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Les meilleurs écrits athées - Septième partie – Les grands auteurs athées récents

vendredi 24 novembre 2017, par Robert Paris

Les meilleurs écrits athées - Septième partie – Les grands auteurs athées récents : Jacques Prévert, Charles Darwin, Anatole France, Victor Hugo, Frans de Waal, André Comte Sponville, Bertrand Russel, Claude-Lévi-Strauss, Sigmund Freud, Albert Jacquard, Albert Camus…

Jacques Prévert

« Ceux qui pieusement

Ceux qui copieusement

Ceux qui tricolorent

Ceux qui inaugurent

Ceux qui croient

Ceux qui croient croire

Ceux qui croa-croa… »

(Jacques Prévert / Paroles/ Tentative de description d’un dîner de têtes à Paris-France)

"Il nous lisait toujours la même histoire, triste et banale d’un homme [Jésus] d’autrefois qui portait un bouc au menton, un agneau sur les épaules et qui mourut cloué sur deux planches de salut après avoir beaucoup pleuré sur lui-même dans un jardin, la nuit. C’était un fils de famille qui parlait toujours de son père - mon père par-ci, mon père par-là, le royaume de mon père - et il racontait des histoires aux malheureux qui l’écoutaient avec admiration, parce qu’il parlait bien et avait de l’instruction. Il guérissait les hydropiques, et il leur marchait sur le ventre en disant qu’il marchait sur l’eau, et l’eau qu’il leur sortait du ventre, il la changeait en vin ; à ceux qui voulaient bien en boire, il disait que c’était son sang. Assis sous un arbre, il parabolait : "heureux les pauvres d’esprit, ceux qui ne cherchent pas à comprendre, ils travailleront dur, ils recevront des coups de pied au cul et ils feront des heures supplémentaires qui leur seront comptées plus tard dans le royaume de mon père." (Paroles - Souvenirs de famille ou l’ange garde-chiourme)

"Bref, le peuple se met à hurler "Barabbas, Barabbas, mort aux vaches, à bas la calotte" et, crucifié entre deux souteneurs dont un indicateur, il rend le dernier soupir, les femmes se vautrent sur le sol en hurlant leur douleur, un coq chante et le tonnerre fait son bruit habituel. Confortablement installé sur son nuage amiral, Dieu le père, de la maison Dieu-père-fils-Saint-Esprit-&-Cie, pousse un immense soupir de satisfaction, aussitôt deux ou trois petits nuages subalternes éclatent avec obséquiosité et Dieu père s’écrie : "Que je sois loué, que ma sainte raison sociale soit bénie, mon fils bien-aimé a la croix, ma maison est lancée. "Aussitôt il passe les commandes et les grandes manufactures de scapulaires entrent en transes, on refuse du monde aux catacombes et, dans les familles qui méritent ce nom, il est de fort bon ton d’avoir au moins deux enfants dévorés par les lions." (dans "Paroles" - Souvenirs de famille ou l’ange garde-chiourme)

"J’ai toujours été intact de Dieu et c’est en pure perte que ses émissaires, ses commissaires, ses prêtres, ses directeurs de conscience, ses ingénieurs des âmes, ses maîtres à penser se sont évertués à me sauver. […] Et je m’en allais, là où ça me plaisait, là où il faisait beau même quand il pleuvait, et quand, de temps à autre ils revenaient avec leurs trousseaux de mots-clés, leurs cadenas d’idées, les explicateurs de l’inexplicable, les réfutateurs de l’irréfutable, les négateurs de l’indéniables, je souriais et répétais : « C’est pas vrai ! » et « C’est vrai que c’est pas vrai ! ». Et comme ils me foutaient zéro pour leurs menteries millénaires, je leur donnais en mille mes vérités premières." (dans "Choses et autres")

"Quand le diable fait la cuisine le bon dieu se met à table et le pauvre monde nettoie les fourneaux."

"Les religions ne sont que les trusts des superstitions." (dans "Spectacle")

"Bref, le peuple se met à hurler "Barabbas, Barabbas, mort aux vaches, à bas la calotte" et, crucifié entre deux souteneurs dont un indicateur, il rend le dernier soupir, les femmes se vautrent sur le sol en hurlant leur douleur, un coq chante et le tonnerre fait son bruit habituel. Confortablement installé sur son nuage amiral, Dieu le père, de la maison Dieu-père-fils-Saint-Esprit-&-Cie, pousse un immense soupir de satisfaction, aussitôt deux ou trois petits nuages subalternes éclatent avec obséquiosité et Dieu père s’écrie : "Que je sois loué, que ma sainte raison sociale soit bénie, mon fils bien-aimé a la croix, ma maison est lancée. "Aussitôt il passe les commandes et les grandes manufactures de scapulaires entrent en transes, on refuse du monde aux catacombes et, dans les familles qui méritent ce nom, il est de fort bon ton d’avoir au moins deux enfants dévorés par les lions."

dans Paroles - Souvenirs de famille ou l’ange garde-chiourme

"J’ai toujours été intact de Dieu et c’est en pure perte que ses émissaires, ses commissaires, ses prêtres, ses directeurs de conscience, ses ingénieurs des âmes, ses maîtres à penser se sont évertués à me sauver. […] Et je m’en allais, là où ça me plaisait, là où il faisait beau même quand il pleuvait, et quand, de temps à autre ils revenaient avec leurs trousseaux de mots-clés, leurs cadenas d’idées, les explicateurs de l’inexplicable, les réfutateurs de l’irréfutable, les négateurs de l’indéniables, je souriais et répétais : « C’est pas vrai ! » et « C’est vrai que c’est pas vrai ! ».Et comme ils me foutaient zéro pour leurs menteries millénaires, je leur donnais en mille mes vérités premières."

dans Choses et autres

"Dans chaque église, il y a toujours quelque chose qui cloche. "

dans spectacle

Avec les jolies filles et avec les vieux cons
Avec la paille de la misère pourrissant dans l’acier des canons."

Extrait de "Paroles"

« L’enfant qui verse, histoire de rire, son encrier dans le bénitier, est plus drôle et plus vrai que Luther qui disait avoir jeté le sien au diable. »

« La théologie, c’est simple comme Dieu et dieux font trois. »

« La révolution est quelque fois un rêve, la religion toujours un cauchemar. »

« Dieu a besoin des hommes, mais les hommes n’ont pas besoin de lui. »

« La France est la fille aînée de l’église et Jésus-Christ le cadet de mes soucis. »

« Un seul Dieu tu abhorreras. Ce lapsus déi est un exemple typique d’automasochisme divin. »

« Luther et Calvin

Calvin et Luther

Calvaire et lutins. »

« Il y a des gens qui s’amusent d’un rien, faites comme eux, amusez-vous de Dieu. »

« Satan est l’âme damnée de Dieu. »

« Le premier jour, Dieu n’a pas fermé l’œil de la nuit et de cette insomnie, la lune encore en rit. »

« Enfin, tant bien que mal nous vivons, Dieu merci ! Dieu : « Il n’y a pas de quoi. »

« Dictionnaire : maladie qui existe par elle-même et ne dépend d’aucune autre affection. Voir « Déisme ».

« C’est sans doute celui qui n’a jamais pêché qui lui a jeté la première pierre. »

« Bref, le peuple se met à hurler "Barabbas, Barabbas, mort aux vaches, à bas la calotte" et, crucifié entre deux souteneurs dont un indicateur, il rend le dernier soupir, les femmes se vautrent sur le sol en hurlant leur douleur, un coq chante et le tonnerre fait son bruit habituel.
Confortablement installé sur son nuage amiral, Dieu le père, de la maison Dieu-père-fils-Saint-Esprit-&-Cie, pousse un immense soupir de satisfaction, aussitôt deux ou trois petits nuages subalternes éclatent avec obséquiosité et Dieu père s’écrie : "Que je sois loué, que ma sainte raison sociale soit bénie, mon fils bien-aimé a la croix, ma maison est lancée. "Aussitôt il passe les commandes et les grandes manufactures de scapulaires entrent en transes, on refuse du monde aux catacombes et, dans les familles qui méritent ce nom, il est de fort bon ton d’avoir au moins deux enfants dévorés par les lions. »

(Jacques Prévert / Paroles - Souvenirs de famille ou l’ange garde-chiourme)

« Notre Père qui êtes aux cieux

Restez-y

Et nous nous resterons sur la terre

Qui est quelquefois si jolie

Avec ses mystères de New York

Et puis ses mystères de Paris

Qui valent bien celui de la Trinité

Avec son petit canal de l’Ourcq

Sa grande muraille de Chine

Sa rivière de Morlaix

Ses bêtises de Cambrai… »

(Jacques Prévert / Paroles - Pater noster)

« Le paon fait la roue

Le hasard fait le reste

Dieu s’assoit dedans

Et l’homme le pousse »

(Jacques Prévert/ Paroles - La brouette ou les grandes inventions)

« Ils sont à table

Ils ne mangent pas

Ils ne sont pas dans leur assiette

Et leur assiette se tient toute droite

Verticalement derrière leur tête. »

(Jacques Prévert / Paroles - La Cène)

« Quand [le Diable] rencontre Dieu

il est très embêté

parce qu’il doit le saluer

c’est réglementaire […]

alors il se rend compte

qu’il est légèrement ridicule

et il s’en retourne chez lui en courant

il allume un grand feu en pleurant […]

et il se couche sur le brasier

avec une grande flamme blanche

comme oreiller

et il ronronne tout doucement

comme le feu

comme les chats quand ils sont heureux

et il rêve aux bons tours

qu’il va jouer au bon Dieu. »

(Jacques Prévert / Paroles - Ecritures saintes)

« Les paris stupides :

un certain Blaise Pascal

etc… etc... »

(Jacques Prévert / Paroles)

« … mais le pape l’interrompt

Ah ! Foutez-moi la paix à la fin

je ne suis tout de même pas arrivé à mon âge et à la haute situation pour me laisser emmerder par un malheureux petit libre penseur de rien du tout

venu je ne sais d’où

Je ne suis pas libre penseur dit le veilleur

je suis athée

Hein quoi dit le Saint-Père

et l’autre dans le tuyau de son oreille

l’autre se met à gueuler

Allo allo Saint-Père vous m’entendez

athée

A comme absolument athée

T comme totalement athée

H comme hermétiquement athée

E accent aigu comme étonnement athée

E comme entièrement athée

pas libre penseur

athée

il y a une nuance »

(Jacques Prévert / Paroles - La crosse en l’air [feuilleton])

« Il y a des gens qui dansent sans entrer en transe et il y en a d’autre qui entrent en transe sans danser. Ce phénomène s’appelle la Transcendance et dans nos régions il est fort apprécié. »

(Jacques Prévert/ Spectacle / 1951)

"Les religions ne sont que les trusts des superstitions."

(Jacques Prévert/ Spectacle / 1951)

"Oh ! Raison funèbre !"

(Jacques Prévert / Spectacle / 1951)

"Dieu est un petit bonhomme sans queue qui fume sa pipe au coin du feu."
(Jacques Prévert/ Spectacles)

"Quand la vérité n’est pas libre, la liberté n’est pas vraie."

(Jacques Prévert/ Spectacles)

"Dans chaque église, il y a toujours quelque chose qui cloche."

(Jacques Prévert / Fatras)

"Je vous salis, ma rue

Et je m’en excuse"

(Jacques Prévert / Fatras)

"Martyr, c’est pourrir un peu."

(Jacques Prévert / Paroles)

"Dieu est formidiable !"

(Jacques Prévert / Soleil de nuit)

"J’ai toujours été intact de Dieu et c’est en pure perte que ses émissaires, ses commissaires, ses prêtres, ses directeurs de conscience, ses ingénieurs des âmes, ses maîtres à penser se sont évertués à me sauver. […]
Et je m’en allais, là où ça me plaisait, là où il faisait beau même quand il pleuvait, et quand, de temps à autre ils revenaient avec leurs trousseaux de mots-clés, leurs cadenas d’idées, les explicateurs de l’inexplicable, les réfutateurs de l’irréfutable, les négateurs de l’indéniables, je souriais et répétais : « C’est pas vrai ! » et « C’est vrai que c’est pas vrai ! ».
Et comme ils me foutaient zéro pour leurs menteries millénaires, je leur donnais en mille mes vérités premières."

(Jacques Prévert / Choses et autres)

"C’est connu, Eve n’avait pas de pomme d’Adam."

(Jacques Prévert / Le Fruit défendu)

"Dieu est un grand lapin

il habite plus haut que la terre

tout en haut là-haut dans les cieux

dans son grand terrier nuageux.

Dieu est aussi un prêteur sur gage

un vieil usurier

il se cache dans une bicoque

tout en haut de son mont de piété

et il prête à la petite semaine

au mois au siècle et à l’éternité.

Dieu est aussi un grand voyageur

et quand il voyage pas moyen de le faire tenir en place

il s’installe dans tous les wagons

et il descend dans tous les hôtels à la fois

à ces moments-là

tous les voyageurs marchent à pied

et couchent dehors

Dieu est aussi une grosse dinde de Noël

qui se fait manger par les riches

pour souhaiter la fête à son fils.

Alors les coudes sur la sainte table

le Diable regarde Dieu en face

avec un sourire de côté et il fait du pied aux anges

et Dieu est bien embêté."

(Jacques Prévert )

"Quand le diable fait la cuisine le bon dieu se met à table

et le pauvre monde nettoie les fourneaux."

(Jacques Prévert)

"Saint Martin a donné la moitié de son manteau à un pauvre : comme ça, ils ont eu froid tous les deux."

(Jacques Prévert)

"La meilleure façon de ne pas avancer est de suivre une idée fixe."

(Jacques Prévert)

"La théologie, c’est simple comme dieu et dieu font trois."

(Jacques Prévert)

Charles Darwin

Stephen J. Gould, lui même matérialiste et dialecticien, même s’il ne prétend pas régler leur compte aux religieux par le biais des seules découvertes scientifiques, écrit :

« Darwin a appliqué une philosophie matérialiste en accord avec son interprétation de la nature…

La théorie de Darwin, simple en apparence, ne va pas, dans les faits, sans complexité. Il semble néanmoins que les réticences qu’elle suscite tiennent moins aux éventuelles difficultés scientifiques qu’au contenu philosophique des conceptions de Darwin, qui constituent en effet un défi à un ensemble d’idées particulières à l’Occident et que nous ne sommes pas encore prêts d’abandonner.

Pour commencer, Darwin prétend que l’évolution n’a pas un but. Les individus luttent pour accroître la représentation de leurs gènes dans les générations futures, un point c’est tout. S’il existe un ordre et une harmonie dans le monde, ce ne sont que les conséquences accidentelles de l’activité d’individus qui ne cherchent que leur profit personnel….

En second lieu, Darwin soutient que l’évolution n’est pas dirigée, qu’elle ne conduit pas inévitablement à l’apparition de caractéristiques supérieures. Les organismes ne font que s’adapter à leur environnement. La « dégénérescence » du parasite est aussi parfaite que l’élégance de la gazelle.

Enfin, Darwin fait reposer son interprétation de la nature sur une philosophie matérialiste. La matière est le fondement de toute existence ; l’intelligence, l’esprit et Dieu ne sont que des mots qui servent à désigner les manifestations de la complexité du cerveau…

Darwin n’apportait pas la bonne parole ; il n’entrait pas dans ses intentions d’appliquer à la nature les préjugés de la pensée occidentale. L’esprit de Darwin pourrait même apporter beaucoup à notre civilisation en réfutant l’un des thèmes favoris de l’arrogance occidentale : l’homme destiné à dominer la Terre et les animaux, parce que constituant l’aboutissement d’un processus préconçu…

De nombreux passages des carnets M et N de Darwin écrits en 1838 et 1839, de nombreux passages montrent qu’il était convaincu de quelque chose qu’il ressentait comme beaucoup plus « hérétique » que l’évolution elle-même, et qu’il avait peur d’exposer : le matérialisme philosophique, postulat selon lequel la matière est la substance de toute existence, les phénomènes psychologiques et spirituels n’étant que ses sous-produits. Aucune conception ne pouvait s’opposer davantage aux traditions les plus établies de la pensée occidentale que cette idée selon laquelle l’esprit, malgré sa complexité et sa puissance, n’est que le produit du cerveau.

Ces carnets prouvent en outre que Darwin s’intéressait à la philosophie et qu’il était conscient de ses implications. Il savait que ce qui distinguait des autres doctrines évolutionnistes était un matérialisme philosophique sans compromis. Les évolutionnistes parlaient de forces vitales, de sens de l’Histoire, de lutte organique et d’irréductibilité fondamentale de l’esprit… autant de notions que la chrétienté traditionnelle pouvait parfaitement accepter puisqu’elles permettaient à un Dieu chrétien de conserver sa place, à condition simplement de remplacer « création » par « évolution ». Darwin, lui, ne parlait que de variations dues au hasard et de sélection naturelle.

Dans ses carnets, Darwin applique résolument sa théorie matérialiste à toutes les manifestations de la vie, y compris ce qu’il nommait « la citadelle elle-même », l’esprit humain. Et si l’esprit n’a pas d’existence réelle en dehors du cerveau, Dieu peut-il être autre chose qu’une illusion engendrée par une illusion ?

Dans l’un des carnets concernant la transmutation, il écrit :

« Amour de la divinité, fruit de l’organisation ; quel matérialiste !... Pourquoi le fait que la pensée soit une sécrétion du cerveau est-il plus extraordinaire que le fait que la pesanteur soit une propriété de la matière ? C’est notre orgueil, l’admiration que nous éprouvons pour nous-mêmes. » (…)

Dans sa discussion des carnets M et N, Gruber considère que le matérialisme était, « à cette époque, plus scandaleux que l’évolution ». Il apporte des preuves de la persécution des convictions matérialistes à la fin du 18ème siècle et au début du 19ème (…)

Darwin écrivit dans le carnet M :

« Pour éviter de dire à quel point je crois au matérialisme, je dois me contenter de dire que les émotions, les instincts, les degrés de talent, qui sont héréditaires, le sont parce que le cerveau de l’enfant ressemble à celui des parents. »

Darwin n’a pas eu une formation de scientifique mais de pasteur et il n’a pas supporté celle-ci. Il est devenu matérialiste et même violemment anti-religieux. Bien qu’il utilisait le terme « agnostique » à la fin de sa vie, ce choix de vocabulaire visait à ne pas heurter les scrupules de la société victorienne et les convictions religieuses de son épouse. « L’incrédulité gagna sur moi très lentement, mais elle fut à la fin, complète, écrit-il dans son Autobiographie. [...] Je n’ai jamais douté depuis, même une seule seconde, que ma conclusion ne fut correcte. » Vivant à son aise de la fortune de son père, appartenant à la bonne société des gentleman, il ne voulait être mis au ban de cette société et craignait que la publicité donnée à ses idées irréligieuses ne mènent à son excommunication. Il a décidé de cacher ses idées tout en commençant progressivement à les étayer et à entrer en contact avec des scientifiques. C’est l’évolution de la société bourgeoise anglaise, devenue apte à considérer l’évolution comme une justification du progrès technique et social du capitalisme, qui lui a permis de faire connaître son point de vue sur l’évolution. Mais il n’est par contre pas devenu ouvertement le militant athée qu’il était réellement. Et c’est cet athéisme qui explique dans quel sens il avait mené sa recherche. La continuité des espèces au cours de l’évolution a surtout pour but de montrer qu’il n’y a pas eu de création divine puisqu’il n’y a pas eu de création du tout. Tous les ouvrages de Darwin sont tournés contre les thèses religieuses de son époque sur la nature et sa prétendue manifestation de dessein de Dieu qui aurait produit la nature dans un but préétabli. Son ouvrage principal "De l’origine des espèces" répond directement à l’ouvrage pro-religieux de Paley, argument par argument, mot à mot. "Le vieil argument du dessein dans la nature, tel que le donnait Paley, me paraissait autrefois des plus concluants, il tombe aujourd’hui après qu’a été découverte la loi de sélection naturelle. Nous ne pouvons plus soutenir que, par exemple, l’admirable charnière d’une coquille bivalve a dû être faite par un être intelligent, comme la charnière d’une porte par l’homme. Il semble qu’il n’y a pas plus de dessein dans la variabilité des êtres organiques et dans l’action de la sélection naturelle, que dans la façon dont le vent souffle. Tout dans la nature est le résultat de lois fixées à l’avance." Son étude sur les orchidées vise à montrer que leur structures destinées à la fécondation, par l’intermédiaire des insectes, ont été bricolées à partir d’éléments dont les ancêtres se servaient dans un tout autre dessein, comme l’explique Stephen Jay Gould dans "Darwin et les grandes énigmes de la vie". L’énigme de la vie de Darwin semble bien se résumer à un énorme effort pour libérer les hommes de son époque de l’emprise de la religion.

"La science et le Christ n’ont rien à voir l’un avec l’autre, sinon dans la mesure où l’habitude de la recherche scientifique enseigne la prudence au moment d’accepter une preuve quelle qu’elle soit. En ce qui me concerne, je ne crois pas qu’une révélation ait été faite. "

(Charles Darwin /juin 1879)

"Le vrai matérialisme fait de Dieu une impossibilité, de la révélation une vue de l’esprit, et de la vie future une absurdité."
(Charles Darwin /juin 1879)

"J’en étais progressivement venu, à cette époque, à voir que l’Ancien Testament, de par son histoire du monde manifestement fausse, avec la tour de Babel, l’arc-en-ciel comme signe, etc., et son attribution à Dieu des sentiments d’un tyran assoiffé de vengeance, n’était pas plus digne de foi que les livres sacrés des hindous, ou les croyances de n’importe quel barbare. Une question s’imposait alors continuellement à mon esprit, et refusait d’en être bannie : est-il croyable que si Dieu avait dans l’instant, à révéler aux hindous, il permettrait que cela soit lié à la croyance de Vishnou, Shiva, etc., comme le christianisme est lié à l’Ancien Testament ? Cela me paraissait tout à fait incroyable."
(Charles Darwin)

Darwin n’est absolument pas un simple observateur attentif de la nature qui aurait consigné sur des cahiers le détails d’études précises sur des quantités d’êtres vivants et qui aurait inventé une notion nouvelle : l’évolution. Cette notion existait bien avant lui. C’est un philosophe qui avait un projet bien précis : détruire idéologiquement l’édifice intellectuel dans lequel lui-même avait été enfermé, l’idéologie religieuse. Chacune de ses études est, petit à petit, non pas une description de ce qu’il voit mais un raisonnement, une argumentation qui répond point par point à celle du christianisme prétendant faire de la nature une preuve du dessein divin et de la construction d’un monde pour y mettre la créature supérieure : l’homme. Darwin répond point par point : pas de créature supérieure, pas de dessein, pas de loi supérieure, pas de construction pilotée, pas de but à chaque naissance d’un organe et d’une fonction, d’une espèce et d’un attribut. Pas de conscience supérieure pour bâtir la conscience humaine. l’homme n’est qu’un animal parmi d’autres, un être vivant entre bien d’autres. L’univers n’est pas fait pour l’homme. La nature n’est pas la preuve d’un bâtisseur qui a tout conçu par avance. Au contraire, tout se construit au fur et à mesure, en fonction des contingences. La destruction idéologique de la religion chez Darwin explique qu’aujourd’hui encore les religieux soient aussi violents contre lui. Il n’y a que des pays comme la France où l’hypocrisie sociale démocratique est profondément ancrée pour y penser que l’évolution vue par Darwin n’est pas opposée à la croyance religieuse. La religion dominante en France étant l’éclectisme et le scepticisme général vis-à-vis de toute pensée engagée, cela n’a rien d’étonnant qu’une telle pensée ne puisse comprendre le "dessein" engagé d’un Darwin, un combattant violent contre la prison idéologique de la religion chrétienne !

D. Tort sur "L’origine des espèces" : "Avec ce livre, la science s’affranchit de la théologie."

« J’ai peine à croire comment quelqu’un pourrait souhaiter que le Christianisme fût vrai ; car en pareil cas la langue simple de ce texte semble montrer que les hommes qui ne croient pas – et parmi eux mon père, mon frère et presque tous mes meilleurs amis – seront punis éternellement. Et c’est une doctrine abominable. »

Darwin dans son Autobiographie posthume

Mais Darwin s’est gardé de manifester ouvertement son hostilité à la religion. Comme Richard Millner l’a écrit : « Dans ses cauchemars Darwin se voyait décapité ou pendu ; il se disait qu’une conviction qui allait ainsi contre l’autorité biblique équivalait à l’aveu d’un meurtre. » (Encyclopédie de l’Évolution)

"Lorsque, en 1837, Darwin rompt avec le fixisme dogmatique et ouvre son premier carnet de notes sur le « transmutation des espèces », ni l’Église anglicane ni l’Angleterre – qui voit au même moment Victoria accéder au trône – ne sont prêtes à de telles concessions. Le prix de cette raideur est que tout divorce de la raison avec le dogme est vécu comme sortie simultanée de l’Église et de la foi. Pour Darwin qui, désormais transformiste et assuré de son étude de la géologie, de la paléontologie et de la distribution géographique des organismes, ne peut plus croire que le monde et les êtres qui le peuplent ont été créés en six jours par un Dieu personnel – dont les traits de comportement lui rappellent sensiblement par ailleurs ceux des divinités barbares du paganisme –, la religion, figée dans ses textes fondateurs, apparaît comme un mensonge indigne de justifier le maintien d’une croyance. On sait pourtant que quelques années auparavant, à Cambridge, il avait étudié avec un réel plaisir les ouvrages, inscrits au programme des humanités, de William Paley – le même dont l’actuel « Intelligent Design » fait aujourd’hui encore une référence permanente –, en dépit du fait que le prélat avait ordonné la mise à l’index des ouvrages non orthodoxes de son grand-père Erasmus. Au terme d’un processus d’éloignement progressif qu’il évoque dans son Autobiographie de 1876 en des termes non équivoques, Darwin abandonnera ainsi ses convictions juvéniles jusqu’à devenir « totalement incrédule ».

Darxin, lui, fit voler en éclats deux mille ans de philosophie et de religion dans l’épigramme le plus remarquable du carnet M :

« Platon dit dans le « Phédon » que les « idées imaginaires » viennent de la prééxistence de l’âme, qu’elles ne sont pas tirées de l’expérience… Il faut lire « singes » au lieu de « prééxistence ». (…)

Darwin écrit dans le carnet M :

« Pour éviter de dire jusqu’à quel point je crois au matérialisme, je dois me contenter de dire que les émotions, les instincts, les degrés de talent, qui sont héréditaires, le sont parce que le cerveau de l’enfant ressemble à celui des parents. » (…)

Darwin était en fait un révolutionnaire bien tranquille. Il ne se contenta pas de retarder très longtemps la publication de son œuvre, il évita aussi d’exposer publiquement les implications philosophiques de sa théorie.

En 1880, il écrivit à Karl Marx :

« Il me semble (à tort ou à raison) que les attaques directes contre le christianisme et le théisme n’ont pratiquement aucun effet sur le public et que l’enrichissement de l’esprit humain qui suit le progrès de la science fera davantage pour la liberté de penser. C’est pourquoi j’ai toujours évité de parler de religion et me suis cantonné à la science. »

Charles Darwin

Darwin sur la religion

En quoi les idées de Marx et de Darwin convergent ?

Anatole France

Anatole France, « Vers les temps meilleurs »

L’Ile des pingouins de Anatole France

La suite

L’Eglise et la République

Le Jardin d’Épicure

Victor Hugo

"Enfer chrétien, du feu. Enfer païen, du feu. Enfer mahométan, du feu.
Enfer hindou, des flammes. A en croire les religions, Dieu est né rôtisseur."

(Victor Hugo /Choses vues / 1887)

"Historiquement le prêtre est haïssable. Socialement il est nécessaire."

(Victor Hugo /Choses vues / 1887)

"Aimez et pensez librement. Le reste regarde Dieu."

(Victor Hugo /Choses vues / 1887)
"La religion n’est autre chose que l’ombre portée de l’univers sur l’intelligence humaine."

(Victor Hugo /Philosophie, Commencement d’un livre)
"Le soldat et le prêtre, ce sont les pires ennemis de l’humanité, car si le soldat tue, le prêtre ment."

(Victor Hugo / 1802-1885)

"Que je prenne un moment de repos ? Impossible.

Coran, Zend-Avesta, livres sibyllins, Bible,

Talmud, Toldos Jeshut, Vedas, lois de Manou,

Brahmes sanglants, santons fléchissant le genou,

Les contes, les romans, les terreurs, les croyances,

Les superstitions fouillant les consciences,

Puis-je ne pas sentir ces creusements profonds ?

J’en ai ma part : veau d’or, sphinx, chimères, griffons,

Les princes des démons et les princes des prêtres,

Synodes, sanhédrins, vils muphtis, scribes traîtres,

Ceux qui des empereurs bénissaient les soldats,

Ceux que payait Tibère et qui payaient Judas,

Ceux qui tendraient encore à Socrate le verre,

Ceux qui redonneraient à Jésus le calvaire,

Tous ces sadducéens, tous ces pharisiens,

Ces anges, que Satan reconnaît pour les siens,

Tout cela, c’est partout. C’est la puissance obscure.

Plaie énorme que fait une abjecte piqûre !

Ce contresens : Dieu vrai, les dogmes faux ; cuisson

Du mensonge qui s’est glissé dans la raison !

Démangeaison saignante, incurable, éternelle,

Que sent l’homme en son âme et l’oiseau sous son aile !

Oh ! L’infâme travail ! Ici Mahomet ; là

Cette tête, Wesley, sur ce corps, Loyola ;

Cisneros et Calvin, dont on sent les brûlures.

Ô faux révélateurs ! Ô jongleurs ! Vos allures

Sont louches, et vos pas sont tortueux ; l’effroi,

Et non l’amour, tel est le fond de votre loi…"

(Victor Hugo /Religions et religion / 1880)
"Dans les plis de leur dogme ils ont la sombre nuit."

(Victor Hugo /L’Art d’être grand-père / 1877)

"Homme, contente-toi de cette soif béante ;

Mais ne dirige pas vers Dieu ta faculté

D’inventer de la peur et de l’iniquité,

Tes catéchismes fous, tes korans, tes grammaires,

Et ton outil sinistre à forger des chimères."

(Victor Hugo /Religions et religion / 1880)

Religions et Religion

Philosophie

Le théologien

Réflexion sur la religion

Albert Einstein

« Ce que vous avez lu sur mes convictions religieuses était un mensonge, bien sûr, un mensonge qui est répété systématiquement. Je ne crois pas en un Dieu personnel et je n’ai jamais dit le contraire de cela, je l’ai plutôt exprimé clairement. S’il y a quelque chose en moi que l’on puisse appeler "religieux" ce serait alors mon admiration sans bornes pour les structures de l’univers pour autant que notre science puisse le révéler. » (dans Le côté humain, Éd.Helen Dukas et Banesh Hoffman, lettre du 24 mars 1954.)

« Le mot Dieu n’évoque, pour moi, rien d’autre que l’expression et le résultat de la faiblesse humaine, et la Bible, une collection de légendes honorables, mais primitives et assez naïves. » (Einstein dans une lettre au philosophe Eric Gtkind, 1954)

« Je ne peux pas imaginer un Dieu qui récompense et punit l’objet de sa création. Je ne peux pas me figurer un Dieu qui réglerait sa volonté sur l’expérience de la mienne. Je ne veux pas et je ne peux pas concevoir un être qui survivrait à la mort de son corps. Si de pareilles idées se développent en un esprit, je le juge faible, craintif et stupidement égoïste. »

« Du point de vue du prêtre, je suis, bien sûr, et ai toujours été un athée »
Albert Einstein, lettre à Guy H. Raner Jr, 2 Juillet 1945, Skeptic, 1997, 5(2):62.

« La réponse à vos questions remplirait des livres. Je ne peux que dire en quelques mots que j’ai exactement la même opinion que Spinoza et que en tant que déterministe convaincu, je n’éprouve aucun sympathie pour la conception monothéiste »
Albert Einstein au rabbin A.Geller Brooklyn, 4 sept 1930. (cité par Michel Paty dans « Einstein et Spinoza »)

« Celui qui est convaincu par la loi causale régissant tout événement ne peut absolument pas envisager l’idée d’un être intervenant dans le processus cosmique » « Je ne peux pas imaginer un Dieu qui récompense et punit l’objet de sa création. Je ne peux pas me figurer un Dieu qui réglerait sa volonté sur l’expérience de la mienne. Je ne veux pas et je ne peux pas concevoir un être qui survivrait à la mort de son corps. Si de pareilles idées se développent en un esprit, je le juge faible, craintif et stupidement égoïste »
Albert Einstein, Comment je vois le monde, religion et science, The New York Times Magazine, 9 novembre 1930.

« La vérité religieuse ne signifie rien pour moi »
Albert Einstein, interview pour Kaizo 5 n°2, 1923 le 14 décembre 1922. (Ideas and opinions p. 261, New quotable p.194)

« Pourquoi m’écris-tu Dieu devrait punir les anglais ? Je n’ai aucune connexion particulière ni avec l’un ni avec les autres. Je vois seulement avec grands regrets que Dieu punit nombre de ses enfants à cause de leurs innombrables stupidités, pour lesquelles lui seul peut être tenu pour responsable ; de mon point de vue, seul sa non-existence pourrait l’excuser »
Albert Einstein, lettre à Edgar Meyer, 2 Janvier 1915. CPAE Vol. 8, doc 44. , New quotable p.193

« A travers la lecture de livres de vulgarisation scientifique je suis vite parvenue à la conviction que la plupart des histoires de la Bible ne pouvaient pas être vraies. La conséquence fut une orgie fanatique de libre pensée associée à l’impression que la jeunesse est intentionnellement trompée par l’État par le biais de mensonges, c’était une impression d’écrasement. Une méfiance à l’égard de tout type d’autorité a résulté de cette expérience, une attitude sceptique envers les convictions présentes dans n’importe quel milieu social - une attitude qui depuis ne m’a jamais quitté… »
Albert Einstein, Autobiographical Notes, extrait de Philosopher-Scientist

« La tendance mystique de notre temps, qui se montre particulièrement dans la croissance galopante de la soi-disant théosophie et du spiritualisme n’est pour moi rien de plus qu’un symptôme de faiblesse et de confusion. Etant donné que notre expérience intérieure consiste en des reproductions et des combinaisons d’impressions sensorielles, le concept d’une âme sans corps me semble être vide et dénué de sens. »
Albert Einstein, réponse en 1921. Einstein the human side p. 39/40. New quotable p.275

« Le Dieu Juif [..] est la tentation de fonder la morale sur la crainte, une attitude déplorable et dérisoire »
Albert Einstein, Comment je vois le monde, « y a-t-il une conception juive du monde ? »

« La condition des hommes s’avérerait pitoyable s’ils devaient être domptés par la peur d’un châtiment ou par l’espoir d’une récompense après la mort”. “Le comportement moral de l’homme se fonde efficacement sur la sympathie et les engagement sociaux, il n’implique nullement une base religieuse ».
Albert Einstein, Comment je vois le monde, religion et science, The New York Times Magazine, 9 novembre 1930.

« C’est bien possible que nous puissions faire des choses meilleures que Jésus, car ce qui est écrit sur lui dans la bible est poétiquement embelli. »
Albert Einstein, cité dans W. I. Hermanns "A Talk with Einstein," Octobre 1943, EA 55-285. New quotable p.205

« A propos de Dieu, je ne peux accepter aucun concept fondé sur l’autorité de l’Église. A ce que je me souviens, j’y ai ressenti une endoctrination de masse. Je ne crois pas à la peur de la vie, à la crainte de la mort, ni à la foi aveugle ».
Albert Einstein, cité dans W. I. Hermanns p132. Max Jammer Einstein and religion p.123.

« Le fait que le monde soit intelligible est un miracle […] nous devons nous contenter de reconnaître le « miracle » sans qu’il y ait une voie légitime pour aller au-delà. Je me vois forcer d’ajouter cela expressément, afin que vous ne croyiez pas que – affaibli par l’âge – je suis devenu une proie des curées. »
Albert Einstein, Lettre à Maurice Solovine, 30 mars 1952.

« Je suis convaincu que certaines pratiques et activités politiques des organismes catholiques sont nuisibles et même dangereux pour la communauté dans son ensemble, ici et partout dans le monde. Je mentionne ici seulement la lutte contre le contrôle des naissances à un moment où la surpopulation dans les différents pays est devenue une grave menace pour la santé des populations et une grave obstacle à toute tentative d’organiser la paix sur cette planète »
Albert Einstein, New quotable p. 253.

« Dans leur lutte pour le bien moral, ceux qui enseignent la religion doivent avoir la stature de renoncer à la doctrine d’un Dieu personnel, c’est-à-dire renoncer à cette source de crainte et d’espoir qui, dans le passé a mis un si vaste pouvoir dans les mains des prêtres. Dans leurs travaux, ils devront se servir de ces forces qui sont capables de cultiver le bon, le vrai et le beau dans l’humanité elle-même. C’est, bien sûr, une tâche bien plus difficile mais incomparablement plus noble. Après que les professeurs en religion aient accomplit ce processus d’affinement indiqué, ils ne manqueront pas de reconnaître avec joie que la vraie religion a été anoblie et rendue plus profonde grâce à la connaissance scientifique. " […] "Plus l’évolution spirituelle de l’humanité progresse, plus il me semble que le chemin de la religiosité authentique ne se trouve pas dans la peur de la vie, la peur de la mort, ou la foi aveugle, mais dans l’effort pour la connaissance rationnelle. En ce sens, je crois que le prêtre doit devenir un enseignant s’il veut rendre justice à sa noble mission éducative ».
Albert Einstein, ideas and opinions p. 49, science and religion.

La philosophie « réaliste » d’Einstein

Einstein : « dieu ne joue pas aux dés »

Frans de Waal

Vidéo Le bonobo, dieu et nous (en)

Lire "Le bonobo, dieu et nous" de Frans de Waal

Daniel Guérin

Daniel Guérin, Notre combat contre la religion

André Comte Sponville

"Cessons de rêver l’homme, cessons de faire de l’humanisme une religion : ce ne serait qu’un narcissisme généralisé ou hypostasié. L’homme n’est grand que dans la conscience qu’il a de sa misère. Il n’est humain qu’à condition de renoncer à la divinité. L’homme, par exemple, n’est ni maître ni possesseur de la nature : si l’humanisme n’est pas un sous-ensemble de l’écologisme, il ne saurait non plus justifier une quelconque indifférence à l’environnement ou aux autres espèces vivantes. La nature n’est pas Dieu, l’homme n’est pas Dieu : il n’y a pas de Dieu du tout, et c’est en quoi l’humanité est en charge d’elle-même, de la nature et de l’esprit."

(André Comte-Sponville / Une éducation philosophique / 1989)

"À un enfant qui meurt, et aux parents de cet enfant, ferez-vous, si la religion les console, l’éloge de l’athéisme ? Qu’on ne se méprenne pas : cela, à mon sens, ne prouve rien contre l’athéisme et beaucoup contre la religion. "L’âme d’un monde sans âme, disait Marx, l’esprit d’un monde sans esprit..." C’est la misère qui fait la religion, et c’est pourquoi celle-ci est misérable. Qui interdirait l’opium au mourant ? Et que sommes-nous d’autres, hors l’oubli ou le divertissement, que des mourants ?"

(André Comte-Sponville / Une éducation philosophique / 1989)

"On se tait aussi, dans les monastères, pour écouter Dieu. Et comme il ne dit rien ("Dieu ne parle pas me disait un prêtre, parce qu’Il écoute"), ce silence n’en finit pas : Dieu nous écoute l’écouter, et cela fait un grand silence, en effet, qui est le vrai de la religion."

(André Comte-Sponville / Une éducation philosophique / 1989)

"« Le contraire de prier c’est rire » ai-je écrit quelque part. Mais on ne peut pas toujours rire : devant les plus grandes choses, il faut prier, pleurer ou se taire.

Tais-toi."

(André Comte-Sponville / Une éducation philosophique / 1989)

"Le matérialisme enseigne –le supporte qui peut- que rien n’est à attendre et que tout est à vivre. Nul salut, donc, qui ne soit d’ici et maintenant."

(André Comte-Sponville / Une éducation philosophique / 1989)

"Il y a bien des années, quand je me piquais encore un peu de littérature, je me souviens avoir écrit une nouvelle très courte, la plus courte que j’aie jamais écrite, et dont je crois qu’elle fut aussi la dernière. Elle tenait en une phrase, et devait s’appeler Le sage. La voici : "Tout à la fin de sa vie, le sage comprit que la sagesse non plus n’avait pas d’importance." C’était encore de la littérature. Que la sagesse n’ait pas d’importance, la plupart le comprennent bien avant, qui ne sont sages qu’à cette condition. La sagesse n’est qu’un rêve de philosophe, dont la philosophie doit aussi nous libérer. La sagesse n’existe pas : il n’y a que des sages, et ils sont tous différents, et aucun bien sûr ne croit à la sagesse..."

(André Comte-Sponville / L’amour la solitude / 1996)

"Au sens philosophique, le matérialisme est d’abord une ontologie - une théorie de l’être - ou une conception du monde. C’est la doctrine qui affirme qu’il n’y a d’être(s) que matériel(s) : le matérialisme est un monisme physique. A ce titre, il se définit surtout par ce qu’il exclut : être matérialiste, c’est penser qu’il n’existe ni monde intelligible, ni dieu transcendant, ni âme immatérielle. Ce n’est pas pour autant renoncer aux valeurs ou aux biens spirituels. (…) Etre matérialiste, pour les modernes, c’est d’abord reconnaître que c’est le cerveau qui pense, et en tirer toutes les conséquences."

(André Comte-Sponville / Comment peut-on être matérialiste ? Comment peut-on être humaniste ? / 1998)

"La peur du gendarme est le contraire de la vertu, ou ce n’est vertu que prudence."

(André Comte-Sponville / Présentation de la philosophie / 2000)

"Il y a du narcissisme dans la religion, dans toute religion (Si Dieu m’a créé, c’est que j’en valais la peine !) et c’est une raison d’être athée : croire en Dieu, ce serait péché d’orgueil."

(André Comte-Sponville / Présentation de la philosophie / 2000)

"La position de l’athée est d’autant plus forte, à l’inverse, qu’il préférerait le plus souvent avoir tort. Cela ne prouve pas qu’il ait raison, mais le rend moins suspect de ne penser, comme tant d’autres, que pour se consoler ou se rassurer."
(André Comte-Sponville / Présentation de la philosophie / 2000)

"L’athéisme est une forme d’humilité. C’est se prendre pour un animal, comme nous sommes en effet, et nous laisser la charge de devenir humains."

(André Comte-Sponville / Présentation de la philosophie / 2000)

"Une religion, qu’est-ce d’autre qu’une doctrine qui explique quelque chose que l’on ne comprend pas (l’existence de l’univers, de la vie, de la pensée…) par quelque chose que l’on comprend encore moins (Dieu) ?"

(André Comte-Sponville / Présentation de la philosophie / 2000)

"Athées et croyants ne sont séparés que par ce qu’ils ignorent. Comment cela pourrait-il compter davantage que ce qu’ils connaissent : une certaine expérience de la vie, de l’amour, de l’humanité souffrante et courageuse ? […] il serait fou de s’entre-tuer pour ce qu’on ignore. Mieux vaut se battre, ensemble, pour ce que nous connaissons et reconnaissons."

(André Comte-Sponville / Présentation de la philosophie / 2000)

"La secte, c’est l’Eglise de l’autre."

(André Comte-Sponville / Dictionnaire de philosophie)

"L’agnostique ni ne croit ni ne croit pas : il doute, il s’interroge, il hésite, ou bien il refuse de choisir. Il coche la case "sans opinion" du grand sondage métaphysique ("croyez-vous en Dieu ?")."

(André Comte-Sponville / Dictionnaire de philosophie)

"Si la religion est entendue au sens occidental et traditionnel du terme, comme la croyance en un Dieu personnel, créateur et transcendant, alors la question est historiquement résolue : une société peut se passer de religion. Le confucianisme et le bouddhisme en ont fait la preuve ; eux qui ont nourri des sociétés et des civilisations immenses, parmi les plus anciennes du globe, des civilisations qui sont encore vivantes aujourd’hui et qui ne reconnaissent pourtant aucun Dieu de ce type."

(André Comte-Sponville / A-t-on encore besoin d’une religion ? / 2003)

"Ainsi, dire qu’il n’y a pas de société sans communion, cela ne prouve pas que toute communion suppose la croyance en un Dieu transcendant, personnel et créateur. On peut communier dans autre chose qu’une religion."

(André Comte-Sponville / A-t-on encore besoin d’une religion ? / 2003)

"Avez-vous besoin de croire en Dieu pour penser que la sincérité vaut mieux que le mensonge, que la générosité vaut mieux que l’égoïsme, que le courage vaut mieux que la lâcheté, que la douceur et la compassion valent mieux que la violence et la cruauté, que l’amour vaut mieux que la haine ?"

(André Comte-Sponville / A-t-on encore besoin d’une religion ? / 2003)

"Ce n’est pas parce que vous avez perdu la foi que vous allez soudain trahir vos amis, voler, assassiner, violer ou torturer des enfants !"

(André Comte-Sponville / A-t-on encore besoin d’une religion ? / 2003)

"Si, comme je le crois, la mort c’est le néant, il n’en est rien : le néant ne fait pas sens. Donc, de ce point de vue, la vie n’a pas de sens : nous n’allons vers rien d’autre que le rien. C’est pourquoi il nous faut profiter de là où nous sommes. Telle est la dimension tragique de l’existence."

(André Comte-Sponville / Interview par Djénane Kareh Tager pour Actualité des Religions)

"Moi, qui n’ai aucune foi, j’essaie d’être un athée fidèle. Et ce que j’appelle la fidélité, par différence avec la foi, ce n’est pas une croyance en Dieu ou en quelque transcendance que ce soit. C’est un sentiment d’appartenance, de filiation, avec les siècles passés qui ont fait de notre civilisation ce qu’elle est. […] La vraie question, c’est : Que reste-t-il de l’Occident chrétien quand il n’est plus chrétien ?"

(André Comte-Sponville / Emission de télévision "Culture et dépendances", France 3, le 10 décembre 2003)

"Ne confondons pas la religion et la spiritualité. La religion est une forme de spiritualité, mais ce n’est pas la seule. Il suffit de prendre un peu de recul, aussi bien dans le temps, du côté des grandes sagesses grecques, que dans l’espace, du côté de l’Orient bouddhiste ou taoïste, pour découvrir qu’il a existé, et qu’il existe encore, d’immenses spiritualités qui ne sont en rien des religions (des croyances en un Dieu). Ce que je cherche, dans mes livres, c’est justement cela : une spiritualité laïque, une spiritualité sans Dieu. C’est ce qu’on appelle traditionnellement la sagesse, qui m’intéresse davantage que la sainteté."

(André Comte-Sponville / Interview à "Sélection du Reader’s Digest", mars 2005)

"Bien naïfs, ceux qui croyaient que l’athéisme supprimait la question morale ! C’est plutôt l’inverse : nous avons d’autant plus besoin de morale que nous avons moins de religion - parce qu’il faut bien répondre à la question "Que dois-je faire ?" quand Dieu n’y répond plus. C’est pourquoi nous avons, aujourd’hui, terriblement besoin de morale ! C’est pourquoi, même, nous avons besoin de morale, aujourd’hui, davantage sans doute qu’en aucune autre époque connue de l’humanité civilisée."

(André Comte-Sponville / Le capitalisme est-il moral ? / 2004)

"L’athéisme n’est ni une philosophie, ni une religion. Certains athées sont humanistes. D’autres non. Certains sont de droite, d’autres de gauche... Les athées n’ont, par principe, pas à être d’accord entre eux sur des convictions positives. Alors que les chrétiens sont d’accord sur les dogmes du christianisme et les musulmans sur les grandes bases de l’islam, la seule chose qui unisse les athées, c’est cette conviction purement négative de ne croire en aucun Dieu."

(André Comte-Sponville / francetvinfo.fr, 25/01/2015)

"La religion est une certaine espèce de spiritualité, mais il y a d’autres spiritualités non religieuses. Il suffit de regarder du côté de la Grèce antique avec le stoïcisme ou l’épicurisme, ou du côté de l’Orient, du bouddhisme, du taoïsme ou du confucianisme pour découvrir qu’il a existé et qu’il existe encore d’immenses spiritualités qui ne sont en rien des religions ou des croyances en Dieu."
(André Comte-Sponville / francetvinfo.fr, 25/01/2015)

"La philosophie doit prendre le relais de la religion, sans textes sacrés, sans le Coran, la Bible ou le livre du Bouddha."

(André Comte-Sponville / né en 1952)

"Philosopher, c’est penser sans preuves, mais point penser n’importe quoi, ni n’importe comment."

(André Comte-Sponville)

Bertrand Russel

"La science ne cherche pas à énoncer des vérités éternelles ou de dogmes immuables ; loin de prétendre que chaque étape est définitive et qu’elle a dit son dernier mot, elle cherche à cerner la vérité par approximations successives."

(Bertrand Russell / 1872-1970 / ABC de la relativité / 1925)

"[...] la plupart des notions inspirées par le sens du toucher sont un fatras de préjugés sans fondement scientifique, qu’il faut nous empresser de jeter par-dessus bord, si nous voulons nous faire une juste idée du monde."

(Bertrand Russell / 1872-1970 / ABC de la relativité / 1925)

"J’affirme, en pesant mes termes, que la religion chrétienne, telle qu’elle est établie dans ses églises, fut et demeure le principal ennemi du progrès moral dans le monde."

(Bertrand Russell / 1872-1970 / Pourquoi je ne suis pas chrétien / 1927)

"L’idée de Dieu, avec tous les concepts qui en découlent, nous vient des antiques despotismes orientaux. C’est une idée absolument indigne d’hommes libres. La vue de gens qui, dans une église, s’avilissent en déclarant qu’ils sont de misérables pêcheurs et en tenant d’autres propos analogues, ce spectacle est tout à fait méprisable. Leur attitude n’est pas digne d’êtres qui se respectent. [...] Un monde humain nécessite le savoir, la bonté et le courage ; il ne nécessite nullement le culte et le regret des temps abolis, ni l’enchaînement de la libre intelligence à des paroles proférées il y a des siècles par des ignorants."

(Bertrand Russell / 1872-1970 / Pourquoi je ne suis pas chrétien / 1927)

"Ceux-là seuls qui se prosternent comme des esclaves devant la réussite peuvent trouver que l’efficacité est admirable indépendamment de l’accomplissement auquel elle tend."

(Bertrand Russell / 1872-1970 / Pourquoi je ne suis pas chrétien / 1927)

"L’Eglise fit ce qu’elle put pour que la seule forme de sexualité admise entraînât très peu de plaisir et beaucoup de souffrance.

(Bertrand Russell / 1872-1970 / Pourquoi je ne suis pas chrétien / 1927)

"[…] Je ne crois pas, pour ma part, que la philosophie puisse prouver la vérité des dogmes religieux ou montrer qu’ils sont erronés, mais depuis Platon, la plupart des philosophes ont considéré le fait de donner des " preuves " de l’immortalité et de l’existence de Dieu comme faisant partie de leur domaine. Ils ont critiqué les preuves de leurs prédécesseurs – saint Thomas a rejeté les preuves de saint Anselme, et Kant, celles de Descartes –, mais ils les ont remplacées par de nouvelles, de leur composition. Pour rendre leurs preuves valables, ils ont dû falsifier la logique, unir le mysticisme aux mathématiques et prétendre que les préjugés, profondément enracinés, étaient des intuitions venues du ciel."

(Bertrand Russell / 1872-1970 / Histoire de la philosophie occidentale / 1946)

"Ils [les philosophes] admettent volontiers que l’intellect humain est incapable de trouver des réponses définitives à de nombreuses questions fort importantes pour l’humanité, mais ils refusent de croire qu’il existe une "plus haute" façon de connaître, grâce à laquelle nous pouvons découvrir des vérités cachées à la science et à l’intellect."

(Bertrand Russell / 1872-1970 / Histoire de la philosophie occidentale / 1946)

"La Bible dit : "Tu ne laisseras point vivre la magicienne" (Exode XXII, 18) [...] Les chrétiens libéraux de notre temps, qui continuent à soutenir que la Bible a une grande valeur morale, ont tendance à oublier de tels textes, et les millions de victimes innocentes qui sont mortes dans les supplices parce que les hommes de jadis réglaient effectivement leur comportement d’après la Bible."

(Bertrand Russell / 1872-1970 / Science et religion / 1957)

"N’y a-t-il pas quelque chose d’un peu absurde dans le spectacle d’êtres humains qui tiennent devant eux un miroir et qui pensent que ce qu’ils y voient est tellement excellent que cela prouve qu’il doit y avoir une Intention Cosmique qui, depuis toujours, visait ce but... Si j’étais tout-puissant et si je disposais de millions d’années pour me livrer à des expériences, dont le résultat final serait l’Homme, je ne considérerais pas que j’aurais beaucoup de raisons de me vanter."

(Bertrand Russell / 1872-1970 / Religion et Science / 1957)

"Je suis parti d’une croyance plus ou moins religieuse en un monde éternel, platonicien, dans lequel les mathématiques brillaient d’une beauté comparable à celle des derniers "cantos" du "Paradisios". Or, j’en suis venu à la conclusion que le monde réel est une futilité, et que les mathématiques sont seulement l’art de dire la même chose en des mots différents."

(Bertrand Russell / 1872-1970 / Autobiographie)

"Toute connaissance accessible doit être atteinte par des méthodes scientifiques ; et ce que la science ne peut pas découvrir, l’humanité ne peut pas le connaître."

(Bertrand Russell /Religion et Science / 1957)

"Ce que les hommes veulent, en fait, ce n’est pas la connaissance, c’est la certitude."

(Bertrand Russell /The listener, 1964)

"L’église primitive, il y a deux mille ans, a attribué une impureté originelle à l’acte sexuel. Mais le fait qu’une opinion est restée en l’honneur pendant plusieurs siècles ne prouve nullement qu’elle ne soit pas complètement absurde. A la vérité, la bêtise de l’immense majorité des hommes nous incline plutôt à penser qu’une opinion répandue a plus de chances que les autres d’être idiote."

(Bertrand Russell /Le mariage et la morale)

"La philosophie tire sa valeur de son incertitude même."

(Bertrand Russell / 1872-1970)

L’homme est un animal crédule qui a besoin de croire. En l’absence de raisons valables de croire, il se satisfait de mauvaises."

(Bertrand Russell / 1872-1970)

"L’humilité chrétienne est prêchée par le clergé et pratiquée par les ouailles."

(Bertrand Russell / 1872-1970)

"Tout le problème de ce monde, c’est que les idiots et les fanatiques sont toujours si sûrs d’eux, tandis que les sages sont tellement pleins de doutes."

(Bertrand Russell / 1872-1970)

Claude-Lévi-Strauss

"Il faut beaucoup de naïveté ou de mauvaise foi pour penser que les hommes choisissent leurs croyances indépendamment de leur condition."

"Ce n’est pas seulement pour duper nos enfants que nous les entretenons dans la croyance au Père Noël : leur ferveur nous réchauffe, nous aide à nous tromper nous-mêmes ... "

« Dans une étude antérieure, Radcliffe-Brown disait à propos de la religion (1945, p. 1) : « La méthode expérimentale appliquée à la sociologie religieuse... enseigne que nous devons mettre nos hypothèses à l’épreuve d’un nombre suffisant de religions différentes ou de cultes religieux particuliers, confrontés chacun avec la société particulière où ils se manifestent. Une telle entreprise dépasse les capacités d’un chercheur unique, elle suppose la collaboration de plusieurs »… Dans la plupart des sociétés humaines, ce qu’on nomme « ordre social » relève d’un type transitif et non cyclique : si A est supérieur à B, et B supérieur à C, A doit être supérieur à C, et C ne peut pas être supérieur à A. Pourtant, les sociétés mêmes qui obéissent pratiquement à ces règles conçoivent d’autres types d’ordres qu’on pourrait appeler « virtuels » ou « idéaux », que ce soit sur le plan de la politique, du mythe ou de la religion, et ces ordres sont parfois intransitifs et cycliques. Ainsi, les contes de rois épousant des bergères, ou la critique de la démocratie américaine par Stendhal, comme un système où un gentleman est aux ordres de son épicier… Ces structures d’ordre, « conçues » et non plus « vécues », ne correspondent directement à aucune réalité objective ; à la différence des premières, elles ne sont pas susceptibles d’un contrôle expérimental, puisqu’elles vont jusqu’à se réclamer d’une expérience spécifique avec laquelle, d’ailleurs, elles se confondent parfois. Le seul contrôle auquel nous puissions les soumettre, pour les analyser, est donc celui des ordres du premier type, ou ordres « vécus ». Les ordres « conçus » correspondent au domaine du mythe et de la religion. On peut se demander si l’idéologie politique des sociétés contemporaines ne relève pas aussi de cette catégorie. A la suite de Durkheim, Radcliffe-Brown a bien montré que les faits religieux devaient être étudiés comme partie intégrante de la structure sociale. Pour lui, le rôle de l’ethnologue est d’établir des corrélations entre divers types de religions et divers types d’organisations sociales (1945). Si sa sociologie religieuse se solde finalement par un échec, c’est, semble-t-il, pour deux raisons. En premier lieu, il a rattaché directement les croyances et le rituel à des états affectifs. En second lieu, il a voulu atteindre d’emblée une expression générale du rapport entre la société et la religion, alors que nous avons surtout besoin d’études concrètes, permettant de construire des séries régulières de variations concomitantes. Il en est résulté une sorte de discrédit qui pèse lourdement sur l’ethnologie religieuse. Pourtant, les mythes, le rituel et les croyances religieuses forment un domaine plein de promesses pour les études structurales et, pour rares qu’elles soient, les recherches récentes semblent particulièrement fécondes. »

Claude Lévi-Strauss, dans "Tristes Tropiques"

C’est dans la mesure même où l’on prétend établir une discrimination entre les cultures et les coutumes que l’on s’identifie le plus complètement avec celle qu’on essaye de nier. En refusant l’humanité à ceux qui apparaissent comme les plus sauvages ou barbares de ses représentants, on ne fait que leur emprunter une de leurs attitudes typiques. Le barbare, c’est d’abord l’homme qui croit à la barbarie.

Claude Lévi-Strauss, dans "Race et histoire, race et culture"

« Il faudrait plutôt poser au départ une sorte d’humilité principielle : l’homme, commençant par respecter toutes les formes de vie en dehors de la sienne, se mettrait à l’abri du risque de ne pas respecter toutes les formes de vie au sein de l’humanité même. »

Sigmund Freud

"Dans la phase animiste, c’est à lui-même que l’homme attribue la toute-puissance ; dans la phase religieuse, il l’a cédée aux dieux, sans toutefois y renoncer sérieusement, car il s’est réservé le pouvoir d’influencer les dieux de façon à les faire agir conformément à ses désirs. Dans la conception scientifique du monde, il n’y a plus place pour la toute-puissance de l’homme, qui a reconnu sa petitesse et s’est résigné à la mort, comme il s’est soumis à toutes les nécessités naturelles."

(Sigmund Freud / 1856-1939 / Totem et tabou / 1913)

"Le peuple [hébraïque] qui parvint à une telle concentration des propriétés divines ne fut pas peu fier de ce progrès. Il avait dégagé le noyau paternel qui était de tout temps dissimulé derrière chaque figure de dieu ; au fond, c’était un retour aux débuts historiques de l’idée de Dieu. Dès lors, Dieu était un être unique, les relations à lui pouvaient recouvrer l’intimité du rapport de l’enfant au père. Cependant, si l’on avait fait tant pour le père, c’est qu’on voulait être récompensé en retour, être pour le moins l’unique enfant à être aimé, le peuple élu. Beaucoup plus tard, la pieuse Amérique élève la prétention d’être « God’s own country » [la propre patrie de Dieu] et, pour l’une de ses formes sous lesquelles les hommes vénèrent la divinité, ce ne manque pas d’être exact."

(Sigmund Freud / L’avenir d’une illusion)

"Dès lors que l’homme en cours de croissance remarque qu’il est voué à rester toujours un enfant, qu’il ne peut se passer de protection contre les surpuissances étrangères, il confère à celles-ci les traits de la figure paternelle, il se crée des dieux dont il a peur, qu’il cherche à se gagner et auxquels il transfère néanmoins le soin de sa protection."

(Sigmund Freud / L’avenir d’une illusion)

"Elles [les doctrines religieuses] sont toutes des illusions, indémontrables, nul ne saurait être contraint de les tenir pour vraies, d’y croire. Quelques-unes d’entre elles sont tellement invraisemblables, tellement en contradiction avec tout ce que notre expérience nous a péniblement appris de la réalité du monde, que l’on peut - tout en tenant compte des différences psychologiques - les comparer aux idées délirantes. On ne peut pas juger de la valeur de la réalité de la plupart d’entre elles. Tout comme elles sont indémontrables, elles sont irréfutables."

(Sigmund Freud / L’avenir d’une illusion)

"Lorsqu’il s’agit de questions de religion, les hommes se rendent coupables de toutes les malhonnêtetés possibles. Les philosophes étirent la signification des mots jusqu’à ce que ceux-ci conservent à peine quelque chose de leur sens d’origine, ils appellent Dieu quelque vague abstraction qu’ils se sont créée et les voilà désormais, à la face du monde, déistes, croyants en Dieu, ils peuvent s’enorgueillir d’avoir reconnu un concept de Dieu plus élevé plus pur, bien que leur Dieu ne soit plus qu’une ombre sans substance..."

(Sigmund Freud / L’avenir d’une illusion)

"Ce fondement rationnel de l’interdit du meurtre, nous ne le communiquons pas, mais nous affirmons que c’est Dieu qui a édicté l’interdit. Nous osons donc deviner ses intentions et nous trouvons que lui non plus ne veut pas que les hommes s’exterminent les uns les autres. En procédant ainsi, nous revêtons l’interdit culturel d’une solennité toute particulière, non sans risque de faire dépendre son observance de la croyance en Dieu."

(Sigmund Freud / L’avenir d’une illusion)

"La religion serait la névrose de contrainte universelle de l’humanité ; comme celle de l’enfant, elle serait issue du complexe d’Œdipe, de la relation au père. Selon cette conception, il serait à prévoir que se détourner de la religion doit s’effectuer avec la fatale inexorabilité d’un processus de croissance et que nous nous trouvons aujourd’hui même au beau milieu de cette phase de développement."

(Sigmund Freud / L’avenir d’une illusion)

Religion, névrose universelle :
" [...] l’homme de croyance et de piété est éminemment protégé contre le danger de certaines affections névrotiques ; l’adoption de la névrose universelle le dispense de la tâche de former une névrose personnelle."

(Sigmund Freud / L’avenir d’une illusion)

"A mon avis, il faudrait très longtemps à un enfant non influencé pour qu’il commence à ce faire des idées sur Dieu et les choses au-delà de ce monde. Peut-être ces idées emprunteraient-elles alors les mêmes voies que celles qu’elles ont prises chez ses aïeux, mais on n’attend pas que ce développement ait lieu, on lui sert les doctrines religieuses à un moment où il n’a encore ni intérêt pour elles, ni la capacité d’en saisir la portée."

(Sigmund Freud / L’avenir d’une illusion)

"Une partie [du] refoulement des pulsions est accomplie par les religions, en tant qu’elles incitent l’individu à offrir en sacrifice à la divinité ses satisfactions pulsionnelles. "A moi la vengeance" dit le Seigneur. On croit reconnaître dans l’évolution des vieilles religions que bien des "forfaits" auxquels l’homme avait renoncé étaient "passés" à Dieu et étaient encore permis en son nom, de telle sorte que la cession à la divinité était le moyen par lequel l’homme se libérait de la domination de ses pulsions mauvaises et nuisibles à la société."

(Sigmund Freud / L’avenir d’une illusion)

"La raison dernière du besoin de religion m’a frappé comme étant le désemparement infantile, tellement plus grand chez l’homme que chez les animaux. A partir de ce moment, il ne peut se représenter le monde sans parents, et s’octroie un Dieu juste et une nature bonne."

(Sigmund Freud / L’avenir d’une illusion)

"Ainsi, en retirant de l’au-delà ses espérances ou en concentrant sur la vie terrestre toutes ses énergies libérées, l’homme parviendra sans doute à la rendre supportable à tous, et la civilisation n’écrasera plus personne."

(Sigmund Freud / L’avenir d’une illusion)

"Il n’y a aucune instance au-dessus de la raison. Si la vérité des doctrines religieuses est dépendante d’une expérience vécue intérieure qui témoigne de cette vérité, que faire des nombreux hommes qui n’ont pas vécu une expérience si rare ? On peut réclamer de tous les hommes qu’ils appliquent le don de la raison qui est en leur possession, mais on ne peut édifier un devoir valable pour tous sur un motif qui n’existe que chez un très petit nombre."

(Sigmund Freud / L’avenir d’une illusion)

"Celui qui est parvenu à accepter sans critique toutes les absurdités que lui offrent les doctrines religieuses, et même à fermer les yeux sur leurs mutuelles contradictions, n’est pas quelqu’un dont la faiblesse de pensée doive nous surprendre outre mesure. Or nous n’avons pas d’autres moyens pour dominer nos pulsions que notre intelligence. Comment peut-on attendre de personnes qui se trouvent sous la domination d’interdits de penser qu’ils accèdent à l’idéal psychologique, au primat de l’intelligence ?"

(Sigmund Freud / L’avenir d’une illusion)

"Il serait certes très beau qu’il y eut un Dieu créateur du monde et une Providence pleine de bonté, un ordre moral de l’univers et une vie future, mais il est cependant très curieux que tout cela soit exactement ce que nous pourrions nous souhaiter à nous-mêmes."

(Sigmund Freud / L’avenir d’une illusion)

"[…] il y aurait un indubitable avantage à laisser Dieu tout à fait hors du jeu et à admettre honnêtement l’origine purement humaine de tous les dispositifs et prescriptions culturels. En même temps que le caractère sacré revendiqué par les commandements et lois, tomberaient aussi leur rigidité et leur immutabilité. Les hommes pourraient comprendre que ceux-ci ont été crée non pas tant pour les dominer que bien plutôt pour servir leurs intérêts, ils établiraient avec eux un rapport plus amical, se fixant pour but, au lieu de les abolir, de seulement les améliorer."

(Sigmund Freud / L’avenir d’une illusion)

"Dans les temps passés les représentations religieuses ont exercé sur l’humanité, malgré leur manque incontestable d’accréditation, la plus forte des influences. [...] Celles-ci, qui se donnent comme des dogmes, ne sont pas des précipités de l’expérience ou des résultats ultimes de la pensée, ce sont des illusions, accomplissements des souhaits les plus anciens, les plus forts et les plus pressants de l’humanité ; le secret de leur force, c’est la force de ces souhaits."

(Sigmund Freud / L’Avenir d’une illusion)

"L’ignorance est l’ignorance. Nul droit à croire quelque chose n’en saurait dériver."

(Sigmund Freud / L’avenir d’une illusion)

"Les idées religieuses, qui professent d’être dogmes, ne sont pas le résidu de l’expérience ou le résultat final de la réflexion : elles sont des illusions, c’est-à-dire la réalisation des désirs les plus anciens, les plus forts, les plus pressants de l’humanité, le secret de leur force est la force de ces désirs. Nous le savons déjà : l’impression terrifiante de la détresse infantile avait éveillé le besoin d’être protégé - protégé en étant aimé -, besoin auquel le père a satisfait ; la reconnaissance du fait que cette détresse dure toute la vie a fait que l’homme s’est cramponné à un autre père, à un père cette fois plus puissant."

(Sigmund Freud / L’avenir d’une illusion)

"Le Dieu de chaque homme est à l’image du père, le rapport personnel à Dieu dépend du rapport au père charnel, il oscille et se transforme avec ce dernier, et Dieu n’est au fond qu’un père élevé au rang supérieur."

(Sigmund Freud / Totem et tabou / 1913)

"Dans la phase animiste, c’est à lui-même que l’homme attribue la toute-puissance ; dans la phase religieuse, il l’a cédée aux dieux, sans toutefois y renoncer sérieusement, car il s’est réservé le pouvoir d’influencer les dieux de façon à les faire agir conformément à ses désirs. Dans la conception scientifique du monde, il n’y a plus place pour la toute-puissance de l’homme, qui a reconnu sa petitesse et s’est résigné à la mort, comme il s’est soumis à toutes les nécessités naturelles."

(Sigmund Freud / Totem et tabou / 1913)

"Seuls les croyants qui demandent à la science de leur remplacer le catéchisme auquel ils ont renoncé, verront d’un mauvais oeil qu’un savant poursuive et développe ou même qu’il modifie ses idées."

(Sigmund Freud / Au-delà du principe de plaisir)

"Le commandement "Aime ton prochain comme toi-même" est la défense la plus forte contre l’agression humaine et un excellent exemple de la démarche non psychologique du sur-moi-de-la-culture. Le commandement est impraticable ; une inflation aussi grandiose de l’amour peut seulement en abaisser la valeur, elle ne peut éliminer la nécessité. La culture néglige tout cela ; elle se contente de rappeler que plus l’observance du précepte est difficile, plus elle est méritoire. Mais celui qui, dans la culture présente, se conforme à un tel précepte ne fait que se désavantager par rapport à celui qui se place au-dessus de lui. Quelle ne doit pas être la violence de cet obstacle à la culture qu’est l’agression, si la défense contre celle-ci peut rendre aussi malheureux que l’agression elle-même !"

(Sigmund Freud / Le malaise dans la culture / 1930)

"Au fond, personne ne croit à sa propre mort, et dans son inconscient, chacun est persuadé de son immortalité."

(Sigmund Freud)

"Le diable est encore le meilleur subterfuge pour disculper Dieu."

(Sigmund Freud)

Freud et la religion

Albert Jacquard

"Dieu. Quoi que je fasse, le mot évoque en moi le vieux barbu des cathédrales, sculpté à notre image. Invention humaine dont je dois me débarrasser. Tuer le père, c’est d’abord tuer Dieu-le-père. Sous les statues du"Pan Creator", il faut écrire :"ceci n’est pas le Créateur". Les musulmans s’interdisent toute représentation de Dieu. Les juifs refusent de prononcer son nom. Je les envie. "

(Albert Jacquard / Idées vécues / 1989)

"Un mystique ne peut être qu’agnostique. Il tend vers mais n’aboutit pas. S’il aboutissait, il serait Dieu lui-même et alors, ce ne serait plus de la mystique, mais de la folie paranoïaque. "

(Albert Jacquard / dans "Le Nouvel Observateur", 20 décembre 1989)

"La vie, ce concept mystérieux, est ramenée à la présence d’ADN. Il n’y a plus de frontière entre matière animée et inanimée. Tout n’est qu’une question de degré de complexité. "

(Albert Jacquard / Conférence du 10 Avril 2001)

"Calculer la probabilité d’un événement n’a aucun sens une fois que l’on sait qu’il s’est produit. L’apparition de la "vie", celle des dinosaures, celles des Hommes, a résulté d’un grand nombre de bifurcations dans le cours des processus se déroulant sur notre planète ; chacune de ces bifurcations s’est produite alors que de nombreuses autres étaient possibles ; chacune avait une probabilité faible, mais il fallait bien qu’une de ces possibilités se produise. "

(Albert Jacquard / La science à l’usage des non-scientifiques / 2003)

"Les Eglises comme toutes structures humaines, ont pour objectif non la diffusion d’une "bonne nouvelle", mais l’extension de leurs pouvoirs. Elles ont souvent assis ce pouvoir sur la crainte qu’elles ont insufflée dans les esprits, notamment par les notions de péché et de damnation éternelle. "

(Albert Jacquard / Petite philosophie à l’usage des non-philosophes / 1997)

"L’esprit n’est que l’aboutissement de l’aventure de la matière. Il n’a pas d’autre origine que l’ensemble du cosmos. "

(Albert Jacquard / Petite philosophie à l’usage des non-philosophes / 1997)

"Gödel l’a montré, en logique : aucune affirmation ne peut être prouvée sans référence à un corps de doctrine plus large, la recherche d’une preuve définitive ne peut s’arrêter que si l’on admet comme absolument vraie une parole initiale. Les religions en semblent être conscientes et se tirent du piège en prétendant être dépositaires d’une révélation ; dès qu’une parole est supposée avoir été dictée par Dieu, il n’est plus possible de mettre en doute sa valeur. Si l’on refuse ce confort intellectuel, on doit accepter, en morale comme en logique, de faire place à de l’indécidable."

(Albert Jacquard / Petite philosophie à l’usage des non-philosophes / 1997)

"La plupart des religions recommandent d’aimer son"prochain". Le fait est que, malgré ce bel objectif, elles ont souvent secrété des comportements d’exclusion des "païens", des "infidèles", des "ennemis du vrai Dieu", qui n’étaient plus regardés comme des prochains, des frères, mais comme des adversaires à éliminer. Ce n’est pas au nom d’une volonté divine qu’il faut "aimer son prochain", mais au nom de notre lucidité sur la réalité humaine. Cette lucidité est pour moi le fondement de la laïcité. "

(Albert Jacquard / Petite philosophie à l’usage des non-philosophes / 1997)

"Il me semble que les religions manifestent déjà une forme de totalitarisme lorsque, au-delà d’un individu, elles veulent débusquer le démon qui agit en lui, et ce, au nom d’une doctrine qui s’intéresse au "tout" et non pas aux éléments qui le composent. Les Inquisiteurs n’étaient-ils pas totalitaires lorsqu’ils torturaient un pauvre diable dans l’idée de lutter contre ce Tout partout présent et agissant qu’est le Diable ? "

(Albert Jacquard / Petite philosophie à l’usage des non-philosophes / 1997)

"Ne confondons pas imaginaire et irrationnel. L’imagination n’est vraiment dangereuse que si la raison lui apparaît comme une contrainte insupportable ; alors, toutes les absurdités deviennent possibles. Notamment lorsque l’imagination est appelée pour suppléer notre impuissance, comme dans le cas des actes superstitieux. Ce n’est pas alors l’imagination qu’il faut incriminer mais le refus du recours simultané à la raison. "

(Albert Jacquard / Petite philosophie à l’usage des non-philosophes / 1997)

"Est pathologique le fait de prendre pour réel ce qui est un produit de l’imagination. Notre activité intellectuelle a besoin de multiples sources, ne refusons pas la source des mythes, ou même des hallucinations, qui ont fourni la matière à tant de chefs-d’oeuvre. Un poète est souvent un halluciné. Mais si l’imaginaire devient la seule source, le danger est aussi lourd que si la réalité en était la seule source. "

(Albert Jacquard / Petite philosophie à l’usage des non-philosophes / 1997)

"Accepter une loi dictée au sommet du Sinaï est une démission humaine. N’attendons pas une vérité révélée pour savoir comment nous comporter. C’est à nous de décider en commun ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire. "

(Albert Jacquard / Petite philosophie à l’usage des non-philosophes / 1997)

"Si le foulard n’était qu’une façon de s’habiller, il ne poserait pas problème. Mais le "foulard islamique" est une façon d’affirmer qu’une jeune musulmane, pour être fidèle à sa religion, doit le porter. Il s’agit donc d’une pression sur celles qui jugent bon de n’en pas porter. A ce titre, il ne peut être toléré. "

(Albert Jacquard / Petite philosophie à l’usage des non-philosophes / 1997)

"L’invention des dieux [...] résulte d’une démission de la raison, plus précisément d’une incapacité à accepter une évidence douloureuse, du moins pour certains : que la raison ne peut apporter des réponses à tout. Cette invention, comme toutes les inventions, a été utilisée parfois pour provoquer les pires fléaux, ainsi les effroyables guerres de religion. "

(Albert Jacquard / Petite philosophie à l’usage des non-philosophes / 1997)

"Les religions sont en effet marquées par de nombreuses traces d’infantilisme et, plus généralement, d’anthropomorphisme. Dans l’incapacité de concevoir Dieu, nous nous réfugions dans des représentations caricaturales, en l’affublant d’attributs humains, par exemple en le regardant comme un père, donc comme un mâle. "

(Albert Jacquard / Petite philosophie à l’usage des non-philosophes / 1997)

"L’évocation d’un paradis à gagner en acceptant les misères du monde présent a été une véritable drogue évitant la révolte des exploités. La religion catholique n’a pas fini de payer sa compromission avec ce détournement des paroles de l’Evangile."

(Albert Jacquard / Petite philosophie à l’usage des non-philosophes / 1997)

"Pour les catholiques, le problème d’aujourd’hui est de décider ce qui prime, la parole de l’Evangile ou celle du pape. "

(Albert Jacquard / Petite philosophie à l’usage des non-philosophes / 1997)

"Est fanatique celui qui est sûr de posséder la vérité. Il est définitivement enfermé dans cette certitude ; il ne peut donc plus participer aux échanges ; il perd l’essentiel de sa personne. Il n’est plus qu’un objet prêt à être manipulé. C’est là le péché fondamental des religions : faire des adeptes qui ne posent plus de questions. L’attitude scientifique est exactement à l’opposé. "

(Albert Jacquard / Petite philosophie à l’usage des non-philosophes / 1997)

"La démarche scientifique n’utilise pas le verbe croire ; la science se contente de proposer des modèles explicatifs provisoires de la réalité ; et elle est prête à les modifier dès qu’une information nouvelle apporte une contradiction. Pourquoi les religions n’en feraient-elles pas autant ? "

(Albert Jacquard / Petite philosophie à l’usage des non-philosophes / 1997)

"Les religions devraient solennellement proclamer que toute guerre en leur nom constitue véritablement un blasphème."

(Albert Jacquard / Petite philosophie à l’usage des non-philosophes / 1997)

"Je suis, comme beaucoup, agnostique, c’est-à-dire conscient de mon incapacité à dire quoi que ce soit à propos de ce qu’il est convenu de désigner par le mot Dieu. "

(Albert Jacquard / Petite philosophie à l’usage des non-philosophes / 1997)

"Ceux qui prétendent détenir la vérité sont ceux qui ont abandonné la poursuite du chemin vers elle. La vérité ne se possède pas, elle se cherche. "

(Albert Jacquard / Petite philosophie à l’usage des non-philosophes / 1997)

"L’exemple extrême d’une attitude utopique prônant la passivité a été celle de l’Eglise au XIXe siècle proposant à la classe ouvrière éhontément exploitée de prendre patience, les souffrances subies sur cette terre lui ouvrant pour après la mort les portes du Paradis. Cette "utopie" a en effet été réactionnaire. "

(Albert Jacquard / Petite philosophie à l’usage des non-philosophes / 1997)

"Les religions sont un obstacle sur ce chemin [recherche de la vérité] dans la mesure où elles se réfèrent à une parole révélée. Le concept de révélation conduit droit à l’intégrisme dont nous voyons les ravages. "

(Albert Jacquard / Petite philosophie à l’usage des non-philosophes / 1997)

"Combien de siècles faudra-t-il pour admettre qu’attribuer un sexe à Dieu est un blasphème ? "

(Albert Jacquard / Dieu ? / 2003)

"Je ne suis pas athée, mais agnostique. Athée, cela veut dire : je sais que Dieu n’existe pas. Moi, je n’en sais strictement rien. Gnose signifie parler. Être agnostique, cela veut dire : si Dieu existe, je suis incapable de le dire, donc je n’en parle pas. Mais je peux évoquer l’idée que d’autres se font de Dieu. "

(Albert Jacquard / Entretien sur http://www.nouvellescles.com)

"... j’ai été un petit catho très fervent dans ma jeunesse. J’ai passé deux ans chez les jésuites, j’ai même servi la messe ! Mais progressivement, je me suis éloigné de l’Eglise et de ses rites : "Trop longtemps, j’ai cru ce qui m’était dit", sont les premiers mots de mon livre [Dieu ?]. J’ai réalisé que les religieux m’avaient enseigné des choses auxquelles eux-mêmes ne croyaient pas. Et je leur en ai voulu. "

(Albert Jacquard / Revue Topo, anatomie du credo / avril 2004)

"Oui, l’Eglise catholique, elle devrait selon moi revoir sa copie. Et, au lieu de continuer à faire réciter une prière obsolète à ses fidèles, mettre plutôt l’accent sur le Sermon sur la Montagne que l’on trouve dans les Evangiles : Jésus y invite les hommes à s’aimer les uns les autres... un projet de vie en commun qui n’a rien à voir avec l’affirmation de croyances. "

(Albert Jacquard / Revue Topo, anatomie du credo / avril 2004)

"Le fait que Mahomet ait écrit le "Coran" sous la dictée de l’ange Gabriel est non seulement absurde, mais dangereux : du fait de leur caractère sacré, on ne peut plus rien changer à ces écrits, et l’islam risque de se retrouver de plus en plus décalé par rapport au monde contemporain. "

(Albert Jacquard / Revue Topo, anatomie du credo / avril 2004)

"Je n’ai pas de solution : mon objectif, ce n’est pas de construire la société de demain, c’est de montrer qu’elle ne doit pas ressembler à celle d’aujourd’hui. "

(Albert Jacquard )

"Transformer les citoyens en moutons soumis est le rêve de bien des pouvoirs. Pour y parvenir les moyens sont nombreux ; les intoxiquer de parasciences peut-être fort efficace. "

(Albert Jacquard )

Le message d’Albert Jacquard

Albert Camus

"Si la solitude existe, ce que j’ignore, on aurait bien le droit, à l’occasion, d’en rêver comme d’un paradis."

(Albert Camus / L’Envers et l’endroit, Préface)

"Car les mythes sont à la religion ce que la poésie est à la vérité, des masques ridicules posés sur la passion de vivre"

(Albert Camus / Noces)

"L’absurdité est surtout le divorce de l’homme et du monde."

(Albert Camus / L’Etranger)

"Car devant Dieu, il y a moins un problème de liberté qu’un problème du mal. On connaît l’alternative : ou nous ne sommes pas libres et Dieu tout-puissant est responsable du mal. Ou nous sommes libres et responsables, mais Dieu n’est pas tout-puissant."

(Albert Camus / Le mythe de Sisyphe)

"Pour un homme sans œillères, il n’est pas de plus beau spectacle que celui de l’intelligence avec une réalité qui la dépasse."

(Albert Camus / Le mythe de Sisyphe)

"Il n’y a qu’une façon de s’égaler aux dieux : il suffit d’être aussi cruel qu’eux."

(Albert Camus / Caligula)

"Qu’est-ce que l’homme ? [...] Il est cette force qui finit toujours par balancer les tyrans et les dieux."

(Albert Camus / Lettres à un ami allemand)

"Peut-on être un saint sans Dieu, c’est le seul problème concret que je connaisse."

(Albert Camus /La Peste)

"[...] puisque l’ordre du monde est réglé par la mort, peut-être vaut-il mieux pour Dieu qu’on ne croie pas en lui et qu’on lutte de toutes ses forces contre la mort, sans lever les yeux vers ce ciel où il se tait."

(Albert Camus / La Peste)

"[...] on ne peut pas bien vivre en sachant que l’homme n’est rien et que la face de Dieu est affreuse."

(Albert Camus / L’État de siège)

"Dieu nie le monde, et moi je nie Dieu ! Vive rien puisque c’est la seule chose qui existe !"

(Albert Camus / L’État de siège)

"Imaginez Dieu sans les prisons. Quelle solitude !"

(Albert Camus / Les Justes)

"J’ai choisi la justice, pour rester fidèle à la terre. Je continue à croire que ce monde n’a pas de sens supérieur. Mais je sais que quelque chose en lui a du sens, et c’est l’homme, parce qu’il est le seul être à exiger d’en avoir."

(Albert Camus / L’Homme Révolté / 1951)

"L’avenir est la seule transcendance des hommes sans Dieu."

(Albert Camus / L’Homme Révolté / 1951)

"L’homme est la seule créature qui refuse d’être ce qu’elle est."

(Albert Camus /L’Homme Révolté / 1951)

"La seule règle qui soit originale aujourd’hui : apprendre à vivre et à mourir, et pour être homme, refuser d’être Dieu."

(Albert Camus / L’Homme Révolté / 1951)

"La révolte est une ascèse, quoique aveugle. Si le révolté blasphème alors, C’est dans l’espoir d’un nouveau Dieu. Il s’ébranle sous le choc du premier et du plus profond des mouvements religieux, mais il s’agit d’un mouvement religieux déçu."

(Albert Camus /L’Homme Révolté / 1951)

"L’agonie serait légère si elle n’était soutenue par l’espoir éternel. Pour que le dieu soit un homme, il faut qu’il désespère."

(Albert Camus / L’Homme Révolté / 1951)

"[...] la force et la violence sont des dieux solitaires. Ils ne donnent rien au souvenir."

(Albert Camus / L’Été)

"... la seule divinité raisonnable, je veux dire le hasard."

(Albert Camus /La Chute)

"Il faut se choisir un maître, Dieu n’étant plus à la mode."

(Albert Camus / La Chute)

"Car le châtiment sans jugement est supportable. Il a un nom d’ailleurs qui garantit notre innocence : le malheur."

(Albert Camus / La Chute)

La Chute

La Peste

Alphonse Daudet

Les trois messes basses

Luigi Cascioli

Luigi Cascioli, La fable de Christ

Le procès de Luigi Cascioli contre l’Eglise pour abus de la crédulité populaire

La suite

LIRE AUSSI :

Nietzsche, sans dieu mais aussi sans humanité

Bibliographie athée

Dictionnaire des athées anciens et modernes

L’athéisme et l’anticléricalisme dans la Révolution française

Organisations et sites athées dans le monde

Notre combat contre la religion

Dialogue sur la religion et les religions

D’où viennent les religions

Les révolutionnaires et la religion

En quoi le fondement, réel et imaginaire, des anciennes religions a irrémédiablement disparu ?

Religion—its social roots and role

Qu’est-ce que l’athéisme ?

Qu’était le matérialisme en philosophie et qu’est-il aujourd’hui ?

Qu’est-ce que le matérialisme (en philosophie) ?

Les plus grands auteurs athées du monde

Les meilleurs écrits athées - Première partie - Ecrits de la Grèce ancienne contre les religions et les dieux

Les meilleurs écrits athées - Deuxième partie - Diderot, La Mettrie

Les meilleurs écrits athées - Troisième partie - De d’Holbach, Helvétius, Spinoza et bien d’autres auteurs

Les meilleurs écrits athées - Quatrième partie - Feuerbach

Les meilleurs écrits athées - Cinquième partie - L’athéisme selon Karl Marx

Les meilleurs écrits athées - Sixième partie – Plekhanov, Lénine, Trotsky

Les meilleurs écrits athées - Septième partie – Les grands auteurs athées récents

Les meilleurs écrits athées - Huitième partie – L’Inde et le Pakistan, continent historique de l’athéisme

Les meilleurs écrits athées - Neuvième partie - Quelques grands écrits athées historiques

Les meilleurs textes athées – Dixième partie - Un athée se soumet à la question…

Les meilleurs écrits athées - Onzième partie – L’homme préhistorique, un athée ?

Les meilleurs écrits athées - Douzième partie – Une Chine antique athée

Les meilleurs écrits athées - Treizième partie - Les grandes femmes athées de l’Histoire

Les meilleurs écrits athées - Quatorzième partie - Dialogues athées

Les meilleurs écrits athées - Quinzième partie – L’athéisme a aussi ses victimes et même ses martyrs

Les meilleurs écrits athées - Seizième partie - Poésies athées

Les meilleurs écrits athées – Dix-septième partie - Les philosophes matérialistes

Les meilleurs auteurs athées – Dix-huitième partie - Les auteurs athées romains

Les meilleurs écrits athées – Dix-neuvième partie - Plaisanteries athées

Les meilleurs écrits athées – Vingtième partie – L’anticléricalisme

Les meilleurs écrits athées – Vingt-et-unième partie - Orient athée

Les pires crimes et scandales de l’Eglise catholique

D’où viennent les religions, quelle place tiennent-elles dans l’imaginaire des hommes et quel rôle social jouent-elles ?

On n’en finira donc jamais avec l’opium du peuple ?

Darwin, un grand auteur athée

Le site athéisme

Messages

  • Darwin a successivement affirmé :

    J’ai été amené à réfléchir beaucoup au sujet de la religion… J’ai progressivement vu l’Ancien Testament comme une histoire du monde manifestement fausse, avec la Tour de Babel, l’arc-en-ciel comme un signe, etc., etc., et, comme il attribue à Dieu les sentiments d’un tyran vengeur, je ne pouvais pas lui faire davantage confiance que dans les livres sacrés des Hindous ou de n’importe quel barbare…. Plus nous connaissons les lois immuables de la nature, plus il devient difficile de croire aux miracles… mais les gens de cette époque [premier siècle] étaient ignorants et crédules à un degré presque incompréhensible par nous… J’ai finalement rejeté le christianisme en tant que vérité révélée… Jadis, les astronomes auraient pu dire que Dieu a mis chaque planète en mouvement sur son orbite, chacune selon sa destinée particulière – De la même manière que Dieu placerait chaque animal avec sa forme spécifique dans un certain territoire. Mais combien il serait plus simple et sublime [de] pouvoir laisser l’attraction agir selon une certaine loi et, par voie de conséquence inévitable, de laisser les animaux être créés par les lois immuables de la reproduction. […] L’Homme, dans son arrogance, pense de lui-même qu’il est une grande création digne de l’intervention directe d’un Dieu mais, plus humblement, je crois qu’il est plus juste de considérer qu’il a été créé à partir des animaux… Un être aussi puissant et aussi rempli de connaissances qu’un Dieu capable de créer l’univers est pour nos esprits omnipotent et omniscient, et cela est révoltant de supposer que sa bonté n’est pas illimitée. Quel avantage peut-il y avoir dans la souffrance de millions d’espèces tout au long d’un temps presque infini ? Ce très vieil argument de l’existence de la souffrance en défaveur de l’existence d’une cause première intelligente me parait un argument fort… Actuellement, l’argument le plus habituel en faveur de l’existence d’un Dieu intelligent est issu de la conviction interne et profonde et des sentiments qui sont expérimentés par la plupart des gens… Mais maintenant les plus grandes scènes ne procureraient plus de telles convictions et de tels sentiments à mon esprit. On pourrait véritablement dire que je suis comme un homme qui a perdu la vision des couleurs, et la croyance universelle par les hommes de l’existence de la couleur rouge rend, de manière évidente, ma perte présente de perception de moindre valeur.

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