Accueil > 08- Livre Huit : ACTUALITE DE LA LUTTE DES CLASSES > Lutte de classes en Kanaky

Lutte de classes en Kanaky

lundi 22 février 2010

1953 : l’UC (union calédonienne, créée en 1951) remporte la majorité des sièges au Conseil Général « Colons et autochtones unissez-vous », « l’année du centenaire sera l’année de la libération ». Mouvement d’émancipation sociale réclamant une présence kanak dans les institutions mais ne proposant aucune modification du statut colonial.

 1956 : loi-cadre Defferre, décentralisation des pouvoirs ; l’UC obtient la majorité à l’assemblée territoriale en 1958 ; le Rassemblement Calédonien, formation de la droite coloniale obtient 37 % aux élections de 1958.

 1963 lois Jacquinot : coup d’arrêt donné par le régime gaulliste à l’évolution du statut politique de la Nouvelle-Calédonie et régression de statut en statut 1963, 1969, 1976, 1979...

 Une nouvelle vague de colons vient répondre aux nouveaux besoins de l’économie locale boostée par le boom du nickel des années soixante. Dans le même temps le retour de France des diplômés confrontés au chômage, leur politisation à l’épreuve de mai 68, l’accroissement de la population kanak et la nécessité corollaire d’extension des terres, concourent à la radicalisation de la situation politique.

 Création des Foulards Rouges, arrestation de Niddoish Hnaissilin 2 septembre 1969, apparitions de tract en « langue » (une des 23 langues kanak).

 1970 : création de l’Union Multiraciale (plus tard le FULK) considérée comme le premier parti créé par des kanak ; apparition du groupe 1878 dont la revendication principale porte sur la récupération des terres spoliées par les colons.

Les années soixante-dix

Elles marquent le passage de la revendication d’autonomie à celle d’indépendance :

 D’une part, le courant indépendantiste avec les foulards rouges et le Groupe 1978 se regroupent pour former le Palika (Parti de la libération kanak) en 1976.

 D’autre part en 1975 les divers courants autonomistes constituent avec les foulards rouges un comité de coordination pour l’indépendance kanak dont l’existence sera éphémère.

Le Palika représentera alors l’organisation la plus radicale du mouvement indépendantiste basant sa revendication foncière sur la redistribution à la collectivité des terres récupérées (par opposition à l’appropriation privée des parcelles). Il envisage « l’indépendance kanak populaire et révolutionnaire »

Parallèlement l’UC dont la plupart des adhérents européens se détache, se transforme en une organisation nationale kanak et se dirige progressivement vers la revendication indépendantiste pour laquelle elle se prononcera en 1978.

Durant cette période le Palika se trouvera à la pointe des mobilisations en particulier en 1978 dans la grève des ouvriers de la SLN (société le Nickel, plus de 3 000 employés à l’époque) qui durera 51 jours à l’issue de laquelle un comité de réflexion a été installé pour introduire le débat politique anticolonialiste sur le terrain syndical, en particulier à l’USOENC, principal syndicat, affilié à la CFDT.

Du FI au FLNKS

En 1981, à son arrivée au pouvoir, le PS tente d’appliquer le plan Dijoud de réforme foncière héritée du précédent gouvernement pour désamorcer les tensions qui se font sentir : les occupations des terres se multiplient et les attributions de terres se font dans le cadre des principes coutumiers .

Le PS et le PC revoient à la baisse le principe de la reconnaissance du droit à l’autodétermination inscrite dans le programme d’union de la gauche, se repliant sur une autonomie transitoire.

Sur le plan institutionnel, une alliance FI-FNSC (centriste) met en minorité le RPCR et constitue un gouvernement auquel participent 4 indépendantistes.

Les ministres des DOM-TOM se succèdent, Lemoine remplace Emmanuelli ; les statuts se succèdent : Pisani, Lemoine,...mais ils ne tiennent pas compte du « droit inné et actif à l’indépendance du peuple kanak » inscrit dans la déclaration de Nainville les Roches »

 1980 : création du Comité de revendication des terres de la côte ouest.

 1981 : assassinat de Pierre Declercq, secrétaire général de l’UC et création du STKE devenu USTKE Union des syndicats des travailleurs kanak et des exploités l’année suivante.

 Septembre 1984 : Congrès constitutif du FLNKS, boycott actif des élections territoriales, qui s’accompagne de barrages, occupations de terres, manifestations, et conduit avec Eloi Machoro au siège de Thio, village minier de la côte Ouest.

Le même mois, création du gouvernement provisoire de Kanaky.

 1985 : plan Pisani d’indépendance-association Assassinat le 12 janvier d’Eloi Machoro et de Marcel Nonnaro par les gendarmes français sur ordre de Matignon, en accord avec Mitterand.

 1987 : Boycott du référendum.

 Avril 1988 : A Ouvéa, attaque de la gendarmerie dans le cadre d’une action décidée sur tout le territoire par la direction du FLNKS. Les militants kanaks se réfugient dans la grotte dont Pons et Chirac, avec l’assentiment de Mitterrand, ordonnent l’assaut : 19 kanaks sont assassinés.

 Juin 1988 : accords de Matignon-Oudinot, suivis d’un référendum, qui instituent une autonomie relative et un corps électoral particulier en vue d’un futur referendum sur l’avenir du Territoire.

Ce statut sera revu lors des accords de Nouméa en 1998 accordant un statut de large d’autonomie et de transmission des compétences au territoire repoussant la date du référendum aux calendes grecques.

Le FLNKS, majoritaire dans les provinces Nord et Iles, s’engage dans un processus de cogestion.

 2006 : L’USTKE, la dernière organisation a avoir participé à la fondation du FLNKS qui inscrit toujours dans ses statuts la lutte pour l’indépendance kanak et socialiste, décide dans son Congrès de 2006 la création d’un Parti Travailliste pour reprendre la revendication indépendantiste. Le Parti travailliste est créé en novembre 2007.

Aujourd’hui, dix ans après l’accord de Nouméa, les transferts de compétences censés accompagner la possibilité d’indépendance « douce » sont très limités :

* l’enseignement secondaire et supérieur est toujours du ressort de la France.

* la priorité à l’emploi de la population locale (kanak ou enfants de colons) prévue dans l’accord est lettre morte, aucun texte ne contraint un employeur à embaucher un local plutôt qu’un métropolitain à compétence égale. Les quelques jeunes formés dans le cadre des ronflants programmes « 400 cadres » ou « avenir emploi » en métropole ont souvent eu le désagrément, de retour au pays, de se voir préférer des métropolitains. De nombreux conflits sociaux durs menés par l’USTKE ont cette origine.

* Le droit du travail est toujours très inférieur à celui de métropole, les prud’hommes n’existent pas, souvent seul le rapport de force sur le terrain permet d’imposer le respect des droits de travailleurs.

* Le code minier, prévu dans l’accord, était censé fixer, notamment, les règles d’exploitation du sous-sol et les obligations des exploitants vis-à-vis de la préservation ou de la restauration du milieu exploité. Il n’est pas encore en débat à l’assemblée territoriale sur pression des lobbys du Nickel.

Messages

  • Nouvelle-Calédonie : la visite de Macron à Ouvéa le 5 mai suscite la controverse !

    La petite île d’Ouvéa a été le théâtre du paroxysme des violences entre indépendantistes kanak et loyaliste caldoches dans les années 1980. Elle a été le site d’un véritable massacre colonial organisé par la France.

    Que Macron choisisse d’aller là pour sa visite et à cette date anniversaire, c’est de la provocation.

    Les indépendantistes ont rappelé dans la rue sa petite phrase à Macron en visite en Algérie : "La colonisation est un crime contre l’humanité" !!!

    Lire la suite

  • La Nouvelle Calédonie vote dimanche pour ou contre l’indépendance...

    La population kanak n’a pas vu un quelconque bénéfice à la colonisation !

    Le coût élevé de la vie à Nouméa pousse les Kanaks à vivre dans des bidonvilles. Ils doivent également faire face à une discrimination à l’embauche. Pour résoudre cette situation, ils placent beaucoup d’espoir dans l’indépendance et espèrent que le oui l’emportera lors du référendum dimanche.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.