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Après le « Der des ders », le « Plus jamais çà »… ou comment le réformisme veut nous enchainer à la tombe du capitalisme

jeudi 16 avril 2020, par Robert Paris

Après le « Der des ders », le « Plus jamais çà »…

…ou comment le réformisme veut nous enchainer à la tombe du capitalisme

Suite à une tribune intitulée « Plus jamais ça ! Construisons le jour d’après ! » publiée le 27 mars, des organisations syndicales et associatives (1) sont à l’initiative aujourd’hui d’une pétition (2)du même nom « pour la défense des mesures urgentes et de plus long terme, porteuse de profonds changements politiques » et « reconstruire ensemble un futur écologique, démocratique, féministe et social en rupture avec les politiques menées jusque-là et le désordre néo-libéral »

Que revendiquent ces organisations signataires (2) ? :

1. Un plan de développement de tous les services publics

2. Une fiscalité bien plus juste et redistributive : un impôt sur les grandes fortunes, une taxe sur les transactions financières et une véritable lutte contre l’évasion fiscale.

3. Un plan de réorientation et de relocalisation solidaire de l’agriculture, de l’industrie et des services, pour les rendre plus justes socialement, en mesure de répondre aux besoins essentiels des populations, de répondre à la crise écologique.

Quelles sont les causes à leurs yeux de la situation actuelle ?

Elle est due « aux dysfonctionnements générés par les politiques menées depuis des années. »

Pour ces organisations, il apparaît clairement que ce sont les politiques néolibérales de ces dernières années qui sont à remettre en cause. Il suffirait alors de mener une ou d’autres politiques pour sortir de la situation actuelle.

Quelles seraient ces politiques qui devraient tout changer ?

  Des nationalisations qui ne peuvent être que capitalistes, vu que c’est l’État capitaliste qui nationaliserait.

  La relocalisation de certaines entreprises dites stratégiques pour ne pas dire souveraineté ou patriotisme économique au moment où le Medef s’en fait le défenseur (3). Or, c’est le repli national actuel qui empêche toute véritable coopération internationale et permet d’ailleurs le brigandage des masques sur les tarmacs des aéroports.

Les politiques proposées par les signataires de cette pétition ne cherchent rien d’autre qu’à être compatibles avec le capitalisme.Car il n’est pas question dans cette pétition de mettre en avant comme objectif le reversement du capitalisme,l’expropriation des capitalistes possesseurs des moyens de productions et la socialisation des moyens de production (la propriété collective du peuple travailleur) alors que c’est le mode de production capitaliste qui est au cœur du problème.

Non, ces organisations proposent seulement de réformer, moraliser le système, de le rendre moins violent, moins gourmand en profit mais surtout pas d’arracher le pouvoir politique et économique aux mains des très grandes fortunes de ce monde qui ne représentent que 0,1% de la population mondiale mais possèdent presque la totalité des richesses produites pendant que l’immense majorité l’Humanité vit dans une misère extrême tandis que le restant l’y rejoint.

Comme si, maintenant que le capitalisme qui s’effondre – la crise de 29 étant une poussé d’acné à côté d’aujourd’hui- pouvait offrir un avenir à l’Humanité alors que tel n’était déjà pas le cas même quand il était bien vivant. Ces gens-là oublient vite que le capitalisme est « né par le feu et par le sang » :

  Génocide des amérindiens et exploitation des richesses des Amériques

  Commerce d’esclaves avec le commerce triangulaire,

  Expropriation des paysans ensuite enfermé dans les « workhouse » qui n’étaient rien d’autres que des camps de travail.

Dans sa période adulte, le capitalisme a provoqué deux guerres mondiales, des fascismes dont le nazisme, des génocides. Depuis il est entrée dans sa phase sénile et aujourd’hui il est mort. Et pour éviter que sa mort n’entraine la révolution le capitalisme mondial est sous respirateur artificiel ; il reçoit continuellement des milliers de milliards de dollars, d’euro, etc. de fausse monnaie crée artificiellement par les banques centrales, engloutit dans la spéculation incapable qu’il est de développer la production seule source de richesses réelles et dont il se détourne faute de rentabilité suffisante, sciant par là-même la branche sur laquelle il se trouve. C’est cette contradiction insoluble entre capital fictif et capital réel ou richesses fictives et richesses réelles qui fait s’effondrer le capitalisme. L’activité économique décroit régulièrement tandis que le chômage s’accroît.L’inactivité industrielle s’étend, le commerce international s’écroule accompagnant la chute du pétrole et de la production. Les bourses font le yoyo, les faillites se multiplient menaçant les principaux trusts.Les banques centrales déboursent « un pognon dingue » qu’elles ne possèdent pas. Chaque jour, chaque heure, un bout du navire Titanic prend l’eau… L’économie recule, les États s’endettent, les populations sombrent… Bien entendu, comme dans le Titanic, il y a ceux qui ont les canoës de sauvetage et les autres, ceux qui sont dans les cabines du bas et coulent les premiers… Mais tout le navire coule quand même ! Le recul de la pandémie n’interrompra l’effondrement dont elle pas la cause mais seulement le révélateur. Le capitalisme est mort et pour tous ces conseillers du grand capital, de ses États et gouvernements, il serait porteur d’avenir grâce à de bonnes réformes ?

Ce n’est pas avec l’orientation politique mise en avant au travers de cette tribune ou pétition qui pue le réformisme à plein nez et la collaboration de classes avec les capitalistes, que ces organisations prétendent combattre, que nous pourrons sauver notre peau.Et bien qu’elle dise que les « décisions (ne doivent pas) se prendre sans nous et contre nous. (car) Nous avons le pouvoir citoyen », il faut comprendre que notre action n’est pas de mettre en œuvre nous-mêmes leurs propositions mêmes réformistes mais de faire pression sur les responsables afin qu’ils mènent une autre politique. Donc rien ne dépend de nous mais des responsables-coupables.

La lettre ouverte de Martinez à Macron(4) en est l’exemple type : « La priorité de votre gouvernement doit être, avant tout, de garantir la stricte protection de tous les salariés. (…) Il est de votre responsabilité de veiller à ce que tout salarié puisse exercer son droit de retrait. (…) Nous avons défini une liste d’activités essentielles et nous sommes disponibles pour en discuter avec le gouvernement. (…) Vous devez porter une attention particulière sur la situation des plus fragiles. »

Tout le courrier est de cet acabit. Martinez se fait le conseiller de Macron sur les bonnes politiques à mener (le dialogue social doit continuer). Ce courrier qui pue la collaboration de classe est à l’image de la déclaration commune du 19 mars entre confédérations syndicales et les syndicats patronaux (5) :

« Dans le contexte de crise sanitaire majeure, lié à l’épidémie de Coronavirus (COVID-19), qui appelle à prendre les mesures indispensables à son endiguement, elles entendent ainsi affirmer le rôle essentiel du dialogue social et de la négociation collective.(souligner par l’auteur) Elles appellent les pouvoirs publics et les entreprises à mettre en œuvre tous les moyens indispensables à la protection de la santé et de la sécurité des salariés devant travailler. (…) Elles ont convenu de rester en contact autant que de besoin. »

Force est de constater que tous ces conseillers syndicaux n’appliquent pas les mesures de distanciations sociales nécessaire pour éviter toute collaboration de classe avec l’ennemi du peuple travailleur.

Tous ces conseillers syndicaux ou associatifs des gouvernants capitalistes négocieraient le poids de la savonnette en prison et celles de nos chaines mais ne discuteront jamais comment renverser la prison que devient le capitalisme putréfié pour l’ensemble des peuples aujourd’hui : remise en cause des libertés démocratiques, déploiement de l’armée, surveillance des populations, etc., même dans les soi-disant démocraties.

Quitte à conseillers les puissants, ils devraient aussi conseiller le Saint-Siège sur comment combattre la pédophilie des prêtres. Cela serait certainement tout aussi efficace !

Et ce ne sont pas les dénonciations stériles des opposants au sein de la CGT (6) à cette déclaration qui permettront de combattre la collaboration de classe entre les directions nationales des syndicats et les capitalistes dont l’objectif est « d’exiger le retrait » de la signature de la CGT de cette déclaration commune. La CGT peut bien retirer sa signature, cela n’enlève rien à sa politique réformiste de collaboration de classe. Elle sera seulement moins ouverte mais le contenu restera le même comme l’atteste le courrier de Martinez ou la signature de la CGT à cette pétition, dont les opposants ne pipent mot.

Et ce n’est pas sur l’extrême gauche qui joue les conseillers auprès des bureaucrates syndicaux que nous pourrons nous appuyer. Nous devrions exercer « notre pression pour imposer des mesures vitales » afin que les « directions syndicales nationales [mettent] en avant ces exigences »(7) Extrême gauche qui dans son ensemble n’expliquent pas ouvertement que ce qui se joue dans la période actuelle d’effondrement du capitalisme à savoir Révolution ou contre Révolution et pose ouvertement la question de la prise du pouvoir politique et économique par les exploités et les opprimés comme tâche pratique et immédiate de l’heure.

Il est clair que si nous voulons en finir avec le capitalisme et son cortège de misère, de souffrances, de guerres, l’heure est à la révolution sociale. Et ce n’est pas en conseillant les maîtres et leurs valets comme le prétendent les signataires de cette tribune et pétition que nous y arriverons mais en commençant par arrêter de prêter l’oreille aux organisateurs des défaites de ces dernières années que sont toutes ces organisations qui ne veulent surtout pas renverser le capitalisme et les classes dirigeantes et sont toutes en réalité attachées au maintien de la société de classe dont elles vivent de nombreux subsides légaux voire illégaux.

Arrêtons de suivre les bergers qui négocient avec l’abattoir capitaliste et sont opposés à ce que le peuple travailleur érige son propre pouvoir, sa propre démocratie afin de ne pas sombrer avec le capitalisme qui essaie de l’enchainer à son cercueil dont ils ne font que discuter de la taille des clous. Le capitalisme est mort, ne nous laissons pas enterrer avec lui avec l’aide des pompes funèbres du réformisme. Enterrons-le et ouvrons la voix à une nouvelle ère pour l’Humanité ou elle sera son propre maître et présidera à sa propre destinée.

Pour y arriver, n’ayons confiance que dans nos propres forces. Personne ne peut nous sauver. Pour répondre à nos besoins et produire sans mettre en danger nos vies et sans piller les ressources naturelles, nous devons imposer immédiatement notre contrôle sur la production mais cela ne saurait suffire. Nous devrons exproprier les grandes fortunes, les capitalistes et les grands groupes des moyens de productions et financier pour imposer notre gestion de l’économie. Pour cela le peuple travailleur doit ériger une démocratie révolutionnaire :

  Responsabilité et révocabilité des « élus »

  Dissolution de la police et de l’armée capitaliste. Armement du peuple ! Élection de délégués !

  Dissolution des tribunaux capitalistes. Élection des juges

L’ensemble des « élus » sont responsables et révocables devant les Assemblées du peuple travailleur dont ils tirent leur mandat et qui, seules, détiennent le pouvoir et la souveraineté. La souveraineté réside en la personne du peuple travailleur, assemblé et fédéré, et non dans une représentation !

Nous devons rompre avec la démocratie du capitalisme -spectacle. Nous devons constituer nos propres organes de démocraties révolutionnaires que sont les comités de grève, les conseils d’usines, les comités de quartiers, les communes révolutionnaires comme celle de Paris en 1793 ou 1871 ou le Soviet de Petrograd en 1917.

Le capitalisme est mort ! Vive la Commune Mondiale des Peuples travailleurs !

1- Action Non-Violente COP 21, Alternatiba, Attac France, CCFD Terre Solidaire, Confédération paysanne, CGT, Convergence nationale des Services Publics, Fédération syndicale unitaire (FSU), Fondation Copernic, Greenpeace France, les Amis de la Terre France, Oxfam France, Reclaim Finance, Unef, Union syndicale Solidaires, 350.org. Pétition soutienne par : Action Aid France, Fidl, Il est encore temps, Le mouvement, MNL, Notre affaire à tous, Partager c’est sympa, SOL, Syndicat des Avocats de France, Syndicat de la Magistrature, UNL.

2- https://www.policat.org/p/8921

3- https://www.medef.com/fr/evenements/souverainete-competitivite-des-entreprises-plus-de-temps-a-perdre-1

https://www.medef.com/fr/actualites/mise-en-place-dun-comite-souverainete-et-securite-des-entreprises-francaises

4- https://www.cgt.fr/actualites/france/interprofessionnel/lettre-ouverte-de-philippe-martinez-au-president-de-la

5- Déclaration commune des confédérations syndicales (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC) et des organisations patronales (MEDEF, CPME, U2P)

https://www.medef.com/fr/communique-de-presse/article/coronavirus-communique-de-presse

https://www.fgtafo.fr/2020/03/20/releve-de-reunion-du-19-mars-cfdt-cgt-fo-cfe-cgc-cftc-medef-cpme-u2p/

6- https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-b/blog/240320/les-bureaucrates-syndicaux-collabos-du-patronat-mis-sur-le-grill

7- https://npa2009.org/agir/social-autres/face-au-coronavirus-contre-lirresponsabilite-du-pouvoir-il-y-urgence-nous

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