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Nouvelles du Mali
mercredi 21 novembre 2007
SITE : MATIERE ET REVOLUTION
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Révoltes en Afrique : 1988-1991
Les responsables du génocide rwandais
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Avril 2008 : les ouvriers égyptiens et la population défient Moubarak
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Juillet 2005 : Grève de la mine de MorilaL’or est le principal produit d’exportation (57 % des exportations) du Mali, qui en est le troisième producteur africain après l’Afrique du Sud et le Ghana.
Tout commence il y a quelques années quand la Banque Mondiale pousse le Mali - troisième plus grande réserve d’or d’Afrique - à privatiser son industrie aurifère. A Morila (région de Sikasso dans le sud du Mali), la société qui exploite la mine est confiée à deux grandes firmes sud-africaines, Anglogold Ashanti et Randgold Resources, qui se partagent 80% du capital de l’entreprise. L’Etat malien doit quant à lui se contenter des 20% restant, de maigres royalties et de quelques promesses de « développement » de la région. Une autre entreprise importante d’exploitation de l’or au Mali est la SEMOS appartenant à 38 % à AngloGold (Afrique du Sud, n° 2 mondial de l’or), 38 % à IamGold ( junior au Canada, et assez présent au niveau mondial), 18 % à l’État malien, 6 % à la Société Financière Internationale (SFI ou IFC en anglais, membre du Groupe de la Banque Mondiale, fondée en 1956 sur inspiration des États-Unis, elle se présente comme « la plus importante source de financement sous forme de prêts et de prise de participations pour les projets du secteur privé dans les pays en développement. Elle facilite un développement durable du secteur privé ». Cette répartition des parts sur la mine de Sadiola n’est pas la même sur celle de Yetela où est absente la SFI, ses 6 % étant repartis également entre les trois autres actionnaires. L’autre multinationale sud-africaine RandGold qui exploitait la mine de Syama l’a cédée à Resolute Mining d’Australie en 2004. L’exploitation de l’or au Mali se fait selon les experts à faible coût. Sur les conséquences sociales et écologiques de l’exploitation de l’or à Sadiola, on peut consulter le Rapport de la mission d’enquête des Amis de la Terre sur www.amisdelaterre.org
Satisfaites de cette belle répartition, les multinationales s’empressent de vider le site, inauguré début 2001, de son précieux métal. Ainsi, alors que les travaux d’excavation sont prévus pour durer jusqu’en 2011, les deux tiers des réserves - estimées à 120 tonnes - ont été extraites en seulement... quatre années. Une surproduction hâtive qui n’a aucun lien, on s’en doute, avec les exonérations fiscales dont bénéficient les multinationales pendant leurs trois premières années d’activité. Ce qui a permis, selon Jeune Afrique, Morila-SA de réaliser « un chiffre d’affaires de 295,9 millions de dollars en 2005 pour un bénéfice net de 117,4 millions de dollars ! Un résultat qui en fait la première société minière d’Afrique de l’Ouest par les revenus et l’une des plus rentables d’Afrique par le ratio résultat net sur chiffre d’affaires. » (« Mali, à qui profite l’or jaune ? », 30 juillet 2006).
C’est à une filiale du groupe Bouygues que l’on doit une grande partie de cet exploit productiviste : la Somadex, Société Malienne d’Exploitation (sic), qui recrute et « gère » la main d’œuvre locale pour le compte des compagnies sud-africaines. Une « gestion » stakhanoviste et pour le moins musclée, à en croire ceux qui ont travaillé pendant des années à l’ombre des barbelés inviolables de l’usine. Les griefs abondent : travail douze heures par jour, six jours sur sept ; précarité institutionnalisée ; non-paiement des heures supplémentaires, des congés, des primes de risque ; harcèlement continuel des responsables syndicaux ; surveillance permanente des employés ; vexations en tout genre ; accidents du travail à répétition ; etc. L’« efficacité » économique n’est rarement qu’une opération du Saint-Esprit.
SOMADEX (Société Malienne d’Exploitation), filiale du groupe Bouygues est chargée de la « gestion » de la « main-d’œuvre » : cadences infernales, surtout au regard des conditions particulièrement hostiles de la mine (les mineurs travaillaient 12 heures par jour, 6 jours sur 7, jusqu’à 2003 où un débrayage déjà a permis de ramener l’horaire quotidien à 8 heures), licenciements abusifs, falsifications de contrats de travail, heures supplémentaires non payées, harcèlement anti-syndicats, injures raciales de la part de l’encadrement...Tel serait le lot quotidien des mineurs. A cela s’ajoute les dégâts de l’exploitation de la mine sur son environnement : pollution des sols au cyanure et à l’arsenic, troupeaux intoxiqués, etc. Mais ce qui a mis le feu aux poudres, c’est le non-paiement de quatre années de primes prévues par la convention collective de la branche lorsque la production dépasse les prévisions. Or, depuis 2000, le site de Morila dépasse réguliérement les résultats attendus, au prix donc d’une exploitation humaine et écologique insensée, mais la direction de la SOMADEX refuse obstinément de partager la moindre miette du magot aurifère.
Dans ces conditions, il n’a pas fallu attendre longtemps pour que les ouvriers commencent à se rebeller contre les patrons zélés de la Somadex. Deux ans après une grève victorieuse qui avait permis de réduire les horaires de travail, le conflit larvé s’est transformé en opposition frontale à l’été 2005, lorsque les employés ont eu l’outrecuidance de réclamer leur dû : les primes de rendement, prévues par la convention d’établissement des mines en cas de surproduction, dont ils attendaient le versement depuis quatre ans.
La grève commence par un conflit de trois jours les 5,6 et 7 juillet 2005. Le lendemain de la reprise du travail, 17 mineurs sont licenciés. En solidarité avec les licenciés, tous les mineurs décident la grève illimitée. Malgré les pressions de la direction et l’attitude ambiguë du Syndicat National des Mines (SECNAMI), sensible aux pressions de la direction, le Comité syndical refuse d’arrêter l’action avant d’avoir obtenu la réintégration des licenciés. Plutôt que de faire marche arrière, la SOMADEX choisit la manière forte. Le 31 juillet, la direction raye 311 mineurs de ses effectifs pour « abandon de poste ». Ce nombre est rapidement porté à 530 car des ouvriers qui avaient accepté de reprendre le travail refusent les conditions de reprise que voudrait imposer la direction, c’est-à-dire la renonciation à leurs acquis. Le 12 août, la SOMADEX fait arrêter cinq dirigeants syndicaux pour « escroquerie ». Ils sont libérés sous caution mais le 14 septembre, deux bus servant au transport des mineurs ayant pris feu en pleine nuit, l’entreprise accuse les mineurs et 32 d’entre eux sont immédiatement arrêtés sans la moindre preuve. Ce dur conflit mériterait d’entrer dans les annales des grandes batailles ouvrières. Face à la grève, la Somadex répond par le lock-out et les licenciements massifs (plusieurs centaines de mineurs licenciés en août 2005). Pour contrer la détermination des grévistes et de leurs familles, les gendarmes du coin - subventionnés, heureux hasard, par les multinationales dans le cadre du contrat de « développement » local... - procèdent à l’arrestation des leaders syndicaux. Et quand, en septembre 2005, deux bus de la Somadex prennent mystérieusement feu, à quelques mètres de la gendarmerie, le mouvement de contestation est décapité : trente deux grévistes sont raflés, et emprisonnés. Une belle opération que les grévistes soupçonnent fort d’être une provocation. Neuf d’entre eux sont toujours détenus. Aucune preuve ne semble avoir été donnée de leur implication dans l’incendie des bus de la Somadex.
Ayant, depuis l’été dernier, écarté les gêneurs et remplacé la plupart des grévistes, Bouygues peut donc poursuivre tranquillement l’exploitation de la mine de Morila. Et ce n’est pas TF1, sa filiale télévisée, qui viendra l’en empêcher en enquêtant sur les agissements de la maison mère. Les chaînes concurrentes non plus d’ailleurs... Trop banal, sûrement.
Une vingtaine ont été par la suite relâchés, au moment où était arrêté (en octobre 2005), le secrétaire administratif du comité syndical, Karim Guindo. Pour échapper à cette répression, les autres dirigeants syndicaux, dont le secrétaire général, Amadou Nioutama, sont contraints à la clandestinité. Leur principal délit est d’avoir voulu perturber l’accumulation du surprofit néocolonial par cette entreprise se comportant comme en territoire conquis. Ce qui pouvait par ailleurs servir de mauvais exemple aux travailleurs des autres entreprises exploitant l’or au Mali qui ne sont pas plus soucieuses des droits des travailleurs et de l’environnement. Occupation d’autres mines d’or du Mali menant à la création d’écoles de villages.
Pourtant, cette arrogance a fini par lasser le gouvernement malien dont le projet de maintien au pouvoir à l’issue des prochaines élections pouvait être contrecarré par le non-respect, par Bouygues, à travers sa filiale Saur International, du contrat de partenariat d’Énergie du Mali (EDM) établi en 2000. En effet, Saur s’est avéré davantage intéressé par les profits à court terme (hausse des tarifs d’eau et d’électricité) que par les investissements qu’il s’était engagé à réaliser qui devaient favoriser l’extension des réseaux de distribution d’eau et d’électricité. Ainsi, l’État malien s’est vu obligé de lui retirer, en octobre 2005, son statut d’actionnaire majoritaire dans EDM, violant ainsi le sacro-saint principe néolibéral d’amaigrissement du patrimoine économique des États, alors que la réunion des ministres de l’Économie et des Finances de la Zone Franc (des 19 et 20 septembre 2005, à Paris) venait de lui recommander, entre autres, de « poursuivre la mise en oeuvre du programme économique et financier soutenu par le FRPC, notamment les réformes structurelles dans les secteurs cotonniers et de l’électricité ». Cet acte à motivation plutôt électoraliste lui a valu une mission spéciale de la Banque Mondiale et du FMI, dont le programme de lutte contre la pauvreté n’inclut pas la baisse des tarifs d’eau et d’électricité en faveur des pauvres, de surcroît par une entreprise majoritairement étatique.
Texte de la pétition des grévistes :
« À la mine d’or de Morila, dans le Sud du Mali, 530 mineurs employés par la société malienne SOMADEX, filiale de Bouygues, sont contraints à une grève ouvrière illimitée, radiés de leurs droits, sans autorisation de l’inspection du travail. Leurs familles restent privées de revenus, d’accès aux soins et d’éducation. Tombé à point nommé, l’incendie de deux bus au sein de la gendarmerie a permis de justifier l’accusation et l’emprisonnement de 32 mineurs innocents ; 9 d’entre eux sont encore incarcérés à la maison d’arrêt de Bougouni depuis le 14 sept 2005. Tous ces faits sont aussi l’oeuvre de la SOMADEX.
Les raisons de la grève sont légitimes : contrats falsifiés, conditions de travail inacceptables : salaires, primes de rendement, heures supplémentaires et congés non payés, accident de travail non pris en compte, licenciements abusifs, propos racistes et discriminatoires des expatriés français et cadres supérieurs africains, etc.
Les conséquences sociales et environnementales sont alarmantes : promesses non tenues concernant le développement des villages, construction de moulins, puits et barrages non fonctionnels, mare d’épandage des eaux usées de la mine, pollution des sols au cyanure et à l’arsenic, morts de troupeaux de moutons intoxiqués, etc. Nous appelons toutes les forces syndicalistes, progressistes, tous les mouvements citoyens, les défenseurs des droits humains, à la pression internationale sur la multinationale Bouygues pour :
– la réintégration des 530 mineurs dans l’entreprise Somadex aux postes qu’ils occupaient,
– la libération immédiate des 9 détenus et l’abandon des poursuites injustifiées à leur encontre,
– la réouverture de réelles négociations pour l’amélioration des conditions de travail et des salaires et sur le respect de l’environnement. »
Début novembre, c’est l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) qui a organisé une grève d’avertissement pour la « mise en application d’un plan social en faveur de tous les travailleurs licenciés des sociétés et entreprises d’État, la réintégration des syndicalistes mutés de manière illégale, la baisse des prix des produits de première nécessité ».
Publié le mercredi 12 octobre 2005
Historique de notre lutte
Le 10 mars 2005, nous avons adressé une lettre au directeur de l’entreprise Somadex. Nous y faisions état du comportement du chef du personnel Ballamourrou Diarra. Nous demandions également à ce qu’on le change de poste, sinon bien que nous ne le voulions pas, le chantier risquer de s’arreter un jour par sa faute, et le directeur serait responsable de l’arrêt éventuel.
La Secnami (Section Nationale des Mines et des Industries), l’UNTM (Union Nationale des Travailleurs du Mali), le ministère des mines, la primature, ainsi que la présidence de la république ont tous reçus une copie de cette lettre, mais personne n’a réagit pour condamner les actes de Ballamourrou Diarra que nous dénonçions.
Quand le comité syndical a demandé d’annuler les faux contrats de travail que le chef du personnel de la SOMADEX a falsifié en réaction à cette demande du syndicat, la direction de la SOMADEX a adressé une demande d’autorisation de licenciement du sécretaire général du syndicat auprès de l’inspecteur régional du travail. Demande refusée par l’inspecteur. En réaction, le chef du personnel a sorti une pétition contre le secrétaire général au nom des travailleurs. Cherchant à dissoudre le comité syndical depuis l’entreprise SOMADEX a un effectif de plus 700 employés, elle n’a guère d’ambulance, de clinique, et a négligé la présence d’un médecin pour les soins des travailleurs dans un environnement à haut risque comme une mine. Nos femmes accouchent parfois dans nos maisons. Les travailleurs rendent l’âme sur leurs lieux d’accident par faute d’évacuation par ambulance. Le directeur administratif et financier refusent la prise en charge par l’entreprise des personnes malades, qui décèdent par la suite. Devant cet abus et cette exploitation, les travailleurs ont demandé au directeur de projet d’arrêter la distribution de cette pétition contre le secrétaire général sinon la conséquence serait soldée par l’arrêt du travail. Le directeur resta passif a cette situation, alors le cumul de tout c’est évènement entraîna un préavis de grève de 72 heures le 21 juin 2005. L’incursion des agents des forces de l’ordre (2 camions remplis de gendarmes) au domicile de notre secrétaire général le 25 Octobre 2005, après une réunion conjointe tenue à Bougouni, du juge et des CBs (commandant de brigades) de Bougouni et de Koumantou. Le plan initial était d’attirer le secrétaire général dans un piège au camp 1 de la gendarmerie de Bamako afin de pouvoir l’arrêter. On lui a envoyé à cet effet un gendarme de Koumantou affecté a Bamako. Mais Nioumanta, fort d’une expérience précédente, ou il avait arbitrairement été arrêté le 12 aout 2005 par le CB de koumanou, Moussa Magassa, avec quatre camarades, a déjoué le piège en refusant de se rendre au camp 1. Les arrestations du mois d’Aout visaient le but manifeste d’empêcher le comité syndical de rencontrer alors le secrétaire général de la Présidence de la république qui est Modibo Sidibé. Et il se trouve que le 25 Octobre le comité Syndical avait rendez-vous avec le président ATT !
Le gendarme conduit est alors parti, et est revenu avec du renfort. Constatant que Nioumantan était absent, Les gendarmes qui opéraient sans le moindre mandat légal, on voulut prendre en otage sa femme et son fils en vue de le forcer à se rendre. Mais la résistance de la famille et des voisins a fait échec à ce plan machiavélique.
Après de vives altercations, les gendarmes ont arrêté le secrétaire administratif du comité, Karim Guindo qui était en train de prier. Ils l’ont enlevé manu militari et conduit de force en prison à Bougouni en procédant en outre à l’enlèvement : - de deux véhicules automobiles qui ont emporté une somme de trois millions quarante mille franc CFa pris dans la chambre - d’un cachet du comité syndical - de deux lettres de l’ex président à Alpha Oumar Konaré - et d’un dossier contenant 170 contrats falsifiés par Balamourou Diarra, Chef du personel de la SOMADEX
L’assaut prémédité du 25 Octobre représente a l’évidence une répétition des actes de banditismes des mêmes forces liberticides de Bougouni qui ont tout fait le 12 Aout pour empêcher une rencontre avec les pouvoirs publics nationaux, rencontre susceptible à leurs yeux de les démasquer. Mais le fait qu’ils aient trouvé au camp 1 les relais et renforts pour exécuter de Bougouni des forfaits à Bamako prouve suffisamment qu’il s’agit d’une provocation encore plus étendue au moment ou le comité syndical devait rencontrer le Président ATT. Sans cesser un instant de se demander jusqu’ou remonte cette provocation le comité syndical a réussi à rencontrer le conseiller (Mr Boue Siby) du président de la république, chargé de rencontrer le comité syndical le 26 Octobre 2005 et l’a informé de tous les faits.
Nous rappelons également que la déclaration de Mr Morange Cristophe Directeur de la communication de Bouygues est inexact, dans laquelle il écrit que la seule revendication des mineurs portait sur le départ du chef de personnel, M. Balamourou Diarra.
Il s’agit d’un combat que nous menons, nous les mineurs, depuis 2001, nous avons été licenciés pour fait de grève en juillet 2005 suite à des revendications légitimes concernant les droits fondamentaux du travail : contrats falsifiés, salaires, congés et heures supplémentaires non versés, licenciement systématique, corruption du syndicat des mines, conditions de travail déplorable, aucune protection santé, accidents de travail non reconnus, nombreuses promesses pour le développement du village non tenues, etc.
32 d’entre nous ont été arrêtés entre le 14 et le 16 septembre 2005 pour des motifs non prouvés, et aujourd’hui 9 grévistes sont encore détenus dans des conditions déplorables et illégales à la maison d’arrêt de Bougouni (région de Sikasso- sud du Mali).
: Nos revendications
– Libération immédiate et inconditionnelle de tous les détenus de Bougouni et radiation des forces de l’ordre liberticides du Chef de Brigade de Bougouni et Koumantou et du juge de Bougouni.
– Halte aux lock-outs frauduleux des patrons voyous et racistes qui visent à licencier des salariés et réviser à la baisse des accords pour ensuite reprendre une activité à moindres coûts.
– Reprise immédiate et inconditionnelle de tous les mineurs licenciés.
– Paiement intégral des salaires de toute la période d’interruption.
– Paiement par la SOMADEX-BOUYGUES des primes de rendement des années 2000, 2001, 2002, 2003, 2004, 2005 conformément á l’annexe 4 de la convention d’établissement et du code minier.
– Révision inconditionnelle du code minier au profit du Mali, de ces communautés, et de ces mineurs.
– Journée de 8 heures réduite à 6 heures du fait des travaux insalubres et au fond de la mine.
– Reconnaissance par la SOMADEX-BOUYGUES et ANGLOGOLD du Comité syndical d’entreprise.
– Contre les licenciements en masse des ouvriers de Morila, de Huicoma, et Itema.
– Assurance chômage au frais de l’Etat et des entrepreneurs.
– Imposition des banques, des propriétaires d’entreprise et plantations, des hauts fonctionnaires au profit des chômeurs.
– Halte à l’ingérence policière dans les grèves. Création de commissions ouvrières élues pour le contrôle du travail, du paiement des salaires et de l’embauche des ouvriers.
– Dehors Balamourou Diarra et tous les dirigeants expatriés racistes !
– Reconnaissance du comité syndical de la SOMADEX dirigé par le camarade secrétaire général Amadou Nioumanta qui mène une lutte juste et légitime déjà reconnus par le SYNACOME (Syndicat national de constructions civiles des mines et de l’énergie)
– Établissement de contrat de travail réel aux lieux de faux contrats ou de contrats constamment falsifiés par le chef du personnel Balamourou Diarra.
– Restitution des 3.400.000 F Cfa
– Restitution des 2 mercedès et tous les documents et matériaux emportés la nuit du 25 Octobre
– Paiements des dommages et intérêts et tous les biens perdus lors de leur arrestation entre 0h et 03h du matin le 14 et 16 Septembre 2005 par les CBs de Koumantou et Bougouni suite à l’incendie de 2 bus à zero mètre des gendarmes dans la gendarmerie !
– Mise en place d’un comité syndical ouvrier affilié aux syndicats européens
– Une copie du marché pour l’amélioration de nos salaires
– Et le paiement des salaires et rappel (arriérés) des travailleurs par rapport au barème du cahier du marché
Un comité de soutien aux grévistes s’est constitué, pour exiger la libération des emprisonnés et la réintégration de tous les grévistes. Il dénonce les conditions de travail extrêmement dures : il a fallu une grève, en 2003, pour que la journée de travail soit ramenée de douze heures à huit heures ; les mineurs travaillent encore six jours sur sept et les accidents du travail sont nombreux ; le comité dénonce aussi le non-paiement des heures supplémentaires, les méthodes brutales et les propos racistes des expatriés français et des cadres supérieurs africains, le harcèlement des syndicalistes. Il rappelle enfin que l’exploitation de la mine a pollué les sols au cyanure et à l’arsenic et a intoxiqué des troupeaux de moutons.
Ici, Bouygues a fait ses profits sur la santé et la vie des travailleurs du bâtiment. Là-bas, il continue à détruire la vie des travailleurs, et avec des méthodes encore plus brutales. Bouygues doit réintégrer immédiatement les grévistes licenciés !
Déclaration de Cocidirail
Grève unitaire chez Transrail s.a. sur l’initiative des Syndicats SYTRAIL (Mali) et FETRAIL (Sénégal)
http://www.liberationafrique.org/auteur.php3?id_auteur=Cocidirail - 13 juillet 2006
L’environnement du chemin de fer est sujet, depuis quelques mois, à une très forte effervescence, malgré l’attitude débonnaire des plus hautes autorités de Notre pays, caractérisée par une extrême gravité de la situation économique, sociale et simplement humaine.
La direction de Transrail dans le but suprême de dominer avec tous les moyens le personnel et les activités de transport dans les deux pays, a choisi de s’allier avec les milieux qui sont prêts à jouer leur va-tout pour servir sa cause. C’est ainsi que dans les deux pays, sur le plan social interne à Transrail, les premiers responsables des syndicats (SUTRAIL au Sénégal et SYTRAIL au Mali) ont été mis au service de la direction par divers moyens (lavage de cerveaux, corruption financière (ils ont été mensuellement arrosés par une manne de Un million de F. CFA chaque mois chacun) confiscation de l’information interne,... ) Ces deux exécutifs, soupçonnés, désavoués pour fait d’intelligence avec la direction de l’entreprise ont été mis en minorité par la création de FETRAIL (au Sénégal) et la pétition largement signée, le renouvellement des bases de SYTRAIL et la tenue d’un congrès (au Mali) qui a consacré le rejet définitif du Comité Exécutif mis en place le 05 août 2004.
Cette mesure n’aura pas suffit pour faire entendre raison à la direction Générale de Transrail et à ses suppôts du Comité Exécutif de SYTRAIL dirigé par Abdoulaye BERTHE. Une débauche d’énergie a été mise au service d’actions de diversion, de désinformation, d’obstruction de toutes sortes, de pressions policières et judiciaires, de menaces physiques et verbales, de séquestrations des responsables syndicaux régulièrement élus et déferrés par la gendarmerie devant le procureur de la république près le Tribunal de Première Instance de la Commune III de Bamako.
Encore au moment où s’écoule la première journée de grève réussie, les premiers responsables de SYTRAIL sont séquestrés par le Procureur de la République qui n’a pas hésité à leur intimer l’ordre de ne pas l’observer. La présente grève unitaire des 12, 13, 14 juillet a pour exigences :
Rejet de la nouvelle grille salariale ;
Rejet du protocole d’accord du 23 mai 2005 ;
Rejet de la relation de maîtres à esclaves instauré par la direction de Transrail ;
Application correcte de l’accord d’établissement ;
Respect des lois et règlements en vigueur au Mali et au Sénégal ;
Respect des clauses de la concession ;
Rejet du mépris affiché par la direction de Transrail face aux revendications des travailleurs ;
Reprise des travailleurs, victimes de licenciement en violation flagrante de la Convention de Concession ;
Prise en charge du mémorandum des cadres,
Départ du DG François LEMIEUX.
Ces motifs montrent bien l’état déplorable de la situation dont la responsabilité incombe entièrement à la direction de Transrail et aux gouvernements qui ont décidé la privatisation des réseaux ferroviaires. Ceci justifie « qu’en cas d’absence de compromis les 2 organisations se réservent le droit d’observer une grève générale illimitée jusqu’à l’obtention d’une solution satisfaisante. »
Nous tenons, au nom des Citoyennes et Citoyens et des associations et syndicats du Mali, de l’Afrique, de l’Europe et d’Amérique, membres de Cocidirail, à vous apporter tout Notre soutien et Notre solidarité agissante dans la lutte que vous menez, qui risque donc de prendre une nouvelle tournure dans les prochains jours.
La démarche internationaliste que vous êtes entrain de développer nous est très proche, elle est l’une des bases essentielles du syndicalisme et le socle de la solidarité et des futures victoires des forces du progrès sur celles de la régression sociale en général et du libéralisme.
Nous restons disposés à apporter à votre lutte particulière et à la Cause du Rail malien, en général, la contribution à la mesure de nos moyens, de même qu’au succès de votre combat. Nous assurerons le relais au tant au niveau national qu’international pour faire connaître votre grève auprès des cheminot-e-s et autres travailleur-ses du monde, auprès des syndicalistes de divers pays avec qui nous travaillons régulièrement.
Bamako, le 12 juillet 2006
Pour le Comité Exécutif du COCIDRAIL, le Président du Comité Exécutif, Dr Tiècoura TRAORE
Le pillage de l’or au Mali
311 mineurs de la multinationale Bouygues et sa société SOMADEX en grève depuis 8 mois - 9 mineurs incarcérés
Appel urgent à la solidarité internationale
13 février 2006
A la mine d’or de Morila - Sud du Mali, 311 mineurs, contraints à une grève ouvrière illimitée, sont radiés de leurs droits, sans autorisation de l’inspection du travail. Leurs familles restent privées de revenus, d’accès aux soins et d’éducation. L’incendie délibéré de deux bus au sein de la gendarmerie à des fins de déclencher une chasse à l’homme et arrêter 32 mineurs ; 9 d’entre eux sont encore incarcérés à la maison d’arrêt de Bougouni depuis le 14 sept 2005.
Toutes ces provocations sont orchestrées par la société française Bouygues et sa société SOMADEX SAU, dirigée par le PDG Jean-Pierre Juillien, sous-traitant d’Anglogold et Randgold, avec l’appui de l’Etat Malien, actionnaire à 20%.
Les raisons de la grève sont déterminantes : contrats falsifiés, conditions de travail inacceptables, salaires, primes, heures supplémentaires et congés non payés, accident de travail non pris en compte, licenciements abusifs, propos racistes et discriminatoires des expatriés français et cadres supérieurs africains, non respect de la constitution de la République Démocratique du Mali, trahison du syndicat des mines SYNACOME, etc...
Les conséquences sociales et sur l’environnement sont alarmantes : promesses non tenues concernant le développement des villages, construction d’un barrage à l’envers, pollution des sols au cyanure et à l’arsenic, mare d’épandage des eaux usées de la mine, morts de troupeaux de moutons intoxiqués, etc...
Nous appelons tous les syndicalistes, toutes les forces progressistes, tous les mouvements de base, les défenseurs des droits humains, à la pression internationale pour la libération immédiate des 9 prisonniers et à la prise en compte des revendications des grévistes.
Création du Comité de soutien pour interpeller la multinationale Bouygues « patrons voyous et racistes », leurs complices maliens au gouvernement et l’Etat français, responsables de ce désastre humain, social, écologique et du pillage plus largement de l’Afrique.
Réunion du Comité de soutien en vue de préparer les initiatives : lundi 20 février 20h30 au CICP - 21 ter, rue Voltaire - 75011 Paris Premiers signataires : No-Vox, Dal, CDSL
Morilla en lutte ! Soutenez notre combat pour obtenir nos droits
31 janvier 2006
Nous sommes les grévistes en lutte à Morila. Anciens travailleurs de la Somadex : Société Malienne d’Exploitation (de l’or...). Nous luttons pour nos droits : couverture sanitaire des travailleurs, régularisation des faux contrats et contrats falsifiés, le paiement des primes de rendements de 2000 (ouverture de la mine) jusqu’à nos jours...
Le 10 mars 2005, nous avons adressé une lettre au directeur de l’entreprise Somadex. Nous y faisions état du comportement du chef du personnel Ballamourrou Diarra. Nous demandions également à ce qu’on le change de poste, sinon bien que nous ne le voulions pas, le chantier risquer de s’arreter un jour par sa faute, et le directeur serait responsable de l’arrêt éventuel.
La Secnami (Section Nationale des Mines et des Industries), l’UNTM (Union Nationale des Travailleurs du Mali), le ministère des mines, la primature, ainsi que la présidence de la république ont tous reçus une copie de cette lettre, mais personne n’a réagit pour condamner les actes de Ballamourrou Diarra que nous dénoncions.
Il s’agit d’un combat que nous menons, nous les mineurs, depuis 2001, nous avons été licenciés pour fait de grève en juillet 2005 suite à des revendications légitimes concernant les droits fondamentaux du travail : contrats falsifiés, salaires, congés et heures supplémentaires non versés, licenciement systématique, corruption du syndicat des mines, conditions de travail déplorable, aucune protection santé, accidents de travail non reconnus, nombreuses promesses pour le développement du village non tenues, etc.
32 d’entre nous ont été arrêtés entre le 14 et le 16 septembre 2005 pour des motifs non prouvés, et aujourd’hui 9 grévistes sont encore détenus dans des conditions déplorables et illégales à la maison d’arrêt de Bougouni (région de Sikasso- sud du Mali).
Nos revendications :
Libération immédiate et inconditionnelle de tous les détenus de Bougouni et radiation des forces de l’ordre liberticides du Chef de Brigade de Bougouni et Koumantou et du juge de Bougouni.
Halte aux lock-outs frauduleux des patrons voyous et racistes qui visent à licencier des salariés et réviser à la baisse des accords pour ensuite reprendre une activité à moindres coûts.
Reprise immédiate et inconditionnelle de tous les mineurs licenciés.
Paiement intégral des salaires de toute la période d’interruption.
Paiement par la SOMADEX-BOUYGUES des primes de rendement des années 2000, 2001, 2002, 2003, 2004, 2005 conformément á l’annexe 4 de la convention d’établissement et du code minier.
Révision inconditionnelle du code minier au profit du Mali, de ces communautés, et de ces mineurs.
Journée de 8 heures réduite à 6 heures du fait des travaux insalubres et au fond de la mine.
Reconnaissance par la SOMADEX-BOUYGUES et ANGLOGOLD du Comité syndical d’entreprise.
Contre les licenciements en masse des ouvriers de Morila, de Huicoma, et Itema.
Assurance chômage au frais de l’Etat et des entrepreneurs.
Imposition des banques, des propriétaires d’entreprise et plantations, des hauts fonctionnaires au profit des chômeurs.
Halte à l’ingérence policière dans les gréves. Création de commissions ouvrières élues pour le contrôle du travail, du paiement des salaires et de l’embauche des ouvriers.
Dehors Balamourou Diarra et tous les dirigeants expatriés racistes !
Appel à soutien :
Nous appelons les organisations ou individus qui souhaitent se solidariser à notre combat à nous faire parvenir leurs messages de solidarité. Nous avons également besoin de soutiens financiers et morals, ainsi que de soutiens pour populariser et faire connaitre partout notre lutte.
Pour une pression internationale, voici le numéro de fax du procureur de Sikasso (la maison d’arrêt est à Bougouni - région de Sikasso) :
Depuis l’étranger : (+223) 262 00 05
et celui du président du tribunal : (+223) 262 02 69
Pétition de soutien aux grévistes de la mine d’or de Morila au Mali, licenciés et réprimés par Bouygues
Ré-intégration des 530 travailleurs licenciés - Libération immédiate des 9 grévistes emprisonnés et arrêt des poursuites - Ré-ouverture des négociations
28 février 2006
A la mine d’or de Morila - Sud du Mali, 530 mineurs employés par la société malienne SOMADEX, filiale de Bouygues, sont contraints à une grève ouvrière illimitée, radiés de leurs droits, sans autorisation de l’inspection du travail. Leurs familles restent privées de revenus, d’accès aux soins et d’éducation. Tombé à point nommé, l’incendie de deux bus au sein de la gendarmerie a permis de justifier, accuser et emprisonner 32 mineurs innocents ; 9 d’entre eux sont encore incarcérés à la maison d’arrêt de Bougouni depuis le 14 sept 2005 . Tous ces faits sont aussi l’oeuvre de la SOMADEX.
Les raisons de la grève sont légitimes : contrats falsifiés, conditions de travail inacceptables : salaires, primes de rendement, heures supplémentaires et congés non payés, accident de travail non pris en compte, licenciements abusifs, propos racistes et discriminatoires des expatriés français et cadres supérieurs africains, etc.
Les conséquences sociales et sur l’environnement sont alarmantes : promesses non tenues concernant le développement des villages, construction de moulins, puits et barrages non fonctionnels, mare d’épandage des eaux usées de la mine, pollution des sols au cyanure et à l’arsenic, morts de troupeaux de moutons intoxiqués, etc. Nous appelons toutes les forces syndicalistes, progressistes, tous les mouvements citoyens, les défenseurs des droits humains, à la pression internationale sur la multinationale Bouygues pour :
la re-intégration des 530 mineurs dans l’entreprise Somadex aux postes qu’ils occupaient,
la libération immédiate des 9 détenus et l’abandon des poursuites injustifiées à leur encontre,
la réouverture de réelles négociations pour l’amélioration des conditions de travail, de salaires et sur le respect de l’environnement.
Nous interpellons la multinationale Bouygues, responsable de ce désastre humain, social, écologique.
DOCUMENTS :
Mali
Ressources minières : 55 tonnes d’or et un secteur en expansion
(à partir d’articles de presse de 2002)
Selon « Le Soleil » (Sénégal) du 15 Mars 2002, avec une production annuelle de près de 55 tonnes d’or, un chiffre d’affaires de près de 300 milliards de FCFA, le secteur minier occupe au Mali indiscutablement une place de choix -parfois méconnue- dans l’économie. Celle-ci s’est traduite en 2001 par trois faits majeurs : une amélioration de la balance commerciale du pays, un doublement de la part du secteur minier dans le produit national brut (PNB), la création de 2240 emplois.
Démonstration avec Modibo Coulibaly, le directeur national de la géologie et des mines.
Quel a été le niveau de production de l’or en 2001, son incidence sur l’économie nationale ?
Modibo Coulibaly : « La production industrielle d’or au 31 décembre 2001 est de 51,307 tonnes. Si on ajoute à cela la production artisanale et semi-industrielle, on approche facilement les 55 tonnes. Ceci représente un chiffre d’affaire de près de 300 milliards de Fcfa.
L’impact sur l’économie nationale est d’abord macro-économique.
Nous pouvons noter par là : - une amélioration de la balance commerciale car la totalité de la production est exportée - une augmentation du PNB car la part du secteur minier passe de 160 milliards à 300 milliards. Cet impact est aussi financier...
– En effet, une étude réalisée en 2001 sur la période allant du 1er janvier 1997 au 31 décembre 1999 par AIRD en collaboration avec GREAT montre que 36 à 40 % du chiffre d’affaires réalisé par les sociétés minières reviennent au pays. Pour l’année 2001, cela représente 108 à 120 milliards de FCFA. Ce chiffre se reparti entre les différents impôts et taxes payés à l’État, les impôts et taxes recouvrés sur les contrats fournisseurs et sous-traitants, les cotisations sociales, les achats locaux, le salaire du personnel malien les contributions aux fonds de développement local des communes rurales situées dans les zones minières, les dons etc. Il est aussi important de noter que les mines en exploitation courant 2001, ont crée 2240 emplois. Le Mali se place aujourd’hui au 3e rang des producteurs africains d’or après l’Afrique du Sud et le Ghana. Depuis 1999, l’or a d’ailleurs ravi au coton la première place des produits d’exportation.
Quelle évaluation faites- vous de l’application à mi-parcours de la politique minière adoptée par le gouvernement en novembre 1998 ?
– La politique minière adoptée par le gouvernement en novembre 1998 a pour objectif principal l’accroissement substantiel de la part des produits miniers dans le PIB. Au vu des résultats obtenus depuis cette date, je pense que cet objectif est largement atteint. En effet, d’une production de 24,356 tonnes d’or en 1998 nous avons atteint 26,675 tonnes en 1999 ; 29,679 tonnes en 2000 et 51,306 tonnes en 2001. Et comme je vous le disais plus haut, depuis 1999 l’or a ravi au coton la première place pour les produits d’exportation. La stratégie pour la mise en oeuvre de cette politique a été de laisser au secteur privé le rôle et la mission d’assumer les risques d’entreprise en apportant les moyens financiers matériels et humains nécessaires au développement de l’industrie minière dans un cadre simple, clair et transparent, l’État se concentrant sur les missions fondamentales de mise en place des infrastructures de base, de création d’un environnement favorable à l’investissement et de promotion du secteur etc. Le plan d’action élaboré à cet effet est en cours d’exécution. Un Code minier attractif et incitatif a été élaboré et adopté en septembre 1999. Celui-ci a tenu compte de toutes les orientations prônées dans le document de politique minière notamment la clarté, la transparence, la participation de l’État, la stabilité des régimes fiscal et douanier, l’équité, l’incitation au réinvestissement, la protection de l’environnement, la compétitivité, l’emploi etc. Les documents relatifs à la reforme institutionnelle aussi sont en cours de finalisation. Les actions de promotion du secteur sont menées régulièrement, des documents promotionnels ont été élaborés et sont distribués lors des grands forums internationaux sur les mines. Le personnel de la Direction nationale de la Géologie et des Mines suit des cours de perfectionnement et certains agents bénéficient de cours de formation complète. Les opérateurs miniers nationaux aussi ont également bénéficié de formation. Pour attirer les investisseurs, il faut disposer d’informations sur le potentiel minier.
Dans ce cadre quatre grands projets sont en cours d’exécution. Il s’agit du Projet d’inventaire minier de l’Adrar des Iforas et du Gourma oriental sur financement BEI, du Projet SYSMIN sur financement FED, du Projet de coopération Mali- Japon sur financement du gouvernement japonais et du Projet promotion des indices sur financement du budget national, précisément du budget spécial d’investissement - BSI. D’autres projets entrant dans le même cadre démarreront au cours de cette année.
La crise du marché de l’or persiste encore. Quel est son impact sur les activités minières au Mali ?
– Elle s’est traduite par une baisse des investissements et un ralentissement des travaux de recherche, qui a eu comme conséquence l’arrêt des travaux sur 31 titres de recherche détenus par des compagnies juniors et l’abandon par leurs titulaires de 7 autres titres. La persistance du phénomène retarde la mise en exploitation des mines de Kodiéran, Loulo, Ségala, Tabakoto et Kalana. Pour les premiers, les études de faisabilité avaient été élaborées et adoptées avant la chute des cours sur la base de 330 dollars par once alors qu’aujourd’hui les prix oscillent toujours entre 270 et 290 dollars par once. Cela présente un grand risque pour les investisseurs et constitue une situation pénalisante pour le développement des indices aurifères. C’est pourquoi la diversification de la production minière reste une priorité de la politique minière. Si l’on compare le coût de l’or d’avant 1997 à celui d’aujourd’hui, il y a manifestement un manque à gagner pour les différents actionnaires et pour l’État. Le FMI a même estimé qu’une chute du prix de 20 dollars coûtait au Mali et au Ghana 3 % de leurs recettes d’exportation. Enfin, une autre conséquence de cette baisse est le ralentissement des activités à Syama.
Vous avez parlé de diversification de la production minière. Quelles dispositions avez vous prises en ce sens et quelles sont les substances concernées ?
– La diversification de la production minière est un des aspects important de la politique minière et fait l’objet d’actions actuellement en cours. Il s’agit entre autres des projets d’inventaire minier, de cartographie géologique et de promotion des indices. Les nouveaux projets qui débuteront aux cours de cette année contribueront à faire de cette diversification une réalité. Les substances concernées sont entre autres, les métaux de base -cuivre, nickel, plomb, zinc- les
substances précieuses autres que l’or -diamant, grenats, améthyste, etc-, les substances énergétiques -pétrole, gaz, charbon, schistes bitumineux et tourbes. Il y a aussi l’étain, le manganèse, le fer, le calcaire pour la fabrication de chaux et les matériaux de construction (marbre, argile, calcaire, dolomite, gypse etc.). Les premiers seront développés en vue d’attirer les investisseurs potentiels tandis que le développement des matériaux de construction a pour but de satisfaire les besoins nationaux et de développer l’industrie minière locale.
Quel bilan faites-vous de l’implication des investisseurs privés nationaux dans le secteur minier ?
– Les opérateurs nationaux sont bien impliqués dans les activités artisanales. Dans les activités industrielles, leur intervention reste limitée du fait des besoins financiers importants dépassant leur capacité de mobilisation. Au 31 décembre 2001, on dénombre 143 titres miniers en vigueur dont 55 titres appartiennent à des sociétés maliennes. Les structures techniques font de leur mieux pour les assister. C’est le lieu également de demander aux structures financières nationales de s’intéresser à la promotion du secteur.
Qu’en est-il de la recherche pétrolière au Mali ?
– La politique de diversification prévoit également la relance de la recherche d’hydrocarbure et dérivées. Nous sommes actuellement en train de finaliser la relecture du Code Pétrolier qui, de notre point de vue, sera attractif et compétitif. Nous nous attachons à mettre en place une stratégie qui repose sur l’existence au Mali de 5 bassins sédimentaires couvrant une superficie de 750.000 km2 (Taoudenit, Nara, Gao, Iullemeden et Tamesna). D’une façon générale tous ces bassins sont caractérisés par un faible niveau d’exploration. Les actions prévues pour la relance de l’activité pétrolière prendront en compte : - l’adoption d’un cadre législatif incitatif, attractif tenant compte de l’évolution du marché international. - l’implication des sociétés pétrolières étrangères - la réalisation de travaux significatifs de géophysique aéroportée et de sismique dans les bassins prospectifs - l’adoption et la mise en oeuvre de campagnes de promotion agressive auprès de sociétés pétrolières dans les capitales mondiales du pétrole telles que Londres. - la réalisation ou la planification d’infrastructures de transport des hydrocarbures afin de stimuler les investissements dans la recherche. Depuis quelques mois, les départements des Mines et de l’Énergie d’Algérie et du Mali
discutent des termes d’un accord de coopération visant à stimuler la relance de la recherche pétrolière. Des négociations sont aussi en cours avec la PETRAD de la Norvège et avec Indigopools, un promoteur qui est en relation avec plus de 300 investisseurs potentiels du secteur. Les services techniques ont déjà procédé à une collecte des données existantes et effectué des synthèses qui ont été transmis aux différents partenaires. En ce qui concerne la tourbe, une étude est en cours sur financement BEI et réalisé par le bureau d’études finlandais Electrowatt. Nous avons bon espoir de mener ces actions dans les meilleurs délais.
Quelles sont les mesures envisagées au Mali pour faire face aux problèmes environnementaux liés à l’exploitation minière ?
– La loi minière en son article 80 traite des dispositions relatives à la protection de l’environnement. Toute demande d’autorisation ou de permis d’exploitation doit être accompagnée d’une note ou d’une étude d’impact environnementale. L’adoption de l’étude de faisabilité est également conditionnée à celle de l’étude d’impact. Du côté de l’administration, une équipe pluridisciplinaire effectue régulièrement des missions de suivi des problèmes environnementaux sur les sites en exploitation. Enfin, pour les besoins d’auto contrôle, chaque mine dispose en son sein d’une équipe environnementale. Jusque là, nous n’avons pas enregistré de problèmes majeurs par rapport à l’environnement.
Quelle est la situation de l’exploitation artisanale et à petite échelle ?
– L’exploitation à petite échelle dans notre pays en est à ses début et est représentée actuellement par quelques exploitations par dragues de l’or -il y en a 8- dans certains cours d’eau et quelques unités semi-mécanisées ou mécanisées d’extraction de matériaux de construction -on n’en compte 4. C’est un créneau qui devrait intéresser les investisseurs nationaux. Quant à l’exploitation artisanale, elle existe toujours sous sa forme traditionnelle dans les zones ou elle était pratiquée depuis des temps immémoriaux pour l’or et s’est élargie à d’autres zones récemment avec la découverte de pierres semi précieuses dans les localités de Sangafé, Sandaré et Nioro. Cette activité est aussi régie par le Code minier qui la circonscrit dans les couloirs délimités à cet effet. Nous apportons là également notre assistance en amenant les orpailleurs à s’organiser afin de postuler à des titres miniers. Déjà trois coopératives disposent de titre minier. Il s’agit de la coopérative des orpailleurs de Dialafara, celle des orpailleurs de Sitakili, et le GIE des orpailleurs de Dioulafoundouding.
Pour ce qui est des autres exploitations artisanales tels les carrières artisanales, leur gestion relève de la compétence des autorités locales.
Les signes de la relance et de la confiance
Selon « Le Soleil » (Sénégal) du 15 Mars 2002, le Mali compte une production de coton de 600.000 tonnes, d’or de 50 tonnes et surtout une Coupe d’Afrique des Nations dont la réussite a été unanimement reconnue. Le Mali engage l’année 2002 dans un climat de confiance et armé d’une foi qui devraient l’aider à relever les autres défis des prochains mois.
"Comme au lendemain de l’indépendance" ! C’est ainsi que des témoins de l’histoire politique du Mali ont qualifié l’ambiance des derniers jours qui ont précédé le coup d’envoi de la CAN quand la frénésie s’est emparée de tout le pays appelé à devenir pendant trois semaines la capitale du football africain pendant trois semaines.
Depuis quatre ans que tout le monde en rêvait, le moment tant attendu était enfin arrivé. Le chemin fut parfois ardu, comme l’explique le Premier ministre M. Mandé Sidibé dans l’interview qu’il nous a accordée. La conjoncture économique, favorable au moment où la candidature malienne avait été acceptée, avait fini par se retourner au tournant de l’an 2000. Pour négocier ce cap délicat, le président Alpha Oumar Konaré a confié les rênes du gouvernement à un économiste avec pour mission de conduire l’effort de redressement, indispensable au respect de ce que notre confrère L’Essor nomme les "Grands rendez-vous de 2002". L’une des premières des priorités du gouvernement dirigé par Mandé Sidibé fut la relance de la filière coton dont les résultats catastrophiques en termes de production et faiblesse des cours mondiaux avaient significativement affecté l’économie malienne.
Durant la campagne agricole 1999-2000, les paysans maliens avaient décidé de boycotter la culture du coton, pour manifester leur désaccord sur les prix proposés aux producteurs. La conséquence fut une chute de près de moitié de la production après la récolterecord de 500.000 tonnes de coton graine réalisée une saison plus tôt. Cette diminution sensible d’un des principaux postes de recettes d’exportation du Mali, en même temps que l’or dont les cours étaient également orientés à la baisse, a un impact négatif sur les finances publiques. La réponse du gouvernement de M. Sidibé arrive sous la forme d’une loi de finances rectificative prenant en compte la nouvelle donne économique ainsi que les remèdes pour remettre la Compagnie malienne de développement textile (CMDT) à flot.
Plus qu’une revendication de quelques francs CFA de plus sur le kilogramme de coton, la bouderie paysanne était le signe d’une crise de confiance entre les producteurs et la société d’encadrement, qui avait fêté, un an plus tôt et en grandes pompes, le record de production de 500.000 tonnes et se retrouvait, quelques mois après, dans des difficultés financières. Pour dissiper le malentendu et re-motiver le monde paysan, le Premier ministre a pris l’initiative d’un forum réunissant l’Etat et les producteurs pour débattre de tous les problèmes de la filière coton et les mesures de relance dont la plus significative a été le relèvement du prix d’achat au producteur à 200 F.CFA.
Cette décision, combinée à une bonne pluviométrie en 2001, place le Mali dans la position de battre, cette année, son propre record de premier producteur de coton en Afrique au Sud du Sahara avec une prévision de récolte de 600.000 tonnes de coton graine. "La faiblesse des cours mondiaux de la fibre ne permet pas de tirer tout le bénéfice d’un tel résultat", note le chef du gouvernement malien, M. Mandé Sidibé, qui se réjouit, toutefois, du nouveau consensus entre l’Etat et les producteurs autour de la nécessité de la sauvegarde et du renforcement de la filière coton. Tout autant que le coton, le bond réalisé dans la production d’or, au cours des deux dernières années, est une autre bonne nouvelle pour l’économie malienne.
Avec 50 tonnes du métal précieux extraites par an, le pays confirme sa 3è place de producteur d’or en Afrique après l’Afrique du Sud et le Ghana. Les mines de Morila (la dernière en date et l’une des plus prometteuses), de Syama, Sadiola situées dans les régions Sud et Ouest du Mali ont dopé une production qui a presque doublé en moins de cinq ans, passant de 25 à 50 tonnes de production annuelle. Cette montée en puissance du secteur aurifère aurait pu avoir un effet d’entraînement plus substantiel sur les performances économiques n’eût été là aussi l’éternel casse-tête de la chute des cours. Un signe d’espoir a été noté ces dernières semaines avec, comme nous l’a révélé le chef du gouvernement malien, un frémissement à la hausse sur le marché mondial du prix de l’or. Mais comme d’une promesse fragile, M. Sidibé en parle avec précaution, en attendant que l’éclaircie se confirme.
Si cette tendance se confirmait, le Mali pourrait donner, dans les prochaines années, un nouveau coup d’accélérateur à l’exploitation de ses gisements d’or, avec l’atout supplémentaire que constitue désormais un secteur de l’énergie (les mines en sont grandes consommatrices) plus performant depuis la privatisation de Energie du Mali (EDM). La fourniture de l’électricité en qualité et en quatité a longtemps été une des entraves à la bonne marche de l’économie malienne. La CAN 2002 a été un test grandeur-nature de la capacité de EDM privatisée. Le pari a été tenu. Par ailleurs, l’éclairage public est une réalité à Bamako et dans de nombreuses villes intérieures. La société qui gère l’eau et l’électricité, après une expérience de délégation de gestion peu concluante avec la Société Groupement SHEC (consortium de sociétés françaises et canadiennes) a été finalement privatisée, avec SAUR international comme repreneur pour 60% du capital, les privés nationaux et sous-régionaux se partageant les 40% restants.
La filiale du groupe Bouygues, à l’adjudication, était arrivée devant les groupes AES Sirocco limited, Vivendi et SNC Lavalin ESKOM. Les télécommunications sont dans la même dynamique de réforme, souligne le Premier ministre, l’objectif de la libéralisation du secteur étant d’"offrir un service de qualité au plus grand nombre d’usagers et au moindre coût possible". Dans le domaine de la téléphonie mobile, la CAN a été l’occasion pour l’opérateur Malitel d’étendre sa couverture aux villes de l’intérieur choisies pour abriter la compétition.
Au plan d’ensemble, le tableau de marche du Mali montre un pays prêt à respecter " les grands rendez-vous de 2002 ". Le défi de la CAN a été brillamment relevé. Le dernier pari à gagner par le gouvernement, comme le demandait l’Assemblée nationale au nouveau Premier ministre en février 2000, c’est la bonne organisation des élections de 2002, avec pour premier rendez- vous le scrutin présidentiel du 28 avril prochain.
L’ONA : chercheur d’or en Afrique
Libération (Casablanca)
9 Avril 2002
Ismaïl Ghazi Idrissi
Avec l’inauguration de la mine d’or de Kiniero (Gobelé) en Guinée le 04 avril, la filiale d’ONA/Managem, via Semafo-Guinée/Semafo (Barbados) Ltd, passe du statut d’explorateur minier à celui du producteur d’or. Le rythme de production prévu sera de 60.000 onces d’or par an. La compagnie s’était déjà engagée à vendre une partie de la production des cinq prochaines années, soit 160.000 onces d’or, à un prix moyen de 292,50 dollars l’once. Le coût de cet investissement est estimé à 18,4 millions de dollars dont 15,4 millions de dollars concernent les frais d’exploration et de développement. La construction des installations d’exploitation a été partiellement financée, en septembre 2001, par un emprunt bancaire de 8 millions de dollars contracté au taux de 12% à échéance de 2004. Cet emprunt est garanti par Managem. En février 2002, la compagnie a obtenu un autre financement de 4 millions de dollars.
Semafo est arrivée à devenir une compagnie minière grâce à l’expertise technique et au support financier d’ONA/Managem, rappelle son président et administrateur Benoit La Salle. La signature d’une convention minière de 25 ans avec le gouvernement de la Guinée lui permettra de bénéficier des avantages fiscaux qui auront un effet important sur sa rentabilité.
Ce premier succès ouvre la voie à Semafo pour mettre en valeur ses autres propriétés déjà acquises dans différents pays de l’Afrique de l’ouest : Ghana, Burkina Faso, Mali et Niger. Elle poursuivra sa stratégie qui a consisté, dans un premier stade, à concentrer ses ressources financières et humaines sur les projets les plus avancés, à savoir la mine de Kiniero (Gobelé) en Guinée, inaugurée cette semaine, et la mine de Samira Hill au Niger. A elles deux, ces mines ont mobilisé près de 64% des investissements miniers réalisés à ce jour par le groupe. Comme on l’a cité plus haut, la mine de Kiniero en Guinée a nécessité un investissement de 18,4 millions de dollars.
Celle de Samira Hill au Niger a nécessité une somme de 21,2 millions de dollars. Avec le lancement du site aurifère Samira Hill au second semestre 2002, l’investissement nécessaire atteindra 26 millions de dollars pour une production annuelle de 1.135.000 onces. Le prix de vente retenu de l’once est de 280 dollars.
Pour les autres mines, la compagnie compte les développer en partenariat. Le total des investissements entrepris par Semafo en Afrique de l’Ouest s’élève à fin 2001 à 61,5 millions de dollars. En trois années, ils ont pu augmenter de 49,5 millions de dollars. Ces investissements sont constitués des droits miniers détenus en exclusivité, ou des participations indivises, sur des propriétés au stade d’exploration et de développement. Par pays, les actifs miniers se répartissent comme suit : 20,3 millions de dollars pour la Guinée ;
1,2 pour Ghana ; 3,5 pour Burkina Faso ; 7 pour Mali ; 0,33 pour la Côte d’Ivoire et 28,8 millions de dollars pour le Niger.
Le prix des ambitions aurifères de Semafo/Managem s’avère très élevé. Les capitaux mobilisés pour financer cette activité dévoreuse de fonds atteignent 76,8 millions de dollars desquels il faut déduire un montant de 25,6 millions de dollars à titre de déficits cumulés des trois dernières années. Il faut tenir compte, également, d’une perte de 702.549 dollars relative aux radiations des propriétés ne répondant plus aux objectifs stratégiques de la compagnie. En plus des risques, financiers et techniques, caractéristiques à toute activité minière, le risque politique présenté par l’Afrique, sub-saharienne en particulier, est un paramètre fondamental. Les filiales minières étrangères du groupe marocain sauront-elles maintenir le cap pour rentrer dans leurs fonds ? En tout cas, malgré le caractère aléatoire de ces opérations, cela n’a pas empêché des sociétés internationales de tous bords, spécialement celles cotées dans les bourses de Vancouver et Toronto, de tenter la chance dans le continent des risques.
Le Mali pourrait être le 3eme producteur d’or en Afrique
Panafrican News Agency
3 Août 2000
Bamako, Mali (Pana)- La production aurifère du Mali est estimée à 26,6 tonnes par an selon la direction nationale de la géologie et des mines, occupant ainsi la 4ème place après l’Afrique du sud, le Ghana et le Zimbabwe.
Mais avec la découverte récente et la mise en exploitation prochaine de la mine de Morila dans le sud malien, le Mali pourrait d’ici la fin de l’année prochaine, se hisser à la 3ème place a indiqué le directeur national de la géologie et des mines M. Ibrahim A. Kantao.
Selon lui, la mine d’or de Morila représente un investissement de près de 90 millions de dollars américains soit plus de 60 milliards de francs CFA.
La mine d’or de Morila a un potentiel de 150 tonnes d’or et une durée de vie estimée à plus d’une dizaine d’années pour un coût d’exploitation de 130 à 150 dollars américains l’once contre un coût réel mondial qui se situe entre 230 et 250 dollars des Etats Unis.
Avec l’adoption récente d’un nouveau code minier plus attractif et des réformes institutionnelles envisagées pour inciter les opérateurs économiques à investir dans le secteur, le Mali deviendra dans les prochaines années a précisé, M. Kantao, l’un des pôles importants du négoce de l’or au niveau du continent.
Toutefois, le directeur national des mines a suggéré l’érection de sa direction en établissement public à caractère administratif, un statut qui lui confère une plus grande autonomie de gestion et un dynamisme certain qui doit reléguer le rôle de l’Etat à un rôle de régulateur.
Le secteur minier est aussi un des plus grands pourvoyeurs des ressources financières de l’Etat malien avec près de 26 milliards de francs CFA versés au titre des taxes et impôts par la mine d’or de Sadiola au trésor public à partir de 1995.
Les prévisions de recettes pour l’Etat malien s’établissent à 150 milliars de francs CFA que doit générer durant ses 14 années de vie, la mine de Morila dont les travaux de mise en exploitation sont en cours.
Sur le plan de l’emploi et de l’appui aux communautés locales, la seule mine de Sadiola a octroyé près de 800 emplois en plus d’un fonds de 80 millions de francs CFA mis en place par la société, pour financer des petits projets de développement dans les villages situés dans sa zone d’action.
La direction nationale de la géologie et des mines a procédé, le 1er août dernier, au lancement d’une revue trimestrielle "info mines" pour offrir aux utilisateurs et opérateurs économiques des informations détaillées sur la situation des mines d’or au Mali.
Coton africain : hypothèques sur le futur
Le Soleil (Dakar)
12 Juillet 2002
Vincent Joguet
Le coton africain a deux ennemis : les fibres synthétiques et les subventions. Les premières sont produites dans les pays industrialisés. Elles se substituent au coton quand les cours de celui-ci vont mal. Les secondes sont également le fait des pays du Nord. En l’an 2000, 70% de la récolte mondiale de coton a bénéficié de subventions directes à la production. N’ayant pas les moyens d’intervenir pour soutenir leur secteur cotonnier, les économies africaines font face à une concurrence déloyale.
Ces faits et chiffres sont rapportés par Kazumi Seino, une ressortissante japonaise dans un travail de fin d’études intitulé " la mondialisation écrasera-t-elle les cotonniers de l’Afrique de l’Ouest ? " et soutenu à la Chambre de commerce et d’industrie de Paris dans le cadre d’un diplôme approfondi de Français des Affaires Si les cours ne se relèvent pas rapidement et de façon durable, l’Afrique francophone risque d’être exclue du marché du coton. Au grand dam des 16 millions d’Africains qui vivent de revenus cotonniers.
Depuis le début de l’année 2001, les cours du coton sur le marché international ne cessent de baisser. En 10 mois, le coton a perdu 42% de sa valeur à la bourse de New York. Et en 6 ans, son prix a été divisé par deux. Cette situation découle d’une mauvaise adéquation entre l’offre et la demande. Alors que la première augmente fortement, la seconde qui subit le ralentissement économique international, ralentit. Le coton est donc trop abondant et moins de filateurs désirent en acquérir. Automatiquement, l’ajustement se fait par la baisse de son prix. La situation est inquiétante pour les pays africains dont certains comme le Mali, le Burkina Faso ou le Bénin tirent la majorité de leurs recettes d’exportation de l’exploitation cotonnière.
SURPRODUCTION ET SUBVENTIONS
La chute des cours du coton date de 1997. A cette date, l’Asie rentre en crise et les importations chinoises se réduisent. Pour que la consommation de coton progresse, il faudrait un taux de croissance économique mondial de 2%. Or, en 2001, il n’a atteint que 1,5%. Les prévisions du Comité consultatif international du coton indiquent un cours moyen de 57,2 cents la livre en 2000-2001 et 46 cents en 2001-2002. Le prix de revient du coton africain, parmi les plus compétitifs du monde, tourne autour de 50 cents. Le prix de vente est donc inférieur au prix de revient. Si la crise s’installe durablement, les producteurs africains se verront éjecter du marché. Les conséquences économiques et sociales seraient désastreuses. En Afrique francophone, ils sont près de 16 millions d’individus à vivre du coton. La production internationale de fibres de coton a été multipliée par près de 3 en 50 ans. La récolte 2001/02 avoisinera 21 millions de tonnes de fibres, soit une augmentation de 10% par rapport à l’an dernier. Le secteur a bénéficié des améliorations techniques et des progrès technologiques en matière de ramassage, égrenage, intrants Dans le même temps, la demande ralentie et, paradoxalement, la baisse des cours ne pousse pas à la consommation. Il semblerait qu’une rigidité du marché empêche celui-ci de s’ajuster à un niveau raisonnable. Face à une telle situation, l’offre devrait se réduire pour relancer la machine. Organisés, les pays producteurs de pétrole se réunissent à chaque crise pour décréter des quotas de production à ne pas dépasser afin que le marché s’ajuste de façon raisonnable. Le secteur cotonnier désorganisé réagit à l’inverse du marché. Confrontés à une crise due à une offre excessive, comme c’est le cas depuis quelques années, les producteurs continuent de produire, aggravant la crise !
La cause principale de cette surproduction, qui s’élèverait à 1 million de tonnes de fibres, provient des subventions accordées par les pays du Nord aux producteurs de coton. En 2000, le montant des subventions américaines au secteur cotonnier est estimé à 4,2 milliards de dollars, soit près de 3000 milliards de Fcfa ! Les producteurs américains reçoivent 52 cents par livre de coton de la part de l’Etat fédéral, l’équivalent du prix de revient du coton africain qui ne bénéficie, lui, d’aucune subvention ! En Europe, où la production est marginale (2% de la production mondiale), les producteurs grecs et espagnols reçoivent 60 cents par livre de l’Union européenne (Ue). En l’an 2000, 70% de la production mondiale bénéficiait de subventions directes à la production. Les producteurs des pays du Nord s’inquiètent peu de l’état du marché car ils en sont déconnectés. Ils ne produisent pas pour vendre mais pour recevoir les subventions de l’Etat. Ce qui fait dire au président Wade dans Le Monde du 14 novembre 2001 : " les cours mondiaux sont artificiellement bas ce qui aboutit à la marginalisation de l’agriculture des pays du Sud ".
LES QUINZE AU SECOURS DES AFRICAINS ?
En Afrique de l’Ouest où les subventions sont nulles, les coûts de production ont été maîtrisés, le coton est de qualité et les sous-produits sont valorisés. L’Afrique francophone, qui ne consomme que 5% de sa production, est le 2e exportateur mondial en 2001, derrière les Etats-Unis.
La crise actuelle est injuste pour cette partie du monde et va à l’encontre des mesures internationales en matière d’organisation du commerce. Les pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre ont d’ailleurs décidé récemment de saisir l’organe de règlement des différends de l’Organisation mondiale du commerce (Omc). Ils entendent ainsi dénoncer le non-respect des réglementations internationales par les grands producteurs que sont les Etats-Unis, l’Europe, l’Australie et la Chine. Alors que le déficit cumulé estimé de la crise actuelle des filières cotonnières en Afrique francophone s’élève à 111,5 milliards de Fcfa, l’Ue subventionne son coton pour un montant cinq fois supérieur !
Pourtant l’Union européenne devrait jouer un rôle de soutien de la filière cotonnière africaine comme le suggère Kazumi Séino. Même si elle juge sa réalisation peu probable, elle estime que la bouffée d’air pourrait venir des Quinze. Avec l’appui des accords de coopération, les cotonniers africains pourraient disposer d’une partie de la manne offerte par l’Union européenne aux producteurs espagnols et grecs subventionnés au-dessus du prix actuel du marché. Bien ciblée, cette aide permettrait véritablement de faire progresser le développement du continent. Mais il ne s’agit là que d’une hypothèse, qui pour l’instant paraît bien d’école.
Le paysage cotonnier international a énormément évolué depuis 50 ans. Premier producteur mondial avec 50% de la production et 40% des superficies cultivées, les Etats-Unis ne produisent plus que 21% de la production totale et se contentent de partager la 1ère place avec la Chine. Ces chiffres rapportés dans l’étude, indiquent l’évolution vécue par l’Afrique francophone qui n’émerge en tant que producteur que dans les années 90.
Du côté de la demande, les consommateurs ne sont plus les mêmes. Dans les années 50, l’Europe consommait 35% du marché et les Etats-Unis 30%. Aujourd’hui, la consommation, multipliée par 3, est le fait de la Chine, de l’Inde et du Pakistan. A eux trois, ils représentent 60% de la consommation mondiale de fibres de coton. Cette situation découle de la délocalisation des filatures, traditionnellement implantées en Europe, notamment en France, en Allemagne et au Royaume-Uni. Les pays asiatiques émergents où le coût des facteurs de production est beaucoup plus faible se sont emparés du secteur à partir de la fin des années 60.
Moins de 30% de la production mondiale de coton est exportée. Les disparités sont énormes. Alors que l’Afrique francophone ne garde que 5% de sa production, les grands pays producteurs que sont la Chine, l’Inde et le Pakistan consomment la quasi-totalité de leur coton. Les Etats-Unis sont le 1er exportateur de la planète avec 32% des ventes mondiales.
Pour qui brille l’or malien ?
Américains, Anglais et Sud-africains profitent de l’or plus que les Maliens - Anglogold-Ashanti, Rangold, Iamgold ! Vous connaissez certainement. Ce sont là les trois plus grosses sociétés minières du monde. Elles sont toutes trois, aujourd’hui présentes au Mali depuis près de 15 ans pour certaines d’entre elles. Elles ont en commun d’être des spécialistes en matière de recherche, d’exploitation et de commercialisation d’or. Leur arrivée a hissé le Mali à un rang très enviable de troisième producteur d’or en Afrique.
Grâce à ces trois compagnies, le Mali tâte des deux mains, ce métal dit jaune que la clameur populaire associe aux Djin. Est-il besoin de le dire ? La gigantesque œuvre abattu pour qu’il en soit ainsi est loin d’être une équipée de philanthropes. Et pour cause ! En arrivant au Mali, elles sont venues avec, dans leurs valises, des millions de dollars. Par exemple, Anglogold a investi au Mali plus de 8 millions de dollars.
Le secteur de l’or est celui qui a attiré les plus gros investissements au Mali. Il convient également d’ajouter à ce décor, les milliers d’emplois créés -plus de 1 300 pour la seule Anglogold- auxquels il faudrait conjuger les employés de leurs sous-traitants. Ce chiffre est sans commune mesure avec les 42 000 employés en Afrique du Sud. Mais, dans un pays comme le nôtre, le nombre d’emplois créés a son pesant… d’or et d’influence.
Par ailleurs, toutes ces sociétés se vantent des réalisations socio-économiques qu’elles ont faites au profit des riverains des mines.
Mais, jamais dans leurs discours, il n’est question de leurs identités réelles. Encore moins de ce qu’elles gagnent dans l’exploitation de l’or au Mali.
Qui sont-elles ? Que gagnent-elles au Mali ? Autant de questions dans lesquelles se trouve un début de réponse à la lancinante interrogation battue en brèche : « Pour qui brille l’or du Mali ? » C’est ce coin du voile que viennent de lever les enquêteurs de la Fidh dont nous publions d’ailleurs, par jet, (voir notre dernière édition) le rapport d’enquête au Mali dont la seconde partie en pages 4 et 5.
Selon donc ce plus que sulfureux rapport, 63 % du capital d’Anglogold-Ashanti sont détenus par des investisseurs américains et britanniques dont 43 % appartiennent à la société Anglo Américan et à la banque américaine, Bank of New-York. Les capitaux sud africains représentent, quant à eux, 23 % dans Anglogold, les Européens 9 % et le gouvernement du Ghana seulement 3,4 %. Pour ce qui de sa sœur Rangold, son capital est détenu à 78 % par de gros investisseurs américains et 25 % par de petits investisseurs tous américains.
Ce qu’Anglogold gagne au Mali représente seulement 8 % de sa part au plan mondial. Mais, ramener dans le contexte malien, le chiffre est on ne peut plus faramineux. De fait, pour la seule année 2005, l’or du Mali, notre or, a rapporté à la société Anglogold 70 millions de dollars, soit plus de 35 milliards Fcfa. Ce gain était presque de moitié en 2004. C’est-à-dire l’année précédent 2005. Mais en 2003, Anglogold avait tiré de l’or malien 72 millions de dollars. Pour une société qui n’a investi que 8 millions de dollars pour l’exploitation de notre or, la mesure du bénéfice crève l’œil. Pas étonnant ! Lorsqu’on sait que le Code minier, voté par l’assemblée nationale du Mali plafonne la participation de l’Etat malien à 20 % et autorise, par la même occasion, que la majorité des capitaux de nos mines soient détenus par des étrangers. C’est ainsi qu’Angologold détient 38 % du capital de Sadiola, 40 % des mines de Morila et Yatéla. Sa jumelle qui est Rangold détient elle aussi 38 % à Sadiola et 40% à Morila et Yatéla et 80% à Loulo.
Vous avez donc compris ce pourquoi et le comment l’or malien profite plus aux Américains, aux Anglais et autres Sudafricains que notre auguste nation.
Bof ! La clé de répartition du capital a été imposée à notre pauvre pays par la Banque mondiale. Un réservoir de sous inépuisable qui, par surcroît, se trouve être, à ce jour, un fervent partisan de la révision de notre Code minier. Espérons seulement que ce sera pas dans le sens de réduire les 20 % de part pour le Mali. Espérons enfin que ce ne sera pas pour offrir davantage d’exonérations fiscales à des sociétés minières étrangères qui, non contents de ce qu’elles tirent de notre or ont chaque réussi à obtenir de notre Etat qu’il renonce à percevoir à ses profits : impôts et taxes. Toutes choses qui ne figure nulle part dans le calcul de leurs exorbitants bénéfices. Jusqu’à quand ?
Belco TAMBOURA