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Pandémie ou pas, le programme de destruction de l’hôpital public continue comme celui de tous les services publics

mardi 9 novembre 2021, par Karob, Robert Paris

Pandémie ou pas, le programme de destruction de l’hôpital public continue comme celui de tous les services publics

Les unes après les autres, les urgences ferment, la pédiatrie est débordée, les services covid ne vont pas mieux, et ce ne sont pas les seuls ! Dans tous les cas, ce sont les effectifs qui sont plus que malades : la situation de gravité mortelle est atteinte à l’hôpital public.

Qu’en pleine remontée de l’épidémie, le gouvernement laisse se détruire l’hôpital public, pire même contribue activement à le démolir au profit de l’hôpital privé, cela en dit long y compris sur la réalité de sa volonté affichée de combattre covid. Car, ne l’oublions pas, cette maladie a le mérite, pour les classes possédantes, de détourner l’attention de la chute historique du capitalisme et de justifier des aides financières folles des Etats au système économique sous prétexte de mesures antipandémiques.

Chaque semaine qui passe, les effectifs de l’hôpital public chutent, à la fois par la volonté du gouvernement d’économiser sur les dépenses de santé en pleine hausse pandémique, par l’effet des suspensions de personnels qui refusent de se faire vacciner, par les arrêts de travail dus à la fatigue, à l’épuisement moral et physique, par l’effet cumulé de tout cela qui entraîne la démoralisation des personnels, désignés du doigt comme cause de propagation de la maladie auprès des malades.

Dans certains secteurs comme la pédiatrie infantile, les suppressions de personnels et de lits atteignent 20% en moyenne nationale, ce qui est un niveau de mise en danger de la vie des personnes, et notamment des enfants. Les hôpitaux sont contraints de refuser des malades, de retarder des opérations, d’abandonner des patients, de renvoyer des malades, etc. Il en résulte une hausse déjà visible du nombre de morts dans de nombreuses maladies notamment cardiaques. Les malades du covid n’en sont pas mieux traités pour autant.

Le gouvernement a certes reconnu officiellement cette situation par une déclaration sur le manque de lits d’hôpitaux et de personnels, mais n’a rien annoncé qui aille dans le sens inverse. En fait, les suppressions d’effectifs et d’hôpitaux ont été de sa part une politique constante, en période de hausse de l’épidémie comme en période de baisse.

C’est parce que travailler à l’hôpital, en étant incapable de bien soigner vues les conditions de travail, est devenu un enfer que nombre de personnels de l’hôpital public démissionnent, des aides soignantes et des infirmières mais aussi des médecins et des responsables de services. Ces derniers sont nombreux à passer dans les média pour dénoncer la situation mais cela n’y change rien.

La défense de l’hôpital public a servi de prétexte au gouvernement pour imposer la vaccination forcée en prétendant : il ne faut pas faire prendre de risque aux malades et il ne faut pas que l’hôpital public soit engorgé. Mais, avec la fermeture de lits et la baisse des effectifs, le gouvernement a lui-même engorgé et noyé l’hôpital public. Et il entend bien continuer.

Le gouvernement français, malgré la pandémie ou grâce à elle, poursuit son programme destructif de « contre-révolution libérale » qui prévoit la disparition progressive des services et des aides publiques.

La démolition méthodique de l’ancien hôpital public n’est qu’une partie de ce programme contre tous les services publics qui frappe aussi bien l’enseignement public, de l’université à la maternelle et aux crèches, la recherche publique, les transports publics, que la santé publique. Un exemple connu est celui des chemins de fer en pleine privatisation. Alors même qu’ils subissent les conséquences et les risques de la pandémie, les cheminots sont menacés par la concurrence du privé, français ou étranger et par les pressions dans le travail qui en découlent.

Dans l’hôpital public, certains croient que la crise actuelle serait seulement un sous-produit de la « crise sanitaire », notamment de l’afflux de malades covid et de la nécessité de fermer des activités pour faire place aux soins des victimes de la pandémie, mais beaucoup se rappellent aussi que les manifestants clamant qu’on détruisait l’hôpital public datent de bien des années avant la pandémie et que les gouvernants ont maintenu le cap des suppressions d’hôpitaux, de services, de lits, de moyens matériels et d’effectifs.

Ce n’est pas seulement une politique d’abandon du secteur public mais carrément de destruction volontaire et méthodique. Elle se marque par la diminution volontaire des effectifs, aussi bien pour les personnels hospitaliers, que pour les personnels d’éducation, de santé, de recherche, de transports…

L’ Etat ne voudrait plus dépenser follement, disent les gouvernants, mais on constate qu’ils dépensent de plus en plus dans d’autres domaines comme l’armée, la police et, plus encore, les aides aux capitalistes.

Les dettes publiques augmentent follement au point que les gouvernants eux-mêmes reconnaissent que plusieurs générations de population imposée ne suffiront pas à combler les trous qui ont été réalisés. Et les gouvernants prétendent que cet argent aurait été dépensé pour lutter contre la pandémie. Mais cette dépense a en réalité consisté à aider le grand capital par des subventions massives, en empêchant les grands trusts de chuter, de faire faillite, en inoculant des sommes folles d’argent public dans les bourses, dans les « aides à l’économie », dans les interventions sur les marchés financiers. C’est cela qui fait que les chiffres des bénéfices capitalistes sont au beau fixe alors que les finances publiques sont dans le rouge absolu, inéluctable, et sans solution. Et ce n’est pas propre à l’économie française, c’est la même chose des USA à la Chine.

On pourrait se dire que c’est un problème idéologique : ces gouvernants professent le libéralisme, alors qu’on a besoin de l’Etat pour protéger la santé comme l’éducation et le reste. Mais cela n’est qu’un drapeau. Les gouvernants, français comme américain et autres, ne sont pas seulement libéraux. Ils sont aussi étatistes quand il s’agit de faire appel à l’Etat pour donner de l’argent public aux trusts et aux banques, aux assurances et aux bourses, à tous les financiers et spéculateurs. Ils sont aussi étatistes quand il s’agit de faire donner les forces de l’ordre contre les manifestants. Ils le sont encore quand il s’agit de fabriquer des guerres aux quatre coins du monde. Et on le constate aussi bien de la part du gouvernement français qu’américain, et de bien d’autres.

Plus ces gouvernements se disent libéraux, plus les libertés publiques sont mises en cause. Il y a de moins en moins de liberté dans le domaine de la santé. Par exemple, les personnels de santé n’ont plus le droit de s’exprimer dans les média, s’ils disent le contraire de la propagande gouvernementale en matière de covid ou de vaccination. Un généraliste n’a plus le droit d’être contre la vaccination, par exemple. Des hauts responsables mondiaux de la santé ont choisi de démissionner parce qu’on les obligeait à faire des déclarations contraires à ce qu’ils estiment être vrai.

Jamais les Etats n’ont établi une telle mainmise sur la parole scientifique, des gouvernants qui n’ont aucune qualification scientifique décidant désormais de ce doit dire la science ! Et le débat scientifique est interdit ! Toute personne critique est dénoncée comme fabrique de fake news, complotiste, fasciste et bien d’autres crimes. Toutes sont menacées dans l’exercice de leur profession et pas seulement les personnes qui refusent de se vacciner.

Et tout cela se fait sous le prétexte de traiter efficacement la santé des populations alors qu’elle n’a jamais été aussi mal traitée !

Il en va de même dans les autres domaines. La défense de la santé qui nuit à la santé, c’est comme la défense de l’éducation qui nuit à l’éducation, la défense de l’accès aux transports, de l’accès à l’énergie, des aides publiques, de la situation des chômeurs, de l’accès au logement. Dans tous les domaines, l’aide sociale chute, le rôle social de l’Etat chute, son rôle antisocial triomphe. L’impôt saigne les travailleurs (salariés comme petits entrepreneurs indépendants) et profite aux capitalistes.

Les organisations réformistes qui se prétendaient les défenseurs des services publics, notamment la gauche socialiste et stalinienne et les syndicats qui leur sont liés, se sont bien gardés de combattre réellement ces attaques en règle contre les droits sociaux du peuple travailleur. Ce sont eux-mêmes qui avaient mis en place les premiers la politique de destruction du service public, la gauche de François Hollande étant la première à défendre le libéralisme en France et à mettre en selle Macron. Les syndicats qui sont tous liés à cette gauche n’ont mené aucune lutte d’envergure contre ces politiques antisociales, avant covid comme après. Ils n’ont en rien dénoncé les politiques gouvernementales se servant de la pandémie pour instaurer la dictature sanitaire. Tout au plus, le parti socialiste a fait de la surenchère prétendant imposer la vaccination à toute la population. Quant aux syndicats, ils se sont fait remarquer dans les cortèges anti pass sanitaire par… leur totale absence !!

Les organisations de la gauche de la gauche et de l’extrême gauche officielle, trop liés aux appareils syndicaux, aux partis bourgeois et à l’appareil d’Etat qui finance tout ce petit monde, se sont bien gardés de se trop se démarquer de la dictature sanitaire.

Mais ce que tous ces gens-là refusent d’affirmer haut et clair, c’est que la société capitaliste tue d’autant plus le peuple travailleur qu’elle craint davantage ses capacités révolutionnaires dans une situation où le système est enlisé dans des dettes nationales impossibles à rembourser et que, malgré ses interventions massives, il est de moins en moins capable de donner des investissements rentables à un grand capital qui a atteint des niveaux records.

Ce n’est pas tel ou tel gouvernant, de telle ou telle couleur politique ou sociale, qui mène le monde au gouffre, c’est l’évolution inéluctable du système lui-même. Prétendre lutter pour le secteur public, comme pour l’emploi, pour la santé, pour la sécurité, sans proposer de sortir du capitalisme, c’est comme prétendre soigner un malade sans médicaments. On ne résout pas les problèmes en se fiant à ceux qui les ont créés. Ce sont les capitalistes qui ne parviennent plus à faire fonctionner le système et tous ceux qui préconisent des réformes pour le faire mieux fonctionner ne sont que des charlatans, qu’ils se pavanent d’élection en élection ou se contentent de diffuser leur baratin dans les média.

Pour les prolétaires, il doit désormais être clair qu’il n’y a pas d’autre avenir que la suppression du système capitaliste et la mise en place d’une société au service du peuple travailleur, dirigée par lui-même, où les richesses seront en totalité en sa possession ainsi que le pouvoir d’Etat. En dehors de cela, toute « solution » à la crise actuelle de la société mondiale n’est que mensonges et balivernes.

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