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Algérie et France : le peuple travailleur veut gouverner lui-même !

samedi 6 avril 2019, par Robert Paris

édito

Algérie et France : le peuple travailleur veut gouverner lui-même ! Pas plus en Algérie qu’en France ou ailleurs, le peuple souverain n’a pas besoin des élections politiciennes du système d’exploitation

Comme chacun sait, en France comme en Algérie, le peuple travailleur est dans la rue, conteste le pouvoir et met en cause non seulement le chef de l’Etat mais tout le système, y compris les classes possédantes, les profiteurs, mais encore les élections et les politiciens élus. Qu’ils partent tous, est un slogan mondial ! Et le peuple travailleur rajoute que c’est au peuple de gouverner ! Ce ne sont plus seulement des mouvements revendicatifs auxquels on assiste. Le peuple travailleur ne veut plus seulement être entendu des gouvernants et des élus. Il veut tout le pouvoir et les richesses. Le monde est entré dans une phase des révolutions (et des contre-révolutions).

C’est dans d’autres phases révolutionnaires que la notion de « peuple souverain » a été employée, notamment par le peuple français en révolution de 1789 à 1793 et elle signifiait que ce sont les petites gens qui ont le pouvoir et pas le système gouverné au service de l’infime minorité des classes possédantes. C’est le peuple travailleur, et pas les profiteurs, et pas l’Etat, a dit une nouvelle fois le peuple travailleur de Paris et de France en 1871, lors de la Commune. Il affichait alors le texte suivant :

« Citoyens,

Ne perdez pas de vue que les hommes qui vous serviront le mieux sont ceux que vous choisirez parmi vous, vivant votre vie, souffrant des mêmes maux. Défiez-vous autant des ambitieux que des parvenus ; les uns comme les autres ne consultent que leur propre intérêt et finissent toujours par se considérer comme indispensables. Défiez-vous également des parleurs, incapables de passer à l’action ; ils sacrifieront tout à un beau discours, à un effet oratoire ou à mot spirituel. Evitez également ceux que la fortune a trop favorisés, car trop rarement celui qui possède la fortune est disposé à regarder le travailleur comme un frère. Enfin, cherchez des hommes aux convictions sincères, des hommes du peuple, résolus, actifs, ayant un sens droit et une honnêteté reconnue. Portez vos préférences sur ceux qui ne brigueront pas vos suffrages ; le véritable mérite est modeste, et c’est aux électeurs à choisir leurs hommes, et non à ceux-ci de se présenter. Citoyens, Nous sommes convaincus que si vous tenez compte de ces observations, vous aurez enfin inauguré la véritable représentation populaire, vous aurez trouvé des mandataires qui ne se considèrent jamais comme vos maîtres. »

Aujourd’hui, le mouvement des Gilets jaunes en France a la même signification sociale et politique. Il ne se contente pas de mettre quelques revendications en avant, il veut changer tout le système social et politique. Il s’établit « en permanence » comme lors de la révolution française. Il s’organise pour refonder la démocratie et toute la société.

C’est aussi ce qui est remarquable dans le mouvement de masse de l’Algérie. Il est permanent. Il ne se contente pas de vouloir le départ du président ou des gouvernants. Il fait chuter tous ceux qui ont eu du pouvoir au sein du système.

A l’annonce de la démission du président Bouteflika, le chef d’Etat-major des armées d’Algérie s’étant glorifié d’avoir exigé cette démission, le peuple travailleur a annoncé vouloir aussi la démission de ce général, pourtant jusque là jamais cité dans les personnalités haïes des manifestants. Le peuple algérien exige en fait la démission de tous les généraux, de tous les chefs de partis politiques, de tous ceux qui ont gouverné. Sous la pression du peuple travailleur, les maires du parti FLN démissionnent en masse. Les syndicalistes exigent la démission du chef de l’UGTA, centrale syndicale du pouvoir. A l’annonce que de nouvelles élections présidentielles vont être organisées, le peuple a exigé des candidats de n’avoir jamais été élus ! Dès qu’un dirigeant politique, syndical ou social prétend se mettre à la tête de ce peuple, il est immédiatement dénoncé. Un ancien général et des chefs politiques ont été rapidement éjectés des manifestations. Les chefs intégristes religieux sont dans ce cas, ayant prétendu que les femmes ne devraient pas participer aux manifestations. Les manifestants ont répondu que les intégristes ne doivent plus y participer !

Le peuple travailleur ne se laisse dicter aucune revendication, aucune forme d’action, aucun dirigeant, aucune forme d’organisation, aucun avenir du pays. Il a récusé plusieurs fois des formes d’action dont il était la principale victime, comme les « villes mortes » avec fermetures des magasins, ou le blocage des transports des villes. Il a imposé que les transports servent à emmener les manifestants à Alger !

Le pouvoir est contraint non seulement à faire valser les anciens ministres, les anciens chefs des grandes sociétés, mais aussi à arrêter le patron du syndicat patronal, à bloquer tous ceux qui voudraient partir avec des valises d’argent ou faire sortir du pays des sommes colossales pour fuir la révolution !

Ce n’est pas seulement quelques gouvernants, c’est toute la classe possédante, tous les profiteurs du système qui sont mis en cause personnellement, et menacés. La peur a changé de camp ! Le peuple commence à faire tellement confiance dans sa propre force que jamais un tel climat de fraternité au sein du peuple n’a régné dans ce pays ! Les classes possédantes s’y entendaient tellement à semer la zizanie entre des fractions du peuple que ce dernier jouit clairement de ce nouveau climat incroyable dont il est le seul bâtisseur.

Tous pourris, tous dehors, tous interdits de sortir, tous arrêtés, leurs comptes surveillés ou confisqués, qu’ils rendent tous l’argent qu’ils ont volé au peuple, qu’ils rendent tout le pouvoir, clame le peuple travailleur d’Algérie massivement et festivement dans les rues !

Et, comme dans toutes les grandes révolutions, les aspirations populaires révolutionnaires ont un caractère universel. On imagine aisément les Gilets jaunes de France s’emparant de tels slogans !

En n’ayant encore aucun pouvoir politique reconnu dans le système, le peuple algérien a actuellement plus de pouvoir sur les gouvernants et les possédants que dans aucune prétendue démocratie, plus qu’en France par exemple !

Le système électoral n’est pas là pour permettre au peuple travailleur de s’exprimer et de participer aux décisions, mais, au contraire, de couvrir la dictature des classes possédantes, de détourner la colère populaire vers des voies de garage, de la tromper, de la diviser, d’empêcher le peuple travailleur de choisir réellement ses propres dirigeants, de s’exprimer véritablement, de décider lui-même.

Qu’il s’agisse de la future élection présidentielle algérienne ou des élections européennes en France, les peuples travailleurs n’ont rien à en attendre. Les systèmes électoraux ont été mis en place par les classes possédantes. Les média sont aux mains des classes possédantes. Les armées et les polices sont liées aux classes possédantes. Les syndicats y sont également liés. Dans ces conditions, une élection mise en place dans le cadre du pouvoir en place ne risque pas d’y changer quoi que ce soit. Les généraux n’ont pas été élus. Les chefs de la police non plus. les chefs des banques non plus, y compris les banques centrales et publiques. Les chefs de l’administration d’Etat non plus. Les dirigeants des grandes entreprises publiques, semi publiques et privées non plus. Les chefs des média non plus. Les préfets non plus. Les chefs religieux non plus.

Dans ce conditions, le vote qui est organisé n’exprime en rien les aspirations du peuple travailleur et ne peuvent pas l’exprimer. Le peuple ne peut se laisser tromper par de telles élections dans lesquelles ses propres candidats ne peuvent même pas apparaître, dans lesquelles ses propres aspirations ne peuvent même pas être mises aux voix.

On l’a bien vu en France où le pouvoir a organisé un « grand débat » pour que tout le monde puisse s’exprimer sans que s’exprime en réalité autre chose que la volonté du pouvoir de l’infime minorité de possédants. Il suffit de voir que toutes les attaques antisociales se poursuivent avec un gouvernement qui casse l’enseignement public, qui casse les retraites, qui casse la gériatrie publique, qui casse l’hôpital public, qui casse les transports publics, qui casse l’énergie publique, qui casse la recherche publique, etc.

En Algérie, si la classe possédante enrichie par l’argent du gaz et du pétrole est restée occulte, incapable d’officialiser ses vols et prévarications, le peuple travailleur ne supporte plus d’être pauvre dans un pays au riche sous-sol, ne supporte plus les vols des possédants qui se cachent derrière le pouvoir et blanchissent leurs profits illicites à l’étranger de manière mafieuse, ne supporte plus de vivre en miséreux, avec une jeunesse sans emplois, sans logements, sans avenir, sans santé, sans éducation, alors que la richesse sort du pays en masse.

Oui, les problèmes sociaux et politiques qui éclatent ainsi au grand jour sont de nature révolutionnaire et pas seulement de revendication sociale ou économique réformiste. Ils sont révolutionnaires parce que le peuple ne se laisse plus berner. Ils sont révolutionnaires parce que le peuple ne veut plus revenir dans le rang. Ils sont révolutionnaires, surtout, parce que les classes possédantes ne peuvent plus gouverner comme avant et ne peuvent plus non plus gouverner face à un tel mouvement de masse. La situation est bloquée et les classes possédantes s’interrogent même : est-ce qu’une répression sanglante calmerait le peuple ou le pousserait au contraire vers l’insurrection et la prise du pouvoir ?

Les classes possédantes de France se posent la même question que celles d’Algérie, et toutes deux hésitent sur la réponse répressive à donner…

Devant la profondeur du mouvement, il est clair que la base même des forces de répression pourrait basculer si la répression devenait violente. Il n’a pas été facile au gouvernement français de faire cesser la contestation des policiers du rang. Il n’a pas été facile au gouvernement français d’annoncer que l’armée participait au maintien de l’ordre et nombre de soldats s’y sont refusés, dont ceux de la « force Sentinelle ». Il a fallu faire appel aux légionnaires !

Si la répression en France devenait sanglante, les classes possédantes ne sont pas sures de leurs troupes. Elles se demandent si elles ne feraient pas basculer la classe ouvrière des grandes entreprises, elle qui n’a pour l’instant manifesté que des sympathies passives, notamment du fait de l’hostilité des syndicats aux Gilets jaunes et à toute révolution sociale.

Plusieurs fois, des mouvements prolétariens en France ont faillit basculer en faveur des Gilets jaunes et les syndicats ont œuvré pour l’éviter. C’est le cas des hôpitaux, de la psychiatrie, des Ephad, des cheminots, des entreprises qui licencient ou qui ferment, ou encore des enseignants. Mais, à chaque fois, se sont manifestés aussi des travailleurs qui appelaient à rejoindre les Gilets jaunes, à s’insurger en somme, au lieu de rejoindre bien sagement les journées d’inaction des fédérations syndicales.

En Algérie, ce sont tous les cadres qui enfermaient les mouvements sociaux qui ont explosé, les partis politiques, les élus, les pouvoirs nationaux et locaux, les syndicats. Bien sûr, certains essaient de reconstruire un nouveau cadre réformiste à grande vitesse. Rien ne dit qu’ils y parviendront.

A un moment ou à un autre, se posera pour le pouvoir la nécessité d’en finir avec le soulèvement du peuple qui se considère comme souverain. Ou le pouvoir du peuple travailleur ou celui de l’infime minorité des possédants, les deux ne peuvent coexister durablement. Le double pouvoir, cela n’a qu’un temps ! L’armée algérienne, pas plus que l’armée française d’ailleurs, ne peut laisser son encadrement être discrédité, être dissous, et d’autant moins qu’en Algérie le pouvoir d’Etat est la source des revenus et prébendes !

Pour gouverner lui-même, le peuple travailleur va devoir s’organiser en masses, en assemblées, en comités, en coordinations, en conseils, dans les quartiers et les entreprises.

Face à l’Etat des classes possédantes, il va devoir mettre en place son propre Etat, celui des exploités et des opprimés, ses formes d’organisation de masse ne peuvent qu’être les embryons d’un tel pouvoir du peuple travailleur.

Il n’y a pas d’autre véritable démocratie à espérer d’aucune réforme constitutionnelle ou électorale, politicienne ou administrative, d’aucune modification de pure forme du pouvoir.

Il n’y a pas de raison de penser que les forces de répression accepteront éternellement d’être remises en cause par le soulèvement permanent du peuple travailleur.

L’affrontement violent sera, un jour ou l’autre, mis à l’ordre du jour par les généraux et ces derniers estimeront alors qu’au soulèvement, qu’à l’insurrection, qu’à la révolution sociale, ils ont la légitimité d’opposer la répression sanglante, la terreur blanche, la répression de masse. L’armée algérienne l’a déjà pratiquée. L’armée française l’a pratiquée en Algérie ou dans les guerres extérieures. Mais, comme le disaient Hollande et Valls, même masquées par le but prétendu de l’antiterrorisme, les guerres extérieures ont les mêmes que la guerre intérieure, c’est-à-dire une guerre des possédants contre les peuples.

Les possédants nous ont déclaré la guerre ! Plus tôt, nous nous organiserons en masse pour y répondre, moins elle sera violente. Si nous sommes organisés en comités, nous pouvons appeler la base des petits soldats et de la police à s’organiser eux aussi eet à ne plus obéir à leur encadrement.

Une seule solution l’organisation révolutionnaire de masse du peuple travailleur ! Une seule solution, la révolution sociale au pouvoir ! Voilà ce qui peut non seulement offrir une solution face au capitalisme en voie d’effondrement final mais aussi offrir un avenir à l’humanité pour en finir avec le pouvoir du un pourcent de profiteurs et d’assassins !

Certes, les exploités et les opprimés pâtissent d’années pendant lesquelles ils n’ont jamais donné leur avis, jamais été organisés par eux-mêmes, n’ont jamais décidé de rien, n’ont jamais discuté de leurs propres perspectives sociales et politiques et les peuples travailleurs du monde tirent à toute vitesse des leçons politiques de situations déstabilisées des gouvernants capitalistes. Il faut mettre les bouchées doubles et nous préparer au gouvernement révolutionnaire du peuple travailleur. La seule alternative c’est cela ou l’armée sanguinaire et fasciste au pouvoir. Le choix est clair !

Messages

  • Dans les rues d’Alger, les manifestants scandent : « Ils doivent tous partir ! »

  • Manifestation en Algérie : « Son Excellence le peuple vous dit : partez tous ! »

  • Assez des pantins politiciens corrompus par les classes possédantes, gouvernons-nous nous-mêmes !

  • Algérie-France : encore un point commun des deux mouvements de lutte à la fois sociale et politique, démocratique et antisystème, une révolte sans leadership qui refuse tous les encadrements, toutes les autorités et toutes les institutions !!!

  • Les gouvernants se protègent entre eux…

    Cahuzac a été condamné à de la prison ferme mais il n’ira pas en prison…

    Il n’a même pas été jugé pour l’essentiel : son délit de corruption en tant que ministre avec les labos pharmaceutiques !!!

  • Après plus de trois mois de contestation populaire, le chef de l’Etat soudanais Omar Al-Bachir, au pouvoir depuis trente ans, a été déposé par les forces armées du pays et arrêté jeudi 11 avril. Ce coup d’Etat, qui a abouti à la mise en place d’une junte militaire à la tête du pays, ne présente toutefois à ce stade aucune garantie de succès puisque le peuple n’a nullement l’intention de s’en satisfaire !!!

    Le conseil militaire a en effet annoncé une période transitoire de deux longues années sans qu’aucune élection ne soit prévue, ni que le rétablissement de droits élémentaires ne soit annoncé. Au contraire, un nouvel état d’urgence est mis en place pour trois mois.

    Ce sont des personnalités qui étaient au cœur du régime, et même très proches d’Omar Al-Bachir, qui arrivent sur le devant de la scène. De manière schématique, le conseil militaire mis en place est en train de faire du Al-Bachir sans Al-Bachir.

    Comme en Algérie, Ben Salah c’est du Bouteflika sans Bouteflika !!!

  • Le gouvernement fait semblant de s’interroger sur l’attitude du procureur de Nice qui a menti sciemment dans l’affaire de la manifestante septuagénaire violemment bousculée. Geneviève Legay, âgée de 73 ans, a eu plusieurs côtes cassées et des fractures au crâne, lors d’une charge de policiers pour disperser une manifestation interdite de "gilets jaunes" à Nice le 23 mars. Le procureur avait indiqué le 29 mars qu’elle avait été poussée par un fonctionnaire de police, contrairement à ses premières déclarations.

  • Bonjour,
    Nous vous annonçons la parution du nouveau numéro de la revue Courant Alternatif réalisé par les camarades de Lille et Boulogne-sur-mer :
    La mouette enragée
    Cordialement

  • Macron compte sur l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris pour changer d’actualités et mettre la révolte des plus démunis hors du champ médiatique !!! Il peut ainsi se positionner comme défenseur du culte catholique, défenseur du patrimoine, mobilisateur des milliardaires et du bon peuple pour aider à la reconstruction et prétendre que le reste passe après !!!

  • Au Soudan, les femmes à la pointe de la révolte : « On ne veut pas juste changer ce dictateur, on veut changer le monde »

    Lire ici

  • Les annonces non faites par Macron sous prétexte d’incendie ne convainquent pas les plus démunis. Le chef de l’état promettrait paraît-il de baisser l’impôt sur le revenu des "classes moyennes", de permettre des référendums d’initiative citoyenne à l’échelle locale mais pas nationale, de ré-indexer les retraites inférieures à 2 000 euros sur l’inflation mais sans rattrapage ou encore de ne pas fermer d’hôpital ni d’école d’ici la fin de son mandat, mais sans embauches de personnels.

  • On remarquera seulement comment les centaines de millions d’euros vont apparaître, comme par miracle, pour sauver Notre-Dame et qui n’existaient prétendument pas pour sauver les plus démunis qui crèvent !!!

  • Le président et ses deux frères emprisonnés, d’autres chefs aussi, le peuple veut toujurs gouverner !!!

  • Le secrétaire général de l’UGTA, syndicat du pouvoir, Abdelmadjid Sidi Saïd est considéré comme une figure du régime en train de s’effriter en Algérie. Un millier de syndicalistes ont en effet réclamé ce mercredi à Alger le départ du patron de l’UGTA, principale centrale syndicale d’Algérie. « Ils lui reprochent ses liens avec le clan d’Abdelaziz Bouteflika, chassé du pouvoir début avril par une contestation inédite », a constaté un photographe de l’AFP. Les manifestants se sont rassemblés devant le siège de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) pour exiger son départ. « Sidi Saïd, dégage », « Sidi Saïd fait partie de la mafia » au pouvoir, « Libérez le syndicat », pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les manifestants qui scandaient : « Vingt ans, ça suffit. »

  • « Barakat ce système ! », « Le peuple veut qu’ils partent tous ! » clament les Algériens à Alger, Oran, Constantine et Annaba après la démission annoncée de Bensalah, le remplaçant de Bouteflika. « Feniche, Belaiz : kif kif ! » clament-ils après la nomination de Feniche comme remplaçant de Bensalah !

    « Toutes les options restent ouvertes pour trouver une solution à la crise dans les meilleurs délais », a néanmoins souligné cette semaine le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée.

    Sauf que le peuple réclame aussi le départ du chef d’état-major et de toute la haute hiérarchie.

  • Le gilet jaune est durablement international !

    Des Libyens en gilets jaunes ont manifesté le 19 avril à Tripoli contre l’offensive menée depuis le 4 avril par le maréchal Haftar. Arborant des gilets jaunes, ils accusent le gouvernement de France de soutenir l’homme fort de l’Est libyen.

    Des gilets jaunes sur la place des Martyrs de Tripoli : en Libye, quelques milliers de personnes, certaines vêtues du célèbre vêtement fluorescent, ont manifesté, le 19 avril, pour dénoncer l’offensive militaire du maréchal Khalifa Haftar et le rôle de la France, qu’ils accusent de le soutenir. Sur l’emblématique esplanade de la capitale libyenne, des points jaunes constellent la masse vert-rouge-noir des drapeaux libyens, de toutes tailles, brandis par les manifestants.

  • Après Bouteflika, c’est le président du Conseil constitutionnel Tayeb Belaiz, une autre figure du régime, qui a remis sa démission au chef de l’État par intérim face à la pression de la rue. Il fait partie des personnes très proche du président démissionnaire, tout comme le premier ministre Noureddine Bedoui et le chef de l’État par intérim Abdelkader Bensalah.

  • En Indonésie, aussi, le peuple travailleur exprime sa révolte dans les urnes en élisant Jokowi, de famille pauvre et accusé de communisme, qui l’emporte contre Prabowo le multimillionnaire et général de la dictature

    Bien entendu, il faudra autre chose qu’un vote pour en finir avec la dictature en Indonésie !!!

  • En scandant : « Nous nous sommes réveillés et vous allez payer ! », le peuple algérien exprime sa volonté politique de ne plus être gouverné par les exploiteurs et de gouverner lui-même !

  • Le mouvement de contestation populaire, sans précédent, estime que l’appareil hérité du président déchu ne peut garantir un scrutin libre et équitable pour lui désigner un successeur. Et il réclame ainsi le départ de l’ensemble des figures du « système » au pouvoir, en tête desquels Abdelkader Bensalah et le Premier ministre Noureddine Bedoui.

    Le général Gaïd Salah, chef d’Etat-Major des armées a refusé de démissionner et a dénoncé le « rejet de toutes les initiatives et le boycott de toutes les démarches, y compris l’initiative de dialogue » proposée par Abdelkader Bensalah à l’opposition et la société civile.

  • En Algérie, non seulement le chaf d’Etat-Major général Gaïd Salah ne démissionne pas mais il a lancé une sévère mise en garde contre les chahuts populaires organisés à l’encontre des ministres en déplacement en province, ceux que le peuple travailleur appellent le "gouvernement de la honte" !

    Les tentatives de mettre en avant quelques boucs émissaires, des dirigeants politiques, sociaux ou économiques qui ont été démissionnés ou qui sont en état d’arrestation pour corruption, n’ont pas trompé la population : ce ne sont encore que des manœuvres du système, celui que le peuple conspue justement !

  • Un des slogans très repris est : "pas de demi révolution !"

    Le peuple algérien voit surtout dans l’actuelle campagne anticorruption un moyen pour le régime d’essayer de "diviser" le mouvement de contestation, tout en "réglant des comptes internes".

    Il faut remarquer que désormais les forces de l’ordre sont très présentes et bloquent les manifestations. Pour préserver le caractère pacifique de la mobilisation, des hommes et des femmes vêtus de gilets oranges sur lesquels est écrit “Silmiya” (pacifique) se mettent entre les manifestants et les forces de l’ordre afin d’éviter l’affrontement.

    Cela ne signifie pas que le haut encadrement va toujours estimer qu’il n’est pas souhaitable d’aller à l’affrontement. En effet, c’est son propre rôle dans l’économie et dans la politique du pays qui est fondamentalement mis en cause.

    Il est indispensable que le peuple travailleur en appelle aux petits soldats et à la base de la police, qu’il les appelle à s’organiser démocratiquement, de manière indépendante de la hiérarchie et les appelle à refuser toute tentative de répression sanglante !

  • Pour le chef d’état-major de l’armée algérienne et vice-président de la Défense, c’est « non ». Mardi, dans un discours prononcé en marge de l’une de ses traditionnelles visites sur le terrain, en l’occurrence à Constantine (nord-est du pays), le général Ahmed Gaïd Salah a opposé une fin de non-recevoir aux revendications des manifestants. Il ne partira pas et refuse que le peuple décide du mode d’élection du président !

  • Plusieurs indices laissent penser que les autorités algériennes veulent essayer de limiter la contestation, y compris en utilisant la force. Des mesures qui pourraient provoquer de la violence ou, au contraire, renforcer la mobilisation.

    Ce ne sont pas des phénomènes nouveaux en Algérie. Mais, la semaine du 15 avril, une série d’événements font craindre un tournant dans la réponse des autorités face au mouvement.

    Le vendredi précédent, des violences ont émaillé la manifestation d’Alger. Les secouristes bénévoles évoquent des dizaines de blessés, notamment à l’arme blanche. Dans la semaine, des manifestantes arrêtées dans la capitale ont déclaré qu’elles avaient été forcées à se dénuder dans un commissariat.

  • Coup de théâtre à Alger : le frère cadet du président déchu Abdelaziz Bouteflika, Saïd, a été arrêté ce samedi selon des médias locaux. Au même moment, plusieurs médias annoncent que les ex-patrons des services secrets, Mohamed Mediène et Bachir Tartag, ont eux aussi été arrêtés par les hommes du renseignement militaire.

    La télévision privée Ennahar précise même que les deux ex-gradés seront présentés ce dimanche devant la justice militaire. C’est un véritable séisme politique qui intervient comme une concrétisation des menaces du chef de l’armée, Ahmed Gaïd Salah, qui avait dénoncé dans un de ses discours la « bande » qui aurait usurpé le pouvoir présidentiel.

    C’est ainsi que l’armée essaie de sauver la dictature militaire : en sacrifiant quelques têtes !!!

  • Oui, le peuple veut gouverner lui-même et il commence à mettre son nez chaque jour plus dans les affaires, il revendique son contrôle sur les grands travaux, il affirme que c’est à lui de juger les généraux et les milliardaires, que c’est à lui de définir l’avenir du pays !!!

  • Toutes les opérations du pouvoir pour se recrédibiliser tombent à plat : il sacrifie ou fait semblant de sacrifier des pions du pouvoir, généraux ou milliardaires, apparatchiks divers, mais c’est pour mieux étayer la dictature et le système, et tout le monde le voit, tout le monde le sait, tout le monde le dit. Il fait traîner l’affaire en espérant que cela se tasse mais il sait aussi que cela ne suffira pas. La dictature militaire algérienne est dans l’impasse et pas seulement pour des raisons algéro-algériennes mais à cause de la crise mondiale du capitalisme qui entraîne tous les peuples vers de nouvelles révolutions sociales et politiques. Le peuple marocain, par exemple, a les yeux tournés vers la révolution algérienne et est entraîné, à la grande peur de l’ensemble des gouvernants qui ont toujours misé sur la haine entre algériens et marocains pour gouverner.

  • En Algérie comme au Soudan, le peuple travailleur persiste et signe : il veut gouverner lui-même et pas être "représenté" par de soi-disant chefs !!! Il veut un pouvoir civil et pas une dictature militaire ! Il veut la liberté des femmes, des travailleurs, des jeunes, de tous !!!

  • « Les hommes libres ne déclenchent pas la guerre, mais lorsqu’elle est déclenchée, ils peuvent se battre jusqu’à la victoire. » écrit John Steinbeck dans « Lune noire ».

    Emiliano Zapata :
    « Un peuple fort n’a pas besoin d’un homme fort. Un peuple travailleur est fort de sa propre organisation et pas parce qu’il obéit à un « homme fort » ou prétendu tel. »

  • En Algérie, le pouvoir continue ses manoeuvres et le peuple travailleur s’organise.

    Le chef d’état-major, d’habitude prolixe, n’a plus parlé en public depuis le 28 mai. Pour la première fois, ce jour-là, il avait ouvert la porte à l’idée d’un « dialogue » fait de « concessions mutuelles ». C’est « la seule voie permettant de sortir de la crise que traverse notre pays », avait-il indiqué. L’élection présidentielle du 4 juillet qu’il défendait jusqu’alors – tandis que la rue la rejetait avec constance – a été annulée par la Cour constitutionnelle, faute de candidats. Le scrutin a été repoussé à une date indéterminée, ouvrant une période de flou constitutionnel inédite.

    La société civile profite de ce vide pour pousser ses pions sur le terrain politique. Samedi, elle réunira ses trois « pôles » (les associations dissidentes, les organisations autorisées, les syndicats autonomes) ainsi que des collectifs religieux, pour une « conférence nationale pour une sortie de crise » qui devrait déboucher sur une feuille de route commune pour la transition.

  • En Algérie, les incarcérations d’ex-dirigeants n’ont pas calmé la rue... Le peuple veut gouverner lui-même !

    En France, le mouvement des Gilets jaunes est fatigué et manque de perspectives et d’organisation mais le mécontentement est toujours explosif... Le peuple veut gouverner lui-même !

    Au Soudan, la répression sanglante a été mise en oeuvre mais la mobilisation se maintient. Le peuple veut gouverner lui-même !

  • Seul le drapeau algérien sera toléré dans les manifestations, sous-entendant que le drapeau berbère ne l’est pas, a déclaré Gaïd Salah, actuel dictateur militaire de l’Algérie, qui mise sur l’opposition entre Kabyles et anti-Kabyles pour détourner l’explosion sociale et politique du peuple travailleur d’Algérie.

  • À des degrés divers, enseignants, postiers, employés du gaz, travailleurs des ports, employés des diverses administrations participent au mouvement.

    Depuis le début du soulèvement du 22 février, au sein des classes populaires, en particulier parmi les travailleurs, le mécontentement n’a cessé de croître du fait de conditions sociales dégradées et dégradantes, de l’absence de travail et de la modicité des salaires.

    Au plus haut moment charnière du soulèvement populaire, des dizaines d’entreprises ont été en proie aux grèves. Des milliers de travailleurs ont, en effet, débrayé dans de nombreuses sociétés. Durant tout les mois de mars et avril, des appels à la grève générale ont été lancés. Certes ces appels à une « grève générale » ont inégalement été suivis, mais ils ont été particulièrement entendus parmi les travailleurs algériens des entreprises productives publiques et privées, parmi les employés des administrations et des transports, les enseignants et les professeurs d’université et autres catégories professionnelles. De surcroît, outre l’éruption des grèves ouvrières massives, des protestations de chômeurs et des explosions de violence populaire ont surgi en divers endroits du pays : des alertes inquiétantes pour l’ordre établi. Des actions qui contrastent avec les manifestations politiques pacifiques. Qui plus est, des luttes puissantes et triomphantes axées sur les revendications salariales et les conditions de travail, contre les licenciements, contre la dictature de l’encadrement hiérarchique mafieux, la mainmise du syndicat d’Etat l’UGTA. Ces luttes revendicatives des travailleurs algériens ont constitué une ébauche d’autonomie ouvrière, une amorce d’auto-organisation.

    Dans la sidérurgie et les mines de fer, des milliers d’ouvriers ont mené de longues grèves. Grâce à leur détermination et leur mobilisation, ils ont obtenu d’importantes augmentations de salaire, une amélioration des conditions de travail. Revendications obtenues directement par la négociation avec la direction des entreprises, le syndicat étatique l’UGTA ayant été écarté.

    Dans le secteur de la sidérurgie, au cours du mois d’avril, plus de 70% des travailleurs des diverses mines de fer étaient en grève, générant des pertes considérables du chiffre d’affaires. Ces grèves ont permis d’arracher une augmentation du salaire de presque 10 000 dinars, des primes de rendement individuelles et collectives, des remboursements en cas d’accident de travail par l’assurance sociale. A Constantine, les travailleurs de l’entreprises des tracteurs agricoles (Etrag) se sont mis, à leur tour, en grève début avril. A Mostaganem, le port a été paralysé au cours du mois d’avril par la quasi-totalité des travailleurs portuaires. Ils ont exigé le congédiement du PDG, le renouvellement des contrats d’une catégorie de salariés précaires, l’augmentation des salaires de 20% avec un effet rétroactif à partir de janvier 2018. Revendications satisfaites dans leur intégralité. A Béjaïa, l’entreprise de confection Alcost a été également en proie à une grève engagée par les 720 ouvrières du secteur, au cri de « pas d’augmentation, pas de travail ! ».

    L’entreprise publique d’électroménager d’Oued Aïssi, Eniem, était également en grève. Au cri de « nous voulons le changement du système et non un changement dans le système », les deux mille travailleurs d’Eniem ont manifesté contre le régime et contre la direction de l’UGTA, dénoncé pour son inféodation au patronat.

    A Oran, les travailleurs de l’entreprise privée sidérurgique algéro-turque Tosyali, qui emploie 3 500 travailleurs dont 800 Turcs, se sont mis en grève pour leur «  permanisation  », autrement dit pour avoir un contrat à temps indéterminé. Ils ont peut-être été encouragés par la victoire des 1 100 agents communaux de la ville qui, après un mois de grève, ont obtenu une promesse de CDI.

    Les ouvrières d’une entreprise textile de la région de Béjaïa ont fait grève sans que les délégués UGTA y appellent. Le lendemain, le directeur a appelé toutes les travailleuses à reprendre leur poste, sous menace de sanction. Une majorité l’a fait, et c’est lorsque les travailleuses ont fait pression qu’elles ont obtenu le droit de faire deux jours de grève non consécutifs.

    En faisant grève au cours du mouvement, les travailleurs des ports d’Alger et de Bejaia ont aussi obtenu 26 % d’augmentation lors d’une grève récente. Naftal, l’unique distributeur de carburant, a dû lui aussi concéder des augmentations à ses salariés. Dans une autre entreprise textile, les travailleuses qui réclamaient une prime ont été reçues de manière odieuse par le directeur. Leur réponse a été  : «  Tu ne veux pas nous donner la prime, très bien. Maintenant, ce que nous voulons, c’est ta tête  ! Directeur dégage  !  » Elles ont eu gain de cause, le directeur a dû effectivement dégager.

    Dans la zone industrielle de Rouiba, près d’Alger, les travailleurs de plusieurs entreprises de l’agroalimentaire telles que Ramy, Pepsi-Cola, Coca-Cola ou LU ont répondu à la grève générale, malgré les pressions patronales.

    Les travailleurs de la SNVI, entreprise publique qui fabrique des engins et des camions dans le cadre de la société Sonacom, reprochent au pouvoir d’avoir fait péricliter le secteur public industriel au profit des multinationales et de riches hommes d’affaires algériens comme Haddad ou Tahkout. Ils reprochent au dirigeant de l’UGTA Sidi Saïd et aux pontes syndicaux locaux d’avoir été complices de ce bradage.

    Seule la menace de l’amplification des grèves des ouvriers a ébranlé le régime.

  • Les classes possédantes et le pouvoir font payer durement aux travailleurs leur participation à la révolte populaire : 700 travailleurs licenciés et des coupes sombres sur les salaires !!!

  • Le dictateur algérien en titre, Gaïd Salah, pour tenter de se banchir aux yeux de la révolte du peuple algérien, charge de tous les maux de l’Algérie la « bande » qui aurait prospéré sous Bouteflika, en collusion avec les renseignements militaires, quadrillant le pays pour mieux le piller. Il se pose lui-même, face à un telle « bande » et à la tête des forces armées, en rempart de l’intégrité et des intérêts de l’Algérie. Il lance une vaste purge qui, au nom de la lutte contre la corruption, frappe deux anciens Premiers ministres, des membres de leur gouvernement, de nombreux officiels et certains des hommes d’affaires les plus en vue du pays. Il prétend ainsi avoir répondu aux aspirations populaires de neutralisation de la « bande » et, cet objectif étant réalisé, il appelle au « retour progressif au calme ». Les manifestants dénoncent une manoeuvre à leurs yeux grossière, où Gaïd Salah se saisirait du Hirak pour régler ses comptes avec ses rivaux, sans rien amender de l’arbitraire militaire en vigueur.
    Nezzar, ministre de la Défense de 1990 à 1993, est convoqué comme témoin par la cour militaire de Blida, où il accrédite la thèse d’un « complot » ourdi par Mediene et Tartag. Il se retrouve pourtant, depuis le 6 août, inculpé lui aussi de « complot », ce qui justifie le lancement d’un mandat d’arrêt international, car il s’est dans l’intervalle réfugié en Espagne. Le retournement est spectaculaire de la part du régime algérien, qui avait soutenu Nezzar lors de la procédure ouverte contre lui en Suisse pour des « crimes de guerre » commis durant la « décennie noire ». Un tel retournement s’expliquerait par des attaques lancées, sur un compte twitter attribué à Nezzar, contre la personne même de Gaïd Salah. Il révèle en tout cas la virulence des tensions que cache l’unanimité de façade des « décideurs ».

  • A Alger, les manifestants clament :

    « le pouvoir se moque de nous, il ne comprend pas que la société a changé »

    « Pas d’élection avec la mafia ! »

    « Le préalable, c’est la libération des détenus. Ce sont toujours les mêmes qui sont au pouvoir. On est toujours dans un Etat militaire puisque c’est Gaïd Salah qui décide de la date de l’élection. »

    « Ecoute Gaïd, écoute Gaïd, Etat civil, pas militaire ! »

    « Je ne voterai pas pour la mafia, il faut qu’ils s’en aillent tous ! »

    « Ceux au pouvoir sont corrompus comme les autres. A bas cette élection : on veut le vrai changement ! »

  • L’armée algérienne bloque systématiquement les entrées de la capitale pour éviter le raz de marée final de la dictature et elle espère qu’en mettant en procès le frère de Boutef et les généraux les plus détestés, il sauvera la dictature mais le peuple algérien ne l’entend pas ainsi.. ;

    La manœuvre des nouvelles élections présidentielles est conspuée comme toutes les manœuvres du pouvoir militaire.

  • En Algérie, l’Ordre des avocats d’Alger, qui a signalé des atteintes aux droits de l’homme et confirmé son soutien aux manifestants, a menacé le 2 octobre de boycotter les audiences des détenus du hirak, le mouvement de contestation populaire.

  • Depuis la démission de l’ancien président Abdel Aziz Bouteflika, c’est l’armée qui est devenue la nouvelle cible des manifestants qui, chaque vendredi, scandent « Madanya, machi Aâskaria ! » (« Etat civil, jamais militaire ! »). Son rôle caché mais prééminent dans les affaires de la scène politique algérienne n’a jamais été un secret ; c’est d’ailleurs le chef d’état major, Ahmed Gaïd Salah, qui s’est positionné comme le « nouvel homme fort » du pays.

    Cette situation a fait paraître un nouveau clivage politique, dépassant le classique progressistes/conservateurs, quant à la place de l’armée dans le processus de transition. De fait, des appels au boycott ont été lancés par l’opposition et les militants dès l’annonce de la prochaine élection présidentielle prévue le décembre prochain. « On ne participera pas à des élections organisées par la mafia, ils seront seuls aux urnes ! », revendique Samy, étudiant oranais de 25 ans. « Si le Hirak [le mouvement, NDLR] doit prendre un an, qu’il prenne un an ! », ajoute-il.

    Sans surprise, la promesse de neutralité de l’armée exprimée par le général ce dimanche 29 septembre n’a pas été suffisante pour rassurer le peuple, ni à mobiliser l’opposition qui, quasi-unanimement, a décidé de ne pas participer aux prochaines élections.

  • En Algérie, il s’agit de la mobilisation la plus importante dans l’histoire du pays depuis sa lutte anticoloniale qui a abouti en 1962. Cette date coïncide également avec celle des manifestations du 4 octobre 1988, lorsque les Algériens sont sortis en masse dans la rue, malgré la répression, réclamer la fin du monopartisme et l’instauration d’une démocratie.

    Depuis la démission de l’ancien président Abdel Aziz Bouteflika, c’est l’armée qui est devenue la nouvelle cible des manifestants qui, chaque vendredi, scandent « Madanya, machi Aâskaria ! » (« Etat civil, jamais militaire ! »). Son rôle caché mais prééminent dans les affaires de la scène politique algérienne n’a jamais été un secret ; c’est d’ailleurs le chef d’état major, Ahmed Gaïd Salah, qui s’est positionné comme le « nouvel homme fort » du pays.

    Sans surprise, la promesse de neutralité de l’armée exprimée par le général ce dimanche 29 septembre n’a pas été suffisante pour rassurer le peuple, ni à mobiliser l’opposition qui, quasi-unanimement, a décidé de ne pas participer aux prochaines élections.

    C’est un jugement ébouriffant qui s’est déroulé à 60km d’Alger le 25 septembre dernier. Le tribunal militaire de Blida condamnait Saïd Bouteflika, le frère de l’ancien président algérien, ainsi que Mohamed Mediène, chef de service de renseignements de 1990 à 2015 et le général Athmane Tartag, son successeur, à quinze ans de prison ferme pour « atteinte à l’autorité de l’armée » et « complot contre l’autorité de l’Etat ». Jugés par concomitance, l’ancien ministre de la défense, le général Khaled Nezzar, son fils Lotfi et l’homme d’affaires Belhamdine Farid, actuellement en fuite en Espagne, ont été condamnés à vingt ans de prison. Bien qu’il s’agisse de figures du système Bouteflika, ces condamnations les concernant sont décriées comme étant des manœuvres politiciennes de l’armée dont l’objectif est créer un semblant de renouveau et discréditer ainsi les revendications du peuple.

    Par ailleurs, le régime en panique a procédé à l’arrestation d’une centaine d’individus, souvent de manière arbitraire : des militants, des étudiants ou de simples citoyens sont arrêtés chez eux, dans la rue ou dans les cafés, puis systématiquement placés en détention provisoire.

  • A 48 heures de l’ouverture de la campagne de la présidentielle prévue le 12 décembre, les Algériens étaient à nouveau massivement dans la rue vendredi pour dire non à un scrutin destiné selon eux à régénérer un "système" dont ils veulent se débarrasser.

  • En Algérie, la situation se tend à trois semaines de la présidentielle bidon imposée par le pouvoir et que le peuple travailleur ne reconnaît pas.

  • Le mouvement appelle maintenant à la grève générale mais l’essentiel est : qui la dirigera ? Si ce sont les appareils bureaucratiques, ce n’est pas un pas en avant mais un moyen de donner à ces appareils un rôle qu’ils n’ont pas eu jusque là !

  • La lutte la plus marquante à ce jour est celle, à Bejaia, des travailleurs de Numilog, une entreprise de logistique appartenant au plus riche des patrons d’Algérie, Issad Rebrab. C’est pour avoir tenté de créer un syndicat que des travailleurs ont été licenciés de Numilog par ce patron qui se prétend « démocrate ». Mal lui en a pris, car il a déclenché le conflit le plus marquant de cette période avec non seulement la mobilisation des travailleurs de l’entreprise, mais des manifestations, dont la dernière, lundi 21 septembre, a rassemblé dans les rues de Bejaia des travailleurs venus de différentes entre-prises de la région, ainsi que des centaines de jeunes.

  • Une semaine après la date annoncée pour la reprise du travail au niveau de l’Eniem, les travailleurs demeurent toujours dehors refusant de rejoindre les ateliers. Selon Mouloud Ould Oulhadj, porte-parole du syndicat d’entreprise, le refus de reprendre le travail continuera jusqu’à la satisfaction des deux principales revendications. À rappeler, à cet effet, que le départ du directeur général de l’entreprise et l’annulation du congé technique figuraient parmi les conditions posées par les 1 700 ouvriers avant de rejoindre les ateliers. À noter que la reprise prévue, dimanche dernier, n’a, finalement, pas eu lieu. Pourtant, le directeur, Djilali Mouazer, avait, dans une note, rassuré les travailleurs par des garanties données par les pouvoirs publics de trouver des solutions durables à l’Eniem. Les représentants des travailleurs, pour leur part, et selon les déclarations de leur porte-parole, Mouloud Ould Oulhadj, se mettaient du côté des travailleurs qui refusent de reprendre le travail avant la satisfaction des deux revendications en question. Le portail de l’entreprise était, ce jour-là, ouvert, mais les travailleurs ont préféré rester dehors en observant un grand rassemblement. Refusant d’être considéré comme l’initiateur de la grève, le syndicat d’entreprise assurait que, les travailleurs seuls, avaient décidé de la non-réponse du travail et cela avant la satisfaction des revendications précisant que personne n’empêche ceux qui veulent reprendre le travail. Ould Oulhadj répondait au directeur Djilali Mouazer qui a dans une note déconseillé au personnel de « répondre à toute forme de manipulation et de malveillance (des fois même externe à l’entreprise), source de perturbation, de déstabilisation et de ne pas verser dans la voie destructrice prônée par certains individus qui sont à la recherche de leurs propres intérêts créant un climat de clanisme et de haine à l’intérieur de l’entreprise ».

    Les 1 700 travailleurs ont été, pour rappel, mis en congé technique suite à des difficultés financières dues, selon le directeur général, au refus de la Banque extérieure d’Algérie (BEA) de débloquer la seconde partie des crédits destinés au financement des approvisionnements en pièces CKD et SKD. Mouazer a précisé que la même banque a déduit de l’entreprise la somme de 730 millions de dinars du montant du crédit de 1, 1 milliard de dinars octroyé en février de la même année avant l’expiration du délai de remboursement. Le premier responsable de l’Eniem a également fait savoir qu’un lot de marchandises importé par l’Eniem se trouve encore bloqué au niveau des douanes à cause de l’absence d’autorisation d’importation et d’exploitation de la matière première.

    Aussi, pour atténuer relativement l’impact de cette douloureuse décision, la direction de l’Eniem avait, pour rappel, mis en place une batterie de décisions comme le maintien des salaires de base, l’indemnité d’expérience professionnelle, les primes et les allocations familiales qui seront versées pendant la période du chômage technique.

    Les retenues mensuelles n’ont pas été effectuées sur les prêts sociaux contractés par les travailleurs, prêts sur les produits Eniem et les produits UC, avait précisé la note de la direction. Mais, vraisemblablement, le conflit risque de durer plus longtemps que prévu avec les conséquences induites sur la vie de l’entreprise.

  • Issad Rebrab, patron qui mondialise ses profits, licencie les travailleurs en lutte et piétine les droits syndicaux, et le licenciement aussi brutal qu’inadmissible de 196 ouvriers de Numilog rappellent à ceux qui occultent la question sociale dans le Hirak que les enjeux des classes sont là et que la bourgeoisie algérienne est née plutôt dans l’histoire de la prédation et non de la production et que son patriotisme est inversement proportionnel à ses profits.

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