mercredi 3 mars 2010
Le FMI vient de publier un communiqué sur le niveau comparatif des grandes devises dans le monde. Il y estime que le dollar américain reste légèrement surévalué tandis que le yuan (ou renminbi) lui apparaît très sous-évalué.
"Le renminbi chinois s’est déprécié en termes réels effectifs, en même temps que le dollar américain et est considéré comme considérablement sous-évalué dans une perspective à moyen terme" déclare le FMI dans une note destinée à une réunion des ministres du G20 qui s’est tenue ce week-end à Séoul en Corée du Sud.
Sur l’euro, le FMI estime que sa récente dépréciation signifie qu’il se dirige vers sa "valeur fondamentale".
Le yen se négocie grosso modo conformément à ses fondamentaux après sa forte baisse fin 2008.
Le dollar s’est déprécié avec l’amélioration des conditions financières et le reflux des craintes des marchés, mais reste "quelque peu surévalué". Le billet vert se rapproche toutefois de soin équilibre de moyen terme, estime le FMI.
LES SPÉCULATEURS JOUENT LES MONNAIES EUROPÉENNES
Quand l’euro subit les inquiétudes liées aux finances publiques grecques, la livre sterling fait aussi l’objet de la défiance des cambistes. Ces derniers s’inquiètent de l’issue des élections législatives sur la gestion de la dette britannique.
Si la crise grecque ne semble plus inquiéter outre-mesure les marchés financiers, qui parient sur une aide prochaine de l’Union européenne, la pression reste néanmoins continue sur l’euro. Objet des attaques des fonds spéculatifs depuis plusieurs semaines, la monnaie européenne se maintient ce mardi à plus de 1,35 dollar.
Mais signe de la nervosité des cambistes, la devise est tombée brusquement dans la matinée à 1,3435 dollar, son plus bas niveau depuis le 18 mai 2009, pénalisée par des inquiétudes persistantes sur la capacité de la Grèce à redresser ses finances publiques. Le plan européen reste en effet très embrouillé dans ses modalités concrètes.
Si un soutien direct semble être écarté, la France et l’Allemagne pourraient être en première ligne pour aider la Grèce à émettre de nouvelles obligations d’Etat pour refinancer sa dette. Ce plan consisterait à demander à des institutions financières publiques ou para-publiques, comme KfW en Allemagne ou la Caisse des Dépôts en France, de souscrire à une émission obligataire et d’encourager ainsi les banques privées à y participer. La Grèce s’apprête d’ailleurs dans les prochains jours à émettre une émission obligataire à 10 ans pour un montant de 5 milliards d’euros.
La livre sterling dans la ligne de mire
Comme si l’euro devenait soudain une cible moins intéressante, c’est au tour de la livre sterling d’être attaquée. La livre britannique affiche ce mardi son sixième jour de déclin face au billet vert, tombant à 1,4899 dollar et reculant aussi face à l’euro (90,71 pence pour un euro).
A l’origine de cet accès de faiblesse de la devise britannique, la crainte que les élections législatives au Royaume-Uni ne débouchent sur un gouvernement privé d’une majorité absolue au parlement. Les derniers sondages montrent en effet une remontée du parti travailliste de l’actuel Premier ministre Gordon Brown face au parti conservateur donné vainqueur des élections. Or, un gouvernement de coalition ne plaît pas du tout aux investisseurs qui redoutent que les chances d’un redressement rapide des finances publiques britanniques ne s’amenuisent.
LES TRAVAILLEURS GRECS DOIVENT PAYER POUR LE CAPITAL
Quelque 4,8 milliards d’euros d’économies supplémentaires ont été décidés ce mercredi par le gouvernement grec. Au menu de cette potion amère, une hausse de deux points de la TVA et une baisse des 13ème et 14ème mois dans le secteur public. Les syndicats brandissent la menace de troubles sociaux. Le ministre des Finances grec, George Papaconstantinou.
Le gouvernement grec a décidé ce mercredi de prendre des mesures d’austérité supplémentaires afin d’atteindre ses objectifs budgétaires cette année, annonce Reuters de source gouvernementale. "Des mesures qui généreront 4,8 milliards d’euros ont été décidées (...) La moitié portera sur des réductions des dépenses et l’autre moitié sur une augmentations des impôts."
Parmi les mesures décidées figurent une hausse de 2 points de pourcentage de la TVA, portée à 21%, et une baisse des primes dans le secteur public. Auparavant, des représentants du gouvernement avaient évoqué une réduction des primes dans le secteur public de 30 à 35%.
Selon la télévision publique Net, le gouvernement annoncerait notamment des coupes de 60% du 14ème mois des salariés du secteur public et de 30% du 13ème mois. Les retraites du secteur public seraient aussi gelées. Le plan d’économies comprendrait également une augmentation des taux de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et une augmentation de 20% des taxes sur les alcools et le tabac.
Le Premier ministre grec Georges Papandréou a indiquéi qu’Athènes "attendait la solidarité de l’Europe" lors d’un entretien avec le chef de l’Etat Carolos Papoulias. Selon lui, des décisions s’imposaient pour assurer la survie du pays. Mais il n’a donné aucune précision sur les mesures d’austérité décidées.
L’Adedy le principal syndicat du secteur public en Grèce, a estimé que de telles mesures risquaient de déclencher des troubles sociaux. "Nous descendrons dans la rue avec toutes nos forces. J’ai peur qu’il y ait une explosion sociale" a dit à Reuters son secrétaire général Ilias Iliopoulos.
Des économistes ont estimé qu’une hausse de 2 points de la TVA permettrait de générer environ 1,4 milliard d’euros de recettes budgétaires supplémentaires, soit 0,6% du produit intérieur brut.
Par ailleurs, le Premier ministre Georges Papandréou se rendra dimanche à Paris où il doit s’entretenir avec Nicolas Sarkozy, a indiqué mercredi le secrétariat général de l’Information. Vendredi, il sera à Berlin pour rencontrer Angela Merkel.
"Oui, il est nécessaire de prendre des mesures supplémentaires", avait averti ce mardi Georges Papandréou au parlement devant les députés du parti socialiste, le Pasok, au pouvoir depuis octobre. "Nous nous trouvons aujourd’hui dans une situation de guerre face aux scénarios négatifs touchant notre pays", a-t-il poursuivi, évoquant "le cauchemar d’une banqueroute où l’Etat ne pourrait plus payer ni les salaires, ni les retraites".
"Il n’est pas question de laisser le pays sombrer, quel que soit le coût, quelles que soient les réactions, quoi qu’il faille décider, même si la décision que l’on doit prendre est difficile", a-t-il ajouté. Il s’est engagé à prendre "toute décision nécessaire pour éviter le pire, pour sauver l’economie et l’indépendance" de son pays.
La question grecque mobilise toute l’Europe. Un plan européen est à l’étude. Mais Athènes doit d’abord donner des gages. Selon la presse allemande, la chancelière allemande, Angela Merkel, a tenu une réunion de crise mardi soir avec des représentants de son gouvernement pour évoquer la situation en Grèce. Le ministre de l’Economie Rainer Brüderle, le chef de la diplomatie Guido Westerwelle et le secrétaire d’Etat aux Finances Jörg Asmussen y auraient participé et décidé que "la Grèce doit d’abord s’aider elle-même".
LES ETATS AMERICAINS SONT EN FAILLITE
Le risque de défaut d’un État a fortement augmenté avec la récession. Entre 1970 et 2009, 54 municipalités, comtés ou emprunteurs dépendant des collectivités locales ont fait faillite.
En dépit du retour de la croissance l’an dernier, les États américains continuent de souffrir d’un effondrement sans précédent de leurs recettes fiscales. Cette situation est d’autant plus problématique que des contraintes constitutionnelles dans la plupart des États obligent assemblées locales et gouverneurs à réduire les dépenses publiques et augmenter les taxes pour éviter les déficits et limiter le recours à l’endettement.
Voilà cinq trimestres consécutifs que les rentrées d’impôts diminuent, ce qui représente un record. La récession et la crise immobilière ont durement affecté les principales recettes des collectivités locales : les impôts sur le revenu, les taxes sur la consommation et sur la propriété.
Alors que l’État fédéral, au contraire, a délibérément augmenté les dépenses publiques de 18 % pour relancer la demande, en 2009, les États ont au contraire dû réduire en moyenne les dépenses de leurs budgets courants de 3,4 %. Ils prévoient collectivement un recul supplémentaire de 5,4 % cette année.
Pour certains, la situation est littéralement catastrophique. Le Nevada, par exemple, se trouve face à un déficit équivalent à 50 % du montant total de son budget. L’effondrement des prix immobiliers, qui a déjà atteint plus de 50 % dans cet État depuis 2006, continue. Cette crise et la baisse de la fréquentation des casinos ont cassé l’activité dans la construction et précipitent l’évanouissement des recettes fiscales, alors que les dépenses sociales grimpent, notamment à cause du chômage. Le gouverneur républicain du Nevada propose du coup de réduire de 10 % les salaires des employés de l’État, de fermer une prison, de limiter la couverture d’assurance-maladie des retraités, tout en éliminant des déductions fiscales qui profitent aux entreprises du secteur minier.
Dans l’Illinois, les projections sont encore plus alarmantes : il manquera de 11 à 13 milliards de dollars pour boucler le budget 2010-2011, qui commence le 1er juillet. Cela représente 50 % du montant des recettes anticipées ! Le gouverneur démocrate demande des augmentations d’impôts sur le revenu et des baisses de dépenses sociales.
Harrisburg a une dette de 600 millions de dollars
En Californie, dans le New Jersey ou dans l’État de New York, les problèmes sont de même nature, mais moins exacerbés. Partout les gouverneurs se battent pour faire passer des réductions de coûts très impopulaires, souvent au détriment des villes et comtés qui dépendent normalement de crédits de la capitale de leur État. « Si l’Amérique devait connaître une crise budgétaire grave, elle proviendrait des budgets des États et des collectivités locales. On va se remettre à parler d’éventuels défauts de paiement. Le risque est réel. La situation est grave. Et elle s’aggrave. Cette fragilité budgétaire est la grande faiblesse de l’économie américaine aujourd’hui », explique David Shulman, économiste senior à UCLA Anderson Forecast, centre de recherche de University of California Los Angeles. La ville de Harrisburg (47 000 habitants) est par exemple sur le point de tomber en défaut de paiement.
Cette capitale de l’État de Pennsylvanie croule sous 600 millions de dollars de dettes, dont elle doit rembourser 68 millions cette année, au titre d’emprunts souscrits pour la construction d’un incinérateur. Le recours au chapitre 9 du Code des faillites, réservé aux municipalités, est une option ouvertement envisagée à Harrisburg. Elle permettrait de renégocier les termes de l’endettement d’une ville, mais aussi de modifier ses engagements à l’égard de ses employés couverts par des contrats. D’autres villes, ou d’autres emprunteurs dépendants de municipalités, sont jugés candidats à cette rare extrémité. De 1970 à 2009, 54 cas de tels défauts ont été recensés. Les plus mémorables sont ceux du comté d’Orange (sud de Los Angeles) en 1994 et de la ville de Valejo (au nord de San Francisco) en 2008.