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Notre réponse à une proposition de conférence internationale contre la guerre impérialiste mondiale

lundi 20 juin 2022

Chers lecteurs,

Nous vous communiquons une proposition qui nous a été faite par le camarade Olivier ainsi que la réponse que nous voulons y donner.

La Voix des Travailleurs

Voici cette proposition envoyée par Olivier :

Salut camarades,

Seriez-vous d’accord pour une réunion d’appel de tous les véritables Internationalistes contre la guerre impérialiste qui vient de faire basculer le monde peut-être vers la 4ème Guerre mondiale du fait de la gravité de la crise économique du capitalisme ? (deux guerres impérialistes, puis une guerre froide qui touchait les pays dits du Tiers monde affidés d’une camp ou d’un autre) Maintenant ce n’est plus une guerre froide mais une véritable guerre qui touche directement les plus grandes puissances. (USA-OTAN d’un côté et de l’autre la Russie et la Chine comme ligne de mire principale des USA. A travers l’affaiblissement de la Russie, c’est la Chine qu’ils cherchent à isoler).

La guerre mondiale est la solution ultime du capitalisme quand il se trouve en crise, c’est le seul moyen de casser du capital mort et vivant pour tenter de repartir dans un nouveau cycle productif avec un capital "jeune" ou "rajeuni". Cette fois-ci ce pourrait être le dernier cycle. Il n’y aura, ni Reconstruction, ni de "Trente glorieuses".

Dans ce cadre de gravité de la situation, ne pensez-vous pas nécessaire de dépasser les cadres et clivages et de regrouper tous les véritables internationalistes (même les anarchistes révolutionnaires et internationalistes du même niveau que ceux du KRAS de Russie).

Et donc, de créer, par exemple, des comités contre la guerre, pour la guerre de classe.

Il ne s’agit pas de faire des fronts communs. Chacun peut continuer à mener librement sa politique en général. Il s’agit d’acquérir une plus grande visibilité et efficacité dans nos interventions et notre propagande contre la guerre et pour la révolution en intervenant tous sous ce logo : contre la guerre pour la guerre de classe.

Il s’agit également, et dans un premier temps, de mesurer jusqu’où va notre accord politique sur la question de la situation internationale.

Il n’y a pas d’urgence non plus, car la période vient de profondément changer ; une nouvelle période vient de s’ouvrir qui va, à notre avis, durer et devenir de plus en plus grave. Plus rien ne sera comme avant... Une période de soulèvement va également arriver avec des émeutes de la faim.

Nous ne savons pas si cette proposition est la bonne et va marcher, mais il faut savoir innover. Serons nous capable de commencer à travailler comme avant Zimmerwald ? Il a fallu plus de 2 ans de guerre pour arriver à Zimmerwald après la période de sidération. Par contre, pendant la deuxième guerre il n’y a rien eu de la part des révolutionnaires et aussi pendant la guerre froide..... sinon, l’essai d’un Zimmerwald de "droite " par la Révolution prolétarienne. (il s’agissait d’être plus contre l’URSS que contre les USA - nous n’avons pas à choisir nos ennemis !)

Si la situation politique s’aggrave il faudra bien aussi créer des réseaux entre nous pour exister contre la répression qui peut être mise en place. (Loi martiale ou autre) A partir de maintenant nous sommes seuls et encore plus à contre courant.

Déjà un certain nombre de Comités se créent, en UK, USA, Turquie, Corée pour les plus avancés et à notre connaissance. C’est plus difficile en Italie et en Allemagne. Nous avons remarqué que dans certains pays, ce logo : contre la guerre et pour la guerre de classe, est utilisé mais de façon dévoyé, soit par des pacifistes, soit par des "faux" internationalistes. Car, pour ces derniers, il y a toujours un ennemi moins mauvais que l’autre (ici l’Ukraine) à défendre. C’est la tendance à défendre les faibles (que l’on pousse à mourir pour rien) sans comprendre qu’ils ne sont que le jouet d’un autre camp et que c’est toujours la guerre et qu’après celle là, il en aura une nouvelle plus grave et généralisée.

Salutations internationalistes

Pour la Tendance communiste Internationaliste, Olivier

Contre la guerre - Pour la guerre de classe

Un appel à l’action

1. L’invasion russe de l’Ukraine n’est pas un acte isolé. C’est le début d’une nouvelle période de rivalités impérialistes qui menace d’une guerre plus généralisée d’une manière encore jamais vue depuis 1945.

2. Aucun pays aujourd’hui n’est en dehors du système capitaliste. L’intensification de la rivalité
impérialiste est le produit de la crise économique toujours non résolue du capitalisme qui date
maintenant depuis plusieurs décennies. Durant cette période, le capitalisme a été contraint de recourir à nombre d’expédients pour gérer sa crise économique provoquée par la baisse du taux de profit.

Ce que cela a causé à la classe ouvrière mondiale, c’est une exploitation plus intense, une plus grande précarité des emplois et un déclin continu de la part des travailleurs dans la richesse qu’ils produisent. Non seulement ce système mène à la guerre, mais sa recherche insatiable de profit mène aussi à la destruction de la planète.

3. Cependant, la mondialisation, la financiarisation et le soi-disant néolibéralisme, toutes ces réponses à la chute du taux de profit, ont abouti à l’éclatement de l’énorme bulle spéculative mondiale en 2008.
Elles n’ont fait que prolonger la crise - pas la résoudre. Les contradictions du système s’accumulent et aucun Etat n’en est immunisé.

4. L’une des contradictions les plus flagrantes est que l’Occident a transféré des investissements vers des économies à bas salaires dans les années 1980. Le plus grand bénéficiaire en a été la Chine qui a construit son économie grâce à l’exploitation massive de sa main-d’œuvre à bas salaires pour fournir des produits de base bon marché afin d’alléger la pression à la baisse sur les revenus des travailleurs occidentaux. Cet arrangement avantageux pour le capitalisme mondial a cependant commencé à s’effondrer dès que l’essor économique a permis à la Chine de commencer à concurrencer les États-Unis sur toute la planète. Ce mariage de convenance économique s’est effondré et s’est pleinement révélé après l’éclatement de la
bulle spéculative en 2008, intensifiant ainsi les contradictions déjà existantes du système.

5. L’éclatement de cette bulle aurait conduit à une crise capitaliste mondiale sans précédent depuis 1929 si les Etats n’étaient pas intervenus pour absorber les dettes du système financier. Mais ‘l’assouplissement quantitatif’ n’a, ni résolu la crise globale, ni l’augmentation de l’exploitation à des niveaux inhumains.
Ce dont le capitalisme a besoin, c’est d’une dévaluation massive du capital qui va au-delà de
l’amortissement des actifs existants et cela nécessite une guerre généralisée. Cette propulsion vers la guerre généralisée a pris de l’ampleur depuis un certain temps. Avec de moins en moins d’options
ouvertes aux dirigeants du monde, il y a de moins en moins de place pour le compromis sur ce que sont les ‘intérêts nationaux’. Plus ils sont désespérés, plus ils sont susceptibles d’utiliser des armes de destruction massive qui menacent l’avenir de l’humanité (en un temps encore plus court que la menace très réelle que représente le changement climatique). En fait, la menace d’une guerre mondiale est liée à la catastrophe environnementale qui se produit déjà en raison de l’épuisement croissant des ressources naturelles et de la destruction de l’environnement provoqués par un système de plus en plus en crise.

6. La seule force capable d’empêcher cette catastrophe, et la guerre en général, est la classe ouvrière mondiale, dont la force collective peut d’abord paralyser l’effort de guerre, puis renverser l’ordre capitaliste. Les travailleurs salariés du monde entier partagent une position objective commune en tant que créateurs de la richesse mondiale qui aboutit dans les mains de leurs exploiteurs. En tant que tels, ils n’ont aucun pays ni intérêts nationaux à défendre. Eux seuls sont en mesure de créer une nouvelle société sans classes dans laquelle il n’y a pas d’Etats, où la production est coopérative, et conçue pour répondre aux besoins du plus grand nombre et non aux profits de quelques-uns. Ainsi, les conditions existent pour une communauté mondiale de producteurs librement associés où les gens donnent ce qu’ils peuvent et ne prennent que ce dont ils ont besoin.

7. Pour y parvenir, la classe ouvrière a besoin de s’organiser, ou peut-être de se réorganiser. Dans la lutte quotidienne contre les réductions de salaire, etc., les travailleurs seront obligés de former des comités
de grève élus et révocables par tous les travailleurs pour unir leur lutte. Mais cela ne suffira pas à stopper
les attaques des capitalistes. Les luttes isolées dans un secteur ou sur un lieu de travail sont facilement
gérées par les patrons et les syndicats complices. Tous les comités de grève doivent s’unir pour former
un mouvement de classe plus large qui puisse entamer le processus de dépassement de l’État existant.

8. Il est inévitable que dans ce processus, certains travailleurs en viennent à reconnaître l’impasse de
l’existence capitaliste avant les autres. Il est impératif que ces derniers s’organisent politiquement à un
niveau international afin d’offrir une voie claire pour l’avenir. Cela ne se produira pas immédiatement,
surtout pas après des décennies de recul des luttes des travailleurs face à l’assaut capitaliste. Cependant,
la situation actuelle en Ukraine est un avertissement de ce que les gouvernements réservent aux
travailleurs partout dans le monde et nous devons réagir, non seulement à l’exploitation quotidienne,
mais aussi aux plans politiques de ‘nos’ dirigeants.

9. Dans la situation actuelle de désastre humanitaire, nous n’avons pas d’illusion sur la possibilité qu’un
mouvement de classe puisse surgir bientôt, même si l’histoire a maintenant pris un nouveau tournant
désespéré. Nous devons construire ensemble quelque chose qui s’oppose à la fois à l’exploitation et à la
guerre. Même si la crise actuelle en Ukraine se termine par un accord de fortune, cela ne peut que semer
les graines pour le prochain cycle de conflits impérialistes. L’invasion de l’Ukraine a déjà jeté la Russie
dans les bras de la Chine et rallié l’OTAN et l’UE aux États-Unis et à leurs objectifs.

10. Le capitalisme signifie la guerre et c’est le capitalisme qu’il faut arrêter. Nous proposons donc de
mettre en place des comités "No War But Class War" partout où nous sommes présents et d’inviter à y
participer les individus et les groupes qui s’opposent à tous les nationalismes et reconnaissent que la
seule guerre qui vaille la peine d’être menée est la guerre de classe pour mettre fin au capitalisme et à
ses conflits impérialistes sanglants. Cela permettra aux minorités révolutionnaires dispersées
d’aujourd’hui de combiner leurs forces et de transmettre le message de la nécessité de se battre à une
classe ouvrière plus large.

11. ‘Contre la guerre - Pour la guerre de classe’ est une initiative internationale mais pas un embryon
d’Internationale. Cela ne se produira que lorsque la guerre de classe se développera en un mouvement
capable de s’attaquer à l’ordre capitaliste mondial. Cependant, elle offre une boussole politique pour les
révolutionnaires de différents horizons qui rejettent toutes les politiques sociales-démocrates, trotskystes
et staliniennes consistant, soit à se ranger carrément d’un côté d’un impérialisme ou d’un autre, soit à
décider que l’un ou l’autre est un ‘moindre mal’ qu’il faut soutenir, soit à approuver le pacifisme qui
rejette la nécessité de transformer la guerre impérialiste en guerre de classe, ce qui sème la confusion et
désarme la classe ouvrière pour qu’elle n’entreprenne pas sa propre lutte.

12. Enfin, nous devons souligner qu’il ne s’agit pas d’un appel au pacifisme, qui n’est au fond qu’un
plaidoyer pour un retour à la ‘normale’. Le problème concerne justement cette ‘normalité’ - c’est-à-dire
le système capitaliste lui-même qui génère les forces qui mènent à la guerre. Être contre la guerre sans
appeler à la fin du capitalisme, c’est comme attendre que le capital ne produise pas de profits sans
renverser le système d’exploitation, alors que ce dernier est la condition nécessaire à l’existence du
premier.
Si ces points convergent pour l’essentiel avec votre propre position, nous aimerions connaître votre
opinion.

Camarades de la Tendance Communiste Internationaliste, le 6 avril 2022

Notre réponse :

Cher camarade, vous nous avez interpellé dans un courrier à « propos d’une réunion d’appel de tous les véritables Internationalistes contre la guerre impérialiste » qui par « gravité de la situation » poserait la question « de dépasser les cadres et clivages et de regrouper tous les véritables internationalistes » quel que soit leurs courants politiques ! Une telle réunion aurait pour objectif « de mesurer jusqu’où va notre accord politique sur la question de la situation internationale. » mais également d’accoucher par exemple de « Comités contre la guerre, pour la guerre de classe ».

L’objectif affiché de tels comités est développé dans votre texte « Contre la guerre - Pour la guerre de classe ! Un appel à l’action ». Il est de s’opposer « à tous les nationalismes » et de reconnaître que seule « la guerre de classe (peut) mettre fin au capitalisme et à ses conflits impérialistes sanglants » afin de permettre « aux minorités révolutionnaires dispersées d’aujourd’hui de combiner leurs forces et de transmettre le message de la nécessité de se battre à une classe ouvrière plus large ». Par ailleurs, vous nous dites que ce logo « est utilisé mais de façon dévoyée, soit par des pacifistes, soit par des "faux" internationalistes ».

Nous saluons votre initiative et votre proposition de chercher à débattre largement au sein du mouvement révolutionnaire afin de trouver un terrain programmatique et d’action commun dans la lutte contre la guerre inter-impérialiste résultat de l’effondrement mondial du système de domination capitaliste au travers d’une conférence ! Il nous semble malgré la volonté commune de rechercher le débat le plus large sans tenir compte de nos tendances respectives, que l’organisation d’une telle « Conférence contre la guerre inter-impérialiste » doit s’appuyer sur une certaine délimitation politique afin d’éviter que pacifistes, réformistes radicaux, syndicalistes, pseudo-extrêmes gauches, ne puissent se servir d’une telle initiative pour cacher leurs politiques traitres d’Union Sacrée avec leur gouvernement bourgeois respectifs !

En effet, si nous avons la volonté d’aller vers une conférence du type de Zimmerwald ou Kienthal, c’est-à-dire des réunions internationales qui ont préparé les infimes minorités révolutionnaires à diriger la vague révolutionnaire issue de la première guerre mondiale, l’important est qu’une telle conférence éclaire les tâches de l’heure pour les révolutionnaires et pour le prolétariat à l’échelle mondiale.
Une telle conférence se doit non seulement de démasquer mais également permettre de se démarquer impérativement des adversaires, des faux amis et de leurs politiques qui sont seulement pacifistes, réformistes ou opportunistes. Une conférence contre la guerre inter-impérialiste se doit de dénoncer non seulement le pacifisme mais aussi toutes les politiques d’union sacrée ouvertes ou non menées sous couvert d’anticapitalisme, d’internationalisme, de lutte contre le fascisme, de lutte contre la guerre offensive de Poutine pour mieux embrigader les peuples travailleurs derrières leurs classes dirigeantes et soutenir l’effort de guerre et notamment celui de notre propre impérialisme, l’impérialisme français !

Une telle Conférence en France se devrait également d’expliquer la politique de l’impérialisme français dans la guerre en Ukraine, ce que pratiquement aucune extrême gauche ne fait ! Si la France, tout en emboitant le pas à l’Otan et aux Etats-Unis qui lui ont forcé la main, intervient c’est avant tout pour maintenir sa zone d’influence en Afrique sous couvert des "opérations". Barkhane ou Takuba ou toutes les autres qui se trament ou qui vont se tramer. Zone d’influence que la Russie a réussi à réduire cette place et ainsi à développer sa propre zone d’influence, principalement au Mali. D’une part la lutte pour les "zones d’influence" entre France et Russie pousse l’une comme l’autre à se préparer à un affrontement. La France a indiqué récemment vouloir intervenir autour d’Odessa. La prétendue lutte pour la paix en Ukraine risque fort de se transformer, comme c’était prévisible, en guerre ouverte entre France et Russie à moins d’arriver à un marchandage malgré les pressions de l’impérialisme américain sur l’impérialisme français ! En réalité peu importe, car au final, c’est la marche à la guerre mondiale à laquelle l’impérialisme nous mène ! Il s’agirait donc au travers d’une telle conférence de dénoncer notamment toutes les manœuvres et tractations notre propre impérialisme français, puisque pour nous comme pour les travailleurs, notre premier ennemi est l’impérialisme qui est dans notre propre pays et qui nous gouverne quel que soit la couleur politique du gouvernement !

Une telle conférence se devrait de déclarer que seule la Révolution Mondiale peut mettre à bas le système de domination impérialiste et capitaliste ! Mais bien avant cela, il nous faut déterminer les conditions de participation à une telle conférence afin que celle-ci ne soit pas dévoyer par des pacifistes, la gauche radicale, les réformistes de tous poils comme les syndicalistes ou la pseudo extrême gauche.

Pour être participant à une telle conférence, il convient qu’un groupe ou un individu soit au minimum par avance d’accord sur quelques points fondamentaux et que ces points n’aient plus à être remis en cause dans la discussion de la conférence.

1/ Tout d’abord, il importe que l’on soit d’accord sur ce que l’on entend par internationalisme prolétarien. Ce n’est pas la simple solidarité entre prolétaires de chaque pays. L’internationalisme révolutionnaire véritable vise la mise en place d’une internationale qui dirige les révolutionnaires à l’échelle planétaire et le fait qu’on en soit très loin ne change pas la proclamation de cet objectif. Pas de Révolution Mondiale sans Parti Mondial de la Révolution ! Afficher cet objectif est une nécessité !

Les adversaires d’un tel parti et à toute politique Communiste vont crier à la dictature marxiste voire au stalinisme. Cela est dans l’ordre des choses, puisque c’est le rôle de nos ennemis de nous combattre, de nous ridiculiser, nous caricaturer pour tenter de nous rendre inaudibles. Pourtant sans organisation internationale centralisant le combat contre les exploiteurs capitalistes, le prolétariat ne peut absolument pas réagir à l’échelle du combat qui est mené contre lui par une organisation capitaliste internationale.

2/ L’internationalisme prolétarien suppose aussi un accord sur un deuxième point : l’objectif est le pouvoir des soviets à l’échelle mondiale.

Là encore, les anti-autoritaires de tous poils risquent fort de crier au loup. Ceux qui s’opposent à l’idée d’un pouvoir aux travailleurs, qu’on l’appelle ou pas État ouvrier, ne seront bien sûr pas d’accord. Et la notion de pouvoir mondial aux travailleurs peut aussi déplaire à ceux qui veulent ménager des susceptibilités nationales. Inversement, ceux qui refusent la notion de droits nationaux des peuples ne seront pas non plus d’accord avec notre conception de l’internationalisme qui ne renie pas les aspirations nationales des peuples et ne les confond pas avec le nationalisme bourgeois (voir par exemple les aspirations nationales sous la Commune de Paris de 1871). Voir aujourd’hui les aspirations nationales des travailleurs des colonies françaises de Martinique, Guadeloupe, Nouvelle Calédonie et autres… Reconnaître ces aspirations nationales n’est en rien une concession au nationalisme de type bourgeois ou petit-bourgeois ! Il ne peut y avoir d’indépendance nationale sans lutte révolutionnaire du prolétariat pour sa propre indépendance de classe et son propre pouvoir politique. C’est en s’érigeant en tant que classe dominante que le prolétariat peut assurer l’indépendance nationale mais pas au sens bourgeois du terme :

« le prolétariat de chaque pays doit en premier lieu conquérir le pouvoir politique, s’ériger en classe dirigeante de la nation, devenir lui-même la nation, il est encore par-là national, quoique nullement au sens bourgeois du mot. » (Manifeste du Parti Communiste)

3/ Vient ensuite le point sur « la paix ». Il y a autant de mensonges que de vérités dans les aspirations populaires et même prolétariennes à la paix. Et d’abord le mensonge sur la « lutte pour la paix » qui ne serait pas une lutte pour le renversement du capitalisme. Est-ce que la notion de « contre la guerre et pour la guerre de classe » suffit à clarifier ce point ? Ce n’est pas certain car la « guerre de classe », c’est aussi la guerre que mènent contre nous les capitalistes ! D’autre part, comment distinguer la lutte révolutionnaire de classe du prolétariat des fausses luttes des syndicats et réformistes ? Ce qui nous différencie c’est la lutte pour la dictature du prolétariat !

A la « guerre de classe », nous préférons mettre en avant le défaitisme révolutionnaire, l’armement du prolétariat et la révolution mondiale comme seul moyen d’imposer la paix entre les peuples. Autrement dit, de proclamer que seule la dictature du prolétariat, la dictature mondiale des soviets peut s’opposer à la guerre impérialiste mondiale !

S’il nous semble être un des points minimaux d’accord, le défaitisme révolutionnaire doit être malgré tout discuté dans le sens qu’il prend en termes de lutte contre le militarisme, d’envoi de troupes, de lutte contre le budget d’armement et la lutte dans et contre les entreprises qui vivent de la guerre et de la production d’armes !

4/ Un autre point fondamental sur lequel devraient être par avance d’accord des participants à une telle conférence est le point suivant : la divergence fondamentale que nous avons avec les organisations « pseudo » ouvrières, « pseudo » prolétariennes ou « pseudo » révolutionnaires, qu’elles soient syndicales, nationales, ou réformistes, c’est l’auto-organisation des travailleurs en comités, assemblées souveraines, se dirigeant eux-mêmes, indépendants des appareils, élisant leur propre direction, choisissant eux-mêmes leurs mots d’ordre et modes d’action, leurs objectifs et perspectives. Il convient aussi qu’il soit clair que ce qui distingue de véritables révolutionnaires prolétariens, c’est qu’ils militent en permanence et publiquement pour que ces comités de travailleurs révolutionnaires prennent le pouvoir politique.

L’accord minimal pour participer à une telle conférence doit porter sur :

• La reconnaissance de la nécessité et la lutte pour un parti mondial de la révolution

• L’objectif du pouvoir des soviets à l’échelle mondiale et la dictature du prolétariat

• Le défaitisme révolutionnaire et l’armement du prolétariat

• L’auto-organisation et la défense des comités/ conseils/ soviets comme organes de classe du prolétariat et du peuple travailleur

Par contre, bien d’autres points peuvent parfaitement être discutés et contestés dans le cadre d’une conférence internationaliste révolutionnaire comme celle-ci :

« La guerre mondiale est la solution ultime du capitalisme quand il se trouve en crise, c’est le seul moyen de casser du capital mort et vivant pour tenter de repartir dans un nouveau cycle productif avec un capital "jeune" ou "rajeuni". Cette fois-ci ce pourrait être le dernier cycle. Il n’y aura, ni Reconstruction, ni de "Trente glorieuses". »

L’analyse de l’effondrement du capitalisme doit y être discutée. Tout comme le caractère inter-impérialiste de cette guerre, la Russie et la Chine étant, selon nous, un deuxième bloc impérialiste ! Il nous semble donc important de discuter de ce qu’est ou n’est pas l’impérialisme et si la Russie et la Chine sont aujourd’hui des États impérialistes ! Comme il nous semble nécessaire de discuter de la guerre pandémique et des politiques sanitaires qui ont permis également de lutter contre la montée de lutte de classe ces dernières années ! D’autres points peuvent être abordés également comme la lutte contre le réformisme (politique et syndical), la nature même du fascisme et quelles formes contemporaines prend-il. Voilà entre autres des points qui nous semblent nécessaires de débattre mais qui ne seraient pas des points préalables pour participer à une telle conférence.

Par ailleurs, une telle conférence devrait mettre en avant analyses et slogans, initiatives et déclarations qui préparent les progrès suivants vers la formation d’une organisation communiste révolutionnaire internationale.

La Voix des Travailleurs

Messages

  • A la proposition d’Olivier, j’ajouterai une dernière condition en lien possiblement avec le défaitisme révolutionnaire.
    La guerre militaire est a nouveau en Europe mais de façon continue dans le monde et nos comités ne doivent laisser aucune illusion sur le caractère bourgeois et nationaliste du pouvoir ukrainien.

  • A propos de la TCI et de ses comité "no war but the class war", je vous mets un lien vers leur page et l’ensemble des publications de ces comités

    https://www.leftcom.org/en/articles/no-war-but-the-class-war

  • Nous reproduisons l’article suivant en solidarité avec KRAS, section des anarcho-syndicalistes de l’AIT en Russie. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les membres de KRAS ont constamment défendu la position internationaliste, dénonçant toutes les parties au conflit et appelant les travailleurs à y résister (voir : aitrus.info). Pour cela, ils sont maintenant accusés par les anarchistes qui ont pris le parti de la résistance nationale ukrainienne d’être des laquais du Kremlin.

    On ne peut s’empêcher de se souvenir des calomnies contre nos camarades du PCInt qui, pour s’être opposés à tous les camps impérialistes durant la Seconde Guerre mondiale et avoir appelé les travailleurs à "déserter la guerre" (voir : leftcom.org), ont été dénoncés par le parti stalinien de Togliatti comme "agents et serviteurs d’Hitler". À l’époque, de telles calomnies étaient utilisées pour liquider physiquement nos camarades, les internationalistes.

    Une fois de plus, il n’y a pas d’abjection plus ignoble à laquelle ceux qui font la paix avec le défencisme national n’osent s’abaisser.

    A nouveau sur les "anarchistes" qui oublient les principes

    La section de l’Association internationale des travailleurs de l’espace russe appelle au boycott des provocateurs et des dénonciateurs qui se cachent derrière le nom d’"anarchistes" et dénoncent les militants de notre organisation.

    Notre position contre la guerre menée par les oligarchies capitalistes pour la répartition de « l’espace post-soviétique » rencontre la compréhension et le soutien des internationalistes anarchistes d’Ukraine, de Moldavie et de Lituanie, avec lesquels nous entretenons des contacts.

    Mais dès le début de la guerre russo-ukrainienne, les soi-disant « anarchistes », qui ont abandonné la position anarchiste internationaliste traditionnelle consistant à vaincre tous les États et toutes les nations et qui soutiennent l’une des parties belligérantes, ont lancé une campagne de diffamation contre notre organisation.

    Par exemple, les anciens anarchistes Anatoly Dubovik et Oleksandr Kolchenko vivant en Ukraine ont publié les noms et adresses de nos militants sur Internet. Le premier d’entre eux a écrit le texte correspondant, et le second lui a fourni son compte Facebook pour publication puis l’a approuvé. Le prétexte était que notre organisation adopte une position internationaliste cohérente et condamne à la fois l’invasion russe de l’Ukraine, le nationalisme ukrainien et la politique expansionniste du bloc de l’OTAN.

    MM. Dubovik et Kolchenko ont tenté sans vergogne et impudence de calomnier notre section de l’AIT, sans aucune raison essayant de nous attribuer une position de défense du Kremlin. De plus, ils admettent que nous appelons les soldats ukrainiens et russes à refuser de se battre.

    Ce dernier signifie que ces faux anarchistes, en publiant les adresses d’activistes anti-guerre situés en Russie, incitent directement les services secrets russes et les voyous nationalistes contre eux, en tant qu’opposants à la guerre, afin de les traiter de leurs mains ! Dans les conditions de harcèlement, de licenciements, de menaces et de représailles physiques continus contre les personnes anti-militaires en Russie, de telles actions équivaut à une véritable dénonciation avec une indication directe sur qui les forces répressives devraient tourner leur attention.

    Une fois de plus, les nationalistes des deux côtés de la ligne de front, suivant la logique du "qui n’est pas avec nous est contre nous", sont prêts à détruire conjointement leurs principaux adversaires, les internationalistes qui refusent de faire un choix entre États belligérants et les cliques bourgeoises, entre la peste et le choléra.

    Les anarchistes du monde entier devraient être conscients des actes honteux des provocateurs-informateurs et refuser une fois pour toutes d’avoir quoi que ce soit avec eux, les expulsant à jamais de l’environnement anarchiste et les envoyant à leurs patrons et maîtres des services secrets et la police secrète !

    Déclaration approuvée lors d’un référendum parmi les membres du KRAS-AIT

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