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Quand l’extrême droite petite bourgeoise fasciste et intégriste catholique gouvernait Paris…

vendredi 19 avril 2019, par Robert Paris

La première journée insurrectionnelle de Paris

Le duc de Guise acclamé dans Paris insurgé

Quand l’extrême droite petite bourgeoise fasciste et intégriste catholique gouvernait Paris…

Nous ne parlons pas ici de l’extrême droite pétainiste mais de l’extrême droite guisarde, celle favorable au pouvoir sur la France du duc de Guise et de la petite bourgeoisie parisienne des années 1570, suite à la première contre-révolution de la Saint Barthélemy. En 1588, la société secrète dite Ligue Catholique, dite aussi Sainte Union ou Sainte Ligue, assistée des bourgeois parisiens dirigés par le Conseil des Sept, tous favorables au duc de Guise, suite à une insurrection à la fois hostiles contre le roi Henri III et le futur roi Henri de Navarre, gouverne Paris où le roi Henri III n’est plus qu’en résidence surveillée par la population organisée et en armes, dirigée par une extrême droite fasciste massacreuse de Protestants mais aussi violeuse et voleuse, dirigeant les catholiques d’une main de fer.

Il convient de savoir que, si à Paris, la bourgeoisie avait choisi le catholicisme, la force qui revendiquait les libertés bourgeoises, c’était pourtant... le protestantisme alors que le catholicisme étayait la féodalité et la royauté en France et en Europe. C’est l’une des raisons pour lesquelles le Paris bourgeois intégriste catholique sera celui de la contre-révolution...

La ville de Paris n’en est pas à son coup d’essai puisqu’elle a démontré son hostilité aux protestants en déclenchant le 24 août 1572, avec l’assentiment de la royauté et des nobles catholiques d’extrême droite, le massacre de la Saint Barthélemy, supprimant physiquement l’essentiel des Protestants de Paris avant d’étendre ce massacre au pays.

Début 1585, il y a une recrudescence de l’activisme religieux catholique d’extrême droite anti-protestants dans Paris. C’est un véritable soulèvement populaire qui commence et va durer plusieurs années. Il est dirigé par la « Ligue Catholique » ou « Sainte Ligue ». Il est soutenu par la bourgeoisie parisienne. Il va bientôt l’être par la majorité des petites gens de la capitale qui hurlent « vive la messe ! » dans les rues et s’en prennent violemment à tous ceux qui refusent de crier.

A l’été 1587, c’est une grande disette et des émeutes pour le pain. Paris est au bord de l’insurrection. Les pauvres processionnent dans les rues, ils deviennent la masse de manœuvre des curés. Certains jours, le peuple crie « aux armes ! » sur de faux bruits prétendant que les protestants attaquent… En octobre 1587, en perdant sa guerre contre l’armée d’Henri de Navarre et les protestants à Coutras, le roi Henri III perd le peu de crédit qui lui restait dans la population catholique de Paris. Le roi est accusé de jouer double jeu face aux protestants et de ne pas vouloir ou d’être incapable de les battre.

La crise économique s’est aggravée dans Paris et la bourgeoisie elle-même, prise à la gorge, ne veut plus payer l’impôt. Dans tout Paris, les ligueurs portent une écharpe avec la croix de Lorraine puisque les frères de Guise sont de Lorraine… Ils sont dirigés par « le conseil des Seize » qui organise ouvertement l’insurrection parisienne avec l’assentiment de la bourgeoisie, l’appui de la garde bourgeoise et celui des curés de Paris. La bourgeoisie ne veut pas elle-même prendre l’initiative d’une action militaire contre la garde et l’armée royale et compte sur l’armée de Guise qui tarde à venir. Les éléments du petit peuple sont eux aussi mobilisés, en particulier certaines corporations comme les crocheteurs, les bouchers, les mariniers, les clercs de l’Université.

Les bourgeois et petits bourgeois parisiens craignent que les trois Henris (le roi de France, le roi de Navarre et le duc de Guise) s’entendent sur leur dos. Il y a sans cesse des négociations entre eux et le peuple parisien peut servir dans ces négociations mais il peut aussi en faire les frais. Le petit peuple de Paris, qui suit des contre-révolutionnaires, croit aussi faire une révolution sociale et se bat également contre tous les maîtres, contre la misère, contre le mépris des seigneurs. Les curés ne cessent de mêler les deux dans leurs prêches de plus en plus enflammés et acclamés dans les églises par le petit peuple. La démagogie de l’extrême droite fasciste de la Ligue consiste justement à mêler cette révolution sociale qu’ils cultivent à la contre-révolution qu’ils souhaitent réellement.

Tous ceux qui sont accusés de ne pas aller à la messe sont attrapés et tués par les ligueurs et le peuple parisien chauffé à blanc, sous accusation d’hérésie. Les Parisiens croient la rumeur selon laquelle les Protestants voudraient faire une Saint Barthélemy à l’envers en pénétrant en masse discrètement Paris et en massacrant les Catholiques. Henri de Navarre est accusé de manipuler cette tentative de grand massacre des Catholiques dans Paris. Les insurgés parisiens croient ainsi se défendre en rejoignant les intégristes catholiques, le duc de Guise et la bourgeoisie parisienne. La Ligue attaque particulièrement les modérés, appelés « les politiques », qui refusent la division du pays, repoussent la guerre et la guerre civile, et prônent l’entente. A tout moment, dans les rues, on entend des habitants excités ou affolés, crier : « des Navarrais attaquent » ou s’en prendre à d’autres habitants, suspectés d’espionnage ou de religion protestante.

Les classes possédantes parisiennes se sont payées une garde bourgeoise en armes qui patrouille dans les rues, avec un encadrement de cette milice, des lieutenants, des colonels, et ces troupes bourgeoises doublent tous les postes tenus par l’armée royale. Ce n’est cependant pas une vraie armée et les bourgeois ne sont pas dupes de leur propre hardeur au combat contre le roi. Mais, dans Paris, le guet bourgeois va bientôt faire la loi grâce au soutien de masse de la population peu armée mais révoltée et organisée.

Une autre armée soutient la rébellion : celle des religieux de Paris, en particulier le réseau de tous les curés catholiques qui représentent une force considérable par leur poids sur les plus démunis et par l’argent dont ils disposent. Une tentative d’insurrection parisienne préparée par « la Sainte Ligue » contre Henri III a été déjouée par le roi, ce qui lui donne un répit de deux ans. Tout repart en 1587 sur la rumeur que le roi Henri III, méprisé et appelé « le bougre » par les Parisiens, va donner des droits aux Huguenots contre les catholiques.

La guerre civile intérieure recouvre aussi une guerre extérieure. Les protestants sont soutenus par l’Angleterre et par des princes allemands. De Guise et les catholiques sont soutenus par l’Espagne et la papauté. L’armée des reîtres protestants allemands, entrant en France pour combattre aux côtés d’Henri de Navarre, a été battue par l’armée anti-protestante de Guise

En février 1587, les ligueurs ont envisagé d’attaquer militairement le Louvre avec 500 hommes en armes mais le roi a renforcé la garde du palais et le complot s’est arrêté là.

A l’été 1587, les prédicateurs catholiques de Paris ont enflammé les parisiens contre le roi qui fait arrêter les curés plus séditieux, mais quand les archers du roi sont arrivés pour les arrêter, la foule les a défendus au point que la police a dû décamper et, devant la révolte, n’a pas pu envoyer d’autres troupes les arrêter. C’est l’« heureuse journée de Saint-Séverin » des parisiens, première défaite du roi Henri III mais pas la dernière ! Jean Boucher, curé de Saint-Séverin était l’un des prédicateurs de la Ligue les plus violemment hostiles aux Protestants et au roi que le roi voulait arrêter et que le peuple a libéré. Le peuple parisien l’acclame et se félicite de sa victoire qu’il appelle « la magnifique journée de Saint-Séverin » où il battu quatre mille soldats royaux !

A l’automne 1587, une tentative d’enlèvement du roi Henri III, menée par le duc d’Aumale pour la sainte Ligue, est déjouée par le roi.

En novembre 1587, la royauté a menacé le recteur de l’Université et fondateur de la Sainte Ligue pour avoir appelé publiquement le peuple parisien non seulement à s’attaquer aux Protestants et à leur dirigeant Henri de Navarre, candidat à venir pour la royauté, mais aussi à la révolte contre le roi Henri III, accusé de complicité avec les Huguenots. En réponse, le recteur sollicite des religieux catholiques intégristes pour assassiner le roi.

En fait, la parfaite entente entre religieux, bourgeois et guisards n’est pas totale. Le duc de Guise se méfie de l’insurrection bourgeoise et populaire de Paris, même si elle est dirigée par une extrême droite intégriste catholique. Il sait que s’il triomphe grâce à elle et devient roi, il devra étouffer cette révolte sociale car il est un roi féodal comme les autres. Il fait semblant de la cautionner sans oser se mouiller réellement et ouvertement à ses côtés.

Quant aux bourgeois parisiens, ils soutiennent Guise mais pas au point de prendre le risque d’attaquer des soldats de métier du roi Henri III et ils savent que la victoire de Guise pourrait signifier l’entrée dans la capitale de troupes de mercenaires, de soldats albanais ou des troupes du duc d’Aumale, toutes réputées pour leurs vols, viols et massacres. Les bourgeois pensent que Guise est réellement pour les catholiques et contre les protestants mais qu’il ne soutiendra pas leurs revendications, notamment concernant les impôts. Guise essaie de ne pas envoyer ses troupes rejoindre l’insurrection parisienne car il sait que c’est une révolution sociale qui tient Paris et qu’il lui faudra plus tard la combattre. Il souhaite faire pression sur Henri III, menacé par la révolution parisienne, pour qu’il le nomme lieutenant général du royaume et héritier naturel de la couronne à la place du véritable héritier naturel, selon la loi royale, Henri de Navarre qui, même s’il est protestant, est un Bourbon, et détient l’héritage de la couronne après Henri III de Valois.

Le 9 mai 1588, le duc de Guise décide de braver l’interdit du roi Henri III en entrant dans Paris, même s’il le fait sans son armée. C’est un coup dur pour le roi et un triomphe pour Guise qui est acclamé par le peuple de la capitale. Craignant la répression des forces armées royales, le peuple barricade et place des chaînes en travers des rues de toute la ville. Les troupes royales, les Suisses, les sergents d’armes sont entourés par des masses armées de toutes sortes d’ustensiles contondants, de piques, de barres de fer, de bâtons, de pavés, mais aussi de mousquets, des arquebuses et d’épées… Les curés et les moines, les clercs, quelques bourgeois sont sortis en armes et renforcent la milice bourgeoise. Mais c’est la masse du peuple qui va faire la différence face aux forces royales. Les Suisses sont entourés au pont Notre-Dame et massacrés. Le roi retire les autres troupes suisses de la ville et renonce à la répression, craignant être battu face à une telle insurrection.

Paris est partout hérissé de barricades et la masse du peuple les tient fermement. Le roi est enfermé dans sa forteresse du Louvre et entouré par des masses en révolte. Le roi s’enfuit du Louvre et quitte Paris qu’il laisse aux mains de Guise, en fait aux mains du Conseil de Seize de la bourgeoisie parisienne qui va désormais gouverner et mener le peuple d’une main de fer. Guise quitte lui aussi rapidement la capitale, car il sait bien, malgré sa popularité que la ville est tenue par la bourgeoisie au nom du peuple et de la religion catholique… Chacun pourra désormais voir que c’est bel et bien une extrême droite fasciste qui a pris le pouvoir à Paris.

Les « politiques » sont rapidement trouvés, arrêtés, emprisonnés ou assassinés. Les protestants, ou supposés tels, subissent à nouveau un massacre. En fait, nombre de jalousies, de haines se trouvent ainsi satisfaites et des commerçants ou artisans aisés sont pillés, leurs femmes et filles violées. Les bandes armées de la Ligue font la loi dans les rues. Sur simple dénonciation, sans jugement, sans autre forme de procès, on s’en prend à une maison, on y entre, on la pille, on viole, on tue, on torture. Le pillage menace tout le monde. Les riches qui le peuvent quittent la capitale. Les bourgeois parisiens ont désormais une crainte : être décapitalisés. Leur commerce ne vaudra plus rien si la royauté abandonne Paris comme capitale ! Paris a gagné mais n’a rien gagné puisque c’est la division du pays entre trois pouvoirs qui l’emporte : les trois Henris ont chacun une partie du pays et Paris est seul… Paris, plus affolé que jamais, s’enferme dans sa contre-révolution violente, s’en prend à des ennemis ou de faux ennemis. Quiconque essaie maintenant de quitter la capitale sans l’accord des Seize devient soupçonnable. Les milieux populaires, ayant perdu la boussole, voient la trahison et le diable partout ! La terreur n’est pas révolutionnaire mais contre-révolutionnaire. Les seuls qui sont protégés de la violence générale sont des seigneurs catholiques, armés et barricadés dans leurs châteaux.

Les bandes armées pillardes des guisards ne sont pas les seules à faire la loi par la terreur dans la capitale. C’est aussi le cas des bandes de religieux qui imposent à tout le monde des processions sans fin. Quiconque refuse d’y participer est mis à mort. Hommes, femmes, enfants, vieillards sont contraints de marcher des heures, de jour et de nuit, à marcher dans Paris, y compris dans la neige et le froid, pour proclamer la religion catholique.

La victoire de Paris n’aura finalement pas réussi eu duc de Guise qui meurt, assassiné par Henri III, à Blois. Elle n’aura pas réussi à la bourgeoisie qui n’a pas tiré les marrons du feu. Elle aura encore moins réussi au peuple parisien qui a vécu quelques années de véritable enfer…

Lorsqu’Henri de Navarre, devenu Henri IV, assiège la capitale, la population, fanatisée par les moines, tient quatre mois, en dépit d’une terrible famine (1590). En 1593, son abjuration amène la désorganisation de la Ligue et entraîne le ralliement de la majorité des catholiques.

La journée des barricades de 1588

Ce qui s’est passé à Paris en 1588 ou la commune contre-révolutionnaire

La Saint-Barthélemy

Paris sur sang, le 24 août 1572

La Ligue Catholique

Quand la Ligue établissait des listes de personnes à éliminer

La contre-révolution bourgeoise anti-protestante s’est aussi déroulée à Marseille en 1585-1588

La journée insurrectionnelle du 12 mai 1588

La crise de la Ligue catholique

Histoire de la Ligue par un de ses partisans

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