Accueil > 16- EDITORIAUX DE LA VOIX DES TRAVAILLEURS > A bas la guerre de tous les impérialismes ! A bas l’impérialisme et le (...)

A bas la guerre de tous les impérialismes ! A bas l’impérialisme et le capitalisme !

mercredi 23 mars 2022, par Alex, Waraa

A bas la guerre de tous les impérialismes : russe en Ukraine, allié au chinois, et, contre eux, américain, anglais, japonais, canadien et australien, appuyés par les impérialismes français, allemands et européens !

A bas la politique d’Union sacrée ouverte de la CGT au PCF et aux Insoumis... et d’Union sacrée hypocrite de l’extrême gauche électoraliste (LO, NPA)

Les classes dirigeantes du monde capitaliste veulent décidément nous enfermer dans les oppositions diamétrales. Après les ultimatums : ou terrorisme ou antiterrorisme guerrier, ou intégrisme islamique ou anti-intégrisme d’extrême droite, ou négation du covid ou peur panique du covid, ou absence de mesures de protection ou obligation vaccinale et pass sanitaire, on nous demande de nous ranger dans un des deux camps suivants : guerre de la Russie ou guerre de l’OTAN, ou impérialisme de l’Ouest ou impérialisme de l’Est.

La réaction ne fait que son travail, disait le révolutionnaire Blanqui, soulignant que ce sont les faux amis du peuple qui trahissent. Mais face à ces politiques, que proposent les courants politiques, associatifs et syndicaux « de gauche » qui nous appellent à l’action ou à l’inaction, à défiler ou à voter, prétendument au nom de « nos intérêts » ?

Face aux menaces d’une guerre européenne voire mondiale, c’est une vieille politique réactionnaire qui est mise en avant par eux tous : « l’ Union sacrée » du prolétariat de chaque pays avec « son pays, », c’est-à-dire « son » Etat capitaliste, « sa » bourgeoisie et « son » armée.

Cette politique d’Union sacrée se cache derrière des idéaux de paix, de refus de la guerre, ... voire du refus de l’Union sacrée. De Zemmour à Mélenchon, tous les candidats se présentent comme de loyaux serviteurs de la classe dirigeante française, ils sont donc clairement dans l’Union sacrée, les travailleurs n’ont rien à attendre d’eux.

Mais il est important de comprendre comment la principale organisation de travailleurs, la CGT, et ses satellites politiques que sont non seulement les Insoumis et le PCF mais aussi que sont devenus les partis officiels de l’extrême-gauche électorale (LO et NPA et leurs candidats présidentiels N. Arthaud et P. Poutou), sont également dans l’Union sacrée, même s’ils prétendent l’inverse. Nous n’avons nul besoin de noircir du papier à démontrer le nationalisme de Mélenchon et du PCF, car ils s’en revendiquent ouvertement, ce qui signifie qu’ils appuient la nation capitaliste et impérialiste. Roussel et Mélenchon proposent que les impérialismes se fassent la paix et ne nous proposent pas de les renverser de manière révolutionnaire. Nous allons voir que l’extrême gauche officielle, qui, elle, se dit internationaliste et révolutionnaire, ne fait pas mieux.

Dans son document « Paix en Ukraine – Liberté en Russie » du 2 mars la CGT donne une analyse de la guerre en Ukraine.

Ce titre (qui refuse la liberté en Ukraine et la paix avec la Russie) contient en lui-même le pire élément du programme, ligne reprise par LO et NPA : cette guerre serait un problème avant tout russo-ukrainien, qui ne nous concernerait pas directement, ou seulement de loin. Ainsi « S’il y a une vraie lutte contre cette guerre sanglante de Poutine, c’est la résistance du peuple ukrainien. Ce sont aussi les manifestations qui se déroulent en Russie des opposants à la guerre, malgré les interdictions, les persécutions et les milliers d’arrestations. » écrit le NPA. En France, aucune action au programme pour ces gens-là, à part les élections !
Pour N. Arthaud de Lutte Ouvrière, face à la guerre qui menace non seulement Russie et Ukraine mais toute l’Europe, le temps de l’action des travailleurs n’est-il pas venu ? Puisque, selon elle, la classe ouvrière n’est pas prête, l’urgence reste donc à… l’élection : « Si nous ne voulons pas être soumis à l’aggravation de l’exploitation aujourd’hui et devenir de la chair à canon demain, nous devrons nous organiser pour défendre nos intérêts de classe. Et tant que notre classe sociale n’est pas capable de renverser ce système pourri, il faut au moins que la colère contre celui-ci s’exprime. Le vote pour ma candidature à l’élection présidentielle en donnera l’occasion. » Voici ce que déclare Lutte Ouvrière.

Or dans sa brochure de campagne « Le camp des travailleurs », N. Arthaud n’avait dit aucun mot d’ordre sur les dangers de guerre ! La dénonciation faite par N. Arthaud du capitalisme l’est seulement du point de vue économique : inégalités entre riches et pauvres. Au lieu de proférer des injures anti-travailleurs comme « notre classe sociale n’est pas capable », reprises de la tradition stalinienne, LO devrait appliquer à elle-même les conclusions de Trotsky sur ces Staliniens à la veille de la guerre : « La situation politique mondiale dans son ensemble se caractérise avant tout par la crise historique de la direction du prolétariat. » C’est parce qu’il se rallia au socialisme que Jaurès, dès 1894 (et non pas comme un naïf surpris en 1914), pouvait affirmait : « votre société porte en elle la guerre ».

Le blocage du capitalisme depuis 2008 porte en lui la guerre, ni la CGT, ni LO, ni le NPA n’ont averti les travailleurs de ce danger, et c’est un autre aspect de leur participation à l’Union sacrée depuis des années.

Dans la conclusion de son document, la CGT, en ne proposant aucun rôle à la classe ouvrière, met en avant des revendications politiques qu’on ne lui connait plus en France depuis 1914, pour un changement de régime : « sortir enfin ce pays [la Russie] des ténèbres totalitaires, nationalistes et impérialistes dans lesquelles il se trouve plongé depuis plus de vingt ans. » Pourtant, les ténèbres totalitaires où se trouvaient déjà plongée la Russie sous Staline, la CGT ne les reconnaissait pas lorsque son secrétaire général B. Frachon écrivait en 1946 : « nous avons de l’amitié et de la reconnaissance pour l’URSS, comme tous les hommes épris de liberté et que n’aveugle pas la haine partisane ». La CGT a rompu ses liens avec la Russie à la chute de l’URSS, sa profession de fois antinationaliste et anti-impérialiste russes est la forme que prend son allégeance entière et complète au nationalisme et à l’impérialisme français, qu’elle avait déjà montrée en 1914 et 1939.

« La condamnation de la CGT doit quant à elle frapper avant tout l’agresseur, en l’espèce Vladimir Poutine » écrit la CGT Cette analyse reprend celle du gouvernement français. En concentrant sur Poutine toutes les responsabilités, en laissant un espoir par un changement de personne, la CGT met en place un cadre où la suit l’extrême gauche Dans ses éditoriaux des bulletins d’entreprise, N. Arthaud met également toute la responsabilité sur Poutine, tout en omettant le fait que Poutine n’est que le porte-parole de l’impérialisme russe, restauré à la suite du capitalisme en Russie en 1991. N. Arthaud nie l’existence même d’un impérialisme russe, héritier de celui des Tsars que dénoncèrent Lénine et Trotsky : « À bas les guerres de Poutine », « L’intervention militaire décidée par Poutine », « L’attaque de Poutine contre l’Ukraine » etc. N. Arthaud nie l’existence de cet impérialisme russe, au moment où celui-ci prend la forme d’une guerre.

La CGT ose faire oublier qu’en 1914, cette organisation était dans l’Union sacrée avec son secrétaire Léon Jouhaux devenu Commissaire de la Nation et revendique :

« Notre pacifisme, celui qui plonge ses racines dans la conférence de Zimmerwald en 1915 ». Or c’est le fond même de cette conférence de Zimmerwald (l’alliance internationale contre la guerre en pleine boucherie impérialiste de 1914, que soutenaient notamment Lénine et Trotsky) que nie la CGT (conférence à laquelle elle n’avait pas participé !) : l’existence d’un impérialisme français qui est responsable de la guerre en Ukraine au même titre que l’impérialisme russe, peu importe que ce soit Poutine « qui ait commencé ».

La première constatation de Zimmerwald fut en effet de dénoncer dans son Manifeste le caractère impérialiste de la guerre de 1914 : « Après un an de massacre, le caractère nettement impérialiste de la guerre s’est de plus en plus affirmé ; c’est la preuve qu’elle a ses causes dans la politique impérialiste et coloniale de tous les gouvernements, qui resteront responsables du déchaînement de ce carnage. (...) Quels que soient les responsables immédiats du déchaînement de cette guerre, une chose est certaine : la guerre qui a provoqué tout ce chaos est le produit de l’impérialisme. »

Or concernant la guerre présente, c’est bien un responsable (Poutiine) et non le système impérialiste dans son ensemble que la CGT invoque, elle est donc dans l’Union sacrée avec le gouvernement Macron, non pas dans la lignée de Ziimmerwald ! N. Arthaud suit la CGT en utilisant certes plus souvent le terme d’impérialisme, mais en oubliant celui que les révolutionnaires dénoncent toujours : celui de leur propre pays. Aucun des éditoriaux de LO publié depuis l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe ne mentionne, n’utilise le terme d’ « impérialisme français » !

L’envoi de troupes françaises en Roumanie, effet direct de cette guerre ? LO ne le mentionne ni ne le condamne ! C’est à partir de la Roumanie qu’il y a cent ans l’Etat major français organisa l’écrasement des révolutions de Russie-Ukraine et de Hongrie, échouant dans le premier cas, réussissant dans le second. La Roumanie reçut la Bessarabie (Moldavie actuelle) de Clémenceau en 1918 et Hitler en 1941. Il est donc fini le temps des alliances entre l’impérialisme français ou allemand et le nationalisme roumain aux dépens de l’Ukraine ? Pour la CGT, Poutou et Arthaud, c’est bien le cas.

La CGT ne propose aux travailleurs d’ici aucune tâche face à cette guerre. La France n’étant prétendument pas impliquée dans celle-ci (mais alors pourquoi envoie-t-elle des troupes en Roumanie et affirme-t-elle mobiliser les armées, les féliciter et faire appel à leur sens du devoir ?), c’est aux Russes et aux Ukrainiens de se débrouiller, en s’appuyant sur les sanctions de nos gouvernants, les seuls habilités à s’occuper de politique étrangère « Une paix durable ne peut être obtenue que par [le départ de Poutine ] et celui-ci n’interviendra que par la conjonction de trois facteurs : des sanctions internationales fortes et réellement efficaces, une résistance ukrainienne qu’il faut espérer victorieuse et un soutien aux oppositions russes démocratiques et progressistes ». Le NPA, même chez une de ses fractions qui se dit marxiste voit les choses de façon semblable : « S’il y a une vraie lutte contre cette guerre sanglante de Poutine, c’est la résistance du peuple ukrainien. Ce sont aussi les manifestations qui se déroulent en Russie des opposants à la guerre, malgré les interdictions, les persécutions et les milliers d’arrestations. (...) C’est à ces opposants-là à la guerre que va notre solidarité. » On pourrait citer LO. le gouvernement n’a pas à s’inquiéter : la CGT, LO et le NPA n’appellent à aucune action sérieuse en France.

Ni LO ni le NPA ne reprend la perspective qui fût celle de l’’aile gauche de la conférence de Zimmerwald, et qui est le seul programme possible pour les ouvriers face à une guerre.

Contre l’Union sacrée ouverte de la CGT, hypocrite de l’extrême gauche électorale (LO, NPA), ce programme de Zimmerwald reprend toute son actualité :

« La guerre impérialiste inaugure l’ère de la révolution sociale. Toutes les conditions objectives de l’époque actuelle mettent à l’ordre du jour la lutte révolutionnaire de masse du prolétariat. Les socialistes ont pour devoir, sans renoncer à aucun des moyens de lutte légale de la classe ouvrière, de les subordonner tous à cette tâche pressante et essentielle, de développer la conscience révolutionnaire des ouvriers, de les unir dans la lutte révolutionnaire internationale, de soutenir et de faire progresser toute action révolutionnaire, de chercher à transformer la guerre impérialiste entre les peuples en une guerre civile des classes opprimées contre leurs op-presseurs, en une guerre pour l’expropriation de la classe des capitalistes, pour la conquête du pouvoir politique par le prolétariat, pour la réalisation du socialisme. »

Ne demandons pas aux impérialismes de faire la paix, renversons-les et remplaçons-les par le pouvoir aux travailleurs !

Messages

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.