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L’arme covid contre le virus de la révolution sociale

mardi 2 mars 2021, par Alex, Waraa

L’arme covid contre le virus de la révolution sociale

De plus en plus, dans un monde capitaliste qui s’effondre par pans entiers, les problèmes sanitaires, politiques, sociaux et économiques apparaissent clairement inséparables et deviennent critiques. Des révoltes impliquant tous ces aspects imbriqués se déroulent sous nos yeux.

Le Liban est englué dans sa pire crise économique depuis des décennies et connaît, depuis fin décembre dernier, une propagation exponentielle du coronavirus et aussi de son variant : le virus de la manifestation et de la révolte. Les classes possédantes sont complètement discréditées et débordées, comme elles ne l’ont jamais été.

Au Maroc, la misère, déjà intenable, s’est considérablement accrue depuis la crise sanitaire et la dictature royale qui ne favorise que la minorité richissime, devient elle aussi insupportable. La révolte éclate dans la rue des villes malgré une répression féroce.

En Haïti, des manifestations monstres des plus démunis conspuent le dictateur Jovenel Moïse, président pro-patronal et commis dévoué des impérialismes nord-américain et français.

En Birmanie, la junte militaire, débordée par la révolte, a choisi de se passer de sa couverture civile et de gouverner directement pour écraser la montée du mécontentement populaire. Et elle fait dans le sang contre une révolte montante qui ne se laisse pas impressionner.

En Thaïlande, milieux populaires et jeunesse, révoltés, tentent d’en finir avec la dictature royale.

En Tunisie, les manifestations reprennent. Il y a 10 ans, la Révolution a victorieusement renversé le dictateur « ami de la France » Ben Ali, mais c’est la misère qui pousse à les travailleurs et la jeunesse à manifester à nouveau derrière … le slogan d’il y a 10 ans, "travail, liberté, dignité sociale !". Ce sont des violences policières qui ont été la réponse du gouvernement dans la capitale Tunis et dans les villes de Sousse, Kasserine, Kairouan, Kef. Des graffitis sur les murs annoncent la « révolte des affamés ».

En Inde, les grèves générales ouvrières rassemblant des millions de prolétaires battent sans cesse des records historiques pendant que le mouvement paysan entre en révolution.A Dehli et à Mumbaï entre autres, des scènes de violences policières ont été filmées. Des milliers de travailleurs ayant perdu leur travail en ville sous prétexte du Covid, demandent seulement des moyens de rentrer à leur village. Ils restent parqués en ville, et sont frappés à coup de gourdins, comme à l’époque du colonialisme anglais. Ces travailleurs sont des migrants forcés plongés dans la misère, séquestrés et frappés au nom du Covid19.Au même moment des paysans se rassemblent en masse et protestent en Uttar Pradesh contre les réformes agraires de Modi. Parmi ces paysans, certains de ses électeurs, rapportent un journal Indien, veulent passer d’un vote religieux à un vote de classe : « J’ai voté en tant qu’Hindou, la prochaine fois je voterai en tant que paysan » affirme l’un d’eux.

En Europe, c’est au Pays-Bas, au Danemark et en Allemagne que des manifestations contre les restrictions des libertés publiques ont eu lieu. Bien sûr, comme le furent les Gilets jaunes, tous ceux qui manifestent contre ces mesures sont vite présentés comme des anti-vaccins, anti-masques, des gens qui s’opposent à la science.

Comment ? La politique sanitaire ne serait que de la politique tout court ? Cette explication n’est-elle pas du complotisme ? Non car ce n’est pas la première fois qu’une politique sanitaire est utilisée comme moyen de répression. Souvenons-nous que la bourgeoisie a commencé à régner économiquement en France dans le sillage de la monarchie absolue, donc dela dictature chrétienne de Louis XIV, à l’époque des médecins de Molière et du Code Noir. La médecine au service du capital a toujours été une médecine contre la maladie … et en même temps contre la santé.

L’édit royal qui institua l’ « Hôpital général » en 1656 donnait a ses directeurs « tout pouvoir d’autorité, de direction, d’administration, de police, juridiction, correction et châtiment », mettant à leur disposition « poteaux et carcans, prisons et basses fosses ». Les masques ou autres moyens de protection n’étaient donc déjà pas une priorité à l’époque. Les débuts du capitalisme au siècle de Louis XIV, comme aujourd’hui sa fin violente, transformèrent en migrants forcés une population sans ressources, prolétarisée, et l’Hôpital fût créé plus pour enfermer les pauvres que pour les soigner. La milice royale, l’équivalent de nos CRS, chargée de faire la chasse aux mendiants, fût rebaptisée les « archers de l’Hôpital ». Comme aujourd’hui le chômeur était pris en charge, mais aux dépens de sa liberté. Ce que des historiens ont appelé le « grand renfermement » où l’Hôpital fût utilisé comme outil de répression contre les premiers prolétaires, le capitalisme mourant s’en sert à nouveau. L’internement à été dès l’aube du capitalisme une réponse à une crise économique marquée par une baisse des salaires et le chômage. La politique de la santé, dans les mains des capitalistes, est toujours un moyen de faire des profits et de maintenir sa domination. Il n’est donc pas étonnant que du XVIIème au XXIème siècle, malgré les progrès scientifiques, c’est le même type de remède qui est imposé : un grand renfermement.

Car malgré des progrès scientifiques, le capitalisme est incapable de mener efficacement une politique sanitaire. Son économie est basée sur une division infinie du travail, mais sans planification car dominée par des intérêts privés, impliquant des milliards d’échanges quotidiens, une concentration démesurée des activités dans des villes, et pour l’habitation des ghettos de riches et des ghettos de pauvres entrainant des brassages quotidiens excessifs de populations. De plus la crise fait se dresser à nouveau les barrières nationales, incompatibles avec une vraie politique mondiale que réclamerait une pandémie mondiale.

Des facteurs favorisent pourtant l’union des travailleurs que les capitalistes veulent diviser et enfermer. Le premier est bien sûr que c’est au même moment sur toute la planète, que nous sommes enfermés sous le même motif, au nom du Covid 19.

Un autre facteur qui unifiera les luttes est le blocage que connaît le capitalisme de puis 2007-2008, et la crise résultante qui touche donc tous les pays, quelle que soit leur place dans la division internationale du travail. Nous ne sommes pas dans une crise du pétrole comme en 73, de la bourse comme en 87, ou des banques, de l’immobilier, des matières premières, du marché des changes, mais de tous ces secteurs en même temps.

Troisième facteur qui pousse les révoltes à converger : la jeunesse du monde entier. Car elle est la première victime du blocage d’un système de production qui n’arrive plus à se reproduire. Les jeunesses relativement privilégiées des puissances impérialistes et la jeunesse de Tunisie, d’Algérie, de Birmanie ont toutes des raisons de se révolter, aussi différentes soient-elles.
Un quatrième facteur de convergence des soulèvements est notre oppresseur commun : l’impérialisme, l’impérialisme français en particulier. La Birmanie (Myanmar depuis 1989) est un état qui vit de la production de drogue, un paradis non seulement pour les mafias bourgeoises armées qui en vivent, mais pour tous les services secrets qui financent leurs opérations secrètes par ce moyen-là. Le premier soutien de la dictature Birmane depuis 1988 a été l’impérialisme français à travers la multinationale Total.

Lorsque le virus de la grande Révolution s’empara de la France en 1789, l’abbé Sieyès, s’adressant au Tiers-Etat,lui fit comprendre qu’il n’était rien dans la société féodale, mais avait le pouvoir de devenir tout s’il le souhaitait.
Cette possibilité s’offre à la classe ouvrière aujourd’hui plus que jamais, si elle en prend conscience. Ce ne sera pas grâce aux organisateurs des journées d’actions appelées par les syndicats, car elles font partie de ce grand renfermement que veulent nous imposer les patrons : enfermement dans des revendications purement économiques, dans nos frontières nationales, sans poser la question du pouvoir, d’une grève générale, d’une solidarité ouvrière internationale. C’est en aspirant au pouvoir, comme le fit le Tiers-Etat, qui suivit finalement le conseil de Sieyès, que la classe ouvrière sortira de ce néant où veulent l’enfermer les patrons et leurs complices syndicaux.

Une des futures candidates à l’élection de 2022, N. Arthaud, qui se dit pourtant révolutionnaire, ironisait sur à propos des Gilets jaunes et des printemps arabes, qui auraient « échoué » car « ils n’avaient pas de programme ». Or le programme en germe dans ces mouvements qui inspirèrent une sainte terreur au président Macron, à ses amis les dictateurs du monde arabe, existe bien, nous n’avons qu’à le faire connaître : c’est celui une révolution ouvrière socialiste mondiale. Marx et Trotsky parlaient de Révolution permanente dans le sens ou des revendications élémentaires de droits démocratiques, ne remettant pas en cause le capitalisme (comme celle de Mohamed Bouazizi, qui ne voulait que commercer), face à une bourgeoisie qui a peur du peuple depuis le lendemain de la prise de la Bastille, est la socialisation de tous les moyens de productions et la mise en place d’une planification économique, sanitaire, mondiale.

Certes ce pas est difficile, mais nous sommes bien placés en France pour le faire, car nos révolutions de 1789 et 1871, ont inspiré, inspirent encore des génération de jeunes qui ne demandent pas Mars, mais simplement le fait de pouvoir vivre sans avoir peur des polices, des armées, de la faim, de la maladie, de la perte de leur logement. La première étape pour sortir de ce confinement physique, moral et intellectuel que les gouvernements capitalistes nous imposent grâce au Covid19, c’est, comme le proclamait Jaurès, de comprendre qu’une société autre que celle « inscrite dans le titre de la propriété bourgeoise » est nécessaire et possible. C’est cette démocratie révolutionnaire internationale du prolétariat de tous les exploités et opprimés qui sauvera notre santé, pas la dictature des trusts multinationaux.

Une insurrection monte en Birmanie, la révolution sociale se poursuit en Inde avec la paysannerie massivement en lutte et les grèves de masse ouvrières. La révolte se développe au Sahel contre la guerre française… Les soulèvements de la « révolution des printemps » initiée par Tunisie et Egypte, poursuivie par la giletjaunisation internationale comme en Algérie, au Liban, au Chili et au Soudan continuent dans le monde malgré le covid et la répression soi-disant anti-covid : Haïti, Liban, Chili, Soudan, Yémen, Tunisie, Libye… Dans de nombreux pays (Pays-Bas, Danemark, Liban, Belgique, Tchéquie, Japon…), la révolte prend la tournure d’une lutte contre le confinement ou contre la militarisation de la société sous prétexte de pandémie.

Quel virus de révolution sociale inoculer à la dictature mondiale des exploiteurs pour s’en débarrasser ? Le variant anglais de 1648 ? Le français de 1789 ? Le communard de 1871 ? Le bolivien de 1954 ? Le russe de 1917 ? Le malien de 1991 ? L’Egypto-Tunisien de 2011 ? Ils ont réussi, avant d’échouer, séparément, diffusons-les enfin tous ensemble !

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