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WSWS : Macron présente son programme électoral : militarisme et guerre des classes

dimanche 27 mars 2022, par Robert Paris

Macron présente son programme électoral : militarisme et guerre des classes

par WSWS

Le 17 mars, Emmanuel Macron a présenté son programme à Aubervilliers aux présidentielles du 10 et 24 avril 2022. Il appelle au réarmement et à une politique d’austérité sociale, sans rien dire sur la pandémie de Covid-19 malgré l’explosion actuelle du nombre d’infections.

Un examen du programme de Macron confirme que la guerre livrée à la Russie en Ukraine par l’OTAN suite à l’invasion russe représente une tentative des classes dirigeantes impérialistes de restructurer drastiquement le monde. En présentant son programme, Macron a évoqué la guerre en Ukraine : « Le projet que je vous présente aujourd’hui est évidemment ancré dans le moment qui est le nôtre, c’est-à-dire celui du retour du tragique dans l’histoire ».

Son programme confirme l’adage marxiste qu’en livrant la guerre à l’extérieur, la bourgeoisie livre aussi la guerre à la classe ouvrière à intérieur. Sur fond de militarisation de l’Europe, alors que Berlin triple son effort de défense cette année à 150 milliards d’euros, Macron veut augmenter le budget militaire français à 50 milliards d’euros et renforcer les forces de l’ordre. En contrepartie, il veut réduire de 50 milliards d’euros les dépenses pour les retraites et les allocations-chômage.

Malgré l’évocation rituelle par Macron de la « souveraineté », du « progrès » et de l’ « humanisme », il est clair que la poussée de l’OTAN vers une guerre mondiale contre la Russie est indissociable d’une tentative de faire régresser profondément la vie des travailleurs en Europe.

Sur le militaire, où Macron appelle à préparer la France à « une guerre de haute intensité », il accélère des politiques qu’il avait déjà proposées ou décidées :

L’augmentation du budget militaire de 40 à 50 milliards d’euros, soit 2 pour cent de l’économie, était prévue par la Loi de programmation militaire pour 2019-2025 adoptée en 2018.
La création d’un service militaire universel était entérinée par une loi adoptée en 2018, alors qu’éclataient les manifestations des « gilets jaunes ».
La création d’une « garde nationale » militaire visant à épauler les forces de l’ordre à l’intérieur de la France était évoquée par son gouvernement, ainsi que par les candidats néofasciste Marine Le Pen et Insoumis Jean-Luc Mélenchon.

Pendant son mandat, Macron a accordé d’énormes pouvoirs aux forces de l’ordre pour réprimer les grèves et autorisé l’armée à tirer sur les « gilets jaunes ». Le danger de guerre OTAN-Russie souligne que sa tentative de militariser la France et de la mettre en ordre de marche pour des guerres « de haute intensité » correspond à une tentative d’assurer la place de l’impérialisme français dans une re-division capitaliste de l’Europe de l’est et du monde.

Macron, largement détesté par les travailleurs pendant son premier mandat en tant que « président des riches », définit ainsi son programme social : « Il consiste à faire, dans les cinq ans qui viennent, ce que nous avons fait dans les cinq ans qui viennent de s’écouler. »

En fait, le programme propose une intensification majeure des attaques contre les travailleurs. Dans la lignée de sa réduction de l’Impôt sur la fortune, Macron veut 15 milliards d’euros en réductions d’impôts, dont la moitié pour les entreprises. La réduction de l’assurance-chômage et surtout l’augmentation de l’âge de la retraite à 65 ans correspondent à des réformes imposées pendant son mandat mais qu’il n’a pas osé mettre en application pendant la pandémie face à l’opposition sociale.

D’autres réformes, toutefois, correspondent à de nouvelles attaques majeures visant une transformation profondément réactionnaire de la société. Macron veut obliger les allocataires du RSA à travailler 15 à 20 heures par semaine pour percevoir leurs revenus. Il reprend sa proposition de janvier de donner plus « d’autonomie » financière aux universités, dont il avait brutalement expliqué la portée en déclarant : « On ne pourra pas rester durablement dans un système où l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants ».

Ainsi Macron veut transformer chômeurs et pauvres en main d’œuvre surexploitée, et adopter le modèle de financement universitaire anglo-américain. Au lieu de payer quelques centaines d’euros les frais d’inscriptions pour obtenir une éducation financée par la collectivité, les étudiants devront emprunter des milliers d’euros chaque semestre afin de les payer, ressortant de leurs études endettées à la hauteur de dizaines de milliers d’euros.

Macron indique aussi qu’il ferait déporter tout demandeur d’asile dont la demande serait déboutée, faisant savoir ainsi que lors d’un second mandat, il continuerait les attaques contre les quartiers populaires et des organisations islamiques réalisées lors de son premier mandat.

Un silence assourdissant entoure la pandémie de Covid-19 dans le programme de Macron, qui ne mentionne même pas la maladie. Elle a infecté plus de 24 millions personnes et fait 140.000 morts en France et 1,7 millions en Europe, et fait régulièrement aux alentours de 100.000 cas par jour en France alors qu’une nouvelle vague poussée par le variant BA.2 traverses à nouveau l’Europe. Macron indique par ce silence dans son programme qu’il veut continuer le refus actuel par son gouvernement de toute mesure pour stopper la propagation du virus.

Malgré ce silence, il est clair que la pandémie a miné le capitalisme français. Les plans de relance européens adoptés pendant la pandémie ont enrichi les classes possédantes françaises à la hauteur de centaines de milliards d’euros. Mais les États européens ont financé ces transferts d’argent aux super-riches en faisant exploser leurs dettes, celle de la France étant passée de 99 pour cent à 115 pour cent du Produit intérieur brut (PIB). En faillite même s’il ne l’avoue pas encore, le capitalisme français est rongé de l’intérieur par les fortunes obscènes de ses élites dirigeantes.

Les présidentielles marquent à l’échelle française la crise historique du capitalisme marqué à l’échelle mondiale par le conflit OTAN-Russie. La politique d’austérité imposée en Europe suite à la dissolution stalinienne de l’Union soviétique en 1991 était le versant intérieur des guerres menées par l’OTAN en Irak, en Yougoslavie, en Somalie, en Afghanistan, en Libye, en Syrie, au Mali et au-delà. A présent, une nouvelle étape émerge. Les menaces de l’OTAN contre la Russie, une puissance nucléaire, vont de pair avec l’émergence d’un régime fascisant et ultra-austéritaire.

La tentative de Macron de faire porter la responsabilité de sa politique militariste à l’invasion de l’Ukraine par les forces russes n’est qu’un enfumage cynique. L’invasion de l’Ukraine est une action réactionnaire qui divise les travailleurs russes et ukrainiens. Mais l’OTAN a joué le rôle central pour provoquer cette invasion, en armant l’Ukraine et en refusant d’offrir des garanties de sécurité exigées par la Russie.

Macron avait en fait dénoncé cette politique peu avant le début de la pandémie de Covid-19, insistant à grand bruit sur la nécessité de faire l’opposé de la politique actuelle de l’OTAN. Auprès du magazine britannique Economist, il avait critiqué la dépendance de la finance européenne sur la gestion américaine du dollar et dénoncé la politique agressive de l’OTAN envers la Russie.

« Ce qu’on est en train de vivre, c’est pour moi la mort cérébrale de l’OTAN. Il faut être lucide », avait déclaré Macron, avant d’ajouter : « Que les États-Unis soient très durs avec la Russie, c’est un surmoi administratif, politique, historique. … Si nous voulons bâtir la paix en Europe, reconstruire de l’autonomie stratégique européenne, nous avons besoin de reconsidérer notre position avec la Russie. »

A présent Macron « en mort cérébrale » s’aligne sur le « surmoi politique » de Washington contre la Russie, afin d’intensifier les politiques militaristes et anti-ouvrières qu’il a menées tout au long de son mandat.

Le fait que Macron caracole actuellement à la première place dans les sondages électoraux, avec 31 pour cent des voix au premier tour, ne reflète pas un soutien réel pour sa politique, mais la faillite de ses concurrents et la sclérose de l’élite dirigeante française. Après des décennies d’austérité et de guerre menées par le PS et ses satellites de pseudo-gauche, aucun candidat présenté par les médias comme étant « de gauche » ne séduit les électeurs. L’opposition des travailleurs aux politiques de Macron ne trouve aucune expression à l’intérieur d’un establishment politique totalement corrompu.

Les élections présidentielles ne résoudront aucun problème essentiel pour les travailleurs. Ils ne pourront défendre leurs intérêts que par une mobilisation internationale contre la guerre, la pandémie et le diktat des banques, en une révolte ouverte contre les appareils syndicaux et en lutte pour le socialisme.

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