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La religion, ce n’est jamais seulement… religieux...
jeudi 13 février 2025, par
« Toute religion n’est que le reflet fantastique, dans le cerveau des hommes, des puissances extérieures qui dominent leur existence quotidienne, reflet dans lequel les puissances terrestres prennent la forme de puissances supra-terrestres. Dans les débuts de l’histoire, ce sont d’abord les puissances de la nature qui sont sujettes à ce reflet et qui dans la suite du développement passent, chez les différents peuples, par les personnifications les plus diverses et les plus variées. […] Mais bientôt, à côté des puissances naturelles, entrent en action aussi des puissances sociales, puissances qui se dressent en face des hommes, tout aussi étrangères et au début, tout aussi inexplicables, et les dominent avec la même apparence de nécessité naturelle que les forces de la nature elles-mêmes. Les personnages fantastiques dans lesquels ne se reflétaient au début que les forces mystérieuses de la nature reçoivent par là des attributs sociaux, deviennent les représentants de puissances historiques. A un stade plus avancé encore de l’évolution, l’ensemble des attributs naturels et sociaux des dieux nombreux est reporté sur un seul dieu tout-puissant, qui n’est lui-même à son tour que le reflet de l’homme abstrait. C’est ainsi qu’est né le monothéisme, qui fut dans l’histoire le dernier produit de la philosophie grecque vulgaire à son déclin et trouva son incarnation toute prête dans le Dieu national exclusif des Juifs, Yahvé. »
"Anti-Dühring", Friedrich Engels
La religion, ce n’est jamais seulement… religieux
Expliquer le sens et le poids de la religion par la croyance, même quand c’est pour la critiquer, c’est prendre le discours religieux pour la réalité et c’est, du coup, passer à côté du combat réel. La religion, cela suppose non seulement des croyances et des dogmes, mais des institutions, des hiérarchies, des pouvoirs politiques, économiques et sociaux. Les chefs religieux font partie de la classe dirigeante et sont sans cesse en relations étroites avec les autres membres des classes dirigeantes, pactisent avec, déploient leurs activités en liaison avec ces puissants. Et c’est cela aussi qui explique leur succès.
Les hommes ont imaginé leurs dieux à leur image et les classes dirigeantes les ont transformés pour justifier leur pouvoir.
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7591
Des rois et des dieux… et des classes sociales…
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article190
Religions, classes possédantes et pouvoir d’Etat : des liens indéfectibles
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5076
D’où viennent les religions, quelle place tiennent-elles dans l’imaginaire des hommes et quel rôle social jouent-elles ?
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article2103
Si les religions ont obtenu un tel poids moral, social et politique, leur accordant une pérennité étonnante, c’est parce qu’elles résolvaient des questions posées par la société civile et pas seulement des questions religieuses. Ainsi, la pérennité des religions a été le moyen s’assurer celle des rois et des classes possédantes. Ce n’était pas un accord secret mais une affirmation publique. Ainsi, la pérennité des dieux égyptiens était synonyme de celle des dynasties de Pharaons et l’une conditionnait l’autre. C’est ce que l’on appelait le « maât ».
https://journals.openedition.org/droitcultures/3510
Cela a été affirmé tout au long de l’existence de l’Egypte des Pharaons mais ce n’est pas une particularité égyptienne.
Ainsi, le monument de Stonenhedge, incontestablement à caractère religieux, avait pour but une unification politique des peuples.
Le choix de l’empire romain de se christianiser de manière forcée est tout à fait politique et social et pas seulement religieux.
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article4166
Le choix de pays (comme l’Angleterre, le Maroc, le Japon et bien d’autres) de faire du chef de l’Etat le chef de la religion est tout aussi politique. En fait dans l’antiquité, c’était systématique.
L’alliance historique entre l’Etat français et l’Eglise catholique
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3990
Officiellement, la laïcité en France prétend disjoindre la vie civile et la vie religieuse mais on en est très loin et pas seulement à Noël.
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3168
Aujourd’hui, on fait semblant de redécouvrir que la religion joue un rôle politique…
https://www.sciencespo.fr/research/cogito/home/dieu-nest-pas-mort-il-fait-de-la-politique/
Des essais d’interprétation sur le rôle des religions
Diderot
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7316
Engels
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article712
Mehring
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article4166
Kautsky
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5856
Morrow
La sociologie a essayé d’interpréter les religions comme besoin social… sans trop s’appesantir sur le fait que social suppose des classes sociales aux intérêts opposés…
Pour Emile Durkheim, le sentiment religieux n’est rien d’autre que la transfiguration du sentiment d’appartenance à une société, que les rites associés viennent simultanément exprimer et renforcer. Pour lui, les phénomènes religieux manifestent mieux qu’aucun autre fait social l’existence de la société et de l’interdépendance qu’elle implique entre ses membres.
https://journals.openedition.org/lectures/726
Lire de Durkheim, « Les Formes élémentaires de la vie religieuse » :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k20761h
ou encore :
Le christianisme continue à compter sur son rôle politique
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article2830
Lire encore :
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5675