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La bourgeoisie mondiale ne dit pas merci à Macron pour les gilets jaunes…

lundi 11 février 2019, par Robert Paris

Macron devrait entendre les signaux d’alarme dit celui-ci :

La bourgeoisie mondiale ne dit pas merci à Macron pour les gilets jaunes…

La presse bourgeoise dans le monde ne tarit pas d’insultes à l’égard des gilets jaunes de France. Les termes les plus orduriers et grossiers sont souvent employés sur ces pauvres qui se croient tout permis, sur ces chômeurs qui veulent être payés à ne rien faire, sur ces casseurs qui détruisent et ne sont pas arrêtés. Mais en France on fait moins de publicité au fait que la même presse détruit aussi Macron, lui qui l’a ramené en faisant la leçon au monde entier et n’est pas capable de ramener l’ordre, qui emploie la violence sans parvenir à arrêter le mouvement, lui qui recule, accorde des revendications en montrant ainsi sa faiblesse sans retrouver son autorité et sans prendre conscience qu’il devrait céder la place.

Si Macron et les médias français font semblant que le seul enjeu, par rapport à l’opinion mondiale, serait le risque de désaveu des investisseurs étrangers, la bourgeoisie mondiale, elle, y voit tout autre chose : un très mauvais exemple social, celui de prolétaires qui s’organisent eux-mêmes, ne se laissent mener par personne, ne respectent plus les institutions, refusent même de négocier avec elles, refusent de demander des autorisations de manifester et de se rassembler, mènent une action directe imprédictible et difficile à combattre, s’organisent non seulement pour décider et diriger dans leur lutte mais aussi pour bâtir une autre démocratie, celle des plus démunis.

Certes, Macron a cassé la plupart des rassemblements des ronds-points, mais le résultat a été un regroupement local et régional, avec la mise en place des comités et des assemblées, et leur coordination, avec des débats de plus en plus poussés et sérieux dans lesquels s’exprime un courant en faveur d’une autre société, d’un autre système, d’une autre démocratie et ce qui ressort ce n’est pas des revendications nationalistes, ethniques ou racistes, comme le prétend Macron, mais l’opposition frontale entre les riches et les pauvres, entre le 1% de milliardaires et les plus démunis, en somme le fossé de classe. Eh oui, ce qui déplait le plus à la bourgeoisie mondiale, c’est qu’il s’agit d’une reprise ouverte, publique, politique, des luttes de classes en France, c’est-à-dire dans l’un des pays impérialistes, pilier de l’ordre capitaliste dans le monde !
En France, certains voudraient faire croire que cette lutte se ramènerait aux manipulations conjointes de Le Pen et de Mélenchon, mais la bourgeoisie internationale ne tombe pas dans ce panneau national et politicien. Cette interprétation ne tient pas ! D’abord, ces deux politiciens jouent un jeu classique, même s’ils sont aux extrêmes de l’échiquier politicien. L’Italie montre bien que ces deux extrêmes restent dans l’ordre capitaliste, ne le menacent en rien, ne font que chercher à profiter sur le terrain des élections bourgeoises du mécontentement populaire. Mais, sur le fond, pas d’illusion possible.

Le Pen et Mélenchon vont bavarder gentiment à l’Elysée avec Macron alors que alors que celui-ci vient encore de réprimer violemment les manifestation et que les gilets jaunes se sont constamment refusés à discuter avec le pouvoir, faisant fortement pression sur les prétendus porte-paroles qui voulaient amener les gilets jaunes à négocier ou débattre avec celui-ci. Ils ne représentent en rien les gilets jaunes !

Le Pen et Mélenchon ne remettent pas en question la démocratie bourgeoise, ses bureaucraties, son appareil d’Etat, ses forces de l’ordre, son soutien aux milliardaires. Ils ne remettent pas en question l’impôt, les banquiers, les financiers, etc. Ils ne se proposent nullement de renverser l’ordre du pouvoir des milliardaires. Leurs partis amis d’Italie, de Grèce, de Hongrie et d’ailleurs qui parviennent au gouvernement ne nuisent en rien à l’ordre des milliardaires !

Non, le mouvement des gilets jaunes ne se contente nullement d’apporter de l’eau au moulin des partis de gauche de la gauche ou d’extrême droite ! Et la bourgeoisie mondiale craint autrement plus les gilets jaunes que ces politiciens démagogues.

Jamais Le Pen n’a déclaré vouloir soutenir l’augmentation du SMIC que revendiquent les gilets jaunes. Elle n’est même pas favorable au SMIC ! Le Pen essaie de faire le moins de déclarations possibles sur les gilets jaunes pour sauvegarder à la fois son image pour un certain nombre de gilets jaunes et son crédit dans la grande bourgeoisie !!!

Jamais Mélenchon n’a revendiqué une démocratie autre que bourgeoise. Jamais il n’a affirmé que la démocratie à la base des gilets jaunes allait remplacer la démocratie capitaliste ! Jamais il ne s’est démarqué, contrairement aux gilets jaunes, de tous les partis, associations et syndicats liés au pouvoir d’Etat. Il n’a cessé de vouloir rétablir le poids des appareils bureaucratiques des syndicats dans le mouvement !

Il y a parmi les gilets jaunes des gens qui votaient pour n’importe quel des partis ou pour aucun mais il n’y a même pas un comité des gilets jaunes qui affirme publiquement en soutenir un seul car il serait immédiatement combattu par le mouvement !

On a beaucoup glosé sur le fait que des gilets jaunes étaient des électeurs de Macron déçus, ou des électeurs de Le Pen et de Mélenchon, ou encore des gens liés à l’extrême gauche. Certains médias, comme récemment FranceInfo, ont fait de grands reportages montant en épingle la déclaration d’un gilet jaune d’extrême droite ou un affrontement physique entre manifestants d’extrême droite et d’extrême gauche. Mais tout cela n’a rien à voir avec la réalité du mouvement.

Quiconque a été dans des rassemblements des gilets jaunes sait qu’ils répètent constamment se refuser à tout soutien d’un parti politique ou de n’importe quelle organisation. Chacun sait que tous ceux qui ont voulu se dire leaders des gilets ont déclaré ne soutenir aucun parti politicien.

Bien sûr, la presse bourgeoise, théoricienne du « complot gilet jaune d’ultra droite », elle qui prétend sans cesse combattre « fake news » et « théories du complot » ne cesse de diffuser cette fake new là !!!

Non, les gilets jaunes ne sont pas des fascistes, ni des racistes, ni des nationalistes, ni des insoumis ! Non, ce sont des retraités, des femmes seules, des chômeurs, des salariés, des petites gens qui n’en peuvent plus et qui posent, sur tous les plans y compris le plan politique, la question sociale explosive : les riches ou les pauvres !!!

Et c’est bien cela qui inquiète la bourgeoisie mondiale qui aurait bien préféré un mouvement nationaliste, xénophobe, raciste et fasciste et qui voit bien que ce n’est pas le cas. Les peuples travailleurs du monde, eux aussi, ne s’y trompent pas : le nombre de pays dans lequel les plus démunis mettent eux aussi leurs gilets jaunes s’accroît sans cesse.

Et, partout dans le monde, le capitalisme en décrépitude, doit se préparer à un effondrement proche. Ses organismes financiers mondiaux ne cessent de l’alerter à ce propos comme ils viennent encore de le faire ces jours derniers ! Et, dans ces conditions, l’image d’un prolétariat de France qui ne baisse pas l’échine, qui ne se laisse pas opprimer, réprimer, écraser, est très mauvais, voire détestable, pour les classes possédantes du monde capitaliste car elle donne l’idée qu’une autre société est possible : celle dirigée par le peuple travailleur du monde !

Messages

  • Le FMI redoute une « tempête » économique... Christine Lagarde met en garde contre « les nuages qui s’accumulent »... « Nous n’avons aucune idée de ce que cela va donner et ce que nous savons, c’est que cela commence déjà à avoir un effet sur le commerce, sur les taux d’emprunt et sur les marchés ». « Quand il y a trop de nuages, il suffit d’un éclair pour déclencher la tempête », a averti M. Lagarde, qui a appelé les gouvernements à s’y préparer...

  • Et le soutien de l’opinion publique aux gilets jaunes est encore en hausse.... malgré toutes les campagnes de calomnies !!!

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    « Les Français ont l’impression d’être pris pour des imbéciles. À juste titre », lance par exemple Die Welt, quotidien conservateur allemand, qui estime également que « le gouvernement a commis plusieurs grosses erreurs », comme « en justifiant l’augmentation des taxes par la seule protection de l’environnement, bien que la majeure partie des recettes serve un objectif différent. »

    « Une atmosphère de guerre civile » reprend le très sérieux quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung.

    Financial Times, pour qui l’aveu du jeune président, qui avouait, le 14 novembre, n’avoir « pas réussi à réconcilier le peuple français avec ses dirigeants », est un « rare moment d’humilité » du chef de l’État.

    Pour la radio britannique BBC, le mouvement montre qu’Emmanuel Macron peine à « rétablir la confiance dans la démocratie parmi ceux qui se sentaient désabusés et détachés de la politique ». Pour le Times, le mouvement, décrit comme « tentaculaire et amorphe » et n’étant pas constitué des « manifestants habituels », est inédit. Pour le quotidien suisse, Le Soir, la France se trouve dans un « climat d’exaspération et d’écœurement ambiant » dans lequel « la moindre étincelle peut provoquer un incendie ».

  • Les gilets jaunes n’ont pas fait démissionner Macron et Philippe mais ils ont déjà fait démissionner Juppé !!!! Il a même été obligé de reconnaître que le peuple en avait marre que ce soient toujours les mêmes qui se servent !!!

  • D ailleurs au passage qui paye les frais de l organisation de cette mascarade de grand débat ?
    De l argent détourné qui pourrait servir au service public détourné pour une campagne de propagande....

  • Ce n’est pas une révolte passagère, mais le premier signal de craquement de l’empire capitaliste dans l’une des métropoles, pilier du système…

  • Le Pen, ce n’est pas elle les Gilets jaunes ! Le SMIC, elle ne sait même pas combien c’est et elle n’est pas réellement pour l’augmentation du SMIC que réclament unanimement les GJ !

    En novembre 2018, face à Bourdin, Marine Le Pen a une nouvelle fois réaffirmé son opposition à la hausse du SMIC.

    Marine Le Pen se trompe-t-elle quand elle évoque ce chiffre de « 36 euros » pour un salaire au smic ? Oui. En France, le smic horaire brut est fixé à 10,03 euros (7,72 euros net), soit un montant de 70,21 euros pour une journée de 7 heures de travail et 1521,22 euros brut mensuel, selon l’office statistique de l’Union européenne Eurostat.

    En revanche, la présidente du RN ne sort pas ce montant de nulle part. Ce chiffre de 36 euros correspond au coût horaire de la main-d’œuvre en France : c’est-à-dire à ce que coûte en moyenne un salarié à son employeur, rapporté au nombre d’heures effectivement travaillées. Selon des données d’Eurostat publiées en avril 2018, ce coût horaire moyen est estimé à 28,8 euros dans l’Union européenne (hors agriculture et administration publique et dans les entreprises de 10 salariés et plus) en 2017. Il varie de 4,9 euros pour la Bulgarie à 42,5 euros pour le Danemark.

    En outre, concernant le montant du smic en Bulgarie - le plus bas d’Europe parmi les pays qui ont un salaire minimum national - il s’élève à 286,33 euros brut par mois pour une semaine de 40 heures, selon Eurostat. Soit 1,65 euros, selon nos calculs (en rapportant le smic mensuel pour 40 heures de travail par mois).

    Marine Le Pen a réaffirmé un des éléments centraux de son programme : le refus de la hausse du SMIC – que touche pourtant les plus précaires des travailleurs. Marine le Pen se met ainsi en porte-à-faux avec l’une des revendications centrales formulées par le mouvement, l’"augmentation du smic à 1 300 euros net", réaffirmant une nouvelle fois que son "soutien" aux gilets jaunes n’est qu’une manière opportuniste de surfer sur la colère sociale en vue des prochaines élections européennes.

  • Marine Le Pen ne souhaite pas d’amnistie des Gilets jaunes. En effet, la plupart des condamnations des Gilets jaunes intègre des « chefs d’accusation » de supposées « violences contre les forces de l’ordre ». Dès lors, la président du RN se refuse à une amnistie des Gilets jaunes condamnés. Voilà qui en dit long sur les illusions de ceux des Gilets jaunes qui croient que Le Pen les soutient !!!

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