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Questions sans réponses

mercredi 17 mai 2017, par Robert Paris

Les questions que l’on s’est bien gardé de poser aux hommes politiques lors de la campagne présidentielle française

Quelques questions ont concentré tout le débat des présidentielles en France : l’Europe, l’euro, le déficit public, le nombre de fonctionnaires, les mesures d’Etat possibles contre la montée du chômage, la réforme du code du travail, l’aide publique aux entreprises, la corruption et les règles éthiques des politiciens.

La vraie question pour les milieux populaires, qui est celle du chômage, des licenciements, de la chute du niveau de vie, des aides publiques, des services publics, de celle des retraites, de celle des chômeurs et de celle des salariés, de plus en plus précaires, de moins en moins augmentés, etc, n’est pas réglée par la seule réponse sur les aides d’Etat à l’économie.

Et les questions que nous posons sont encore tout autres !

Pourquoi met-on ainsi en avant les hommes politiques, les gouvernants, les parlementaires, les hommes qui dirigent les média ? Pourquoi les avoir ainsi désignés du doigt à la vindicte publique ? Pour que la colère de la population se concentre sur eux, comme s’ils détenaient le vrai pouvoir, comme s’ils étaient « la bourgeoisie », alors qu’ils n’en sont que les serviteurs ? Pourquoi cette multiplication de scandales, d’affaires liées aux politiciens et aux média, si ce n’est pour détourner la colère populaire des vrais décideurs, les capitalistes ? Car les hommes politiques ne font pas partie de classe possédante, ils sont seulement ses serviteurs un tout petit peu aisés, récompensés plus ou moins grassement de leurs services.

On fait comme si le monde politique détenait tout le pouvoir, comme si le président décidait de tout, faisait la pluie et le beau temps, mais cela n’est pas vrai. Lui-même n’est rien d’autre qu’un haut serviteur de la classe dirigeante, qu’il ne peut jamais attaquer, jamais remettre en cause, jamais accuser et à laquelle il ne peut jamais rien imposer. Son rôle consiste à la couvrir, en prenant sur lui l’impopularité des mesures antisociales, des échecs économiques, des attaques contre les droits sociaux.

Quelle question aurions-nous posé aux hommes politiques sinon : pourquoi vous tenez tant à cacher la vraie situation économique mondiale, pourquoi refusez-vous de parler de la prochaine crise financière et boursière, alors que vous savez pertinemment que les capitalistes serrent les fesses en songeant à l’effondrement qui vient de manière inéluctable ?

Pourquoi cherchez-vous à faire croire que les Etats nationaux peuvent prendre des mesures pour relancer l’économie capitaliste alors que celle-ci est incapable d’absorber le surplus de capitaux et de les investir de manière rentable dans la production ?

Pourquoi cherchez-vous à cacher que les aides d’Etat ne font que pallier l’incapacité du grand capital à faire marcher la production, et qu’elles ne font que distribuer des revenus au grand capital, sans parvenir à le convaincre de s’investir ?

Pourquoi cherchez-vous à détourner toutes les accusations qui se tourneraient contre le système capitaliste, en les envoyant contre des cibles fictives : l’Europe, l’euro, les politiciens, les fonctionnaires, les services publics, le code du travail et bien d’autres…

Pourquoi faire croire que nous sommes à la grande époque du libéralisme au moment même où tous les Etats de la planète interviennent de manière folle dans l’économie, avec des aides publiques comme on n’en a jamais vu l’équivalent dans toute l’histoire du capitalisme ? Le libéralisme n’est-il pas, théoriquement, le contraire de l’intervention étatique dans l’économie ? N’est-il pas le « laisser-faire » ? Un Macron, une Merkel ou un Trump, une May, sans parles des dirigeants indiens, japonais, russes ou chinois se disent tous des « libéraux » et tous ne cessent d’intervenir massivement dans l’économie, à des niveaux jamais encore atteints dans l’Histoire. Ils cautionnent de telles interventions massives de leurs banques centrales. Leur « libéralisme » est une véritable comédie et pourtant personne ne les interroge sur ces questions…

Pourquoi prétendre que le problème essentiel pour eux serait les restrictions des dépenses publiques alors qu’ils annoncent en même temps qu’en cas de crise financière, ils ne se limiteront pas dans leurs interventions étatiques ?

Pourquoi aucun média ne s’est permis de leur poser la question fondamentale pour l’avenir : que pourrez-vous faire face à la prochaine crise et l’Etat aura-t-il les moyens de cautionner les banques et les trusts, au niveau qui avait été le sien en 2008 et dans les années suivantes ?

Aucun ne leur a demandé comment ils pouvaient prétendre garantir sur fonds d’Etat une part des comptes en banque et des épargnes, si l’économie s’effondrait, les banques mettant la main sur la totalité de ces sommes appartenant à des détenteurs privés, et cela au moment où tous les fonds d’Etat seraient mobilisés par l’aide au grand capital ?

Aucun ne leur a demandé quel lien il y avait entre la crise mondiale et la montée vers la guerre mondiale. Aucun ne leur a demandé pourquoi prétendre se mobiliser contre le terrorisme tout en l’armant et en le finançant ?

Aucun ne leur a demandé pourquoi faire semblant d’héberger les migrants en, en même temps, leur fermer violemment la porte au nez ? Aucun ne leur a demandé pourquoi mener des guerres pour libérer des peuples dont les ressortissants, devenus migrants, ne nous préoccupent nullement, au point de les laisser mourir en mer, de les laisser souffrir de la faim, du froid, de tout, de les faire tabasser par toutes les armées, les polices, les milices, les bandes fascistes dans toute l’Europe ?

Aucun ne leur a demandé quel lien ils faisaient entre la montée de la dictature partout dans le monde et cette crise mondiale du capitalisme !

Aucun ne leur a demandé le lien aussi entre cette crise mondiale et la montée de la misère, des maladies, du chômage permanent de masse, des ventes d’armes, du développement du fascisme, du terrorisme et de toutes les sortes de bandes armées…

Personne n’a osé leur demander s’ils croyaient en la pérennité du capitalisme, alors que le slogan en vogue proclame la défense du durable !

Aucun ne leur a demandé pourquoi un capitalisme qui croirait en ses perspectives historiques se lancerait-il ainsi dans le protectionnisme, comme viennent de le faire les USA, l’Angleterre et une bonne partie du monde…

Aucun ne leur a demandé pourquoi un capitalisme, sûr de sa domination sur le monde depuis la « chute du mur de Berlin », relancerait la guerre froide, développerait à nouveau des bruits de guerre mondiale, non seulement contre le terrorisme mais contre la Corée du nord, la Russie, la Chine ou l’Iran ?

Aucun ne leur a demandé pourquoi toutes les armées du monde sont mobilisées et leurs fonds augmentés follement alors que les Etats disent manquer d’argent !

Ce sont toutes ces questions et pas le nom du président, du premier ministre qui sont déterminantes pour l’avenir.

Ce n’est pas la politique politicienne qui dirige le monde : ce sont les intérêts des possédants, c’est-à-dire des détenteurs privés de capitaux, et les vrais problèmes de ceux-là, le risque que les non-possédants renversent la table, sont complètement occultés par les politiciens bourgeois, par les institutions, par les média et par tous les réformistes, y compris les appareils syndicaux.

Personne dans la campagne électorale n’a d’ailleurs remis en cause le mensonge selon lequel les appareils syndicaux se mobiliseraient réellement contre les mesures antisociales, alors qu’ils ne font que détourner la colère des travailleurs et les luttes.

Personne n’a posé la question aux hommes politiques : que faites-vous si la population travailleuse se révolte, bouscule le cadre étouffant des appareils syndicaux, s’auto-organise et décide de s’en prendre aux possesseurs de capitaux. Ce sont des questions qu’il est interdit de poser, que les partis traditionnels ne posent pas, que la gauche de la gauche ne pose pas davantage, ni l’extrême gauche électoraliste et syndicaliste officielle, que la gauche syndicale et associative ne posent pas….

Personne ne demande aux hommes politiques : pourquoi vous prétendez-vous pour la démocratie et cautionnez-vous toutes la radicalisation des répressions de toutes les dictatures bourgeoises du monde capitaliste ? Pourquoi prétendez-vous lutter contre les dictatures syrienne ou coréenne du sud, tout en cautionnant toutes les autres ?

Non seulement la démocratie bourgeoise n’est pas capable de remettre en question, fût-ce en paroles, tous les choix qui tiennent aux intérêts fondamentaux des classes possédantes mais elle ne tient encore une petite place que dans la mesure où elle sert à détourner l’attention des vraies questions.

Et dans ce domaine, les extrêmes gauche, NPA, LO, POI, ou les gauche de la gauche, style insoumis, Mélenchon, PCF, Parti de gauche, respectent exactement les mêmes règles, soucieux avant tout de ne pas rompre avec les appareils syndicaux, tenant plus aux postes qu’ils y détiennent qu’à défendre les intérêts politiques et sociaux d’avenir du prolétariat.

Même eux ne posent jamais les vraies questions. Et surtout ils se gardent de poser LA question : comment se préparer à notre tâche d’avenir qui devient d’une actualité cruciale ou comment avancer vers le remplacement d’un capitalisme dépassé par une société débarrassée de la propriété privée des moyens de production.

Quand ils ne se contentent pas de critiquer les politiciens, les gauches et les extrêmes gauches opportunistes peuvent gronder contre les capitalistes, ils n’appellent surtout pas à prendre conscience que nous entrons dans la transition de sortie du capitalisme et de prendre conscience aussi que cela nécessitera la destruction de l’Etat bourgeois !!!

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  • Non seulement la démocratie bourgeoise n’est pas capable de remettre en question, fût-ce en paroles, tous les choix qui tiennent aux intérêts fondamentaux des classes possédantes mais elle ne tient encore une petite place que dans la mesure où elle sert à détourner l’attention des vraies questions.

    Et dans ce domaine, les extrêmes gauche, NPA, LO, POI, ou les gauche de la gauche, style insoumis, Mélenchon, PCF, Parti de gauche, respectent exactement les mêmes règles, soucieux avant tout de ne pas rompre avec les appareils syndicaux, tenant plus aux postes qu’ils y détiennent qu’à défendre les intérêts politiques et sociaux d’avenir du prolétariat.

    Même eux ne posent jamais les vraies questions. Et surtout ils se gardent de poser LA question : comment se préparer à notre tâche d’avenir qui devient d’une actualité cruciale ou comment avancer vers le remplacement d’un capitalisme dépassé par une société débarrassée de la propriété privée des moyens de production.

    Quand ils ne se contentent pas de critiquer les politiciens, les gauches et les extrêmes gauches opportunistes peuvent gronder contre les capitalistes, ils n’appellent surtout pas à prendre conscience que nous entrons dans la transition de sortie du capitalisme et de prendre conscience aussi que cela nécessitera la destruction de l’Etat bourgeois !!!

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