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A attaque générale de la bourgeoisie, riposte d’ensemble de classe des travailleurs !

jeudi 3 août 2017, par Robert Paris

A attaque générale de la bourgeoisie, riposte d’ensemble de classe des travailleurs !

Plus ça va, plus les attaques s’aggravent et s’accélèrent, plus le plan antiouvrier et antipopulaire de la classe possédante se dessine clairement. Et elle fait feu de tout bois, tout lui est prétexte à casser du social, à démolir des droits démocratiques, à détruire des services publics, des aides sociales. Tout l’argent public est dédié à soutenir ouvertement des intérêts privés. Tout est prétexte à casser les conditions de travail. La liste des domaines dans lesquels les anciens droits sont menacés est longue.

C’est une politique qui défend de manière assumée les intérêts d’une seule classe sociale : celle des possesseurs de capitaux. Alors que la classe des travailleurs est particulièrement désignée du doigt et attaquée de partout : conditions de travail, salaires, contrats, pénibilité, licenciement abusif, aides sociales, taxes, la classe des capitalistes ne reçoit que des cadeaux : aides aux entreprises, suppressions d’impôts, de taxes, d’ISF. Les attaques contre les libertés frappent là aussi particulièrement les travailleurs et favorisent ouvertement la classe possédante : prud’hommes, droit du travail, code du travail, droit de manifestation, droit de réunion, répression, libertés policières contre droits des citoyens, etc.

Chacun a conscience que ça ne peut plus durer, qu’on ne peut plus travailler ni vivre dans ces conditions. Face à cette offensive patronale orchestrée avec le gouvernement bourgeois, la question est bien entendue : comment riposter ? D’où est venue notre faiblesse présente et d’où viendra notre force à venir ?

La première réponse à cette question se doit d’examiner la manière dont les luttes ont été menées depuis quelques années, permettant aux présidents successifs d’aggraver progressivement les attaques, avec succès, et sans qu’aucun coup d’arrêt de leurs projets destructeurs ne soit donné.

Ce qui est remarquable dans les stratégies syndicales (avec ou sans des intersyndicales), c’est qu’on ne nous a jamais proposé de lutter à la fois contre toutes les attaques, en réunissant nos luttes. Par exemple, les agents de l’hôpital public répondent hôpital par hôpital à des situations catastrophiques du manque d’effectif et, quand les centrales syndicales, finissent par accepter une lutte d’ensemble, ce n’est que des journées d’action ! Si, par hasard, les postiers, les enseignants, les cheminots, les RadioFrance, etc, sont aussi en lutte, il n’est pas question de réunir les salariés concernés en lutte. Encore moins question de les réunir à ceux des raffineries, à ceux des centrales, à ceux de l’EDF ou de l’Automobile, attaqués eux-aussi. Si, le même jour, a lieu une journée d’action des cheminots et une action nationale, contre une loi antisociale, les deux actions sont systématiquement séparées et on change même le jour, si on peut. Si on ne parvient pas à changer une convergence, par hasard, entre une action des cheminots et une autre des agents RATP, on souligne pesamment que ce n’est pas la même lutte. Pour les centrales syndicales, la liaison entre public et privé, entre les sites et les professions, entre chômeurs et salariés est exclue du programme des festivités syndicales, appelées sans doute ironiquement « journées d’action » parce que l’action prolétarienne en est complètement exclue. Dans ces conditions, impossible de s’étonner que les centrales syndicales se refusent à organiser des assemblées interprofessionnelles de grève ou de mobilisation, ou encore de solidarité. Les comités interprofessionnels ne sont pas davantage leur tasse de thé. Il n’est même pas question, quand une poste veut faire grève, qu’elle ait l’information pour savoir si les postes voisines souhaitent en faire autant. Alors ne parlons pas des entreprises voisines, du public et, pire, du privé ! L’existence de syndicats nationaux et non professionnels, qui sont théoriquement une liaison interprofessionnelle de la classe ouvrière, ne sert nullement à cela, quand ce n’est pas l’inverse !

On en vient directement à la deuxième faiblesse de nos luttes qui est l’absence d’organisation des travailleurs à la base, pourtant le critère numéro d’une mobilisation sociale d’ampleur, menaçant la classe dirigeante, faisant peur aux gouvernants, dévoilant un niveau important de mobilisation et de conscience. Il n’y a pas de liaison inter-entreprise, inter-professionnelle, inter-secteurs, inter-sites, mais il n’y a même pas de comité de grève dans un seul site, dans un seul secteur, dans une seule profession. Ce n’est pas le fait que, naturellement, les travailleurs n’en ressentent pas le besoin, mais c’est le produit d’efforts permanents des centrales syndicales pour garder la direction des mouvements, y compris de ceux qu’ils ne souhaitaient pas soutenir ni diriger. Ils font alors semblant d’en prendre la tête parce qu’ils ne veulent pas que ces circonstances amènent les salariés à s’auto-organiser eux-mêmes devant la carence syndicale, comme les cheminots en 1986-1987. Pourquoi les « chefs syndicaux » craignent-ils tant que les salariés organisés tranchent eux-mêmes si les politiques et les stratégies de lutte qui leur sont proposées sont bonnes ou mauvaises ? Eux qui n’ont que le mot de démocratie à la bouche ne veulent pas que les salariés puissent décider, puissent trancher, ni sur les objectifs des luttes, ni sur les moyens d’action, ni sur les modes d’organisation, ni sur les négociations à mener ou pas et comment avec l’adversaire, le patronat et le gouvernement bourgeois. Cela témoigne qu’ils ne sont pas simplement de notre bord, au plan de classe, mais jouent un rôle d’intermédiaire, de tampon, de médiation, de négociation, ce qui est très différent, et même opposé au rôle d’une direction de la lutte des classes.

Et, justement, la troisième faiblesse de nos luttes est justement le fait que nous ne les dirigeons pas comme des luttes de classe, mais comme des luttes d’une profession, d’une entreprise, d’un secteur, d’un site, d’une branche, d’un pays, en affirmant de plus que nous ne luttons que pour ce petit bout de notre classe et pas au-delà ! Tout au plus, les syndicats acceptent-ils de petits gestes de solidarité des autres salariés, qui sont très loin de la généralisation de la lutte. Pas question qu’une grève envahisse d’autres entreprises, y tienne des assemblées, y entraînent d’autres salariés dans la lutte, etc.

Il n’est même pas question pour eux de susciter des assemblées de discussion, dans les entreprises, sur les lieux des transports, dans les quartiers, partout où les travailleurs sont rassemblés en grand nombre. Il n’est pas question que les travailleurs, rassemblés par les journées d’action, échangent des numéros de téléphone d’une entreprise à l’autre pour se communiquer des informations sur les problèmes, sur les situations, sur les luttes projetées, sur les opinions des uns et des autres sur une attaque à venir, etc. Dans l’immense majorité des cas, les travailleurs n’apprennent pas avant la fin de la lutte qu’une entreprise voisine, ou d’un même secteur d’activité, a fait grève, même si les dirigeants syndicaux le savent.

Et on se heurte là à la quatrième faiblesse de nos luttes : elles sont dirigées par des « chefs » syndicaux qui ne sont pas choisis par les travailleurs mais par un appareil bureaucratique qui vit davantage grâce à l’argent versé par l’Etat bourgeois et par des grandes entreprises (publiques, privées et mixtes) bien plus que par les cotisations des salariés. L’appareil syndical a des membres qui se réunissent cent fois plus avec les représentants du patronat et du gouvernement bourgeois, ou des institutions étatiques, sociales ou mixtes comme les Hauts conseils, les Assedic ou l’Unedic. Des responsables syndicaux se réunissant avec les salariés dans les entreprises pour les consulter, on ne le voit jamais !!! Et ensuite, ils prétendent parler en notre nom dans les négociations, dans les média, avec l’appareil d’Etat et avec le MEDEF !!!

Nous, travailleurs, sommes la principale classe de la société, celle qui produit les principales richesses, que la société distribue, transporte, vend, et dont elle profite ensuite sous forme de plus-value, de profits. Les profits financiers ne sont qu’une redistribution entre capitalistes des produits de notre travail. Mais jamais la lutte sociale, telle qu’elle est menée par les syndicalistes réformistes respectueux de l’ordre capitaliste, ne montre que la société capitaliste est totalement incapable de fonctionner sans nous. Les grèves, telles qu’elles sont menées, apparaissent comme des actions corporatistes ou défensives, limitées, ne contestant jamais le fond même de l’exploitation et de l’ordre capitaliste.

La première manière de contester cet ordre inique, au nom duquel une infime minorité détient toutes les richesses, consiste à organiser la classe des travailleurs. Cela suppose simplement que nous nous réunissions pour discuter. Que ce soit au travers d’assemblées sur les lieux de travail, dans les rassemblements des transports, dans les quartiers, que nous prenions l’habitude de nous retrouver pour discuter, échanger nos avis, voter des décisions, élire des délégués, que ces délégués coordonnent de manière interprofessionnelle nos divers comités et conseils, les unissent au plan régional, national et au-delà. Bien entendu, il n’y aurait aucune raison d’exclure de ces élections les militants syndicalistes souhaitant y participer mais aucune non plus de mettre une telle structure auto-organisée sous la coupe des bureaucraties syndicales. C’est ce type de réunions de travailleurs qui a marqué les révolutions sociales, depuis la révolution anglaise, française, américaine, la Commune de Paris ou les révolutions russes (1905, février et octobre 1917). C’est d’elles que naîtra la confiance des travailleurs dans leur force et leurs perspectives face à un capitalisme agonisant.

Messages

  • Code du Travail, fiscalité, budget... l’attaque a lieu sur tous les fronts

    Le gouvernement augmente la CSG et baisse l’ISF !!

    L’Etat a décidé d’annuler par décret plus de 300 millions d’euros de dotations aux collectivités locales !

    Avec un jour d’avance sur le calendrier prévu, le projet de loi d’habilitation autorisant le gouvernement à réformer le code du travail par ordonnances vient d’être adopté ce 2 août. Fusion des instances représentatives, plafonnement des indemnités prud’homales en cas de licenciement abusif, autorisation pour les branches de réguler les conditions du CDD... Les ordonnances, présentées aux partenaires sociaux lors de la semaine du 21 août, préfigurent donc une rentrée riche en rebondissements pour les salariés et les entreprises.

  • Pour rapppel :

    La loi Macron Trois (El Khomri étant Macron 2) :
    1. Les indemnités aux prud’hommes pour licenciement abusif plafonnées
    2. Des licenciements simplifiés, des délais de recours réduits
    3. Des plans de départ volontaires favorisés
    4. Un nouveau périmètre favorisant le licenciement économique
    5. Le contrat de chantier étendu contre le CDI
    6. L’accord d’entreprise renforcé contre les accords de branche
    7. Des instances DP et CE fusionnées en comité social et économique
    8. Des accords collectifs plus forts que le contrat de travail
    9. Un référendum à l’initiative des syndicats ou de l’employeur
    10. Réduction du compte pénibilité et le prélèvement à la source modifiés
    A rajouter les suppressions de dotations dans les ministères, pour les aides sociales, dans les services publics, pour les collectivités locales, etc. Qui compense l’augmentation des aides aux capitalistes pour tous les motifs imaginables : aide à l’exportation, à l’innovation, à la construction, à la recherche, etc. A rajouter la suppression de l’impôt ISF pour l’es « investisseurs ».

    Les autres « réformes » de Macron : hausse de la CSG par le transfert des cotisations chômage et maladie sur cette taxe, formation professionnelle, assurance-chômage, apprentissage, retraites diminuées sous prétexte d’égalisation, mainmise de l’Etat sur l’Unédic aujourd’hui géré par les partenaires sociaux. A rajouter le développement de la guerre française au Sahel, le plan anti-migrants, et enfin la loi « renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme » qui remplace l’Etat d’urgence. L’Etat d’urgence est dès lors inscrit dans la loi et n’a plus à être prorogé : il devient permanent et sans fin…

  • Crise des migrants, crise du CO² et du réchauffement, crise de la montée d’extrême droite, crise du terrorisme, crise avec la Corée du Nord, crise avec Russie et Chine, crise en Afrique, crise en Orient, crise des Musulmans, tout est fabriqué pour détourner l’attention de la seule véritable crise : celle, historique, de la domination capitaliste sur le monde !

  • Dans la loi Macron3 sur ordonnances, il y a la création de trois domaines : ceux où la branche reste seule maître à bord, ceux où les entreprises ont la main et ceux où la branche peut la laisser aux entreprises. A noter cependant que la latitude donnée aux entreprises s’appliquera aussi aux accords signés dans un de leurs établissements. S’ajoute le fait qu’un accord de branche pourrait prévoir un régime différent pour les petites entreprises, notamment celles dépourvues d’élus du personnel, à charge pour lui alors de définir des « contreparties » pour les salariés.
    Il y a aussi la définition du périmètre d’analyse de la cause économique des licenciements : la France et non plus le monde. Mais aussi le « droit à l’erreur sur la forme » en cas de licenciement. Y a été ajouté discrètement le même droit à l’erreur en cas d’ « irrégularité de procédure dans la conclusion d’un CDD », pour éviter à l’employeur une requalification en CDI. Selon une source gouvernementale, serait concerné par ce droit à l’erreur de forme le délai de transmission du contrat de travail, mais pas l’erreur sur le motif d’appel à un contrat court.

    Les ordonnances pourraient aussi permettre à l’employeur de consulter les salariés sur un accord minoritaire. Les règles de calcul des accords majoritaires pourraient également être changées et l’échéance de leur généralisation prévue au 1er janvier 2019 par la loi El Khomri repoussée. Celle du regroupement des branches pourra être réduite d’un an, donc ramené au 8 août 2018 au plus tôt. Il a aussi été décidé de limiter à trois le nombre de mandats électifs successifs au sein du futur Conseil économique et social, qui va regrouper CE et CHSCT, ainsi que l’obligation pour celle-ci de mettre en concurrence les prestataires.

    Dès le départ, le texte prévoyait que le juge puisse « moduler [...] les effets dans le temps de ses décisions ». Il est explicité, dans le texte final, qu’il devra tenir « compte des conséquences économiques et financières de ces décisions sur les entreprises et de l’intérêt des salariés ». Moduler signifie qu’il n’y a pas vraiment une loi qui s’impose à tous les patrons !

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