En - 431 avant notre ère, Euripide dénonce le sort des femmes dans sa pièce de théâtre "Médée" :
"Les hommes prétendent que nous (femmes) vivons à l’abri du péril dans nos maisons, tandis qu’eux, ils combattent, lance en main. Mensonges ! J’aimerais mieux, le bouclier au côté, prendre part à trois batailles, plutôt que d’enfanter une seule fois !..."
Disciple de Socrate, Euripide a démoli méthodiquement dans son théâtre tout ce qu’il y avait de misogyne, de paternaliste, de patriarcal, de sexiste, de phallocratique et de machiste, comme de guerrier et de mensongèrement héroïque, dans les mythes et légendes grecs, mais aussi dans les mœurs et conceptions dominantes de son époque. Euripide est le seul grand homme de théâtre à avoir systématiquement donné la parole aux femmes et à les avoir défendues. Il a ainsi mené un combat public de militant féministe contre une Athènes défendant quasiment l’inverse.
"Son théâtre est peuplé d’héroïnes qui tentent de résister aux hommes et parfois de prendre leur place."
Aristophane et Euripide, un anti-femmes contre un féministe
Socrate : « Une fois rendue égale à l’homme, la femme lui devient supérieure.
"De l’égalité des deux sexes", François Poullain de La Barre

Les écrivains hommes n’ont pas toujours été incapables de lutter contre l’assujettissement des femmes
Avertissement : Il convient de remarquer que des contresens ont parfois été commis, prenant un auteur qui tournait en dérision les propos anti-femmes pour un machiste, ou, inversement, prenant pour un féministe un auteur tournant en dérision, ou pire accusant, un auteur réellement féministe. C’est ainsi que, par erreur, Molière, par exemple dans « L’école des femmes » a été pris pour anti-féministe. Ou encore que, toujours par erreur, Aristophane, dans « L’assemblée des femmes », a été pris pour féministe alors qu’il cherchait à discréditer des féministes comme Socrate et Euripide…
C’est en pleine Grèce antique, à Athènes même, - une société proclamant comme Sophocle que « Le silence donne aux femmes la grâce qui leur sied » ou encore « Femmes, le meilleur ornement de votre sexe, c’est le silence » -, que Socrate a influencé tout un courant de pensée d’hommes ouvertement et clairement féministes qu’Aristophane a combattu violemment, les accusant de vouloir renverser le pouvoir virulemment patriarcal d’Athènes pour y substituer une dictature des femmes.
Socrate rapporté par Xénophon dans « Banquet » :
« Ce que fait cette jeune fille, mes amis, est une preuve entre beaucoup d’autres que la nature de la femme n’est nullement inférieure à celle de l’homme. »
Antisthène :
« L’homme et la femme ont les mêmes vertus. »
Euripide dans « Médée » :
« Médée :
« Entre toutes les créatures vivantes, nous les femmes sommes les plus malheureuses… Les hommes prétendent que nous vivons à l’abri du péril dans nos maisons, tandis qu’eux, ils combattent, lance en main. Mensonges ! J’aimerais mieux, le bouclier au côté, prendre part à trois batailles, plutôt que d’enfanter une seule fois !...
Le chœur des Corinthiennes :
« Notre condition féminine, par un retour de l’opinion publique, acquerra renom et gloire. Voici venir l’heure du prestige pour le sexe féminin. »
Eschine de Sphettos dans « Aspasie » :
« Aspasie à Xénophon :
Si ton voisin avait une femme meilleure que la tienne, lauqelle aimerais-tu me mieux ? »
Xénophon refuse de répondre.
Lire ici sur l’influence féministe de Socrate à Athènes
Euripide :
« Le jour vient où le sexe féminin sera honoré ; une renommée injurieuse ne pèsera plus sur les femmes. » (Euripide, « Médée »)
« Ce n’est pas la beauté de la femme qui ensorcelle, mais sa noblesse. »
« D’abord une femme, qu’elle soit innocente ou coupable, s’expose à la médisance par cela seul qu’elle ne reste pas à la maison : je m’interdis même le désir d’en sortir, et me renfermai dans ma demeure. »
Euripide, « Andromaque »
« Il n’y a pire mal qu’une mauvaise femme, mais rien n’est comparable à une femme qui est bonne. »
« Il n’est pas honnête qu’un seul homme tienne deux femmes sous ses lois. »
« De tout ce qui respire et qui a conscience
il n’est rien qui soit plus à plaindre que nous, les femmes.
D’abord nous devons faire enchère
et nous acheter un mari, qui sera maître de notre corps,
malheur plus onéreux que le prix qui le paie.
Car notre plus grand risque est là : l’acquis est-il bon ou mauvais ?
Se séparer de son mari, c’est se déshonorer,
et le refuser est interdit aux femmes.
Entrant dans un monde inconnu, dans de nouvelles lois,
dont la maison natale n’a rien pu lui apprendre,
une fille doit deviner l’art d’en user avec son compagnon de lit.
Si elle y parvient à grand’peine,
s’il accepte la vie commune en portant de bon cœur le joug avec elle,
elle vivra digne d’envie. Sinon, la mort est préférable.
Car un homme, quand son foyer lui donne la nausée,
n’a qu’à s’en aller, pour dissiper son ennui,
vers un ami ou quelqu’un de son âge.
Nous ne pouvons tourner les yeux que vers un être unique.
Et puis l’on dit que nous menons dans nos maisons
une vie sans danger, tandis qu’eux vont se battre !
Mauvaise raison : j’aimerais mieux monter trois fois en ligne
que mettre au monde un seul enfant ! »
Médée s’adressant au Chœur des femmes de Corinthe.
« Une femme d’ordinaire est pleine de crainte, lâche au combat et à la vue du fer ; mais quand on attente aux droits de ses enfants, il n’y a pas d’âme plus altérée de sang. »
« Ah ! il faudrait que les mortels pussent avoir des enfants par quelque autre moyen, sans qu’existât la gent féminine ; alors il n’y aurait plus de maux chez les hommes. » (Médée)
« Le chœur : C’est une chose terrible pour les femmes d’enfanter avec douleur, et pourtant toute la race des femmes aime ses enfants. »
Euripide, « Les Phonissiennes »
« Ayant mis à l’épreuve tous ses amis, et son père, et la vieille mère qui l’a enfanté, il n’a trouvé personne, excepté sa femme, qui voulût mourir pour lui, et ne plus voir la lumière. »
Euripide, « Alceste »
« Cependant le mari et la femme ont les mêmes droits… »
Euripide, « Andromaque »
« Tu as raison : ce n’est pas par la force qu’il faut vaincre les femmes. »
Euripide, « Les Bacchantes »
« Un frère et une sœur, un homme et une femme n’ont point le pied égal : et le mâle l’emporte ! »
Euripide, « Electre »
« AGAMEMNON
Et comment des hommes seront-ils vaincus par des femmes ?
HÉCUBE
Le nombre est redoutable, mais la ruse le rend invincible. »
Euripide, « Hécube »
« Mais quand un mari est odieux à sa femme, la vie aussi est odieuse, et il vaut mieux mourir. »
Euripide, « Hélène »
« Qu’on dise, si l’on veut, que cette audace et cette haute fierté ne conviennent pas à une femme, la chose n’en sera pas moins faite par moi. »
Euripide, « Les Hérakléides »
Et voici comment Euripide donne la parole, en la discréditant, aux hommes qui sont anti-femmes :
« HIPPOLYTE.
« Ô Jupiter, pourquoi as-tu mis au monde les femmes, cette race de mauvais aloi ? Si tu voulais donner l’existence au genre humain, il ne fallait pas le faire naître des femmes : mais les hommes, déposant dans tes temples des offrandes d’or, de fer ou d’airain, auraient acheté des enfants, chacun en raison de la valeur de ses dons ; et ils auraient vécu dans leurs maisons, libres et sans femmes. Mais à présent, dès que nous pensons à introduire ce fléau dans nos maisons, nous épuisons toute notre fortune. Une chose prouve combien la femme est un fléau funeste : le père qui l’a mise au monde et l’a élevée y joint une dot, pour la faire entrer dans une autre famille, et s’en débarrasser. L’époux qui reçoit dans sa maison cette plante parasite se réjouit ; il couvre de riches parures sa méprisable idole, il la charge de robes, le malheureux, et épuise toutes les ressources de son patrimoine. Il est réduit à cette extrémité : s’il s’est allié à une illustre famille, il lui faut se complaire dans un hymen plein d’amertume ; ou s’il a rencontré une bonne épouse et des parents incommodes, il faut couvrir le mal sous le bien apparent. Plus aisément on supporte dans sa maison une femme nulle, et inutile par sa simplicité. Mais je hais surtout la savante : que jamais du moins ma maison n’en reçoive qui sache plus qu’il ne convient à une femme de savoir ; car ce sont les savantes que Vénus rend fécondes en fraudes, tandis que la femme simple, par l’insuffisance de son esprit, est exempte d’impudicité. Il faudrait que les femmes n’eussent point auprès d’elles de servantes, mais qu’elles fussent servies par de muets animaux, pour qu’elles n’eussent personne à qui parler, ni qui pût à son tour leur adresser la parole. Mais à présent les femmes perverses forment au dedans de la maison des projets pervers, que leurs servantes vont réaliser au dehors. »
Euripide, « Hippolyte »
« Que les femmes ont l’esprit fécond en ressources ! »
Euripide, « Iphigénie en Tauride »
« La condition des femmes est bien malheureuse vis-à-vis des hommes : les bonnes sont confondues dans une haine commune avec les méchantes. »
« Une femme privée d’enfants, se voyant déçue dans son espoir, sentira cruellement l’amertume de son malheur… »
Euripide, « Ion »
« La sagesse parle souvent par la bouche des femmes. »
Euripide, « Les suppliantes »
« Simple femme, isolée, quel espoir de salut, sans frère, sans père, sans amis ? »
Euripide, « Oreste »
Molière :
« La femme est en effet le potage de l’homme Et quand un homme voit d’autres hommes parfois qui veulent dans sa soupe aller tremper leurs doigts, il en montre aussitôt une colère extrême. »
Molière se moque d’eux, en donnant la parole aux machistes :
« Une femme en sait toujours assez, quand son esprit se hausse à reconnaître un pourpoint d’avec un haut-de-chausse. »
« Il n’est pas bien honnête, et pour beaucoup de causes, qu’une femme étudie et sache tant de choses. Former aux bonnes mœurs l’esprit de ses enfants, faire aller son ménage, avoir l’œil sur ses gens, et régler la dépense avec économie, dot être son étude et sa philosophie. »
« Qu’importe qu’une femme manque aux lois de Vaugelas pourvu qu’à la cuisine elle ne manque pas. J’aime mieux pour moi qu’en épluchant ses herbes, elle accommode mal les noms avec les verbes, et redise cent fois un bas et méchant mot, que de brûler ma viande ou saler trop mon pot. »
Il se moque des maris jaloux :
« Si ne point être cocu vous semble un si grand bien, ne point vous marier en est le vrai moyen. »
« C’est nous inspirer presque un désir de pécher, que montrer tant de soins de nous en empêcher. »
Il se moque des amoureux possessifs :
« Si c’est votre façon d’aimer, je vous prie de me haïr. »
Arnolphe explique à Agnès la situation de la femme :
« Votre sexe n’est là que pour la dépendance :
Du côté de la barbe est la toute-puissance.
Bien qu’on soit deux moitiés de la société,
Ces deux moitiés pourtant n’ont point d’égalité :
L’une est moitié suprême et l’autre subalterne ;
L’une en tout est soumise à l’autre qui gouverne ;
Et ce que le soldat, dans son devoir instruit,
Montre d’obéissance au chef qui le conduit,
Le valet à son maître, un enfant à son père,
À son supérieur le moindre petit Frère,
N’approche point encor de la docilité,
Et de l’obéissance, et de l’humilité,
Et du profond respect où la femme doit être
Pour son mari, son chef, son seigneur et son maître.
Lorsqu’il jette sur elle un regard sérieux,
Son devoir aussitôt est de baisser les yeux,
Et de n’oser jamais le regarder en face
Que quand d’un doux regard il lui veut faire grâce.
C’est ce qu’entendent mal les femmes d’aujourd’hui ;
Mais ne vous gâtez pas sur l’exemple d’autrui.
Gardez-vous d’imiter ces coquettes vilaines
Dont par toute la ville on chante les fredaines,
Et de vous laisser prendre aux assauts du malin,
C’est-à-dire d’ouïr aucun jeune blondin.
Songez qu’en vous faisant moitié de ma personne,
C’est mon honneur, Agnès, que je vous abandonne ;
Que cet honneur est tendre et se blesse de peu ;
Que sur un tel sujet il ne faut point de jeu ;
Et qu’il est aux enfers des chaudières bouillantes
Où l’on plonge à jamais les femmes mal vivantes.
Ce que je vous dis là ne sont pas des chansons ;
Et vous devez du cœur dévorer ces leçons.
Si votre âme les suit, et fuit d’être coquette,
Elle sera toujours, comme un lis, blanche et nette ;
Mais s’il faut qu’à l’honneur elle fasse un faux bond,
Elle deviendra lors noire comme un charbon ;
Vous paraîtrez à tous un objet effroyable,
Et vous irez un jour, vrai partage du diable,
Bouillir dans les enfers à toute éternité :
Dont vous veuille garder la céleste bonté !
Faites la révérence. Ainsi qu’une novice
Par cœur dans le couvent doit savoir son office,
Entrant au mariage il en faut faire autant… »
Se moquant des hommes qui craignent le savoir des femmes dans « Les femmes savantes » :
« Il n’est pas bien honnête, et pour beaucoup de causes,
Qu’une femme étudie et sache tant de choses.
Former aux bonnes mœurs l’esprit de ses enfants,
Faire aller son ménage, avoir l’œil sur ses gens,
Et régler la dépense avec économie,
Doit être son étude et sa philosophie.
Nos pères, sur ce point, étoient gens bien sensés,
Qui disoient qu’une femme en sait toujours assez
Quand la capacité de son esprit se hausse
À connoitre un pourpoint d’avec un haut de chausse.
Les leurs ne lisoient point, mais elles vivoient bien :
Leurs ménages étoient tout leur docte entretien ;
Et leurs livres, un dé, du fil et des aiguilles,
Dont elles travaillaient au trousseau de leurs filles.
Les femmes d’à présent sont bien loin de ces mœurs :
Elles veulent écrire, et devenir auteurs.
Nulle science n’est pour elles trop profonde,
Et céans beaucoup plus qu’en aucun lieu du monde :
Les secrets les plus hauts s’y laissent concevoir… »
Molière dans « Les femmes savantes » :
« Philaminte.
Car enfin, je me sens un étrange dépit
Du tort que l’on nous fait du côté de l’esprit,
Et je veux nous venger, toutes tant que nous sommes,
De cette indigne classe où nous rangent les hommes,
De borner nos talents à des futilités,
Et nous fermer la porte aux sublimes clartés.
Armande.
C’est faire à notre sexe une trop grande offense,
De n’étendre l’effort de notre intelligence
Qu’à juger d’une jupe, et de l’air d’un manteau,
Ou des beautés d’un point, ou d’un brocart nouveau.
Bélise.
Il faut se relever de ce honteux partage,
Et mettre hautement notre esprit hors de page. »
Michel de Montaigne :
« Les femmes n’ont pas tort du tout quand elles refusent les règles de vie qui sont introduites au monde, d’autant que ce sont les hommes qui les ont faites sans elles. »
« Que les femmes se dispensent un peu des règles de la bienséance, qu’elles se mettent à parler librement… »
« Nous formons les femmes, dès l’enfance, aux stratagèmes de l’amour : leur grâce, leur parure, leur savoir, toute leur instruction n’est faite que dans ce but… En somme, on leurre les femmes, et on les excite par toutes sortes de moyens. Nous échaudons et excitons sans cesse leur imagination, et puis nous nous plaignons ! »
« Vivons, ma femme, vous et moi, à la belle française. »
« Je dis que les mâles et femelles sont jetés en même moule, sauf l’institution et l’usage, la différence n’y est pas grande : Platon appelle indifféremment les uns et les autres à la société de toutes études, exercices, charges et professions guerrières et paisibles en sa république. Et Antisthènes ôtait toute distinction entre leur vertu et la nôtre. Il est bien plus aisé d’accuser un sexe que d’excuser l’autre. C’est ce qu’on dit, Le fourgon se moque de la paelle. »
John Stuart Mill :
« Je considère comme une présomption de prétendre décider chez quiconque de ce que les femmes sont ou ne sont pas, peuvent ou ne peuvent être, par constitution naturelle. Jusqu’à présent, elles ont toujours été conservées, en ce qui concerne le développement spontané, dans un état si peu naturel, que leur nature ne peut avoir été que grandement déformée et déguisée ; et personne ne peut affirmer en toute sécurité que si l’on laissait la nature de la femme choisir son orientation aussi librement que celle de l’homme et qu’on ne tentait de lui donner un penchant artificiel, si ce n’était ce qu’exigeaient les conditions de la société humaine et celle des deux sexes, il y aurait une différence matérielle, ou peut-être même une différence, dans le caractère et les capacités qui se dévoileraient. »
« Je considère que le principe qui régit les relations sociales existantes entre les deux sexes - la subordination légale d’un sexe à l’autre - est erroné en soi et constitue désormais l’un des principaux obstacles à l’amélioration de l’homme ; et qu’il devrait être remplacé par un principe d’égalité parfaite n’admettant aucun pouvoir ni privilège d’un côté, ni handicap de l’autre. »
« Dans le précédent argument en faveur du suffrage universel mais progressif, je n’ai pas tenu compte de la différence de sexe. Je considère que la différence de hauteur ou de couleur des cheveux n’a aucun rapport avec les droits politiques. Tous les êtres humains ont le même intérêt pour un bon gouvernement ; le bien-être de tous est également affecté par celui-ci, et ils ont le même besoin de s’exprimer pour obtenir leur part des avantages. S’il y a une différence, les femmes en ont davantage besoin que les hommes car, étant physiquement plus faibles, elles dépendent davantage de la loi et de la société pour se protéger. L’humanité a depuis longtemps abandonné le seul postulat qui permette de conclure que les femmes ne devraient pas voter. Personne ne pense maintenant que les femmes devraient être en servitude personnelle ; qu’ils ne devraient avoir aucune pensée, aucun désir ou occupation, mais être la corvée domestique de leurs maris, pères ou frères. Il est permis aux célibataires de ne pas se marier et ne veut guère concéder aux femmes mariées la possession de biens et avoir des intérêts pécuniaires et commerciaux de la même manière que les hommes. Il est considéré comme approprié et approprié que les femmes pensent, écrivent et soient des enseignantes. Dès que ces choses sont admises, la disqualification politique ne repose sur aucun principe. Tout le mode de pensée du monde moderne se prononce, avec une emphase croissante, contre la prétention de la société de décider pour les individus de ce qu’ils sont ou non dignes, et de ce qu’ils doivent et ne doivent pas être autorisés à tenter. Si les principes de la politique moderne et de l’économie politique sont bons pour quelque chose, c’est pour prouver que ces points ne peuvent être correctement jugés que par les individus eux-mêmes ; et que, dans une totale liberté de choix, là où il y a de réelles différences d’aptitudes, le plus grand nombre s’appliquera aux choses pour lesquelles il est le plus apte, et le cours exceptionnel ne sera suivi que par les exceptions. Soit toute la tendance des améliorations sociales modernes a été fausse, soit elle devrait aboutir à la suppression totale de toutes les exclusions et de tous les handicaps qui interdisent tout emploi honnête à un être humain.
Mais il n’est même pas nécessaire de discuter autant pour prouver que les femmes doivent avoir le droit de vote. S’ils avaient raison de vouloir être une classe subordonnée, confinés à des occupations nationales et soumis à une autorité nationale, ils auraient tout de même besoin de la protection du suffrage pour les protéger de l’abus de cette autorité. Les hommes comme les femmes n’ont pas besoin de droits politiques pour pouvoir gouverner, mais pour ne pas être mal gouvernés. La majorité du sexe masculin est et sera toute sa vie rien d’autre que des ouvriers dans les champs de maïs ou les manufactures ; mais cela ne rend pas le suffrage moins souhaitable pour eux, ni leur revendication moins irrésistible, quand ils ne risquent pas d’en faire un mauvais usage. Personne ne prétend croire que la femme ferait un mauvais usage du suffrage. Le pire qui soit dit, c’est qu’ils voteraient comme de simples personnes à charge, à la demande de leurs relations masculines. S’il en est ainsi, qu’il en soit ainsi. S’ils pensent par eux-mêmes, un grand bien sera fait. et s’ils ne le font pas, pas de mal. Enlever les entraves des êtres humains est un avantage, même s’ils ne désirent pas marcher. Ce serait déjà un grand progrès dans la situation morale des femmes de ne plus être déclarées juridiquement inaptes, et ne pas avoir droit à une préférence, dans le respect des préoccupations les plus importantes de l’humanité. Il y aurait un avantage pour eux individuellement à avoir quelque chose à donner que leurs parents de sexe masculin ne peuvent pas exiger, et sont pourtant désireux d’avoir. Ce ne serait également pas une mince affaire que le mari en parle nécessairement avec son épouse et que le vote ne soit pas son affaire exclusive, mais une affaire commune. Les gens ne considèrent pas suffisamment à quel point le fait qu’elle puisse agir indépendamment du monde extérieur soulève sa dignité et sa valeur aux yeux d’un homme vulgaire et en fait l’objet d’un respect qu’aucune qualité personnelle ne saurait jamais obtenir pour celui dont l’existence sociale il peut tout à fait s’approprier. Le vote lui-même serait également de meilleure qualité. L’homme serait souvent obligé de trouver des raisons honnêtes pour son vote, telles qu’elles pourraient amener un personnage plus droit et impartial à servir avec lui sous la même bannière. L’influence de la femme le gardait souvent fidèle à sa propre opinion sincère. Souvent, en effet, il serait utilisé, non pas du côté du principe public, mais de l’intérêt personnel ou de la vanité matérielle de la famille. »
« Lorsque les deux sexes sont censés être concernés, n’employez pas le mot « homme » mais le mot « personne ». »
Il affirme que les relations sexuelles sont affaire privées et ne concernent nullement la justice :
« S’il y a une idée particulièrement ridicule, c’est celle du législateur qui, lorsqu’un homme et une femme s’accordent pour une affaire de ce genre (une relation sexuelle), se place entre eux, pour examiner les situations, régler les temps et prescrire les modes et les postures. »
Dans « De l’asujetissement des femmes » :
« L’objet de cet essai est d’expliquer aussi clairement que possible les motifs d’une opinion que j’ai eue depuis la toute première période où j’avais formé une quelconque opinion sur des questions de politique sociale, et qui, au lieu d’être affaiblie ou modifiée, a été constamment renforcée par la réflexion sur le progrès et l’expérience de la vie. Que le principe qui régit les relations sociales existantes entre les deux sexes - la subordination légale d’un sexe à l’autre - est faux, et constitue désormais l’un des principaux obstacles au progrès humain ; et qu’il devrait être remplacé par un principe d’égalité parfaite n’admettant aucun pouvoir ni privilège d’un côté, ni handicap de l’autre. »
« De l’assujettissement des femmes »
Autre source
Autres écrits en faveur de la libération des femmes
Thomas Hardy :
Hardy a écrit : « Il est difficile pour une femme d’exprimer ses sentiments dans un langage presque entièrement formé par les hommes pour exprimer les leurs. »
En plus de milliers de poèmes au lyrisme plus ou moins bon, l’écrivain Thomas Hardy a écrit quelques romans pour gagner sa vie, devenus des classiques au panthéon de la littérature anglaise (Tess d’Urberville, Loin de la foule déchaînée…). Mais celui qui retiendra l’attention des femmes (et des hommes) en quête d’émancipation est bien évidemment « Jude L’Obscur », fresque sentimentale à l’ère victorienne dans laquelle il dépeint les interactions de deux couples, l’un formé par Jude et Arabella et l’autre Sue et Richard, puis enfin l’histoire d’amour entre Jude et Sue, scandaleux concubinage. En plus d’une vive critique du mariage et de la religion tout au long du roman, Hardy met dans le personnage de Sue les qualités de la femme moderne : émancipation, amour libre, intelligence et rêverie, cette dernière refuse obstinément de se soumettre aux rôles taillés à la mesure d’un étroit corset et ne se soumet devant rien. Au départ.
Son roman, rebaptisé Jude L’Obscène par les bigots, scandalisa les bien-pensants tandis que les autres durent se le procurer sous le manteau, cachant la couverture par des papiers d’emballage. Mais on a rarement fait mieux que les lignes de ce livre pour remettre en question la monogamie scellée par un contrat et dénoncer l’absurdité de cette institution : « Les fleurs dans la main de la mariée ressemblent tristement à la guirlande qui ornait les génisses offertes en sacrifice dans les temps anciens ! », écrit-il encore.
« Jude L’Obscur »
Une femme d’imagination
Commentaire
Wilkie Collins :
« Toute femme qui est sûre de son esprit, est à tout moment un défi pour un homme qui n’est pas sûr de ses réactions. »
« Aucun homme sous le ciel ne mérite ce tels sacrifices de nous femmes. Hommes ! Ils sont les ennemis de notre innocence et de notre paix - ils nous éloignent de l’amour de nos parents et de l’amitié de nos sœurs - ils nous ramènent corps et âme à nous-mêmes et nous attachons notre vie sans défense à la leur comme on attache un chien à son chenil. Et qu’est-ce que les meilleures d’entre eux nous donnent en retour ? »
« La femme qui, la première, donne à nos vagues conceptions de la beauté, la vie, la clarté, la forme arrêtée qui leur manquaient, comble dans notre nature intellectuelle une lacune que nous y avons ignorée jusqu’au moment où cette femme nous est apparue. Les sympathies qu’elle éveille en nous glissent à des profondeurs où la parole, la pensée même, arrive à peine ; elles dérivent de charmes plus subtils que ceux dont nos sens subissent l’empire et dont les sources bornées du langage humain peuvent donner l’idée. La mystérieuse beauté des femmes n’arrive à cette hauteur, où elle est inexprimable, que lorsqu’elle s’apparente, pour ainsi dire, avec le mystère plus profond encore caché au fond de nos âmes. Alors, et seulement alors, elle franchit les limites de cette région étroite, où le crayon et la plume peuvent, ici-bas, jeter quelques rayons de lumière. »
« Mari et femme »
Commentaire
« Poor Miss Finch »
Commentaire
« La femme en blanc »
Jeremy Bentham :
Bentham a dit : « Pourquoi exclure tout le sexe féminin de la participation au pouvoir constitutif ? Alors même que (...) sa demande de participation est tout aussi fondée que celle de l’autre sexe. »
C’est à onze ans que Jeremy Bentham, futur philosophe et juriste britannique du siècle des Lumières, a décidé de se lancer dans une carrière de réformiste. La raison qui l’a poussé à vouloir réformer la société britannique ? La condition féminine. Bien que Bentham est davantage connu comme précurseur du libéralisme, il s’est fortement engagé pour l’égalité des sexes et le droit au divorce. Dans Une introduction aux principes de morale et de législation (1789), il condamne l’infériorité légale des femmes justifiée alors par une prétendue infériorité d’esprit du sexe féminin. Trois années plus tard, en 1792, il plaidera dans son ouvrage « Défense des droits des femmes » en faveur de l’émancipation féminine pour que les femmes obtiennent le droit de voter, de gouverner et de divorcer.
Ce penseur qui a influencé James Mill et Max Weber a également été un des premiers défenseurs des droits des homosexuels.
« Défense du droit des femmes »
Denis Diderot :
Diderot souligne : « Dans presque toutes les contrées la cruauté des lois civiles s’est réunie contre les femmes à la cruauté de nature. »
« Réfutation d’Helvétius » :
« Quelque avantage qu’on imagine à priver les femmes de la propriété de leur corps, pour en faire un effet public, c’est une espèce de tyrannie dont l’idée me révolte, une manière raffinée d’accroître leur servitude qui n’est déjà que trop grande. Qu’elles puissent dire à un capitaine, à un magistrat, à quelque autre citoyen illustre que ce soit : « Oui, vous êtes un grand homme, mais vous n’êtes pas mon fait. La patrie vous doit des honneurs, mais qu’elle ne s’acquitte pas à mes dépens. Je suis libre, dites-vous, et par le sacrifice de mon goût et de mes sens vous m’assujettissez à la fonction la plus vile de la dernière des esclaves. Nous avons des aversions qui nous sont propres et que vous ne connaissez ni ne pouvez connaître. Nous sommes au supplice, nous, dans des instants qui auraient à peine le plus léger désagrément pour vous. Vous disposez de vos organes comme il vous plaît ; les nôtres moins indulgents ne sont pas même toujours d’accord avec notre cœur, ils ont quelquefois leur choix séparé. Ne voulez-vous tenir entre vos bras qu’une femme que vous aimez, ou votre bonheur exige-t-il que vous en soyez aimé ? Vous suffit-il d’être heureux, et seriez-vous assez peu délicat pour négliger le bonheur d’une autre ? Quoi, parce que vous avez massacré les ennemis de l’État, il faut que nous nous déshabillions en votre présence, que votre œil curieux parcoure nos charmes, et que nous nous associions aux victimes, aux taureaux, aux génisses dont le sang teindra les autels des dieux, en action de grâces de votre victoire ! Il ne vous resterait plus qu’à nous défendre d’être passives comme elles. Si vous êtes un héros, ayez-en les sentiments : refusez-vous à une récompense que la patrie n’est pas en droit de vous accorder, et ne nous confondez pas avec le marbre insensible qui se prêtera sans se plaindre au ciseau du statuaire. Qu’on ordonne à l’artiste votre statue, mais qu’on ne m’ordonne pas d’être la mère de vos enfants. Qui vous a dit que mon choix n’était pas fait ? et pourquoi faut-il que le jour de votre triomphe soit marqué des larmes de deux malheureux ? L’enthousiasme de la patrie bouillonnait au fond de votre cœur, vous vous couvrîtes de vos armes et vous allâtes chercher notre ennemi. Attendez que le même enthousiasme me sollicite d’arracher moi-même mes vêtements et de courir au-devant de vos pas, mais ne m’en faites pas une loi. Lorsque vous marchâtes au combat, ce ne fut point à la loi, ce fut à votre cœur magnanime que vous obéîtes ; qu’il me soit permis d’obéir au mien. Ne vous lasserez-vous point de nous ordonner des vertus, comme si nous étions incapables d’en avoir de nous-mêmes ? Ne vous lasserez-vous point de nous faire des devoirs chimériques, où nous ne voyons que trop d’estime ou trop de mépris ? Trop de mépris, lorsque vous en usez avec nous comme la branche de laurier qui se laisse cueillir et plier sans murmure ; trop d’estime, si nous sommes la plus belle couronne que vous puissiez ambitionner. Vous ne contraindrez pas mon hommage, si vous pensez qu’il n’y a d’hommage flatteur que celui qui est libre. Mais je me tais et je rougis de parler au défenseur de mon pays, comme je parlerais à mon ravisseur. »
« Sur les femmes »
« Sur les femmes » :
« Quand on écrit des femmes, il faut tremper sa plume dans l’arc-en-ciel et jeter sur sa ligne la poussière des ailes du papillon ; comme le petit chien du pèlerin, à chaque fois qu’on secoue la patte, il faut qu’il en tombe des perles… Dans presque toutes les contrées, la cruauté des lois civiles s’est réunie contre les femmes à la cruauté de la nature. Elles ont été traitées comme des enfants imbéciles. Nulle sorte de vexations que, chez les peuples policés, l’homme ne puisse exercer impunément contre la femme. La seule représaille qui dépende d’elle est suivie du trouble domestique, et punie d’un mépris plus ou moins marqué, selon que la nation a plus ou moins de mœurs. Nulle sorte de vexations que le sauvage n’exerce contre sa femme. La femme, malheureuse dans les villes, est plus malheureuse encore au fond des forêts… Quand les femmes ont du génie, je leur en crois l’empreinte plus originale qu’en nous. »
« Fixez, avec le plus de justesse et d’impartialité que vous pourrez, les prérogatives de l’homme et de la femme ; mais n’oubliez pas que, faute de réflexion et de principes, rien ne pénètre jusqu’à une certaine profondeur de conviction dans l’entendement des femmes ; que les idées de justice, de vertu, de vice, de bonté, de méchanceté, nagent à la superficie de leur âme ; qu’elles ont conservé l’amour-propre et l’intérêt personnel avec toute l’énergie de nature ; et que, plus civilisées que nous en dehors, elles sont restées de vraies sauvages en dedans, toutes machiavélistes, du plus au moins. Le symbole des femmes en général est celle de l’Apocalypse, sur le front de laquelle il est écrit : MYSTERE. »
« On a si fort négligé l’éducation des femmes chez tous les peuples policés, qu’il est surprenant qu’on en compte un aussi grand nombre d’illustres par leur érudition & leurs ouvrages. »
Article « femme » de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert
« Sur les femmes »
« Il est triste pour la pauvre Indienne de servir son mari comme une esclave, aux champs accablée de sueurs, et au logis privée de repos ; mais il est affreux de le voir, au bout de vingt ans, prendre une autre femme plus jeune, qui n’a point de jugement. Il s’attache à elle. Elle nous frappe, elle frappe nos enfants, elle nous commande, elle nous traite comme ses servantes ; et au moindre murmure qui nous échapperait, une branche d’arbre levée... Ah ! Père, comment veux-tu que nous supportions cet état ? Qu’a de mieux à faire une Indienne, que de soustraire son enfant à une servitude mille fois pire que la mort ? Plût à Dieu, Père, je te le répète, que ma mère m’eût assez aimée pour m’enterrer lorsque je naquis ! Mon cœur n’aurait pas tant à souffrir, ni mes yeux à pleurer ! »
« Qu’est-ce alors qu’une femme ? Négligée de son époux, délaissée de ses enfants, nulle dans la société, la dévotion est son unique et dernière ressource. Dans presque toutes les contrées, la cruauté des lois civiles s’est réunie contre les femmes à la cruauté de la nature. Elles ont été traitées comme des enfants imbéciles. Nulle sorte de vexations que, chez les peuples policés, l’homme ne puisse exercer impunément contre la femme. La seule représaille qui dépende d’elle est suivie du trouble domestique, et punie d’un mépris plus ou moins marqué, selon que la nation a plus ou moins de mœurs. Nulle sorte de vexations que le sauvage n’exerce contre sa femme. La femme, malheureuse dans les villes, est plus malheureuse encore au fond des forêts. »
Source : Denis Diderot, « Sur les femmes »
François Poullain de La Barre :
« L’esprit n’a pas de sexe. »
« De tous les préjugés, on n’en a pas remarqué de plus propre à ce dessein que celui qu’on a communément sur l’inégalité des deux sexes. »
« Les femmes sont aussi nobles, aussi parfaites et aussi capables que les hommes. »
« Partout, on ne les occupe (les femmes) que de ce que l’on considère comme bas ; et parce qu’il n’y a qu’elles qui se mêlent des menus soins du ménage et des enfants, l’on se persuade communément qu’elles ne sont au monde que pour cela, et qu’elles sont incapables de tout le reste. On a de la peine à se représenter comment les choses pourraient être bien d’une autre façon ; et il paraît même qu’on ne les pourrait jamais changer, quelque effort que l’on fît. Les plus sages Législateurs, en fondant leurs Républiques, n’ont rien établi qui fût favorable aux femmes sous ce regard. Toutes les lois semblent n’avoir été faites que pour maintenir les hommes dans la possession où ils sont. »
« Enfin, si cet homme était Philosophe, il trouverait qu’il y a des raisons Physiques qui prouvent invinciblement que les deux Sexes sont égaux pour le corps et pour l’esprit. »
Dans « De l’excellence des hommes (en lutte) contre l’égalité des sexes » :
« Je l’ai écrit non pour prouver qu’ils sont plus excellens que les femmes, estant persuadé du contraire plus que jamais, mais seulement pour donner moyen de comparer les deux sentimens opposez, & de mieux juger lequel est le plus vrai ».
François Poullain de La Barre - "De l’égalité des deux sexes"
« De l’excellence des hommes contre l’égalité des sexes »
Condorcet :
« Pourquoi des êtres exposés à des grossesses, et à des indispositions passagères, ne pourraient-ils exercer des droits dont on n’a jamais imaginé de priver les gens qui ont la goutte tous les hivers, et qui s’enrhument aisément ? »
« Les droits des hommes résultent uniquement de ce qu’ils sont des êtres sensibles susceptibles d’acquérir des idées morales et de raisonner sur ces idées. Ainsi les femmes, ayant ces mêmes qualités, ont nécessairement des droits égaux. Ou aucun individu de l’espèce humaine n’a de véritables droits ou tous ont les mêmes. »
« Ou aucun individu de l’espèce humaine n’a de véritables droits, ou tous ont les mêmes ; et celui qui vote contre le droit d’un autre, quels que soient sa religion, sa couleur ou son sexe, a dès lors abjuré les siens. »
« Sur l’admission des femmes au droit de cité »
Condorcet féministe
Marie-Jo Bonnet, « Les Relations amoureuses entre les femmes » :
« Condorcet se situe dans le même courant [que Diderot] pour plaider en faveur de l’accès des femmes au droit de cité au nom de la sensibilité, qualité commune aux deux sexes : « Les droits des hommes résultent uniquement de ce qu’ils sont des êtres sensibles, susceptibles d’acquérir des idées nouvelles et de raisonner sur ces idées. Ainsi les femmes ayant les mêmes qualités, ont nécessairement des droits égaux. » La sensibilité est donc une valeur essentielle aux Lumières en ce qu’elle permet de définir un terrain de rencontre et d’identité commune aux deux sexes. En se réclamant de la déesse Raison, les révolutionnaires de 1793 rompirent avec cet héritage. Remplaçant la sensibilité par le sentiment, ils réinscriront la différence des sexes dans la nature et la domination du citoyen sur la citoyenne dans la sphère du droit privé. »
Propos féministes de Condorcet dans « Lettres d’un bourgeois de New Haven à un citoyen de Virginie »
Condorcet, "Sur l’admission des femmes au droit de cité"
Stendhal :
« On ne peut aimer sans égalité. »
« L’admission des femmes à l’égalité parfaite serait la marque la plus sûre de la civilisation, et elle doublerait les forces intellectuelles du genre humain. »
« Toutes nos idées sur les femmes nous viennent en France du catéchisme de trois sous. »
« La fidélité des femmes dans le mariage, lorsqu’il n’y a pas d’amour, est probablement une chose contre nature. »
« Le plaisant de l’éducation actuelle, c’est qu’on n’apprend rien aux jeunes filles qu’elles ne doivent oublier bien vite dès qu’elles seront mariées. »
« L’éducation actuelle des femmes étant peut-être la plus plaisante absurdité de l’Europe moderne, moins elles ont d’éducation proprement dite, plus elles valent. »
« Il est peut-être beaucoup plus contre la pudeur de se mettre au lit avec un homme qu’on n’a vu que deux fois, après trois mots latins dits à l’église, que céder malgré soi à un homme qu’on adore depuis deux ans. »
« On convient qu’une petite fille de dix ans a vingt fois plus de finesse qu’un polisson du même âge : pourquoi, à vingt ans, est-elle une grande idiote, gauche, timide, et ayant peur d’une araignée, et le polisson un homme d’esprit ? »
Victor Hugo :
« Une moitié de l’espèce humaine est hors de l’égalité, il faut l’y faire rentrer : donner pour contre-poids au droit de l’homme le droit de la femme. »
« La femme contient le problème social et le mystère humain. Elle semble la grande faiblesse, elle est la grande force. »
« La femme est obligée de choisir entre acheter un homme, ce qui s’appelle le mariage, ou se vendre aux hommes, ce qui s’appelle la prostitution. »
« Et l’on reconnaîtra que, même au point de vue de notre égoïsme, il est difficile de composer le bonheur de l’homme avec la souffrance de la femme. »
Hugo dans la lettre adressée au journal L’Avenir des femmes en 1872 :
« Dans notre législation telle qu’elle est, la femme ne possède pas, elle n’est pas en justice, elle ne vote pas, elle ne compte pas, elle n’est pas. Il y a des citoyens, il n’y a pas de citoyennes. C’est là un état violent : il faut qu’il cesse. »
« Nous proclamons la femme notre égale avec le respect en plus. Ô femme, mère, compagne, sœur, éternelle mineure, éternelle esclave, éternelle sacrifiée, éternelle martyre, nous vous relèverons ».
« Le socialisme proclame le droit de la femme, cette égale de l’homme. »
Lettre de Victor Hugo à Léon Richer : « Il est difficile de composer le bonheur de l’homme avec la souffrance de la femme. »
« L’homme n’est pas à lui seul l’homme : l’homme plus la femme plus l’enfant, cette créature une et triple, constitue la vraie unité de l’unité humaine. Toute l’organisation sociale doit découler de là. »
« La femme »
« Les femmes sont sur la terre »
« Aux femmes »
« Gauvain reprit :
Et la femme ? qu’en faites-vous ?
Cimourdain répondit :
Ce qu’elle est. La servante de l’homme.
Oui. A une condition.
Laquelle ?
C’est que l’homme sera le serviteur de la femme.
Y penses-tu ? s’écria Cimourdain, l’homme serviteur ! jamais. L’homme est maître. Je n’admets qu’une royauté, celle du foyer. L’homme chez lui est roi.
Oui. A une condition.
Laquelle ?
C’est que la femme y sera reine.
C’est-à-dire que tu veux pour l’homme et pour la femme…
L’égalité.
L’égalité ! y songes-tu ? les deux êtres sont divers.
J’ai dit l’égalité. Je n’ai pas dit l’identité. »
Hugo dans « Quatre-vingt-treize »
Léon Tolstoï :
« Les femmes sont le pivot qui fait tout tourner. »
« Femmes, c’est vous qui tenez entre vos mains le salut du monde. »
Ana Karénine
Jules Michelet :
Jules Michelet dira : « Ce qu’il y a dans le peuple de plus instinctif, de plus inspiré, ce sont les femmes. […] Les hommes ont pris la Bastille, et les femmes ont pris le Roi. »
« Toute folie de la femme est une sottise de l’homme. » (dans ’L’amour")
« Ne frappez pas une femme, eut-elle fait cent fautes, pas même avec une fleur. »
Michelet dans "La sorcière" :
« Le clergé n’a pas assez de bûchers, le peuple assez d’injures, l’enfant assez de pierres, contre l’infortunée. Le poète (aussi enfant) lui lance une autre pierre, plus cruelle pour une femme. Il suppose, gratuitement, qu’elle était toujours laide et vieille. Au mot Sorcière, on voit les affreuses vieilles de Macbeth. Mais leurs cruels procès apprennent le contraire. Beaucoup périrent précisément parce qu’elles étaient jeunes et belles... On appela les sorcières sales, indécentes, impudiques, immorales. Cependant leurs premiers pas dans cette voie furent, on peut le dire, une heureuse révolution dans ce qui est le plus moral, la bonté, la charité. Par une perversion d’idée monstrueuse, le moyen âge envisageait la chair, en son représentant (maudit depuis Ève), la Femme, comme impure. La Vierge, exaltée comme vierge, plus que comme Notre-Dame, loin de relever la femme réelle, l’avait abaissée en mettant l’homme sur la voie d’une scolastique de pureté où l’on allait enchérissant dans le subtil et le faux.
La femme même avait fini par partager l’odieux préjugé et se croire immonde. Elle se cachait pour accoucher. Elle rougissait d’aimer et de donner le bonheur. Elle, généralement si sobre, en comparaison de l’homme, elle qui n’est presque partout qu’herbivore et frugivore, qui donne si peu à la nature, qui, par un régime lacté, végétal, a la pureté de ces innocentes tribus, elle demandait presque pardon d’être, de vivre, d’accomplir les conditions de la vie. Humble martyre de la pudeur, elle s’imposait des supplices, jusqu’à vouloir dissimuler, annuler, supprimer presque ce ventre adoré, trois fois saint, d’où le dieu homme naît, renaît éternellement. »
« La femme »
« La sorcière »
« Les femmes de la révolution »
Henrik Ibsen :
"Une maison de poupée" :
– “HELMER : Tu n’as pas été heureuse !
NORA : Non.J’ai été joyeuse, voilà tout. Et tu as toujours été si gentil pour moi. Notre foyer n’a jamais été rien d’autre qu’une salle de récréation. Ici, j’étais ton épouse-poupée, tout comme à la maison, j’étais l’enfant-poupée de papa. Et mes enfants, à leur tour, ont été mes poupées. Je trouvais divertissant que tu te mettes à jouer avec moi, tout comme ils trouvent divertissant que je me mette à jouer avec eux. Voilà ce qu’a été notre mariage, Torvald” (Une Maison de poupée)
– “Helmer : Abandonner ton foyer, ton mari, tes enfants ! Tu ne songes pas à ce qu’on en dira ?
Nora : Je ne puis m’arrêter à cela. Je sais seulement que, pour moi, c’est indispensable.
Helmer : Ah ! c’est révoltant ! Ainsi tu trahirais les devoirs les plus sacrés !
Nora : Que considères-tu comme mes devoirs les plus sacrés ?
Helmer : Ai-je besoin de te le dire ? Ce sont tes devoirs envers ton mari et tes enfants.
Nora : J’en ai d’autres tout aussi sacrés.
Helmer : Tu n’en as pas. Quels seraient ces devoirs ?
Nora : Mes devoirs envers moi-même.
Helmer : Avant, tu es épouse et mère.
Nora : Je ne crois plus à cela. Je crois qu’avant tout je suis un être humain, au même titre que toi… ou au moins que je dois essayer de le devenir”
Une maison de poupée
Peer Gynt
Ibsen et le feminisme
Commentaire
Et le socialiste utopique Charles Fourier
« Partout où l’homme a dégradé la femme, il s’est dégradé lui-même. »
« En thèse générale, les progrès sociaux s’opèrent en raison du progrès des femmes vers la liberté ; et les décadences d’ordre social s’opèrent en raison du décroissement de la liberté des femmes. L’extension des privilèges des femmes est le principe général de tout progrès social. »
« Je suis fondé à dire que la femme en état de liberté surpassera l’homme. »
« Le bonheur de l’homme, en amour, se proportionne à la liberté dont jouissent les femmes. (...) L’avilissement du sexe féminin est un trait essentiel à la fois de la civilisation et de la barbarie, avec cette seule différence que l’ordre civilisé élève chacun des vices que la barbarie pratique en mode simple, à un mode d’existence composé, à double sens, ambigu et hypocrite... Personne n’est plus profondément puni que l’homme du fait que la femme est maintenue dans l’esclavage. » « Dans chaque société, le degré d’émancipation des femmes est la mesure naturelle de l’émancipation générale. »
« Depuis les viragos comme Marie-Thérèse jusqu’à celles des nuances radoucies comme les Ninon ou les Sévigné, je suis fondé à dire que la femme en état de liberté surpassera l’homme. »
« Comment la femme pourrait-elle échapper à ses penchants serviles et perfides quand l’éducation l’a façonnée dès l’enfance à étouffer son caractère pour se plier à celui du premier venu que le hasard, l’intrigue ou l’avarice lui choisiront pour époux ? »
Le socialisme utopique de Fourier, la sexualité et le mariage bourgeois
Hiérarchie du cocuage
Le nouveau monde amoureux
Le nouveau monde industriel et sociétaire
Fausseté des amours civilisé
Théorie des quatre mouvements
Enfin le communiste Gracchus Babeuf :
« Le mari et la femme doivent-être égaux. »
« Lettre de François Noël Babeuf à Dubois de Fosseux », Gracchus Babeuf (juin 1786)
« La prétendue supériorité de l’homme sur la femme et la despotique autorité qu’il s’arroge sur elle ont la même origine que la domination de la noblesse. »
« Admettre l’inégalité, c’est souscrire à une dépravation de l’espèce. »
« N’impose pas non plus silence à ce sexe qui ne mérite pas qu’on le méprise. »
« L’avis que que tu nous donnes sur le parti qu’on peut en tirer des femmes est sensé et judicieux ; nous en profiterons. Nous connaissons tous l’influence que peut avoir ce sexe intéressant qui ne supporte pas plus indifféremment que nous le joug de la tyrannie ; et qui n’est doué d’un moindre courage, lorsqu’il s’agit de concourir à le briser. »
« Si l’on n’avait pas tué son génie, il y aurait eu alors une littérature de femme, une poésie de femme, une musique, une peinture, une sculpture de femme ; en regard et à l’égal du génie de l’homme, se fut élevé le génie de la femme avec le caractère qui lui est propre, et les deux sexes auraient pu s’admirer et se charmer réciproquement. »
« La prétendue supériorité de l’homme sur la femme et la despotique autorité qu’il s’arroge sur elle ont la même origine que la domination de la noblesse. »
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Pour conclure...
Le correspondant du "Times" anglais écrivait pendant la Commune de Paris :
« Si la nation française ne se composait que de femmes, quelle terrible nation ce serait ».