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Répression au Togo

samedi 19 mars 2011

Elle n’a jamais commencé. Elle, c’est la manifestation pacifique du Frac (Front républicain pour l’alternance et le changement) qui était prévue pour se tenir ce 17 mars 2011, pour décrier « le projet de loi Bodjona », censé donner un cadre juridique à l’organisation pacifique de marches et de réunions au Togo.

Le quartier de Bè a connu de nouveau ce 17 mars les faits et gestes insurrectionnels dont il est coutumier. Tôt dans la matinée de ce jeudi, des cordons de la gendarmerie ont bouclé le lieu où devait s’ébranler la manifestation du Frac : Bè-Kondjindji ! « Dispersez-vous, c’est l’heure à laquelle les paisibles citoyens vaquent à leur occupation », a lancé un responsable des gendarmes déployés à Bè-Kondjindji, raconte un témoin. « C’était un peu après 8h », poursuit notre source.

Vers neuf heures, des barricades et des pneus brûlés ont commencé à faire leur apparition dans le décor de Bè. Sans aucun ménagement, diverses jeeps de la gendarmerie se lancent à l’assaut des frondeurs. Les tirs de gaz lacrymogènes commencent alors à résonner. Leur résonance provoque la fermeture illico presto des boutiques et petits commerces installés le long du « Boulevard Nda » par-ci, des courses folles de certains habitants de ce quartier par-là. Va alors s’engager un jeu du chat et de la souris entre frondeurs et gendarmes. Les premiers réinstallaient les barricades chaque fois que les seconds s’efforçaient de les dégager. Vers 10h, d’épaisses fumées provenant de pneus brûlés envahissent le ciel du cœur de Bè. Entre des regards furtifs de quelques badauds qui osaient encore mettre leur nez dehors, les gendarmes poursuivaient leur ronde, entre deux tirs de gaz lacrymogènes et des courses poursuites derrière de jeunes téméraires de Bè qui n’hésitaient pas à répondre aux tirs de gaz avec des jets de pierre, les unes plus grosses que les autres. « Nous allons remettre ça demain, ce n’est que partie remise », lancent ici et là quelques habitants de ce quartier, visiblement ulcérés par la répression des gendarmes. D’autres encore, sont plus catégoriques et radicaux : « Il n’y a qu’une seule solution à la résolution de la lancinante crise politique togolaise : il faut des armes pour mettre fin au combat de David contre Goliath ». Toujours vers 10h, des confrères verront arriver vers Bè-Kondjindji un véhicule dans lequel se trouvaient Jean-Pierre Fabre et certains responsables du Frac. Cette automobile bifurquera à l’approche du point de départ de cette marche, pour ne plus réapparaître ce matin…

Le Frac prépare une riposte ?

Au niveau du Frac, on affirme que les autorités togolaises ne leur ont jamais interdit la tenue de la marche qui était programmée sur ce jeudi. « La direction du Frac sera en réunion dans les prochaines heures. Des concertations dans l’entourage du Front » auront lieu pour plancher sur l’attitude à adopter devant cette donne, nous a confié le Secrétaire national à la Communication de l’Anc, Eric Dupuy.

Côté bilan, M. Dupuy a fait savoir que « M. Amorin (Conseiller spécial à l’Anc) a été blessé lors des évènements de ce matin. Adeblewou Olympio (Secrétaire national à l’organisation de l’Anc et député) a été de son côté arrêté ». « La grande marche pacifique de ce 17 mars » avait pour itinéraire Bè-Kondjindji-siège de l’Assemblée nationale, en passant par les locaux du ministère de l’Administration territoriale de Pascal Bodjona.

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