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Tous menacés ! Mais par qui ?

jeudi 5 juillet 2018, par Robert Paris

édito

Tous menacés, mais par qui ?

Ce qui est remarquable dans la période actuelle, c’est que la classe possédante cultive plutôt le stress collectif que l’optimisme. Elle a sans doute des raisons fondamentales pour le faire, parce que la bourgeoisie faisait exactement le contraire autrefois, y compris dans les périodes de crise comme en 1929 ou les périodes de guerre comme en 1914. « Tout va très bien madame la marquise » était plutôt le discours dominant alors qu’aujourd’hui gouvernants, politiciens comme média serinent journellement « tout va très mal ». Il doit y avoir une raison à cela…

Il faut dire que leur discours alarmiste pointe des dangers imaginaires ou sciemment exagérés et cachent ce qui nous menace réellement. Tous les jours, nous apprenons que nous allons griller du fait du réchauffement planétaire, que les espèces vivantes vont disparaître, que les migrants nous envahissent, que les terroristes sont à nos portes, qu’on n’y peut rien, qu’on fera tout pour l’empêcher mais qu’on n’y parviendra pas !!! On apprend également que tous les pays voisins sont des ennemis prêts à attaquer nos emplois et même notre sécurité, alors que dans le temps on nous disait exactement le contraire. On apprend ainsi que la Russie et la Chine menacent la paix du monde, alors que les mêmes auraient dit autrefois que l’on en avait fini avec l’affrontement Est-Ouest.

Mais le vrai danger, ce n’est pas les migrants, ce n’est pas les Roms, ce n’est pas les Coréens du nord, ce n’est pas les Iraniens, les Syriens, les Afghans, les Irakiens, les Pakistanais, ce n’est pas les Chinois, ce n’est pas les Russes, ce n’est pas les Musulmans, ce n’est pas les intégrismes ! Le danger pour le peuple russe, ce n’est pas les Caucasiens ! Le danger pour le peuple chinois, ce n’est pas les Ouighours ou les Tibétains ! Le danger pour le peuple américain, ce n’est pas les Mexicains ! Le danger pour le peuple algérien, ce n’est pas les Marocains ! Le danger pour les peuples africains, ce n’est pas les migrants du pays africain voisin !!! Le danger pour les peuples européens, ce n’est pas les migrants africains, maghrébins et orientaux !

Le danger le plus grave, ce n’est même pas les terroristes, ce n’est pas les jeunes de banlieue, ce n’est pas les petits délinquants, ce n’est pas les sans-papiers, ce n’est pas le black block, ce n’est pas les syndicats, ce n’est pas les cheminots, ce n’est pas les fonctionnaires !

Le danger, ce n’est pas l’Europe ni son éclatement ! Le danger, ce n’est pas l’Angleterre ni le Brexit ! Le danger, ce n’est pas tel ou tel gouvernant !

Le danger le plus mortel, ce n’est même pas la pollution, la destruction capitaliste de la planète, de nouveaux Tchernobyl et Fukushima, ce n’est même pas le réchauffement ou la glaciation, ce n’est même pas la destruction avancée des plantes et animaux, ce n’est pas le gaz carbonique !

Le vrai danger mortel, c’est que le capitalisme, ayant atteint ses limites, va chuter irrémédiablement en nous faisant chuter avec lui dans la barbarie, sans que nous ne nous soyons préparés à le remplacer, à renverser son pouvoir dictatorial, à nous organiser, nous prolétaires, en nouvelle classe dominante, à mettre en place une nouvelle société débarrassée de l’exploitation et de la propriété privée des capitaux et des entreprises.

Le danger mortel, c’est que la classe ouvrière soit placée sur la défensive, en s’accrochant à d’anciens droits et, du coup, à la situation ancienne du capitalisme, avant sa chute de 2007, et soit même complètement convaincue qu’elle n’est pas porteuse d’un autre avenir que le capitalisme ! Le danger mortel, c’est que le capitalisme nous noie avec lui ! C’est que la barbarie dans laquelle il est en train de basculer ne soit pas combattue par la révolution sociale, la classe potentiellement révolutionnaire étant muselée et désorganisée par ceux-là même qui prétendent défendre ses intérêts politiques et sociaux !

Le danger mortel, c’est que l’on parvienne à présenter les peuples travailleurs du monde comme les ennemis et les capitalistes prétendument nationaux comme les alliés !!! Le danger, c’est que l’on continue à faire croire aux travailleurs que le capitalisme peut être réformé alors que les capitaliste, eux, ne se préparent qu’à sa chute dans la prochaine crise financière ou dans la suivante !!!

Le danger, c’est que les travailleurs et les peuples se laissent embarquer dans les guerres et guerres civiles que nous préparent les classes possédantes, divisant ainsi la classe ouvrière entre Musulmans et non-Musulmans, entre jeunes et vieux, entre public et privé, entre CDI et CDD, en fixe et précaires, et on en passe…

Après la destruction de la Syrie, la classe dirigeante mondiale aimerait bien détourner la colère des peuples en affrontements pour et contre l’islam, pour et contre la Corée du Nord, ou en confrontation Est-Ouest, en guerre contre les migrants, en luttes fratricides entre Musulmans et non-Musulmans, entre population et jeunes de banlieues, etc.

Les réformistes politiques et syndicaux, y compris l’extrême gauche officielle, aimeraient bien cacher la véritable question : pourquoi subissons-nous actuellement la pire attaque antisociale et antidémocratique mondiale de toutes ces années ? Pour eux qui prétendent que nous allons vers une reprise économique, que le capitalisme se porte comme un charme, comment expliquer que le chômage de masse de se maintienne, que les banques s’attendent à s’écrouler, que les banques centrales soient au bout du rouleau, que les Etats se saignent aux quatre veines pour aider l’économie, pour pallier l’absence d’investissements productifs privés, qu’ils aident à coups de milliards le bâtiment, l’informatique, le médicament, les banques et on en passe, qu’ils prévoient de voler au profit des banques l’intégralité des comptes en banque, des épargnes et des assurances vie des particuliers, qu’ils prévoient de voler au profit des patrons l’intégralité de l’argent des salaires, des taxes et des impôts, tout cela aurait-il un sens si l’on n’allait pas vers un effondrement généralié de l’économie ?

Si l’économie capitaliste se portait comme un charme, connaissait une nouvelle ère de prospérité, pourquoi verrait-on le protectionnisme grandir partout, les accords internationaux du commerce et de l’industrie être déchirés, les grands regroupements internationaux comme l’Europe se casser sous l’action de forces centrifuges, pourquoi les grandes nations développeraient-elles les guerres, les bombardements, etc.

Et surtout pourquoi développeraient-elles des politiques qui visent à monter violemment les peuples les uns contre les autres, y compris en développant les haines intérieures entre groupes sociaux, raciaux, religieux ou ethniques dans chaque pays ? En pleine période d’expansion, pourquoi affoleraient-ils les peuples sur « l’envahissement des migrants » alors qu’ils profitent pleinement d’une nouvelle main d’œuvre exploitable et rentable ? Dans la vraie époque de montée de la prospérité, les mêmes auraient favorisé l’immigration, allant même chercher des candidats dans les pays d’origine. Ils auraient privilégié les commentaires selon lesquels l’immigration était un bienfait pour l’économie !

Au contraire, ils affolent les peuples par des discours à la Le Pen et les partis de ce type arrivent successivement au pouvoir en Europe : de la Hongrie à l’Ukraine et de l’Autriche à l’Italie et à l’Allemagne. L’anti-migrants est devenu le discours non seulement des extrêmes droites mais de tous les partis bourgeois classiques. Tous sont d’accord pour dresser une barrière armée autour de l’Europe, pour payer des centaines de millions et même des milliards pour mener une véritable guerre aux migrants, pour armer une police transnationale privée, la Frontex, pour tirer y compris sur les migrants sous prétexte de lutte contre le trafic d’êtres humaines et les passeurs. Bien entendu, tous ne tarissent pas en discours hypocrites selon lesquels ils font tout cela pour protéger la sécurité des migrants eux-mêmes. C’est sous ce prétexte qu’ils les matraquent, les gazent, les internent, les condamnent, les traitent comme des bandits et des terroristes, et montent les peuples contre les migrants !

Tout cela rappelle la montée fasciste dans le monde qui a précédé la deuxième guerre mondiale, quand tous les étrangers étaient pourchassés par la police et la mlilice.

C’est en termes de milices que le monde est en train de prospérer ! Milices ukrainiennes, milices françaises, milices grecques, milices roumaines ou hongroises, milices de toutes sortes et de tous pays, milices armées ou non, officielles ou non, assassinant de façon régulière ou pas. Et les forces régulières, elles aussi, n’ont jamais été aussi violentes partout dans le monde.

Tout cela témoigne que le capitalisme, loin de se préparer à se porter de mieux en mieux, se prépare au pire….

L’économie n’est pas relancée, les investissements productifs ne sont pas relancés, le bien-être des peuples ne s’accroît pas, le chômage de masse ne diminue pas, la précarité du travail ne diminue pas, le niveau de vie et la santé des peuples ne repartent pas à la hausse, la faim dans le monde ne décroît pas, etc, etc.

Et les menaces systémiques sont de plus en plus présentes. Elles ne touchent pas des pays secondaires comme la Grèce, mais les pays les plus centraux du capitalisme : USA, Europe, Japon, Russie et Chine. Elles ne menacent pas des sociétés, des trusts et des banques qui sont particulièrement frappées par des difficultés exceptionnelles mais l’ensemble de l’économie comme en 2007-2008. Toutes les banques sont menacées, même si les tests dits de stress annoncent des bons résultats, affirment que les fonds propres des banques sont suffisants, même si les Etats affirment garantir la sécurité des banques et des comptes des particuliers.

Et chacun reconnaît que le scénario de 2008, les banques centrales mettant tous leurs moyens financiers, sans limite, au service du sauvetage des « too big to fail », des entreprises dites systémiques parce que leur chute provoquerait en cascade la chute du capitalisme. Aujourd’hui, cela n’est plus possible parce que, après 2008, les banques centrales ont dû dépenser des sommes folles pour pallier à la défaillance générale, pour racheter les titres pourris, pour investir à la place des investisseurs, pour garantir les faillis, pour subventionner les trusts, etc.
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C’est pour cela que toute la préparation des classes possédantes consiste à développer la violence mondiale, à faire monter toutes les haines xénophobes, racistes, interreligieuses, fascistes de toutes sortes. Seule la guerre et le fascisme peuvent permettre de museler les montées révolutionnaires qui, partout comme dans le monde musulman, ne manqueront pas de suivre l’effondrement économique. Les Etats savent qu’ils ne seront pas suffisants pour bloquer les affrontements sociaux et ils commencent à préparer des forces spéciales, des milices, des groupes fascistes, des opinions publiques d’extrême droite, etc. Ils commencent à dresser la petite bourgeoisie contre la classe ouvrière, sous prétexte de dénigrer les fonctionnaires, les chômeurs, les cheminots, les « salariés privilégiés », les travailleurs immigrés, les Roms, les migrants.

Dans ces attaques, chaque travailleurs est appelé à penser que ce n’est pas lui qui est visé, tant qu’il n’est pas Rom, pas migrant, pas chômeur, pas retraité, pas cheminot, pas fonctionnaire, pas musulman !!!! Mais, en laissant la classe ouvrière s’affaiblir, se diviser, se faire attaquer violemment, on laisse s’installer une situation rendant difficile l’unité de classe des prolétaires, et handicapant la contre-offensive ouvrière à venir.

C’est cela le danger principal de la société actuelle et c’est le même aux quatre coins du monde !

Ce sont les classes possédantes capitalistes qui nous menacent de mort ! Ne nous trompons pas d’adversaire et de combat !

Messages

  • Je ne vois pas ce que pourrait y faire une révolution ! Les armes actuelles des impérialismes sont bien trop puissantes pour qu’on puisse renverser l’empire du capital !

  • pensez-donc ! Un empire qui reposerait seulement sur une supériorité militaire serait bien faible ! Toute l’histoire le démontre…

    Il suffit de citer les grands empires guerriers de l’Histoire qui ont succombé lorsqu’ils ont atteint leur sommet et ont commencé à chuter : empires hittite, chinois, mongol, maya, aztèque, assyrien, sumérien, cananéen, mésopotamien, arabe, ottoman, germain, perse, phénicien, égyptien, grec, romain et on en passe…

    Leur nom est même parfois effacé des mémoires comme Hurrites, Khurrites, Araméens, Akkadiens, Nabatéens, Parthes, Amorrites, et bien d’autres.

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