Le 22/01:2009
Depuis trois jours, la population travailleuse de Guadeloupe est en révolte : émeutes et barricades.
C’est la grève générale contre la vie chère !
POINTE-À-PITRE (AFP) — Des barricades constituées de détritus, poubelles renversées, pneus usagés, gravats et branchages, ont été érigées aux premières heures de jeudi, au troisième jour de la grève générale qui affecte la Guadeloupe contre la vie chère.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, les pompiers ont été amenés à intervenir dans plusieurs communes de l’île et à quatorze reprises à Pointe-à-Pitre pour des feux de poubelles ou de voitures.
Selon leur état-major, ils ont été caillassés plusieurs fois et souhaitent dorénavant intervenir sous la protection des forces de l’ordre.
Le préfet de la Guadeloupe, Nicolas Desforges, a convié le collectif "contre l’exploitation outrancière" ("kont pwofitasyon"), constitué d’une cinquantaine de syndicats, partis politiques et associations culturelles, à une table ronde jeudi après-midi en préfecture.
Le collectif ne s’était pas rendu mercredi à la "réunion de travail" à laquelle les avaient conviés les présidents des conseils général et régional, Jacques Gillot et Victorin Lurel, et le président de l’Association des maires, Jean-Claude Malo.
Evoquant jeudi matin, sur Radio Caraïbes Internationale (RCI), les "blocages de routes" et l’envahissement la veille de l’aérogare internationale de Pointe-à-Pitre par environ 500 manifestants, M. Lurel a affirmé que "ce n’est pas ça qu’il faut attendre d’un mouvement d’une telle ampleur : ça devient quelque chose d’ingérable", a-t-il estimé.
Parallèlement à la grève générale, les 115 stations-services de l’île sont fermées depuis lundi, leurs gérants exigeant l’arrêt de toute nouvelle implantation.
« Dans notre situation, marquée par un chômage massif [1], l’emploi précaire et les licenciements dont les femmes sont particulièrement victimes, la hausse du coût de la vie touche toutes les catégories sociales et plus durement encore ceux qui ont peu de ressources financières. Les conséquences aujourd’hui sont un appauvrissement et un surendettement entraînant l’impossibilité de payer les loyers, les charges, les impôts et de subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille », explique l’Union Générale des Travailleurs de Guadeloupe (UGTG), signataire d’un appel à la grève reconductible lancé par une cinquantaine d’organisations syndicales, politiques et associatives qui ont élaboré une plateforme commune contenant douze points de revendications :
• La baisse immédiate de 50 centimes du prix des carburants • La baisse des prix de tous les produits de première nécessité et de tous les impôts et taxes • Une augmentation du salaire minimum de 200 € nets • La baisse du prix de l’eau et des transports de passagers • La titularisation de tous les précaires publics et privés • Le reversement des sommes abusivement perçues par la SARA [2] et les Collectivités dans un fonds destiné à la formation et à l’emploi des jeunes et à l’organisation d’un véritable service des transports de passagers • La restitution par la SARA des 3 millions d’€ versés par l’Etat et les Collectivités • La création, en remplacement de la SARA, d’un service public d’approvisionnement et de distribution des carburants garantissant la transparence, la qualité et l’accès à un carburant au meilleur coût • La sauvegarde du patrimoine de l’Hôtel Kalenda et le reclassement de tous les salariés de Kalenda et Anchorage • Le développement de notre production afin de satisfaire les besoins de la population • Le droit à l’éducation et à la formation pour la jeunesse et les travailleurs de notre pays • La priorité à l’embauche et aux postes de responsabilité pour les Guadeloupéens et le refus du racisme à l’embauche.
Privés ou publics, les secteurs de l’éducation, des transports, du bâtiment, de la santé, du tourisme, de l’hôtellerie, de l’électricité ou de l’eau sont touchés. Même le Pôle Emploi est en grève. Des rassemblements, des occupations et des opérations escargot s’organisent. En face des grévistes, les forces de l’ordre ont reçu la consigne de s’opposer à tout barrage, occupation ou tentative de blocage de la circulation.
En deux jours le mouvement s’est durci et, selon « Kont pwofitasyon », ne s’arrêtera pas tant que les revendications ne seront pas satisfaites.
[1] On rappelle que la plupart des statistiques officielles sur le taux de chômage ou le nombre de RMIstes éludent généralement les DOM, les chiffres jetés en pâture à l’opinion publique ne concernant que la sacro-sainte métropole afin d’avoir l’air nettement plus reluisants.
[2] La SARA (Société Anonyme de Raffinerie des Antilles), qui approvisionne en produits pétroliers la Guadeloupe, la Guyane et la Martinique, est désignée comme principale responsable des prix élevés du carburant.
Une foule énorme a afflué hier dans les rues de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe. Entre 20 000 manifestants, selon la police et 65 000, d’après l’Union générale des travailleurs guadeloupéens, venus de partout, ont répondu à l’appel du collectif Liyannaj kont pwofitasyon (mouvement contre l’exploitation outrancière) en grève « contre la vie chère et pour le pouvoir d’achat ». Une mobilisation inédite sur l’archipel paralysé depuis le 20 janvier. Le collectif qui fédère quarante-sept partis, organisations syndicales, associatives et culturelles a fait la démonstration qu’il pouvait fortement peser dans les négociations.
Dans une plate-forme de 146 points de revendication déclinés sous dix thèmes dont certains jugés prioritaires, le collectif réclame « tout de suite » le relèvement d’au moins 200 euros des bas salaires, retraites et minima sociaux. Les négociations, entamées lundi (retransmises en direct sur RFO et Canal 10) entre les représentants du collectif, de l’Etat, des collectivités et des exécutifs locaux ainsi que des socio-professionnels ont tourné court mercredi.
Réquisition. Les gérants des stations-service, qui ont lancé, le 19 janvier, un mouvement de grève parallèle exigent, eux, le gel de toute nouvelle implantation. Les 115 stations-service sont fermées au public mais huit d’entre elles sont réquisitionnées pour les véhicules prioritaires. « Le problème, c’est l’essence. On est pratiquement confinés. On ne sort qu’exceptionnellement », reconnaît Rudy, un gaillard de 34 ans. Cet artisan électricien des Abymes a pu recharger son réservoir grâce à la débrouille. « J’ai pu travailler deux jours grâce à un client qui possède des camions et sa propre pompe à essence. Mais il ne peut plus me fournir. Alors, je vais rester à la maison. Pour l’alimentation, il y a encore une petite boutique qui a un peu de stock. Et on mangera les bananes du jardin… » Et tous les moyens sont bons pour trouver du carburant. Les moins scrupuleux siphonnent des véhicules en perçant les réservoirs et les plaintes ne cessent d’affluer dans les commissariats. Pour la plupart des automobilistes, le dernier plein remonte au 17 ou 18 janvier.
Les bus ne circulent plus, les établissements scolaires, l’université, les hypermarchés, des administrations et la plupart des entreprises et commerces sont fermés, les touristes immobilisés dans les hôtels, les agriculteurs et éleveurs à la peine : la Guadeloupe est au point mort. Jarry, quartier de Baie-Mahault, cœur des affaires, de l’industrie et des services, est quasiment désert. L’activité portuaire est ralentie par une grève des douaniers. Mais si les avions ont parfois du retard, les vols long-courriers sont normalement assurés. A Pointe-à-Pitre, les rares commerçants qui se risquent à ouvrir sont régulièrement « invités » à baisser leur rideau par des groupes de manifestants intimidants. A Basse-Terre, la préfecture, comme à Pointe-à-Pitre, les rues portent les stigmates des derniers débordements : poubelles renversées et carcasses de voitures brûlées.
Solidarité. Le Medef a fait ses comptes : chaque jour de grève est estimé à une perte de 20 millions d’euros. « Le gros point d’interrogation est de savoir de quoi demain sera fait », résume Odile, chef d’une petite entreprise de communication. Directrice d’école, Monette, solidaire du mouvement, évoque un moment « historique » et ne croit pas au pourrissement de la situation. La crainte est, en effet, que le conflit s’enlise et que la tension, palpable, monte d’un cran.
Cageots. Comme toujours, face au manque, la solidarité s’organise entre amis, parents et voisins. Des producteurs et des éleveurs proposent des opérations avantageuses aux consommateurs. Mercredi, un maraîcher de Saint-François, au bout de la Grande-Terre, a invité la population à venir cueillir des produits frais. A 10 euros le cageot de tomates, les gens se sont rués dans ses champs dès 5 heures du matin.
Aujourd’hui, les négociations pourraient reprendre. Mais un accord ne réglerait pas l’épineux problème du combustible confisqué par des gérants de stations déterminés.
SOLIDAIRES DU PEUPLE GUADELOUPEEN ! Vendredi, 30 Janvier 2009 14:47 Un puissant mouvement social et populaire se développe en Guadeloupe depuis le mois de décembre dernier avec Liyannaj Kont Pwofitasyion. Quarante-neuf organisations syndicales, politiques, populaires, culturelles et sportives s’élèvent contre la vie chère, les bas salaires, les retraites et les minima sociaux misérables, les licenciements, le chômage. Par leur action, ces organisations ont obtenu l’adhésion de la majorité des travailleurs et du peuple guadeloupéen pour une grève générale commencée depuis le 20 janvier et qui va en s’amplifiant.
Ce mouvement est repris dans toutes les communes, dans de très nombreuses entreprises tant industrielles que commerciales et agricoles et aussi dans diverses administrations. On note quotidiennement de gigantesques défilés et rassemblements avec des manifestants enthousiastes et pacifiques.
L’Etat français par son représentant le préfet, se refuse, suivant les ordres de son ministre à répondre aux légitimes revendications et mise sur le pourrissement du mouvement. Une campagne de dénigrement est à l’œuvre pour critiquer les 123 points de revendications et l’exigence d’une négociation globale et transparente. De nombreux renforts de forces de répression venant de France arrivent en Guadeloupe.
Le préfet vient d’annoncer son départ de la table de négociations tandis qu’Yves Jégo, menace de faire respecter « l’ordre républicain » qui n’a jamais été menacé. Ce même Jégo se refuse à venir en Guadeloupe négocier tandis qu’il se rend, comme en provocation à la Réunion. Les grévistes et manifestants guadeloupéens ne sont pas des terroristes, ne sont pas des preneurs d’otages, ne sont pas des casseurs. Ils sont dans une démarche unitaire, responsable et exemplaire visant la construction d’une société de justice sociale, de dignité et de responsabilité dans leur pays. Des revendications qui par ailleurs concernent les masses laborieuses de la Martinique.
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Environ 8.000 manifestants selon la préfecture, plus de 10.000 selon des journalistes sur place, ont parcouru les rues de Pointe-à-Pitre samedi, au cinquième jour de la la grève générale “contre la vie chère” qui paralyse la Guadeloupe depuis mardi. Tout au long d’un parcours de plusieurs kilomètres, les manifestants scandaient en chantant “La Gwadloup sé tan nou, la Gwadloup a pa ta yo : yo péké fè sa yo vlé an péyi an-nou” (La Guadeloupe nous appartient, elle ne leur appartient pas : ils ne feront pas ce qu’ils veulent dans notre pays). Aucun incident n’a été signalé. Le Collectif contre l’exploitation outrancière (”Lyannaj kont pwofitasyon”, LKP) qui regroupe la quasi-totalité des syndicats insulaires ainsi que des partis politiques et associations culturelles, a accepté de participer samedi après-midi à une table ronde organisée par le préfet, Nicolas Desforges. Les présidents des Conseils régional et général, les parlementaires et le patronat local ont confirmé leur participation à cette première prise de contact depuis le début de la grève générale organisée par le LKP.
France Infos, 24 janvier 2009
Depuis mardi 20 janvier, la Guadeloupe vit au rythme d’une grève générale initiée par un collectif d’une cinquantaine d’organisations syndicales, politiques et culturelles qui, au nom de la lutte “contre la vie chère”, a établi un programme de 120 revendications.
Les 115 stations-service de l’île sont fermées. Des écoles, magasins et centres commerciaux sont fermés. Des services publics ne sont plus assurés, du ramassage des ordures aux transports routiers de voyageurs. Des délestages privent d’électricité, deux heures durant, des tranches de 20 000 abonnés non prévenus. Des coupures d’eau sont engendrées, selon la Générale des eaux, par “des actes de malveillance perpétrés sur le réseau“.
Le cahier de revendications du “Lyannaj kont pwofitasyon” (Collectif contre l’exploitation outrancière) réclame notamment “un relèvement immédiat et conséquent d’au moins 200 euros des bas salaires, des retraites et des minima sociaux“, celui du smic et “des salaires du secteur privé, des traitements de la fonction publique, du minimum vieillesse, des minima sociaux“, “un salaire minimum guadeloupéen calculé sur le coût réel de la vie en Guadeloupe“, une “baisse significative de toutes les taxes et marges sur les produits de première nécessité et les transports” et “des taux de la taxe sur les carburants“, la “suppression de la taxation des produits locaux“, le “gel des loyers pour une période indéterminée“, “l’arrêt des saisies immobilières des propriétés des guadeloupéens et la restitution des biens“.
Au total, ce sont 120 revendications dont le Collectif exige qu’elles soient négociées “en un seul lieu” avec “l’Etat, les collectivités territoriales majeures et le patronat” local. Pour Willy Angèle, président de la fédération locale du Medef, “les problèmes de société ne se règlent ni dans la rue ni par décret“.
Mais les très activistes, centrales syndicales indépendantistes UGTG (51,67 % des voix aux prud’homales) et CTU (8,57 %) et la plus modérée CGTG (19,83 %), dirigée par un militant trotskiste, ont réussi à fédérer FO et la CFDT (7,24 % et 5,35 %), la CFTC et l’UNSA (3,61 % et 2,16 %), la FSU (1,41 %) et les syndicats d’enseignants, l’ensemble des syndicats de paysans producteurs de cannes à sucre, le PC guadeloupéen et les Verts, en s’adjoignant environnementalistes et associations de “carnavaliers” identitaires.
Les présidents des conseils général et régional, le député (PS) Victorin Lurel et le sénateur (app. PS) Jacques Gillot, craignent que les préalables de négociation posés par le Collectif ne traduisent une volonté de “marginaliser les élus” et de faire avancer des revendications statutaire qu’eux-mêmes renvoient à un futur lointain ou n’envisagent qu’à pas comptés.
Le 24 janvier
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Les organisations politiques martiniquaises soussignées solidaires de la lutte du peuple guadeloupéen
Réclament le retrait des troupes supplémentaires venues intimider et réprimer le mouvement social :Non à une nouvelle répression sanglante comme celle de mai 67 en Guadeloupe !
Exigent le retour du préfet et des représentants de l’Etat français à la table pour une négociation globale et transparente.
Appellent le peuple martiniquais à la vigilance et à la solidarité avec la lutte du peuple guadeloupéen.
Appellent les martiniquaises et martiniquais à un
rassemblement de solidarité :
LUNDI 2 FEVRIER à 18h PLACE ABBE GREGOIRE
aux TERRES SAINVILLE FORT DE FRANCE
Combat Ouvrier (C.O), Groupe Révolution Socialiste (GRS), MODEMAS,Mouvement Populaire Franciscain (MPF), Mouvement Populaire pour la Résistance offensive Martiniquaise (MPROM), Parti pour la Libération Martiniquaise (PALIMA),Parti Communiste Martiniquais (PCM), Pati Kominis pou Lendépandans ek Sosialism (PKLS), Parti Progressiste Martiniquais (PPM), Rassemblement Démocratique pour la Martinique (RDM).
MARTINIQUE
ouze syndicats martiniquais regroupés au sein d’une intersyndicale lancent un appel à la grève générale pour le jeudi 5 février 2009. Pour cette intersyndicale (CDMT, CFDT, CFTC, CGTM, CGTM-FSM, CSTM, UGTM, UNSA, CFE-CGC, FSU, SMBEF et SUD-PTT), il s’agit de créer "un rassemblement pour un puissant mouvement d’ensemble pour exiger une véritable amélioration de nos conditions de vie et de travail".
Dans un communiqué, elle qualifie la situation en Martinique d’"extrêmement critique". Selon l’intersyndicale, "70 000 Martiniquais vivent en dessous du seuil de pauvreté et le pouvoir d’achat ne cesse de diminuer" alors que l’on assiste à une "multiplication des licenciements et de la précarisation". Une situation qui "touche les salariés de tous les secteurs d’activité et de toutes les catégories, les retraités, les chômeurs et les personnes à handicap", indique encore l’intersyndicale.
Par ailleurs, les organisations membres de l’intersyndicale ont élaboré une "plate-forme revendicative en onze points". La plate-forme revendicative, accompagnée d’une demande d’audience, a été adressée, mardi, aux présidents des conseils général et régional, de l’association des maires ainsi qu’au préfet de Région, selon un responsable syndical.
Dans la perspective de la grève générale, certaines grandes surfaces et stations d’essence ont été prises d’assaut dès mardi soir, à Fort-de-France notamment. Plusieurs mairies ont annoncé la fermeture, jeudi, des services de garderies et de restauration scolaire, voire de tous les services communaux en solidarité avec la grève générale.
suite à venir ...