dimanche 22 décembre 2013
Protestation des travailleurs du pétrole à Bassorah en février 2013
En scandant “Le pétrole de la population n’est pas pour la population mais pour des voleurs” des centaines de travailleurs ont protesté en Irak, le 19 février 2013, contre l’entreprise South Oil Company, en réclamant des logements, des emplois permanents et le paiement des prestations en retard.
La manifestation était organisée par le Comité de défense des travailleurs du pétrole, auquel appartient l’affilié de IndustriALL Global Union, la fédération irakienne des syndicats du pétrole (IFOU), et faisait suite à une action identique organisée précédemment le 13 février 2013.
Les personnes employées sur les gisements pétroliers de al-Ramlia nord et sud, al-Berjesia, Gharb al-Karna, et Bab al-Zubair, étaient rassemblées devant l’entrée principale de l’entreprise South Oil Company à Basra, en réclamant le renvoi des membres du personnel corrompus et la démission du directeur de l’entreprise.
Les travailleurs ont demandé une réunion avec le directeur de l’entreprise pour négocier le paiement de prestations non réglées remontant à 2010, 2011 et 2012, le droit à un logement, des contrats d’emploi permanent et la fin de la corruption dans l’entreprise.
South Oil Company (SOC), qui produit plus de 80 pour cent du pétrole irakien, est une entreprise nationale chargée de l’exploitation pétrolière dans le sud de l’Irak.
Comme le directeur de l’entreprise a refusé jusqu’ici de rencontrer les protestataires, ces derniers demandent maintenant de rencontrer la direction et le gouvernement dans les prochains jours pour négocier les questions en suspens. Les protestataires ont également adressé leurs revendications au Premier ministre irakien.
Certains travailleurs ont reçu des menaces des services de sécurité de l’entreprise au cours des actions.
Les autorités irakiennes interfèrent souvent dans les affaires internes des syndicats, punissant les militants syndicaux par des déménagements forcés, rétrogradations, amendes, restrictions de voyage et autres sanctions prévues par les lois régissant le travail en secteur public ou privé, datant du régime de Saddam Hussein. La suppression des droits des travailleurs a été plus sévère dans le secteur pétrolier, où le Ministère du Pétrole a travaillé main dans la main avec les compagnies pétrolières pour faire appliquer ces sanctions.
Cette approche dure est évidente dans l’arrestation de 26 travailleurs, le 17 avril 2011, de la compagnie pétrolière Maysan dans le sud de l’Irak qui manifestaient pacifiquement contre la corruption dans les entreprises. Même si elles avaient reçu la permission avant de tenir leur manifestation, une enquête du Ministère du Pétrole a conduit à la réprimande de huit travailleurs et un avertissement à 18 autres. Tous les 26 ont été informés que de nouvelles actions permettraient d’accroître les sanctions appliquées à leur encontre. Des lettres individuelles envoyées par la compagnie le 13 décembre 2011, stipulent essentiellement que les moyens de subsistance des travailleurs serait compromise s’ils continuaient à se livrer à de telles activités.
En outre, Abdul Kareem Abdul Sada, vice-président de la Fédération générale des syndicats et des conseils ouvriers de l’Irak (GFTUWCI) à Basra, a reçu une réprimande et la suspension durant six mois de sa bonification salariale, conformément aux recommandations formulées par le comité d’enquête n ° 1129 le 11 Janvier 2012. Hassan Jumaa Awad, président de la Fédération irakienne des syndicats du pétrole (IFOU), a reçu une rétrogradation de trois ans ; Adel Abood, un membre du conseil du syndicat des travailleurs pétroliers du sud de l’Irak et membre du conseil national IFOU, a reçu plusieurs réprimandes écrites et Abdul Khaliq Naser, un membre du syndicat GFTUWCI pétrole, a reçu une lettre d’avertissement, sur la base des recommandations du même comité d’enquête. Tous ont été accusés « d’incitation à la rébellion ».
La police a perquisitionné et fermé tous les locaux des syndicats de l’électricité à travers tout l’Irak à la mi-Juillet, réalisant ainsi un ordre du ministre de l’électricité que Saddam aurait été fier de parapher. L’ordonnance interdit « toutes les activités syndicales au sein du ministère et de ses services et sites" et autorise la police "à fermer tous les bureaux et locaux des syndicats et à saisir leurs actifs, leurs documents, meubles et ordinateurs." Les dirigeants du TUC Britannique ont appelé le gouvernement irakien "à retirer l’ordonnance, et permettre aux syndicats de fonctionner librement, soutenue par un marché équitable, juste et droit, conforme aux normes du BIT." Le mouvement syndical irakien appelle les membres des syndicats du monde entier à faire entendre leurs voix en signe de protestation.
La grève de 53 jours qu’ont menée 1.500 travailleurs du cuir en Irak s’est achevée sur une victoire, le 7 décembre, lorsque l’entreprise d’État des industries du cuir et le ministère de l’Industrie ont accédé aux revendications des travailleurs en matière de primes de risque. Les travailleurs du cuir, affiliés à la Fédération des comités et syndicats de travailleurs d’Irak (FWCUI), ont obtenu des primes représentant 25 à 30% de leurs salaires pour effectuer un travail dangereux.
Le comité des travailleurs, dirigé par Sa’ad Issa et Munadhil Atiya, a fait montre de constance et de détermination tout au long des négociations et, même après avoir conclu un accord avec les représentants de l’État, dans les premiers jours de décembre, la grève s’est poursuivie pendant trois jours, jusqu’à ce que tous les travailleurs aient reçu la prime en espèces.
Les travailleurs du cuir sont employés dans deux usines à Bagdad et une troisième à Al Kūfah, à 160km au sud de la capitale. Ils confectionnent des souliers, des sacs et des vêtements. La grève a été lancée à la mi octobre par des travailleurs forcés d’utiliser des substances chimiques et des machines dangereuses.
Cette grève a inspiré 4.000 travailleurs du textile. Lorsqu’elle s’est achevée, début décembre, les travailleurs du textile de la région de Bagdad ont entamé de leur côté une grève de 18 jours et obtenu des primes de risque partielles d’une autre entreprise d’État dépendant du ministère de l’Industrie.
Plus de 100 objections ont été faîtes sur les 156 articles formant l’ébauche du nouveau code du travail. Un tel problème signifie que ce nouveau code est inacceptable. Et ces objections le mine.
Depuis 2004, il y eu cinq ébauches du nouveau code du travail en Irak, aucun d’eux ne fut connu publiquement ou par les syndicats ouvriers. Le Ministre du Travail, se coordonnant avec la fédération gouvernementale [1] a élaboré la dernière ébauche du code du travail subrepticement, comme si ils préparaient une conspiration. Les autres syndicats en Irak n’ont eu des copies du dernier jet il y a seulement un an, par le Solidarity Center [2].
Le brouillon récent du code du travail n’est pas simplement le résultat d’un développement normal des nécessités économiques, ou une sorte de remède à la crise économique. C’est le résultat direct de la politique du F.M.I. imposée par l’occupation américaine en collaboration avec le gouvernement. Donc combattre ce nouveau code, c’est combattre contre les politiques d’occupation et le nouveau libéralisme.
L’esprit du brouillon est de légitimer les intérêts capitalistes et de les défendre dans un cadre officiellement autorisé.
Les notes sont tellement variées que nous ne pouvons pas toutes les exposer avec détails ; ainsi nous nous focaliseront seulement sur les points importants.
Le nouveau code du travail confirme les lois de l’ancien régime, qui considéraient les travailleurs du secteur public comme des agents officiels, leur privant des droits et garanties élémentaires, les interdisant le droit d’organisation et de grève.
Beaucoup des articles du nouveau code du travail sont là pour assurer les intérêts capitalistes. Plus d’un article donne le droit aux capitalistes de licencier les travailleurs sans motif. Le renvoi des ouvriers est à la discrétion du propriétaire de l’usine.
En 2004, le gouvernement Irakien a accepté six ordres du F.M.I comme conditions pour un emprunt obligatoire d’environ 436 million de dollars. Toutes ces conditions sont l’expression des nouvelles politiques libérales sans aucun doute.
Le nouveau code du travail reflète clairement et ouvertement les intérêt de classe des capitalistes. Il légitime l’exploitation tout en justifiant la gloutonnerie des capitalistes. En un mot, le nouveau code du travail est un cadre pour intensifier et justifier l’exploitation et la répression des travailleurs. Et permettre au nouveau modèle libéral de contrôler l’économie en Irak.
Le préambule du brouillon facilite les conditions d’investissement des capitalistes.
Il y n’a aucune confirmation réelle du droit de grève, protestation, rassemblement et manifestation.
Il n’y a aucune garantie des droits des travailleurs comme :
L’assurance contre le licenciement L’assurance-chômage La sécurité d’assurance
Enfin, nous savons que nous pouvons imposer la fin de l’exploitation ou le gain de tous les droits pour la classe ouvrière en changeant ou en réformant le code du travail. De plus, la mise en œuvre du nouveau code ne changera pas le système de propriété ou la mise en œuvre d’une nouvelle société, c’est à dire le socialisme.
En réalité, nos critiques du nouveau code sont faites pour mettre en œuvre des réformes comme : le droit de grève, le droit de protestation, l’assurance-chômage, et le droit d’organiser et rejoindre des syndicats, en un mot, de renforcer la capacité de la classe ouvrière de lutter contre les exploiteurs et le capitalisme.
Falah Alwan - Novembre 2012
NDT :
[1] : Iraqi Federation of Trade Unions (IFTU) : seul syndicat reconnu actuellement en Irak. Fondé en partie par le Parti communiste d’Irak en 2003.