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La guerre entre blocs impérialistes, une suite de la guerre pandémique contre les peuples…

mercredi 20 avril 2022, par Karob, Robert Paris

La guerre entre blocs impérialistes, une suite de la guerre pandémique contre les peuples…

Après la pandémie (en fait, en pleine pandémie), la guerre est le moyen de détourner de la révolution sociale, de l’étouffer et de l’écraser dans le sang.

La plupart des gens (de ce côté de la planète) ne voient pas dans la guerre d’Ukraine une guerre entre deux blocs impérialistes mais seulement une guerre de la Russie. C’est le point de vue occidental ou pro-occidental ou plutôt pro-américain. Du côté russe ou pro-russe, on a le point de vue inverse évidemment : l’agression provient, derrière l’Ukraine, de l’impérialisme des USA (et ses alliés) qui pousse l’Ukraine à s’affronter avec la Russie. En fait, l’essentiel n’est nullement de se contenter de rejeter dos à dos les deux points de vue, mais de comprendre pourquoi il y a maintenant une guerre entre Ukraine et Russie mais qui a déjà le caractère d’une guerre mondiale, même si elle est encore seulement locale pour ses affrontements militaires directs.

Pourquoi, dans le passé, les impérialismes se sont-ils affrontés dans deux guerres mondiales ? Pour des raisons politiques ? Non ! Parce que l’un d’entre eux était particulièrement belliqueux ? Non ! Parce qu’un chef d’État très dictatorial a poussé à l’affrontement ? Non ! Parce qu’un des États avait un appétit de conquête plus grand que les autres ? Pas davantage ! Ils ont toujours évité les affrontements directs quand ils le pouvaient, même si leurs intérêts économiques les opposaient violemment. Et c’est encore le cas.

Il est encore vrai que la guerre économique n’est pas un moyen mais un but de la guerre tout court, comme cela a été le cas dans toutes les grandes guerres européennes et mondiales du capitalisme. Dans la guerre actuelle, le camp occidental prétend mener une guerre économique afin de combattre par des moyens pacifiques la guerre violente de la Russie, mais c’est de la poudre aux yeux. Non seulement leur guerre économique (surtout celle des USA) n’arrête en rien la guerre d’Ukraine, non seulement elle ne l’affaiblit pas mais elle a commencé avant, sous le prétexte de grandes manœuvres militaires russes et elle est le réel objectif du camp occidental.

Le camp russe est-il le plus défensif dans la guerre économique ? Si on comprend la Chine dans ce camp (et il faut l’entendre ainsi), alors la réponse est non. Sur le terrain économique, c’est la Chine qui reste à l’offensive et son impérialisme est de plus en plus conquérant, et elle taille des croupières aux USA. Le président américain Biden a été élu sur le programme de retirer cette suprématie économique au camp Chine-Russie. Isoler économiquement la Russie de la sphère économique occidentale est donc un moyen de retourner la tendance et de redonner la suprématie aux USA sur la plus grande partie du monde. Si une partie des entreprises chinoises est à l’arrêt, c’est le produit de l’offensive américaine beaucoup plus que des politiques de confinement contre covid !

Et il est bien probable que les deux blocs impérialistes ne s’en tiennent pas à l’affrontement économique et que la guerre d’Ukraine ne soit le prologue d’une vraie guerre mondiale, jetant les peuples dans une affreuse boucherie et peut-être d’un massacre thermonucléaire ! Oui, les deux camps sont tout aussi capables que ceux des deux premières guerres mondiales pour ce qui est de massacrer les peuples.

Cela fait un bon moment qu’ils se disent « en guerre » et qu’ils essaient de convaincre les peuples qu’il va falloir user de législations d’exception du fait de cette guerre. Il s’agissait d’abord des prétendues « guerres contre le terrorisme et contre les dictatures », notamment en Afghanistan, Irak, Syrie, Yémen, Afrique (Mali, Niger, etc…). On remarquera que c’étaient déjà des régimes pro-russes, ou qui menaçaient de le devenir, qui étaient visés par ces guerres.

Il y a eu ensuite la guerre pandémique, une guerre soi-disant contre Covid, en réalité pour aider le virus à se propager. Et le résultat en est la preuve aussi bien que les méthodes employées soi-disant pour bloquer le virus en bloquant en fait tous les moyens de confinement de la maladie. La pandémie a été une nouvelle occasion de permettre aux deux blocs de changer leur rapport de forces. Avant le déclenchement de la pandémie, la Chine caracolait aisément en tête sur le plan économique et menaçait la domination mondiale des USA. Maintenant, l’économie chinoise recule, ce qui profite peu à celle des USA mais profite à son hégémonie. Il est aisé de voir en quel sens la pandémie a fait partie de la guerre mondiale et ce n’est pas comme guerre contre la propagation du virus. Sur ce plan, les gouvernants du monde ont plus combattu en faveur de la pandémie que contre elle.

Il y a maintenant la guerre en Ukraine et l’affrontement ouvert sur le terrain économique en vue de démolir l’adversaire. Ce sont les USA qui sont à l’offensive sur ce plan et ils font donner toutes les armes économiques de leurs alliés. Armes de destruction massive puisqu’il s’agit de bien plus que de simples sanctions mais de fermer tout le robinet économique mondial à la Russie, de fermer toutes les banques et usines occidentales dans ce pays, de couper toutes les commandes des pays occidentaux à la Russie, de bloquer les relations financières, etc. Même si on n’en est pas encore à ce point avec la Chine, l’offensive est mondiale pour obliger tous les pays à s’aligner sur un camp ou un autre. Pour économique qu’elle soit, il s’agit donc bel et bien d’une guerre et ce n’est pas de simples sanctions pour faire pression sur la Russie dont il s’agit, contrairement à ce que prétend le camp occidental.

Dans chaque camp, le but est de rallier le plus de pays possibles, de faire pression sur les indécis ou les hypocrites pour les obliger à s’enrégimenter dans leur camp impérialiste. Biden agit ainsi avec l’Europe de l’Ouest qu’il a rapidement fait céder en poussant Poutine à la guerre en Ukraine, ce qui a permis au bloc USA-Angleterre-Canada-Japon-Australie d’occuper l’Europe de l’Est, reprenant ainsi cette domination au bloc France-Allemagne, ainsi floués… Ils commencent seulement à réaliser et à protester. L’Europe n’est pas défendue ici par les USA mais choisie comme un des terrains de bataille de la prochaine guerre mondiale et enjeu de la lutte entre les blocs ! Dans le reste du monde, bien des pays ne prennent pas parti pour les USA, dont la Chine, l’Inde, la Syrie, et même Israël… Et la politique des USA peut les pousser à prendre ouvertement parti pour la Russie… En tout cas, il est certain que les USA poussent à une division irréversible du monde et cela n’a rien de pacifique même quand c’est encore purement économique. D’ailleurs qu’y a-t-il de purement économique quand on arme à fond un des deux camps et qu’on militarise le monde entier ?

En temps normal, le capitalisme a toujours été une guerre économique entre les capitalistes concurrents et les pays concurrents mais cette guerre n’est généralement menée qu’indirectement et sans volonté de destruction massive de l’économie concurrente. En effet, si les impérialismes devaient se confronter militairement de manière directe à chaque fois qu’ils sont concurrents, la planète serait en permanence un champ de ruines et ils s’en gardent bien, se contentant de la concurrence économique et de l’affrontement politique ou diplomatique.

Si cette fois, l’affrontement prend une toute autre figure, s’ils sont prêts pour se combattre à nuire gravement aux échanges commerciaux et financiers, et même à l’édifice mondial du capitalisme, c’est qu’ils estiment que celui-ci est de toutes façons au bord du gouffre et que ce n’est pas cela qui va provoquer spécialement sa chute, étant donné le point de non-retour de l’effondrement mondial du capitalisme.

En effet, les USA qui engagent la guerre économique sous prétexte d’agressivité russe contre l’Ukraine sont lancés dans une hausse inflationniste sans précédent dont ils ne voient pas la limite en même temps que dans une récession grave, alors même qu’il devient impossible de booster l’économie de manière artificielle par l’intervention des banques centrales du fait de l’inflation. Étranglée de par tous les côtés, l’économie américaine n’attend rien du simple développement économique mondial et se jette dans ce qui lui paraît une issue politique : casser le lien avec l’autre bloc, l’affaiblir, l’isoler du reste du monde. C’est une voie sans issue aussi puisque cela mène inexorablement à la guerre mondiale, qui, dans un contexte nucléaire, ne peut qu’être une horreur sans nom !

Mais il y a quelque chose qui semble bien plus horrible aux classes possédantes, c’est la montée de la révolution sociale mondiale qui a débuté peu avant la pandémie dans un très grand nombre de pays et qui continue actuellement, bien que plus lentement, même si la pandémie a d’abord servi à la calmer. Il a fallu pour cela des millions de morts et ils ont été voulus et non accidentels. Les peuples ont pensé : on reprendra la lutte quand covid sera fini et cette fin n’arrive pas… Les classes dirigeantes, eux, ont pensé : s’ils veulent la révolution, on va leur donner du sang, on va leur donner des morts, on va leur permettre de se sacrifier mais on ne les laissera pas toucher à notre domination sur le monde.

Oui, nous affirmons que la pandémie a été une guerre des capitalistes contre les exploités et pas un accident sanitaire mondial. Et nous avons des milliers de preuves de cela. Même si les peuples ne se résolvent pas aisément à se convaincre que les classes possédantes sont des criminels à grande échelle, c’est pourtant la vérité et les guerres mondiales comme les fascismes n’en sont que l’une des démonstrations. Les millions de morts de covid sont des morts du capitalisme, au même titre que les morts des guerres mondiales ou des accidents du travail. Au même titre, ces morts n’ont rien d’accidentel et sont les produits de la guerre, économique puis militaire, que les classes possédantes mènent contre nous.

Si nous ne renversons pas le capitalisme dans la période qui vient, si nous nous contentons même de protester avec les réformistes, syndicaux et politiques, contre les guerres et les fascismes, contre les violences de toutes sortes mais laissons le pouvoir d’État aux mains de ces capitalistes et de leurs tueurs professionnels, alors nous aurons du sang et des larmes et aurons manqué notre chance de faire progresser l’humanité. Nous ne voulons pas croire que les peuples qui viennent de démontrer leur capacité de se mobiliser, de se battre, de s’organiser parfois, vont en rester là et seront des victimes obéissantes. Nous pensons même au contraire que le temps des grandes révolutions a maintenant sonné et que les peuples exploités et opprimés sauront s’y préparer. Jusque là les directions réformistes, de la France à l’Egypte et du Soudan à l’Algérie, et de l’Inde aux USA ont empêché les gros bataillons de la classe ouvrière d’entrer dans la révolution mais rien ne dit qu’ils puissent encore suffire comme barrière protectrice des classes possédantes. C’est pourquoi celles-ci sont entrées en guerre, terrorismes, guerres, pandémies, dictatures et fascismes afin de détourner, d’étouffer et d’écraser la révolution sociale montante ou qui couve.

Ce qui apparait, en Ukraine, seulement comme une guerre entre grandes puissances est d’abord et avant tout une guerre des capitalistes contre les exploités du monde. Les classes possédantes craignent avant tout que des révolutions comme celles qui se développent actuellement au Sri Lanka ou se sont développées au Kazakhstan, aillent plus loin, se dotent de conseils de travailleurs et mènent à un pouvoir aux travailleurs. Voilà ce que les possédants craignent bien plus que des millions de morts d’une guerre, du terrorisme ou d’une pandémie. Aux travailleurs du monde d’en tirer les leçons : la révolution sociale n’est pas seulement une possibilité, c’est une nécessité vitale !

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