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Luttes de classe en Australie

mercredi 18 novembre 2009

Le lundi 24 août, 130 chauffeurs de bus de Sydney ont mis en place une grève sauvage défiant les patrons, les bureaucrates d’Etat et également les syndicats, grève dénoncée par tous. Les ouvriers de Busways au dépôt de Blacktown à l’est de Sydney ont arrêté le travail à 3 h 30 du matin, provoquant l’annulation des services de période de pointe dans les zones de Blacktown, Mount Druitt et Rouse Hills.

La décision des ouvriers de se mettre en grève a été prise après la rupture de la négociation entre les syndicats et l’administration de Busways sur la réforme des horaires qui devait être mise en application en octobre. Face à une économie en ruines et à un système de transports en commun à la dérive, les dirigeants des autobus privés, de concert avec le gouvernement, essayent de réduire radicalement les coûts et d’imposer des accélérations de cadence. Les conducteurs ont protesté contre les nouveaux horaires, invoquant le fait que ces derniers représentent une attaque contre les conditions de travail des conducteurs et qu’il sera impossible de les mettre en application car elles sont un empiétement sur les périodes de repos et font pression sur les conducteurs pour qu’ils dépassent des limites de vitesse, mettant en danger la vie des passagers et des autres automobilistes. “Le nouvel horaire signifie moins de temps pour accomplir nos itinéraires. Nous courrons après le retard et serons blâmés par le public. Puisque nous courrons après le retard, il y aura aussi moins de temps de repos”, expliquait un travailleur (1).

Depuis des mois, le TWU (le syndicat des travailleurs du transport) et la compagnie font traîner en longueur les négociations sur ces nouveaux horaires qui ne peuvent déboucher sur le moindre résultat positif pour les conducteurs. Pire encore, le TWU a également été complice des attaques contre les conditions de vie et de travail de ces dernières années, notamment à travers les divers accords pour accroître la “flexibilité”. Après la rupture complète des négociations, les ouvriers, irrités par le manque de soutien et par la trahison pure et simple du syndicat, ont pris la décision d’arrêter le travail sans consulter le TWU et la direction de Busways tout en se défiant d’eux. Un ouvrier déclare : “Nous n’en pouvons plus. Nous avons essayé, à travers le système, d’obtenir des changements et rien ne s’est jamais produit. Nous ne pouvons strictement rien obtenir avec le syndicat Le but des syndicats était censé être d’améliorer les conditions, pas de les aggraver” (2) et un autre que “le syndicat a dénoncé les ouvriers pour ce qu’ils ont fait. Nous avons décidé que nous ne pouvions plus rien attendre du syndicat. Le syndicat ne s’inquiète que des 60 $ mensuels que nous devons lui verser”.

La réponse des patrons et du syndicat devant cette grève était de faire en sorte qu’elle se termine le plus rapidement possible. Concernant la gestion des horaires de Busways, la direction et le TWU ont fait volte-face, se déclarant d’accord dans les négociations sur les horaires proposés par les chauffeurs, les conducteurs ayant pris la décision au bout de 6 heures de discussions de retourner au travail à 9 h 30 du matin, après avoir attendu la fin des services de pointe du matin. Malgré cette décision, les conducteurs ont exprimé leur intention de déclencher de nouvelles actions de grève si la compagnie refusait de revoir à la baisse son programme de réformes. Cependant, l’évocation de cette perspective a provoqué la décision d’interdire d’autres actions de grève ainsi que des menaces de répression, de la part de la Commission des relations industrielles.

La réaction rapide du syndicat pour contenir et arrêter la grève confirme que c’est seulement si les ouvriers prennent leur lutte dans leurs propres mains, comme l’ont fait les conducteurs, que la défense des conditions de vie et de travail peut être efficace. Cependant, le résultat de la grève n’a pas encore été une victoire pour les conducteurs. Le nouveau round de négociations entre le TWU et la direction de Busways s’est conclu sur un accord pour procéder à la réforme des horaires, ce qui était déjà cyniquement prévu dès le début, c’est-à-dire de suivre les décisions de la direction de la compagnie.

Nous apportons notre entière solidarité aux ouvriers de Busways et nous considérons cette grève comme un moment important du développement de la lutte de classe en Australie. En réponse à la faillite du système capitaliste et aux attaques contre des ouvriers par le capital, la classe ouvrière doit prendre confiance en sa propre force et en celle de sa lutte, à la fois pour se défendre au quotidien et finalement, pour affirmer ouvertement ses propres intérêts de classe. Pour cet objectif, il est absolument essentiel que les ouvriers prennent la lutte dans leurs propres mains, et plus encore, qu’ils se battent pour étendre et généraliser cette lutte. L’isolement dans lequel les conducteurs se sont trouvés, combiné au spectacle hystérique de la dénonciation des conducteurs qualifiés dans cette ignoble campagne de “bolchos”, de “brutes”, par tous les médias aux ordres de la classe dirigeante, est une cause fondamentale de l’étouffement de la lutte. C’est seulement en prenant directement leur lutte en mains, en dehors du cadre syndical, et en la généralisant, contre toutes les divisions sociales, sectorielles et géographiques, que la classe ouvrière peut trouver la force nécessaire pour développer son combat.

NIC (9 septembre)

publié par CCI

Messages

  • La dernière sortie de Tony Abbott, déjà mis en difficulté par des sondages catastrophiques, a provoqué un tollé dans le pays, y compris au sein même du gouvernement. Le premier ministre australien a en effet suggéré la suppression de quelque cent villages aborigènes en raison de leur coût social et financier, qu’il juge de moins en moins supportable pour les contribuables

    « Nous ne pouvons pas éternellement subventionner des choix de vie si ces choix de vie ne permettent pas [à leurs bénéficiaires] de participer pleinement à la société australienne. »

    Présentes sur le territoire depuis au moins 40 000 ans, certaines communautés Aborigènes vivent aujourd’hui dans des régions isolées, loin des grandes agglomérations et des pôles d’activité économique, dans des conditions souvent misérables, survivant surtout grâce aux aides sociales.

    Une dépendance qui passe de moins en moins aux yeux du premier ministre libéral et conservateur, à l’heure où les contribuables australiens sont contraints à de gros sacrifices pour maintenir à flot le budget de l’Etat. Interrogé sur une radio locale, Tony Abbott a soutenu la proposition de supprimer plus d’une centaine de villages aborigènes dans l’Etat d’Australie-Occidentale si les services publics de base ne pouvaient y être garantis sans une dépense qu’il juge excessive. Les contribuables, a-t-il plaidé, acquittent leurs impôts « pour fournir des services décents » à condition que leur sacrifice soit tout aussi « décent ».

    Lui est tout ce qu’il y a de moins décent : c’est un sale raciste !!!

  • « D’abord, ils ont volé nos enfants, maintenant ce sont nos maisons. » La banderole qui ouvrait le cortège de la ville de Perth, jeudi 19 mars 2015 en Australie, résumait des décennies de défiance de la communauté aborigène vis-à-vis des autorités du pays, à l’occasion du « Close the Gap Day » (« Le jour pour combler le fossé »), un rendez-vous annuel lancé par des associations de lutte pour l’égalité des droits. Une mobilisation d’autant plus amère qu’elle intervient quelques jours après un discours du premier ministre, Tony Abbott, qui s’est dit favorable à la fermeture, dans l’ouest du pays, de villages aborigènes en raison de leur coût pour la société australienne.

    A l’appel de nombreuses associations, les drapeaux aborigènes noir, jaune et rouge – drapeau que son créateur a conçu comme un symbole qui « dérange » – ont fleuri par milliers dans les rues des villes australiennes. « Le gouvernement veut s’en prendre à la minorité la plus vulnérable du pays », expliquait Meriki Onus, organisateur de la manifestation de Melbourne, déplorant le « mépris envers ceux qui vivent là depuis le tout premier lever de soleil ». Quelque 670 000 Aborigènes vivent encore sur le territoire australien, soit 3 % de la population du pays.

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