retrouve deux tendances, la première qui est d’enlever des statistiques le plus de chômeur possible et l’autre qui est de ne pas comptabiliser ceux ne cherchant pas à s’inscrire dans les agences.
La population américaine croît d’un million d’habitant environ tous les 5 mois, c’est un fait depuis de nombreuses années. Or, depuis 2008, le taux de population employée a commencé à chuter alors que dans le même temps, la population active est restée au même niveau. Pour résumer, d’un côté nous avons une population totale qui augmente d’un million tous les 5 mois et de l’autre une population active qui se stabilise. La population active n’a jamais cessé d’augmenter depuis 40 ans et le gouvernement américain veut nous faire croire que c’est le cas depuis 2008 ? Ainsi, on peut estimer qu’il manque près de 12 millions de personnes dans les statistiques uniquement en se basant sur cette méthode de falsification des résultats.
Pour retrouver la réalité du chômage, il suffit de suivre… les bons d’aide alimentaire qui montent sans cesse depuis 2007, passant de 28 millions à cette date à 48 millions aujourd’hui. Le nombre de personnes aidées en dit plus long sur le nombre de personnes sans emploi que les chiffres officiels du chômage…
Les USA créent moins d’emplois alors que la population augmente et les statistiques du chômage parviennent à… une baisse des taux de chômage : cherchez l’erreur !
Pourquoi tricher sur les chiffres du chômage ? Pour relever les taux d’intérêt de la réserve fédéral américaine qui justifiait ses taux d’intérêts baissés à la situation de l’emploi et des salaires aux USA. En réalité, la situation de l’économie chinoise ou des économies asiatiques en général est bien plus déterminante pour la FED que l’empli américain et ce sont plutôt les chiffres officiels de l’emploi américain qui sont déterminés par la décision de la FED sur les taux que le contraire…
Brésil en récession, Japon qui ne décolle pas malgré l’aide d’Etat la plus massive de l’histoire, Chine en recul et menacée par la spéculation, Russie, Turquie, Egypte, Malaisie, Ukraine et Grèce au bord du gouffre…
Le Fonds Monétaire International (FMI) a été l’un des premiers à sentir le vent tourner début juin, enjoignant la Fed de retarder son relèvement des taux à 2016.
"Le ralentissement de l’activité économique chinoise pourrait poser des risques pour les perspectives économiques aux Etats-Unis", ont déclaré des membres du Comité monétaire de la banque centrale américaine. "Avec ce plongeon des marchés financiers, je pense qu’il est improbable que la Fed relève ses taux en septembre", a indiqué à l’AFP, Stephen Oliner, expert à l’American Enterprise Institute (AEI).
Là aussi, officiellement les salaires auraient réaugmenté mais c’est absolument faux !
Même le journal bourgeois de droite Le Figaro reconnaît que les salaires ne suivent pas « la croissance » américaine ! voir ici
On peut encore lire Contrepoints : ici
Et aussi lire Economie Matin sur le chômage américain : lire ici
Le nombre d’Américains qui reçoit des coupons alimentaires, soit 47,1 millions, a atteint un nouveau record en août de cette année, selon les plus récentes statistiques du département de l’Agriculture. Ce nombre a augmenté d’un million par rapport à l’année dernière et de plus de 50 % depuis octobre 2008, lorsque la statistique s’établissait à 30 millions. À Washington D.C., la capitale du pays, et dans l’État du Mississippi, plus du cinquième des résidents reçoivent maintenant des coupons alimentaires.
Une personne qui bénéficie des coupons alimentaires reçoit en moyenne l’équivalent de 130 $ par mois, ou environ 4,33 $ par jour, soit moins que le prix d’un café dispendieux dans le bas Manhattan. Néanmoins, un projet de loi qui est maintenant débattu au Sénat américain priverait ce programme de milliards de dollars sur 10 ans, ce qui précipiterait un nombre incalculable d’enfants, de personnes âgées et de malades dans la pauvreté. Quelque 50 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire aux États-Unis, par rapport à 36 millions en 2007 ; 17 millions de ceux qui ont faim sont des enfants. Le taux de pauvreté officiel, qui sous-estime grandement le vrai niveau de dénuement social, a également atteint un nouveau record. Quelque 49,7 millions de gens vivent sous le seuil de la pauvreté aux États-Unis, ou 16,1 % de la population totale, selon les chiffres du bureau de recensement américain rendus publics en novembre. En 2006, 37,3 millions de personnes étaient pauvres et le taux de pauvreté officiel s’élevait à 12,5 %.
Le nouveau rapport a révisé ses statistiques de pauvreté en prenant en considération les effets des programmes gouvernementaux et du coût de la vie de chaque région. En particulier, le rapport a trouvé des taux extraordinaires de pauvreté dans les États où la vie coûte cher. Avec la nouvelle mesure, la Californie a un taux de pauvreté de 23,5 pour cent, ce qui veut dire que près d’un habitant sur quatre de l’État le plus riche et le plus populeux du pays est pauvre. La Californie, où l’on trouve Hollywood et la Silicon Valley, ainsi que des ateliers de misère de textile et des camps d’ouvriers agricoles migrants, a un des plus hauts taux d’inégalité de revenu des États-Unis.
De plus, les données du bureau de recensement indiquent que le revenu médian des ménages aux États-Unis, ajusté après inflation, a chuté de 1,5 % comparé à l’année précédente. Ce revenu était de 8,1 % plus bas qu’en 2007 et 8,9 % plus bas qu’à son sommet de 1999. Le revenu de la famille typique américaine en 2011 a chuté pour la quatrième année consécutive et a atteint des niveaux jamais vus depuis 1995.
Les hauts niveaux de pauvreté et de misère sociale causés par la crise économique ont été exacerbés par les coupes constantes dans les programmes sociaux.
Les programmes anti-pauvreté du gouvernement ont maintenu 50 millions de personnes hors de la pauvreté. Sans ces programmes, le taux de pauvreté serait deux fois plus élevé, selon le Center on Budget and Policy Priorities. En 2011, selon le National Employment Law Project (NELP), l’assurance-chômage a aidé 26 millions de travailleurs et a porté 2,3 millions de personnes, incluant 600 000 enfants, au-dessus du seuil de pauvreté.
En 2010, environ deux tiers des gens comptés dans les statistiques de chômage du gouvernement recevaient des prestations de chômage. En 2011, cependant, ce chiffre a chuté à 54 %. Cette année, il a glissé à 45 %, selon George Wentworth, un haut responsable du NELP. Maintenant, les prestations d’assurance-chômage prolongées, offertes en raison de la crise économique et de la croissance du chômage à long terme, devraient prendre fin le 31 décembre. À moins que le programme ne soit renouvelé, deux millions de personnes en seront exclues et les chômeurs de partout au pays ne recevront pas plus de 26 semaines de prestations de chômage après avoir été mis à pied. Si le programme est laissé à l’abandon, selon Wentworth, cela voudrait dire que seulement un quart de ceux qui sont officiellement au chômage recevrait une quelconque forme d’allocation.
Pour les masses, les élections de 2012 se sont déroulées sans que leurs vrais inquiétudes et besoins soient mentionnés. L’establishment politique et médiatique aux États-Unis est indifférent à la dévastation sociale que leur système a produit et hostile à toutes mesures qui tenteraient d’y remédier.
Le mot « pauvreté » n’apparaît pratiquement jamais dans les discours et les commentaires du président Barack Obama, élu au plus haut poste, dans un pays où la moitié de la population est soit pauvre ou presque pauvre. L’administration Obama est le parfait exemple de l’inhumanité de l’aristocratie financière et de ses serviteurs politiques. L’élection de novembre derrière eux, les démocrates et les républicains s’affairent maintenant à attaquer les programmes gouvernementaux et ce qui reste du « filet de sécurité » social. Pour de tels programmes, « il n’y a pas d’argent ». Au même moment, les partisans multimillionnaires des politiciens amassent les profits records et profitent des fortunes de la bourse de Wall Street.
Que la pauvreté abjecte et la misère doivent cohabiter avec la richesse la plus extravagante et la plus absurde est une réalité inévitable, tout à fait naturelle, pour les deux partenaires de la grande entreprise et tous les pourvoyeurs de sagesse politique aux États-Unis. La population, qui elle n’a jamais été consultée sur ces questions, bouillonne de colère, malgré la confusion qui peut subsister. La société américaine, sclérosée, injuste et inégale, se dirige tout droit vers des soulèvements sociaux.
On pouvait lire en août dernier :
D’importantes multinationales, incluant Kraft, Motorola, Lenovo, Tyson et HTC ont récemment annoncé des licenciements de masse au même moment que les fusions et acquisitions d’entreprises augmentent radicalement et sont en voie d’atteindre un nouveau sommet cette année.
Le géant de l’alimentation Kraft Heinz Co a annoncé mercredi dernier qu’il éliminerait 2500 emplois en Amérique du Nord, ce qui correspond à 5 pour cent de sa main-d’oeuvre mondiale. L’annonce est le résultat de la fusion de 49 milliards de dollars entre Kraft et H.J. Heinz Co, lors d’une entente orchestrée par Berkshire Hathaway qui appartient à Warren Buffett.
Les mises à pied annoncées incluent 700 employés au siège de l’entreprise à Northfield en Illinois près de Chicago. L’entente prévoit des milliers de licenciements de plus, alors que l’entreprise a dit qu’elle était « sûre » qu’elle arriverait à atteindre les économies résultant de la fusion qui sont estimées à 1,5 milliard $ jusqu’en 2017.
Jeudi dernier, le fabricant chinois d’ordinateurs Lenovo a annoncé 3200 mises à pied, soit 5 pour cent de sa main d’œuvre mondiale. Les licenciements seront concentrés dans la filiale Motorola Mobility, qui a annoncé des licenciements initiaux de 500 employés la semaine dernière à son siège social dans la région de Chicago. Trois-cents autres employés perdront leur emploi avec la fermeture de son usine à Plantation en Floride. Lenovo a acquis Motorola Mobility de Google en 2014.
Jeudi dernier, le fabricant de téléphones intelligents HTC a annoncé qu’il supprimerait 2250 emplois, ou 15 pour cent de sa main d’œuvre mondiale d’ici la fin de l’année. L’entreprise tente de réduire ses dépenses de 35 pour cent.
Ces mises à pied ont lieu suite à l’annonce de Microsoft selon laquelle l’entreprise éliminerait 7800 postes, principalement de sa division de téléphones mobiles Nokia acquise en 2013. Seulement quelques semaines plus tard, l’entreprise de semi-conducteurs Qualcomm Incorporated qui siège à San Diego annonçait 4700 mises à pied. Les licenciements de masse dans les secteurs alimentaire et technologique surviennent en plein carnage des emplois dans le secteur mondial de l’énergie. Vendredi dernier, Samson Resources Corp, un producteur de pétrole et de gaz qui siège à Tulsa en Oklahoma a déclaré faillite, menaçant plus d’un millier d’emplois. La faillite de l’entreprise a lieu après son acquisition en 2011 d’un fonds d’investissement privé KKR & Co.
Plus tôt ce mois-ci, Alpha Natural Resources, le deuxième producteur de charbon américain en importance, a déclaré faillite, mettant en péril les emplois des 8000 salariés de l’entreprise. Une firme-conseil de l’industrie pétrolière, Swift Worldwide Resources, a publié un rapport en juin indiquant que 150.000 emplois du secteur de l’énergie avaient été perdus mondialement depuis le début de la chute du cours pétrolier l’an dernier.
La déclaration de faillite de Samson suivait de près l’annonce de la multinationale pétrolière Royal Dutch Shell selon laquelle 6500 postes seraient éliminés cette année, ainsi que l’annonce du conglomérat britannique Anglo American, la cinquième société minière la plus importante au monde, qui éliminera 53.000 emplois.
La dernière vague de licenciements de masse est intimement reliée au boom mondial de fusions et d’acquisitions d’entreprises. Dans des conditions de ralentissement de l’économie mondiale, en plus des montants records de liquidités qui reposent dans les coffres des entreprises, Wall Street utilise les fusions et acquisitions afin de mettre de la pression supplémentaire sur les entreprises américaines et internationales pour réduire les coûts et augmenter les profits sur le dos des employés.
Les fusions et acquisitions mondiales se rapprochent d’un record cette année, d’après des données de Thomson Reuters. À un trimestre de la fin de l’année, la valeur des transactions atteint maintenant 2900 milliards de dollars, tout juste sous les 3000 milliards atteints en 2007, immédiatement avant la crise financière de 2008. Aux États-Unis, les fusions ont atteint 1400 milliards en 2015, ce qui représente une augmentation de 62 pour cent par rapport à l’année dernière.
Le 10 août, Berkshire Hathaway de Warren Buffett a annoncé l’une des acquisitions d’entreprise les plus importantes de l’année : l’achat de Precision Castparts pour 37 milliards de dollars, un fabricant de métal pour l’industrie aérospatiale et la défense qui embauche plus de 30.000 employés.
La réalité de la lutte des classes aux Etats-Unis d’Amérique