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Les soviets de 1905 en Russie

mardi 9 mars 2021, par Robert Paris

« Dans ses Mémoires, Witte a écrit plus tard qu’en 1905 "l’immense majorité de la Russie perdit la tête en quelque sorte". La révolution n’apparaît, aux yeux d’un conservateur, comme une folie collective que parce qu’elle pousse aux dernières extrémités la démence "normale" des antagonismes sociaux.

C’est ainsi que des gens refusent de se reconnaître dans une audacieuse caricature. Cependant, toute l’évolution moderne aggrave, tend, aiguise les antagonismes, les rend intolérables et, par conséquent, prépare une situation dans laquelle l’immense majorité "perd la tête". Mais, en de pareils cas, c’est la folle majorité qui applique la camisole de force à la sage minorité. Et c’est ainsi que l’histoire peut avancer.

Le chaos d’une révolution n’est pas du tout celui d’un tremblement de terre ou d’une inondation. Dans le désordre révolutionnaire commence immédiatement à se former un nouvel ordre ; les gens et les idées se répartissent naturellement sur de nouveaux axes. La révolution ne paraît être une absolue folie qu’à ceux qu’elle balaie et renverse. Pour nous, la révolution a été l’élément natal, quoique fort agité. Tout y trouvait son heure et sa place. Certains arrivaient même à vivre encore de leur vie individuelle, à devenir amoureux, à faire de nouvelles connaissances, voire encore à fréquenter les théâtres révolutionnaires. Parvus goûta tellement une nouvelle pièce satirique alors jouée, qu’il acheta d’un coup cinquante billets pour la représentation suivante, dans le dessein de les envoyer à des amis. Il convient d’expliquer qu’il avait touché, la veille, le montant de ses droits d’auteur pour ses livres. Il fut arrêté et l’on trouva sur lui cinquante billets de théâtre. Les gendarmes se creusèrent longtemps la tête pour déchiffrer cette énigme révolutionnaire. Ils ignoraient que Parvus faisait toujours les choses largement.

Le soviet souleva de formidables masses. Tous les ouvriers, comme un seul homme, tenaient pour le soviet. Dans les campagnes, il y avait de l’agitation, de même que dans les troupes qui revenaient d’Extrême-Orient, après la paix de Portsmouth. Mais les régiments de la garde et les Cosaques étaient encore fermes partisans du régime. Tous les éléments d’une révolution victorieuse existaient en puissance, mais ils n’étaient pas. encore mûrs…

La demi-victoire de la grève d’octobre, indépendamment de son importance politique, eut pour moi une inappréciable signification théorique. Ce ne furent ni l’opposition de la bourgeoisie libérale, ni les soulèvements spontanés des paysans, ni les actes de terrorisme des intellectuels qui forcèrent le tsarisme à s’agenouiller : ce fut la grève ouvrière. L’hégémonie révolutionnaire du prolétariat s’avéra incontestable. J’estimai que la théorie de la révolution permanente venait de sortir avec succès de sa première grande épreuve. De toute évidence, la révolution ouvrait au prolétariat la perspective de la conquête du pouvoir. Les années de réaction qui allaient bientôt suivre ne purent m’obliger à abandonner ce point de vue. Mais j’en tirais aussi des conclusions pour l’Occident. Si telle était la force du jeune prolétariat en Russie, quelle ne serait pas la puissance révolutionnaire de l’autre prolétariat, celui des pays les plus cultivés ?

Lounatcharsky, avec l’inexactitude et la négligence qui lui sont propres, a, plus tard, caractérisé ainsi ma conception révolutionnaire :
"Le camarade Trotsky avait adopté -en 1905- ce point de vue que les deux révolutions -bourgeoise et socialiste- sans coïncider, sont liées entre elles, de sorte que nous avons devant nous une révolution permanente. Etant entrée dans la période révolutionnaire par un coup d’État de la bourgeoisie, la portion russe de l’humanité, et, avec elle, le monde entier ne pourront sortir de cette période avant le parachèvement de la révolution sociale. On ne peut nier que le camarade Trotsky, en formulant de telles idées, ait fait preuve d’une grande perspicacité, bien qu’il se soit trompé pour une quinzaine d’années." »

Léon Trotsky, « Ma vie »

Les soviets de Russie en 1905

Manifeste du Soviet de Petrograd (rédacteur Léon Trotsky, président du Soviet)

“Le gouvernement est au bord de la faillite. Il a fait du pays un monceau de ruines, il l’a jonché de cadavres. Epuisés, affamés, les paysans ne sont plus en mesure de payer les impôts. Le gouvernement s’est servi de l’argent du peuple pour ouvrir des crédits aux propriétaires. Maintenant, il ne sait que faire des propriétés qui lui servent de gages. Les fabriques et les usines ne fonctionnent plus. Le travail manque. C’est partout le marasme. Le gouvernement a employé le capital des emprunts étrangers à construire des chemins de fer, une flotte, des forteresses, à constituer des réserves d’armes. Les sources étrangères étant taries, les commandes de l’Etat n’arrivent plus. Le marchand, le gros fournisseur, l’entrepreneur, l’industriel, qui ont pris l’habitude de s’enrichir aux dépens de l’Etat, sont privés de leurs bénéfices et ferment leurs comptoirs et leurs usines. Les faillites se multiplient. Les banques s’écroulent. Il n’y a pratiquement plus d’opérations commerciales.

“La lutte du gouvernement contre la révolution suscite des troubles incessants. Personne n’est sûr du lendemain.

“Le capital étranger repasse la frontière. Le capital “purement russe”, lui aussi, va se mettre à couvert dans les banques étrangères. Les riches vendent leurs biens et émigrent. Les rapaces fuient le pays, en emportant les biens du peuple.

“Depuis longtemps, le gouvernement dépense tous les revenus de l’Etat à entretenir l’armée et la flotte. Il n’y a pas d’écoles. Les routes sont dans un état épouvantable. Et pourtant, on manque d’argent, au point d’être incapable de nourrir les soldats. La guerre a été perdue en partie parce que nous manquions de munitions. Dans tout le pays, l’armée, réduite à la misère et affamée, se révolte.

“L’économie des voies ferrées est ruinée par le gaspillage, un grand nombre de lignes ont été dévastées par le gouvernement. Pour réorganiser rentablement les chemins de fer, il faudra des centaines et des centaines de millions.

“Le gouvernement a dilapidé les caisses d’épargne et a fait usage des fonds déposés pour renflouer des banques privées et des entreprises industrielles qui, souvent, sont véreuses. Avec le capital des petits porteurs, il joue à la Bourse, exposant les fonds à des risques quotidiens.

“La réserve d’or de la Banque d’Etat est insignifiante par rapport aux exigences que créent les emprunts gouvernementaux et aux besoins du mouvement commercial. Cette réserve sera bientôt épuisée si l’on exige dans toutes les opérations que le papier soit échangé contre de la monnaie or.

“Profitant de ce que les finances ne sont pas contrôlées, le gouvernement conclut depuis longtemps des emprunts qui dépassent de beaucoup la solvabilité du pays. Et c’est par de nouveaux emprunts qu’il paye les intérêts des précédents.

“Le gouvernement, d’année en année, établit un budget factice des recettes et des dépenses, déclarant les unes comme les autres au dessous de leur montant réel, pillant à son gré, accusant une plus value au lieu du déficit annuel. Et les fonctionnaires, qui n’ont au dessus d’eux aucun contrôle, achèvent d’épuiser le Trésor.

“Seule l’Assemblée constituante peut mettre fin à ce saccage des finances, après avoir renversé l’autocratie. L’Assemblée soumettra à une enquête rigoureuse les finances de l’Etat et établira un budget détaillé, clair, exact et vérifié des recettes et des dépenses publiques.

“La crainte d’un contrôle populaire qui révélerait au monde entier son incapacité financière force le gouvernement à remettre sans cesse la convocation des représentants populaires.

“La faillite financière de l’Etat vient de l’autocratie, de même que sa faillite militaire. Les représentants du peuple auront pour première tâche de payer le plus tôt possible les dettes.

“Cherchant à défendre son régime de malversations, le gouvernement force le peuple à mener contre lui une lutte à mort. Dans cette guerre, des centaines et des milliers de citoyens périssent ou se ruinent ; la production, le commerce et les voies de communication sont détruits de fond en comble.

“Il n’y a qu’une issue : il faut renverser le gouvernement, il faut lui ôter ses dernières forces. Il faut tarir la dernière source d’où il tire son existence : les recettes financières. C’est nécessaire non seulement pour l’émancipation politique et économique du pays, mais, en particulier, pour la mise en ordre de l’économie financière de l’Etat.

“En conséquence, nous décidons que :

“ On refusera d’effectuer tous versements de rachat des terres et tous paiements aux caisses de l’Etat. On exigera, dans toutes les opérations, en paiement des salaires et des traitements, de la monnaie or, et lorsqu’il s’agira d’une somme de moins de cinq roubles, on réclamera de la monnaie sonnante.

“On retirera les dépôts faits dans les caisses d’épargne et à la Banque d’Etat en exigeant le remboursement intégral.

“L’autocratie n’a jamais joui de la confiance du peuple et n’y était aucunement fondée.

“Actuellement, le gouvernement se conduit dans son propre Etat comme en pays conquis.

“C’est pourquoi nous décidons de ne pas tolérer le paiement des dettes sur tous les emprunts que le gouvernement du tsar a conclus alors qu’il menait une guerre ouverte contre le peuple.

“Le soviet des députés ouvriers ;

“Le comité principal de l’Union pan russe des paysans ;

“Le comité central et la commission d’organisation du parti ouvrier social démocrate russe ;

“Le comité central du parti socialiste révolutionnaire ;

“Le comité central du parti socialiste polonais. ”

Le soviet ou conseil des députés ouvriers et la révolution

Bilan et Perspectives, Léon Trotsky

1905, Léon Trotsky

La formation du premier soviet

Les premiers jours

Soviet de chômeurs

Résolution du Soviet de Petrograd le 14 novembre 1905

Le procès du Soviet

Discours de Léon Trotsky au tribunal

Les partis révolutionnaires et les soviets russes de 1905

L’organisation du prolétariat en 1905

Lénine sur la révolution russe de 1905

Lénine, Nos tâches et le soviet des députés ouvriers

Pete Glatter

« 1905 : Le facteur conscient »

« Ce mois d’octobre marque le centième anniversaire de l’un des moments forts de la révolution russe de 1905 - la vague de grève qui a vu la formation du premier soviet (conseil ouvrier) du monde à Saint-Pétersbourg. Dans notre numéro du Nouvel An, Mark Thomas a analysé l’impact de la révolution sur le développement des idées marxistes. Ici, Pete Glatter examine les transformations qui se sont produites dans la conscience de la classe ouvrière. [1]

Le cœur de la révolution russe de 1905 était le changement de la conscience de masse, ce que Trotsky appelait « ce mouvement bondissant d’idées et de passions » qui résultait d’une série de luttes et préparait le terrain pour la suivante. [2] Ce processus de changement était concentré dans la classe ouvrière.

De tels changements sont par nature compliqués et contradictoires. La particularité de 1905 est peut-être qu’elle montre d’une manière extraordinairement claire comment la conscience des travailleurs a changé étape par étape tout au long de 1905. L’historien MN Pokrovsky l’a résumé ainsi :

En janvier 1905, les ouvriers pensaient pouvoir parler au tsar d’une manière gentille et polie et ils furent cruellement désillusionnés. En octobre, ils ont eu l’idée que vous deviez montrer votre poing au tsar - ne le montrer que - et vous obtiendriez quelque chose de lui. C’était une idée de l’étape suivante que vous deviez utiliser les armes contre le tsar et ce n’était clair que pour une minorité de la classe ouvrière. [3]

Deux exemples illustrent l’ampleur de ce changement : les grèves et l’adhésion aux deux partis sociaux-démocrates (c’est-à-dire marxistes), les bolcheviks et les mencheviks.

La plus grosse année de grève avant 1905 était 1903. Cette année-là, 5,1 pour cent des travailleurs se sont mis en grève. En 1905, le chiffre correspondant était de 163,8% ! L’explication de ce chiffre était que de nombreux travailleurs ont fait grève plus d’une fois. En tout, 60 pour cent des travailleurs se sont mis en grève - près de 12 fois plus que le record précédent. Cet énorme mouvement ne retomba aux niveaux pré-révolutionnaires que deux ans plus tard. [4]

Une estimation standard du nombre total de membres sociaux-démocrates avant 1905 était qu’il « ne pouvait pas être plus de quelques milliers ». Cela aurait bien pu être beaucoup moins. Le gros du recrutement a eu lieu après 1905 même, alors que l’expérience et les leçons de la révolution s’enfonçaient. En 1907, les bolcheviks et les mencheviks comptaient chacun environ 40 000 hommes. [5] Ces chiffres auraient pu être encore plus élevés, si cela n’avait pas été aussi l’année qui a marqué le triomphe final de la contre-révolution.

Les historiens voient parfois des parties de ce processus de changement. Cependant, cela se fait généralement au détriment des relations dynamiques entre eux, donc du processus dans son ensemble. [6] Ceci était composé de trois éléments importants. Le premier était la façon dont l’État tsariste centralisé a soulevé les enjeux de la lutte à des moments clés, faisant face aux travailleurs avec le choix de répondre ou de se mettre à la porte. Ce sont des choix conscients faits par des millions de travailleurs à la lumière de leur expérience de la lutte et du niveau de confiance et de courage qui en résulte. Ainsi, chaque étape de la lutte impliquait un changement de conscience de masse. Le second était la différenciation du mouvement ouvrier de masse, indépendamment de tout parti politique, entre les pôles militants et modérés. Le troisième était le développement des bolcheviks et des mencheviks,à l’origine des factions dans le même parti social-démocrate, en partis distincts qui correspondaient politiquement à ces deux principales tendances contradictoires au sein du mouvement de masse.

Le "Dimanche sanglant" et après [7]

Le dimanche sanglant, le 9 janvier 1905, les troupes massacrèrent des processions d’ouvriers en plusieurs points de Saint-Pétersbourg, la capitale de l’empire russe. Les ouvriers essayaient de présenter une pétition au dirigeant absolu de la Russie, le tsar Nicolas II (également connu sous le nom d’empereur et d’autocrate). Cette pétition exprimait le changement de conscience des travailleurs de la ville. D’une part, il a fait appel au tsar en termes rampants et semi-religieux. De l’autre, ses revendications immédiates comprenaient les pleins droits civils et démocratiques, la gratuité de l’éducation publique, la séparation de l’Église orthodoxe de l’État, le transfert des terres des propriétaires terriens aux paysans (qui constituaient la majorité de la population), un Fin de la guerre avec le Japon, élection des comités ouvriers dans les usines avec le droit de mettre fin aux licenciements, une journée de huit heures et une augmentation générale des salaires.D’une part, les ouvriers sont venus avec leurs familles, avec des bannières et des icônes d’église, et chantant des hymnes. De l’autre, la ville était en proie à une grève générale. [8]

Le massacre a été un choc énorme. Une dissimulation officielle impitoyable après Bloody Sunday et les tentatives de conciliation des autorités ont poussé les travailleurs à agir. Ce n’était pas, dans l’ensemble, une action politique. Les ouvriers avaient voulu que le tsar leur permette de se battre pour une vie meilleure. La réponse avait été une tentative de les terroriser et de les soumettre. Les ouvriers ont refusé de se soumettre, mais ils ne se sont pas soulevés contre le tsar. C’était comme s’ils pensaient : « Bloody Sunday a montré que nous n’allons pas obtenir d’aide d’en haut, nous devrons donc nous battre seuls pour une vie meilleure, en commençant par le salaire et les conditions. Le résultat fut une tempête de grève. Rien qu’en janvier, il y a eu plus de grèves qu’au cours des dix années précédentes. Il s’agissait, en gros, de grèves économiques '', de grèves sur les salaires et les conditions,souvent avec de longues listes de griefs qui s'étaient enflammés pendant des années. Les employeurs, accablés par l'inondation, ont cédé les uns après les autres. Ce passage de la lutte politique à la lutte économique n'était pas une retraite. C'était, comme le disait Rosa Luxemburg, «un changement de front». [9] Certaines grèves avaient aussi des revendications politiques, en particulier sur la fin de la guerre et la convocation d'une Assemblée constituante (une assemblée élue pour rédiger une constitution pour une démocratie de style parlementaire). Ce n'étaient pas nécessairement des demandes immédiates, mais non plus des slogans vides. C'étaient des déclarations d'opposition ouverte à la règle absolue.[9] Certaines grèves avaient aussi des revendications politiques, en particulier sur la fin de la guerre et la convocation d'une Assemblée constituante (une assemblée élue pour rédiger une constitution pour une démocratie de style parlementaire). Ce n'étaient pas nécessairement des demandes immédiates, mais non plus des slogans vides. C'étaient des déclarations d'opposition ouverte à la règle absolue.[9] Certaines grèves avaient aussi des revendications politiques, en particulier sur la fin de la guerre et la convocation d'une Assemblée constituante (une assemblée élue pour rédiger une constitution pour une démocratie de style parlementaire). Ce n'étaient pas nécessairement des demandes immédiates, mais non plus des slogans vides. C'étaient des déclarations d'opposition ouverte à la règle absolue. Toutes les grèves, aussi économiques que soient leurs revendications, représentaient une rupture formidable avec l'autocratie, qui garantissait le pouvoir absolu de chacun en position d'autorité sur ses subordonnés, du tsar lui-même jusqu'au dernier contremaître. Le tsarisme lui-même avait soulevé les enjeux de la lutte. Bloody Sunday avait confronté les travailleurs à un choix. Cédez et vivez, même misérablement. Battez-vous et risquez un autre dimanche sanglant. Les énormes vagues de grève qui ont déferlé sur la Russie jusque tard dans l'été représentaient donc le premier changement qualitatif dans la conscience de la classe ouvrière en 1905. Ce changement est né de l'expérience du Dimanche Sanglant. Elle est également issue de l'expérience de la lutte contre le patronat avant le Dimanche Sanglant, qui avait conduit à la grève générale à Saint-Pétersbourg. Toute une série d'individus et de groupes sont venus à l'avant-garde de ce mouvement général. En termes de grèves, les métallurgistes mieux nantis et plus qualifiés étaient plus militants - politiquement et économiquement - que les ouvriers du textile mal payés et plus nombreux, dont beaucoup étaient des femmes. Des lieux de travail particuliers se sont démarqués, comme l'usine Poutilov, qui avait été l'une des usines métallurgiques les plus arriérées de Saint-Pétersbourg jusqu'à la grève avant le Dimanche Sanglant. L'usine est maintenant devenue si sujette aux grèves qu'elle n'a fonctionné que 43 jours pendant tout l'année 1905. [10] Les gens ont été transformés. Lukeriya Bogdanova, une ouvrière du textile à l'usine Maxwell, une école dure où les contremaîtres lançaient habituellement des clés sur les femmes, avait encouragé d'autres ouvriers à emmener leurs enfants avec eux le dimanche sanglant.Après le 9 janvier, elle a cessé de croire en Dieu et au tsar et s'est impliquée dans la clandestinité socialiste, produisant des tracts et intervenant dans les grèves. Son mari était ce qu'elle appelait «très strict» et la battait souvent pour cela - «Mais, bien sûr, je ne l'ai pas remarqué et j'ai continué le travail. [11] En tant qu'organisations, les bolcheviks et les mencheviks n'avaient pas réussi à intervenir dans le mouvement de masse, dirigé par le prêtre passablement charismatique, le père Gapone, qui a conduit au dimanche sanglant. Cependant, des travailleurs sociaux-démocrates ont réussi à se faire entendre malgré l'opposition de leurs propres organisations et l'hostilité initiale de Gapone et de ses lieutenants. [12] Malgré leur lenteur, les bolcheviks et les mencheviks ont gagné en crédibilité grâce à l'effondrement de l'organisation de Gapone et à ses aspirations réformistes, comme ils les avaient mis en garde dès le début. Les mencheviks étaient plus forts que les bolcheviks de Saint-Pétersbourg et se vantaient de leur intervention dans la Commission Shidlovsky en février 1905. La commission, qui comprenait des représentants élus des travailleurs, était l'une des tentatives des autorités de pacifier les travailleurs de Saint-Pétersbourg sous la prétention d’enquêter sur leurs griefs. Cependant, ce succès révèle une caractéristique clé du menchévisme en 1905: il s'oriente vers les travailleurs les plus hésitants, les plus conservateurs, les moins confiants. A une époque où le mouvement de grève atteignait des proportions inouïes, S. Somov, un organisateur menchevik, a décrit la commission comme «le moment central de la lutte de cette période». L'important à ses yeux était que les «travailleurs arriérés» «ne se lassaient jamais de discuter des demandes qu'ils devraient soumettre à la commission et du type de pétitions qu'ils devraient lui soumettre». Dans le même temps, il a admis que les métallurgistes «voyaient dès le départ la commission comme une astuce maladroite pour détourner l'attention des travailleurs des questions les plus importantes vers les petites questions du lieu de travail». Les bolcheviks ont participé à contrecœur aux élections à la commission. Dans l'événement, la participation a été un succès. Le résultat des élections a été une nette majorité pour les sociaux-démocrates et une série de revendications des élus. Lorsque le tsar a répondu en dissolvant la commission, 50 000 à 60 000 travailleurs ont fait grève en signe de protestation. L'attitude bolchevique était peut-être fausse, et ce n'était pas une erreur isolée, comme nous le verrons.Mais ce n'était pas nécessairement un signe que le parti n'avait rien de commun avec la classe ouvrière. [13] La manière dont le menchévisme se rapportait au mouvement de masse de 1905 correspondait aux deux idées clés qu'il apportait avec lui hors de l'underground. Le premier avait été son opposition à l'insistance de Lénine sur un parti centralisé d'activistes. La seconde était la croyance que, la Russie étant un pays arriéré, la classe capitaliste, la bourgeoisie, doivent mener la révolution pour renverser l'autocratie semi-féodale et établir une république démocratique bourgeoise avant que la lutte ouvrière ne puisse vraiment commencer. En revanche, les bolcheviks en sont venus à affirmer que la bourgeoisie russe et ses représentants politiques libéraux étaient trop dépendants du tsarisme et trop inquiets pour les ouvriers pour jouer un rôle révolutionnaire cohérent. Le tsarisme ne pouvait être brisé que par les ouvriers agissant de concert avec les paysans, qui formaient la majorité de la population.Cette alliance sociale ou «dictature démocratique» devait être incarnée dans un gouvernement révolutionnaire provisoire qui devait établir une république démocratique, donner la terre aux paysans et instaurer une journée de travail de huit heures. [14] La nature du libéralisme bourgeois comme deuxième point clé en litige entre les bolcheviks et les mencheviks a alimenté la différence existante sur l'organisation du parti. Si les ouvriers devaient rester en marge de la lutte pour le pouvoir, alors l'organisation du parti pourrait être relativement lâche et la distinction entre membres et sympathisants pourrait rester assez vague. Mais si les ouvriers devaient jouer un rôle de premier plan dans cette lutte, leur parti devrait être une organisation de combat centralisée qui pourrait organiser le renversement du pouvoir existant. Après le dimanche sanglant, Lénine a soutenu à plusieurs reprises que la principale leçon que les ouvriers radicalisés tiraient du massacre était la nécessité d'un soulèvement armé. Ce n'était donc plus simplement une idée politique abstraite mais une nécessité pratique urgente. Il a attaqué les mencheviks pour «avoir fait reculer le parti, loin des tâches pressantes de l'avant-garde révolutionnaire à la contemplation du« postérieur »du prolétariat». [15] Pour Lénine, la venue du mouvement de masse a changé la façon dont les choses devraient être faites. Les travailleurs, en particulier les jeunes travailleurs, évoluent vers le socialisme grâce à leur propre expérience. L'organisation serrée et fermée des journées clandestines a dû être ouverte au recrutement de masse pour que le parti puisse vraiment faire partie de la classe ouvrière, afin qu'il puisse unir les travailleurs qui prenaient la tête de la lutte.Mais parmi les bolcheviks eux-mêmes, Lénine s'est heurtée à l'inertie, au conservatisme et à une méfiance sectaire à l'égard du mouvement de masse à maintes reprises. Dans la clandestinité, l'organisation du parti était centrale. Cela avait même affecté ces luttes ouvertes qui ont éclaté. La différence entre la grève de 1901 à Obukhov, une usine clé de Saint-Pétersbourg, qui devait être préparée en secret jusqu'au tout dernier moment, et la grève générale dans la ville au début de 1905, qui impliquait une réunion de masse après l'autre , était une différence entre deux mondes politiques. [16] Maintenant, le mouvement de masse était central et le parti devait en faire partie s'il voulait avoir une chance de le diriger. Le parti a changé sous la pression de Lénine et du mouvement de masse. Mais la résistance était peut-être à son plus fort pendant les premiers mois de 1905. [17] L'ordre sous la botte des travailleurs Il y eut trois conflits particulièrement importants au printemps et à l'été 1905. Le premier fut une grève de masse dans la ville textile d'Ivanovo-Voznesensk - «le Manchester russe» - en mai et juin. La seconde a été une vague de grève dans le port ukrainien d'Odessa en juin qui a éclaté en quelque chose comme une guerre civile mineure juste au moment où le cuirassé mutin Potemkine ancrait au large. La troisième était une grève massive des travailleurs du pétrole à Bakou, aujourd'hui la capitale de l'Azerbaïdjan, qui a éclaté en combats si féroces que les installations de deux champs pétrolifères ont été détruites par le feu. [18] Ce qui ressortait dans les trois cas était la capacité de l'État à organiser et à concentrer ses forces dans de grands centres de troubles relativement isolés. Ces forces se composaient non seulement de troupes et de policiers armés, mais aussi de cent noirs ’’ - le nom populaire du monarchiste,organisations racistes patronnées par de hauts fonctionnaires, dont le tsar Nicolas II lui-même. [19] En termes de vue d’ensemble, ces trois conflits étaient des revers plutôt que des défaites décisives. Malgré cela, le niveau des grèves a chuté d’environ 75% entre juillet et septembre.

Une fois de plus, le tsarisme avait soulevé les enjeux de la lutte. Une fois de plus, les ouvriers n’ont pas réagi immédiatement. Mais à la mi-septembre, les augmentations de prix engloutissaient les augmentations de salaire gagnées plus tôt dans l’année. Les typographes de l’imprimerie Sytin à Moscou se sont mis en grève. L’une de leurs revendications était de payer les signes de ponctuation. « Ce petit événement », écrivait Trotsky, « n’a déclenché ni plus ni moins que la grève politique de toute la Russie - la grève qui a commencé sur les signes de ponctuation et s’est terminée par l’abolition de l’absolutisme. [20] L’arrêt de Sytin a déclenché une série de grèves à Moscou et ailleurs, y compris à Saint-Pétersbourg. Mais vers la fin de la première semaine d’octobre, tout semblait s’essouffler. Cependant, à ce moment-là, la fermentation s’était étendue aux chemins de fer.

Moscou était la plaque tournante ferroviaire de l’empire. Une fois que les ateliers ont commencé à sortir, le tsarisme a commencé à se ressaisir. Ce n’était plus simplement une question de revendications fragmentaires sur les salaires et les conditions. C’était une épreuve de force. Une conférence d’employés des chemins de fer, qui se réunissait à Saint-Pétersbourg pour discuter des pensions, a réclamé la journée de huit heures, les libertés civiles, une amnistie pour les prisonniers politiques et une assemblée constituante. Maintenant, les dés étaient jetés. C’était une question politique aussi bien qu’économique. Ce fut une lutte pour forcer l’État à donner une partie de son pouvoir au peuple. Les chemins de fer ont porté la grève dans tout l’empire. Dans chaque ville, une grève générale partait de la tête de ligne. La vie économique de l’empire s’est arrêtée. Les classes professionnelles et instruites se joignirent aux ouvriers ; les écoles et les universités sont fermées.La grève fit le tour du pays et frappa aux portes de Saint-Pétersbourg. [21] Le 17 octobre, le tsar, dans un état de démoralisation aiguë, a publié un Manifeste constitutionnel annonçant l’introduction des droits civils. Trotsky a conclu : "La couronne sacrée de l’absolutisme du tsar porte à jamais la trace de la botte du prolétaire." [22]

Il y a des signes que l’écart entre les militants de base de la révolution de 1905 et les modérés au printemps et en été s’est peut-être creusé. L’un des mutins de Potemkine fut assez désabusé lorsqu’il se rendit compte que « le formidable Potemkine n’était pas animé par un esprit révolutionnaire uniforme comme dans mon exaltation que j’avais été prêt à penser hier, mais par une psychologie collective très complexe ». Il a divisé l’équipage en trois parties : une section était prête à tout sacrifice de soi, une autre section ne pensait qu'à la manière de s'échapper avec sa vie, tandis que certaines étaient prêtes à s'opposer à la section [politiquement] consciente de la première opportunité ». La tension était particulièrement intense au bord de la grève générale d'octobre.La grève a été menée par des travailleurs mieux payés qui avaient une histoire de gain de conflits importants - travailleurs de l'imprimerie, métallurgistes, boulangers, etc. Les ouvriers de l'imprimerie de Saint-Pétersbourg se sont non seulement mis en grève, mais ont immédiatement entrepris de transformer la grève en soulèvement en organisant des détachements armés et en appelant les autres travailleurs à faire de même. Dans le même temps, la majorité des usines textiles de la ville étaient toujours en activité. [23] La grève d'octobre était une justification de la politique léniniste. En août, le tsar avait publié un plan pour un parlement sans dents connu sous le nom de Douma Bulygin. Le vote devait être très restreint et les travailleurs étaient complètement exclus. Néanmoins, les libéraux bourgeois ont généralement accepté de participer. Les bolcheviks les ont dénoncés pour avoir trahi la révolution et ont appelé à un «boycott actif», ce qui signifiait utiliser les élections pour intensifier l'agitation et la préparation d'un soulèvement armé. Les mencheviks oscilla entre les bolcheviks et les libéraux. A Saint-Pétersbourg, un groupe important de mencheviks de gauche influencés par Trotsky adopta la même ligne que les bolcheviks. En l'occurrence, la Douma Bulygin a été balayée par la grève d'octobre. [24] C'était un «boycott actif» à une échelle insoupçonnée.Ce n'est pas que les bolcheviks - ou toute autre force politique organisée - ont en fait initié la grève. Ce n'était pas le but. L'important était que la position bolchevique corresponde à l'état réel du mouvement de masse. C'était un point de départ essentiel. Cela ne veut pas dire que tous les bolcheviks, y compris les ouvriers bolcheviks, comprenaient maintenant comment se rapporter aux ouvriers qui changeaient par une lutte ouverte. Il y a eu une période de grève d'Ivanovo-Voznesensk, par exemple, où les bolcheviks semblent n'avoir soulevé aucune question politique dans les réunions de masse ou avoir jeté des slogans politiques abstraits comme "A bas l'autocratie!" et a fait tomber la maison - contre eux. [25] C'était un processus d'apprentissage et les bolcheviks étaient loin d'y être seuls. En juin 1905, la Société pour la lutte active contre la révolution, dirigée par une personnalité bien connue des Cent Noirs appelée Dezobri, convoqua une réunion publique largement annoncée à l'hôtel de ville de Saint-Pétersbourg pour discuter des problèmes des travailleurs. Malgré un boycott unanime de tous les partis de gauche, plus de 1 000 travailleurs se sont présentés.Mais au moment où Dezobri a ouvert la réunion, les travailleurs ont forcé l'élection d'un président indépendant, ont expulsé Dezobri et ses associés et ont passé le reste de la réunion à discuter de manière tout à fait légale de la lutte contre l'autocratie. [26] La lutte pour le pouvoir La grève d'octobre était une action revendicative directe généralisée à l'échelle de la classe pour un changement politique. Cela a marqué le deuxième grand pas en avant dans la conscience de masse des travailleurs. Il a également créé un front uni contre le tsarisme entre la masse des travailleurs et les militants qui, comme les ouvriers de l'imprimerie de Saint-Pétersbourg, voulaient transformer la grève en un soulèvement armé. A Saint-Pétersbourg, ce front uni a acquis une forme d'organisation au sein du Soviet (Conseil) des députés ouvriers, une direction élue et rappelable par des réunions de masse sur le lieu de travail qui a ensuite été copiée dans toute la Russie. Trotsky, qui le dirigeait, le décrivait comme «un gouvernement ouvrier en embryon»: «Le soviet représentait le pouvoir dans la mesure où le pouvoir était assuré par les districts ouvriers;il luttait pour le pouvoir dans la mesure où le pouvoir restait toujours entre les mains de la monarchie militaro-politique. [27] Le tsarisme s'est retiré face à la grève générale pour préparer l'avancée d'une contre-révolution générale. Cela a défini le contexte de l'activité soviétique. Le Soviet a été créé à la suite d'une initiative des mencheviks de gauche, c'est-à-dire de la tendance politique de Saint-Pétersbourg qui était alors la plus proche dans l'esprit des idées de Lénine. En ce sens, c'était le point culminant d'une série d'activités politiques conjointes issues du mouvement révolutionnaire de masse et encouragées par Lénine lui-même. [28] Le soviet était aussi la forme la plus élevée de leadership populaire organisé comme les comités qui ont mené la grève de masse à Ivanovo-Voznesensk et la mutinerie sur le Potemkine. C'était la démocratie telle que les gens ordinaires l'ont vécue. Il était compréhensible qu’ils l’identifient au gouvernement parlementaire, ce que la Russie n’a pas encore connu. Mais dans ses racines de la classe ouvrière de base et sa tendance à empiéter sur le pouvoir établi et à lui dicter, il était étonnamment socialiste. Le soviétique a mené quatre luttes de masse. Le premier a été la grève d'octobre. Le second était la résistance aux pogroms - massacres d'inspiration policière, principalement de Juifs - qui ont commencé dès la fin de la grève d'octobre. Le troisième était la lutte pour la journée de huit heures. Le quatrième était la grève de novembre contre la répression et la loi martiale. [29] Trois de ces quatre luttes n'ont pas été initiées par le soviet. Mais cela les a généralisés. Les ingénieurs ferroviaires, les imprimeurs et les métallurgistes ont amené la grève d'octobre à Saint-Pétersbourg. Le soviet l'a transformée en grève générale, lançant des piquets de grève avec «une gamme complète de méthodes, allant des appels verbaux à la contrainte forcée, pour impliquer les non-grévistes dans la grève». [30] Dès la fin de la grève d'octobre, les pogroms ont commencé. Au moins 3 500 à 4 000 personnes ont été tuées. [31] Dès que les Cent Noirs ont essayé de fouetter un pogrom à Saint-Pétersbourg, de nombreuses usines métallurgiques ont voté pour le supprimer, ont commencé à produire des bras latéraux en acier et les ont montrés lors d'une session du soviet. «Cette seule manifestation», écrivait Trotsky, «ne pouvait que paralyser toute initiative parmi les pogromistes de base». [32] La lutte pour la journée de travail de huit heures,la principale demande économique des travailleurs en 1905, a été lancée par un certain nombre d'usines qui ont voté massivement pour arrêter le travail après huit heures. Leurs députés ont ensuite porté la question au soviet, qui a appelé d'autres travailleurs à suivre leur exemple. En d'autres termes, les milieux de travail militants ont montré l'exemple et ont appelé le soviet à généraliser la lutte. Cela a donné conscience et organisation à ce qui était auparavant beaucoup plus une relation fortuite et aléatoire.Cela a donné conscience et organisation à ce qui était auparavant beaucoup plus une relation fortuite et aléatoire.Cela a donné conscience et organisation à ce qui était auparavant beaucoup plus une relation fortuite et aléatoire. Ce n'est que dans le cas de la grève de novembre que les ouvriers les plus militants ont attendu le soviet avant d'agir. C'était parce que le problème est apparu quelques jours après le début de la lutte de huit heures et exigeait un changement complet de front. Le gouvernement a déclaré la loi martiale en Pologne sous domination russe et dans plusieurs régions d'Ukraine et de Russie touchées par les troubles paysans. Il se préparait également à prononcer des condamnations à mort en cour martiale sur le terrain contre plusieurs centaines de marins après une mutinerie à Cronstadt, la forteresse de l'île qui commandait l'approche de Saint-Pétersbourg par la mer. Les résolutions de grève des réunions de masse sur le lieu de travail ont afflué dans le soviet, qui a voté pour appeler une grève après une discussion animée. Hormis la lutte pendant la journée de huit heures, aucune de ces mobilisations de masse par le soviet ne concernait une question purement ouvrière. Le soviet était une organisation de classe qui unissait tous les travailleurs, indépendamment de l'industrie ou de la croyance. [33] Mais il a également pris la tête de toute la lutte contre le tsarisme. Ce fait a amené un nombre important de non-travailleurs du côté soviétique. L'exemple le plus dramatique a été la grève de novembre, qui a été soutenue par des professionnels et des personnes instruites telles que des pharmaciens, des étudiants en médecine dentaire et des lycéens. La grève a remporté le transfert des marins de Kronstadt à un tribunal militaire normal sur une charge réduite et la levée de la loi martiale. En conséquence, le soviet a commencé à exercer ce qu'un colonel des gardes appelait «une influence morale regrettable sur nos soldats».[34] Des députés de soldats et de marins ont commencé à apparaître au soviet. Le troisième jour de la grève, le représentant d'une union paysanne locale s'est adressé au soviet dans des termes chaleureusement fraternels à la demande de ses membres. [35] Cependant, un front uni comme le soviétique est toujours une rue à double sens. La majorité des députés soviétiques ont maintenu la grève d'octobre aussi longtemps qu'ils le pouvaient après le Manifeste constitutionnel. «Nous savions que tout, chaque mot qui y était écrit était un mensonge», se souvient Dmitry Sverchkov, l'une des figures de proue du Soviet. [36] Mais la plupart des grévistes pensaient autrement, car le reste du pays a commencé à retourner au travail et Saint-Pétersbourg n'était pas à l'abri de la tendance. Les foules jubilatoires n'étaient pas d'humeur aux avertissements sinistres de Trotsky: Je leur ai crié de ne pas me fier à une victoire incomplète, que l'ennemi était têtu, qu'il y avait des pièges devant; J'ai déchiré le manifeste du tsar et l'ai dispersé aux vents. Mais de tels avertissements politiques ne font qu'effleurer la surface de la conscience de masse. Les masses ont besoin de la scolarisation des grands événements. [37] De nombreux employeurs avaient initialement soutenu la lutte politique des travailleurs, dont ils bénéficiaient en termes de représentation parlementaire. Mais confrontés à la lutte de huit heures et à la grève de novembre d'une part et à une contre-révolution rassembleuse d'autre part, ils ont sauté dans le camp gouvernemental avec un lock-out massif. Les usines d'État ont été les premières à fermer, suivies de 72 usines de métaux et de textiles. Plus de 100 000 travailleurs ont été mis au chômage, soit une proportion énorme de la main-d'œuvre de la ville. [38] Pris en plus de la perte de revenus due à des grèves tout au long de l'année dans des usines clés comme le Putilov, ce fut un coup écrasant. Le soviet a annulé à contrecœur la grève de novembre sans avoir atteint tous ses objectifs (l'abandon complet de la loi martiale et de toutes les cours martiales).Cinq jours plus tard, il a également abandonné la lutte de huit heures. Le soviet a lutté pendant encore trois semaines, mais il avait été mortellement affaibli. Selon Trotsky, cela avait autant à voir avec des illusions parmi les militants eux-mêmes qu'avec des circonstances difficiles ou des reculs parmi les modérés. Il a rappelé comment ils s'étaient armés contre le pogrom «plus de bonne humeur que sérieusement», et comment la plupart d'entre eux «ne semblaient pas se rendre compte qu'il s'agissait d'une lutte à vie ou à mort». Lorsque le soviet a été arrêté le 3 décembre, les députés ont brisé leurs revolvers pour les empêcher de tomber entre les mains des troupes encerclantes. «Dans le fracas et le grincement du métal tordu, écrivait Trotsky, on entendait les grincements de dents d'un prolétariat qui, pour la première fois, réalisait pleinement qu'un effort plus redoutable et plus impitoyable était nécessaire pour renverser et écraser l'ennemi.«[39] Le tsarisme avait fait monter les enjeux pour la troisième fois. Les ouvriers de Saint-Pétersbourg avaient essayé d'organiser eux-mêmes une réponse fructueuse et maintenant ils étaient hors du champ de bataille. La défaite et la démoralisation ont ressuscité les Cent Noirs. Un militant révolutionnaire du Poutilov a subi de multiples coups de couteau aux mains et il est devenu dangereux pour d'autres de se trouver dans l'usine sans protection. [40] Cela ne veut pas dire que la lutte ne se propageait pas. C'était le cas, mais il y avait deux problèmes majeurs, tous deux liés au facteur temps. L'un était le décalage entre l'action et l'organisation. Un socialiste polonais a déclaré au soviet que les ouvriers polonais n'avaient pas plus tôt mis fin à leur grève épuisante de trois semaines contre la loi martiale que lorsqu'ils avaient appris que la grève de novembre avait commencé: Si nous avions su seulement quelques heures plus tôt que vous étiez aux côtés de vos frères polonais, nous aurions tendu tous les nerfs et continué la grève. Mais on ne le savait pas et c'était tellement désagréable qu'au moment où vous avez fait la grève, nos villes se remettaient au travail les unes après les autres. Nous devons absolument éviter cela à l'avenir. [41] Le deuxième problème était lié au décalage entre les travailleurs les plus militants et ceux qui venaient d'entrer dans la lutte. Ce n'est pas un hasard si Trotsky s'est souvenu de la tisseuse provocante de l'usine textile Maxwell qui a pris la parole lors de la session cruciale du soviet pour avoir poursuivi la lutte de huit heures contre l'opposition des métallurgistes de Poutilov, qui voulaient jeter l'éponge. Saint-Pétersbourg était dominée par l'industrie métallurgique. À son apogée, 351 des 562 députés soviétiques étaient issus de l'industrie métallurgique, contre 57 du textile. [42] À Moscou, où les ouvriers du textile formaient la majorité de la main-d'œuvre [43], le niveau de lutte avait été beaucoup plus bas qu'à Saint-Pétersbourg, certainement jusqu'au début de la grève d'octobre. Le taux de grève de 1905 à Saint-Pétersbourg était plus de trois fois plus élevé qu'à Moscou.Pourtant, c'est à Moscou que le principal soulèvement contre le tsarisme a eu lieu. L'année suivante, le nombre de grèves a été plus élevé parmi les travailleurs du textile que parmi les métallurgistes. Pour utiliser une analogie militaire, les réserves entraient encore dans la bataille après que la ligne de front eut commencé à se replier. C'était là la puissance dynamique de la révolution, qui inspirait constamment des forces nouvelles au combat, mais aussi une faiblesse fatale, en termes de manque de coordination entre les deux groupements. Néanmoins, cela montre qu'il y avait une base dans le mouvement de masse pour le soulèvement de Moscou qui allait bien au-delà des bolcheviks, qui y ont joué le rôle principal. Il est également important de garder à l'esprit qu'il n'y avait pas de mur chinois entre les travailleurs et les autres classes de la population. Le militantisme croissant des ouvriers du textile était lié aux mouvements insurgés de la paysannerie et des forces armées. [44] Contrairement aux mencheviks de gauche, la direction bolchevique à Saint-Pétersbourg était clairement peu enthousiaste à l'égard du soviet. Il a même soumis un ultimatum: soit le soviet devait accepter le programme social-démocrate, soit les bolcheviks se retireraient. Cet «ultimatisme» d'extrême gauche restera un problème sérieux dans le parti bolchevique jusqu'en 1909, date à laquelle Lénine réussit à faire expulser le chef de la tendance. [45] Même ainsi, il y a des signes que le parti était beaucoup moins doctrinaire et beaucoup plus une partie du mouvement de masse dans la ville qu'il ne l'était au début de 1905. Tout d'abord, quand le comité exécutif du soviétique a arrêté la discussion sur l'ultimatum, les ouvriers bolcheviks sont restés là où ils étaient. Deuxièmement, des trois principaux dirigeants du soviet,Trotsky avait déjà quitté les mencheviks et avait assisté à la réunion bolchevique qui avait décidé de l'ultimatum (auquel il s'opposait), Pyotr Zlydniev, un des principaux ouvriers de l'usine d'Oboukhov, était un menchevik de gauche, et Dmitri Sverchkov était soit un menchévik de gauche, soit un bolchevik qui était contre la ligne ultimatiste. Selon Sverchkov, Bogdan Knuniyants, le représentant du parti bolchevique, a également «joué un grand rôle au sein du soviet» malgré ses soupçons initiaux à son égard. Troisièmement, dès que Lénine est rentré dans la ville dans la deuxième semaine de novembre, il a sévèrement critiqué les dirigeants bolcheviks. Dès lors, selon le bolchevik Gorev, témoin oculaire, ils «ne pensaient plus aux ultimatums mais seulement à la manière de gagner un rôle influent dans le soviet». [46]était un menchevik de gauche, et Dmitry Sverchkov était soit un menchevik de gauche, soit un bolchevik qui était contre la ligne ultimatiste. Selon Sverchkov, Bogdan Knuniyants, le représentant du parti bolchevique, a également «joué un grand rôle au sein du soviet» malgré ses soupçons initiaux à son égard. Troisièmement, dès que Lénine est rentré dans la ville dans la deuxième semaine de novembre, il a sévèrement critiqué les dirigeants bolcheviks. Dès lors, selon le bolchevik Gorev, témoin oculaire, ils «ne pensaient plus aux ultimatums mais seulement à la manière de gagner un rôle influent dans le soviet». [46]était un menchevik de gauche, et Dmitry Sverchkov était soit un menchevik de gauche, soit un bolchevik qui était contre la ligne ultimatiste. Selon Sverchkov, Bogdan Knuniyants, le représentant du Parti bolchevique, a également «joué un grand rôle au sein du soviet» malgré ses soupçons initiaux. Troisièmement, dès que Lénine est rentré dans la ville dans la deuxième semaine de novembre, il a sévèrement critiqué les dirigeants bolcheviks. Dès lors, selon le bolchevik Gorev, témoin oculaire, ils «ne pensaient plus aux ultimatums mais seulement à la manière de gagner un rôle influent dans le soviet». [46]Troisièmement, dès que Lénine est rentré dans la ville dans la deuxième semaine de novembre, il a sévèrement critiqué les dirigeants bolcheviks. Dès lors, selon le bolchevik Gorev, témoin oculaire, ils «ne pensaient plus aux ultimatums mais seulement à la manière de gagner un rôle influent dans le soviet». [46]Troisièmement, dès que Lénine est rentré dans la ville dans la deuxième semaine de novembre, il a sévèrement critiqué les dirigeants bolcheviks. Dès lors, selon le bolchevik Gorev, témoin oculaire, ils «ne pensaient plus aux ultimatums mais seulement à la manière de gagner un rôle influent dans le soviet». [46] Les bolcheviks ont commis beaucoup d'erreurs dans le soulèvement de Moscou, dont nous connaissons la plupart principalement à cause de leurs propres autocritiques. Ils étaient trop lents, trop hésitants et trop prudents. L'un des échecs cruciaux a été l'absence de réponse rapide et décisive à une mutinerie dans la garnison de Moscou: Il ne fait aucun doute que le soulèvement aurait eu une chance de succès s'il avait commencé une semaine plus tôt et avait coïncidé avec le mouvement croissant dans la garnison de Moscou. Il n'y a pas non plus l'ombre d'un doute qu'un soulèvement victorieux à Moscou aurait été le signal d'un soulèvement dans la région industrielle centrale, surtout à Pétersbourg. [47] En l'absence d'un tel renouveau du mouvement à Saint-Pétersbourg, la ligne de chemin de fer entre les deux villes a continué à fonctionner. Cela a libéré des forces suffisantes de la garnison massive de Saint-Pétersbourg pour écraser le soulèvement de Moscou. De telles erreurs ne nient pas la valeur et l’importance de cette tentative cruciale de mener la révolution à son terme en renversant le régime tsariste. Tout d'abord, cela a failli réussir. Au début, le Soviet de Moscou contrôlait pratiquement toute la ville. «L'autorité du gouverneur général ne s'étendait qu'au centre de la ville où il s'assit avec ses troupes« fiables »- environ 1 500 cavaliers et fantassins en tout, selon sa propre estimation». [48] ​​Deuxièmement, c'était une tentative vitale de renverser la tendance politique. A la suite du patronat de Saint-Pétersbourg, les libéraux se sont retournés contre toute l'idée de révolution, surtout une fois que leur représentation à la nouvelle Douma était garantie. Les mencheviks suivirent les libéraux, laissant les mencheviks de gauche de plus en plus isolés. Si les alliés libéraux peu fiables des travailleurs se retiraient à une distance sûre,d'autres forces, plus humbles, se rapprochent, comme nous l'avons vu. Il a fallu une initiative des bolcheviks, si imparfaite soit-elle, pour libérer l'énergie créatrice des masses. Mais c'est cette énergie créatrice que Lénine a identifiée comme la caractéristique la plus importante du soulèvement: Dans les jours de décembre, le prolétariat de Moscou nous a enseigné de magnifiques leçons de conquête ’’ idéologique des troupes, comme, par exemple, le 8 décembre sur la place Strastnaya, lorsque la foule entourait les cosaques, se mêlait et fraternisait avec eux, et les persuadait de faire demi-tour. Ou le 10 décembre, dans le district de Presnya, lorsque deux travailleuses, portant un drapeau rouge dans une foule de 10 000 personnes, se sont précipitées à la rencontre des cosaques en criant : « Tuez-nous ! Nous n’abandonnerons pas le drapeau vivant ! Et les cosaques étaient déconcertés et s’éloignaient au galop, au milieu des cris de la foule : « Vive les cosaques ! Ces exemples de courage et d’héroïsme doivent être gravés à jamais dans l’esprit du prolétariat. [49]

De toutes les réalisations du soulèvement, c’est celle que Lénine a choisie comme la plus importante :

De la grève et des manifestations aux barricades isolées. Des barricades isolées à l’érection massive de barricades et aux combats de rue contre les troupes. Au-dessus des têtes des organisations, la lutte prolétarienne de masse est passée d’une grève à un soulèvement. C’est le plus grand gain historique que la révolution russe ait réalisé en décembre 1905 ; et comme tous les gains précédents, il a été acheté au prix d’énormes sacrifices. [50]

Ces mots peuvent sembler étranges venant de Lénine, qui est généralement décrit comme le père du totalitarisme. Mais c’est en 1905 que Lénine et les bolcheviks ont vraiment découvert le mouvement ouvrier de masse. C’était le cœur caché du bolchevisme. Le Parti bolchevique n’a jamais représenté la classe ouvrière dans son ensemble, comme le faisaient les soviets. Il a essayé d’être le parti des travailleurs les plus militants, les unissant politiquement, coordonnant leur activité et leur permettant de se rapprocher des autres travailleurs en tant que groupe clairement défini, et non en tant qu’individus disparates. Lorsque le sectarisme et l’inertie organisationnelle à l’intérieur du parti ont entravé sa relation avec le mouvement de masse, alors la pression du mouvement de masse a été utilisée par Lénine et d’autres pour percer. Ce n’était jamais une fête parfaite mais c’était, pour emprunter un terme à la psychologie, une fête « assez bonne ».Elle était militante, elle a donné une direction, elle a commis des erreurs et elle en a pris la responsabilité. Cela a appris et changé. De tels changements ne pouvaient pas être apportés sans conflit interne - mais c’était un conflit qui était en fin de compte lié au mouvement de masse, pas seulement à des groupes isolés de révolutionnaires tournés vers eux.

Dans les années qui suivirent 1905, il sembla souvent que seules les ruines de la révolution restaient. La contre-révolution engendra amertume et récriminations. « Merci », a dit une ouvrière moscovite à la sœur de Lénine, Anna, « merci à vous, Pétersbourg, pour votre soutien. Vous nous avez envoyé le régiment Semyonov. [51] Les socialistes de droite comme les mencheviks sont devenus l’expression politique d’une telle négativité. Le menchevik Larin a déclaré que « les mencheviks ont commis une erreur en octobre-décembre en se comportant comme des bolcheviks ». [52] La défaite a ravivé tous leurs vieux préjugés contre la lutte pour le pouvoir et a renforcé leur foi dans la mission de la bourgeoisie. Ils ont vu les soulèvements de décembre comme un produit du désespoir et leur défaite comme une conclusion acquise dès le départ. Le verdict selon lequel « il était mal de prendre les armes » résumait leur manque d’esprit.

Pas seulement un anniversaire

Il existe de nombreuses différences évidentes entre 1905 et 2005. Mais il y a un lien. Nous vivons également à une époque de mouvements de masse qui naissent en dehors de la zone morte de la politique officielle. La révolution russe de 1905 a été le premier mouvement de ce genre : la première fois que des gens ordinaires ont été impliqués dans l’arrêt d’une guerre ; la première grève générale de l’histoire ; les premiers conseils ouvriers ou soviets, rivalisant avec le pouvoir des autorités établies. Bref, c’était la première révolution moderne. Ce n’était pas un plan. Lorsque les bolcheviks ont appliqué avec succès les leçons de 1905 à la révolution de 1917, ils n’ont pas simplement répété la même expérience avec quelques corrections. La Révolution de 1905 ne leur a pas donné toutes les réponses. Mais cela leur a appris la logique des mouvements de masse et comment ils pouvaient s’y rapporter. 1905 peut aider à faire de même pour nous.

Remarques

1. La plupart des documents sur lesquels se fonde cet article sont publiés pour la première fois en anglais dans The Russian Revolution of 1905 : Change through Struggle, Revolutionary History, vol. 9 no. 1, qui était en production au moment de la rédaction de cet article. La pagination n’étant pas encore finalisée ; les références ici concernent des chapitres particuliers. Voir aussi M. Thomas, The Birth of Our Politics : Marxists and the 1905 Revolution, International Socialism 105 (hiver 2005), pp. 63–97.

2. Léon Trotsky, L’histoire de la révolution russe, vol. 1 (Londres 1967), p. 16.

3. Cité dans P. Glatter et P. Ruff, The Decisive Days, Revolutionary History, comme ci-dessus.

4. Pour ces statistiques et bien d’autres statistiques de grève de la révolution, voir M. Haynes, Patterns of Conflict in the 1905 Revolution, Revolutionary History, comme ci-dessus. Lénine croyait que la révolution ne pouvait pas être comprise sans eux.

5. D. Lane, Les racines du communisme russe : une étude sociale et historique de la social-démocratie russe 1898–1907 (Londres 1975), pp. 12–13.

6. Pour des exemples, voir A. Ascher, The Revolution of 1905 : Russia in Disarray (Stanford 1988), pp. 2, 151, 219 ; O. Figes, A People’s Tragedy : The Russian Revolution 1891–1924 (Londres 1997), p. 211 (Figes admet à la page suivante que le bolchevisme qui avait mûri en 1905 avait une circonscription naturelle dans le mouvement ouvrier naissant après 1912). Pour une discussion de problèmes similaires dans le contexte des révolutions de 1917, voir JE Marot, Class Conflict, Political Competition and Social Transformation : Critical Perspectives on the Social History of the Russian Revolution, Revolutionary Russia, vol. 7 no. 2 (décembre 1994), pp. 111-163 ; M. Haynes, Y avait-il une alternative parlementaire en Russie en 1917 ?, International Socialism 2 : 76 (automne 1997) ; M. Haynes, Social History and the Russian Revolution, in J.Rees (éd.),Essais sur le matérialisme historique (Londres 1998), pp. 57–80.

7. Pour le contexte de Bloody Sunday et son impact, voir P. Glatter, The Road to Bloody Sunday and A Revolution Takes Shape, Revolutionary History, comme ci-dessus.

8. A. Ascher, comme ci-dessus, pp. 87–90.

9. R. Luxemburg, The Mass Strike (Londres 2005), p. 34. Pour la manière dont les idées de Luxemburg ont évolué en 1905 selon ses propres mots, voir M. Thomas, Rosa Luxemburg and the 1905 Revolution, Revolutionary History, comme ci-dessus.

10. Ce chiffre est mentionné par Dmitry Sverchkov, l’un des dirigeants du Soviet de Saint-Pétersbourg. Voir Les jours décisifs, comme ci-dessus.

11. Pour la transformation des œuvres de Putilov et l’histoire de Bogdanova, voir Une révolution prend forme, comme ci-dessus.

12. Un de ces travailleurs a été applaudi avec enthousiasme pour un discours dans lequel il préconisait la lutte politique contre le tsarisme ainsi que la lutte économique contre les employeurs. Il a pris soin de donner tout le crédit de ces idées au père Gapon, car c’était à une époque où quiconque disait être social-démocrate était aussitôt empêché de parler. D. Sverchkov, Na zare revoliutsii [A l’aube de la révolution] (Leningrad 1925), pp. 89–90.

13. Une révolution prend forme, comme ci-dessus. Les comptes rendus standards de la Commission Shidlovsky tendent à ne pas mentionner la relation entre la position bolchevique et l’attitude des métallurgistes. Voir par exemple A. Ascher, comme ci-dessus, p.121.

14. Pour plus de détails sur la scission et son évolution que ce qui peut être donné ici, voir, par exemple, D. Hallas, Trotsky’s Marxism (Londres 1979) ; Trotsky, 1905 (Harmondsworth 1973) ; T. Cliff, Lénine, vol. 1 (Londres 1975) ; D. Lane, comme ci-dessus ; M. Liebman, Leninism Under Lenin (Londres 1980) ; I. Birchall, A Rebel’s Guide to Lenin (Londres 2005). Les perspectives bolchevique et menchevique étaient toutes deux fausses et la perspective de Trotsky, basée sur sa théorie de la révolution permanente (qu’il a tirée de l’expérience de 1905), avait raison, comme les bolcheviks l’ont admis en 1917. Cependant, l’exactitude formelle des perspectives théoriques est pas tout ce qu’il y a à faire, comme je continue à le dire. Pour une discussion de l’impact de la révolution de 1905 sur la théorie marxiste, voir M. Thomas, The Birth of Our Politics, comme ci-dessus.

15. VI Lénine, Collected Works, vol.8 (Londres, 1962), pp. 172–73. Pour des exemples de l’argument de Lénine selon lequel un nombre significatif de travailleurs acceptaient la nécessité d’un soulèvement armé à cette époque, voir le même volume, pp. 108, 113, 141, 154–155, 162–166.

16. Pour l’histoire de la grève d’Oboukhov et une analyse brillante du mouvement qui a conduit à un dimanche loody par l’historien bolchevique Nevsky, voir P. Glatter, The Road to Bloody Sunday, comme ci-dessus.

17. Pour quelques exemples du conflit entre Lénine et d’autres bolcheviks en ce moment, voir VI Lénine, Œuvres collectées, vol. 8, comme ci-dessus, pp. 146-147, 196, 211-220, 407-408, 411.

18. Pour plus de détails sur ces luttes, voir Une révolution prend forme, comme ci-dessus.

19. Voir, par exemple, SE Salisbury, Black Night, White Snow : Russia’s Revolutions 1905–1917 (Londres 1977), p. 171.

20. L. Trotsky, 1905, comme ci-dessus, p. 102.

21. Ce résumé est principalement tiré de MN Pokrovsky, Brief History of Russia, vol. II (Londres 1933), pp. 159-163, et de Trotsky, 1905, comme ci-dessus, pp. 100-120.

22. L. Trotsky, 1905, comme ci-dessus, p. 136.

23. Comme ci-dessus, pp. 124-125.

24. Dans la loi électorale de décembre 1905 pour une Douma un peu plus démocratique, le vote d’un propriétaire était égal aux voix de 15 paysans et 45 ouvriers (A. Ascher, comme ci-dessus, p. 302). Une fois que la vague révolutionnaire a reculé et que la politique de la Douma n’était plus une diversion des préparatifs d’un soulèvement armé, Lénine a soutenu la participation.

25. Voir La révolution prend forme, comme ci-dessus.

26. Voir La révolution prend forme, comme ci-dessus.

27. L. Trotsky, 1905, comme ci-dessus, p. 266.

28. Dès février 1905 - VI Lénine, Collected Works, vol. 8, comme ci-dessus, pp. 158–166. Voir aussi VI Lénine, Collected Works, vol. 10 (Londres 1972), pp. 251–252.

29. Pour l’histoire du Soviet de Saint-Pétersbourg, voir The Decisive Days, ci-dessus.

30. L. Trotsky, 1905, comme ci-dessus, p. 125.

31. Pour la lutte contre les pogroms, voir The Decisive Days, comme ci-dessus.

32. L. Trotsky, 1905, comme ci-dessus, p. 155.

33. Elle exclut également « toutes les organisations bourgeoises libérales et les syndicats non prolétariens » - D. Sverchkov dans The Decisive Days, comme ci-dessus.

34. L Trotsky, 1905, comme ci-dessus, p. 189.

35. Les jours décisifs, comme ci-dessus.

36. Cité dans The Decisive Days, comme ci-dessus.

37. L. Trotsky, Ma vie : une tentative d’autobiographie (New York 1970), p. 179.

38. Peut-être plus de la moitié de la main-d’œuvre industrielle et plus d’un quart de la population ouvrière - L Trotsky, 1905, comme ci-dessus, p. 268 ; D. Lane, comme ci-dessus, p. 63.

39. L. Trotsky, My Life, comme ci-dessus, pp. 179-180.

40. Les jours décisifs, comme ci-dessus.

41. Extrait de The Decisive Days, comme ci-dessus.

42. L. Trotsky, 1905, comme ci-dessus, p. 265.

43. D. Lane, comme ci-dessus, p. 95.

44. Voir la discussion sur le tableau 1 dans M. Haynes, Patterns of Conflict in the 1905 Revolution, comme ci-dessus.

45. T. Cliff, Lénine, vol. 1 (Londres 1975), pp. 285-287.

46. ​​Tous ces points sont discutés dans The Decisive Days, comme ci-dessus. Il en va de même pour les faiblesses d’un important récit menchevik de cet épisode, SM Schwarz, La révolution russe de 1905 : le mouvement ouvrier et la formation du bolchevisme et du menchévisme (Londres 1967).

47. MN Pokrovsky dans The Decisive Days, comme ci-dessus.

48. Comme ci-dessus.

49. VI Lénine, Œuvres collectées, vol. 11 (Londres 1962), p. 175. Le même incident est décrit en des termes légèrement différents dans L. Trotsky, 1905, comme ci-dessus, pp. 252–253.

50. VI Lénine, Œuvres collectées, vol. 11, comme ci-dessus, p. 172.

51. Cité dans SE Salisbury, comme ci-dessus, p. 173.

52. VI Lénine, Œuvres collectées, vol. 10, comme ci-dessus, p. 369.

The Consciousness Factor (Autumn 2005)

“This October is the hundredth anniversary of one of the high points of the Russian Revolution of 1905 – the strike wave that saw the formation of the world’s first soviet (workers’ council) in St Petersburg. In our New Year issue Mark Thomas analysed the impact of the revolution on the development of Marxist ideas. Here Pete Glatter looks at the transformations that occurred in working class consciousness.” [1]

The heart of the Russian Revolution of 1905 was the change in mass consciousness, what Trotsky called ‘that leaping movement of ideas and passions’ which arose from one set of struggles and set the scene for the next. [2] This process of change was concentrated in the working class.

Such changes are by their nature complicated and contradictory. Perhaps the unique thing about 1905 is that it shows in an extraordinarily clear way exactly how the workers’ consciousness changed step by step throughout 1905. The historian M.N. Pokrovsky summed it up like this :

In January 1905, the workers thought that they could talk to the tsar in a nice, polite way and they were cruelly disillusioned. In October, they reached the idea that you had to show your fist to the tsar – only show it – and you would get something from him. It was an idea of the following stage that you had to use arms against the tsar and it was clear only to a minority of the working class. [3]

Two examples illustrate the extent of this change : strikes and the membership of the two social democratic (i.e., Marxist) parties, the Bolsheviks and the Mensheviks.

The biggest year for strikes before 1905 was 1903. In that year 5.1 percent of workers went on strike. In 1905 the corresponding figure was 163.8 percent ! The explanation for this figure was that many workers struck more than once. In all, 60 percent of the workers went on strike – nearly 12 times as many as the previous record. This enormous movement did not sink back to pre-revolutionary levels until two years later. [4]

A standard estimate of total social democratic membership before 1905 was that it ‘could not have been more than a few thousand’. It could well have been considerably less. The bulk of the recruitment took place after 1905 itself, as the experience and lessons of the revolution sank in. By 1907 the Bolsheviks and the Mensheviks were each about 40,000 strong. [5] These figures might have been even higher, had this not also been the year which marked the final triumph of the counterrevolution.

Historians sometimes see parts of this process of change. However, it is usually at the cost of the dynamic relationships between them, hence of the process as a whole. [6] This was made up of three important elements. The first was the way the centralised tsarist state raised the stakes of the struggle at key points, facing the workers with the choice of either responding or knuckling under. These were conscious choices made by millions of workers in the light of their experience of struggle and their resulting level of confidence and courage. So every step of the struggle involved a change in mass consciousness. The second was the differentiation of the mass workers’ movement, independently of any political party, between militant and moderate poles. The third was the development of the Bolsheviks and the Mensheviks, originally factions in the same social democratic party, into distinct parties which corresponded politically to these two maain contradictory tendencies inside the mass movement.

Bloody Sunday and after [7]

On Bloody Sunday, 9 January 1905, troops massacred processions of workers at several points in St Petersburg, the capital of the Russian empire. The workers were trying to present a petition to the absolute ruler of Russia, Tsar Nicolas II (also known as the emperor and the autocrat). This petition expressed the shifting consciousness of the city’s workers. On the one hand, it appealed to the tsar in grovelling, semi-religious terms. On the other, its immediate demands included full civil and democratic rights, free public education, the separation of the Orthodox Church from the state, the transfer of the land from the landowners to the peasants (who were the majority of the population), an end to the war with Japan, elected workers’ committees in the factories with the right to stop sackings, an eight-hour day and a general pay rise. On the one hand, the workers came with their families, with church banners and icons, and singing hymns. On the other, the city was in the grip of a general strike. [8]

The massacre came as a tremendous shock. A callous official cover-up after Bloody Sunday, and the authorities’ slapdash attempts at conciliation, impelled the workers to action. It was not, by and large, political action. The workers had wanted the tsar to make it possible for them to fight for a better life. The response had been an attempt to terrorise them into submission. The workers refused to submit, but they did not rise up against the tsar. It was as if they were thinking, ‘Bloody Sunday showed that we’re not going to get any help from above, so we’ll have to fight on our own for a better life, starting with pay and conditions.’ The result was a strike storm. In January alone there were more strikes than in the whole of the previous ten years. These were, by and large, ‘economic’ strikes, strikes about pay and conditions, often with long lists of grievances which had festered for years. Employers, overwhelmed by the flood, caved in one after another. This switch from political to economic struggle was not a retreat. It was, as Rosa Luxemburg put it, ‘a change of front’. [9] Some strikes had political demands as well, especially about ending the war and calling a Constituent Assembly (an assembly elected to draw up a constitution for a parliamentary-style democracy). These were not necessarily immediate demands but nor were they empty sloganising. They were declarations of open opposition to absolute rule.

All the strikes, no matter how economic their demands were, represented a tremendous break with the autocracy, which guaranteed the absolute power of everyone in any position of authority over their subordinates, from the tsar himself right down to the last foreman. Tsarism itself had raised the stakes of the struggle. Bloody Sunday had faced the workers with a choice. Give in and live, however miserably. Fight back and risk another Bloody Sunday. The huge strike waves which rolled across Russia until well into the summer therefore represented the first qualitative change in the consciousness of the working class in 1905. This change came out of the experience of Bloody Sunday. It also came out of the experience of the struggle against the employers before Bloody Sunday, which had led to the general strike in St Petersburg.

A whole series of individuals and groups came to the forefront of this general movement. In terms of strikes, the better-off, more skilled metal workers were more militant – politically and economically – than the low-paid, more numerous textile workers, many of them women. Particular workplaces stood out, like the Putilov works, which had been one of the most backward metal plants in St Petersburg until the strike before Bloody Sunday. The plant now became so strike-prone that it only worked 43 days during the whole of 1905. [10] People were transformed. Lukeriya Bogdanova, a textile worker at the Maxwell mill, a hard school where the foremen habitually threw spanners at the women, had encouraged other workers to take their children with them on Bloody Sunday. After 9 January she stopped believing in god and the tsar and got involved in the socialist underground, producing leaflets and intervening in strikes. Her husband was what she called ‘very strict’ and often beat her for this – ‘But, of course, I didn’t take any notice of him, and I continued with the work.’ [11]

As organisations, both the Bolsheviks and the Mensheviks had failed to intervene in the mass movement, headed by the fleetingly charismatic priest Father Gapon, which led to Bloody Sunday. However, individual social democratic workers succeeded in getting a hearing despite opposition from their own organisations and initial hostility from Gapon and his lieutenants. [12] Despite their sluggishness, the Bolsheviks and the Mensheviks gained credibility from the collapse of Gapon’s organisation and its reformist aspirations, as they had warned against them from the start.

The Mensheviks were stronger than the Bolsheviks in St Petersburg and prided themselves on their intervention in the Shidlovsky Commission in February 1905. The commission, which included elected workers’ representatives, was one of the attempts by the authorities to pacify the St Petersburg workers under the guise of investigating their grievances. However, this success revealed a key feature of Menshevism in 1905 : it oriented on the more hesitant, more conservative, less confident workers. At a time when the strike movement was reaching unheard-of proportions, S. Somov, a Menshevik organiser, described the commission as the ‘central moment of struggle in this period’. The important thing in his eyes was that the ‘backward workers‘¦never tired of discussing which demands they should put to the commission and what sort of petitions they should submit to it’. At the same time, he admitted that the metal workers ‘saw the commission from the start as a clumsy trick to divert the workers’ attention from the most important issues on to petty workplace matters’. The Bolsheviks reluctantly took part in the elections to the commission. In the event, participation was a success. The result of the elections was a clear majority for the social democrats and a series of demands by the elected representatives. When the tsar responded by disbanding the commission, 50,000 to 60,000 workers struck in protest. The Bolshevik attitude may have been wrong, and it was not an isolated mistake, as we shall see. But it was not necessarily a sign that the party had nothing in common with the working class. [13]

The way Menshevism related to the mass movement of 1905 fitted the two key ideas it brought with it out of the underground. The first had been its opposition to Lenin’s insistence on a centralised party of activists. The second was the belief that, Russia being a backward country, the capitalist class, the bourgeoisie, must lead the revolution to overthrow the semi-feudal autocracy and establish a bourgeois democratic republic before the workers’ struggle could really get going. By contrast, the Bolsheviks came to argue that the Russian bourgeoisie and its liberal political representatives were too dependent on tsarism and too apprehensive about the workers to play a consistent revolutionary role. Tsarism could only be broken by the workers acting in concert with the peasants, who formed the majority of the population. This social alliance or ‘democratic dictatorship’ was to be embodied in a provisional revolutionary government which should establish a democratic republic, give the land to the peasants and introduce an eight-hour working day. [14]

The nature of bourgeois liberalism as the second key point at issue between the Bolsheviks and the Mensheviks fed into the existing difference on party organisation. If the workers were going to stay on the margins of the struggle for power, then the party organisation could be relatively loose and the distinction between members and sympathisers could remain suitably vague. But if the workers were going to play a leading role in this struggle, their party would have to be a centralised combat organisation which could organise the overthrow of the existing power.

After Bloody Sunday, Lenin repeatedly argued that the main lesson that the radicalised workers were drawing from the massacre was the need for an armed uprising. It was therefore no longer simply an abstract political idea but an urgent practical necessity. He attacked the Mensheviks for ‘dragging the party back, away from the pressing tasks of the revolutionary vanguard to the contemplation of the proletariat’s “posterior”.’ [15] For Lenin, the coming of the mass movement changed the whole way things should be done. Workers, especially young workers, were moving towards socialism through their own experience. The tight, closed organisation of the underground days had to be thrown open to mass recruitment so that the party could really become part of the working class, so that it could unite the workers who were taking the lead in the struggle. But among the Bolsheviks themselves, Lenin ran into inertia, conservatism and a sectarian distrust of the mass movement over and over again.

In the underground the party organisation had been central. This had even affected those open struggles which did break out. The difference between the 1901 strike at the Obukhov, a key plant in St Petersburg, which had to be prepared in secret until the very last moment, and the general strike in the city at the beginning of 1905, which involved one mass meeting after another, was a difference between two political worlds. [16] Now the mass movement was central and the party had to become part of it if it was going to have any chance of leading it. The party changed under pressure from Lenin and from the mass movement. But resistance was perhaps at its strongest during the early months of 1905. [17]

The Order of the Worker’s Boot

There were three particularly large conflicts in the spring and summer of 1905. The first was a mass strike in the textile town of Ivanovo-Voznesensk – ‘the Russian Manchester’ – in May and June. The second was a strike wave in the Ukrainian port of Odessa in June which erupted into something like a minor civil war just as the mutinous battleship Potemkin anchored offshore. The third was a mass strike of oil workers in Baku, now the capital of Azerbaijan, which erupted into such fierce fighting that the installations of two oilfields were destroyed by fire. [18] What stood out in all three cases was the ability of the state to organise and concentrate its forces in large but relatively isolated centres of unrest. Such forces consisted not only of troops and armed police but also of ‘Black Hundreds’ – the popular name for monarchist, racist organisations patronised by high officials including Tsar Nicholas II himself. [19] In terms of the big picture, these three conflicts were setbacks rather than decisive defeats. Even so, the level of strikes fell by about 75 percent between July and September.

Once again tsarism had raised the stakes of the struggle. Once again the workers did not react at once. But by mid-September price increases were swallowing up the pay rises won earlier in the year. The typesetters at Sytin’s printing works in Moscow went on strike. One of their demands was pay for punctuation marks. ‘This small event’, Trotsky wrote, ‘set off nothing more nor less than the all-Russian political strike – the strike which started over punctuation marks and ended by felling absolutism.’ [20] The Sytin stoppage set off a rash of strikes both in Moscow and elsewhere, including St Petersburg. But towards the end of the first week in October, everything seemed to be dying down. However, by then the ferment had spread to the railways.

Moscow was the railway hub of the empire. Once the workshops there began to come out, tsarism began to seize up. It was no longer simply a question of piecemeal demands about wages and conditions. This was a trial of strength. A conference of railway employees, which was meeting in St Petersburg to discuss pensions, demanded the eight-hour day, civil liberties, an amnesty for political prisoners and a constituent assembly. Now the die was cast. It was a political as well as an economic issue. It was a struggle to force the state to give some of its power to the people. The railways carried the strike throughout the empire. In every city a general strike spread out from the railhead. The economic life of the empire ground to a halt. The professional and educated classes joined the workers ; schools and universities shut down. The strike went round the country and then knocked at the gates of St Petersburg. [21] On 17 October the tsar, in a state of acute demoralisation, issued a Constitutional Manifesto announcing the introduction of civil rights. Trotsky concluded : ‘The sacred crown of the tsar’s absolutism bears forever the trace of the proletarian’s boot.’ [22]

There are signs that the gap between the rank and file militants of the 1905 Revolution and the moderates during the spring and summer may have been growing. One of the Potemkin mutineers was quite disillusioned when he realised that ‘the formidable Potemkin was not moved by a uniform revolutionary spirit as in my elation I had been ready to think yesterday, but by a highly complex collective psychology.’ He divided the crew into three parts : one section ‘was ready for any amount of self-sacrifice, another section thought only about how to escape with its life, while some were ready to come out in opposition to the [politically] conscious section at the first opportunity’. The strain was particularly intense on the brink of the October general strike. The strike was led by better-paid workers who had a history of winning important disputes – print workers, metal workers, bakery workers, and so on. The St Petersburg print workers not only went on strike but immediately set about turning the strike into an uprising by organising armed detachments and calling on other workers to do likewise. At the same time, the majority of the textile plants in the city were still at work. [23]

The October strike was a vindication of Leninist politics. In August the tsar had issued a plan for a toothless parliament known as the Bulygin Duma. Voting was to have been highly restricted and workers were completely excluded. Nevertheless, the bourgeois liberals generally agreed to take part. The Bolsheviks denounced them for betraying the revolution and called for an ‘active boycott’, which meant using the elections to intensify agitation and preparation for an armed uprising. The Mensheviks wobbled around between the Bolsheviks and the liberals. In St Petersburg an important group of left Mensheviks influenced by Trotsky adopted the same line as the Bolsheviks. In the event, the Bulygin Duma was swept away by the October strike. [24] This was an ‘active boycott’ on an undreamt-of scale. It was not that the Bolsheviks – or any other organised political force – actually initiated the strike. That was not the point. The important thing was that the Bolshevik position corresponded to the actual state of the mass movement. It was an essential starting point.

This does not mean that all the Bolsheviks, including Bolshevik workers, now understood how to relate to workers who were changing through open struggle. There was a period of the Ivanovo-Voznesensk strike, for example, when the Bolsheviks seem to have either not raised any politics at all in the mass meetings or to have thrown out abstract political slogans like ‘Down with the autocracy !’ and brought the house down – against them. [25] It was a learning process, and the Bolsheviks were far from being alone in it. In June 1905 the Society for Active Struggle Against the Revolution, headed by a well-known Black Hundred personality called Dezobri, called a widely-advertised public meeting in the St Petersburg city hall to discuss workers’ issues. Despite a unanimous boycott by all the left wing parties, over 1,000 workers turned up. But the moment Dezobri opened the meeting the workers forced an election for an independent chairman, expelled Dezobri and his associates, and spent the rest of the meeting quite legally discussing the struggle against the autocracy. [26]

The Struggle for Power

The October strike was a generalised, class-wide, direct industrial action for political change. It marked the second great step forward in the workers’ mass consciousness. It also brought into being a united front against tsarism between the mass of the workers and the militants who, like the St Petersburg print workers, wanted to turn the strike into an armed uprising. In St Petersburg this united front acquired an organisational form in the Soviet (Council) of Workers’ Deputies, a leadership elected from and recallable by mass workplace meetings which was later copied all over Russia. Trotsky, who led it, described it as ‘a workers’ government in embryo’ : ‘The soviet represented power insofar as power was assured by the working class districts ; it struggled for power insofar as power still remained in the hands of the military-political monarchy.’ [27] Tsarism retreated in the face of the general strike in order to prepare the advance of a general counterrevolution. This set the context of the soviet’s activity.

The Soviet was set up as the result of an initiative by the left Mensheviks, ie by the political tendency in St Petersburg which was at that time closest in spirit to Lenin’s ideas. In this sense, it was the culmination of a series of joint political activities stemming from the revolutionary mass movement and encouraged by Lenin himself. [28] The soviet was also the highest form of organised grassroots leadership such as the committees which led the mass strike in Ivanovo-Voznesensk and the mutiny on the Potemkin. This was democracy as ordinary people actually experienced it. It was understandable that they should identify it with parliamentary government, which Russia had yet to experience. But in its rank and file working class roots and its tendency to intrude on and dictate to the established power, it was strikingly socialist.

The soviet led four mass struggles. The first was the October strike. The second was resistance to the pogroms – police-inspired massacres, mainly of Jews – which began as soon as the October strike ended. The third was the struggle for the eight-hour day. The fourth was the November strike against repression and martial law. [29]

Three of these four struggles were not initiated by the soviet. But it generalised them. Railway engineers, print workers and metal workers brought the October strike to St Petersburg. The soviet transformed it into a general strike, sending out pickets with ‘a complete range of methods, from verbal appeals to forcible coercion, to involve non-strikers in the strike’. [30] As soon as the October strike ended, the pogroms began. At least 3,500 to 4,000 people were killed. [31] As soon as the Black Hundreds tried to whip up a pogrom in St Petersburg, many metallurgical plants voted to suppress it, began turning out steel side arms and displayed them at a session of the soviet. ‘That demonstration alone’, Trotsky wrote, ‘was bound to paralyse all initiative among the rank and file pogromists.’ [32] The struggle for the eight-hour working day, the key economic demand of the workers in 1905, was initiated by a number of plants which voted overwhelmingly to stop work after eight hours. Their deputies then brought the issue to the soviet, which called on other workers to follow their example. In other words, the militant workplaces led by example and appealed to the soviet to generalise the struggle. This gave consciousness and organisation to what had previously been much more of a chance, haphazard relationship.

Only in the case of the November strike did the more militant workers wait for the soviet before taking action. This was because the issue came up a couple of days into the eight-hour struggle and demanded a complete change of front. The government had declared martial law in Russian-ruled Poland and in several areas of Ukraine and Russia affected by peasant unrest. It was also preparing to impose death sentences in field court-martials on several hundred sailors after a mutiny in Kronstadt, the island fortress which commanded the approach to St Petersburg from the sea. Strike resolutions from workplace mass meetings poured into the soviet, which voted to call a strike after a heated discussion.

Apart from the struggle for the eight-hour day, none of these mass mobilisations by the soviet was about a purely working class issue. The soviet was a class organisation which united all workers, irrespective of industry or belief. [33] But it also took the lead of the entire struggle against tsarism. This fact brought significant numbers of non-workers to the soviet’s side. The most dramatic example was the November strike, which was supported by professional and educated people such as pharmacists, dental students and high school students. The strike won the transfer of the Kronstadt sailors to a normal military court on a reduced charge and the lifting of martial law. As a result, the soviet began to exercise what a colonel in the guards called ‘a regrettable moral influence on our soldiers’. [34] Deputations of soldiers and sailors began to appear at the soviet. On the third day of the strike the representative of a local peasant union addressed the soviet in warmly fraternal terms at the request of his members. [35]

However, a united front like the soviet is always a two-way street. The majority of the soviet deputies kept the October strike going for as long as they could after the Constitutional Manifesto. ‘We knew that everything, every word written in it was a lie’, recalled Dmitry Sverchkov, one of the Soviet’s leading figures. [36] But most of the strikers thought otherwise, for the rest of the country began returning to work and St Petersburg was not immune to the trend. The jubilant crowds were in no mood for Trotsky’s grim warnings :

I shouted to them not to trust an incomplete victory, that the enemy was stubborn, that there were traps ahead ; I tore the Tsar’s manifesto to pieces and scattered them to the winds. But such political warnings only scratch the surface of the mass consciousness. The masses need the schooling of big events. [37]

Many employers had initially supported political struggle by the workers, from which they stood to benefit in terms of parliamentary representation. But faced with the eight-hour struggle and the November strike on the one hand and a gathering counterrevolution on the other, they leapt into the government camp with a massive lockout. The state plants were the first to close, followed by 72 metal and textile plants. More than 100,000 workers were thrown out of work, a huge proportion of the city’s workforce. [38] Taken on top of the loss of earnings through strikes throughout the year in key plants like the Putilov, this was a crushing blow. The soviet reluctantly called off the November strike without having achieved its full aims (the complete abandonment of martial law and all court-martials). Five days later it abandoned the eight-hour day struggle as well.

The soviet struggled on for another three weeks, but it had been fatally weakened. According to Trotsky, this was as much to do with illusions among the militants themselves as with difficult circumstances or backsliding among the moderates. He recalled how they had armed against the pogrom ‘more in good humour than seriously’, and how most of them ‘did not seem to realise that it was a life-or-death struggle’. When the soviet was arrested on 3 December, the deputies smashed their revolvers to prevent them falling into the hands of the encircling troops. ‘In the clashing and creaking of twisting metal,’ Trotsky wrote, ‘one heard the gnashing teeth of a proletariat who for the first time fully realised that a more formidable and more ruthless effort was necessary to overthrow and crush the enemy.’ [39] Tsarism had raised the stakes for the third time. The St Petersburg workers had tried to mount a successful response on their own and now they were off the battlefield. Defeat and demoralisation resurrected the Black Hundreds. A revolutionary militant in the Putilov suffered multiple stab wounds at their hands and it became dangerous for others to be in the plant without protection. [40]

This does not mean to say that the struggle was not spreading. It was, but there were two major problems, both of which had to do with the time factor. One was the lag between action and organisation. A Polish socialist told the soviet that the Polish workers had no sooner ended their own exhausting three-week strike against martial law than when they had found out that the November strike had begun :

If we had only known a few hours earlier that you were standing by your Polish brothers, we would have strained every nerve and continued the strike. But we didn’t know and it was so unpleasant that at the time when you went on strike, our cities were going back to work one after another. We must definitely avoid that in the future. [41]

The second problem was to do with the lag between the more militant workers and those who were just coming into the struggle. It was no accident that Trotsky remembered the defiant woman weaver from the Maxwell textile factory who spoke up in the crucial session of the soviet for continuing the eight-hour struggle against the opposition of Putilov metal workers, who were for throwing in the towel. St Petersburg was dominated by the metallurgical industry. At its height, 351 of the soviet’s 562 deputies were from the metal industry, as against 57 from textiles. [42] In Moscow, where textile workers formed the majority of the workforce [43], the level of struggle had been much lower than in St Petersburg, certainly until the beginning of the October strike. The 1905 strike rate in St Petersburg was more than three times higher than in Moscow. Yet it was in Moscow that the main uprising against tsarism took place.

In the following year there was a higher level of strikes among textile workers than among metal workers. To use a military analogy, the reserves were still coming into battle after the front line had begun to fall back. Here was the dynamic power of the revolution, constantly inspiring fresh forces into battle, but also a fatal weakness, in terms of the lack of coordination between the two groupings. Nevertheless, it shows that there was a basis in the mass movement for the Moscow uprising which went far beyond the Bolsheviks, who played the leading role in it. It is also important to keep in mind that there was no Chinese Wall between the workers and other classes of the population. The rising militancy of the textile workers was related to the insurgent movements in the peasantry and in the armed forces. [44]

In contrast to the left Mensheviks, the Bolshevik leadership in St Petersburg was distinctly unenthusiastic about the soviet. It even submitted an ultimatum : either the soviet had to accept the social democratic programme or the Bolsheviks would walk out. This ultra-left ‘ultimatism’ was to remain a serious problem in the Bolshevik Party until 1909, when Lenin succeeded in getting the leader of the tendency expelled. [45] Even so, there are signs that the party was much less doctrinaire and much more a part of the mass movement in the city than it had been at the beginning of 1905. First of all, when the soviet’s executive committee stopped the discussion on the ultimatum, the Bolshevik workers stayed where they were. Secondly, of the three key leaders of the soviet, Trotsky had already left the Mensheviks and attended the Bolshevik meeting which decided on the ultimatum (which he opposed), Pyotr Zlydniev, a leading worker at the Obukhov plant, was a left Menshevik, and Dmitry Sverchkov was either a left Menshevik or a Bolshevik who was against the ultimatist line. According to Sverchkov, Bogdan Knuniyants, the Bolshevik Party representative, also ‘played a big role in the soviet’ despite his initial suspicion of it. Thirdly, as soon as Lenin got back to the city in the second week of November, he came down hard on the Bolshevik leaders. From then on, according to the Bolshevik Gorev, who was an eyewitness, they ‘no longer thought about ultimatums but only about how to win an influential role in the soviet’. [46]

The Bolsheviks made a lot of mistakes in the Moscow uprising, most of which we know about primarily because of their own self-criticisms. They were too slow, too hesitant and too cautious. One of the crucial failures was the lack of a swift and decisive response to a mutiny in the Moscow garrison :

There is no shadow of a doubt that the uprising would have had a chance of success if it had begun a week earlier and had coincided with the growing movement in the Moscow garrison. Nor is there any shadow of a doubt that a victorious uprising in Moscow would have been the signal for an uprising in the Central Industrial Region, above all in Petersburg. [47]

In the absence of such a revival of the movement in St Petersburg, the railway line between the two cities continued to function. This released sufficient forces from the massive garrison in St Petersburg to overwhelm the Moscow uprising.

Such mistakes do not negate the value and importance of this crucial attempt to bring the revolution to its conclusion by overthrowing the tsarist regime. First of all, it very nearly succeeded. At the outset the Moscow Soviet controlled practically the entire city. The governor-general’s ‘authority extended only to the centre of the city where he sat tight with his “reliable” troops – about 1,500 cavalry and infantry in all, according to his own estimate’. [48] Secondly, it was a vital attempt to turn the political tide. Following the St Petersburg employers, the liberals turned against the whole idea of revolution, especially once their representation in the new Duma was guaranteed. The Mensheviks followed the liberals, leaving the left Mensheviks increasingly isolated. If the workers’ unreliable liberal allies were retiring to a safe distance, other, more humble, forces were coming closer, as we have seen. It took an initiative from the Bolsheviks, flawed though it was, to release the creative energy of the masses. But it was this creative energy which Lenin identified as the most important feature of the uprising :

In the December days, the Moscow proletariat taught us magnificent lessons in ideologically ‘winning over’ the troops, as, for example, on 8 December in Strastnaya Square, when the crowd surrounded the Cossacks, mingled and fraternised with them, and persuaded them to turn back. Or on 10 December, in Presnya District, when two working girls, carrying a red flag in a crowd of 10,000 people, rushed out to meet the Cossacks crying : ‘Kill us ! We will not surrender the flag alive !’ And the Cossacks were disconcerted and galloped away, amidst the shouts from the crowd : ‘Hurrah for the Cossacks !’ These examples of courage and heroism should be impressed forever on the mind of the proletariat. [49]

Of all the achievements of the uprising, this was one that Lenin picked out as the most important :

From a strike and demonstrations to isolated barricades. From isolated barricades to the mass erection of barricades and street fighting against the troops. Over the heads of the organisations, the mass proletarian struggle developed from a strike to an uprising. This is the greatest historic gain the Russian Revolution achieved in December 1905 ; and like all preceding gains it was purchased at the price of enormous sacrifices. [50]

These words may sound strange coming from Lenin, who is usually portrayed as the father of totalitarianism. But it was in 1905 that Lenin and the Bolsheviks really discovered the mass workers’ movement. This was the hidden heart of Bolshevism. The Bolshevik Party never represented the working class as a whole, as the soviets did. It tried to be the party of the most militant workers, uniting them politically, coordinating their activity and enabling them to relate to other workers as a clearly defined group, not as disparate individuals. When sectarianism and organisational inertia inside the party got in the way of its relationship with the mass movement, then the pressure of the mass movement was used by Lenin and others to break through. It was never a perfect party but it was, to borrow a term from psychology, a ‘good enough’ party. It was activist, it gave a lead, it made mistakes and it took responsibility for them. It learned and changed. Such changes could not be made without internal conflict – but it was conflict which ultimately related to the mass movement, not just to isolated groups of inward-turned revolutionaries.

In the years after 1905, it often seemed that only the ruins of the revolution were left. The counterrevolution engendered bitterness and recrimination. ‘Thank you,’ a Moscow woman worker told Lenin’s sister Anna, ‘thank you, you Petersburgers, for your support. You sent us the Semyonov regiment.’ [51] Right wing socialists like Mensheviks became the political expression of such negativity. The Menshevik Larin put it on record that ‘the Mensheviks made a mistake in October-December by behaving like Bolsheviks’. [52] Defeat revived all their old prejudices against fighting for power and reinforced their faith in the mission of the bourgeoisie. They saw the December uprisings as a product of despair, and their defeat as a foregone conclusion from the start. The verdict that ‘it was wrong to take up arms’ summed up their lack of spirit.

Not Just an Anniversary

There are many obvious differences between 1905 and 2005. But there is one connection. We are also living in a time of mass movements which originate outside the dead zone of official politics. The Russian Revolution of 1905 was the first such movement : the first time ordinary people were involved in stopping a war ; the first general strike in history ; the first workers’ councils or soviets, rivalling the power of the established authorities. In short, it was the first modern revolution. It was not a blueprint. When the Bolsheviks successfully applied the lessons of 1905 in the revolution of 1917, they did not simply repeat the same experience with a few corrections. The 1905 Revolution did not give them all the answers. But it taught them about the logic of mass movements and about how they could relate to it. 1905 can help to do the same for us.

Notes

1. Most of the material on which this article is based appears in English for the first time in The Russian Revolution of 1905 : Change through Struggle, Revolutionary History, vol. 9 no. 1, which was in production at the time of writing. As pagination had not yet been finalised ; references here are to particular chapters. See also M. Thomas, The Birth of Our Politics : Marxists and the 1905 Revolution, International Socialism 105 (Winter 2005), pp. 63–97.

2. Leon Trotsky, The History of the Russian Revolution, vol. 1 (London 1967), p. 16.

3. Quoted in P. Glatter and P. Ruff, The Decisive Days, Revolutionary History, as above.

4. For these and many other strike statistics of the revolution see M. Haynes, Patterns of Conflict in the 1905 Revolution, Revolutionary History, as above. Lenin believed the revolution could not be understood without them.

5. D. Lane, The Roots of Russian Communism : A Social and Historical Study of Russian Social-Democracy 1898–1907 (London 1975), pp. 12–13.

6. For examples of this, see A. Ascher, The Revolution of 1905 : Russia in Disarray (Stanford 1988), pp. 2, 151, 219 ; O. Figes, A People’s Tragedy : The Russian Revolution 1891–1924 (London 1997), p. 211 (Figes does concede on the following page that the Bolshevism which had matured during 1905 had a natural constituency in the rising workers’ movement after 1912). For a discussion of similar issues in the context of the 1917 revolutions, see J.E. Marot, Class Conflict, Political Competition and Social Transformation : Critical Perspectives on the Social History of the Russian Revolution, Revolutionary Russia, vol. 7 no. 2 (December 1994), pp. 111–163 ; M. Haynes, Was There a Parliamentary Alternative in Russia in 1917 ?, International Socialism 2 : 76 (Autumn 1997) ; M. Haynes, Social History and the Russian Revolution, in J. Rees (ed.), Essays on Historical Materialism (London 1998), pp. 57–80.

7. For the background to Bloody Sunday and its impact, see P. Glatter, The Road to Bloody Sunday and A Revolution Takes Shape, Revolutionary History, as above.

8. A. Ascher, as above, pp. 87–90.

9. R. Luxemburg, The Mass Strike (London 2005), p. 34. For the way Luxemburg’s ideas evolved during 1905 in her own words, see M. Thomas, Rosa Luxemburg and the 1905 Revolution, Revolutionary History, as above.

10. This figure is mentioned by Dmitry Sverchkov, one of the leaders of the St Petersburg Soviet. See The Decisive Days, as above.

11. For the transformation of the Putilov works and Bogdanova’s story, see A Revolution Takes Shape, as above.

12. One such worker got rapturous applause for a speech in which he advocated political struggle against tsarism as well as economic struggle against the employers. He was careful to give all the credit for these ideas to Father Gapon, for this was at a time when anyone who mentioned that they were a social democrat was instantly prevented from speaking. D. Sverchkov, Na zare revoliutsii [At the Dawn of the Revolution] (Leningrad 1925), pp. 89–90.

13. A Revolution Takes Shape, as above. Standard accounts of the Shidlovsky Commission tend not to mention the relationship between the Bolshevik position and the metal workers’ attitude. See for example, A. Ascher, as above, p.121.

14. For more detail on the split and its evolution than can be given here, see, for example, D. Hallas, Trotsky’s Marxism (London 1979) ; Trotsky, 1905 (Harmondsworth 1973) ; T. Cliff, Lenin, vol. 1 (London 1975) ; D. Lane, as above ; M. Liebman, Leninism Under Lenin (London 1980) ; I. Birchall, A Rebel’s Guide to Lenin (London 2005). Both the Bolshevik and the Menshevik perspectives were wrong and Trotsky’s perspective, based on his theory of permanent revolution (which he derived from the experience of 1905), was right, as the Bolsheviks accepted in 1917. However, the formal correctness of theoretical perspectives is not all there is to it, as I go on to argue. For a discussion of the impact the 1905 revolution had on Marxist theory, see M. Thomas, The Birth of Our Politics, as above.

15. V.I. Lenin, Collected Works, vol.8 (London, 1962), pp. 172–73. For examples of Lenin’s argument that significant numbers of workers were accepting the need for an armed uprising at this time, see the same volume, pp. 108, 113, 141, 154–155, 162–166.

16. For the story of the Obukhov strike and a brilliant analysis of the movement which led to loody Sunday by Bolshevik historian Nevsky, see P. Glatter, The Road to Bloody Sunday, as above.

17. For some examples of the conflict between Lenin and other Bolsheviks at this time, see V.I. Lenin, Collected Works, vol. 8, as above, pp. 146–147, 196, 211–220, 407–408, 411.

18. For further details on these struggles, see A Revolution Takes Shape, as above.

19. See, for example, H.E. Salisbury, Black Night, White Snow : Russia’s Revolutions 1905–1917 (London 1977), p. 171.

20. L. Trotsky, 1905, as above, p. 102.

21. This summary is chiefly derived from M.N. Pokrovsky, Brief History of Russia, vol. II (London 1933), pp. 159–163, and from Trotsky, 1905, as above, pp. 100–120.

22. L. Trotsky, 1905, as above, p. 136.

23. As above, pp. 124–125.

24. In the electoral law of December 1905 for a slightly more democratic Duma, the vote of a landowner equalled the votes of 15 peasants and 45 workers (A. Ascher, as above, p. 302). Once the revolutionary wave was receding and Duma politics were no longer a diversion from preparations for an armed uprising, Lenin supported participation.

25. See The Revolution Takes Shape, as above.

26. See The Revolution Takes Shape, as above.

27. L. Trotsky, 1905, as above, p. 266.

28. As early as February 1905 – V.I. Lenin, Collected Works, vol. 8, as above, pp. 158–166. See also V.I. Lenin, Collected Works, vol. 10 (London 1972), pp. 251–252.

29. For the story of the St Petersburg Soviet, see The Decisive Days, as above.

30. L. Trotsky, 1905, as above, p. 125.

31. For the struggle against the pogroms, see The Decisive Days, as above.

32. L. Trotsky, 1905, as above, p. 155.

33. It also excluded ‘all bourgeois-liberal organisations and non-proletarian unions’ – D. Sverchkov in The Decisive Days, as above.

34. L Trotsky, 1905, as above, p. 189.

35. The Decisive Days, as above.

36. Quoted in The Decisive Days, as above.

37. L. Trotsky, My Life : An Attempt at an Autobiography (New York 1970), p. 179.

38. Possibly more than half of the industrial workforce and higher than one in four of the working class population – L Trotsky, 1905, as above, p. 268 ; D. Lane, as above, p. 63.

39. L. Trotsky, My Life, as above, pp. 179–180.

40. The Decisive Days, as above.

41. From an extract in The Decisive Days, as above.

42. L. Trotsky, 1905, as above, p. 265.

43. D. Lane, as above, p. 95.

44. See the discussion on Table 1 in M. Haynes, Patterns of Conflict in the 1905 Revolution, as above.

45. T. Cliff, Lenin, vol.1 (London 1975), pp. 285–287.

46. All these points are discussed in The Decisive Days, as above. So are the weaknesses of an important Menshevik account of this episode, S.M. Schwarz, The Russian Revolution of 1905 : The Workers’ Movement and the Formation of Bolshevism and Menshevism (London 1967).

47. M.N. Pokrovsky in The Decisive Days, as above.

48. As above.

49. V.I. Lenin, Collected Works, vol. 11 (London 1962), p. 175. The same incident is described in slightly different terms in L. Trotsky, 1905, as above, pp. 252–253.

50. V.I. Lenin, Collected Works, vol. 11, as above, p. 172.

51. Quoted in H.E. Salisbury, as above, p. 173.

52. V.I. Lenin, Collected Works, vol. 10, as above, p. 369.

Source

Lire aussi :

Les soviets en Russie, Oskar Anweiler

Julius Martov, La leçon des événements russes

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