jeudi 3 décembre 2020, par
Il est notable que le niveau des violences policières a considérablement augmenté en France et tout particulièrement depuis la répression du mouvement des gilets jaunes. L’illustration vient encore d’en être donnée par le tabassage d’un producteur et les violences contre un photographe, mais surtout par les violences contre les migrants et les manifestants contre les violences policières à Paris, sans compter les violences contre les manifestations contre les violences faites aux femmes et autres manifestations sociales comme les Gilets jaunes.
On essaie de nous faire croire que cette hausse spectaculaire des violences policières viendrait de quelques bavures provoquées par des canards boiteux au sein de la police mais ce sont des balivernes. L’augmentation de la violence ne vient pas que de la police elle-même mais du pouvoir, des préfets, des chefs de la police et de la gendarmerie, et surtout du pouvoir politique, notamment de la présidence et du premier ministre, et derrière eux, des classes possédantes. Ce sont elles qui ont besoin de répression violente. Ce sont elles qui veulent couvrir leur rôle contre-révolutionnaire par des prétendus objectifs sécuritaires comme la lutte contre la pandémie, la lutte contre le terrorisme, la lutte contre le banditisme et autres… Ce sont elles qui veulent faire croire que ce qui menace la sécurité des gens menace aussi bien les riches que les pauvres et que l’Etat serait là pour les protéger !! C’est faux : la principale menace pour la sécurité devient de plus en plus le risque de se trouver là, par hasard ou pas, quand la police charge, quand la police matraque, quand la police tire, quand la police arrête en masse, quand la police punit même les passants, les journalistes, et bien sûr les manifestants.
Ceux qui s’étonnent de la hausse des violences policières l’attribuent à des individus, qu’il s’agisse d’un préfet, d’un ministre, d’un premier ministre ou d’un président, ou encore d’un exécutant, policier ou gendarme, ou même, pour ceux qui incriminent les victimes, d’un manifestant, d’un jeune, d’un journaliste, etc. La réalité est tout autre : la hausse de la violence sociale est inévitable quand les classes possédantes doivent nécessairement écraser économiquement et socialement l’essentiel de la population, y compris les classes moyennes, à commencer par les étudiants auxquels on va retirer la possibilité d’étudier, par les commerçants, artisans, professions libérales qu’on étrangle et dont les économies vont être ponctionnées et volées, et bien sûr les travailleurs, les milieux populaires, les précaires, les pauvres… C’est pour les choquer, les démoraliser, les provoquer que le pouvoir aggrave sa violence avant même que la montée des luttes ne le nécessite.
Ce n’est nullement la violence des jeunes, des travailleurs, des gilets jaunes, des femmes, des petits commerçants, des étudiants, des lycéens, des chômeurs, des précaires, des habitants des banlieues, des manifestants qui justifie la hausse énorme des violences policières.
Ce qui la justifie, la rend absolument nécessaire, c’est le fait que les classes possédantes savent que les mois et les années qui viennent vont nécessiter, dans l’intérêt des possesseurs de capitaux, cette infime minorité de la population pour laquelle cette société fonctionne, de frapper l’immense majorité de la population sur le terrain économique, social et politique, et donc aussi sur le terrain de la répression policière qui est un moyen de maintien de l’ordre social en période de crise.
Les réformistes, politiciens de gauche ou dirigeants syndicaux par exemple, prétendent que tout est dû à un individu, le président en l’occurrence, et qu’il suffit d’en changer aux prochaines élections présidentielles en se contentant d’ici là de discréditer son camp politique et de le contester tout au plus dans des journées d’action et des manifestations. Par contre, si l’on comprend que le fondement de ces violences provient de la chute du capitalisme qui ne peut que mener à des fermetures et des licenciements en masse, et un appauvrissement comme jamais connu jusque là, on comprend qu’il ne suffit nullement de changer de président. Les élections américaines ont donné une majorité au camp Biden opposé au camp Trump et pourtant rien n’aura réellement changé dans l’effondrement du capitalisme qui touche tout autant les USA que la France et le reste du monde. C’est tout le système capitaliste qui a atteint ses limites, qui n’est plus capable de capitaliser davantage en investissant dans la production, et qui ne parvient, même seulement pour se maintenir, qu’à ponctionner les fonds publics des Etats et des banques centrales.
Se contenter de critiquer les violences policières sans expliquer leur cause permet à tous les réformistes politiques, syndicaux, associatifs, sociaux, médiatiques de ne pas montrer que la situation va nécessiter une intervention politique directe des masses travailleuses, leur organisation par eux-mêmes, dépassant définitivement le mode d’organisation des réformistes, les buts des réformistes, les perspectives des réformistes, c’est-à-dire incompatible avec la société capitaliste devenue définitivement non viable.
Il faut non seulement lever le voile sur l’effondrement du capitalisme, occulté par la pandémie, occulté aussi par la prétendue lutte contre le terrorisme et l’islamisme, mais il faut aussi combattre les propagandes soi-disant démocratiques de ceux qui prétendent qu’on peut en rester au monde d’hier. Alors que personne ne fera revivre le capitalisme comme il le faisait hier, que personne n’est capable de permettre au système de continuer à accumuler du capital tiré de l’investissement productif c’est-à-dire de la plus-value extraite du travail humain, ce qui est pourtant la base même de son existence, personne ne peut donc permettre aux salariés de conserver leur emploi, ni aux classes moyennes de continuer leur activité et conserver leur pécule, il est illusoire de prétendre que l’Etat ne va pas devenir un instrument d’une violence au service des possédants. Ce n’est pas en changeant de gouvernants qu’une telle chose est possible, mais en renversant l’Etat capitaliste, en mettant en place le pouvoir des exploités et des opprimés, en ôtant les armes des mains des exploiteurs et les donnant aux exploités.
Il convient de remarquer que, même dans un pays comme les USA où chacun détient une arme ou plusieurs, où des milices fascistes pullulent et agissent ouvertement, les exploités sont complètement désarmés !!! Et il convient de faire cesser le désarmement politique du prolétariat qui est encore un cadeau de nos faux amis réformistes !!!
Le seul moyen d’en finir avec les violences de la police et de la gendarmerie, c’est d’en finir avec ces forces de… l’ordre du grand capital et de mettre en place un nouvel ordre, celui des travailleurs organisés dans leurs comités révolutionnaires !