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La Quatrième Internationale en danger !
samedi 8 mars 2025, par
Natalia Sedova, G. Munis & Benjamin Péret
La Quatrième Internationale en danger !
(27 juin 1947)
Au Plénum tenu fin mars 1947, la CEI adopta un règlement relatif à la tenue du Congrès mondial de la Quatrième Internationale, dont le caractère bureaucratique, inspiré des vieilles manœuvres staliniennes, représente un symptôme des plus alarmants. La CEI a en effet divisé le monde en trois catégories : les pays de grande, moyenne et légère importance. Quel est le critère qui a inspiré une division aussi outrageusement arbitraire ? Personne n’a daigné le partager avec qui que ce soit dans l’Internationale.
On imagine que la CEI va nous dire qu’elle s’est inspirée de l’exemple du premier congrès de la défunte Internationale Communiste. Mais sommes-nous des participants à la même situation qu’en 1919, ou une véritable imitation du premier congrès de l’IC ? Au moment du premier congrès, la révolution russe venait de triompher, le parti bolchevik comptait des centaines de milliers de membres, alors que dans le reste du monde les partis communistes n’étaient encore que de petits groupes, pour la plupart comparables aux nôtres aujourd’hui ; à tel point que les bolcheviks ont été amenés à diminuer le poids de leur parti dans la jeune internationale afin d’éviter, par le libre jeu d’une apparente démocratie, que celle-ci ne devienne automatiquement majoritaire contre le reste du monde et lui impose sa volonté incontestée. . Il s’agissait de permettre au monde entier de s’exprimer même contre le parti russe, c’est-à-dire d’assurer le fonctionnement d’une démocratie la plus efficace possible dans l’Internationale. Est-ce le même objectif que recherche aujourd’hui la CEI ? Nous affirmons catégoriquement que non, et nous allons démontrer que l’EI et la CEI, avec leur division du monde en trois catégories, ont en tête des objectifs complètement opposés, alors que l’IC visait l’affaiblissement des partis forts et le renforcement des partis forts. des partis faibles afin d’assurer un maximum de démocratie, notre CEI vise le renforcement des partis forts et l’affaiblissement des partis faibles afin de se maintenir au pouvoir.
Le critère des trois grands
Posons-nous encore une fois la question : quel critère a été utilisé pour réaliser cette division du monde ? L’importance numérique des sections ? Non évidemment, puisque l’Allemagne, où la section vient d’être reconstituée, figure dans la première catégorie, bien qu’elle soit nécessairement très faible en raison de sa formation récente, tandis que l’Italie, dont la section compte presque autant d’adhérents que la France, est placée dans la deuxième. On peut en dire autant de la section russe – qui doit évidemment être insignifiante – lorsqu’on la compare à n’importe quelle autre section dans des pays « d’importance modérée ». Ce n’est donc pas un critère numérique qui a présidé aux découpages d’ailleurs, nous verrons plus loin que la prise en compte du nombre a été prise en compte et non pour des raisons de démocratie. D’ailleurs, même s’il l’était, ce critère serait fallacieux. Supposons que la section bolivienne compte 200 membres et que le pays compte 3 000 000 d’habitants, admettons aussi que la section américaine en prétendant 1 600 membres dans un pays de 150 000 000 d’habitants n’exagère pas et que ce chiffre est l’expression exacte de la vérité. . Il est clair que les 200 camarades boliviens ont beaucoup plus d’importance dans la vie politique de leur pays arriéré que les 1 600 camarades américains dans la leur. Pour que le rapport de forces soit apparemment le même, il faudrait que la section américaine compte 10 000 membres. De plus, ce rapport de forces ne serait qu’apparemment égal, puisque 200 camarades en Bolivie, pays arriéré , jouent un rôle infiniment plus grand – ils l’ont démontré – que ne pourraient jouer 10 000 membres de la section américaine aux États-Unis, un pays avancé et principal pays impérialiste du monde entier.
Ce n’est pas non plus l’importance révolutionnaire des pays considérés sur l’arène de la lutte des classes mondiale qui a motivé cette division, puisqu’il semble que ni les États-Unis ni l’Angleterre ne seront appelés à jouer un rôle décisif dans la vague révolutionnaire qui s’annonce. manifeste, tandis que l’Espagne, l’Italie, l’Autriche, la Belgique, la Hollande, la Grèce, l’Indochine, l’Afrique du Nord, l’Indonésie, la Pologne, la Hongrie, etc., toutes exclues de la première catégorie, sont évidemment destinées à jouer un rôle révolutionnaire important dans l’immédiat. avenir.
Ces raisons mises à part, ne reste que le critère des Trois Grands, qui a sans doute inspiré la division du monde. C’est en fait seule l’importance sur la scène capitaliste mondiale qui a guidé la CEI dans son choix.
La majorité comme mesure
Mais se contenter de cette déclaration serait ne considérer qu’un seul côté de la question, ses aspects extérieurs ; en outre, l’adoption d’un tel critère témoigne d’une soumission inconsciente à l’influence impérialiste et à la contre-révolution russe, qu’il faut sans cesse combattre.
On sait que les questions qui seront discutées au Congrès mondial, que la CEI ou l’EI le veuillent ou non, concernent la politique de nos sections pendant la guerre impérialiste et, par rapport aux mouvements de résistance nationalistes, le problème de la Russie. contre-révolution et stalinisme mondial, la tactique de la Quatrième Internationale à l’égard du stalinisme et du réformisme (front unique, gouvernement SP-CP-CGT) et notre programme de transition d’avant-guerre, mais, comme par hasard , bon nombre de sections dans les « pays de grande importance », les uns soumis à une direction bureaucratique, les autres mal informés, voire pas informés du tout, des problèmes à discuter, se sont jusqu’à présent prononcés, à travers leurs majorités, en faveur de la position conservatrice du SI et de la CEI.
La résolution de la CEI décide aux parties 5 et 6 du paragraphe 3 :
Donner trois délégués à chaque organisation de un à 150 membres s’ils appartiennent à la catégorie A, deux délégués s’ils appartiennent à la catégorie B, un délégué s’ils appartiennent à la catégorie C, 3.
Pour 150 à 500 membres, et avec un minimum approximatif de 300 membres – un délégué supplémentaire. Pour 500 à 1 000 membres, et avec un minimum approximatif de 750 membres – un autre délégué – et ainsi de suite successivement.
De ces tableaux, il ressort immédiatement que sept pays (de première catégorie) recevront 28 délégués, tandis que 26 pays (de deuxième et troisième catégorie) recevront 45 délégués. Autrement dit, sept pays de « première importance » obtiendront entre 35 et 38 % des voix au Congrès. Il ne leur manquera alors que neuf délégués pour assurer le contrôle du Congrès. Bien entendu, notre tableau n°1 indique six délégués minoritaires. Même en supposant que notre estimation de la représentation minoritaire des pays de « première importance » ne soit pas exagérée, les six délégués minoritaires que nous notons seront facilement compensés par le soutien des sections des pays de « moyenne » et de « faible importance ». » D’ailleurs, les tableaux n°2 et n°3 le montrent clairement. On voit donc que la division adoptée par la CEI lui assure inévitablement et bureaucratiquement la majorité au Congrès mondial, majorité sur laquelle elle s’assiéra fermement tout en évitant de discuter des problèmes majeurs qui se posent à notre Internationale.
Il faut remarquer également que dans le deuxième tableau les 13 sections « d’importance moyenne » incluent l’Espagne, dont l’expérience révolutionnaire – même si elle ne comptait pas plus de membres que la section russe – est particulièrement précieuse pour notre époque car elle marque un tournant décisif. dans l’histoire de la contre-révolution russe et du stalinisme, tandis que l’expérience russe, avec toute sa valeur énorme, se réfère précisément à une période que la révolution espagnole a clôturée. De même, dans cette liste aussi outrageusement arbitraire que la première, on trouve l’Italie, qui offre d’immenses possibilités révolutionnaires, si une politique claire est suivie à l’égard des organisations révolutionnaires antistaliniennes (bordighistes, anarchistes, socialistes de gauche), la Grèce, dont l’admirable combativité révolutionnaire devrait donner matière à réflexion à la CEI, la Pologne et les autres pays occupés par la Russie, que la CEI oublie totalement et qui offrent d’immenses possibilités d’action contre la réaction stalinienne à condition qu’on n’exige pas de défendre les « dégénérés ». État ouvrier » qui les opprime. Vient enfin l’Indochine, où le soutien à notre section a été oublié depuis si longtemps et où même demander qui a assassiné Thu-Thau a été oublié pour soutenir, sans critique sérieuse, le gouvernement stalinien de Ho-Chi-Minh, salutations. dont ont été si chaleureusement salués par The Militant et La Vérité .
On a vu que la résolution de la CEI crée une majorité importante en faveur de la direction actuelle que le vote des pays de « peu d’importance » ne pourrait pas modifier même s’ils pouvaient envoyer tous les délégués que la CEI leur accorde. et s’ils votaient tous contre la direction actuelle , cela reste basé sur l’hypothèse la plus favorable, car il est impossible aux sections pauvres latino-américaines d’envoyer les 10 ou 12 délégués que leur donne la CEI. Par ailleurs, l’interdiction du vote par procuration prive en réalité un certain nombre de sections de pays d’importance « moyenne » ou « faible » de la possibilité de se faire entendre et de voter au Congrès, ce qui n’empêche pas la CEI d’exiger au préalable l’acceptation des votes par procuration. des décisions qui seront prises par le Congrès mondial et de désirer interdire toute discussion après le Congrès. La majorité ainsi astucieusement élaborée par l’EI et la CEI s’en trouve renforcée. Mieux encore, avec ce système, aucune opposition ne peut espérer convaincre le Congrès. Que peut attendre l’Internationale, à part une défaite idéologique et un étranglement organique, d’une direction qui a pris de telles décisions ?
En effet, selon le système que la CEI entend imposer, même si la méthode était rectifiée en donnant la même base de représentation à toutes les sections afin de s’accorder avec les comtés de « première importance », on constate (Tableaux 2b et 3b) qu’une majorité est assurée pour la direction internationale actuelle par le fait que les sections d’Europe occidentale, d’Amérique du Nord et du Canada seront presque les seules à pouvoir envoyer tous les délégués qui leur seront accordés. Comment peut-on réellement supposer que le Mexique, la Pologne, le Pérou, l’Indochine et d’autres pays trouveront les moyens nécessaires pour envoyer deux ou trois délégués ? Nous avons du mal à croire que cela représente une ignorance de la part des dirigeants internationaux ; au contraire, nous pensons qu’il s’agit d’une question de calcul délibéré, car elle n’aurait pas pu imaginer que l’Internationale accepterait une division aussi arbitraire sans protester. Mais les tendances qui se sont emparées de la direction grâce aux conditions qui ont immédiatement suivi la guerre ont calculé que les sections des pays d’importance « modérée » ou « légère » exigeraient en principe d’être mises sur un pied d’égalité avec les pays classés comme ceux de « première importance ». Dans la plupart des cas, ils ne pourraient pas envoyer les délégués qui leur ont été accordés même si la CEI avait tenu compte de leurs objections – et justice aurait probablement été rendue afin de préserver la façade démocratique.
Les tableaux précédents montrent que cinq sections seulement comptent un effectif égal ou supérieur à 500 personnes ; tandis que sept comptent entre 100 et 400 membres et 21 ne comptent que 50 membres ou moins. Si l’on veut réellement suivre le premier congrès de l’IC, qui a diminué le poids des sections fortes et augmenté le poids des sections faibles, un seul mode de représentation serait : véritablement démocratique : un délégué pour 1 à 25 membres et un autre délégué pour 25 membres supplémentaires ou fraction de 25, jusqu’à un maximum de quatre délégués. A ce mode de représentation, il faut ajouter encore une autre régulation démocratique majeure : le transfert des voix majoritaires et minoritaires d’une section ou d’une autre ou vers des individus ayant une position commune afin que les minorités puissent participer au Congrès mondial. Pour éviter la création de minorités artificielles qui pourraient menacer d’engorger le Congrès, il est donc important d’exiger que les minorités représentent au moins 20 % des membres de leur section pour voter.
On voit que notre proposition assure une représentation plus démocratique au Congrès, les faiblesses économiques des sections éloignées et pauvres étant compensées par une représentation plus large des petites sections en général et surtout des sections qui ne pourront pas envoyer leurs les délégués au Congrès votent beaucoup moins, tandis que la CEI agit à l’inverse et les discrimine systématiquement afin de favoriser ses regroupements. Cette résolution de la CEI constitue un danger immédiat et mortel pour l’ensemble de l’Internationale. Elle doit être révoquée.
Nous assistons, comme on l’a vu, à une tentative de prise bureaucratique de la direction internationale par des éléments intéressés à étouffer un débat loyal qui provoquerait leur renversement. Il ne peut s’agir d’autre chose. Rappelons dans quelles conditions la pré-conférence d’avril 1946 fut convoquée et les motifs de sa convocation.
L’EI et la CEI, désignés lors de la conférence d’urgence de 1940, n’avaient qu’une existence politique végétative et menèrent une activité organique quasi inexistante pendant toute la guerre, le fonctionnement de ces instances ayant été paralysé par les luttes personnelles et politiques en 1940. l’ambiance de la section américaine. Dès 1944, le Groupe espagnol au Mexique exigeait la convocation d’un congrès mondial. Sa demande ne trouva pas un seul écho. L’année suivante, la CEI a été consultée sur la possibilité de convoquer une pré-conférence aux objectifs limités. Cette proposition de pré-conférence a été acceptée, car elle était la seule manière possible de résoudre la situation d’un SI incapable, en raison de ses divisions internes, d’organiser un véritable débat et de préparer un véritable Congrès mondial. Il fut alors explicitement entendu que cette rencontre aurait pour tâche de sélectionner de nouvelles instances dirigeantes dont la mission principale serait d’animer et d’élargir le débat international en vue du Congrès mondial. Puis Silence total. Après cela, personne au sein de l’Internationale n’a été informé du lieu et de la date de la réunion de la pré-conférence projetée, aucune discussion ni même échange de vues ne l’a précédé, l’ordre du jour était inconnu de la quasi-totalité de l’Internationale. Les membres de la CEI étaient mal informés alors que la police française était parfaitement informée. Tout a été organisé dans l’obscurité par des dirigeants soucieux d’assurer l’hégémonie dans ce rassemblement. La composition de la pré-conférence était en outre la moins démocratique possible, ce qui était excusable compte tenu des conditions dans lesquelles elle a été convoquée. Mais son caractère non démocratique, pour ne pas dire antidémocratique, aurait dû inciter les organes dirigeants qu’il avait élus à compenser leur origine par des mesures authentiquement démocratiques. C’est précisément le contraire auquel nous avons été témoins. A peine était-elle réunie que cette pré-conférence se proclamait conférence sous prétexte de jeter de la poussière aux yeux du monde extérieur et publiait un manifeste prétendant introduire le débat international qu’elle était chargée d’ouvrir. Alors l’EI et la CEI ont commencé à menacer d’expulsion et à légiférer comme s’ils étaient le produit d’une véritable conférence à laquelle l’Internationale aurait délégué les pleins pouvoirs ; en un mot, ils ont commencé à préparer la future majorité du Congrès mondial, oubliant totalement leur mission principale : l’organisation loyale d’une discussion approfondie de tous les problèmes posés à notre Internationale et au mouvement ouvrier. Ils ont même tellement oublié leur tâche que dans tous les bulletins de discussion publiés sous leur direction, plus d’un an après la pré-conférence, de tous les principaux problèmes auxquels notre mouvement est confronté, un seul, le problème russe, a été largement traité. , et cela ne reflète toujours que l’opinion officielle. A notre connaissance,seuls des extraits d’une thèse de la minorité antidéfensiste ont été publiés. Peut-on parler d’un débat approfondi et loyal en vue d’un congrès mondial après sept années de guerre qui a produit des changements d’une importance majeure ? Non, la discussion dans son ensemble reste à organiser.
L’étranglement des minorités
Nous affirmons que l’EI et la CEI cherchent à préparer leur majorité au Congrès mondial. Outre les calculs que nous avons déjà démasqués, ce qui montre clairement c’est le soin minutieux qu’ils ont apporté à assurer une limitation maximale de la représentation des minorités, tant en nombre qu’en puissance. L’avant-dernière partie du paragraphe trois de la résolution de la CEI dit : Les minorités seront représentées proportionnellement « dans les cas où le nombre de délégués le permet ». Dans les autres cas, toutes les minorités constituant au moins environ un quart de leurs sections seront représentées par un vote consultatif. Tout d’abord, la représentation proportionnelle des minorités, si elle est placée à côté de la représentation arbitraire des sections critiquée plus haut, n’est qu’un piège. Quelles minorités pourraient être représentées proportionnellement ? Evidemment celles des « pays de première importance » et pourtant pas tous, puisque celle de la section américaine n’aurait que la satisfaction de dévoiler ses thèses. La résolution suggère clairement : « Dans les cas où le nombre de délégués le permet ». Car ce ne sont évidemment pas les sections péruvienne, polonaise ou autrichienne, par exemple, qui disposeront d’un nombre suffisant de délégués pour que l’un d’entre eux puisse représenter la minorité. Ces sections des pays « de première importance », outre le privilège de l’importance, se voient accorder un privilège supplémentaire par la CEI, le luxe, pour ainsi dire, d’une ou de plusieurs minorités. Parmi ces sections figure précisément celle du pays le plus impérialiste du monde et le PCI de France, où la majorité Craipeau et la minorité franche n’ont pas de divergences politiques sérieuses. De plus, pourquoi faut-il un quart et non un tiers ou un cinquième des membres et pourquoi n’y a-t-il qu’un vote consultatif ? La résolution ne daigne pas nous en informer. Ce que cela signifie, nous le savons peut-être déjà. La raison en est sans doute qu’il n’existe pas à l’heure actuelle, grâce aux bons offices de l’EI, une seule section où la minorité représente un quart des adhérents, à l’exception de la minorité française dirigée par Frank, qui est sous la tutelle de le leadership mondial actuel.
Néanmoins, la direction internationale actuelle va être obligée de permettre une petite discussion, afin de sauver les apparences. Les minorités auront plus ou moins l’illusion d’une discussion, mais d’ici la fin de l’année elles n’auront pas le temps de se développer et de se regrouper, puisque l’EI et la CEI ont éludé toute discussion sur les grandes questions ; ces minorités n’auront donc pas le temps de conquérir un quart des membres de leurs sections. D’ailleurs, même si elles atteignaient cette proportion, la plupart des sections non européennes seraient incapables, comme nous l’avons déjà dit, d’envoyer tous les délégués majoritaires auxquels elles ont droit, sans parler des délégués minoritaires. Ainsi, l’étouffement du débat organisé depuis plus d’un an par la direction internationale, avait pour but d’empêcher la montée d’une opposition dans notre mouvement. La revendication du quart donne désormais le coup de grâce aux minorités en les empêchant d’être représentées. au Congrès mondial. Et au cas où cela ne suffirait pas, vient maintenant l’interdiction des votes par procuration et, par conséquent, l’empêchement de la croissance de nouvelles oppositions formées, qui sont empêchées de se faire entendre et de voter. L’EI déclare depuis longtemps que le prochain Congrès mondial doit être avant tout un congrès de sections sérieuses de l’Internationale. Nous savons maintenant ce qu’il entend par là : les sections qui soutiennent ou acceptent son opportunisme, son conservatisme idéologique et son bureaucratisme organique. Enfin, pour couronner son travail, la CEI dans sa résolution refuse de convoquer légalement le Congrès sous prétexte que la convocation légale est « totalement irréalisable dans les conditions actuelles » et « empêcherait la présence au Congrès d’une série de sections et de camarades ». » Nous ne pouvons pas accepter cette affirmation ; en effet, qu’est-ce qui empêche la convocation d’un Congrès légal qui tiendrait des séances secrètes au cours desquelles les camarades illégaux seraient entendus ? La peur de la répression bourgeoise et stalinienne ? Mais à combien de pays l’autorisation de tenir un Congrès légal a-t-elle été demandée ? Évidemment, pas un seul. Il faut d’abord demander partout l’autorisation de tenir un congrès légal avant de se réfugier dans des méthodes complotistes. Le secret, ajouté aux méthodes restrictives déjà critiquées, permet aux dirigeants de se regrouper et de manœuvrer et garantit qu’ils conserveront le leadership de l’Internationale. Nous vous affrontons – et, avec nous, l’Internationale tout entière exigera le retrait de votre résolution, le début d’une véritable discussion sur les problèmes majeurs et la préparation d’un congrès démocratique.
Pour un véritable congrès mondial
Pour que le Congrès mondial représente un progrès réel pour la Quatrième Internationale, il faut avant tout qu’il soit convoqué dans des conditions telles qu’aucun camarade n’ait la moindre raison de penser à des manœuvres de la direction.
Pour que le Congrès puisse adopter des résolutions nécessaires à la révolution sociale, toutes les minorités doivent être représentées.
Nous demandons donc :
Que les sections soient représentées à raison d’un délégué pour 25 membres et de fractions supplémentaires de 25 jusqu’à un maximum de quatre délégués pour chaque section, les minorités étant représentées de la même manière. Toutefois, seules les minorités représentant au moins 20 % des membres de leur section auront le droit de vote. D’autres n’auront qu’un vote consultatif. C’est ainsi que sera suivi l’exemple démocratique que nous a donné la Cl à sa naissance.
Les sections et minorités auront le droit de transmettre leur vote à des sections, minorités ou camarades extérieurs à leur section.
Les organisations proches de la Quatrième Internationale ayant des divergences sur tel ou tel point de programme seront invitées au Congrès avec les mêmes droits que les sections officielles, à condition de reconnaître les principes fondamentaux de l’Internationale, même si la fusion avec les sections officielles a pas été réalisé avant l’ouverture du Congrès.
L’ordre du jour comprendra :
examen de la politique des principaux partis pendant la guerre impérialiste et de leur position par rapport aux mouvements de résistance nationaux pendant l’occupation nazie ;
Caractère de la guerre entre la Chine et le Japon ;
Bilan de la guerre civile espagnole ;
Soutien ou abandon de la défense inconditionnelle de la Russie et de la question du stalinisme mondial (gouvernement SP-CP-CGT, front unique avec le stalinisme, etc.) ;
L’obsolescence ou l’opportunité du programme transitoire et les modalités d’application des parties du programme qui restent valables ;
Problème de la tactique de construction des partis révolutionnaires ;
Questions coloniales ;
Nature de la période historique actuelle et perspectives révolutionnaires immédiates.
Cet agenda n’est pas du tout exclusif. Seront discutées toutes les questions d’intérêt général que telle ou telle section ou groupe de camarades voudrait présenter à l’examen du Congrès.
Nous appelons l’ensemble de l’Internationale à s’exprimer sur les propositions précédentes.
Si le Congrès mondial se réunit dans les conditions décidées par la CEI, et même dans de meilleures conditions, sans une discussion préalable approfondie des problèmes auxquels notre mouvement est confronté (voir notre lettre ouverte au PCI français), le Congrès constituera un coup mortel pour le Quatrième Internationale. La situation exige l’intervention énergique des sections et des camarades au sein des sections. La CEI doit immédiatement retirer ses résolutions, sinon la Quatrième Internationale sera bureaucratiquement asphyxiée.
Pour la révocation de la décision de la CEI ou la démission de la direction internationale !
Pour une discussion gratuite à l’International !
Pour un véritable Congrès de l’Internationale organisé sur des bases démocratiques !
Vive la Quatrième Internationale !
Vive la révolution socialiste mondiale !
Mexique, DF 27 juin 1947
Les sections, groupes de camarades ou individus qui partagent nos critiques et propositions sont priés de communiquer immédiatement leur accord total ou partiel au SI et à l’adresse suivante : G. Munis, Apartado Postal 8942, Mexico, DF.