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Le monde capitaliste est en guerre mais contre qui ? Contre nous !

mardi 16 mars 2021, par Alex, Waraa

Le capitalisme est en guerre mais contre qui ? Contre nous !

Guerres prétendues contre la pandémie, contre le terrorisme, contre l’islamisme, contre la Chine, contre la Turquie, contre l’Iran, contre la Turquie, contre la Russie, contre la Corée du Nord, contre les banlieues, contre la prétendue invasion des migrants, contre le séparatisme, contre l’insécurité, contre la chute économique, contre les extrêmes, contre les complotistes ? Non ! Une seule guerre du monde capitaliste tout entier contre les exploités et les opprimés !!!

« Toujours, votre société violente et chaotique, même quand elle veut la paix, même quand elle à l’état d’apparent repos, porte en elle la guerre, comme la nuée dormante porte l‘orage », déclara un jour Jaurès à l’Assemblée nationale. Non pas à la veille de la guerre de 1914, comme on l’entend souvent, mais près de vingt ans avant la grande boucherie capitaliste, en 1895. Des petits garçons qui venaient de naitre l’année d’avant son discours, un quart mourront avant 25 ans dans les tranchées. Comment Jaurès pouvait-il prévoir cette guerre ? Parce qu’il était un « grand homme » ? Non, seulement parce qu’il était devenu socialiste, témoin des luttes ouvrières de son époque. Socialiste pas dans le sens des serviteurs et apologues zélés du capitalisme et de toutes ses guerres coloniales comme L. Blum (qui commença sa carrière en 1914, appelant à une guerre de race contre les allemands), F. Mitterrand (Ministre des colonies en 1947 lors du massacre des Malgaches, ministre de l’intérieur pendant la guerre d’Algérie, artisan du génocide des Tutsis rwandais de 1994), F. Hollande (envahisseur du Mali en 2013).

Avant 1914, être social-démocrate signifiait appeler à l’expropriation politique et économique de la bourgeoisie. Lors des congrès de la IIème internationale (1889-1914) , c’est aux côtés de Rosa Luxembourg, Lénine et Trotsky que Jaurès réfléchissais à l’avenir du capitalisme et du socialisme. Et tous les socialistes, des bolchéviks aux plus modérés comme Jaurès,comme les dirigeants de la CGT, parvenaient à la même conclusion : seule la prise du pouvoir par le prolétariat mettrait fin aux guerres dans lesquelles nous entraîne inéluctablement le capitalisme. Or les traits qui caractérisaient le capitalisme à l’époque, sont les mêmes aujourd’hui et ne peuvent conduire qu’à un nouvel affrontement des impérialismes.

Le premier facteur est économique. L’incapacité des banques, ces piliers du capital financier, à survivre en respectant leurs propres règles des marchés financiers, est un fait depuis 2008. De nombreuses grandes banques, comme en France la Société Générale, auraient dû faire faillite suite à la crise de 2008. Plus récemment, deux virus ont frappé la planète fin 2019. L’un, qui n’inquiète pas trop les banques, est celui de la Covid 19, qui fait la une même des médias économiques. L’autre, financier, qui fait vraiment peur aux banquiers a déjà, on s’en souvient, frappé en 2008. Mais avec moins de publicité que la Covid19, venu à point pour le cacher, le même virus a refrappé lors de « l’accident du 16 septembre 2019 », lorsque sur le marché inter-bancaire, de nombreuses banques se virent refuser tout crédit par leurs homologues. Sans l’intervention de la banque centrale des USA, la FED, de nouvelles faillites à la Lehman Brothers auraient eu lieu. A nouveau des banques, d’après les lois du marché, auraient dû disparaitre. Les banques centrales les ont sauvées. Les quelques dizaines de milliards du « quoi qu’il en coute » dont est si fier notre ministre Lemaire, c’est ce que non pas annuellement mais quotidiennement dut verser la FED pour sauver le capital financier, c’est-à-dire le capitalisme. Mais de fait, ce n’est plus le capitalisme que les banques centrales, la nord-américaine suivie par ses satellites européennes ont sauvé, ce sont seulement les capitalistes. Lorsque les gouvernements annoncent à tous des sacrifices pour « sauver l’économie », tous les travailleurs comprennent que c’est de « sauver le capitalisme » qu’on nous parle. Mais en empêchant la crise du marché bancaire de se dérouler selon les règles du capitalisme, c’est ce système que la FED,de fait, détruit. Elle l’a fait car bien sûr laisser fonctionner la crise, c’est outre ouvrir la voie à des révolutions … et déclarer une guerre à la bourgeoisie chinoise. Car des milliards de dollars de richesse produits chaque jour par le prolétariat chinois, beaucoup sont dans les coffres de ces banques occidentales qui sont en faillite virtuelle.

L’injection infinie de liquidités mise en place pour stopper la crise de 2008 ne fonctionne donc plus, l’intervention continuelle directe sur le marché interbancaire, contre toutes les règles, est devenue nécessaire, indispensable même. D’autres parties du discours de Jaurès de 1895 restent d’actualité : « Il suffit incessamment de la rivalité déréglée de deux comptoirs ou de deux groupes de marchands pour menacer peut être la paix de l’Europe ».

Les dirigeants politiques de l’impérialisme savent en effet que la guerre financière entraine des guerres tout court et des révolutions. C’est une politique financière insoutenable qui de la première guerre mondiale mena à la deuxième. L’économiste bourgeois J. M. Keynes devint célèbre en dénonçant le Traité de Versailles du point de vue financier : en faisant peser sur l’Allemagne une dette insoutenable, les impérialismes français et anglais condamnaient déjà l’Europe à une nouvelle guerre mondiale. Comme la Chine aujourd’hui, l’industrie allemande d’après 1918 fut largement financée par des capitaux étrangers. C’est la faillite d’une banque, non pas d’une usine, qui en 1931 fut le signal de cette marche irréversible à la guerre.Avec le développement de la crise de 1929 aux USA, le retrait massif de ces capitaux aboutit en effet à la faillite de la banque du Kreditanstall en Autriche, et par ricochet l’étranglement financier de l’Allemagne et l’Europe de l’Est.Le président Roosevelt, préfigurant D. Trump, refusa de trouver une solution collective.

De plus dès 1918 les banques centrales française et anglaises s’étaient battues pour le contrôle financier de l’Europe de l’est, des petits Etats proies faciles après le morcellement mis en place par le traité de Versailles. Le règne du chacun pour soi, qui poussa la bourgeoisie allemande dans la voie de la guerre, fut mis en place par les banques centrales de ces trois grandes puissances, USA, France et Angleterre.Sur le plan de la production industrielle, l’Allemagne d’alors, comme la Chine d’aujourd’hui, était une puissance plus dynamique que la France et l’Angleterre. Mais comme la Chine aujourd’hui, elle étouffait dans ses frontières, et de la fermeture à ses capitaux des empires coloniaux britanniques et français. Sur le plan militaire, la flotte anglaise avait asphyxié économiquement l’Allemagne grâce à sa flotte, tout comme les USA sont aujourd’hui capables d’étouffer la Chine par le contrôle de tous les détroits stratégiques des routes maritimes, qu’aucune « Route de la soie » terrestre n’est aujourd’hui capable de remplacer.

Le capitalisme ne sortit définitivement de la crise que vers 1942, grâce aux dépenses militaires massives des Alliés, et au Nazisme avec ses camps de la mort en Allemagne.

Quelle politique proposent aux travailleurs, face à ces dangers de guerres impérialistes, les organisations syndicales ? Le mensuel « Ensemble » de la CGT parle des élections syndicales, et mentionne brièvement des lutte au Maroc, à Djibouti et en Birmanie … sans mentionner l’impérialisme français, Union sacrée oblige.La CGT a pourtant une tendance officiellement « révolutionnaire », représentée par un « délégué central » (donc quasi porte-parole) de la Fédération Métallurgie, J-P Mercier, également porte parole de Lutte Ouvrière avec N. Arthaud.

A une sociologue qui lance à juste titre un cri d’alarme : « On est dans la troisième guerre mondiale, mais c’est une guerre de classe, une guerre de classe que les plus riches mènent contre les pauvres de la planète.Et dans cette guerre de classe, comme les nazis allemands l’ont fait pendant la deuxième, y’a un holocauste qui va éliminer certainement la partie la plus pauvre de l’humanité », J-P Mercier répond, dans la ligne de la CGT qui refuse d’évoquer tout danger de guerre : « En effet la classe capitaliste ne veut pas exterminer la moitié la plus pauvre de l’humanité, elle veut l’exploiter. Aujourd’hui, des centaines de millions de Chinois, d’Indiens, de Bangladais, de Vietnamiens, d’Africains et même de Malgaches et d’Haïtiens, c’est-à-dire précisément la moitié la plus pauvre de l’humanité, sont intégrés aux circuits de l’économie mondiale, (…) Et même, ici, les petits bourgeois sont demandeurs d’Africains sur les chantiers du bâtiment et des travaux publics, dans les sociétés de gardiennage et dans les cuisines des restaurants ». Quelle absurdité !

Ainsi, les prolétaires chinois, vietnamiens, malgaches, rwandais, haïtiens, qui furent victimes par millions des massacres coloniaux, des guerres de l’impérialisme français devraient être rassurés ? Les deux bourgeoisies piliers de l’Union Européenne, allemande et française, qui participèrent aux trois génocides du XXème (les Arméniens en 1915, la Shoah, les Tutsis en 1994) auraient retiré de leurs programmes ces« solutions finales » ? Parmi tous les pays d’Afrique et d’Asie où actuellement la jeunesse, les femmes, les pauvres, affrontent les gouvernements,leurs polices et leurs armées, nos camarades de travail algériens saluent le nouveau départ du Hirak en Algérie, mais ont tous en tête le fascisme d’Etat que mirent en place les généraux pour répondre à la révolte de la jeunesse de 1988. Et ils ont bien raison ! Autant que l’exploitation économique, les massacres, les génocides, les guerres font toujours partie des méthodes de l’impérialisme et de ses relais locaux comme le pouvoir algérien.

C’est en nous appuyant sur cette conscience politique de nos camarades de travail qui sont en contact avec des pays d’Afrique, d’Asie, d’où la question de la guerre ne se pose pas, car la guerre a déjà démarré, que nous pouvons mettre dès aujourd’hui en avant un programme de défense pas seulement économique mais politique du prolétariat.

Tirons les leçons du passé. La classe ouvrière de France perdit la guerre contre le nazisme non pas en mai-juin 1940, mais dès 1936, lorsqu’elle laissa le gouvernement Front populaire du PS de Léon Blum, soutenu par le PC de Maurice Thorez et la CGT de Léon Jouhaux, écraser les travailleurs d’Espagne, enfermer les combattants anti-coloniaux du Maghreb, de Syrie et d’Indochine. Le seul programme de défense des exploités contre les dangers de guerres est celui de la lutte des classes, de la solidarité internationale des travailleurs que la CGT a abandonné depuis 1914. Jaurès crut jusqu’en 1914 en la République bourgeoise, c’est cette République bourgeoise qui le fit assassiner suite à une campagne de haine contre lui.N’attendons-donc pas. Préparons-nous pour une guerre sociale avant que le prochain krach financier ne nous entraine dans les guerres des bourgeoisies entre elles, que ces bourgeoisies transformeront en guerres entre les peuples tant qu’elles auront le pouvoir.

Vive la guerre de classes, exploiteurs contre exploités, seule garantie efficace contre les guerres entre les peuples, contre les guerres impérialistes en préparation !

Vive les luttes du peuple travailleur, contre les dictatures pro-impérialistes, du Maroc à l’Algérie, du Mali à la Birmanie ! Donnons-leur un écho dans les usines, les quartiers, les lycées, les universités en y dénonçant l’ennemi principal qui est dans notre pays : notre bourgeoisie et ses banquiers, ses multinationales et son armée !

Source citée ici de l’organisation Lutte Ouvrière

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