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La rue ou les urnes, il faut choisir. Notre choix est celui du peuple kazakh !

mardi 11 janvier 2022, par Alex, Robert Paris

Macron et le dictateur kazakh

L’insurrection kazakh

La rue ou les urnes, il faut choisir Notre choix est celui du peuple kazakh !

Au Kazakhstan se mène en ce moment, au prix du sang, un combat du peuple travailleur contre ses exploiteurs et oppresseurs, une lutte sociale et politique où les masses sont des acteurs directs et conscients mais dont les organisations qui se réclament en France des travailleurs se gardent de se faire réellement l’écho et le relai. Pourtant cette lutte nous concerne directement.

Les masses pauvres du Kazakhstan qui sont en train de défaire le pouvoir par l’action directe nous rappellent que la véritable action politique de masse est dans la rue et pas dans les urnes.

Les gilets jaunes en France comme le Hirak en Algérie ou les révoltes en Tunisie et en Egypte posaient déjà l’alternative : action politique directe des masses fondée sur l’auto-organisation avec, en perspective, le pouvoir direct du peuple travailleur, à opposer à l’inaction politique des masses avec délégation de pouvoir aux représentants du capital issus d’élections organisées par le pouvoir du capital.

L’illusion des transformations par des élections organisées par le pouvoir capitalistes ont eu lieu aux USA (Biden-Obama), en France avec la social-démocratie, et ont eu lieu encore récemment au Chili avec l’élection d’un président social-démocrate.

Certes, les travailleurs peuvent rituellement déposer des bulletins dans une urne en faveur de politiciens bourgeois de gauche et même élire un président de gauche comme récemment au Chili, mais ils constatent très rapidement que cela ne change rien à leur sort et que la classe exploiteuse continue aussi bien, sous la gauche que sous la droite, ses exactions et son exploitation.

A l’inverse, l’action politique de masse n’est pas un espoir illusoire mais une réalité qu’ont vécu successivement et récemment de nombreux peuples (de l’Egypte à la Tunisie, du Soudan à la Syrie, de la France à la Colombie) ou qu’ils continuent de vivre, de la Guadeloupe au Kazakhstan, de la Martinique au Liban.

L’exemple de la révolte sociale du Kazakhstan est particulièrement révélateur et on constate dès le début de ce mouvement que le pouvoir vacille, est obligé de démettre son gouvernement, et est amené à employer la violence directe pour tenir en place. Le dictateur Kassym-Jomart Tokaïev autorise la police à tirer pour tuer sans sommation ! Et cela ne suffit même pas. C’est dire la force de l’insurrection prolétarienne !

La dictature kazakh est même contrainte de faire appel aux forces de répression russes. Mais la Russie, et les pays qui lui sont alliés, ne sont pas les seuls à soutenir cette dictature. Les pays occidentaux l’ont également soutenue et la soutiennent. Tous les chefs d’Etat français ont été se faire acclamer au Kazakhstan et ils ont bien des raisons pour cela. Les USA se proclament radicalement opposés à une intervention russe en Ukraine mais n’ont rien dit contre l’intervention militaire au Kazakhstan car là il s’agit d’écraser le peuple travailleur ! On constate donc que ce pouvoir, parmi les plus oppressifs de la planète, a la solidarité des puissances capitalistes, notamment celle de la France qui y fait des affaires en or…

Le parquet de Mons (Belgique) a mis en examen le ministre d’Etat et ancien président du Sénat Armand De Decker, pour trafic d’influence dans l’enquête belge d’une affaire de corruption concernant des contrats commerciaux entre la France et le Kazakhstan. Mais en France, il n’y a pas eu de procès pour corruption des dirigeants français par ceux du Kazakhstan !! Sans doute faudrait-il plutôt parler du contraire : de la corruption des dirigeants kazakhs par les dirigeants capitalistes français, ce qui, en France n’est pas répréhensible. Du moment que ça rapporte.

L’uranium est, bien entendu, un élément non négligeable de la sympathie des dictateurs capitalistes français pour les dictateurs capitalistes kazakhs !!! Les classes dirigeantes du monde capitaliste voient leur intérêt à soutenir une dictature n’autorisant aucune liberté syndicale et politique dans un pays aussi riche en matières premières (pétrole, fer, charbon, manganèse, uranium..).

Le Kazakhstan est une dictature antiouvrière, dénoncée comme telle en 2020, après de nombreuses arrestations de travailleurs combatifs et de militants syndicalistes, par la Confédération syndicale Internationale. Il est considéré comme faisant partie des pays du monde où les violations et les restrictions aux droits des travailleurs et aux libertés sont les plus graves. Les 10 pays où les droits des travailleurs sont le moins respectés au monde selon le rapport de la confédération étaient : le Bangladesh, le Brésil, la Colombie, l’Egypte, le Honduras, l’Inde, le Kazakhstan, les Philippines, la Turquie et le Zimbabwe.

Parmi ces pays, la dictature militaire d’Egypte est le premier client de « notre » industrie de mort française. Eh bien, le Kazakhstan est venu se rajouter à la liste ! En effet, en septembre dernier, la presse patronale titrait : « Nouveau succès commercial dans la Défense pour Airbus ! Le Kazakhstan a acheté deux avions de transport militaire A400M, dont le premier sera livré dans trois ans... « L’A400M deviendra la pièce maîtresse des opérations de transport aérien tactique et stratégique du Kazakhstan », a affirmé le directeur général d’Airbus Defence and Space. Encore faut-il que le peuple ne renverse pas le régime !

Ainsi le lien entre la répression au Kazakhstan et l’impérialisme français est très clair. Les travailleurs de France doivent-ils se « réjouir » des bénéfices d’Airbus, comme le préconisaient le président Macron et la CFDT d’Airbus suite aux ventes récentes d’armes à l’Arabie Saoudite ? Les syndicats défendent, surtout en parole, les salaires. Mais peut-on parler seulement des salaires des travailleurs sans remettre en cause la manière dont les profits des trusts sont réalisés en exploitant de manière impérialiste le peuple travailleur du monde, par exemple celui du Kazakhstan. C’est pourtant ce que font les deux candidats dits « révolutionnaires » P. Poutou et N. Arthaud aux élections présidentielles, lesquels limitent leur programme électoral à ces augmentations de salaire.

Dans son « programme de lutte du 5 janvier », N. Arthaud appelle les travailleurs à voter pour elle sans la moindre référence aux luttes en Guadeloupe et au Kazakhstan. Des grèves et des manifestations pour faire vivre l’internationalisme ouvrier n’est pas une abstraction, c’est une nécessité vitale pour les travailleurs. En Ukraine la tension monte, la jeunesse en âge d’être mobilisée dans l’armée en vue d’une guerre contre la Russie s’inquiète. Manifester contre la vie chère, les travailleurs de Russie, d’Ukraine et du Kazakhstan ont les mêmes raisons de le faire. C’est en organisant et coordonnant de telles actions que les travailleurs de l’ex-URSS pourraient commencer à engager ensemble une guerre de classe contre Poutine et les oligarques ukrainiens, la dictature du Kazakhstan. C’est une telle solidarité des travailleurs de Russie et d’Ukraine qui permit à l’Ukraine de proclamer son indépendance en 1917, contre les bourgeois nationalistes ukrainiens, marionnettes des interventions des armées françaises, allemandes, américaines et polonaises qui prétendent aujourd’hui « aider l’Ukraine » en s’appropriant des morceaux de son territoire.

La vie chère pèse également sur les populations pauvres en France, au Chili. En imposant ce thème de la lutte contre la vie chère dans la campagne électorale, le liant aux luttes des travailleurs de Guadeloupe, du Kazakhstan et de bien d’autres pays, des candidats du mouvement ouvrier révolutionnaire donneraient aux travailleurs d’ici mais aussi du monde entier la perspective vitale pour le triomphe de toute révolution à venir : l’union des travailleurs des pays impérialistes et des pays dominés par l’impérialisme. Dans les pays impérialistes c’est par la mascarade des élections bourgeoises que les exploiteurs espèrent tromper le peuple, alors que dans les pays dominés par l’impérialisme c’est directement par la force des armes. Mais ici ou la bas il s’agit de la même révolution : celle des prolétaires du monde entier.

La lutte des exploités du Kazakhstan, comme dans tout pays armé par des trusts français, montre le caractère réactionnaire de ce programme limité limité aux augmentations de salaires. Et ne parlons pas du programme nationaliste de Mélenchon et du programme ouvertement impérialiste de la social-démocratie qui n’a cessé d’aller embrasser les dictateurs Kazakh ou tunisien, égyptien, algérien et autres…

La corruption des organisations syndicales et des organisations politiques réformistes dans les puissances impérialistes est encore une fois mise à jour par leur inaction, leur passivité, leur absence de solidarité et d’implication face aux événements du Kazakhstan, juste après ceux de Guadeloupe et de Martinique. Or ces révoltes, reconnues comme des insurrections sociales même par la presse bourgeoise, sont bel et bien une lutte de classes, exploiteurs contre exploités, classe contre classe. Toutes les organisations qui ne se reconnaissent pas dans ces combats nous disent d’avance qu’elles ne seront pas du bon côté de la barricade dans les luttes à venir.

Par mimétisme avec les appareils réformistes politiques et syndicaux ou associatifs, l’extrême-gauche officielle française ne met même pas à l’agenda de sa campagne électorale ces soulèvements populaires. Le 6 janvier, le NPA écrivait « Accusant les émeutiers d’être des terroristes, le président-dictateur, Kassym-Jomart Tokaïev, a choisi l’épreuve de force et appelé les troupes russes à la rescousse. Mais rien ne dit qu’il va l’emporter », et l’organisation Lutte Ouvrière : « Les manifestations qui avaient commencé pour contester la hausse des prix de l’énergie se sont rapidement transformées en contestation politique de la dictature. Il est cependant clair que la dictature a choisi de réprimer y compris dans le sang. Mais rien ne dit encore qu’elle l’emportera. » Rien ne dit que le dictateur l’emportera ! Quelle unanimité chez les deux candidats soi-disant révolutionnaires, qui emploient quasiment la même expression ! Les travailleurs de France ne seraient-ils donc que des spectateurs passifs d’un combat qui est le leur ? C’est exactement le programme électoral de la gauche réformiste pour les élections.

Non, les travailleurs ne peuvent pas se contenter de demander leur part de l’argent soutiré aux travailleurs kazakhs par leur dictateur qui se paye des armes pour réprimer toute révolte ! Ils ne veulent pas de l’argent d’Airbus, sali par le sang des travailleurs du Kazakhstan ! Leur vrai programme révolutionnaire est de prendre bien plus : les bénéfices de ce groupe phare de l’impérialisme européen, son contrôle, et ce contrôle par le pouvoir des travailleurs, par les comités révolutionnaires auto-organisés.

Etre d’extrême gauche révolutionnaire, ce n’est pas seulement défendre les emplois et les salaires pour les salariés des puissances impérialistes, c’est faire en sorte que la lutte des travailleurs devienne une lutte politique et pas seulement économique, qu’elle soit une lutte classe contre classe, qu’elle aille vers l’organisation en masse des travailleurs, vers le renversement de l’impérialisme et du capitalisme. Augmenter les salaires des travailleurs d’une puissance impérialiste, la bourgeoisie de ce pays le fait en accroissant l’exploitation des travailleurs les plus précaires, comme ceux du Kazakhstan, dont le gouvernement a assez d’argent pour acheter des armes, mais pas pour imposer un maximum aux prix des produits de première nécessité.

L’important pour les travailleurs, c’est de prendre conscience qu’en se battant le peuple travailleur kazakh ne lutte pas seulement contre ses propres dictateurs et exploiteurs, pas seulement pour lui-même, mais aussi contre nos propres exploiteurs et nos gouvernants, et c’est donc le même combat que nous qu’il mène, notre combat en somme. Et il faut que nous le soutenions de tous les moyens possible et d’abord en popularisant leur lutte, en tirant toutes les leçons de celle-ci. Et aussi en dénonçant nos faux amis qui s’y refusent…

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