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La dictature policière soigne-t-elle de la pandémie ou de l’effondrement socio-économique ?

mardi 21 septembre 2021, par Alex, Waraa

La dictature policière soigne-t-elle de la pandémie ou de l’effondrement socio-économique ?

Face à la pandémie, fallait-il s’attendre que l’Etat capitaliste embauche en masse des infirmières, des médecins, des aides soignantes, et des soignants de toutes catégories, qu’il multiplie les structures médicales, qu’il développe tous les matériels anti-pandémie, comme appareils respiratoires, tests, séquençage des virus, masques FFP2 gratuits, etc ? Eh bien, la réponse est non ! L’Etat va doubler les forces de police dans les rues, va multiplier les dépenses pour l’armée, et il a déjà multiplié les dépenses pour aider les grands capitalistes. Car l’ennemi à abattre pour l’Etat capitaliste, ce n’est pas covid, c’est une classe ouvrière qui n’a pas complètement plié l’échine, qui reste sur un combat des gilets jaunes dont la police, malgré ses moyens ultra-violents, n’est pas venue à bout.

Un véritable Etat policier, contre les travailleurs, est mis en place par étapes en France. Le projet de loi sur la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme devrait être voté la semaine prochaine par le Parlement. « C’est une révolution, puisqu’elle nous fait changer de régime politique : jamais une telle concentration des pouvoirs aux mains de l’exécutif n’a été atteinte sous la Vème République », s’insurge la Ligue des Droits de l’Homme.

Cette loi vise à prendre le relais, en en reprenant des dispositions, l’état d’urgence installé en France au lendemain des attentats du 13 novembre 2015, prolongé six fois, mais qui sera levé au 1er novembre.

Parmi les nouveautés, la radiation d’un fonctionnaire pourra être justifiée non plus par des actes terroristes, mais une simple « menace grave » contre l’ordre public.

Dans son discours de Roubaix du 14 septembre, en clôture du « Beauvau », le président a annoncé vouloir « doubler en dix ans la présence des policiers et gendarmes sur la voie publique. ». Il déclare également au Figaro :« Chaque Français verra plus de bleu sur le terrain en 2022 qu’en 2017. »

La Cimade dénonce les conséquences contre les travailleurs étrangers : « Le caractère exorbitant du dispositif débouche en pratique sur du contrôle discriminatoire et va d’abord servir la politique migratoire ».

En effet, opposer vaccinés et non-vaccinés, pass et anti-pass ne suffit pas au pouvoir capitaliste, il essaie non seulement d’opposer les « indépendants » aux travailleurs mais aussi les Français aux immigrés.

Le président français en appelle aussi à la chasse aux Tsiganes en annonçant la création d’amendes pénales forfaitaires «  pour l’occupation illicite de terrains par les gens du voyage  ». Cette chasse aux immigrés, le coup d’envoi de la campagne pour l’élection présidentielle d’avril 2022 en a été l’occasion, la « sécurité » (menacée bien sûr comme d’habitude prétendument par les étrangers) étant parait-il « notre » préoccupation principale.

Pourtant cet été lorsque certains d’entre nous se sont exprimés les samedis en manifestant, ce ne sont pas des mesures policières pour leur « sécurité » qu’ils réclamaient, mais ils protestaient contre la dictature sanitaro-policière que le pouvoir d’Etat français met en place.

Les slogans « Liberté ! », « Non au pass sanitaire ! », « Non à l’obligation vaccinale anti-covid19 des personnels de santé » sont tout à fait justifiés. Car certaines des mesures prises au nom de la santé publique sont bien des mesures purement politiques de restriction des libertés de réunion, de manifestation. Elles visent les anti-pass, les gilets jaunes et surtout elles visent les réactions ouvrières face à l’effondrement économique qui vient.

Au nom de la CGT, son secrétaire général P. Martinez s’est désolidarisé de ces manifestations de l’été en déclarant à son mensuel « Ensemble » (numéro de septembre) que « la CGT ne s’inscrit pas dans un mouvement national organisé » même si elle est présente dans « certains cortèges ».

C’est en effet le 5 octobre que reprendra le train-train des processions syndicales. Dans le tract d’appel « Le 5 octobre : 5 raisons d’agir », la CGT ne mentionne même plus son appel platonique à l’abrogation de la loi qui instaura le pass et la vaccination obligatoire, encore moins la nouvelle loi sur la sécurité intérieure.

De son côté, l’extrême gauche officielle, LO et NPA notamment, s’est bien gardée de tenter de déborder la CGT pendant l’été. « Je ne vais pas manifester pour la liberté » déclarait JP Mercier porte-parole de LO (et délégué CGT) à propos de ces manifestations pour s’en désolidariser. Le NPA, dans certaines de ses publications, a repris la rhétorique qui avait servi pour dénoncer les Gilets jaunes : le mouvement, de cet été, baptisé à la va-vite « anti-vax », serait porteur de menaces fascistes.

En clair, cette extrême gauche se range derrière la CGT et autres bureaucraties syndicales. Dans son éditorial des bulletins d’entreprise du 13 septembre, N. Arthaud (candidate LO) n’a pas un mot de soutien pour les 300 000 travailleurs du secteur santé qui ont refusé d’obéir à l’injonction de se vacciner. N. Arthaud trouve plus important de dénoncer le « cirque électoral » des présidentielles …. pour annoncer en même temps son intention d’y participer. Le programme électoral de LO est une pâle copie du programme CGT pour la manifestation du 5 octobre, il n’a malheureusement rien de révolutionnaire.

Les « 300 000 » sur environ 3 millions de travailleurs du secteur santé concernés qui d’après le gouvernement n’étaient pas vaccinés au 15 septembre méritent pourtant toute l’attention et le soutien des révolutionnaires authentiques. Ces « désobéissants » labellisés par le gouvernement, par la CGT, par l’extrême-gauche électoraliste comme « anti-vax » puis rapidement « anti-sémites » ou « anti-science », « complotistes », complices de Philippot, subissent ce qu’on subit les Gilets jaunes, tout simplement parce que les manifestations spontanées qui ont accompagné leur refus on réunit non seulement des travailleurs, mais des représentants de toutes les classes sociales. Presque toute les révolutions ont commencé sous cette forme. La révolution prolétarienne de 1905, précédée par des manifestations étudiantes a commencé en Russie par une manifestation avec à sa tête un Gapone, un prêtre agent du Tsar.

Face à ces embryons de soulèvement général, le gouvernement au service de la grande bourgeoisie s’attelle au rôle « positif », dont le but est de détacher les classes moyennes des ouvriers, en faisant des cadeaux à des catégories comme les chasseurs ou autres, en flattant leurs tendances réactionnaires.

Quant au rôle « négatif », il est joué par les syndicats, qui injurient le bas des classes moyennes, effrayent les ouvrier de toute alliance avec elles.

Or la dimension révolutionnaire de la classe ouvrière, c’est sa capacité à défendre non seulement son salaire et ses conditions de travail (qui ne sont que des intérêts bourgeois, qui passent vite au second plan en période révolutionnaire), mais de prendre la tête des luttes de tous les exploités, y compris des classes moyennes en voie de déclassement lorsque le capitalisme s’effondre, comme aujourd’hui.

Certains Gilets jaunes comme certains réfractaires au pass sanitaire et au vaccin ont des préjugés anti-vaccin, se cramponnent à des utopies électorales petites bourgeoises comme le RIC, invoquent Dieu contre Macron ? Bienvenue dans la société capitaliste ! « L’idéologie dominante est celle de la classe dominante », même chez les travailleurs, avait déjà énoncé Marx. De plus des travailleurs très conscients politiquement et informés car travaillant dans le secteur de la santé étaient aussi au cœur de ces manifestations.

Dans les pages intérieurs de son hebdomadaire, à diffusion restreinte, LO souligne justement : « Les manifestations de cet été contre le passe sanitaire obligatoire ont bien montré que certains travailleurs voulaient exprimer leur colère, même sans perspective. Dénoncer la présence de l’extrême droite dans ces manifestations pour ne pas y participer est trop facile, pour des directions syndicales qui n’ont même pas essayé de donner la possibilité aux travailleurs de s’exprimer autrement. » Mais omettre, comme le fait LO, la question du refus du vaccin, la question des lois policières ; essayer de détourner les travailleurs de la lutte politique contre le pass sanitaire pour les remettre dans l’ornière des processions pacifiques et corporatistes telles celle du 5 octobre, qui ne dit rien des mesures pro-police du pouvoir d’Etat ; et surtout s’interdire de sortir le drapeau du prolétariat révolutionnaire avant d’avoir reçu l’autorisation de Martinez : ce n’est pas défendre un programme révolutionnaire !

Pour les révolutionnaires, les mesures à proposer aux travailleurs contre la dictature policière qui se met progressivement en place ont déjà été élaborées par le mouvement ouvrier. « Abolition des armées permanentes et armement général du peuple » proclamait le programme électoral du Parti ouvrier en 1885, ce slogan reste d’actualité.

Si des prétendus révolutionnaires pensent que les travailleurs ont tort de se méfier d’une campagne de vaccination qui n’est au service d’aucune stratégie clairement exposée, ils peuvent se souvenir qu’en Russie, suite à la révolution de Février 1917, de grands désaccords subsistaient entre les soldats, ouvriers et paysans sur le nouveau régime qu’il fallait instaurer à la place de celui du Tsar. Les travailleurs d’alors étaient pires que des « antivax » : ils étaient embrigadés dans une guerre d’extermination des ouvriers et paysans entre eux, dans la guerre. Mais tous furent d’accord pour mettre en place des soviets, où des députés élus discutaient de toutes les questions sérieuses, même dans l’armée. C’est l’existence de ces organes de pouvoir ouvrier qui permit l’évolution des idées.

Face au Conseil de Défense qui gouverne actuellement la France et est une étape vers la dictature militaire, ce sont des milliers de conseils de travailleurs, dont ceux de la santé, qui pourraient être mis en place pour discuter des revendications, des manifestations, d’une politique sanitaire digne de ce nom.

Ce n’est pas vers les bureaucraties de la CGT et autres confédérations qu’il faut se tourner pour donner un caractère ouvrier aux protestations : c’est en se tournant vers la classe ouvrière, en l’invitant à s’organiser pour construire son propre pouvoir, contre les dangers de guerre et de dictature militaro-policière que la bourgeoise en crise met en place pour empêcher toute révolution.

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