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Une tentative de coordination des luttes malgré les bureaucraties syndicales au Brésil

jeudi 5 juin 2008, par Robert Paris

Le Premier Congrès de Conlutas aura lieu en 2008
Diego Cruz
Le premier grand défi s’offrant à l’année 2008 sera le 1er Congrès de Conlutas, qui aura lieu en juillet prochain à Betim [ville moyenne de la périphérie de Belo Horizonte, dans l’Etat de Minas Gerais]. Au vu de la croissance que cette Coordination a connue sur la dernière période, l’on peut s’attendre à ce que ce congrès réunisse le double de délégués que lors du Conat [le Congrès National des Travailleurs des 5, 6 et 7 mai 2006 au cours duquel le regroupement Conlutas a été fondé]. Figureront à l’ordre du jour le nécessaire renforcement du regroupement et sa croissance ainsi que la lutte contre la bureaucratisation. Tout cela devra être fait en s’appuyant sur les militants de base appartenant aux différentes catégories d’adhérents et aux mouvements sociaux.
« Le regroupement Conlutas doit réaffirmer les principes qui l’ont fondé, c’est-à-dire avancer avec des politiques qui permettent la concrétisation de ces principes dans notre action quotidienne et faire avancer l’organisation en tant qu’instrument de la lutte de la classe ouvrière », affirme José Maria de Almeida, le camarade dit Zé Maria de la Coordination Nationale du regroupement. Le prochain congrès débattra et prendra alors des décisions sur la politique à suivre par le regroupement autant que sur l’organisation et le fonctionnement de celui-ci.
La lutte contre la bureaucratisation
Au-delà de la réaffirmation de la nécessité de lutter contre les réformes et la politique néolibérale du gouvernement Lula, le congrès de Betim aura comme tâche prioritaire celle de discuter de la bureaucratisation qui est en train de se produire dans les instances syndicales, ainsi que celle d’élaborer des plans pour combattre ce processus destructif et conduire l’ensemble des travailleurs concernés à participer aux décisions du syndicat.
C’est ainsi que pour défendre une démocratie ouvrière plus large, les militants de Conlutas devront se lancer dans la construction du regroupement par la base. La lutte contre la bureaucratisation est fondamentale pour la continuité et l’avancement de Conlutas en tant qu’alternative.
Le 1er Congrès aura également la lourde tâche de fortifier la structure de la Coordination et de dynamiser son fonctionnement quotidien, en précisant la relation que celle-ci entretient avec les Groupes de Travail et avec les structures régionales de Conlutas.
Principes
De la même manière, un internationalisme actif devra constituer une priorité pour la Coordination, clairement réaffirmée par les délégués. Les travailleurs ne parviendront à mettre en échec l’impérialisme que s’ils unissent leurs luttes dans une grande mobilisation internationale. Dans ce sens, le regroupement Conlutas appelle à une Rencontre Latino-américaine les 7 et 8 juillet prochain, à Betim également. Cette rencontre a déjà obtenu le soutien de la COB (Centrale Ouvrière Bolivienne), de Batay Ouvryie (Haïti) et de la Tendance Classiste et Combative (TCC) de l’Uruguay.
Un autre principe qui devra être réaffirmé par les délégués sera la défense du socialisme. Malgré le fait que celui-ci soit proclamé en principe par des partis de gauche, les syndicats et différents groupes appartenant aux mouvements sociaux ne peuvent, eux non plus, se soustraire à cet objectif, s’ils ne veulent pas risquer de voir leurs actions et perspectives très limitées par des luttes qui n’auraient comme perspective que des victoires passagères.
Appel à l’unité
Bien que le renforcement de Conlutas soit la première condition nécessaire dans l’actuel processus de réorganisation du mouvement, la Coordination doit avancer sans négliger l’appel qu’elle lance aux autres secteurs de lutte combatifs. Cela signifie en tout premier lieu un appel à l’Intersyndicale[l’opposition de gauche faite de secteurs dans et hors de la CUT, la Centrale Unique des Travailleurs] afin de travailler ensemble à la construction d’un nouveau regroupement de lutte capable d’avoir une influence sur les masses.
« Conlutas doit défendre l’unité de tous ceux qui veulent lutter et non « concilier » et, dans ce but, le regroupement doit défendre l’unité de toute la gauche qui s’oppose au gouvernement, parce que seule cette unité peut renforcer l’avancement de la lutte, l’organisation et la conscience des travailleurs », affirme Zé Maria.
Sur la scène de l’économie mondiale où pointent à l’horizon la fin d’un cycle d’expansion et une récession, le gouvernement doit attaquer toujours plus violemment les droits des travailleurs. La construction et le renforcement d’une alternative deviennent donc chaque jour plus urgents, et le 1er Congrès constituera le principal défi posé aux militants au cours de la prochaine période. (Trad. A l’Encontre)
(6 janvier 2008)

« Conlutas : une expérience qui doit pouvoir se développer »

Entretien avec Charles-André Udry par Diego Cruz.
Présentation par Agenda radical

Entre le 3 et le 6 juillet 2008 a eu lieu à Betim (Etat de Minas Gerais, Brésil), le premier Congrès de la Conlutas (Coordination Nationale de Luttes). 2850 délégués et déléguées s’y sont rendus, représentant 175 syndicats, des groupements d’étudiants et d’organisations populaires, ainsi que 320 observateurs et 75 invités provenant du Brésil, d’autres pays d’Amérique Latine, des Etats-Unis, d’Europe et d’Afrique.

Le Congrès a discuté démocratiquement et a approuvé une plateforme programmatique, un plan de lutte « contre le gouvernement néolibéral » de Lula. Il a également ratifié l’appel à l’unité avec l’Intersyndicale [opposition syndicale regroupant des organisations toujours membres de la CUT, la centrale officielle, et d’autres ayant quitté la CUT] pour la construction d’une nouvelle centrale syndicale et populaire. Toutes les thèses présentées et les résolutions adoptées peuvent être consultées, en langue portugaise, sur le site de la Conlutas : http://www.conlutas.org.br/

Le processus de réorganisation syndicale et l’expérience de la Conlutas dépassent les frontières brésiliennes, attirant l’attention de beaucoup de ceux qui mènent ailleurs des combats sociaux et politiques sur cette alternative en voie de construction. C’est le cas de Charles-André Udry, économiste, marxiste révolutionnaire provenant de Suisse, militant du Mouvement Pour le Socialisme (MPS), rédacteur de la revue La brèche et animateur des Editions page deux, qui a participé au Congrès en tant qu’invité.

Au cours des sessions du Congrès, il a été interviewé par Diego Cruz d’Opiniao Socialista (www.pstu.org/), organe de presse du Partido Socialista Dos Travalhadores Unificado (PSTU). Nous publions ci-dessous cet entretien. Le camarade y parle de la situation actuelle des luttes en Amérique Latine et de l’importance de l’expérience de la Conlutas dans le cadre de la réorganisation des travailleurs (Rédaction d’Agenda Radical).

Le siècle a commencé avec une grande explosion sociale dans toute l’Amérique Latine, au cours de laquelle plusieurs présidents ont été renversés. Comment évalues-tu la situation actuelle dans le continent ?

La fin des années 1990 et le début des années 2000 ont été une période de grandes luttes sociales et politiques en Amérique Latine. Le résultat politique a été l’apparition de deux nouveaux éléments. Le premier a été la capacité du mouvement social à renverser des gouvernements « constitutionnels », comme cela s’est passé en Argentine, en Bolivie et en Equateur, ce qui est un fait extraordinaire, un nouvel élément apparu dans l’histoire, depuis les années 1970. Ensuite il y a eu l’avènement de gouvernements qui se disent « progressistes » et qui ont suscité de grandes attentes chez beaucoup de gens. C’est le cas du gouvernement d’Evo Morales en Bolivie par exemple, qui est un produit indirect de la lutte, ou plutôt d’une combinaison entre les luttes des ouvriers, des paysans, des indigènes, des ex-ouvriers – mineurs pour l’essentiel – ainsi que de tous les gens qui n’avaient jamais été respectés par le pouvoir. Le problème est que ce gouvernement n’avait et n’a ni de programme, ni de forces politiques organisées pour diriger une lutte frontale en vue de renverser le pouvoir réel des transnationales. Il avait une vision linéaire d’une étape de transition très longue – théorisée par Alvaro Garcia Linara – plutôt que celle d’un changement radical. Il en va de même avec le gouvernement de Rafael Correa en Equateur, même si chaque cas a des spécificités.

Il y a également eu beaucoup d’attentes par rapport au gouvernement Lula. Néanmoins le bilan de ce gouvernement est qu’il a de fait été incapable de répondre aux besoins et aux espoirs du peuple de travailleurs. Le gouvernement Lula a pris deux types d’options : d’une part, il a fait d’extraordinaires concessions aux capitalistes et aux transnationales impérialistes ; d’autre part il a mis en œuvre le programme de la Banque Mondiale, c’est-à-dire d’un système d’assistentialisme social comme celui de la Bolsa Familia [aide donnée aux familles les plus pauvres] qui, comme des plans semblables en Uruguay, en Bolivie et en Argentine se « focalise » sur la pauvreté.

C’est un type de gouvernement qui neutralise l’unification de classe du peuple travailleur et qui n’exige pas de confrontation avec les classes dominantes, tout en cooptant les appareils syndicaux.

Mais je crois que cette période "progressiste" arrive à son terme. L’expectative qui existe à l’égard de ces gouvernements entre dans une phase de tension. Nous voyons cela, y compris dans le cas du Venezuela, avec l’augmentation du mécontentement social et le renforcement des luttes syndicales ouvrières.

En Equateur, cela se manifeste par exemple par le fait que le président de l’Assemblée constituante Alberto Acosta démissionne en disant « je ne veux plus continuer » parce que Correa ne remplit pas sa promesse d’un programme populaire. Cette critique est la même que celle de la CONAIE [Confédération des Nationalités Indigènes de l’Equateur] lorsqu’elle déclare « nous voulons contrôler la terre et le pétrole ».

Il faut bien comprendre que dans cette période la politique mise en œuvre par l’impérialisme est différente de celle qu’il impulsait traditionnellement. Actuellement l’impérialisme stimule des initiatives qui mobilisent certains secteurs sociaux afin de créer un maximum de confusion politique parmi les secteurs populaires. En Bolivie, par exemple, l’impérialisme utilise des secteurs de la bourgeoisie – pouvant disposer d’une base populaire – afin de susciter le chantage de la division du pays et pour affaiblir le gouvernement. Il s’agit donc d’une combinaison entre l’incapacité de procéder au changement et une contre-offensive de l’impérialisme qui ne prend pas, dans l’immédiat, des aspects militaires.

Par contre, en Colombie, dans le cadre du Plan Colombie, il y a une répression pure et dure, non seulement contre les FARC, mais aussi contre les syndicalistes et d’autres mouvements sociaux. La seule possibilité de riposte est que les forces politiques et sociales de la gauche radicale deviennent capables de susciter des mobilisations plus importantes, plus radicales, sans faire aucune concession.

Or, si nous faisons le bilan, nous voyons que depuis son accession au gouvernement, Lula a fait des concessions les unes après les autres, avec Meireles dans la Banque Centrale, avec le Ministère de l’agriculture. C’est comme s’il disait à l’impérialisme et à la grande bourgeoisie : « Soyez tranquilles, il n’y aura aucun problème, vous pouvez accumuler de l’argent avec les exportations, avec les dettes intérieure et extérieure », dont vous êtes les propriétaires.

Il est évident que pendant toute la période de Lula les banquiers et le capital financier ont engrangé plus de profits que jamais auparavant, beaucoup plus qu’avec Fernando Henrique Cardoso.

En Bolivie, la situation est différente : il s’agit d’un chantage avec une combinaison entre la pression du sous-impérialisme brésilien avec la Petrobras, et les transnationales, afin de trouver comment tirer plus de profits de l’extraction et de la transformation du pétrole, du gaz, du fer et des mines de manganèse.

Ces gouvernements « progressistes » ne mobilisent pas pour dire « nous voulons disposer de la souveraineté sur notre territoire ». Ils se limitent à faire des concessions et encore des concessions pour ne pas se confronter avec les entrepreneurs, les firmes transnationales.

Cela entraîne une contradiction, puisqu’il y a, d’un côté, le capital qui accumule des sommes importantes, un pouvoir de pression croissant et, de l’autre, un secteur populaire qui attendait un meilleur dénouement, mais qui ne l’a pas vu.

Il y a un secteur social qui reçoit des programmes sociaux pour survivre, et qui se transforme ainsi en une base socialo-politique clientéliste, passive, de ce gouvernement. Ces gouvernements ont neutralisé la capacité de certains de secteurs populaires de prendre leur avenir en main, de conquérir le statut de sujet d’un changement possible. C’est ainsi que l’assistentialisme a neutralisé les initiatives de fractions significatives du peuple travailleur, des masses laborieuses.

Quelle a été l’importance de la cooptation des directions syndicales dans ce processus ?

Je crois que nous nous trouvons dans une nouvelle période historique, aussi bien dans les pays impérialistes que dans ceux de la « périphérie ». Les transnationales, l’impérialisme, la bourgeoisie et les oligarchies des pays de la « périphérie » ont compris pendant les années 1980, et surtout 1990, qu’il était décisif d’affronter le mouvement syndical, mais pas de manière directe.

Un exemple concret : la CUT a son origine dans l’ABC pauliste [quartiers industriels de Sao Paulo], où se concentrent les grandes entreprises transnationales. Volkswagen, de l’Allemagne, par exemple, est une entreprise qui a une expérience de négociation et de cooptation permanente du sommet des directions syndicales, avec des ramifications pouvant « descendre » assez bas. En Allemagne, il existe depuis la Secondre guerre Mondiale un système qu’on appelle la « codécision » destiné à neutraliser le mouvement ouvrier. Ainsi, d’un côté on commence à faire l’expérience de la lutte, et, d’un autre côté, on participe à des négociations avec les directions d’entreprises qui ont de l’expérience dans le domaine de la cooptation et de la corruption.

Or, par exemple, à la fin des années 1980 et début 1990, beaucoup de cadres de la CUT ont participé à des cours de formation à la Fondation de la social-démocratie allemande (la Friedrich Ebert Stiftung), c’est là qu’ils apprenaient à faire un syndicalisme « civilisé », qui fait des propositions, qui est « positif ». Qui « dialogue ». Aujourd’hui, une grande partie de ces cadres est dans le gouvernement Lula ou dans des structures liées à ce dernier. Ils ont participé à des luttes dans le passé et ont été cooptés en tant que négociateurs professionnels par les grandes entreprises, ce qui les a éloignées de la base.

Ces militants syndicalistes professionnels discutent d’un accord avec les entreprises, et ensuite ils se disent : « comment faire un marketing pour vendre, pour présenter cet accord aux travailleurs ? »

C’est ce qu’on appelle un accord « win-win », gagnant-gagnant, comme si le capital et le travail pouvaient conclure un accord dans lequel les deux obtiendraient un résultat favorable, et cela est encore moins crédible dans la période présente. Ces « accords ; se font toujours sous la bannière du « il faut éviter le pire » ; ce qui implique une acceptation systématique du chantage patronal qui devient un mode de gestion entre ce dernier et les appareils syndicaux.

Ce système fonctionne de manière tripartite, c’est ce que j’appelle du « néocorporatisme », puisque ces accords sont conclus entre l’Etat, les transnationales ou les grandes firmes et les directions syndicales. Et cela se décline à tous les niveaux, aussi bien au niveau national (en termes de législation du travail, par exemple) qu’à celui des grandes entreprises. C’est la raison pour laquelle le gouvernement brésilien fait approuver des lois qui rendent plus difficiles la représentation syndicale de la base, puisque la législation syndicale ne donne une représentativité et un pouvoir contractuel qu’aux centrales, à leurs directions.

Il s’agit d’une intégration des directions syndicales dans le pouvoir politique bourgeois et dans le pouvoir économique du capital, une combinaison des deux. C’est ce qui a fait que, dans un intervalle de temps très court de vingt ans, les syndicats indépendants, surgis au cours des luttes des années 1980, se sont transformés d’instruments de lutte en instruments de contrôle des ouvriers pour le compte du capital.

C’est l’éclosion de nouveaux "pelegos" [expression populaire brésilienne pour désigner et insulter les membres des syndicats qui trahissaient leurs camarades en collaborant avec l’État fort], mais avec un visage de négociateurs et non comme représentants directs d’une dictature.

Ce sont des gens qui parlent de démocratie, de citoyenneté, de mouvements sociaux, de société civile et ainsi de suite. La seule chose dont ils ne parlent pas c’est de l’affrontement entre le Capital et le Travail, cette contradiction fondamentale qui possède un rôle moteur dans la société et ses évolutions.

Ils ne disent rien non plus sur la précarisation, sur la sous-traitance en cascade. Et ce n’est pas qu’au Brésil que l’on voit cette cooptation : il s’agit d’une tendance internationale, que l’on peut constater dans tous les pays. A des degrés divers et avec des formes plus ou moins spécifiques.

Le défi consiste donc à construire un nouveau type de syndicalisme qui organise également les travailleurs et travailleuses plus ou moins stables, les précarisé·e·s et, y compris, les étudiants, dont une partie sera les précarisé·e·s de demain.

Il est nécessaire que les salarié·e·s des grandes entreprises comme ceux la General Motors, pour prendre un exemple, fassent bloc avec des secteurs précarisés, avec les étudiants, qui sont la force de travail en formation, et avec les couches sociales les plus pauvres.

Nous devons réfléchir au rôle de la Conlutas en tant que structure organisatrice de ce bloc social. Cette question m’intéresse depuis longtemps. C’est un moment de reconstruction du nouveau mouvement ouvrier dans un cadre au sein duquel la puissance de l’impérialisme et des transnationales se fonde, pour « gérer la force de travail », pour l’exploiter, sur la mise en concurrence de tous les travailleurs du monde.

J’ai discuté avec des camarades de General Motors de Rio Grande do Sul. Il s’agit d’une entreprise transnationale qui reçu d’importants subsides étatiques, et qui aujourd’hui va invoquer les difficultés de la GM, entre autres aux Etats-Unis. Bien sûr, ils vont dire aux travailleurs : « Nous ne pouvons plus continuer avec ces salaires, avec ce rythme de travail, et nos devons licencier des centaines ouvriers, parce que nous subissons la concurrence des automobiles qui se fabriquent en Indonésie, en Malaisie, ou en Argentine ». La politique de l’impérialisme est de mettre en concurrence, en temps réel, la force de travail qui travaille dans la chaîne mondialisée de production.

En effet, General Motors, Volkswagen, Nisan-renault et beaucoup d’autres entreprises, constituent une chaîne mondialisée de production, avec des sous-traitants directs et indirects

Dès lors, l’internationalisme est un problème concret, immédiat. Dans quel sens ? Nous savons que dans les pays impérialistes il a fallu trente ans et plus au mouvement ouvrier – syndicale et politique –pour s’organiser à l’échelle nationale. Nous aurons également besoin de quelque 30 à 50 ans pour s’organiser à l’échelle internationale. C’est une bataille à niveau mondial entre le travail et le capital.

Par exemple, je crois que nous avons besoin de faire une campagne internationale qui réunisse toutes les forces pour le droit à un syndicalisme de classe indépendant et démocratique en Chine. Or, toutes les bureaucraties syndicales s’y opposent, avec la bénédiction des investisseurs transnationaux. Ces bureaucraties syndicales, comme tous les gouvernements et les grands médias font plutôt campagne internationale pour le Dalaï-lama à l’occasion des jeux olympiques ; nous devrions faire une campagne « pour la flamme olympique d’un syndicalisme indépendant de l’Etat, du Parti et démocratique en Chine » !

Pourquoi ne pourrions-nous pas faire une campagne pour ces travailleurs et travailleuses chinois qui travaillent quinze heures par jour et ne reçoivent qu’un salaire de moins de 60$ ? Il est décisif de faire une campagne pour le droit de travailler huit heures par jour et de recevoir un salaire digne en Chine. C’est ainsi que l’on crée un rapport de solidarité et non pas une réaction « protectionniste » facilitant la division des salarié·e·s.

Dans cette perspective, quels seraient les principaux défis pour le Congrès de la Conlutas ?

L’importance de la Conlutas réside dans le fait qu’elle exprime une expérience qui prend l’initiative de rompre avec l’inertie de la tradition. Je respecte tout le monde, y compris l’Intersyndicale, mais je ne pense pas qu’ils se rendent compte du changement qui est intervenu dans la morphologie de la force de travail. Ce qu’il faut c’est le bloc social dont j’ai parlé tout à l’heure. La Conlutas est aussi plus consciente de la nécessité de combiner les travailleurs des usines, les précarisés, les étudiants, et c’est pour cette raison qu’elle incarne l’expérience d’un nouveau mouvement collectif et démocratique de la force de travail, avec ses différences.

Il y a un autre fait qui me semble décisif : Conlutas est une organisation qui réunit beaucoup de travailleuses et travailleurs noirs ; une sensibilité se manifeste sur cette question d’une grande importance historique et actuelle. Le Brésil est un pays raciste, comme tous les pays, mais avec une histoire esclavagiste très forte, encore très présente, et donc où s’entrelacent, au sein des divers rapports sociaux, souvent de manière brutale, la racisation des rapports de classes et de sexes. Le racisme est donc une question très importante, et pas seulement du point de vue moral et éthique, comme certains le proclament.

Lorsqu’il y a une lutte entre le capital et le travail, la stratégie du capital, de la bureaucratie syndicale et de partis comme le PT, consiste soit à dénoncer un peu le racisme, de manière abstraite, soit à proclamer que cela n’existe pas, en utilisant tous les poncifs d’un « pays arc-en-ciel ».

Or, un fait m’a frappé : Conlutas est capable d’intégrer les Noirs, y compris au plan culturel, et de montrer qu’ils sont des sujets aussi bien au niveau culturel qu’à celui du travail et des luttes. Enfin, la Conlutas est une organisation qui ne se limite pas à discuter d’aspects économiques, mais qui aborde également la politique et la situation internationale.

Il est évident que nous ne pouvons pas confronter le capital mondialisé et continuer à maintenir la séparation traditionnelle entre le syndical et le politique. Tous les travailleurs et travailleuses ayant un certain niveau de conscience se posent des questions : Quelle est la politique de Lula ? Quelle est la politique de Kirschner ? Et celle d’Evo Morales ? Et quel est le résultat concret [de ces politiques] pour les travailleurs et travailleuses de ces pays ? Ce sont des choses qui doivent être discutées. On ne peut pas avoir une position élitiste où seulement les intellectuels de gauche discutent de la politique internationale.

Et la Conlutas commence à faire cela.

Tous les groupes politiques, tous les syndicalistes doivent apprendre de cette expérience. Ils peuvent émettre des critiques, avoir des désaccords. C’est normal. Mais, il s’agit d’une expérience qui n’est pas minuscule. Elle n’est pas massive, mais elle a une taille suffisante pour permettre de mener une réflexion collective, qui ne concerne pas juste quinze ou cent personnes, mais des dizaines de milliers. Si nous sommes matérialistes, nous pouvons voir que ceci représente un changement de l’expression combative de cette nouvelle morphologie du travail. Conlutas exprime la conscience la plus avancée de ce processus qui consiste à commencer à agir dans cette nouvelle période historique, avec un bloc social et politique visant à être internationalisé.

Au milieu du processus de construction de la Conlutas et de la préparation du Congrès, les courants MES et MTL [1] ont annoncé leur rupture avec ce projet. Quelle est ton opinion à ce sujet ?

J’ai lu leur déclaration. Pour utiliser un euphémisme, je crois qu’il est un peu irresponsable de casser un processus unificateur à deux semaines du Congrès. Je trouve que la réponse de la direction de Conlutas à l’intervention de la camarade Janira Rocha [2] – réponse favorable sur l’unification dans la Conlutas, l’Intersyndicale et le MTL – était très responsable. En résumé, le message était : « Oui, nous devons nous unifier, mais pour cela nous devons discuter, en acceptant le fonctionnement démocratique, en acceptant d’être une minorité dans un cadre où existe une majorité ».

On ne peut pas expliquer les divergences face à un processus comme Conlutas par le fait que le PSTU y est majoritaire. Le PSTU est un parti qui a un rôle décisif dans le processus de la Conlutas, qui prend des initiatives. Et il est évident que si une force politique a ce rôle dans la construction de la Conlutas, il est naturel qu’il ait une influence majoritaire.

Mais c’est justement pour cette raison que la responsabilité du PSTU est très importante. Il doit respecter vraiment les autres courants. Il est de la responsabilité de tous de permettre à cette expérience de Conlutas de se développer.

A mon avis cette expérience est dix fois plus importante que n’importe quelle expérience électorale. Actuellement la question principale pour le Brésil ce ne sont pas les prochaines élections étatiques ou municipales, ni même les élections présidentielles, qui certes ont leur importance conjoncturelle. C’est la création d’une organisation comme la Conlutas, combinée avec les développements positifs du MST et d’autres mouvements sociaux-politiques ; cela peut modifier les rapports de force à la base, dans les entreprises, dans les lieux de travail, avec des gens actifs, qui deviendront, peut-être, les sujets d’un changement à la racine.

Notes d’Agenda Radical

1. Udry se réfère au Movimiento de Esquerda Socialista (MES - Mouvement de Gauche Socialiste) et au Movimiento Terra Trabalho e Libertade (MTL - Mouvement Terre, Travail et Liberté), qui sont des tendances majoritaires dans la direction du Partido Socialismo e Libertade (PSOL). Les documents de rupture avec la Conlutas peuvent être consultés sur le site http://www.psol.org.br/nacional/sindical/

2. Cette syndicaliste de Rio de janeiro fait partie de la direction du MTL et elle a été chargée d’intervenir dans la session d’ouverture du Congrès de la Conlutas pour représenter la direction du PSOL.

(23 juillet 2008)

Entrevista a Zé María sobre el congreso de Conlutas

REDACCIÓN

"Será el mayor congreso de trabajadores de los últimos veinte años"

A pocos días del 1º Congreso de la Conlutas, la preparación en los estados sigue a todo vapor y ya va entrando en la recta final. Los primeros números muestran que ese congreso será un hito en la historia de la lucha dos trabajadores brasileños. Serán 770 delegaciones de todas las regiones del país. La organización del evento, cree que el número de delegados presentes puede llegar a 4.500.

Opinião Socialista (periódico del PSTU) conversó con José María de Almeida, Zé María, de la Coordinación Nacional de la Conlutas. Él habló sobre la preparación para el congreso y los próximos desafíos en la construcción de una alternativa de lucha para la clase trabajadora.

Opinião Socialista - ¿Cuál es el cuadro general de la preparación del Congreso de la Conlutas ?

Zé Maria - El congreso tendrá entre 4.00 y 4.500 delegados, además de unos 500 observadores. Será el mayor congreso de trabajadores de los últimos 20 años, desde el congreso de la CUT en 1988. Es un congreso en que participarán trabajadores y jóvenes de todo el país, que discutirán la situación nacional e internacional. Este evento va a preparar a la militancia en un plan común para las luchas que se desarrollarán en este segundo semestre, como las campañas salariales de diversos sectores. También va a preparar para la lucha contra el defasaje salarial y la inflación, que ha corroído los salarios de los trabajadores. Finalmente, será un gran congreso y un momento muy importante en la reorganización de la clase trabajadora.

¿Cuáles son los principales desafíos del congreso ?

ZM - En primer lugar, va a ser un momento importante en el proceso de fortalecimiento de la Conlutas como polo aglutinador de fuerzas. También va a hacer avanzar la propuesta de unificación con todos los sectores de lucha en una única alternativa. Para eso, la Coordinación Nacional de la Conlutas va a llevar al congreso una propuesta de resolución que abre el debate sobre formar una plataforma política común para la unificación con la Intersindical, como un esfuerzo para constituir una organización unitaria de lucha. Estos serán los principales debates y desafíos que estarán planteados en el congreso : el fortalecimiento de la Conlutas y la necesidad de hacer avanzar la unificación de los sectores combativos para superar la fragmentación de aquellos que se colocan en el campo de la lucha de los trabajadores.

Habla un poco sobre el Elac

ZM - Va a ser, seguramente, un encuentro histórico, reuniendo representantes de más de una decena de países en la solidaridad internacional de la lucha dos trabajadores. Es también parte de la perspectiva de organización que tiene la Conlutas, es decir, independiente, democrática e internacionalista.

Recientemente, la dirección del MTL anunció su roptura con la Conlutas. ¿Cómo se va a reflejar eso ?

ZM - Ese es un hecho lamentable que no ayuda en el proceso de reorganización de los trabajadores. Es evidente que esto va a perjudicar de cierta forma al congreso, ya que ese sector es responsable por entre el 5% y el 7% de los delegados electos. Sin embargo, esperamos que los compañeros reflexionen y vuelvan atrás. Es importante, también, destacar que todos los otros sectores del PSOL que venían construyendo la Conlutas continúan firmes en la preparación del congreso.

Debate sobre el ELAC y la Conlutas

REDACCIÓN

Pocos días antes de la realización del Congreso de la Conlutas de Brasil y del Encuentro Latinoamericano y Caribeño de Trabajadores (ELAC), dos corrientes internas de la Conlutas (el MTL y el MAS) rompieron con esta organización planteando cuestionamientos al carácter del ELAC y al papel del PSTU y de la LIT estarían jugando en él y también en la propia Conlutas. Reproducimos la respuesta de Eduardo Almeida (PSTU) y José Weil (LIT-CI), y la declaración de dos compañeros del MAS ecuatoriano sobre estos cuestionamientos.

Sobre la necesidad de unir a los que luchan

Eduardo Almeida, de la dirección nacional del PSTU,

y José Weil, de la Liga Internacional de los Trabajadores

En las vísperas de la realización del congreso de la Conlutas, fuimos sorprendidos con la ruptura de la corriente MTL[1], que junto con el MES[2] tiene un peso importante en la dirección del PSOL[3]. El MAS[4] (grupo de Santa Catarina) está también siguiendo al MTL. Felizmente, varios sectores do PSOL siguen construyendo la Conlutas.

Los motivos alegados indican una grave incomprensión de estas corrientes de la necesidad de organizaciones de frente único de los trabajadores, que incluyan una pluralidad de opiniones. Para ellos, o se tiene acuerdo integral con las posiciones de su partido, o no se puede construir la Conlutas. En el terreno latinoamericano, o se está de acuerdo con el gobierno Chávez o ni siquiera se puede realizar el Encuentro Latinoamericano y Caribeño de los Trabajadores (Elac).

El MES y el MTL no aceptan un Encuentro amplio y pluralista

Veamos, en primer lugar, a polémica sobre el Elac. La Conlutas, la Central Obrera Boliviana (COB), Batalla Obrera (Haití) y la Tendencia Clasista Combativa (TCC - Uruguay) y la corriente C-CURA (Venezuela), convocaron un encuentro, con el objetivo de discutir un plan de luchas común para los trabajadores del continente. Este encuentro se va realizar después del Congreso da Conlutas y está despertando gran apoyo entre las organizaciones sindicales, populares y estudiantiles de América Latina.

La presencia de las entidades que convocan al encuentro ya indica su carácter amplio. La COB es, tal vez, la central sindical de mayor tradición en toda América Latina. Batalla Obrera está al frente de las luchas contra la ocupación militar de Haití. C-CURA es una corriente sindical de peso en Venezuela en sectores obreros, en particular petroleros, cuyo principal dirigente es Orlando Chirino. La TCC es una corriente sindical de oposición al gobierno del Frente Amplio en Uruguay.

Además, ya existen centenas de entidades que enviarán delegados. La discusión sobre el Encuentro posibilitó la formación de agrupamientos sindicales y populares amplios, que no existían antes, como la Mesa Coordinadora de Paraguay que agrupa 47 sindicatos urbanos y rurales. Otro ejemplo es la Coordinadora Sindical de Bases en Lucha (Perú), que reúne sindicatos de trabajadores mineros, ceramistas, del servicio público, y cuenta con la participación de la Confederación Nacional Agraria, una de las más importantes organizaciones campesinas del país. En Costa Rica, están convocando al Elac dos de las más importantes organizaciones del país : la Central General de Trabajadores (CGT) y la Federación de Estudiantes de la Universidad de Costa Rica (FEUCR). De Ecuador, vendrán delegados de los sindicatos del sector eléctrico, petroleros, telefónicos, de los empleados públicos. De Chile, participarán representantes de la Confederación de Sindicatos de Trabajadores Santiago Poniente, Confederación Nacional de Pescadores Artesanales de Chile y varios otros. Vendrán representantes de los trabajadores de la educación de México, que acaban de hacer una marcha de 20.000 personas contra la reforma jubilatoria. Otros países, como Argentina y Colombia, también están discutiendo sus delegaciones.

Es importante destacar que estos sindicatos y entidades populares son muy diferentes entre sí, y expresan una composición política bien amplia. Estarán presentes dirigentes sindicales que hacen oposición a Chávez y los que apoyan a su gobierno. Incluso, organizaciones a favor y en contra del gobierno Lugo en Paraguay, y Evo Morales en Bolivia y Rafael Correia en Ecuador. Esto se da porque la convocatoria del Encuentro fue lo suficientemente amplia para poder unificar todos estos sectores, con la única condición de que sean independientes de los gobiernos de sus países.

El MES-MTL, sin embargo, no está de acuerdo siquiera con a realización del Elac. En el texto "La propuesta del Elac no ayuda a la lucha de los trabajadores y de los pueblos latinoamericanos", dicen que "la única orientación posible para los trabajadores es la de estar al lado de los gobiernos para resistir a los ataques sistemáticos que hacen la derecha y el imperialismo".

Para el MES-MTL, la "única" posición correcta es el apoyo a Chávez. Quien no apoya su gobierno, "cae del lado opuesto", es decir, del imperialismo. Como esta es la "única" posición correcta, los compañeros rechazan el Encuentro : "Creemos que este Encuentro está muy distante de ayudar en la organización de la lucha de los trabajadores y pueblos latinoamericanos y, por el contrario, pone a la Conlutas del lado de sectores que, en nombre de la pureza socialista, hacen el juego de los intereses de la derecha."

Esto quiere decir que la COB le "hace el juego a la derecha en Bolivia" y la C-CURA apoya la oposición de derecha en Venezuela. Con una postura típica del estalinismo, repiten su fórmula : quien no apoya al gobierno burgués "progresista" está del lado de la burguesía de derecha y del imperialismo.

En el Elac, estarán centenares de dirigentes sindicales y populares que están a favor o contra estos gobiernos. Pero que están dispuestos a encaminar juntos las luchas de los trabajadores. Sin embargo, esto es equivocado para el MES-MTL, porque el movimiento tiene que ir a remolque de los gobiernos Chávez, Correa y Evo. No puede haber críticas a ellos ni luchas conjuntas con los que no están a favor de estos gobiernos.

MES-MTL quieren que los movimientos sociales vayan a remolque de los gobiernos

Los gobiernos de Venezuela, Bolivia y Ecuador muchas veces confunden a los activistas honestos por declararse de "izquierda" y por tener algunos roces con Bush. Sin embargo, en estos países las multinacionales siguen controlando la economía y los trabajadores continúan recibiendo salarios miserables. No hubo ninguna ruptura real con el imperialismo norteamericano. Las empresas de EE.UU. siguen teniendo beneficios altísimos. La deuda externa continúa siendo pagada. Menos aún hubo ninguna ruptura con el imperialismo europeo.

El MES escribió unas tesis políticas públicas que definen a Chávez como un "nacionalismo revolucionario", que podría evolucionar hasta el socialismo. Defendieron la entrada de los dirigentes sindicales de la UNT (Unión Nacional de los Trabajadores) en el PSUV, partido creado por Chávez para disciplinar a los trabajadores. Es decir, los trabajadores deben ser un apéndice del populismo y del gobierno Chávez.

Chávez, sin embargo, viene perdiendo apoyo social en Venezuela al mantener el capitalismo, con sus consecuencias de inflación y miseria. No fue casual su derrota en el plebiscito de finales del año pasado, en particular en los barrios más populares. Después del plebiscito, Chávez está girando a la derecha, como se demostró en la amnistía a los golpistas de 2002 y en las recientes declaraciones contra las Farc. No tenemos acuerdo con la política y los métodos de la guerrilla colombiana, pero defendemos a las Farc contra el gobierno proimperialista de Uribe. Chávez defendió una rendición unilateral de la guerrilla, con la entrega de sus armas y rehenes, lo que puede significar simplemente el asesinato de los guerrilleros.

El MES-MTL ignora todo esto. La única cosa que hablan de Venezuela es de la nacionalización de SIDOR. Pero esta nacionalización no fue un "regalo" de Chávez. Si los trabajadores terminaron triunfantes y obligaron al gobierno a nacionalizar la empresa, no se debe a la naturaleza "antiimperialista" o "nacionalista revolucionaria" de Chávez, sino a una huelga larga que enfrentó la intervención del ministro de Trabajo y la represión directa y violenta de la policía, antes de triunfar. ¿Qué significaría apoyar al gobierno Chávez en este caso ? ¿Silenciar esa represión ? Es muy significativo que los compañeros ni se refieran a eso.

¿Qué significa apoyar a Chávez cuando él despidió a Orlando Chirino ? Un representante del MAS respondió a esta cuestión, en la reunión de la dirección de la Conlutas, cuando apoyó abiertamente el despido de Chirino. No es casual que el MAS esté apoyando la ruptura del MES-MTL con la Conlutas.

Las diferencias sobre los gobiernos venezolano, ecuatoriano y boliviano son profundas. Pero no explican por qué el MES-MTL quiere inviabilizar el Elac y rompieron con la Conlutas. Como todos saben, ninguna de las organizaciones convocantes propuso definir en el Elac una posición sobre temas polémicos como la caracterización del gobierno Chávez, sino elaborar un plan de luchas. Esto debería incluir tanto a los que apoyan como a los que no apoyan a Chávez. Exactamente como conviven posiciones distintas sobre este tema en el interior de la Conlutas.

El problema es que para los compañeros no basta con que el Elac no vote una posición contra el gobierno Chávez. Para ellos el Encuentro tiene que votar el apoyo a Chávez o sino está del lado del imperialismo. Por eso, ellos afirman en su texto "No aceptamos un encuentro cuya esencia es posicionarse contra el proceso bolivariano, posicionándose objetivamente del lado de la reacción y del imperialismo."

Un grave error : la negación del carácter de frente único de la Conlutas

La Conlutas es una entidad que busca unificar las luchas de los movimientos sindical, popular y estudiantil de todo el país ante la bancarrota de la CUT y la UNE[5]. Va a realizar un congreso nacional con la asistencia de 4 a 5.000 delegados, mostrando que está afirmándose como una nueva dirección para el movimiento. No casualmente estuvo al frente de las principales movilizaciones contra el gobierno Lula, como las marchas en Brasilia en 2005 y 2007. Así como estuvo presente en las principales huelgas del país.

Ante este hecho, ¿por qué el MTL y el MAS rompen con a Conlutas ? No puede ser sólo por la diferencia sobre Chávez. Existen otros sectores en Brasil y en América Latina que estarán presentes en el congreso y que defienden a Chávez tanto o más que los compañeros.

Tampoco puede ser por la acusación hecha por los compañeros del "hegemonismo" del PSTU. La Conlutas es una organización amplia, que incluye movimientos sociales de peso en la realidad, direcciones sindicales, populares y estudiantiles. Como parte de estas organizaciones, existen muchas corrientes políticas, aunque la mayoría sea de independientes. El PSTU tiene peso entre sus delegados porque desde el inicio estuvo presente en su construcción. Pero todos saben que la Conlutas es mucho más amplia que el PSTU.

Existe en la Conlutas un debate saludable y democrático y, por eso se presentarán 20 tesis políticas al congreso. Cada una de ellas tiene derecho al mismo tempo para la presentación de sus posiciones. Por otro lado, como el MES-MTL y el MAS presentaron tesis separadas, los compañeros que están rompiendo tendrían el doble de tiempo del PSTU para defender sus posiciones en el congreso.

¿Cómo explicar entonces que estos compañeros se rehúsen a presentar sus posiciones democráticamente ante más de 4.000 delegados que estarán en el congreso ? En verdad, existe la posibilidad de que los compañeros estén asumiendo la posición equivocada de defender la creación de una "corriente sindical del PSOL" separada de las demás. Es decir, la misma posición que lleva a la división de los trabajadores en buena parte del mundo, con la "central sindical del PC", la "central del PS", etc. Es una concepción de crear centrales sindicales para responder a los intereses electorales de los partidos y no a la necesidad de la unidad para luchar que tienen los trabajadores.

Defendemos una posición opuesta. Nuestra lucha es por la unificación de la Conlutas con la Intersindical y para que el conjunto de los trabajos sindicales del PSOL se integren a la Conlutas. Defendemos la entrada de nuevas organizaciones sindicales y corrientes en la Conlutas, incluso las que tengan profundas diferencias con nosotros.

La propuesta de crear una "corriente sindical del PSOL", favorecería la división de los trabajadores y se contrapone a la necesidad de una organización de frente único. Es la misma concepción que los lleva a oponerse al Elac. Si el encuentro no apoya a Chávez no puede realizarse. Si la Conlutas no estuviera subordinada al PSOL es preciso romper con ella y destruirla.

Llamamos a todos los sectores involucrados en la construcción da Conlutas y del Elac a mantener su carácter amplio y su objetivo de unificar las luchas de los trabajadores. Llamamos al resto del PSOL a seguir el camino de los compañeros de ese partido que continúan en la Conlutas. Esperamos, también, que el MES-MTL y el MAS revean su actitud y retornen a la Conlutas. Hacemos un llamado especial a los delegados electos por esas corrientes que vengan al congreso donde serán muy bien recibidos.

Entre nosotros, acumulamos la experiencia riquísima de estos años de construcción de la Conlutas. Con errores y aciertos tuvimos una convivencia rica y democrática, que va a expresarse ahora en el congreso. Varios sectores del movimiento sindical y popular están discutiendo su unificación con la Conlutas. Está construyéndose una organización de frente único de los movimientos sociales que es muy superior a cualquiera de sus agrupamientos políticos.

La lucha de los trabajadores exige la unidad de los que se disponen a luchar. Es preciso discutir la estrategia de la Conlutas, su plan de luchas, su funcionamiento. Es fundamental transformar después las propuestas votadas en un movimiento vivo de los trabajadores, campesinos y estudiantes. ¡Vamos a construir la Conlutas !

DESDE ECUADOR

Sí vamos al Encuentro Latino Americano y del Caribe (Elac)

Tarquino Cajamarca[6]

Luís Yánez [7]

Trabajadores del sector eléctrico, petroleros, telefónicos, autopartistas y empleados públicos ; dirigentes de las luchas en contra las mineras, ecologistas, de movimientos populares y estudiantiles, hemos abrazado con mucho ánimo la propuesta de participar del ELAC - Encuentro Latino Americano y del Caribe, a realizarse los días 7 y 8 de julio en la ciudad de Betim, Brasil.

De hecho ese encuentro puede ser un eje aglutinador y ordenador de las luchas que estamos dando en diversos países y también permitirá saldar un viejo déficit organizativo que tiene el movimiento obrero de nuestro continente. La idea de ese encuentro no es nueva, ya lo había propuesto Trotsky para noviembre de 1938.

Animados con la idea, hemos organizado una delegación con aproximadamente veinticuatro compañeros. Esto significa un esfuerzo bastante grande debido a la distancia de nuestros países y las dificultades económicas que nos aquejan.

Pero como hemos leído en la pagina de Aporrea de Venezuela, que el PSOL, partido brasileño, esta en contra del Elac, pues según argumentan ellos : ".el Elac va en contramano de los procesos más avanzados de las luchas y de los movimientos antiimperialistas que ocurren en América latina". Y agregan también que "en los países donde la lucha fue más aguda, surgieron nuevos gobiernos, los cuales se contraponen al imperialismo y rompieron con la agenda neoliberal" Entre esos países, el PSOL nombra a Bolivia, Ecuador y Venezuela.

Nosotros que vivimos y luchamos por un Ecuador soberano y socialista, obviamente discrepamos de esta afirmación, por lo menos en lo que atañe a nuestro país. Categóricamente afirmamos que nuestro país en nada avanzó hacia su soberanía frente al imperialismo y además, la Asamblea Constituyente que se está gestando en la ciudad de Monte Cristi bajo la batuta de Correa, ha generado algunos mandatos que atentan gravemente contra los derechos laborales como la estabilidad, la contratación colectiva y el derecho de organización de la clase trabajadora. Esta afirmación se demuestra a través de los siguientes hechos :

Ecuador sigue siendo una semi colonia bajo Correa :

Afirmamos que Ecuador, sigue siendo una semi colonia de EEUU, a pesar de los discursos de Correa, a la vez que avanza en sus relaciones con el imperialismo europeo.

Para que sea realmente independiente, Ecuador debe cumplir con algunos requisitos básicos. Primero elegir a sus gobernantes de forma soberana, esto ya lo hace. El otro es la independencia económica del imperialismo. En este punto constatamos que no hay independencia. Posiblemente ustedes del PSOL, pueden llegar a decir que escribimos esto pues somos militantes del Movimiento Al Socialismo, y que seguramente representamos posiciones sectarias. Entonces, tomemos otra fuente, veamos que dice el

manifiesto[8] de la CONAIE, sindicatos petroleros, eléctricos, telefónicos y una larga lista de firmantes, denominado "Al país, a la Asamblea Constituyente, Al Gobierno Nacional". Ese manifiesto, publicado el 2 de junio dice :

"En los temas fundamentales la cúpula del Movimiento PAIS y el Gobierno destapan su verdadero rostro : continúan las políticas privatizadoras y neoliberales, los compromisos con las transnacionales mineras, petroleras, de telecomunicaciones, eléctricas, alimentarias, madereras, farmacéuticas ; los ataques a trabajadores y sus organizaciones, a indígenas, a profesionales y a los movimientos sociales".

La dirigencia del PSOL afirma que Correa es parte de lo que ellos llaman de "gobiernos que se contraponen al imperialismo y rompieron con la agenda neoliberal" Nosotros Nosotros ni de chiste decimos eso. Veamos por qué :

a) La deuda Externa : Nuestro país tiene un PIB de 41,4 millones de dólares y el año pasado ya hemos pagado 2,9 millones de dólares o sea el 7,2% del total producido en el país fue destinado al servicio de la deuda. Esa demostración indigna frente al imperialismo tuvo sus consecuencias. Una el propio Correa contravino a su slogan "primero la vida luego la deuda" y, en segundo lugar, obtuvo del imperialismo el certificado de buen muchacho al recibir la reducción del riesgo país a 587 puntos ;

b) La subordinación a los organismos internacionales. Se ha aceptado el arbitraje del CIADI, un organismo del Banco Mundial, en el caso de la OXY, empresa que fue expulsada del país por la heroica lucha del pueblo. Asi es como esa gesta histórica puede llegar a quedar sin efecto por la decisión del gobierno de aceptar el arbitrajes de un organismo imperialista.

c) El petróleo, nuestra sangre vital, sigue sufriendo las incursiones rapaces por parte de las transnacionales. El Manifiesto que mencionamos lo deja bien claro : "En 16 meses de gestión no se ha avanzado en la recuperación de la soberanía petrolera : en lugar de recuperar los bloques entregados ilegalmente a las transnacionales, como el Bloque 18 y Palo Azul, la amenaza de la privatización se cierne sobre los cinco grandes campos de PETROECUADOR. Se ha entregado dolosamente los llamados campos marginales a empresas piratas y "gansters". El Gobierno no ha cobrado 880 millones de dólares que deben las compañías petroleras por el 50/50 y 99/1 de los excedentes petroleros, mientras la gente se hunde en la pobreza, Continúa la política de debilitamiento de la empresa estatal.."

Por lo expuesto, al contrario de lo que dice la dirección del PSOL, la CONAIE, los trabajadores petroleros, de las empresas eléctricas, etc. están ante una tarea central, la de la disputa del poder político con el gobierno, para de esta manera llevar el país a su segunda independencia.

La agenda neoliberal y. represiva sigue vigente en el Gobierno Correa :

Más allá de su discurso, "El fin de la larga noche neoliberal", el Gobierno Correa, impone a la Asamblea Constituyente cambios de marcado sentido neoliberal. Volvamos al Manifiesto de los movimientos sociales y saquemos nuestras conclusiones : "La política laboral del régimen, instituida en los Mandatos Constituyentes 02, 04 y 08, y en los artículos aprobados y por aprobarse en la nueva Constitución, significa un retroceso de 70 años, desconociendo los principios básicos como : intangibilidad e irrenunciabilidad y derechos fundamentales como : la estabilidad, a la organización, a la contratación colectiva, a la huelga, al trabajo digno, establecidos en Convenios internacionales, en la Constitución "neoliberal" vigente y en las leyes de la República. El objetivo es la destrucción del movimiento laboral, presentándolos en el discurso oficial como los culpables de la crisis. En esta misma línea se inscribe el ataque a los colegios profesionales. La farsa de la reestructuración institucional disfraza el despido masivo e indiscriminado de trabajadores, para llenar esos puestos con gente vinculada al régimen".

Al mismo tiempo el Gobierno de Correa, fue cómplice y agente de la represión, hacia los movimientos de las luchas anti mineras y petrolera. Además de permitir el enjuiciamiento de intelectuales por delito de opinión, más de 600 enjuiciados y 40 con orden de captura. Es bueno remarcar que somos un país con una población 12 veces mas pequeña que Brasil de esa manera uno puede comparar el volumen de las persecuciones. El periodista Fernando Villavicencio, autor de un libro sobre el saqueo del petróleo ecuatoriano por parte de Petrobrás, fue alevosamente enjuiciado por esa transnacional brasileña a causa de sus denuncias. Ese tema nos plantea una duda a partir del contenido del texto del PSOL sobre el Elac : ¿será que la dirigencia de ese partido está en el campo de Correa-Petrobrás o en campo de la defensa del derecho de opinión del mencionado periodista ?.

Pero no solo son las demandas judiciales. También en el campo policíaco-militar, Correa ha actuado como un ejemplar Gobierno burgués. La despiadada represión a las poblaciones de Dayuma y Molleturo no nos dejan lugar a dudas, de que su gobierno es anti obrero, y mantiene el carácter semi colonial del país.

Nosotros no compartimos las ideas del PSOL y si vamos al Elac :

Exactamente por discrepar de los análisis y conclusiones políticas que saca la dirigencia del PSOL es que afirmamos categóricamente que vamos al Elac con la perspectiva de comprender las experiencias vivenciadas por las luchas en otros países y expresar nuestras vivencias. Estamos seguros que entre todos podemos aprender y mas que eso retomar lo mejor de la tradición marxista y ver como aplicamos las enseñanzas de Trotsky de hace 70 años atrás.[9] Vamos a Brasil pensando en este programa :

1. La total independencia del movimiento sindical de su propio gobierno burgués y de todo imperialismo extranjero, ya sea fascista o "democrático".

2. Un programa revolucionario de lucha de clases.

3. La expulsión del movimiento sindical de los trepadores pequeño burgueses, ajenos a la clase obrera.

4. La unificación en cada país de todos los sindi­catos obreros en base a la democracia proletaria. Que la lucha ideológica dentro de los sindicatos se conduzca de manera libre y fraternal, que la minoría se someta estrictamente a la mayoría y se aplique en la acción una disciplina de hierro.

5. La preparación honesta de un congreso sindical latinoamericano con la participación activa de las masas trabajadoras, es decir con una discusión seria y sin restricciones sobre las tareas del proletariado latinoamericano y sus métodos de lucha.

La dirección del PSOL lanza epítetos en contra de aquellos que se proponen organizar el Elac diciendo que : "este pone a la CONLUTAS del lado de sectores que en nombre de la pureza socialista, le hacen el juego a los intereses de la derecha" Nosotros, si, defendemos los principios, lo que ustedes menosprecian calificando de "pureza socialista". Con los datos que hemos brindado, solo nos resta saber ¿quién le hace el juego a la derecha : Correa-PSOL o nosotros que estamos listos para realizar el Elac ? Quienes lean este texto seguramente, sabrán dar una respuesta


[1] Movimento Terra, Trabalho e Liberdade

[2] Movimento de Esquerda Socialista

[3] Partido Socialismo e Liberdade

[4] Movimento de Afirmação Socialista, también llamado Corrente Carlos Luiz Prestes

[5] Central Unitaria de los Trabajadores y Unión Nacional de los Estudiantes que apoyan al gobierno Lula.

[6] Dirigente de luchas mineras. Enjuiciado en el Gobierno Correa bajo la acusación de sabotaje y terrorismo, con expectativa de condena de hasta 28 años de cárcel. Amnistiado junto a otros 300 luchadores sociales, por la Asamblea Constituyente , por la presión popular. Dirigente de la FRESMIGE (Frente de Resistencia Sur a la Minería a Gran Escala).

[7] Estudiante de la Escuela Politécnica Nacional y dirigente del CP.

[8] http://lahaine.org/index.php?p=14553

[9] Las Tareas del Movimiento Sindical en América Latina - Publicado en 11.10.1938

Compte-rendu d’un militant ouvrier révolutionnaire de France :

Du 5 au 7 mai 2006, le congrès de Conlutas a regroupé 3 500 militants, dont 2 850 délégués de 300 syndicats déclarant 1 700 000 adhérents, qui ont discuté sérieusement, démocratiquement et passionnément pendant trois jours. 3 542 délégués avaient été élus par les assemblées préparatoires, mais une partie n’a pu venir car chacun devait payer son trajet. Et, pour nombre de militants, venir au congrès a déjà représenté tout un périple dans un pays qui est en fait un continent (ainsi les 52 heures de car du délégué de Belem).

Quelques chiffres pour situer l’importance de Conlutas dans le paysage syndical. Conlutas n’est certainement pas à la taille de la Cut, la centrale liée au PT et au gouvernement de Lula. Selon les chiffres donnés, la plus grande part des organisations syndicales qui ont rejoint Conlutas appartiennent au secteur public, mais 75 appartiennent au privé, dont une vingtaine de la Métallurgie.

La première chose qui frappait, c’était l’ambiance extraordinaire que je ne me souviens pas d’avoir jamais rencontrée dans les congrès syndicaux auxquels j’ai pu assister en France. Je ne veux pas seulement dire par là que l’Amérique latine serait plus chaleureuse ou plus chaude que l’Europe. C’est le cas, mais ce n’est pas là l’essentiel. Il y avait une ambiance de discussion passionnée qui est, sans aucun doute, le reflet de l’acuité des problèmes posés aujourd’hui aux militants ouvriers et révolutionnaires brésiliens.

Les motifs de la rupture avec la CUT
Conlutas signifie Coordination nationale des luttes. Le congrès, lui, s’est appelé le Conat, Congrès national des travailleurs. Voilà pour les sigles. Mais quel en est le contenu ? Il s’agit d’une tentative de créer une nouvelle organisation en dehors de la Cut (et bien sûr de Força sindical, l’autre centrale qui fut autrefois liée à la dictature militaire). Le motif de la rupture avec la Cut est lié à la venue au pouvoir de Lula, à sa politique en faveur de la grande bourgeoisie et aux déceptions qu’elle a suscitées. Il suffit de rappeler que l’actuel ministre du Travail qui organise la casse des droits des salariés et la réforme du droit syndical en faveur de la bureaucratie est en fait le secrétaire général de la Cut ! C’est à la faveur des grèves et des mobilisations que Conlutas est née et, en particulier, de la lutte contre la réforme de la retraite et des grèves des fonctionnaires, des enseignants, des employés municipaux et des employés de banque. Lors de ces mouvements, la Cut s’est révélée une centrale anti-grève et cela a entraîné le retrait de divers syndicats. Au début, ces syndicats sont restés à part puis un effort a été initié pour les structurer et cela a mené à la constitution de Conlutas, d’abord simple organisme se donnant pour but d’assurer une liaison entre eux, avant de se présenter comme une nouvelle centrale ouvrière et populaire ainsi qu’en a décidé ce congrès.

Le rôle du PSTU
C’est le PSTU qui est à l’initiative de cette tentative d’organiser une fraction du mouvement ouvrier du Brésil hors des centrales aujourd’hui sous l’influence du patronat et de l’État, et en particulier de la Cut. Cela signifie que le PSTU propose systématiquement aux assemblées syndicales la rupture avec celle-ci et le rattachement à Conlutas, attitude qui est condamnée par la plupart des autres groupes d’extrême gauche brésiliens bien qu’ils aient pour la plupart participé finalement au congrès de Conlutas, y compris le P-sol, groupe lié au courant international auquel appartient la LCR. La représentante la plus médiatique du P-sol, la sénatrice Heloísa Helena, a fait une entrée en fanfares sous les flashes pour appuyer le congrès. Tous les courants politiques présents ont pu s’exprimer, défendre leurs positions et les proposer au vote, mais il était évident que le groupe dirigeant du congrès était sans conteste le PSTU.

C’est certainement, outre la situation actuelle au Brésil, cette composition politique du Conat qui lui donnait une atmosphère et des sujets que, aujourd’hui en France, on ne peut sans doute retrouver que dans certains congrès d’organisations d’extrême gauche : insistance sur les questions internationales ou la question du racisme, dénonciations des interventions militaires du Brésil en Haïti, des illusions sur la démocratie bourgeoise, de l’impérialisme mais aussi de l’expansionnisme de la bourgeoisie brésilienne, mise en garde contre les dangers des subventions de l’État et des patrons aux organisations syndicales, voire un débat sur le thème réforme ou révolution...

Fallait-il scissionner ou pas ?
C’était pourtant bien un congrès syndical. En témoigne le débat central qui a eu lieu sur la nature de Conlutas. Le reste de l’extrême gauche brésilienne est en général contre la politique scissionniste menée par le PSTU dans la Cut. Elle a pu défendre son point de vue dans le congrès tout en restant très minoritaire. Des délégués voulaient que Conlutas se considère comme une fraction de la Cut, d’autres ou les mêmes qu’on se contente d’un appel à remettre la Cut au service de la lutte des classes. Diverses options s’opposaient aussi sur le type d’organisation à construire : une centrale syndicale du même type que la Cut, une centrale « ouvrière, étudiante et populaire » dans l’optique de l’ancienne Cob bolivienne (motion proposée par le PSTU et adoptée par le congrès), ou même une organisation « soviétique » comme le proposaient des ultra-gauche, qui proposaient aussi... l’armement des travailleurs. Si, même sans bien connaître la situation, on devine que ces dernières propositions n’y correspondent guère (comme en a d’ailleurs jugé le congrès), il est vrai que dans une ambiance où les policiers tirent facilement et où les favelas doivent se défendre parfois avec des armes...

Il ne peut être question ici de choisir parmi les diverses options politiques que proposent les différents courants d’extrême gauche ni de nous prononcer catégoriquement sur la stratégie adoptée par le PSTU en matière syndicale. Cela ne signifie pas que ses conséquences, son succès ou son échec ne concerneraient pas tous les militants révolutionnaires, ceux du continent latino-américain bien sûr, mais aussi d’Europe. Cela reflète seulement les limites imposées à tous aujourd’hui par la dispersion, le manque de contacts et d’échanges politiques au sein du mouvement trotskyste.

Ce sentiment m’a d’ailleurs semblé partagé par bien des camarades brésiliens, comme en témoignent leurs questions à un militant trotskyste français venu assister au congrès sur les derniers événements qui se sont produits ici dans la jeunesse ; ou encore la réflexion d’une militante noire de Bélem : « Ca me fait chaud au cœur de savoir qu’à l’autre bout du monde il y a des militants qui défendent les mêmes idées communistes que moi » ou la recommandation d’une autre : « Il faut raconter en France tout ce vous avez vu ici ».

Le point de vue des initateurs de Conlutas :

La construction d’une direction alternative

Convergences révolutionnaires entend contribuer aux débats de l’extrême gauche et ouvre ses colonnes aux groupes et militants communistes et révolutionnaires. Ci-dessous une tribune que nous ont fait parvenir les militants brésiliens du PSTU avec qui la Fraction de Lutte ouvrière entretient des échanges réguliers.

Un moment historique
Du 5 au 7 mai, aura à lieu à Sumaré, dans l’état de São Paulo, le Conat (Congrès National des Travailleurs) qui réunira des délégués élus par les syndicats, par le mouvement populaire et par les organisations de la jeunesse, afin de fonder une nouvelle centrale syndicale : la Conlutas (Coordination nationale de luttes). Depuis mars dernier, la préparation du Conat a connu une véritable effervescence et, dans l’ensemble du pays, ont eu lieu des centaines d’assemblées pour élire les délégués (dont le nombre pourrait s’élever à trois mille) et pour discuter des propositions à voter au Conat. Selon les critères retenus, chaque organisme sera représenté par 5 délégués plus un délégué pour 500 travailleurs de base.

La fin d’un cycle
Dans les années 80, un processus de luttes intenses (étudiantes, ouvrières et paysannes) a mis fin à la dictature militaire. Face aux politiques de capitulation des partis communistes brésiliens, ce sont des secteurs de la gauche de la bureaucratie syndicale (dont Lula était le leader), ou de l’Église, qui dirigent le processus de réorganisation. C’est dans ce contexte que sont créés la CUT (Centrale Unique des Travailleurs), le MST (Mouvement des Sans Terre) et le PT (Parti des Travailleurs).

Avec l’arrivée au pouvoir de Lula en 2003, ces organismes de lutte, deviennent alors les alliés directs d’un gouvernement bourgeois de collaboration de classe, qui mène une politique néo-libérale, puis se retrouve fragilisé par des scandales de corruption ; le Tribunal fédéral dénonce aujourd’hui une « véritable organisation criminelle », dirigée par le PT, avec le « mensalão », schéma de corruption généralisée qui consiste à acheter, avec les deniers des entreprises d’état, le soutien politique des autres partis.

Le surgissement de la Conlutas
Commence alors un nouveau cycle de réorganisation, surgi dans les luttes. En 2003, c’est la grève nationale des services publics contre la réforme des retraites implantée par Lula qui marque le début d’une série de ruptures de masse avec les organisations traditionnelles, notamment la CUT. Ce mouvement de résistance s’organise alors autour de la Conlutas, qui devient une alternative à la direction.

Avec la lutte contre la réforme syndicale et la réforme du code du travail, qui attaquent des conquêtes historiques (restriction des libertés syndicales, fin du congé maternité, du treizième mois, etc.), s’ouvre la phase de construction d’organismes alternatifs, qui débouche sur une rencontre nationale en mars 2004, réunissant 180 entités et oppositions du mouvement syndical.

D’autre étapes sont fondamentales dans la genèse de la Conlutas : le surgissement d’oppositions syndicales liées à la Conlutas qui disputent les directions de la CUT, obtiennent en moyenne 30% de votes et parfois déboutent les directions bureaucratiques ; la rébellion de base dirigée par l’Opposition à la CUT, lors de la grève nationale des travailleurs bancaires ; le plébiscite national de la Conlute (Coordination de Lutte des Étudiants) contre la réforme universitaire ; la manifestation contre la corruption et contre le gouvernement Lula, en août 2005, qui réunit douze mille personnes à Brasilia...

La politique du PSTU
La particularité du processus de réorganisation au Brésil réside dans le fait qu’un des composants, fondamental, de la direction du Conlutas est le PSTU (Partisocialiste des travailleurs unifié) qui, sans sectarisme, défend une politique révolutionnaire au Brésil. Le défi pour nous est de construire avec les autres forces du mouvement social un nouvel instrument de lutte qui défende l’indépendance de classe face aux patrons et gouvernements.

Conlutas reprend ainsi un programme de classe : la lutte contre l’impérialisme, contre les privatisations, pour le droit à l’emploi, au logement et à des salaires décents, pour la réforme agraire, la santé, l’éducation, l’internationalisme, le socialisme, etc.

La nouvelle organisation prétend regrouper en son sein, non seulement les syndicats, mais aussi les mouvements sociaux et populaires et les organisations de la jeunesse, unifiant ainsi tous les exploités. Nous proposons aussi une nouvelle structure de direction : pas de direction élue en Congrès, ni mandat fixe de dirigeants. La Coordination nationale de cette nouvelle organisation serait composée de représentants des organismes qui composent la Conlutas.

Il s’agit pour nous d’une expérience sans précédents, qui nous confère des responsabilités importantes par rapport à l’organisation des travailleurs et à la lutte de classe au Brésil. Le Conat, en ce sens, est une étape importante, le point de départ d’une recomposition du mouvement social au Brésil.

Du PSTU de São Paulo (Brésil)

17 avril 2006

Ricardo OLIVEIRA

Brésil : Lula bis...

20 novembre 2006

Lula a décroché son deuxième mandat, en gagnant haut la main le deuxième tour de l’élection présidentielle brésilienne, avec 60,83 % des voix contre 39,17 % à son adversaire de droite, Geraldo Alckmin. De toute évidence pour une bonne partie des couches populaires, il conserve l’image de l’ancien syndicaliste et ex-métallurgiste de la zone industrielle de Sao Paulo, venu du Nordeste misérable et qui a participé à la construction de l’avant-garde militante contre les profiteurs et la dictature.

Le Parti des travailleurs, le parti de Lula, lui, semble plus loin de cette époque glorieuse et de ses combats d’antan. En pleine crise politique due aux scandales créés par la révélation de la corruption de certains de ses dirigeants, il n’a eu la majorité ni au parlement, ni au sénat. Dans les deux chambres il perd même une dizaine de sièges. Du coup Lula devient encore plus dépendant des autres partis avec qui il a fait alliance et notamment du PMDB (Parti du mouvement démocratique du Brésil), même si une majorité des gouverneurs des Etats (15 sur 27) soutiennent désormais son gouvernement, contrairement à la législature précédente.

Ce second tour a sonné tout de même comme une revanche du premier où Lula était apparu relativement désavoué par ses partisans, avec seulement 48,6 % des voix. D’autant plus que les voix qui lui avaient alors manqué pour atteindre la majorité se sont portées sur la candidate d’extrême gauche, Heloïsa Helena, arrivée en troisième position avec 6,85 % des suffrages et six millions et demi d’électeurs.

Les masses populaires du Brésil, après lui avoir donné une sorte d’avertissement au premier tour, se sont donc résolues, au deuxième, à appuyer le président brésilien sortant. Ce qui ne les empêche pas de voir que derrière son discours, « faire réussir le Brésil », son action a surtout abouti à faire réussir les plus riches. Cela ne signifie pas non plus que les travailleurs aient l’espoir qu’il va changer vraiment leur sort ou la société brésilienne, ni qu’ils soient prêts à lui accorder un chèque en blanc ou un nouveau temps d’observation.

Les privatisations au cœur du débat

Le prédécesseur de Lula au poste de président, Fernando Henrique Cardoso, surnommé FHC, a déclaré au quotidien O Tempo du 11 octobre 2006 : « Lula est à la fois le père des pauvres et la mère des riches ».

En effet, si les travailleurs et les pauvres ne risquaient pas d’avoir des illusions sur Alckmin, les riches, eux, n’étaient pas défavorables à Lula. La liste des soutiens de la grande bourgeoisie que Lula a recueillis au cours de sa campagne électorale en témoigne : l’ancien président José Sarney, l’un des gros entrepreneurs de l’Etat du Para Jader Barbalho, l’ancien président Fernando Henrique Collor, le plus grand producteur de soja du pays Blairo Maggi (qui a bénéficié de l’autorisation du soja transgénique et d’une aide financière massive de 365 millions d’euros, selon Les Echos du 27 octobre) ou encore Antonio Delfim Neto, ancien ministre de l’économie à l’époque de la dictature militaire. Le président de la chambre patronale FIESP, le Medef brésilien, pouvait donc affirmer tranquillement entre les deux tours que « notre candidat sera celui qui obtiendra le plus grand nombre de suffrages (...) » avant de faire la liste des « réformes » voulues par les patrons et pour lesquelles il comptait aussi bien sur Lula que sur Alckmin. Ce à quoi, Lula lui-même, interviewé lors du premier tour de l’élection, répondait en écho : « Lorsqu’on gouverne, on ne fait pas de séparation entre riches et pauvres. »

La campagne du deuxième tour, entre Lula et Alckmin, s’est pourtant jouée en grande partie sur la question des privatisations. Celles-ci, en effet, sont détestées par le peuple brésilien depuis l’opération de vente massive des entreprises d’Etat (133 dont Telebras) réalisée par Fernando Henrique Cardoso. Si celui-ci est toujours l’objet d’une solide haine de la part des classes populaires, c’est que ses privatisations ont consisté à solder les richesses du Brésil au privé, souvent aux capitalistes des pays impérialistes, à des prix incroyablement bas, sans même s’en servir pour combler la dette du pays.

Lula a bénéficié du fait qu’il n’a réalisé durant son mandat aucune privatisation importante. Cela n’en fait pas un adversaire des privatisations. Mais sa méthode est différente de celle de FHC : il y va par étapes et discrètement. Il a effectué de nombreuses privatisations partielles comme celles de Petrobras, Banco di Brasil et Correios (La Poste). Il en a préparé d’autres en faisant voter la loi institutionnalisant les partenariats privé-public. Et il s’est toujours gardé de s’engager à ne pas privatiser. Mais débordé au premier tour sur sa gauche par la candidature d’Heloïsa Helena, il a été contraint de prendre position et, au moins, de dénoncer les privatisations de FHC, ce qu’il n’avait pas fait depuis 2002.

Alckmin était le candidat des partis de droite, PSDB (Parti social-démocrate du Brésil) et PFL (Parti du front libéral), c’est-à-dire justement les deux partis avaient porté Fernando Henrique Cardoso au pouvoir. Lui-même fervent partisan des privatisations il a conduit, comme gouverneur de l’Etat de Sao Paulo, la casse des emplois publics et la privatisation des transports ferroviaires, de l’énergie, de la voirie ou du secteur bancaire. De plus l’équipe électorale du candidat Alckmin a donné, entre les deux tours, des bâtons pour se faire frapper. Le directeur de campagne Marco Aurelio Garcia, cité par le journal Folha de Sao Paulo du 14 octobre, s’affirmait en faveur d’une politique active de privatisations et de suppressions d’emplois publics. L’économiste Yoshiaki Nakano, pressenti pour devenir ministre de l’Economie d’Alckmin, a claironné encore plus fort, entre les deux tours, qu’il allait trouver plus de 21 milliards d’euros pour le budget de l’Etat en relançant les privatisations. Cette déclaration incendiaire a eu un tel impact que Alckmin a dû la démentir publiquement.

C’est ainsi que Alckmin, positionné très à droite, lié à l’Opus Dei et à la grande bourgeoisie, a réussi à redonner à Lula une popularité quelque peu perdue dans les milieux populaires, en contribuant à mettre en évidence sa différence, au moins sur ce point . Il est significatif que le candidat de la droite a reculé entre les deux tours, passant de 41,6 % à 39,2 %.

La mère des riches ?

Lula n’en est pas moins un adversaire des travailleurs et des plus démunis. Un adversaire qui bénéficie même d’atouts dont ne disposait pas Alckmin. Car si les travailleurs ont été les principales victimes de sa politique d’austérité durant son premier mandat, il a toujours, par contre, un soutien parmi les directions des organisations syndicales, associatives et sociales dont ne bénéficiaient pas ses prédécesseurs comme FHC.

Le PT, la centrale syndicale CUT (Centrale unie des travailleurs) et l’organisation des sans-terre, MST, sont parmi les plus importantes organisations issues des luttes des années 1980 et du combat contre la dictature. Lula a transformé une partie des militants sans terre en clients dépendant de l’assistanat de l’Etat. Il a fait des dirigeants de la CUT des défenseurs de l’ordre social quand ce n’est pas des gestionnaires. Nombre de dirigeants syndicalistes de la CUT sont intégrés aux instances gouvernementales ou sont chargés de la gestion des fonds de pension, censés remplacer par une gestion privée la sécurité sociale démantelée. Par exemple, l’un d’eux, Sergio Rosa, est devenu président du fond de pension du Banco do Brasil. Le PT lui-même est de moins en moins un parti militant. Au point que le parti de Lula doit payer, paraît-il, les porteurs de drapeaux ou de pancartes et les distributeurs de tracts comme un quelconque parti bourgeois !

Il n’y a donc pas à s’étonner si au sein de la bourgeoisie, nombre de gens pensent que Lula est le mieux placé pour museler les luttes, les organisations militantes, les syndicats, et, du coup, pour faire passer les contre-réformes dont les classes dirigeantes ont besoin : remise en cause du code du travail, règles de réorganisation des syndicats (retirant leurs droits aux syndicats locaux pour les donner à la bureaucratie), attaques contre la prévoyance sociale, libéralisation des fonds de pension, etc.

Dès le début de son premier mandat, Lula avait annoncé la couleur en choisissant comme vice-président Alencar, grand patron du textile, comme responsable de la banque Meirelles. En quatre ans, Lula a consacré 4 milliards à l’action sociale et 75 milliards rien que pour payer les intérêts de la dette. Le montant des intérêts des obligations d’Etat équivaut à la totalité des revenus de la moitié la plus pauvre de la population. Alors que l’austérité sévit dans le domaine social et que l’on coupe dans les budgets de la santé ou de l’éducation, 23 % du budget de l’Etat servent à payer ces intérêts. 36 % des profits des bénéfices des banques proviennent des obligations sur l’Etat brésilien, c’est-à-dire du service de la dette interne. La hausse des taux d’intérêt garantit aux prêteurs des profits de 15 %. Ceux des cinq plus grandes banques brésiliennes ont atteint le volume record de 18,4 milliards de reals en 2005. Lula a lui-même déclaré à Folha de Sao Paulo le 18/9/2006 que « les riches, les entreprises et les banques ont gagné davantage d’argent que personne d’autre. » Ce n’est pas les trusts brésiliens qui ont pignon sur rue dans le monde entier qui diront le contraire : le pétrolier Pétrobras (dans ce pays pétrolier, le prix d’un litre d’essence vaut 22 fois plus cher qu’au Venezuela), CVRD exportateur de minerai de fer, l’avionneur Embraer ou encore les banquiers et autres trusts de l’agroalimentaire.

L’attaque la plus importante a porté sur les retraites, car le secteur privé est intéressé à mettre en place des fonds de pensions, et la prévoyance sociale, car là aussi les intérêts privés sont à l’affût. Et les dernières décisions du gouvernement Lula confirment cette orientation en faveur des plus riches : augmentation des taux d’intérêts, limitation d’attribution des terres à ceux qui n’en ont pas, aide massive à l’agrobusiness, vente à bas prix de l’énergie électrique au secteur privé...

Immense nation de plus de 180 millions d’habitants, aux dimensions continentales, le Brésil est aujourd’hui le phare du capitalisme en Amérique latine sous l’égide des Etats-Unis. L’entente Bush-Lula tranche d’ailleurs sur les mauvaises relations affichées du président américain avec nombre de chefs d’Etats latino-américains comme Chavez, Castro ou Morales. Le Brésil est aussi un exemple de la concentration des richesses à un pôle et de pauvreté à l’autre, avec des inégalités parmi les plus criantes du monde (10% de la population possèdent 45 % des richesses et 50 % n’en ont que 14 %).

Le père des pauvres ?

Dans un Brésil où plus de 43 millions vivent avec moins d’un dollar par jour, un tiers de la population est sous le seuil de pauvreté et où le chômage a augmenté d’un tiers en quatre ans, on a pu dire que Lula était « l’élu des pauvres », alors qu’Alckmin était le « candidat des élites ». En fait, la campagne du premier tour aurait difficilement pu distinguer les deux candidats. Ce sont les difficultés rencontrées au premier tour, et en particulier la contestation qui s’est portée sur une candidature d’extrême gauche, qui ont contraint Lula à radicaliser un peu son discours et à affirmer qu’il serait le « président de tous les Brésiliens, surtout les plus pauvres » ou que « l’adversaire, maintenant, c’est les inégalités sociales. »

Les commentateurs ont pu certes souligner le vote massif de l’Etat du Nordeste, extrêmement pauvre, en faveur de Lula (plus de 70 % des suffrages) et le vote de l’Etat riche de Sao Paulo pour Alckmin. Mais le relatif échec du président sortant dans les régions les plus industrielles ou les capitales administratives souligne surtout qu’une partie de la classe ouvrière, des employés, des fonctionnaires, des militants sociaux ou des classes moyennes qui étaient lulistes, s’en est détournée. Dans les Etats de Sao Paulo et de Rio Grande del Sur, qui étaient des fiefs du PT, Lula n’a pas obtenu plus d’un tiers des voix.

Autrefois, le Nordeste votait à droite, pour les partis fonctionnant sur le clientélisme. Désormais, le clientélisme est aux mains de Lula. Car l’essentiel des aides « ciblées » sont exactement les mêmes que celles mises en place par FHC. C’est le cas en particulier de la Bolsa-Familia (la moitié de ses bénéficiaires viennent du Nordeste), bourse de la famille (aides à l’achat de la bonbonne de gaz, du lait ou de la nourriture de base) dont bénéficient 40 millions de personnes (sur 180 millions d’habitants). Le maximum est de 25 à 35 euros par mois (moins de trois bouteilles de gaz). C’est très peu, mais c’est souvent la seule rentrée d’argent ou en tout cas la principale. Et il faut être enregistré comme ayant droit. C’est donc la base d’un vaste clientélisme qui permet à Lula de s’attacher les plus pauvres tout en achetant (pour combien de temps ?) le calme social. Mais ce ne sont que des miettes : pour 8 milliards de reals distribués à la Bolsa-familia, il y en a eu 140 transférés de l’Etat au secteur financier. La Bourse des familles a bien moins d’importance que la Bourse (la vraie, celle de la finance) !

Quant au programme « Faim zéro », lancé par Lula, lors de son arrivée au pouvoir, en janvier 2003, le sociologue Chico de Oliveira a pu ironiser : « C’est l’extrême onction. Il sauve l’âme, pas le corps ! »

La réforme agraire aurait dû être la base d’une politique de lutte contre la misère. Elle est enterrée. Trente deux mille propriétaires, possédant chacun plus de 2 000 hectares, détiennent 31,6 % des terres cultivables, bien sûr les meilleures ! Le second plan national de réforme agraire se terminant en 2006 prévoyait un million de familles paysannes ayant reçu une terre. On en est très loin ! En réalité, selon le leader du MST, pourtant lié à Lula, ce dernier a fait accéder à la terre « moins de paysans en deux ans que ne l’avait fait FHC ». Un plan (dit Sampaio du nom de son auteur) dressé à la demande de Lula au début de son premier mandat prévoyait l’installation, avec des aides, d’un million de familles jusqu’en 2006, après rachat aux propriétaires (pas d’expropriation bien sûr !). Moins d’un cinquième de cet objectif a été réalisé et les terres fournies l’ont été surtout en ponctionnant la forêt amazonienne. Pas touche aux latifundia ! Pas d’expropriations dans le sud et des grands propriétaires du Para ! Par contre la commission pastorale de la terre estime qu’une sorte de contre-réforme a expulsé 176 000 familles des terres qu’elles occupaient. Le gouvernement n’a rien fait pour supprimer le lien entre grands propriétaires, justice et forces de l’ordre. Les assassinats d’occupants de terre n’ont pas diminué et l’impunité des assassins reste la règle. Les responsables d’un massacre de 1996 (19 morts et 70 blessés) n’ont toujours pas été inquiétés. Même l’esclavage qui sévit massivement dans l’Etat de Para, par exemple, n’a pas été sérieusement combattu. José Rainha, leader du Mouvement des sans terre, qui était pourtant un ami de Lula, croupit en prison.

Les milieux populaires les plus pauvres continuent sans doute de considérer Lula comme un des leurs. Mais les illusions et l’enthousiasme suscités lors de sa première élection sont retombés. Il y avait dix fois moins de manifestants dans la rue, cette fois, à l’annonce de la victoire. La mobilisation née de la lutte contre la dictature dans les années 1980, de la lutte contre les patrons d’industrie et de celle contre les grands propriétaire latifundiaires semble, momentanément ou durablement, en grande partie dissipée. C’est là que Lula s’est montré irremplaçable pour les classes possédantes. Bien mieux que n’importe quel homme de droite, il a contribué à démoraliser, détourner ou dévoyer les organisations populaires qui étaient nées dans le cadre de la lutte de masse.

L’alliance électorale de l’extrême gauche

Un « Front de la gauche » constitué des principaux partis qui se disent d’extrême gauche, PSol, PSTU et PCB (un quatrième parti, le PDT, Parti démocratique travailliste, avec lequel le PSol n’avait pas, au départ, exclu de s’allier a été écarté sous la pression du PSTU exigeant que le front ne comprenne aucun « représentant de la bourgeoisie ») a présenté des candidats communs à différents échelons. L’extrême gauche a ainsi réussi à jouer les trouble-fête d’un jeu pourtant bien réglé malgré la faiblesse des moyens organisationnels et médiatiques (une minute pour Heloïsa Helena) dont elle disposait.

En fait c’est surtout grâce à la candidature d’Heloïsa Helena aux présidentielles. La candidate du « Front de la gauche » a en effet reçu plus de 7 % dans l’Etat de Sao Paulo, plus de 17 % dans l’Etat de Rio de Janeiro (son meilleur résultat à comparer aux 29 % d’Alckmin), 5,6 % dans l’Etat de Minas Gerais. Il est à remarquer aussi qu’à Rio de Janeiro, là où le Front de gauche a eu ses meilleurs résultats, l’appel au vote nul au second tour a été réellement suivi : 5,68 % contre 1% nationalement. Et, pour l’élection du gouverneur de l’Etat, le total blancs, nuls et abstentions atteint 32 %, l’équivalent du résultat du candidat arrivé second.

Il y a une grande différence cependant entre les résultats personnels de Heloïsa Helena aux présidentielles et ceux des candidats aux élections de gouverneur ou de sénateur. Si la candidate au présidentielles a recueilli 6,85 % des voix nationalement, les listes du Front de gauche aux législatives n’en ont reçu que 1,25 %. Luciana Genro, une ancienne députée PT démissionnée par le parti de Lula, a retrouvé son siège. Deux autres candidats du Front de gauche ont été élus dans l’Etat de Sao Paulo. Mais deux anciens députés PT qui avaient rejoint le PSol ne l’ont pas été. Et le PSTU n’a eu aucun élu.

Indépendamment des bons ou moins bons résultats, ce Front de la gauche ne va pas sans poser les problèmes habituels de ces sortes d’alliances faites de révolutionnaires, de gens qui balancent entre le réformisme et la révolution... et d’autres qui ont en fait choisi le premier contre la seconde. Car c’est bien cela, cette alliance entre le PSTU [1] qui se veut « parti de la révolution socialiste », le PSol [2] qui affiche vouloir « approfondir la démocratie » et le PCB [3] qui critique une certaine gestion des affaires de la bourgeoisie sans forcément refuser de les gérer un jour.

Le manifeste du Front de gauche avait défini un programme commun : la suspension du paiement de la dette interne et externe, la rupture avec le capital financier et l’impérialisme, la mobilisation contre la révision du code du travail, la suppression des attaques contre la sécurité sociale et la mise en place d’une véritable réforme agraire. La campagne électorale des uns ou des autres n’a pas toujours été conforme à ce programme. Ainsi Heloïsa Helena, avec son candidat vice-président Cesar Benjamin, a mis en avant le développement économique du Brésil fondé sur la baisse des taux d’intérêts. Elle a déclaré que les occupations de terre devaient se faire « uniquement dans le cadre de la loi », ce qui signifiait désavouer toute une partie des organisations de sans terre. Elle a pris des positions personnelles contre l’avortement, en relation avec son engagement personnel de militante catholique.

Ainsi, tandis qu’ « Heloïsa a fait une campagne centrée sur la corruption du gouvernement » comme le relevait le journal Pagina 12 du 15 octobre 2006, le PSTU centrait son intervention sur la lutte sociale. Il a avancé l’idée d’une réforme agraire qui retirerait la terre aux latifundiaires sans indemnisation. Il a affirmé son soutien aux ouvriers de Volkswagen de Sao Bernardo (Etat de Sao Paulo). Il a défendu les nationalisations des hydrocarbures de Bolivie contestées par les trusts pétroliers brésiliens.

Le PSTU n’a donc pas caché ses critiques ou ses désaccords avec la représentante de cette coalition, sans pour autant rompre le front. Cette tactique sera-t-elle payante pour le mouvement révolutionnaire brésilien ? L’histoire nous le dira sans doute bien vite. Mais on peut craindre toutefois que le bilan ne soit pas que positif. En effet, en s’intégrant dans ce front, le PSTU a fait, qu’il le veuille ou non, de tous les candidats présentés par ce front ses propres candidats, y compris des femmes et des hommes dont le passé ou les positions n’offrent aucune garantie qu’ils resteront longtemps dans le camp des travailleurs. Etait-il bien utile de leur apporter cette caution ? S’il était sans doute juste de faire voter pour Heloïsa Helena, par exemple, pour ce qu’elle représentait dans cette élection face à Lula, n’aurait-il pas mieux valu le faire en présentant ses propres raisons et ses propres objectifs, sans les mélanger, même un tout petit peu, avec ceux bien différents d’autres partisans de la même Heloïsa Helena ?

Certes, pour le deuxième tour, la prise de position du PSTU pour le vote nul a été suivie par le PSol : « Nous ne pouvons adopter une autre position que celle de dénoncer les candidatures d’Alckmin et de Lula comme des appuis à un modèle politique, économique et social injuste, dont l’une des facettes est la corruption généralisée (...) modèle qui maintiendra des millions de Brésiliens dans la misère et la dépendance (...) Aussi bien Lula qu’Alckmin sont les deux facettes d’une même médaille (...) par conséquent nous disons au peuple brésilien, votez pour qui vous voulez ou votez blanc ou nul mais n’ayez aucune illusion que l’un des deux représentera les intérêts du peuple. »

Mais si la direction du PSol a appelé finalement au vote nul, plusieurs de ses dirigeants se sont démarqués et ont appelé à voter Lula, comme le député Chico Alencar. Le candidat à la vice-présidence César Benjamin choisi par Heloïsa Helena (malgré le désaccord du PSTU qui proposait Zé Maria, un leader ouvrier connu), qui défendait l’option d’un dialogue avec Lula, en a profité pour quitter le PSol. Quant au PCB, il a appelé à voter Lula au deuxième tour.

Si certains des hommes et des groupes composant le front ont renié ou édulcoré leur opposition à Lula dès le lendemain du premier tour des élections, on peut se demander ce qu’ils feront face aux problèmes, autrement importants, qui vont immanquablement se poser au mouvement ouvrier et au mouvement révolutionnaire brésilien durant les prochaines quatre années de mandature de Lula !

Une classe ouvrière sur le qui vive ?

Dès l’élection terminée, Lula a annoncé qu’il offrait à tous les partis, et pas seulement au PMDB avec lequel il a fait campagne et gouverne déjà, de participer à sa majorité gouvernementale. Ça promet ! Comme promet l’engagement de payer la dette extérieure et de suivre les accords budgétaires négociés avec le FMI !

Aux manifestants qui acclamaient son élection, il a déclaré : « On ne peut dépenser plus que ce que l’on gagne. Malgré les revendications de mes compagnons syndicalistes, on ne pourra donner aux gens que ce que permet la responsabilité. » Voilà qui n’est guère rassurant non plus pour le monde du travail lorsqu’on sait que lors de son premier mandat, Lula n’a repoussé la réforme du code du travail visant à supprimer le treizième mois, réduire le mois de vacances et les indemnités de licenciement ou assouplir les mécanismes d’embauche, que pour éviter d’attaquer toutes les couches populaires en même temps et sur tout.

Heureusement, beaucoup de travailleurs qui ont donc voté Lula au deuxième tour l’ont fait sans illusion, pour voter contre une droite trop arrogante. Cela ne veut pas dire qu’ils attendent ou comptent sur lui pour régler les problèmes.

Ainsi les sans terre ne se contentent pas d’attendre les mesures de Lula. Le MST (dont la direction a appelé à voter Lula au deuxième tour, alors qu’elle ne l’avait pas fait au premier) prévoit déjà une marche pour la terre qui doit débuter le 17 avril et arriver en mai à Brasilia. Or bien des courants du mouvement des sans terre vont beaucoup plus loin que le MST, ne craignant pas de contester le gouvernement et sa politique.

Par ailleurs il y a une agitation, principalement sur les salaires, dans plusieurs secteurs : parmi les employés fédéraux et municipaux, les postiers (qui ont dénoncé une perte de salaire de 45 % de 1994 à 2005), à General Motors de Sao José dos Campos (Etat de Sao Paulo), les employés de banque.

La lutte des travailleurs de Volkswagen contre les 1 300 licenciements programmés dans l’usine de Sao Bernardo, alors que les bénéfices de Volkswagen sont en hausse de 53,2 % en un an, a aussi interféré dans la campagne électorale. Le ministre du travail, Luiz Marinho, dirigeant de la CUT et ex salarié de Volkswagen, a déclaré : « Le gouvernement ne peut pas y faire grand-chose. » La direction du syndicat des métallurgistes a manœuvré pour briser la grève. Puis mis en minorité dans des assemblées de grévistes, elle a changé de tactique et divisé la grève « secteur par secteur ». Mais une opposition syndicale à la direction de la CUT a mené la contestation, remettant en cause l’accord syndicat-direction et avançant d’autres revendications : pas de licenciement, réduction de la journée de travail sans réduction de salaire, et que les actionnaires prennent sur leurs bénéfices !

Depuis un an ou deux, à l’initiative de plusieurs syndicats, notamment de fonctionnaires, et avec l’aide de militants d’extrême gauche, en particulier du PSTU, une nouvelle centrale appelée Conlutas (Coordination des luttes) a été mise en place en opposition à la CUT. Le congrès de Conlutas qui s’est réuni en août dernier a été jugé comme un succès par les syndicats et organisations présentes. Nombre de groupes d’extrême gauche, critiques jusque-là de cette initiative du PSTU, y ont participé, comme le PSol. Et depuis, Conlutas semble avoir développé son influence dans un certain nombre de secteurs, des métallos de Volta Ronde (Rio de Janeiro) au mineurs de Vale do Rio Doce (Minas Gerais) en passant par les enseignants de Rio de Janeiro ou les syndicats des pétroliers, sans compter des organisations de sans terre et d’étudiants qui ont elles aussi adhéré à Conlutas.

Le bras de fer entre Lula qui, n’en doutons pas, va maintenant tenter de mener la politique anti-sociale réclamée par le patronat et l’impérialisme, et la classe ouvrière brésilienne est inévitable. La combativité n’est pas revenue au niveau de ce qu’elle a été une ou deux décennies en arrière, mais elle ne semble pas nulle non plus. La partie n’est pas terminée, une partie dans laquelle les révolutionnaires ont un rôle à jouer et un crédit à gagner, et d’une toute autre importance que ceux joués ou gagnés dans les récentes élections.

10 novembre 2006


[1] Le PSTU, Parti socialiste des travailleurs unifié, fondé en 1994, est une organisation trotskyste qui se revendique de l’héritage de la révolution d’octobre et se donne pour but le pouvoir aux travailleurs. Membre de la LIT, moréniste, il veut reconstruire une organisation révolutionnaire internationale, dans la continuité de la IVe internationale de Trotsky

[2] Le PSol, parti du socialisme et de la liberté, a été fondé par Heloïsa Helena, alors sénatrice du PT, et les députés exclus de ce parti en 2003 pour avoir refusé de voter la réforme gouvernementale remettant en cause les retraites des fonctionnaires. Des militants et groupes révolutionnaires l’ont rejoint et une large fraction de la section brésilienne du Secrétariat unifié de la IVème Internationale l’anime. Mais il ne vise pas explicitement à la construction d’un parti révolutionnaire ni à la révolution. Son but est de reconstruire un PT à l’image de ce que celui-ci était à ses débuts.

[3] Le PCB est le parti communiste brésilien, parti des ex-staliniens.

Brasil : Intensa preparacion del Congreso de la CONLUTAS

PSTU - BRASIL

La preparacion de un momento excepcional

(Editorial de Opiniao Socialista N ? 339)

Existe una actividad intensa de los activistas del movimiento sindical, popular y estudiantil, en todo el pais, alrededor de la eleccion de los delegados para el Congreso de la Conlutas. Los mas viejos recuerdan los primeros tiempos de formacion de la CUT, cuando todavia era una central de luchas y agrupaba a los activistas que estaban al fentre de las huelgas. Los mas nuevos se encantan por la discusion politica en las bases en torno de las tesis presentadas.

Hoy, se estan reuniendo en asambleas una parte importante de los que luchan en este pais. Las movilizaciones que mas impactan a los trabajadores son las salariales, impulsadas por el dispare de la inflacion y, en particular, por el aumento del precio de los alimentos. Las principales huelgas estaran presentes en el Congreso de la Conlutas.

Por ejemplo, los obreros de la construccion civil de Fortaleza, que terminaron una huelga radicalizada y victoriosa, estan elegiendo sus delegados. Los profesores de Belem, que estan completando un mes de huelga, tienen en la Alternativa Conlutas en la Educacion una direccion combativa contra la direccion burocratica del sindicato y el gobierno del PT. Esa direccion alternativa divulga el Congreso de julio en la base. Los trabajadores de la construccion civil Sao Jose dos Campos (San Pablo) tambien fueron a la huelga, pasando por arriba de una direccion amarilla del sindicato y encontraron en la Conlutas un punto de apoyo para su movilizacion. Los profesores de Santa Catarina, que tambien tuvieron una huelga salarial, deben elegir mas de cien delegados. De la misma forma, otras luchas salariales estan ocurriendo en el pais (como los profesores de Sao Goncalo e Piaui), y los trabajadores encuentran sindicatos y oposiciones ligadas a la Conlutas junt a ellos.

Otro punto importante de la movilizacion de los trabajadores es por la reduccion de la jornada de trabajo sin reduccion de salarios y derechos. Los metalurgicos de la GM de Sao Jose dos Campos son una referencia en ese sentido, por haber rechazado la propuesta patronal de flexibilizacion de derechos. El dia 28 de mayo, los metalurgicos de Sao Jose dos Campos estaran al frente de la lucha para apuntar un rumbo en esa campana diferente de aquella defendida por la CUT y Fuerza Sindical, que estan negociando la reduccion a cambio de la imposicion de un banco de horas y de la reduccion de los gastos de la empresas con la Prevision (sistema de seguridad social). Los metalurgicos de Sao Jose son fundadores de la Conlutas y estan en la linea del frente de la eleccion de los delegados de base.

Las oposiciones sindicales son otras expresiones de la construccion de una alternativa de direccion contra el amarillismo de la CUT y de la Fuerza Sindical. En este momento, estan en curso o en preparacion elecciones de gran importancia, como la de los petroleros del Norte Fluminense, de los profesores de Rio Grande del Sur y San Pablo y bancarios de Belo Horizonte. En todas ellas, oposiciones con fuerte presencia de la Conlutas estaran presentes, al mismo tiempo en que elegiran sus delegados para el Congreso.

El movimiento popular es otra base de apoyo de la Conlutas. La ocupacion del Pinheirinho, la mas antigua ocupacion urbana victoriosa del pais, ya eligio sus 14 delegados.

El movimiento estudiantil va a realizar un Encuentro proximo al Congreso de la Conlutas, en que discutira la perspectiva de construccion de una nueva entidad, alternativa a la UNE burocratica. Y ya esta, tambien, eligiendo sus delegados. Seguramente, estaran los representantes de las principales ocupaciones de las universidades, sea de la USP en el ano pasado, sea de la UNB de este ano.

La preparacion del Congreso

El Congreso de la Conlutas, que se realizara del 3 al 6 de julio en Betim (Minas Gerais), sera un momento excepcional por varios motivos. En primer lugar, como se puede ver, sera una expresion genuina de las luchas de los trabajadores y estudiantes brasileros. Mas importante todavia, podra discutir un plan de luchas que unifique las campanas salariales, movilizaciones por la reduccion de la jornada y otras banderas unificadas de los trabajadores para el segundo semestre. Se trata, por tanto, de un evento de extrema importancia ante la crisis crisis economica que se avecina, porque se puede discutir un plan de luchas unificado y nacional.

En segundo lugar, sera una reunion nacional de los mejor de la vanguardia socialista, independiente y en oposicion al gobierno Lula. Essa vanguardia estara discutiendo las perspectivas mas estrategicas del pais y de America Latina, ya traducidas en los debates de las tesis para el Congreso. Desde la burocratizacion de la CUT y el PT, los activistas no tienen un espacio de esta magnitud para este debate. Eso ya ocurrio en el Conat, y ahora se repetira en una escala mas amplia y profunda. Cinco mil delegados debatiendo con la mas amplia democracia y estrategia para la lucha socialista.

En tercer lugar, luego del Congreso de la Conlutas, sera realizado el Encuentro Latinoamericano y Caribeno de Trabajadores (Elac), los dias 7 y 8 de julio, convocado por la Conlutas, la COB (Central Obrera Boliviana), la CCura (Corriente Clasista, Unitaria, Revolucionaria y Autonoma) de Venezuela, Batay Ouvriye (Batalla Obrera) de Haiti, y la TCC (Tendencia Clasista y Combativa) de Uruguay. Se trata de una iniciativa historica en un momento en que existe una polarizacion creciente de luchas en nuestro continente. Mas que nunca es necesario buscar una coordinacion de las luchas de los trabajadores del continente de forma independiente de los gobiernos de la region.

Integrese en la preparacion de este momento excepcional, que sera el Congreso de la Conlutas. Ayude a unificar las movilizaciones de los trabajadores en Brasil y en America Latina. Participe de los debates sobre los rumbos estrategicos de las luchas de los trabajadores. !Sea uno de los delegados al Congreso de la Conlutas !

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Messages

  • Une invitation aux organisations et militants de la gauche syndicale internationale

    Les 3, 4, 5 et 6 juin prochains auront lieu au Brésil deux congrès importants des secteurs de la gauche syndicale brésilienne. Les 3 et 4 juin aura lieu le congrès de Conlutas, une organisation syndicale et populaire fondée en 2004, de laquelle participent quelques 400 organisations : des syndicats, des groupes d’opposition dans des syndicats, des mouvements populaires, estudiantines et de lutte contre l’oppression. Dans ce Congrès sera à l’ordre du jour une unification avec l’Intersyndicale, une organisation qui rassemble en son sein d’autres secteurs de la gauche syndicale brésilienne, ainsi qu’avec d’autres organisations telles que Pastorale Ouvrière, le MTST (Mouvement des Travailleurs Sans Toit), le MTL (Mouvement Terre et Liberté) et le MAS (Mouvement Avancée Syndicale).
    Le Congrès d’Unification, qui aura lieu les 5 et 6 juin, est en préparation à partir du Forum Social de Belém qui a eu lieu au début de 2009.

  • Le président de la plus grande université du Brésil, l’Université de São Paulo (USP), Marco Antônio Zago, poursuit avec acharnement son projet déclaré d’éliminer le syndicalisme du campus. Les travailleurs et leurs partisans ont déjoué une tentative d’expulsion du syndicat de ses locaux en avril. Maintenant, pendant la période de vacances de décembre, la présidence a obtenu une ordonnance judiciaire pour expulser le syndicat de ses bureaux, police et militaires pouvant prêter main forte si nécessaire. SINTUSP occupe ces bureaux à l’université depuis sa fondation en accord avec chaque administration jusqu’à ce jour. La dernière fois qu’un président d’université a tenté de s’opposer à la présence du syndicat fut en 1979, pendant la dictature militaire. Maintenant, sous la « démocratie » de Zago, le syndicat est expulsé sans aucune négociation et sans aucune base administrative ou juridique. Il s’agit d’une déclaration de guerre contre les travailleurs de l’USP et est en même temps une déclaration de guerre contre la communauté universitaire et le droit fondamental à l’organisation de toute la classe ouvrière. La direction a également congédié les dirigeants syndicaux et mené de nombreuses procédures abusives contre les dirigeants et les militants du SINTUSP. Ces travailleurs s’engagent à combattre toutes les tentatives visant à « éliminer le syndicalisme de l’USP ».

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