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Quand les classes dirigeantes ont peur, elles gouvernent par la peur

mercredi 4 novembre 2020, par Alex, Robert Paris

Quand les classes dirigeantes ont peur, elles gouvernent par la peur

Les gouvernants n’arrêtent plus de nous menacer de mort, tous les jours, au point qu’on ne s’en étonnerait même plus. Un jour, ils nous annoncent qu’il va falloir accepter d’être menacés de mort par le coronavirus (déclarant notamment qu’il va falloir « vivre » avec et être sans cesse menacés d’en mourir) et le lendemain, ils nous annoncent un complot général terroriste (heureusement imaginaire mais qu’ils tentent de monter) contre toute la population !

Virus et terrorisme, les classes dirigeantes ont trouvé deux situations exceptionnelles, desaubainesfaudrait-il dire, qui leur permettent de renforcer un attirail militaro-policier qui n’est destiné à nous protéger ni de l’un, ni de l’autre. De quoi ces classes dirigeantes ont-elles peur ? Les révolutions, qui ont déjà pointé leur nez aux quatre coins du monde, n’ontmême pas encore commencé vraiment de les déboulonner, que les classes dirigeantesont déjà perdu confiance dans leur capacité de diriger la société, et elles savent que c’est le plus puissant de tous les facteurs révolutionnaires.

Souvenons-nous comment certains relais locaux des grandes puissances avaient réagi, il y a à peine une génération, face à la menace de la révolution sociale.

En Octobre 1988, en Algérie, la classe ouvrière et la jeunesse avaient à peine commencé de se soulever contre la dictature des généraux qui avait dévoyé,avec la mise en place d’une dictature militaire, la lutte d’indépendance dès 1954,et opprimé le peuple algérien depuis 1962, en héritiers fidèles du rôle répressif du colonialisme français. En réponse à cette révolte, la dictature avait d’abord fait mine de se démocratiser avant de lancer l’islamisme. Des « maquis islamistes »apparurent. Mais ils ont été pour la plupart mis en place par l’armée algérienne, qui alors sous couvert de « guerre contre le terrorisme », a pu déchaîner la terreur contre lepeuple travailleur et la révolte montante, un véritable fascisme d’Etat. Les attentats de 1995 en France, liés à cette guerre civile en Algérie ont été organisés, on le sait aujourd’hui, au vu et au su des services secrets de France et d’Algérie.

A la même période (1988-1990), au Rwanda comme dans toute l’Afrique, un mouvement de révolte politique et sociale souleva le peuple rwandais. Durant des mois, la capitale Kigali était envahie par tout un peuple en révolte, toutes ethnies confondues. C’est par le génocide des Tutsisde 1994, planifié et orchestré avec l’aide de l’armée française que répondirent les dirigeants du Rwanda, une autre dictature militaire « amie de la France » (Habyarimana et Mitterrand se traitaient de frères).

Bien des gens n’ont pas entendu parler d’une autre révolution sociale, celle qui a chassé en mars 1991 le dictateur Moussa Traoré. La hiérarchie militaire a ensuite mimé la mise en place d’une démocratie avant de remettre ouvertement en place la dictature militaire, là aussi avec l’aide et le soutien de l’impérialisme français. Dès que le peuple malien a recommencé à mettre en cause cette dictature sociale et politique, le terrorisme dans le Sahel, manipulé par les Etats, est devenu au Mali, jusqu’à aujourd’hui encore,la réponse d’une classe dirigeante locale menacée par la révolte Et c’est aussi celle des impérialismes (France, USA, Chine, Russie) ou puissances régionales(Algérie) qui se disputent les matières premières, les gros contrats, le contrôle des routes commerciales mais sont d’accord entre elles pour écraser les montées des protestations sociales et politiques des plus opprimés et exploités.

Ce qui a amené la mise en place de ces fascismes d’Etat en Algérie et au Rwanda, c’est l’une des prémisses de toute révolution sociale : quand « ceux d’en haut » perdent la capacité de dirigerde la société avant même que « ceux d’en bas » renversent les classes dirigeantes et organisent consciemment leur propre pouvoir, celui des exploités et des opprimés organisés en comités et fédérés.

Or, comme dans les grandes révolutions sociales de l’Histoire, en 1789 en France et en Europe, en 1917 en Russie et en Europe, et en 1936 en France et en Espagne, les classes dirigeantes ont aujourd’hui,à juste titre,peur pour leur avenir, car le blocage, depuis 2007-2008 de leur système, le capitalisme,qui fonde leur domination, en est bien plus qu’au stade d’une simple crise économique : c’est un effondrement général, tous secteurs d’activité confondus et tous pays, qui ne peut que mener à une crise politique permanente, remettant en cause la légitimité des Etats capitalistes et faisant naître des crises révolutionnaires partout où le capitalisme financier a imposé sa loi, ses dictatures : c’est-à-dire dans le monde entier.

La répression paramilitaire des révoltes aux USA, la violence policière contre les gilets jaunes en France, ne sont pas des « dérives », mais le début de la mise en place du programme violent de la prétendue démocratie capitaliste dès lors que le capitalisme chute. Et pour cela il lui suffit de stagner, de ne plus être capable d’accumuler toujours plus de capital. Et c’est exactement ce qui se produit depuis les années 2000. La seule « solution » trouvée pour pallier à cette incapacité a été de ponctionner au profit du grand capital toutes les banques centrales et toutes les finances des Etats, y compris des milliers de milliards que ceux-ci ne possèdent pas en réalité !

A propos de ce fascisme d’Etat, le Président de notre« République française » qu’on nous annonce en danger et pour laquelle on nous invite à être fier de mourir en martyr dans les écoles ou les églises, s’est permis une remarque ironique dans son discours le soir de l’assassinat de l’enseignant Samuel Paty : « ils ne passeront pas ! », paraphrasant la phrase en espagnol « No pasaran » ! Ce fût le cri de ralliement des anti-fascistes en Espagne en 1936. C’est justement parce qu’ils faisaient confiance à leur armée, à leurs politiciens républicains que ces anti-fascistes espagnols ont été vaincus par le général Franco. En France c’est parce qu’ils ont fait confiance aux vrais amis de la bourgeoisie, le faux socialiste Léon Blum et le dirigeant de la CGT Léon Jouhaux, ainsi qu’au stalinien Thorez,que les ouvriers français ont manqué leur révolution en 1936, et subi le nazisme quatre ans plus tard. Ce sont à ces figures de la gauche politique et syndicale qui prétendent que c’est en sauvant la République en se rangeant au garde à vous derrière sa police et son armée qu’on vaincra le fascisme, que l’on nous suggère de faire confiance à nouveau. Or un des acquis de 1936 plus que les congés payés,c’est de nous avoir appris que sauver la « démocratie » ou la République pour combattre le fascisme est la voix de la défaite. Contre la démocratie bourgeoise, son Parlement, son armée et sa police, c’est la démocratie des travailleurs, l’armement pour l’auto-défense des travailleurs qu’il faut mettre en place.

Pour les travailleurs la « démocratie » et la « liberté d’expression » « à la française » qu’on nous demande de vénérer existent à peine dans notre République bourgeoise. Car c’est aux organisations syndicales (appuyées par la police, l’armée ou des bandes fascistes si besoin est) que l’Etat assure de droit et de fait le monopole de l’expression dans les usines, les mouvements sociaux. Défendre notre liberté d’expression, c’est donc mettre en place des comités auto-organisés qui soient des organes de classe, qui seront le porte-voix des travailleurs pour défendre leurs intérêts, mais aussi celui des jeunes des banlieues populaires quand ils se révolteront à nouveau comme en 2005, des classes moyennes ruinées par la crise et par les mesures soi-disant anti-covid19 du gouvernement. Car ces classes des petits commerçants ou des artisans prolétarisés qui pourraient fournir des troupes aux bandes fascistes, poujadistes, pourraient aussi bien suivre les travailleurs si ceux-ci ne se contentent pas de défendre leurs intérêts, mais prennent enfin la tête d’un mouvement d’ensemble contre le grand capital, comme le voulurent des gilets jaunes,avec pour perspective son expropriation à l’échelle planétaire.

On nous convoque, comme en 1914, aux « unions sacrées », des unions nationales entre exploités et exploiteurs, bien entendu derrière ces derniers et dans leur seul intérêt. Et, à une époque où il est clair que c’est à l’échelle mondiale que se posent tous les problèmes, ce sont à des désunions, des haines nationales, religieuses que tous les Macron, et tous les Erdogan, nous invitent. La « fraternité » au niveau d’une nation, d’une ethnie, d’une religion, n’est pour eux que le paravent des haines qu’ils attisent entre les peuples pour assurer le règne des exploiteurs dans chaque pays.

Le programme de ces représentants de la bourgeoisie, ce sont de plus en plus ouvertement, des fascismes d’Etat et les guerres dans l’intérêt des grands capitalistes, déguisées en guerres nationales, anti-terroristes ou de religion. Seuls les exploités de tous les pays peuvent dépasser ces barrières nationales qui nous divisent.

A bas les républiques impérialistes des Macron, des Erdogan, des Donald Trump ou Biden !A bas leurs parlements, leurs polices et armées permanentes qui sécrètent et dirigeront contre nous des « terroristes », des fascistes qu’ils inventeront s’ils n’existent pas. Vive la république internationale des travailleurs, des exploités du monde entier, qui seule pourra instaurer la liberté, l’égalité et la fraternité.

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