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Editorial 22-12-2008 - La force, ce sont les travailleurs

samedi 20 décembre 2008, par Robert Paris

LA VOIX DES TRAVAILLEURS

« Travailleurs de tous les pays unissez-vous »

Karl Marx

Nous, travailleurs, avons les moyens de les faire reculer

Le gouvernement vient de reculer face à la mobilisation de la jeunesse. Il a renoncé à sa « réforme » du lycée, alors qu’il claironnait qu’il ne reculerait jamais devant une réforme. « C’est reculer pour mieux sauter », a dit le ministre Darcos. Mais tout le monde a vu dans ce recul la crainte que le mouvement de la jeunesse soit l’étincelle qui enflamme la situation sociale, comme en Espagne, en Italie et surtout comme en Grèce.

Tiens, tiens, le gouvernement craindrait-il un coup de colère de la classe ouvrière ? Ce n’est certainement pas les actions en ordre dispersé de ces derniers mois, mises en scène par les directions syndicales, qui l’amènent à une telle crainte. Non, le gouvernement français comme tous les autres de la planète, savent quelle est l’étendue de la crise et combien elle va frapper la classe ouvrière et tous les milieux populaires. Ils savent qu’il ne s’agit pas d’une crise conjoncturelle ni même des répercussions d’une simple crise financière mais bien d’une crise qui remet fondamentalement en cause le système capitaliste. Ils savent que cela ne manquera pas de provoquer des réactions violentes et ils craignent que ces mouvements ne mettent en cause le pouvoir de la classe dirigeante. Ils se préparent à faire durement payer les travailleurs et essaient de le faire petit à petit pour instiller de la soumission plutôt que de provoquer des révoltes.

Cette crainte a déjà amené le gouvernement à inonder les capitalistes à coups de milliards afin qu’ils retardent des annonces de licenciements, et à proposer un allongement de la durée de chômage partiel. Le chômage partiel est ainsi devenu un moyen de cacher la menace des suppressions d’emplois qui touche les entreprises. De même, les prétendus « départs volontaires » cachent les plans sociaux et les licenciements. L’Automobile s’est mise en congé en décembre et pourrait bien y rester ensuite… C’est déjà le cas de Goodyear ou de Toyota qui refusent d’annoncer une date de reprise et certains équipementiers en ont fait autant. Bush vient encore de distribuer 17,4 milliards de dollars aux patrons de l’Automobile et l’Etat canadien a complété pour atteindre les 20 milliards de dollars. Mais la condition qu’ils imposent, c’est la réduction drastique des salaires et des retraites des travailleurs ! Et il n’y a aucun engagement des trusts automobiles en ce qui concerne les licenciements, les fermetures d’usines ou le chômage partiel.

Ces distributions massives de fonds ne font que reporter l’effondrement économique inévitable du capitalisme. Ce système a atteint ses limites et ne peut repartir sur des aides étatiques. Les « avoirs pourris » sont loin d’être éliminés des circuits financiers comme le montre la dernière affaire Madoff, avec ses 50 milliards de pertes. C’est toute l’économie capitaliste qui est devenue une gigantesque affaire Madoff ! Les milliards distribués par Bush ou Sarkozy servent à pallier, momentanément, l’incapacité du capital privé de faire du profit. Sarkozy a distribué ou s’apprête à distribuer 366 milliards d’euros. Payés par 17 millions de foyers fiscaux, c’est comme si chaque foyer fiscal imposable avait fait cadeau 21.000 euros aux capitalistes pour les remercier d’avoir spéculé !

Si Sarkozy s’en était servi pour aider les plus démunis, il aurait distribué un million d’euros par SDF ! Rien à voir avec la misère des 200€ pour les nouveaux titulaires du RSA !

Et ces cadeaux sur fonds publics se paient : au même moment, le gouvernement réduit toutes les aides sociales, tous les services publics, réduit l’hôpital public à la portion congrue, supprime des emplois d’enseignants, attaque les services publics de la poste et du rail, etc…

Il faut reconnaître qu’il est aidé par les directions syndicales qui se gardent de mobiliser ensemble les travailleurs. Ceux qui se prétendent une direction de la classe ouvrière se refusent à unir, dans les revendications et dans la rue, les travailleurs des entreprises qui licencient, des services publics attaqués, les licenciés, les privatisés, les délocalisés, les cheminots, les salariés de l’Automobile et ceux de la vente à domicile, de l’Hôpital public et de la construction, de l’audiovisuel ou des banques !

Comme en Juin 36 et en Mai 68, les travailleurs n’ont pas à attendre les centrales syndicales pour s’unir dans la lutte. Ni en juin 36, ni en mai 68, les directions syndicales n’ont appelé à la grève générale, contrairement à ce que beaucoup imaginent. Plus que jamais, ne faisons aucune confiance à ces prétendus sauveurs. Travailleurs, sauvons-nous nous-mêmes.

Messages

    • Ce qui compte c’est que nous touchions les travailleurs du rang. Et cela j’ai pu le vérifier, car en discutant avec un ouvrier de l’industrie à la retraite depuis 25 ans dans un village Basque, il m’a spontanément parlé de 68 et de l’unité des ouvriers dans la grève. Il m’a dit ne pas comprendre la division actuelle des syndicats : "on voit des manifs et des grèves, mais un coup c’est Paul, un coup Pierre et un autre Jacques.
      La discussion était détendue car c’est la famille et ce qui est remarquable c’est la préoccupation autour de la crise parmi des milieux ouvriers,employés (agricole ou industrie, actif ou non) assez peu politisés même si certain ont des expériences de luttes.
      L’hostilité au gouvernement (Sarkozy en tête) est forte et personne ne parle de la gauche comme une alternative (au contraire).
      La seule idée défendue contre la crise, était celle d’une grève générale type 68 avec occupation des usines !
      Quand j’ai fait allusion au retraite qui sont en péril car l’argent n’est pas plus protégé qu’ailleurs, alors l’ancien m’a dit qu’il descendrait en ville avec le fusil de chasse et la fourche.
      Dans la région des Landes (Sud Ouest), des conserveries (industrie agroalimentaire)ferment ou licencient et les menaces de restructuration sont très fortes dans cette branche importante.
      Dans le secteur du batiment, il y a une baisse importante de l’activité et les boites d’intérim laissent les travailleurs sans mission pendant des semaines.
      Il s’agit bien d’une crise qui pourrait rapidement débouché sur une crise sociale d’ampleur et il faut dejà essayer de rendre compte de cette situation générale dans nos écrits.
      Mais c’est aussi une crise des organisations traditionnelles ouvrières qui n’ont rien à dire ou presque, car elles essayent d’entrainer les travailleurs sur des impasses en remettant au gout du jour le patriotisme économique.
      Du coup, les gens s’y intéressent très peu et nous devons nous exprimer le plus directement vers les ouvriers et les couches moyennes en essayant d’éclairer au mieux les problèmes, de les lier pour commencer à s’organiser nous même indépendamment des bureaucraties syndicales.
      Max

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