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Révolte en Albanie

vendredi 28 janvier 2011

Pourquoi ne parle-t-on jamais de l’Albanie ? La question, plus que légitime, ne date pas d’hier. Le “pays des Aigles”, jadis gouverné par une main de fer par Enver Hoxha, semble toujours prisonnier de son isolement totalitaire. Des clichés aussi, qui malheureusement se révèlent souvent vrais dans les Balkans même si la région de se ne résume pas - bien évidemment ! - aux tableaux d’Epinal.

A la lumière des évènements en Tunisie, un quotidien de Tirana tire aujourd’hui un parallèle inquiétant entre les deux pays. “L’Albanie actuelle ne diffère pas tant d’une Tunisie où un gouvernement autoritaire et gravement corrompu a été renversé par la révolte populaire”, écrit le quotidien Shekulli*. “La jeune génération, tunisienne comme albanaise, a le choix entre le chômage chez elle - qui touche près d’un million de personnes soit un tiers de la population - et l’émigration en Europe, poursuit le journal. Pour pouvoir décrocher un job, il n’est pas rare qu’ici aussi on doive payer un pot-de-vin ou s’engager dans un parti politique - au pouvoir si possible !”

En fait, le pays est englué dans une grave crise politique depuis les élections législatives de juin 2009, remportées par le Parti démocratique de Sali Bérisha. L’opposition socialiste, contestant les résultats, boycotte le Parlement et se refuse à toute négociation, malgré les incitations des médiateurs européens. Une coalition avec un petit parti de gauche, dirigé par Ilir Meta, a néanmoins permis la constitution du gouvernement actuel. Mais ce dernier vient de démissionner après la diffusion d’une vidéo le mettant directement en cause dans une affaire de corruption. Fragilisé, Sali Berisha promet de renouveler son cabinet, mais l’opposition compte jouer son va-tout afin d’obtenir sa démission… Selon la presse albanaise, tous les ingrédients d’un “scénario à la tunisienne” sont désormais réunis dans le pays.

Le 21 janvier 2011

Trois personnes ont trouvé la mort vendredi lors d’une manifestation contre le gouvernement albanais dans le centre de Tirana, la capitale du pays, a-t-on appris de sources hospitalières.

Au moins 22 civils et 17 policiers ont également été blessés lors de cette manifestation qui a rassemblé environ 20.000 personnes devant le bureau du Premier ministre, selon les autorités.

Le rassemblement a été émaillé de débordements, les participants lançant des pavés aux forces de l’ordre, lesquelles ont riposté à l’aide de gaz lacrymogènes, de balles en plastique et de canons à eau. Des véhicules ont été incendiées.

A la tombée de la nuit, les forces de l’ordre patrouillaient dans le centre de Tirana, arrêtant des dizaines de manifestants encore présents dans les rues. Aucun chiffre sur le nombre d’interpellations n’étaient disponibles.

La manifestation était organisée à l’appel du Parti socialiste albanais (opposition) pour exiger la démission du Premier ministre Sali Berisha et l’organisation d’élections anticipées en raison d’une affaire de corruption présumée.

Le vice-Premier ministre a été contraint à la démission suite à une accusation de corruption dans le cadre d’un appel d’offres pour la construction d’une centrale électrique. Ce départ a encore alimenté les tensions déjà très fortes entre le gouvernement et l’opposition depuis des mois.

Les socialistes accusent Sali Berisha d’avoir truqué les élections générales de 2009, au terme desquelles il a été élu avec une très faible avance. Les prochaines élections ne sont pas prévues avant 2013.

Le président albanais Bamir Topi a appelé les dirigeants politiques à entamer rapidement un dialogue afin d’éviter un aggravation des tensions. "Le président de la République appelle au calme et à la maturité afin de garantir le retour à l’ordre du public le plus rapidement possible", a déclaré son cabinet dans un communiqué.

Le dirigeant du Parti socialiste Edi Rama a annoncé que l’opposition poursuivrait son mouvement contre le Premier ministre. "Je vous assure que nous allons poursuivre nos efforts, plus convaincus et plus déterminés, car l’issue est claire : soit une Albanie libre pour tous, soit un peuple soumis à ce pouvoir barbare", a-t-il déclaré lors d’un point presse après l’annonce des trois décès.

Dans un communiqué, l’ambassade américaine, la délégation de l’Union européenne à Tirana et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont dit regretter "profondément que la manifestation d’aujourd’hui à Tirana n’ait pas été pacifique et ait conduit à des victimes". Le communiqué appelle également à un "dialogue constructif et au compromis afin de résoudre les différences politiques actuelles".

Plusieurs centaines de policiers, dont des dizaines en tenue anti-émeutes, étaient déployées vendredi autour du siège du gouvernement, dans l’attente d’une manifestation de l’opposition convoquée pour 14H00 (13H00 GMT), a constaté l’AFP.

L’opposition entend manifester pour commémorer les trois victimes du rassemblement anti-gouvernemental du 21 janvier, tuées par balles, précisément devant le siège du gouvernement.

Six mandats d’arrêt ont été émis depuis par le Parquet général à l’encontre de membres de la Garde républicaine, chargée de la protection des personnalités, qui sont soupçonnés d’avoir tiré sur les manifestants.

Le chef de l’opposition et maire de Tirana, Edi Rama, a maintenu la manifestation en dépit des appels de la communauté internationale qui avait invité les deux protagonistes de la crise en cours, M. Rama et le Premier ministre albanais, Sali Berisha, à annuler les rassemblements de leurs partisans. M. Berisha a renoncé à une manifestation qui était prévue pour samedi.

M. Rama a assuré à plusieurs reprises que la manifestation serait pacifique.

M. Berisha a réitéré de son côté ses accusations à l’adresse de l’opposition coupable, selon lui, d’avoir organisé vendredi dernier une "tentative de coup d’Etat". "L’opposition a voulu le 21 janvier réaliser un coup d’Etat pour renverser le gouvernement", a-t-il déclaré à la presse.

"Les putchistes sont actuellement en train d’essayer de contrôler les institutions, dont le Parquet général, afin de cacher la vérité" sur les événements, a poursuivi le Premier ministre.

"L’opposition a appelé à une nouvelle manifestation. Je la mets en garde contre tout acte de violence, qui se heurtera à la loi et uniquement à la loi", a ajouté M. Berisha.

L’atmosphère à Tirana était cependant calme vendredi matin.

Le vice-ministre lituanien des Affaires étrangères et représentant de l’OSCE, Evaldas Ignatavicius, s’est entretenu avec le président albanais Bamir Topi dans la matinée.

Il a appelé les forces politiques à trouver une solution à la crise tout en soulignant l’importance d’enquêtes impartiales sur les violences du 21 janvier, a indiqué un communiqué de la présidence.

L’ambassade des Etats-Unis à Tirana a mis en garde, de son côté, ses ressortissants en Albanie contre de possibles violences.

"Nous rappelons à nos citoyens que la tournure de cette manifestation, bien qu’annoncée comme pacifique, est imprévisible et qu’ils devraient l’éviter si possible", a ajouté l’ambassade dans un communiqué.

Le 28 janvier 2011

Plusieurs dizaines de milliers de manifestants défilaient vendredi après-midi dans le calme à Tirana, à l’appel de l’opposition, en direction du siège du gouvernement, protégé par d’importants effectifs des forces de l’ordre.

Les organisateurs ont évalué le nombre des manifestants à 200.000 personnes, tandis que la police s’abtenait de donner tout chiffre.

Deux cordons de policiers entouraient le siège du gouvernement et une trentaine d’hommes appartenant à des forces d’élite protégeaient l’entrée du bâtiment.

Une estrade était aménagée devant l’édifice, ornée des portraits des trois manifestants tués lors de la manifestation anti-gouvernementale du 21 janvier à Tirana, avec le mot "Justice" en albanais et en anglais. Le dirigeant de l’opposition, Edi Rama, le maire de Tirana, devait y prendre la parole.

Celui-ci a assuré que la manifestation serait pacifique et dédiée à la mémoire de ces trois victimes, tuées par balles.

Le pouvoir et l’opposition s’accusent mutuellement depuis la semaine dernière d’être responsables de ces morts. Une quatrième personne est toujours dans un état critique.

Ces violences ont entraîné ces derniers jours une très vive tension politique.

M. Rama et les députés de l’opposition socialiste ont pris la tête de l’une des colonnes des manifestants, en compagnie des proches des victimes du 21 janvier.

Des portraits des trois morts du 21 janvier ont aussi été disposés à l’endroit où ils ont été abattus, à promixité du siège du gouvernement. M. Rama a déposé une gerbe de fleurs devant chacun d’entre eux, imité par les proches des victimes.

De nombreux manifestants portaient des bouquets de fleurs et défilaient dans le calme au son du Requiem de Mozart.

Certains sont venus avec leurs enfants. Beaucoup de manifestants étaient en pleurs.

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