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Le "populiste" Trump de 2025, digne successeur... du "progressiste" Roosevelt
jeudi 6 février 2025, par ,
Le "populiste" Trump de 2025, digne successeur du "progressiste" Roosevelt de 1933, poussant à la guerre impérialiste mondiale pour restaurer le capitalisme
Plus que jamais dans la phase d’effondrement capitaliste, marquée par le fascisme, la dictature et la guerre mais surtout par la chute des investissements productifs, la classe ouvrière doit intervenir, sous la forme de l’action directe auto-organisée, sur la base de son propre programme politique et social.
Cela signifie non seulement de ne pas suivre les méandres des attaques politiciennes et gouvernementales mais avoir sa propre boussole. Cela signifie dans tous les domaines, et pas seulement en ce qui concerne les entreprises et les services publics, pas seulement en ce qui concerne les retraites, les chômeurs, les salaires, mais aussi opposer son programme politique à celui du grand capital en ce qui concerne les relations internationales, la chute du système d’exploitation, la catastrophe financière, l’action répressive des Etats, les interventions ou menaces d’interventions militaires, l’impérialisme et le colonialisme, le fascisme et la dictature. Cela signifie ne jamais séparer la lutte économique de la lutte politique, en ne faisant pas de la première une soumise aux appareils bureaucratiques syndicaux ni de la deuxième une soumise aux appareils politiciens électoralistes, tout aussi impuissants les uns que les autres d’offrir aux travailleurs une issue à la chute du capitalisme.
Cela signifie faire du prolétariat révolutionnaire le chef de file de toutes les couches révoltées, des retraités, des jeunes, des femmes, des petits bourgeois ruinés ou menacés, etc.
Les droits de douane sont comme la TVA, un impôt indirect par le consommateur
Alors qu’en politique intérieure les politiciens bourgeois veulent nous faire croire que l’opposition est entre les « démocrates » et l’extrême-droite, les mêmes voudront nous faire croire qu’au niveau international, cette même lutte prend la forme entre le « libre échange » et le « protectionnisme ».
Trump a en effet entamé son mandat en annonçant ce qui semble aller contre le "bon sens capitaliste", celui du libre échange, de la libre circulation des marchandises, en relevant les droits de douanes :
A quelques heures de l’entrée en vigueur des premiers tarifs de l’ère Trump 2 contre le Mexique, le Canada et la Chine, Donald Trump prépare déjà les prochaines offensives de sa grande guerre commerciale. Les Etats-Unis vont ériger une « muraille douanière », s’est-il enthousiasmé après avoir égrené une liste de nouveaux tarifs douaniers sectoriels qui pourraient être annoncés « autour du 18 février ».
La TVA en ligne de mireLa Maison-Blanche prépare des taxes sur les importations de pétrole et de gaz, d’acier, de cuivre et d’aluminium. Donald Trump veut aussi ramener l’industrie pharmaceutique sur le territoire américain - la grande réforme fiscale de son premier mandat a accéléré l’optimisation fiscale du secteur. La solution du Président américain est toujours la même : des droits de douane. Ils seront mis en place sur les médicaments sous toutes leurs formes et sur les semi-conducteurs aussi, a-t-il insisté.(...) Il s’est épanché davantage sur ses reproches adressés au Vieux Continent. La TVA d’abord, de « 20 % et plus » qui « nous coûte une absolue fortune », a-t-il vitupéré, alors que l’équivalent de cette taxe d’origine française n’existe pas outre-Atlantique, où chaque Etat peut en revanche imposer une taxe sur les ventes. Le Président américain veut aussi ouvrir en grand le marché unique aux produits « made in USA » : « ils ne prennent pas nos voitures, ni nos produits alimentaires, en résumé ils ne prennent presque rien ».
Les Echos 1er février
Le Figaro annonce une guerre commerciale :
Donald Trump a reconnu dimanche matin que les droits de douane qu’il a instaurés la veille avec les principaux partenaires des États-Unis, provoquant une guerre commerciale, vont « peut-être » faire souffrir les Américains, mais que cela « en vaudra le prix ». « Est-ce que cela va faire souffrir ? Oui, peut-être. Et peut-être pas. Mais nous allons rendre sa grandeur à l’Amérique et cela vaudra le prix qu’il faudra payer », a écrit le président américain sur son réseau Truth Social en lettres capitales.
Donald Trump a décidé samedi de 25% de droits de douane sur les produits provenant du Canada et du Mexique, et de 10% supplémentaires à ceux déjà existants sur les produits chinois. Les trois pays ont promis de riposter. Le président républicain affirme vouloir ainsi forcer les trois pays à agir pour diminuer le trafic de fentanyl et les arrivées de migrants illégaux aux États-Unis. Canada, Mexique et Chine sont les trois principaux partenaires commerciaux des États-Unis : en viennent plus de 40% des importations du pays.
Le Figaro 2 février 2025
L’impérialisme vu par Boukharine en 1915
Souvenons-nous d’abord que l’exportation des capitaux, bien que moins visible que celle des marchandises, caractérise l’ère impérialiste du capitalisme qui commença vers 1900 :
l’exportation de capital, surtout dans les dernières dizaines d’années, a acquis une importance qu’elle n’avait jamais eue autrefois. On peut même dire que, jusqu’à un certain point, il s’agit là de la création d’un nouveau type de liaison économique entre pays, tant s’est accrue l’importance de cette forme de relation économique internationale (...) Les masses de capitaux qui cherchent un placement n’ont jamais été aussi considérables
Boukharine, L’ECONOMIE MONDIALE ET L’IMPERIALISME (1915)
De ce point de vue, certes
l’existence de droits de douane élevés est l’obstacle principal à la pénétration des marchandises. La production et la reproduction massives rendent nécessaire l’expansion du commerce extérieur, mais celui-ci se heurte aux barrières que constituent les hauts tarifs douaniers
mais
si l’exportation des marchandises est considérablement entravée par les barrières douanières, il n’en est pas de même de l’exportation des capitaux. Il est clair que plus les charges douanières s’aggravent, plus l’évasion des capitaux s’accentue. (...) Les droits de douane agissent d’une autre façon sur l’exportation du capital : ils deviennent eux-mêmes un appât pour le capitaliste. Quand un capital est investi et fonctionne dans un pays « étranger » en tant que capital, il bénéficie de la « défense » douanière dont jouissent les industriels du pays. D’où un redoublement de la tendance à l’exportation de capital. (...) D’immenses sommes fonctionnent en « pays étranger », la plupart du temps sous forme de capital de fonds investi dans de vastes entreprises
Mais pourquoi le gouvernement français se plaindrait-il donc de Trump au nom des multinationales françaises ? Parce que le mythe des intérêts nationaux français est détruit par Trump. Les grands groupes français iront sans problème faire leurs profits aux USA si besoin est, Trump les y invite. Faute d’augmenter la masse mondiale de plus-value créée, c’est sa concentration sur un seul territoire qui devient un des moyens d’en amasser plus. Ce ne sont pas les mesures d’un Front populaire qui font « fuir nos capitalistes », mais le capitaliste en chef lui-même. Politiquement, un mythe s’effondre, et des milliards d’euros de recettes fiscales de l’Etat français risquent de disparaître.
L’effondrement fiscal ou économique de l’Etat français est une étape incontournable pour que le prolétariat devienne la seule classe sociale capable de prendre la tête de la nation, c’est peut-être cette étape que Trump réalise pour nous, comme les impérialistes français et britanniques contribuèrent à faire chuter le Tsar en février 1917, ouvrant la voie à Lénine et Trotsky.
1933 : Le démocrate Roosevelt choisit le repli national
La voie suivie par le Républicain Trump en 2025 est exactement celle que suivit le Démocrate Roosevelt en 1933. La conférence de Londres organisée en 1933 pour sauver les finances européennes aboutit au lâchage du vieux continent par Roosevelt, dont les diatribes anti-mondialistes semblent avoir inspiré celles de Trump :
Le monde ne sera plus endormi par la tromperie spécieuses d’arriver à une temporaire, et probablement artificielle stabilité des changes internationaux à partir de l’accord de quelques pays puissants. Un système économique national sain est un meilleur facteur de son bien être que le cours de son change fixé selon les variations des autres nations (...) Les vieux fétiches des soi-disant banquiers internationaux doivent être remplacés par des efforts pour définir les valeurs nationales avec l’objectif de donner à ces valeurs un pouvoir d’achat continu.
F. D. Roosevelt, 1933
Le règne du chacun pour soi commençait. Les "experts" en France tentent de nous persuader que Trump n’est qu’un populiste d’extrême-droite « qui se trompe » car il n’a pas compris leurs manuels socio-démocrates Keyneisiens, mais oublient que leur maître à eux, celui dont ils prétendent s’inspirer, fit l’apologie du repli national.
1933 : Keynes se convertit à l’autosuffisance nationale
A l’occasion de la même conférence de Londres, Keynes avouait :
Comme la plupart des Anglais, j’ai été élevé dans le respect du libre-échange, considéré non seulement comme une doctrine économique qu’aucune personne rationnelle et instruite ne saurait mettre en doute, mais presque comme une compo santé de la morale. Je considérais les entorses à ce principe comme stupides et scandaleuses. Je pensais que les inébranlables convictions de l’Angleterre en matière de libre-échange, maintenues depuis près d’un siècle, expliquaient sa suprématie économique devant les hommes et sa justification devant Dieu. En 1923, j’écrivais encore que le libre-échange s’appuyait sur des "vérités" fondamentales qui, énoncées avec les réserves d’usage, ne pouvaient être contestées par quiconque comprend le sens des mots. (...) Ma connaissance de la théorie économique a de fait évolué, et je n’accuserais plus Monsieur Baldwin, comme je le faisais alors, d’être "une victime de l’erreur protectionniste dans sa forme la plus grossière" parce qu’il pensait, dans les conditions qui étaient celles de l’époque, que des droits de douane pouvaient aider à réduire le chômage dans notre pays.(...) D’abord, la question de la paix. Nous sommes aujourd’hui pacifistes avec une telle force de conviction que si les tenants de l’internationalisme économique pouvaient l’emporter sur ce point, ils retrouveraient vite notre appui. Mais il n’est pas évident que concentrer ses efforts sur la conquête de marchés étrangers, introduire dans les structures économiques d’un pays les ressources et l’influence de capitalistes étrangers et dépendre étroitement des politiques des autres pour sa propre vie économique garantisse la paix entre les nations.
(...) l’internationalisme économique n’a pas réussi à éviter la guerre (...) l’autosuffisance nationale, même si elle a un coût, est un luxe que nous aurions les moyens de nous offrir, si nous le souhaitions.Keynes, National Self-Sufficiency, 1933.
Conclusion
Alors que les syndicats et l’extrême-gauche électoraliste (RP, NPA-R, LO) qui choisit de végéter sous leur aile protectrice veulent nous confiner aux questions économiques, au partage de la richesse face à un capitalisme qui serait en bonne santé vu la richesse des Musk ou Bernard Arnaud, c’est la question politique du pouvoir que doit se poser le prolétariat, exactement comme Lénine et Trotsky la posaient au prolétariat mondial en 1920 :
Il faut émanciper le travail et ses fruits du tribut monstrueux qu’il paie à la ploutocratie mondiale. Il faut renverser la ploutocratie. Il faut jeter à bas les barrières gouvernementales qui fractionnent l’économie mondiale. Au Conseil Suprême Economique des impérialistes de l’Entente, il faut substituer un Conseil suprême économique du prolétariat mondial pour l’exploitation centralisée de toutes les ressources de l’humanité.
La lutte n’est pas entre plusieurs options capitalistes mais entre grand capital et prolétariat. Et, pour être clairement menée, elle nécessite de se débarrasser de tous les soutiens cachés du capitalisme, les réformistes et opportunistes.
Messages
1. Le "populiste" Trump de 2025, digne successeur... du "progressiste" Roosevelt, 7 février, 03:23, par alain
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L’isolationnisme (traduisez les USA ne paient pas pour ce qui se passe à l’extérieur) marié à l’intervention internationale tous azimuts (les USA dominent le monde pour le plus grand profit de leur propre économie), c’est la politique guerrière de l’impérialisme, que ce soit avec Trump ou avec Biden. C’est seulement l’emballage et la pub qui changent !
2. Le "populiste" Trump de 2025, digne successeur... du "progressiste" Roosevelt, 8 février, 01:43, par Florent
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Encore aujourd’hui, le stalinisme continue de tresser des couronnes au Roosevelt de 1933...
https://www.humanite.fr/en-debat/new-deal/etats-unis-en-1933-les-cent-jours-decisifs-de-la-bataille-du-new-deal-788933
3. Le "populiste" Trump de 2025, digne successeur... du "progressiste" Roosevelt, 9 février, 09:11, par alain
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Une seule force capable de constituer une alternative aux guerriers et fascistes du type Biden et Trump, ou Macron et Le Pen, le prolétariat révolutionnaire prenant la tête de tous les exploités et opprimés, des migrants, des noirs, des pauvres, des travailleurs, des chômeurs, des petits bourgeois pauvres, des femmes, des jeunes, des retraités, des homos, de tous les opprimés et de tous les exploités…
4. Le "populiste" Trump de 2025, digne successeur... du "progressiste" Roosevelt, 10 février, 08:46, par Laurence
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Aux USA comme en France...
Là où les salariés sont en grève, les syndicats ne font rien pour qu’elle s’étende comme si les problèmes de la classe ouvrière étaient locaux, purent économiques et apolitiques.
https://www.sudouest.fr/economie/conso-distribution/greve-illimitee-chez-lidl-entre-250-et-300-magasins-fermes-selon-les-syndicats-le-sud-ouest-particulierement-concerne-23165810.php
5. Le "populiste" Trump de 2025, digne successeur... du "progressiste" Roosevelt, 11 février, 06:12, par Florent
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Et en France comme aux USA, les syndicats se chargent très vite d’arrêter la lutte...
https://www.lefigaro.fr/social/lidl-france-l-intersyndicale-annonce-la-suspension-de-la-greve-illimitee-20250210