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Vers une révolte internationale de la jeunesse ?

mercredi 3 février 2021, par Alex

Vers une révolte internationale de la jeunesse ?

Que faire dans un monde finissant qui n’avoue même pas de quelle maladie il est réellement frappé ?

« Que faire ? », c’est une question qui se pose à la jeunesse de chaque génération et plus spécialement à celles des sociétés en voie de pourrissement. Sois jeune et tais-toi, c’est ce que Macron et son gouvernement, les ministres de la jeunesse et de l’enseignement,lui proposent en France. Sacrifie-toi soi-disant dans l’intérêt de la société et par solidarité, lui disent-ils. Mais solidarité avec quoi et avec qui, avec la population ou avec le grand capital ? Comme si la jeunesse se sacrifiait ainsi aux intérêts des plus anciens !!!

Quant aux gouvernants, loin de se préoccuper du sort des jeunes ou des plus anciens, ils ne se préoccupent que des intérêts des trusts. De l’argent il en a toujours pour défendre les capitalistes mais jamais ni pour l’école ni pour l’emploi ni pour la jeunesse. Les jeunes lycéens et collégiens doivent bien constater qu’on les envoie de force à l’école de manière obligatoire pendant que la même obligation empêche les étudiants d’aller en cours ! On constate également que le gouvernement vient seulement de mettre à l’étude les conséquences de covid dans les lycées et écoles alors que des études scientifiques internationales ont déjà prouvé la propagation de covid par les enfants et que la « distance sociale » entre les enfants n’est nullement respectée à l’école.

Les étudiants, eux, peuvent constater l’aberration sanitaire et l’injustice sociale qui consiste par exemple à faire continuer comme si de rien n’était de faire fonctionner les enseignements des classes préparatoires tout en interrompant ceux des universités, mis à part les travaux pratiques. Et surtout, en faisant comme si on pouvait dans ces conditions réellement faire passer des examens, alors que les plus pauvres des étudiants n’ont même pas les moyens informatiques de suivre les cours à distance (n’ayant pas les moyens de manger à leur faim !). Puis, sans autre changement sanitaire que la hausse de la pandémie et la propagation de variants du covid encore plus dangereux, le même gouvernement autorise 20% des enseignements universitaires en présentiel.

Sans parler des perspectives d’avenir de la jeunesse, qu’elle ait pu ou pas faire des études, vu que tous les secteurs d’activité s’effondrent, que le chômage grandit et que les salariés qualifiés même détenteurs d’un emploi fixe sont menacés de le perdre. Les jeunes qui ont un travail et sont déjà menacés de le perdre, l‘économie s’effondrant sous prétexte de Covid19, doivent accepter d’aller se faire exploiter au péril de leur vie et de croire que ce n’est pas au travail que le virus circule, comme le laisse entendre la médecine du travail.

Dans ce spectacle pitoyable que donnent les discours paternalistes envers la jeunesse, un ministre médecin joue le rôle de charlatan en chef des institutions scientifiques. Il déguise depuis des mois en décisions de santé publique la restriction des libertés individuelles, les licenciements etla mise en place d’un régime policier en France.
Ce sacrifice de la jeunesse, de l’enseignement, cette prostitution générale de la science universitaire au détriment de l’enseignement et d’une vraie campagne de lutte contre la Covid19, au profit des multinationales pharmaceutiques, des trusts et des Etats oppresseurs, sont-ils seulement dus à la pandémie ou même à la décadence du capitalisme ? Non, c’est une tare de l’organisation bourgeoise de la société depuis que cette classe a pris le pouvoir en 1789. Le président Macron prétend promouvoir la Science et les Lumières, au nom de la bourgeoise française, et peint en « progressisme » le culte de l’Etat, de nos armées qu’il propose aux enseignants d’endosser en glorifiant en paroles l’école républicaine. Mais c’est un vrai représentant des Lumières, le comte de Saint-Simon, qui dénonça le premier il y a 200 ans cette soumission des scientifiques aux capitalistes, ce divorce entre la science source de progrès et l’Etat capitaliste.

Une des réponses à la question « Que faire ? » pour le jeune Saint-Simon consista à participer à la révolution américaine de 1776, à l’importer en France en 1789 puis à devenir un des fondateurs du socialisme en comprenant qu’en prenant le pouvoir, les bourgeois français avaient définitivement abandonné les idéaux des Lumières. C’est son constat de l’échec partiel de la révolution qui fit de Saint Simon un des fondateurs du socialisme moderne, et qui inspira tous les révolutionnaires des générations suivantes. L’un d’eux, Jean Jaurès fit le même constat sur ces institutions qui offrent encore des carrières à la jeunesse qui a la chance de pouvoir étudier. Il déclara lors du centenaire de la grande révolution de 1789 : « l’élite scientifique des classes moyennes ? Ils ne sont plus guère aujourd’hui que les serviteurs du dividende du capital ! ». Le jeune Jaurès est devenu un tribun du socialisme au Parlement en refusant de devenir un ministre, un « premier de cordée » de cette société, c’est-à-dire un diplômé larbin du grand capital. Il est devenu un des leaders européen du mouvement socialiste grâce à la grève des mineurs de Carmaux, qui impressionna l’Europe entière, et l’entraîna,lui,dans le mouvement ouvrier. « Nous sommes de héritiers des Lumières et de Saint-Simon », déclaraient Marx et Engels, contemporains de Jaurès. Ils sont devenus des dirigeants de l’Association internationale des travailleurs grâce aux perspectives qu’avaient ouvertes pour eux, dans leur jeunesse, le mouvement Chartiste, cette grande lutte ouvrière, révolutionnaire et démocratique qui secoua l’Angleterre.

Les jeunes Saint-Simon, Marx, Engels, Jaurès, sont devenus des figures historiques qui inspirent encore tous ceux qui veulent changer ce monde parce qu’ils se sont tournés vers des exploités, se sont mis à l’école de leurs révolutions, de leurs limites, de leurs échecs, pleins de leçons pour les révolutions suivantes. Ils ont été inspirés dans leur jeunesse par « ces gens qui ne sont rien » comme les a appelés Macron, mais dont les révoltes sont porteuses d’une société nouvelle qui succèdera à notre capitalisme : une société sans classes.
Tout cela n’est-ce pas de l’histoire ancienne ? Non, l’Algérie, la Tunisie, le Nigéria, le Soudan, l’Irak, le Mali, le Liban, la Biélorussie et d’autres pays ont vu récemment la jeunesse et les travailleurs exploités se soulever.Auparavant il y a 10 ans le « Printemps arabe » a fait trembler les dictatures du monde arable et leurs protecteurs occidentaux. Ce n’est pas avec des discours sur les Lumières mais avec les armées d’Arabie Saoudite, des Emirats Arabes Unis et d’Egypte, gros clients des marchands de canons français, que les la France et les USA sont entrés en guerre contre toutes le populations de ces pays, de la Libye, à la Syrie et au Yémen. Ce que fût l’Amérique pour Saint-Simon, des dizaines de pays d’Afrique, d’Asie d’Amérique Latine pourraient donc l’être pour la jeunesse de France d’aujourd’hui. Dans beaucoup de ces pays, les moins de 30 ans formant un tiers de la population, constituent d’ailleurs souvent une classe sociale à part entière. Une jeunesse qui ne trouve plus sa place dans la société, c’est un pays qui s’effondre, comme en 1968. Et si cela touche le monde entier, c’est un système social qui s’effondre…

Les médias porte-paroles du pouvoir se plaisent à souligner que tout comme les Gilets jaunes en France, ces mouvements ne peuvent aboutir car ils manquent de leaders, de slogans, de partis institutionnels. Certes nous ne verrons sans doute plus des Saint Simon, La Fayette, des Benjamin Franklin, des avocats spécialistes des joutes parlementaires dans ces révolutions à venir. Mais c’est ce qui fait la force de ces mouvements, pas leur faiblesse. Ils ont lieu en dehors des institutions, parlementaires ou même syndicales ou religieuses qui ont vocation d’encadrer toute contestation pour protéger le pouvoir des exploiteurs.La bourgeoisie française de 1789 était une des classes exploiteuses les plus riches du monde, des bourgeois la représentant comme Danton ou Robespierre purent prendre la tête de sa révolution. Mais c’est son système qui s’écroule aujourd’hui. Les révolutions d’aujourd’hui ne seront peut-être pas aussi « glorieuses » que 1789, car ce ne sont que les exploités, les femmes, les jeunes des bidonvilles battus par les armées et les polices, comme lors du récent « Bloody Tuesday » au Nigéria qui mèneront ces révolutions. Ce sont les déclassés, des exploités qui seront, seuls, à la pointe des soulèvements qui résultent mécaniquement de l’écroulement que connaît le capitalisme depuis la crise financière de 2008.
Les adversaires de cette révolution sociale et politique des opprimés voudraient bien que, si la jeunesse se révolte, elle le fasse seulement pour replâtrer le système, seulement pour combattre pour ou contre le confinement, seulement pour revendiquer des droits au sein du système alors que le système a atteint ses limites et ne mènera plus l’humanité qu’à des bains de sang comme le covid.

Les réformistes et les faux révolutionnaires opportunistes, par exemple, se proposent de mener des « mobilisations » de la jeunesse et des travailleurs qui ne visent surtout pas à renverser le capitalisme.
Alors que faire ? La jeunesse a un monde à gagner, si ses luttes rejoignent celles des exploités et des travailleurs. En 2011, en Egypte, c’est la convergence entre le soulèvement de la jeunesse et les luttes ouvrières qui a accéléré la chute du dictateur. Une telle alliance est à l’ordre du jour dans les pays du monde entier ! Les Gilets jaunes ont été en France le début d’une telle alliance et les mouvements révolutionnaires du Chili au Liban, de l’Algérie à la Thaïlande ont confirmé alors ce caractère. Il ne leur manque plus que l’auto-organisation qui ramènera les soviets dans l’actualité. Il ne manque plus aussi que ces conseils de travailleurs et de jeunes mènent la lutte jusqu’à prendre le pouvoir à un capitalisme finissant…

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