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Les fausses interprétations du fascisme et la vraie
mercredi 11 juin 2025, par ,
LES FAUSSES INTERPRETATIONS DU FASCISME ET LA VRAIE
0°) Il y a une tendance erronée à considérer un phénomène social et politique comme le fascisme comme on considère à tort un phénomène physique, c’est-à-dire comme un objet inerte, sans dynamique, sans dialectique des contraires, sans changement brutal, en somme comme une chose inerte qui peut seulement casser mais pas réellement se transformer ou transformer le monde. Le fascisme n’est pas une chose mais un phénomène émergent et dynamique qui ne peut pas être combattu simplement en disant qu’on est contre mais en développant une autre dynamique réelle. Le fascisme ne peut pas exister (la formation d’une masse de gens révoltés, paupérisés et militarisés sous la domination des fascistes écrasant le prolétariat) sans la dynamique capable d’être extraordinairement agitée et porteuse de changements radicaux potentiels de la lutte des classes, tout comme le nuage ne peut pas exister (des tonnes d’eau ne tiendraient pas en l’air) sans la dynamique capable d’être extraordinairement agitée et porteuse de changements radicaux potentiels de l’agitation moléculaire et que l’atome (et même la particule matérielle) ne peut pas exister (une somme de particules positives qui se repoussent restant collées) ne peut pas exister sans la dynamique capable d’être extraordinairement agitée et porteuse de changements radicaux potentiels du vide quantique. La vision figée sans dynamique et sans dialectique ne permet pas de combattre le fascisme.
1°) Et ce n’est pas non plus un simple discours. Le fascisme n’est pas un courant d’opinion (la mise en place d’un pouvoir fasciste n’est pas une décision de l’opinion publique et on ne combat pas le fascisme simplement en combattant des idées, des préjugés, des mensonges) : c’est un type de pouvoir d’Etat qui est le produit d’une situation extrême, complètement déstabilisée pour la classe exploiteuse. Il ne doit surtout pas être séparé de la lutte des classes. Le fascisme est le produit d’un combat entre les classes arrivé à un stade ultime où la seule alternative est révolution sociale ou contre-révolution fasciste.
2°) Ce type particulier d’Etat (qui n’est pas une simple dictature) provient du fait qu’en plus des forces de répression classiques (notamment armée et police ou même milices d’Etat), il associe provisoirement un mouvement organisé de masses appelées les « troupes fascistes » et prises dans les classes moyennes et les milieux populaires.
3°) Cette situation particulière concerne les trois classes sociales essentielles de toute société : classe exploiteuse, classe moyenne et classe exploitée. Ce qui caractérise cet état critique de l’ordre social et politique est le fait qu’il y a un risque que la classe exploitée s’unisse à la classe moyenne (ou à une fraction notable de celle-ci) pour mettre en place un pouvoir révolutionnaire. C’est ce risque social menaçant qui justifie aux yeux de la classe exploiteuse de mettre en avant (de façon momentanée) une fraction violente de la classe moyenne et aussi des milieux populaires ou paupérisés, ceux que l’on appellera « les fascistes », de les organiser et de les jeter dans l’action violente.
4°) L’un des risques d’erreur politique et sociale consiste à prendre ces « troupes fascistes » pour une vraie force sociale, pour une véritable arme de guerre alors que ce n’est qu’une bande sans foi ni loi mais aussi sans but réel ni perspective politique ou sociale propre. Ces troupes ne défendent que les intérêts des gros exploiteurs mais n’en ont pas conscience. La classe dominante ne fait que les utiliser mais elle s’en méfie et les dissoudra dès que le véritable danger révolutionnaire, celui des exploités et de leur capacité en prenant la tête de tous les opprimés de renverser le pouvoir d’Etat des exploiteurs, sera éradiqué. La vraie réponse au fascisme consiste à unir de manière révolutionnaire les exploités aux opprimés de la classe moyenne et d’autres couches populaires, afin de constituer une force capable de renverser la classe dominante. Cela n’est possible que si la classe exploitée s’auto-organise et développe ses propres perspectives en démontrant qu’elle veut renverser la classe exploiteuse et s’adresse aux autres opprimés, notamment ceux des classes moyennes.
5°) Si on veut comprendre le fascisme, le premier point est de ne pas se fixer sur le seul exemple du nazisme en Allemagne ou du fascisme en Italie. Non seulement il y a bien d’autres exemples mais on risque de croire que les caractéristiques spécifiques de ces fascismes particuliers seraient générales. Par exemple, nulle nécessité pour un pouvoir fasciste d’être antisémite. Ni de pratiquer un génocide des Juifs. Même le racisme n’est pas une caractéristique indispensable. Le fascisme n’est pas un mouvement européen, ni spécifiquement lié à la phase impérialiste du grand capital (Karl Marx l’a reconnu en France avec le mouvement bonapartiste de Louis Bonaparte qui allait devenir Napoléon III), ni même à l’époque du capitalisme (on l’a vu dans des sociétés bourgeoises pré-capitalistes et dans des sociétés esclavagistes comme l’empire romain).
6°) Il y a une autre erreur classique d’interprétation du fascisme que les « démocrates anti-fascistes », ou prétendus tels, aiment particulièrement développer comme tromperie et qui consiste à attribuer le caractère fasciste aux seuls mouvements politiques et sociaux d’extrême droite, ce qui blanchirait le centre et la gauche de tout risque d’être des éléments favorables, à un moment donné, à la montée fasciste. En fait, quand il y a une montée fasciste, cela se produit avec la complicité à de multiples niveaux de tous les partis, syndicats et associations liés à l’Etat des exploiteurs et à leur ordre social et politique, notamment toute la gauche et tous les réformistes et opportunistes (jusqu’à la fausse extrême gauche). Les dirigeants fascistes peuvent parfaitement provenir de la gauche (comme Mussolini ou Laval), ou être soutenus par elle (comme celle de Pétain soutenu de la plupart des dirigeants politiques et syndicaux du front populaire en France). Ceux qui lient pieds et poings de la classe exploitée sont surtout des éléments de la gauche.
7°) Il ne faut pas attribuer la décision du fascisme à tel ou tel dirigeant populiste, démagogue, soi-disant génial ou fou. Il ne faut pas attribuer le choix du fascisme à la seule décision d’un appareil politique (de l’Etat ou d’un parti). C’est le choix d’une classe sociale exploiteuse (à notre époque, du capitalisme et de la fraction du grand capital). C’est dans une situation d’un pays que le fascisme se développe mais il le fait sur une décision qui n’est pas propre au pays mais à la classe capitaliste dans son ensemble.
8°) Quelles que soient les circonstances diverses de son avènement, le fascisme est toujours une attaque brutale, violente, sanglante, terroriste et totalement destructrice contre tout ce qui représente une fraction organisée, consciente (même très partiellement, même de manière réformiste et démocrate) des exploités. La classe capitaliste doit absolument anihiler tout sentiment de classe et transformer les exploités capables de faire la révolution en esclaves obéissants, apeurés et rampants.
9°) Sur le plan idéologique, le fascisme n’a pas nécessairement de rapport avec l’antisémitisme ou même le racisme mais il en a toujours avec le nationalisme excerbé et violent, la haine des autres peuples, l’attirance pour la guerre contre les autres peuples, la haine contre l’internationalisme. Et, là non plus, il ne s’agit pas d’idéologie en dehors des classes : ce que le fascisme hait, c’est le caractère international du prolétariat révolutionnaire et de la perspective de société qu’il porte.
10°) Le fascisme a un soutien populaire de masse mais ce mouvement populaire n’a pas le caractère d’une révolution, non seulement parce que dans ses buts il est contre-révolutionnaire, est chargé de sauver de la révolution sociale la classe dirigeante et possédante mais surtout parce que ce mouvement n’a pas de force autonome socialement et politiquement. Ces masses de gens fascisés ne sont pas une vraie force. Ils ne savent même pas le rôle qu’ils jouent et, dès qu’ils ont annihilé le prolétariat, ils sont renvoyés au néant de leur inexistence, désarmés et désorganisés, pour laisser place à la dictature classique d’Etat. Ces masses fascisées n’ont aucune perspective sociale et politique propre. Tout ce qu’elles peuvent, c’est clamer leur amour du nationalisme à une époque où le respect des nations n’a plus aucun sens.
11°) Le moralisme n’a aucune force face au fascisme. Si on le considère seulement comme un mal moral, on ne peut pas combattre le fascisme. Le moralisme antifasciste est une espèce de pacifisme qui désarme les prolétaires et ne sert que les fascistes. Le moralisme dénonce mais il ne combat pas, il refuse le combat au nom de… la morale !
12°) Il n’y a pas un programme particulier pour combattre le fascisme, ni un pour combattre la guerre, ni un pour le combat économique, il y a un seul programme qui vise à la révolution socialiste prolétarienne internationale. Le pire est de croire que devant la menace fasciste, il faut abandonner la révolution sociale et se contenter de… lutter contre le fascisme, pour mieux s’unir, pour mieux l’entraver, pour mieux l’isoler, pour assurer l’avenir. C’est abandonner la barque parce qu’il y a une inondation…
CELUI QUI RECULE DEVANT LA TACHE DE CONSTRUIRE DES CONSEILS DU PEUPLE TRAVAILLEUR ET DE LEUR DONNER LA TOTALITE DU POUVOIR EST INAPTE A COMBATTRE LE FASCISME ;